Rose garden filled with thorns

« Tu viens, Tam. C’est non-négociable et ça te fera du bien. », tout part de là. De cet ordre donné par cette amie, Jade, rencontrée chez un client où Tamlin avait été employé pour le jardin. « Et ne dis pas que tu dois t’occuper de ta famille. Ils peuvent bien se passer de toi le temps d’une soirée. », et voilà le meilleur argument du Bracstor qui s’envole en fumée. Il pourrait dire non, affirmer qu’ils ont besoin de lui… Mais le fait est qu’elle a raison : ils ont tous grandi chez lui et de toute façon, Feyre est présente à la maison ce soir-là. Elle sera en mesure de l’avertir en cas de souci. « Elle est où, ta soi-disant fête d’enfer ? », demande le brun en soupirant, finalement résigné à l’idée de se retrouver complètement entouré de parfaits inconnus. « C’est l’une des plus belles villas de San Camari, en bordure de la plage. Tu peux pas la rater. », dommage, ça lui aurait fait une excuse. « Tu as conscience que je vais pas être de bonne compagnie ? », demande Tamlin dans une dernière tentative de voir son amie jeter son dévolu sur quelqu’un d’autre. « Je prends le risque. », un dernier soupir et le brun confirme à contre-coeur qu’il sera bien présent. Si elle repart satisfaite, le Bracstor est déjà ennuyé par le simple fait de devoir songer à sa préparation et à ce qu’il va devoir porter pour cette fête. Néanmoins, il n’est pas question de se retrouver tiré à quatre épingles pour aller à une soirée où il n’a pas l’intention de rester plus de deux ou trois heures – du moins, c’est ce qu’il se dit et au pire des cas, il saura très bien se poser dans un coin en se faisant oublier. Dans son manque d’envie de s’investir, il décide très rapidement qu’une chemise et un jean feront très bien l’affaire. Lorsque l’heure arrive, il se contente d’expliquer à Feyre qu’il est de sorti ce soir mais qu’en cas de besoin, elle ne doit surtout pas hésiter à l’appeler. Un message rempli de sous-entendus qui – il n’en doute pas un instant – a été parfaitement compris par sa chère sœur. Arrivé sur placé, il n’a en effet aucune difficulté à reconnaître la dite villa. Non seulement elle est l’une des plus cossues du quartier mais en plus de ça, la musique – pas terrible – doit sans aucun doute s’entendre sans la moindre difficulté jusqu’à l’autre bout de la plage. Rien qui ne lui donne réellement envie d’entrer, en somme. Il envisage même de rebrousser chemin. Jusqu’à ce qu’une voix familière ne vienne rendre cette idée caduque. « T’es venu. », laisse son amie, un grand sourire sur le visage. « Seulement parce que je l’ai promis. », admettre qu’il aurait décampé sans attendre si elle n’était pas venu vers lui ? Certainement pas. Ne pouvant désormais plus faire marche-arrière, Tamlin suit Jade à travers la foule déjà bien présente dans la demeure.

À l’intérieur, il ne reconnaît aucune autre tête. Rien de surprenant, il s’y attendait. Tout comme il avait anticipé que sa comparse le délaisse rapidement pour aller parler aux autres, même à ceux qu’elle ne connaît pas. Le brun n’est pas de ces gens-là. Être ici s’avère plus une plaie qu’autre chose, à ses yeux. Sans compter qu’il savait pertinemment qu’elle n’aurait pas besoin de sa présence. Poussant un long soupir, Tamlin saisit un verre d’alcool et part s’installer dans un canapé. Des apéritifs sont posés sur une table à proximité et il n’a pas de voisin. Autant d’éléments qui le laissent penser qu’il sera très bien dans ce coin. Et c’est vrai : il y est à son aise du moment où il se pose et pendant quelques heures. À croire qu’il est même un peu trop posé puisqu’il ne capte qu’une personne s’est approchée de lui uniquement lorsque cette dernière lui adresse la parole. Levant les yeux vers la source de cette perturbation, Tamlin étouffe in extremis un juron en identifiant sans le moindre mal l’homme venu l’aborder. « Je suis mauvais danseur. », répond-il en faisant tout son possible pour que rien dans son attitude et dans sa voix – et notamment son accent cinzan moins prononcé – ne puisse trahir le fait qu’il connaisse cet homme. Quelles étaient les probabilités pour qu’il le croise lui, ici, dans ce contexte précis ? Essayant de ne pas trop y penser, Tamlin s’efforce de faire bonne figure et ne pas du tout paraître décontenancé par la situation. « La musique n’est pas le problème. », oh certes, elle en fait partie, c’est indéniable. Mais la raison principale reste que le brun n’aime pas danser. Ici, Tamlin Bracstor n’apprécie pas de se donner en public. Ça, c’est une facette de lui qu’il garde pour les bas-fonds. Une image que son interlocuteur connaît très bien également. « À vrai dire, j’ignorais que notre hôte s’appelait Cassandra. Je suis venu avec... », ses yeux balaient la pièce, à la recherche de sa comparse. Lorsqu’après quelques secondes, il l’aperçoit avec un verre à la main, à discuter avec un charmant garçon, il hausse les épaules. Elle a trouvé meilleure compagnie que lui, il s’en doutait et ne lui en veut certainement pas pour ça. « Laisse tomber. », lache le Bracstor en reportant sur l’homme qui lui fait face. « Il me semble pas t’avoir déjà vu non plus. Je m’appelle Tam et tu es... ? », Liam King. il le sait – à moins que ce ne soit qu’un surnom. Seulement, il ne peut faire autrement que de jouer le jeu, considérant son interlocuteur comme un parfait inconnu et non pas comme le chef des Zekrom et ancien patron de Tamlin dans l’underground. Reste à faire en sorte de ne pas se faire griller stupidement en l’appelant par réflexe Boss. Il a quitté l’équipe du King sans un regard en arrière et n’a jamais accepté les nombreuses propositions pour y revenir. Et Tamlin n’a pas la moindre envie que Liam découvre son identité et se serve ensuite de sa famille comme moyen de pression. Peut-être que ça ne serait pas son genre mais Tam a conscience que ce sont des pratiques existantes dans les bas-fonds. Or, il préfère justement ne prendre aucun risque.

