Fureur glacée - silence mortuaire. Son retour de l'île et la lecture des documents trouvé n'avait qu'attiser le courroux de l'étrangère. Tout portait à croire que la Chancelière avait ordonner la création - et non seulement le réveil - d'un pokémon guerrier - d'un pokémon à exploiter. La libération des créatures ? Vaste fumisterie, il n'y a là qu'un moyen de garder le peuple sous son joug, proclamer une bienveillance malfaisante. Manipulation - le pouvoir aux riches, les animaux sous le contrôle de l'argent. Etouffement - des droits et des libertés par des discours bien pensants. C'est vrai, elle leur accordait, nombreux étaient et sont toujours d'infames Hommes sans humanité, exploitant les capacités de ces pauvres bêtes sans conscience - et aujourd'hui se retrouvent à parcourir les bas-fonds en quête de sang - pour assouvir les pulsions sanguinolentes.

Mutisme inquiétant jusqu'aux collègues de la serre, rares paroles prononcées dans la demande d'être laissée seule - le temps de songer, de réfléchir - de s'adoucir. D'effacer cette noirceur qui prend place en son cœur - la haine. Et puis lueur - non, clochette - sensation étrange d'être observée plus brutalement qu'à l'accoutumée - elle n'entend rien pourtant, mais cela est léger, autant que le son qu'elle s'imagine, soudain sans être dérangeant. Il est là. Se retourne - dorure dans les émeraudes - ils se jaugent quelques instants. Alors il nous a suivi jusqu'ici. Réflexion - déclaration. Il ne dit mot, ne bouge pas, pas même quand le goupix marque sa présence avec hargne, cherchant à l'effrayer, l'éloigner de sa mère - alerté lui aussi par l'odeur - la fumée. Il s'essouffle pour rien - il serait bon qu'il se casse la voix. Malotru ignore - et puis Naeva récupère Hïto dans ses bras, prend chaleur réconfort et assagie par les caresses sur le poil brossé - une façon de lui dire que ça va sans avoir à employer des mots difficiles à choisir. Zorua est parti quand tous deux remontent leurs yeux - laissant la brise rafraichir les pensées.

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Un mot, une lampe, dame se défait de la perruque et des lentilles - visage gommer de toutes extravagances, dans la nuit se perd dans la végétation jusqu'à retrouver les traces du puits où hiboux fût sauvé. Hïto sur ses talons, fatigué déjà de devoir marcher - mais fidèle au devoir qu'il s'est imposé. La protéger - l'aimer - lui rendre tout ce qu'elle a pu lui apporter. Mais apparition nouvelle vient gâcher ses plans de tranquillité - sur le chemin, Zorua spectrale - assis toujours. Douceur l'imite, prenant place à même l'herbe, jupon de la robe vert sombre tout juste relevé pour faciliter les mouvements. Et ils attendent là, plusieurs longues secondes à se regarder dans le blanc des yeux, attendant le jugement de l'un et l'acceptation de l'autre. A force, les apparitions deviennent évidentes. Elles n'ont rien de mauvaises - créature n'a rien d'un poltergeist - il n'est là que pour assouvir sa curiosité, semble chercher à alimenter ou adoucir sa propre haine - détresse à laquelle blonde ne saurait être aveugle.

"C'est toi, n'est-ce pas, qui a mis ces documents sur ma route, lorsque nous étions sur l'île ?" Car les papiers volent oui - mais autant sur son chemin, comme si on les y poussait, cela semble bien trop irréaliste pour être totalement naturel. Voix cassée de ne pas être employée très souvent ces derniers temps - même lors de l'exécution du travail officiel - limite autant que se peut les échanges - avec les patients, avec les autres infirmières. "Je ne sais pas ce que tu attends de moi..." Mais ? Elle pourrait presque l'entendre - tandis que tendresse est trouvée dans la présence de son fidèle allié, dans sa chaleur juste à côté. Mais ? Que peut-elle faire de sa petite place - de cette triste existence où errance semble être le seul but accordé ? Si Lueur - si lui au moins était là - peut-être, peut-être - et dans la nuit, fantôme disparaît une nouvelle fois.

