Une réception chic organisée par un hôte mystérieux, il ne m’en faut pas plus pour accepter. J’enfile ma plus belle chemise, d’un rouge vibrant et un pantalon de costume noir. Le tout assez moulant, pour laisser entrevoir ma musculature. Autant paraître séduisant, on ne sait jamais qui on peut rencontrer dans de telles circonstances.
Arrivé sur le lieu de rendez-vous, je ne suis pas surpris de voir autant de monde. Monsieur S a convié pas mal de personnes, certainement pour une raison bien particulière que j’ai hâte de connaître. Je reconnais quelques visages et fais un petit signe à ma cousine, que je n’ai jamais vue aussi bien habillé. Mon attention est portée sur l’écran à notre droite, ainsi que sur la voix numériquement trafiquée. Malin. « Les secrets seront dévoilés » … Ma joie, de vivre s’envole soudainement. Moi qui joue sur deux tableaux, pour reprendre la tête des Cobalt, je refuse que mes efforts soient réduits à néant pour un jeu stupide. Mon sourire revient lorsque je prends connaissance de mon partenaire, le jeune Emric. Il était initialement mon élève de boxe, mais nous avons rapidement tissé une amitié malgré nos dix ans de différences. Lorsque les grilles s’ouvrent, je m’approche de lui et lui tape gentiment sur l’épaule.
- Eh bien, je ne t’ai jamais habillé comme ça. Trop content qu’on soit tous les deux, au moins on va se marrer.
Mon large sourire sur le visage, je m’avance entre les haies fleuries du labyrinthe. L’appréhension est toujours présente, puisque mes secrets restent entre les mains de ce fameux Monsieur S., mais si au moins je peux partager l’expérience avec quelqu’un que j’apprécie particulièrement, c’est déjà ça.
- Je ne savais pas que t’étais du genre à aimer faire la fête, tu risques de voir une autre facette de moi… Un peu moins pro pour le coup.
Si nous avions été dans un manga, une goutte aurait coulé sur mon front. Il ne connaît pas encore ma double casquette. Je reste un prof sympa, mais en dehors, je suis du genre clown et un peu trop blagueur. Ce que je ne montre pas forcément au premier abord. Après, on se connaît depuis quelque temps lui et moi, nous avons pu échanger et discuter sur pas mal de sujets. J’avoue que je me suis attaché.
Le rouquin lance un dernier regard au carton d’invitation avant de lever le regard vers l’endroit déjà bondé. Il ne s’agit donc pas d’un canular comme le jeune homme l’a brièvement soupçonné, lorsqu’il avait initialement ouvert l’invitation. Avec une grande inspiration, le voilà qui s’éloigne de la voiture d’Arturo, qui a insisté pour l’accompagner jusqu’à l’entrée. Oh, s’il l’avait pu, le père d’adoption aurait définitivement suivi le jeunot jusqu’à l’intérieur, mais l’invitation n’étant adressée qu’à Emric, l’homme doit se résoudre à rester derrière.
-Si ça devient bizarre, tu me lance un coup de fil et je reviens aussitôt!
En guise de réponse, le garçon adresse un pouce en l’air à l’adulte avant de poursuivre vers l'agglomération humaine. De nombreux visages, tous inconnus, défilent devant le roux. Puis, son regard se pose sur un écran géant présentant des duos, alors qu’une voix métallique indique le déroulement de la journée. Un sourire apparaît aussitôt sur le visage du jeune homme, alors que son partenaire est dévoilé.
-Adonis! Trop la classe!
Le garçon s’empresse d’offrir une petite accolade à son partenaire et ancien professeur de lutte. Il a toujours apprécié le jeune homme, d’abord comme un mentor de sport de combat, puis, tranquillement, comme un ami. Mais rencontrer le Cobalt dans de telles circonstances, voilà une première.
-Je pourrais te dire la même chose; je ne te croyais pas amateur des réceptions mondaines!
Avec un sourire narquois, le roux glisse un clin d'œil en direction du quasi-trentenaire. Cette journée promet d’être intéressante. Le jeune homme glisse à son partenaire quelques blagues et quelques banalités, puis, comme par automatisme, il attire celui à la chevelure blanche vers l’une des entrées du labyrinthe. Sans véritablement y réfléchir, le rouquin emprunte un tournant menant vers la gauche.
-Pourquoi tu crois qu’on a reçu ces invitations?
Tant de questions se bousculent dans la tête du jeune homme depuis la réception de son enveloppe. Mais celle-ci semble la première à s’échapper de sa bouche.
- Et pourtant, j’ai assisté à pas mal de réceptions de ce genre quand j’étais enfant. Je te rassure, je n’y restais jamais très longtemps… Vu le bazar que j’y mettais.