Rose garden filled with thorns

Il aurait pu l’envoyer paître, lui dire poliment d’aller se faire voir, argumenter en ajoutant qu’il n’a pas particulièrement envie de compagnie. Seulement aurait-il été crédible alors qu’il se trouve précisément à une fête, un endroit où le principe même est de s’amuser, de parler avec des gens ? Probablement pas et cette réponse aurait légitimement pu faire rire son interlocuteur, lui offrant une raison supplémentaire de se moquer. Alors il accepte d’entamer la discussion avec Liam, au risque de s’en mordre les doigts s’il ne fait pas attention à ses paroles. Néanmoins, si Tamlin décide de s’ouvrir à cela, il n’a pas non plus prévu de céder aux possibles demandes de cet homme, quelle qu’elles soient. Lui l’ignore puisqu’il ne le reconnaît pas mais le Bractsor sait parfaitement de quoi son interlocuteur est capable. Il l’a vu à l’œuvre un nombre conséquent de fois lorsqu’il faisait partie des Zekrom. Voyant cela, le brun a appris à se prémunir pour ne pas céder aux mots souvent tentateurs du King. Jusque-là, il ne s’est pas trop mal débrouillé et de son avis, il n’y a aucune raison pour que ce soit différent en-dehors de l’underground. Même si pour ce qui est de la danse, il aurait peut-être pu se montrer plus convaincant. Le fait est que Tamlin n’aime pas danser en plus d’être persuadé de s’y prendre comme un manche. Converser avec Liam a aussi cet avantage de lui permettre d’oublier la musique ambiante qui agresse ses oreilles de par ses sons désagréables. Et s’il cherche son amie l’espace d’un instant, il finit par oublier cette idée en la voyant aux prises avec un charmant inconnu. Il s’en voudrait de la déranger alors qu’elle profite de sa soirée.

Tamlin reporte son attention sur l’homme qui s’est arrêté devant lui, balayant d’une simple phrase la question du comment et du pourquoi il est ici. Mieux vaut repartir sur les présentations officielles quoi que celle de Liam lui donnerait envie de lever les yeux au ciel. Chose qu’il se force à ne pas faire. « Liam, ce sera très bien. », répond le Bractsor en grimaçant intérieurement, ayant très bien saisi le sous-entendu de Liam. Ils ne sont pas intimes, peu importe où ils se rencontrent. De plus, Tamlin ne donne que très peu de surnoms, même à ses proches. Envisager qu’il puisse affubler un homme qu’il vient – officiellement – à peine de rencontrer d’un petit nom, c’est impossible. Si Liam attend quelque chose dans ce goût-là de la part de Tamlin, il est évident qu’il va pouvoir attendre un certain temps. Et son regard dans lequel brille une lueur plus explicite que bien des mots ne risque pas de le faire changer d’avis. « Non vraiment, j’ai deux pieds gauches et je dois avouer que je trouve ce canapé particulièrement confortable. », depuis qu’il est assis là, il a eu le temps de s’apercevoir que bon nombre de personnes sur la piste sont mauvais. Et ceux que Liam indique de son index confirme ce qu’il pensait. Il ne ferait donc pas tâche au milieu de cette foule très probablement déjà ivre mais se dandiner comme le type étrange un peu plus loin ne l’intéresse pas. Cela dit, en voyant les performances de certains, un léger sourire étire ses lèvres durant quelques secondes. « Tiens donc ! Je peux savoir ce qui m’a trahi ? », tout, à n’en pas douter. Il est évident pour n’importe quel observateur que Tam n’a pas du tout le profil ou l’attitude de quelqu’un venu ici de son propre chef. Et s’il avait su sur qui il allait tomber ce soir, il aurait encore moins eu envie de venir.