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Qu'attend-il d'eux ? Qu'attend-il d'elle ? Un instant profite de la fraîcheur nocturne pour mettre en ordre ses pensées. Dans ses bras Hïto - encouragement muet, allié discret. "Merci." Elle a la sensation de ne pas lui dire assez - reconnaissance pourtant qu'il veuille bien rester à ses côtés, que ça soit lui qui ait refusé de partir il y a deux années. Comble un peu le vide qu'elle ressent - rassure la culpabilité éternelle. Quelle est sa place sur ces terres ? Assurance carapace de ses démons, de ses doutes accablants - elle n'a de confiance en elle que les connaissances accumulées par les années - mais serait bien incapables de s'avoue puissante de ce qui échappe à l'éducation. Que fait-elle dans cette serre, qui ressemble enfin à son nom ? Soigner, protéger, accueillir - offrir un peu de réconfort sans jamais s'autoriser l'amour. Pourquoi les pokémons semblent tant aimer son contact alors qu'elle se trouve incapable d'offrir le plus important ?

Naeva aime pourtant - Hïto, notamment, comme un enfant, comme un ami - comme un partenaire - mais le dire, le penser, serait sûrement comme appeler la malédiction à faire son œuvre. Les pensées se perdent - les émotions avec. Spectre se relève comme reflet de celui qui l'habite ou qui la suit - et elle marche dans la nuit.

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Bottines heurtent les premières pierres, vestiges du passe de l'Homme - elle s'engouffre dans les galeries à la recherche de ses propres questions - espère ressortir avec ses propres réponses. La colère a fait place à la culpabilité, à l'impuissance de sa destinée - où a-t-elle eu le courage d'arpenter l'underground déjà ? D'y ouvrir cette volière parmi les décombres, d'accepter l'aide de Bella, de son frère et de leur ami ? Les étoiles s'alignent étrangement bien à chaque fois qu'une idée se fraie un chemin dans sa tête. Etrangeté - entend le cri d'un oiseau - il n'y a rien dans ces galeries qu'un passage malmené par le temps. Rien que la sombre présence d'un spectre au fond d'un tunnel - alors pourquoi n'est-elle pas effrayée ?

"Tu étais un Zorua, n'est-ce pas ? Que c'est-il passé pour que tu finisses dans cet état ?" Pourquoi le lui demandé quand la réponse lui a été apportée ? Les questions s'emmêlent, les incertitudes avec. Hïto ne la reconnait pas - elle semble craquer elle qui lui paraissait si stable malgré les verres de vins et les larmes dans son fauteuil de velours - malgré la fragilité du corps sous les couettes immenses de son lit. Naeva est faible, en cet instant - mais une part de lui souhaite croire qu'elle reviendra plus forte en sortant.

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Sans précipitation, poursuit le fantôme - sautant d'un rocher à l'autre, cherchant visiblement à l'amener quelque part. "Les expériences... les expériences sur toi ?" Elle ne prend pas le temps de trouver ses mots - a déjà du mal à trouver sa voix. Ils sortent sans logiques, mais sincères - aimerait lui dire qu'elle se sent désolée et en colère - que son espèce se croit maîtresse du monde et penser pouvoir jouer avec la nature tel Arceus. "Ce sont elles... c'est nous. C'est de notre faute, n'est-ce pas ?" Et Zorua s'arrête. Il ne se retourne pas, il semble hésiter entre deux ouvertures - deux chemins. "Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je n'ai que des bribes, que des instants recueillis dans un journal, dans des données scientifiques." Elle n'était pas là - ne s'en doutait même pas. "Je suis désolée." Mais ça ne changera rien.

