Une bourse ou un plat ?

Hum… Trois fraises, un…. Menthe je dirais ? Difficile à dire vu la lueur blanche et décolorée. Encore une preuve que les gens préfèrent ce qui est sucré et fruité. Un peu comme moi non ? Naaaan. Moi, je suis pimenté ~

Allongé sur la seule banquette de l’unique petite table de mon modeste magasin de traiteur, j’observe les pâtes à mâcher collées juste dessous. Oui, oui, j’ai la tête en bas, pendante dans le vide avec mes cheveux s’étalant tel une serpillère sur le sol et les jambes fines, presque squelettiques, croisées sur le dossier. Mes talons pendent dans le vide, se balançant légèrement d’un côté et de l’autre au rythme d’une musique silencieuse qui passe uniquement dans ma tête.

Combien de temps il me reste avant la fermeture ? Quelques minutes ? Je fais rouler la sucette que j’ai dans la bouche d’une joue à l’autre avant de grimacer. Aïe. J’ai encore oublié la vivifiante douleur de muscle de ma mâchoire qui n’a pas encore retrouvé sa sérénité. Au moins cette blessure là se voit bien moins que l’œil au beurre noir que j’arbore sur le côté gauche du visage. Ah, douce souffrance… Reviendront-ils ce soir ?

Quand j’y pense, oui, j’aurais pu rembourser tout de suite une partie de ce que je devais. Le dernier ragoût de Nidoran s’était vendu comme du petit pain, mais non. Ce n'étaient que deux petites racailles qui étaient venues le réclamer. Oh, des racailles musclés, oui, à n’en pas douter et très soupe au lait, mais si fade… Si fade… Que non, j’avais refusé. Je déteste les gens fades. Ils sont sans aucun intérêt. Ils transforment le monde pétillant et coloré en un mélange de gris infâme.

Le bruit de la clochette de la porte d’entrée du magasin raisonne. Client tardif ? Ou une récolte ennuyeuse et douloureuse de nouveau ? Je sors machinalement la sucette de ma bouche et la plaque fortement contre l’un des bouts de pâtes à mâcher. Doucement, je relâche… et tout va bien, ça colle ~ J’en profite du coup d’avoir la bouche libre pour annoncer sans bouger de là mes intentions, mes pieds pointant les vitrines gourmandes ou trônaient pleins de plats sucrés ou salés mais tous végétariens.

“Plat du jour : Salade côtière avec feuille de Mysthèrbe et réduction sur la crème au Miel d’Apitrini, faîtes votre choix ~ “

Pas loin de la vitrine, sur un arbre à miaouss, Gourmandise ma Charmilly observe d’un œil pas rassuré le client avant de disparaître dans sa petite maison en laissant une douce odeur de crème aromatisée derrière elle. Tiens, ça me donne faim ~