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Communiquer avec autrui n’a jamais été un réel problème pour Tamlin. Seulement, ça a toujours été lorsqu’il le décide et non l’inverse. Le souci, c’est qu’il est assez rare qu’il en ait envie, surtout en soirées où tous les esprits présents finissent généralement embrumés par l’alcool. Alors non, il n’a sincèrement pas envie de lever ses fesses de ce canapé. Du moins, pas avant d’être certain de pouvoir se glisser à travers la foule pour rejoindre la sortie sans qu’on le remarque. Il n’a certes pas voulu être là mais passer pour un malpoli semble encore moins être une bonne idée. Le problème, c’est que ses habitudes dues à son éducation le contraignent désormais à une discussion indésirée avec Liam. S’il ne s’était pas soucié des convenances et qu’il s’était éclipsé plus tôt, il n’aurait même pas eu vent de la présence du King à cette petite sauterie. Et ça n’aurait clairement pas été dommage, à ses yeux. Il pourrait tenter de prétexter qu’il a des choses à faire mais en pleine soirée ? Il risque de cruellement manquer de crédibilité. D’autant que s’il se trouve à cette fête, c’est qu’il n’a effectivement rien de mieux à faire. Éventuellement, il reste l’option d’un appel mais Tamlin n’aime pas utiliser sa famille pour éviter des moments gênants. Avoir des principes peut parfois s’avérer bien compliqué. Il y a certains moments où le Bracstor aimerait pouvoir être aussi naturellement rentre-dedans que Liam mais il en est tout bonnement incapable. Se laisser aller avec le premier venu, il ne l’a jamais fait et n’en n’a pas l’envie. Du reste, on pourrait croire que ses fesses ont fusionné avec le canapé tant il ne bouge pas – et est décidé à ne pas le faire. Si Liam tient tant à échanger avec lui, ce sera aux conditions de Tam et non autrement. Qu’importe pour l’ancien Zekrom si quelqu’un d’autre vient s’immiscer entre eux deux. Au contraire, ce serait même une occasion parfaite de fausser compagnie à Liam ou au moins, de ne plus être le seul à devoir le supporter.

Alors sûrement un peu malgré lui, Tamlin relance la discussion, répondant poliment à Liam afin de n’éveiller aucun soupçon chez son interlocuteur. Ce n’est peut-être pas la meilleure chose à faire face à quelqu’un qu’on cherche déjà un maximum à éviter dans un monde clandestin mais pour l’instant, Tamlin estime qu’il ne s’en sort pas trop mal. Dans un sens, ce n’est pas la première fois qu’il doit faire attention à ses mots. Dans l’Underground, c’est même son quotidien. « Il l’est vraiment. », confortable. Bien que ce ne soit pas les seules raisons qui poussent Tam à ne pas se lever. « Mais je reconnais que je n’y suis pas depuis autant de temps uniquement pour ça. », ce serait ridicule de chercher à nier cela. Surtout qu’il est si peu impliqué dans le déroulé des festivités qu’il aurait même été capable de s’endormir sur ces coussins moelleux si une certaine personne n’était pas venue le déranger. Désormais, c’est un plan qui semble bien compromis. « Je préfère me dire que j’aime faire plaisir aux autres. Mon amie ne voulait pas venir seule. Disons que ça m’a fait de la peine mais ça m’aurait pas vexé qu’elle demande à quelqu’un d’autre. », mais il sait dire non. Parfois, ça lui arrive avec son frère et ses sœurs. Plus avec les jumeaux qu’avec Feyre, cependant. Elle demande beaucoup moins de choses, de services qu’Isaïah et Leysa qui ont toujours des envies ou des projets. La plupart du temps, il tente de trouver des compromis qui puissent satisfaire tout le monde. D’autres fois, ce n’est juste pas possible et il se doit de catégoriquement refuser. Ce n’est pas facile mais il arrive à se faire comprendre quand c’est impossible de le faire changer d’avis. « J’admets qu’à choisir, je préfère rester chez moi plutôt que de me retrouver mêlé à une foule d’inconnus. », ça ne l’empêche pas de savoir s’amuser. « Merci. Je suppose ? », c’est perturbant d’entendre son ancien chef lui faire ce genre de compliment. Peut-être un peu parce que dans le monde où ils se connaissent, Liam n’a jamais vu son visage.