Il sentait la moiteur de l’air en se levant, c’était ce genre de journée étrange entre deux saisons qui pouvaient aussi bien tirer vers la pluie battante que le soleil juste couvert par quelques nuages. Il ouvrit les volets et Tabasco vint se nicher sur le rebord pour lui aussi observer le ciel. Une chaleur lourde, de l’humidité et des nuages gris filant vers l’ouest. C’était bien un pile ou face, soit la voute céleste tenait, soit ils devraient subir des trombes d’eau.

Remarque, ça ne pourrait pas faire de mal aux environs, l’herbes semblait déjà roussit et craquait sous le pied quand on marche dessus. Une bonne averse pourrait être salvatrice avant de partir couper du foin. Camillo partit faire sa toilette avant de revenir s’habiller rapidement pour descendre.

La maison se réveillait toujours à peu près au même moment, comme dans un esprit de corps tous avaient pris la même habitude. Ce réveil matinal n’avait pas non plus quitté l’étudiant dans sa chambre à Borao. Passant d’un escalier à un couloir puis un autre escalier, le garçon ne pouvait compter que sur son habitude et des aller retours faits mantes et maintes fois pour ne pas se perdre dans la demeure labyrinthique.

D’abord l’escalier en bois rouge, puis celui en pierre de taille, un dernier angle de couloir à gauche et il débouchait sur le hall, son sol en damier et sa porte au vitrail massif. Le porte manteau était désespérément vide, tant celui-ci était utilisé seulement par les visiteurs. Les résidents avaient plus l’habitude d’accrocher les leurs dans l’arrière cuisine dont l’odeur attirait Camillo.

Il déboucha sur la salle du restaurant dont le buffet ne demandait qu’à se remplir. La salle n’était pas immense, juste de quoi accueillir deux grandes tables que tous les hôtes partageaient avec la famille. Au bout de l’une d’entre elle, une volute de fumée s'élève aux côtés d’un homme brun dont le doigt épais filait sur le journal face à lui.

“Salut papa, bonjour maman!”

Celle-ci sortait de la cuisine, son tablier équipé et une solide cafetière dans la main. Elle lui sourit en répondant à son embrassade avant de retourner en cuisine. Le garçon prit sa tasse et alla s’installer près de son père, caressant Nala, son Fulgudog qui ne demanderait bientôt qu’à sortir. Le rituel était installé, sirotant sa boisson chaude, sentant qu’elle faisait du bien à son estomac, le garçon attendit que l’ancien fermier ferme le journal pour entamer une discussion sur tout et rien, ce qu’ils avaient fait la veille, ce qu’ils feraient aujourd’hui si la météo le permettait.

“D’ailleurs, on devrait avoir de la visite dans pas longtemps.” Dit le père en regardant sa montre. “Un jeunot doit venir et, j’aimerais que tu l’accompagnes pour qu’il se perde pas dans les environs.”

Camillo acquiesça, ce n’était pas la première fois qu’il devait servir de guide. Néanmoins, quand son père parlait de jeunot, le garçon comprit qu’il s’agissait d’un Regulador. ça lui rappelait toujours que c’était à cause de ces gens qu’ils avaient dû tout changer. Même si le temps était passé, la cicatrice était toujours présente. Il déglutit son café alors que son père regardait par la fenêtre s’il y avait du mouvement dans l’allée.

Les têtes se tournèrent quand on frappa à la porte. Soufflant un peu en se redressant, époussetant son pantalon pour faire tomber les quelques miettes de pain au sol que Tabasco se précipita pour manger, Camillo alla ouvrir la porte pour tomber sur une tête blonde avec une tenue aux allures militaires.

"Oui c'est moi... Enchanté."

Le fils du propriétaire invita le Regulador à rentrer dans le bâtiment, suivi sur ces talons par un Dracaufeu qui semblait assez habitué aux espaces intérieurs. Curieux comme toujours, le Passerouge voleta jusqu'à un rebord d'une poutre pour observer le hall des hauteurs.

L'invité se présenta et Camillo se répéta son nom dans la tête plusieurs fois pour être sûr de ne pas l'oublier. Il était néanmoins presque plus intéressé par le Dracaufeu que son propriétaire, il n'en avait jamais vu autrement que dans les livres. Le garçon ne semblait pas savoir où se mettre avec ces questions. Ce fut la mère de Camillo qui le sortit de la panade.

"Avant toute chose, je vais vous faire un café, vous avez déjà fait de la route ce matin!"

Elle invita les deux garçons à s'installer, Camillo reprit naturellement sa place alors que son père s'était déjà réinstallé avec son journal qu'il laissa trainer à côté de lui. Il était plus concentré sur le jeune Regulador que sur sa tasse de café alors que son fils retournait à son petit déjeuner.

Spike venait donc car on avait reporté une présence de contrebandier aux abords du ranch. Son père acquiesça, il en avait était de tout temps comme ça et les faits arrivaient presque plus souvent maintenant que la capture de Pokémon était une activité illégale, donc bien plus lucrative...

Le patriarche gratta sa barbe naissante, de son côté il n'avait pas vu grand chose mais ses dernières missions l'avaient amené loin du ranch. Il se tourna aussi vers son fils qui prit quelques secondes pour réfléchir alors que sa mère amenait une tasse de café fumant au jeune Regulador.

"Non, je n'ai rien vu, mais je suis rentré seulement pour le week-end. Papa, ça serait dans le coin des Tauros j'imagine ? C'est le plus éloigné.
- Oui c'est là que des voyageurs ont reportés des activités suspectes. Tu peux l'amener ? Prenez votre temps bien sûr."

Le père se leva et fit les mêmes mouvements que son fils précédemment, une nouvelle fois le Passerouge rappliqua. Le Fulgodog joua un petit peu avec Tabasco avant de se mettre sur les talons de son dresseur. Celui-ci enfila une veste imperméable au dessus de sa tenue avant de sortir par la cuisine.

Il en revint quelques instants plus tard tenant quelque chose dans ses mains.

"Becker, on m'a aussi chargé de te donner ça au QG. Fais y attention, ça fait parti de tes attributions en plus de ta mission d’aujourd’hui."

Le père tendit alors un œuf au jeune Regulador encore assis. Camillo n'y connaissait rien aux différents examens ou épreuves des forces de la Guarda, néanmoins, il observait que ça semblait plus simple pour eux de vivre avec des Pokémons que les civils lambdas comme lui qui devaient faire la preuve de la nécessité d'avoir un compagnon avec eux. Le père vint poser sa main sur l'épaule de son fils en lui murmurant quelques mots. Il finit par sortir adressant un dernier signe de main.

Le silence se fit dans la salle, seulement coupé par des bruits de couverts et les piaillements de tabasco et ceux d'Ember. Le garçon laissa du temps à son compagnon du jour pour finir sa tasse et prendre connaissance de sa tache avec son œuf.

"On y va quand tu es prêt, c'est à 1h de route en vélo, tu es venu comment ?"