Et spectre choisit le chemin de gauche, s'engouffrant dans la pénombre. "Attends !" Ce n'est pas prudent - mais elle court dorénavant, à la poursuite de ces réponses, de ses rêves - Hïto sur ses traces, fidèle et loyal, la laissant trouver son chemin par elle-même tel qu'elle lui a apprit - montré. Il l'admire - elle le respecte. Duo chemine dans les ombres et il se surprend à vouloir les accompagner. Mais pas maintenant - il reste encore bien des épreuves avant d'assagir la rancœur.

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Au-dehors - il fait nuit noir - mais dans les tréfonds du puit, rayon persiste à travers les enfers - quelle heure est-il, quel jour sommes-nous ? Naeva est perdue à tourner encore et toujours - à revivre les erreurs passées, à porter son deuil et l'avidité d'un ancêtre. Où est-elle ? Cinza, terre de soleil et de chaleur - contrée exotique où sa pâleur est étrangère - Cinza, brûlant sous le feu des rebelles et dans le cœur des conquérants. Ils sont arrivés et ont imposé leur règle - des gens comme elle, venus d'ailleurs. Ils ont pris des vies contre d'autres, tant ont péris dans les foules et dans les déserts. L'odeur humaine a affolé les natifs - domestiqués s'en sont montés au ciel. Il y a eu la mort, partout - mais jamais dans les bras. Et aujourd'hui elle l'effleure quand elle approche le Zorua. "Tu es mort." Et c'est de leur faute. Mais si ce n'était que ça.

Paisible sur ses terres glaciaires, paisible à l'orée entre monts et ciel. La meute s'était assemblée pour commencer l'initiation - le passage à l'apparence de la sagesse, à la forme qu'ils arboreront pour l'éternité. Il faut être fort et vaillant - et certain d'être celui que l'on veut rester. Il faut avoir grandit et vécu - et ramener la plume d'un être étranger. Mais pour lui, l'instant ne vient jamais, car en cherchant la plume, il a trouvé une autre destinée. Illusion amenée jusqu'au fin fond d'un laboratoire terreur - guette l'opportunité de fuir la cage ferrée - ne trouvera que désarroi et malheur - jusqu'à la mort.

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Oui - il l'était. Et dans une folie incontrôlé, il est revenu - et a continué à voguer seul. Il y a longtemps maintenant que la meute n'est plus qu'un souvenir flou - il a vécu d'autres vies entre les mains des braconniers et ceux des scientifiques. Et il n'a jamais pu qu'haït l'espèce de la blonde qui le poursuit - qu'il a suivi. Et lui aussi aurait des questions à lui poser si dans son langage il savait parler. Mais pour l'heure, elle a des questions plus importantes à régler. "Je suis en colère." Tintement. Il s'arrête jusqu'à se retourner pour déceler à travers l'obscurité les joues rougies. "Contre ce système qui nous oppresse. Qui pousse les insurgés à commettre pire dans les scènes de crimes que sont les bas-fonds. Qui pousse les bien pensants à en commettre d'autres, protégés par leurs grades ou leurs lois. Je méprise ce gouvernement. De tout mon être - lui, Yophiel, la Chancelière et ceux qui la suivent aveuglément !" Résonne dans les galeries - cris du cœur devenus échos - en boucle tournent - tournoient - sans ne jamais vaciller. Elle se trouve idiote pourtant - comme si miroir parfait se brisait projeter sur le sol terreux - et tachait vêtements armures des déboires. Sac est vidé - mais elle ne se sent ni plus légère, ni soulager - ne fait que se rendre compte un peu plus, un peu mieux, dans quel genre de pétrin elle s'embourbe toujours plus. Y a-t-il une fin à tout ça ?

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Et maintenant ? Et maintenant ? Que peut-elle faire, à son échelle ? Quels changements apportés autour d'elle pour faire avancer ses convictions - le courage déjà, l'a-t-elle ? Naeva l'a trouvé une fois - dans son désespoir - dans un œuf à peine éclot, auprès d'un renard mourant. Là où la malédiction commence. Evidences mises sur le chemin - à proximité de ses ambitions - créer ce lieu safe pour les âmes égarées - pourquoi ne pas l'élargir un peu, petit à petit - et demander de l'aide ? Où ça, comment, à qui ? Les questions s'accumulent, les réponses se floutent - les rêves se distinguent et s'éloignent en même temps. Mais l'on ne bâtit pas un Empire en restant les genoux pliés et les mains jointes - prier Ho-Oh ne servirait à rien, qu'importe combien elle croit en la bénédiction dont lui parlait sa mère.