Il est vrai qu’avec le recul, je me rends compte que j’étais loin d’être un enfant facile à vivre. Jamais sérieux, toujours à faire l’imbécile et amener les autres dans mes bêtises. C’est pour cette raison, principalement, que ma mère m’a envoyé faire mes études à Borao. Ainsi, je ne risquais pas de déranger ma sœur. Le plan a marché, puisque c’est là-bas que j’ai développé mon côté sérieux et mon goût pour les études. Bien que je n’ai jamais perdu ma personnalité. Je sais simplement faire la part des choses désormais.
La preuve avec Emric, professeur très sérieux lors de nos entraînements. Mais ami pendant nos moments détentes en tête-à-tête. D’ailleurs, je compte bien l’inviter à prendre un verre un de ces jours. Je suis le jeune homme dans le labyrinthe, il a l’air de savoir où il va, alors je lui fais totalement confiance et je me laisse entraîner.
- Je me pose la même question, certainement un petit rigolo qui veut s’amuser. Ou alors une sorte de récompense, même si j’ai du mal à croire avec l’ultimatum.
Menacer de dévoiler nos secrets… Je me demande bien ce que les gens invités ont à se reprocher. Puis mon esprit s’arrêt sur Emric. C’est une véritable crème, je ne vois vraiment pas quel secret honteux ou dangereux Monsieur pouvait posséder de lui. Mais une chose est sûre, si c’est un piège. Personne ne touchera à un cheveu de mon petit protégé. Puis je lui lance un sourire. Tant qu’on reste ensemble, je n’ai aucun souci à me faire.
- Sinon, comment tu vas… Tu as continué les entraînements ? J’espère me mesurer à toi rapidement !
Sur cette dernière phrase, je lui lance un clin d’œil. La soirée avance et je n’entends toujours aucun bruit. La chaleur non plus ne semble pas descendre. Quelle idée d’avoir mis une chemise. Tant pis, ce n'est pas très poli, mais je défais un bouton.
HRP:
Hésite pas à lancer le dé Directions aussi, chaque participant peut le faire :p
Alors qu’il se faufile à travers les chemins tantôt larges, tantôt si étroits que s’y glisser en est difficile, Emric se surprend à s’imaginer ce fameux Monsieur S. Si Adonis ne semble pas trop inquiet de connaître l’identité de l’hôte, ou même le motif de cette invitation, le rouquin est avide d’en connaître plus sur le mystérieux personnage. Après tout, cette personne semble en connaître assez sur tous ces invités, il ne peut s’agir d’un simple excentrique.
Dans tous les cas, le jeune homme compte bien trouver des réponses à ses questions, et pour cela, il n’a d’autres choix que de sortir de ce labyrinthe. Alors il mène le duo vers l’avant, avide de sortir de ces embranchements qui semblent sans fin. Au moins, Adonis est un bon camarade pour lui tenir compagnie. Depuis qu’il a rencontré le sportif, il a toujours eu une grande facilité à discuter de tout et de rien avec lui. Alors, lorsque ce dernier lance le sujet de l’entraînement, un sourire apparaît sur le visage du rouquin.
-J'essaye, même si entre les études et les heures de bénévolat, ce n’est pas toujours évident! Mais en toute honnêteté Adonis, tu sais très bien que même après des mois de pause, je pourrais toujours te mettre une raclée! Tu sais, avec ton âge avancé et tout…
Un ricanement moqueur s’échappe du jeune homme, alors qu’il tire la langue à son camarade. En réalité, Adonis a toujours été plus vif, et sa force physique n’a jamais été à prouver, ainsi il aurait bien plus de chance d’emporter le combat. Mais Emric a toujours bien aimer taquiner son ami concernant son âge, toujours en bonne camaraderie.
-D’ailleurs en parlant de vieillesse-
Le jeune homme marque une pause, histoire de bien mettre l’emphase sur ce dernier mot.
-Tu sais pas à quel point je me suis senti vieux l’autre jour quand je suis tombé sur un vieux carnet scolaire que j’avais enfant.
Dans un élan de nostalgie, quelques jours jours auparavant, le roux avait épluché ses vieux cahiers scolaires. Entre les gribouillis et les petits dessins envahissants les marges, Emric était tombé sur un poème qu’il avait écrit.
“Dans cet grange étrange, Un Écrémeux bien peureux tente de s’échapper, Mais bien il est forcé de réaliser, Que c’est dans cette grange qu’il mange.”
Le jeune homme échappe un nouveau ricanement, réalisant un peu tard ce qu’il vient de réciter. À voix haute, le petit poème qui avait à l’époque valu un 16/20 au petit garçon, semble soudainement moins impressionnant.