"J'ai compris." Pas totalement, pas tout à fait - mais au moins ce que, peut-être, il cherche auprès d'elle. Elle a compris et alors, il ne lui reste plus qu'à lui montrer, plus qu'à observer. Zorua reprend son chemin, n'a pas l'air d'explorer mais bien de suivre ses propres traces laissées - et dame de feu derrière accourt, sans une once d'hésitation.

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Un plan d'attaque - une stratégie ? Est-ce qu'elle se doit d'y penser maintenant - tout de suite. La serre déjà demande tant d'énergie - tant d'argent, les associations à côté tout autant - le travail à La Isicao n'est pas à côté mais lui permet d'accéder logiquement à l'underground là-bas aussi, sans que cela ne soit suspicieux - trafiquer, ou du moins faire des alliances avec les marchés qui s'y trouvent. Arpenter deux undergrounds plutôt qu'un l'avantage sur les prix, lui permet d'économiser un peu - mais cela n'est pas suffisant, il ne l'est jamais et finalement, la volière n'est améliorer que grâce aux dons de quelques dresseurs un peu plus compatissants. Où trouvez des fonds ? Dans le noir brille des pupilles d'or de la créature - reflet des rubis d'Hïto, étrangement calme sur l'instant. Ont-ils communiqué pendant ses instants d'égarement ? Pierres précieuses dans le noir rayonne - mais cela serait reprendre contact avec l'oncle et la famille oubliée - se souvient qu'il y a un moment maintenant qu'elle n'a pas appelé Barclay.

Dans la pénombre s'aventure jusqu'à arriver dans une salle biscornue, peut-être anciennement réserve d'eau du puits. Les idées filent - elle se souvient du match, de l'exaltation - peut-être - peut-être qu'elle pourrait aussi se faire un peu d'argent ainsi ? ou reprendre des concours à côté ? De façon plus anecdotique, Dame pourrait financer un peu mieux du nouveau matériel et étendre son... pouvoir. Cela semble si fou - et inatteignable.

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Cave - fraicheur - humidité. Et un œuf qui trône aux pattes du spectre. "C'est donc cela ?" Un nouvel espoir - abandonné, trouvé, confié. Pourquoi les créatures s'évertuent à penser qu'elle est apte à s'occuper d'enfant à naître ? Incapable de donner l'amour qu'il leur faut. Et pourtant, à peine auprès du petit bout, elle ne peut que le prendre dans ses bras, étonnée par sa froideur. "J'ai compris." Répétition - détermination. "Je te - vous - donnerais une justice." Une sentence pour les coupables. "Je vous protégerais." Davantage - mieux - plus organisée. "Tu pourras vivre à nouveau comme tu l'entends." Malgré les brisures, malgré les failles. Mais renard rancœur sait déjà de quoi sont avenir sera fait. Une patte sur la cuisse à sa hauteur - un miaulement pacifiste d'Hïto derrière pour lui faire comprendre que pour cette fois au moins, ils peuvent faire la paix.

"Kyüsoku - est-ce que ce nom te convient ?" On ne lui avait jamais fait l'honneur d'un nom - dans sa meute, la coutume était de n'être nommé qu'une fois évolué - rituel du passage à l'âge adulte. Et dès lors que les humains l'ont attrapé - il est devenu un numéro, une transaction, une expérience. Mais jamais on ne lui a attribué une identité. Reconnaissance illumine le regard - et quoique l'adoption ne soit que tacite, un hochement du museau suffit à faire comprendre qu'il accepte la forme de deal qui ce soir s'est joué. Il est témoin - et complice de ses convictions - il suivra l'ascension de l'humaine qui ne connait pas sa propre colère.

Fin.

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