-C’est, euh… Un truc que j’avais écrit. C’est nul je sais…
Il se sent rougir. Et soudainement, il se demande comment il a pu dévier aussi facilement d’un sujet bien plus intéressant, pour se mettre à réciter des poèmes de gosses…
Posté le Lun 23 Mai - 23:10
Système Pérola
JE SUIS : Maître de Jeu INSCRIT LE : 19/10/2021 NOMBRE DE MESSAGES : 1899
Je suis agréablement surpris de voir Emric mener la barque, je me laisse donc guider et lui fais totalement confiance pour trouver la sortie. Pour le coup, les rôles sont inversés, lui est professeur et moi élève. Je relève la tête lorsqu’il me taquine sur mon âge, puis j’explose de rire. C’est qu’il est bon ! Même si je n’avais jamais douté de ses talents. Et il n’a pas tort, j’approche des trente ans. Ce qui n’est absolument pas vieux, mais place à la jeunesse et je sais qu’il a toutes les cartes en main pour pouvoir me battre désormais.
- Oui, d’ailleurs, je crois que je suis tellement vieux qu’il va falloir que tu me portes jusqu’à la sortie.
Je fais alors mine de m’écrouler sur son dos, avant de me relever. Lui ébouriffant les cheveux par la même occasion. C’est un réel plaisir de pouvoir s’amuser et se taquiner, dans la bienveillance et dans le respect. Notre relation s’est basée sur ça et cela n’a rien à voir avec notre différence d’âge. Nous partageons à peu près le même caractère et la même énergie. Si je me teignais en roux, je serais Emric, mais avec dix ans de plus ! Ce qui ne serait pas très flatteur. J’écoute attentivement son poème, que je trouve adorable. Je ne peux pas m’empêcher de l’imaginer à l’école primaire en train de griffonner ces quelques mots sur sa feuille. La nostalgie est une chose difficile à apprivoiser, parfois, on l’oublie et certaines fois elle nous submerge.
- Je ne trouve pas ça nul du tout, au contraire ça témoigne de ta créativité ! Une qualité importante. Et d’ailleurs en parlant de ça…
Je sors mon téléphone portable et passe mon bras autour de ses épaules. C’est le moment idéal pour faire preuve de créativité et d’immortaliser ce moment. Je lui laisse quand même le temps de prendre la pose qu’il désire et j’attends le moment parfait pour appuyer sur le bouton de l’appareil photo.
- Deux beaux gosses dans un labyrinthe, ça le fait comme légende non ?
HRP et précision:
Pour les amis québécois beaux gosses = des beaux mecs/séduisants
Plus besoin de lancer le dé direction, nous pouvons sortir du labyrinthe :p
Ce genre de vieux souvenirs d’enfance, le rouquin en a souvent. Des flashs. Courts et spontanés, ces souvenirs lui arrachent généralement un rictus, et même parfois un ricanement. Mais celui-là, le jeune homme aurait préféré le voir rester enfoui bien profondément dans sa mémoire, inaccessible. Heureusement, Adonis ne semble pas trop se moquer du poème. Vu l’attitude parfois moqueuse du sportif, Emric n’aurait pas été étonné de voir le quasi-trentenaire renchérir sur l’épisode gênant.
Mais ce n’est pas le cas, et à la place, celui à la chevelure de neige s’empresse d’immortaliser le moment d’une photo. Le rouquin prend sa pose la plus flatteuse, et en profite pour glisser une main derrière la tête d’Adonis pour lui faire de belles oreilles de lapin sur le cliché!
-Elle est parfaite pour ta prochaine photo de profil!
Le jeune homme glisse un clin d’oeil à son camarade avant de reposer son regard sur l’image qui s’affiche toujours sur le téléphone. La tronche que font les deux garçons lui arrache un rire. Puis, il remarque un détail sur la photo.
-Attends, je rêve ou…?
Sur l’image, derrière les deux garçons, se dessine une ouverture à travers les murs du labyrinthe. La sortie! Le jeune homme redresse la tête pour confirmer sa trouvaille. Effectivement, derrière eux se trouve la sortie! Avec tout ceci, Emric n’avait même pas remarqué qu’ils se trouvaient à seulement quelques pas de la sortie!
-On a réussi!
Pris par l’excitation, le rouquin agrippe son ami par le bras, et le tire vers la sortie sans attendre. Comme deux gamins à la fin des cours, les deux hommes sortent du labyrinthe au pas de course. Les voilà à seulement quelques pas de découvrir ce qui se cache derrière ce fameux Monsieur S…
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