Évidemment qu'Adonis a choisi ce bâtiment ci. Une vraie tache dans le paysage ancestral de Sercena, une disgrâce. Qui choisirait de construire, ou pire d'habiter, dans un truc aussi... moderne ?! D'accord, le budget semble avoir été conséquent, mais je me demande combien d'enveloppes brunes ont été distribuées pour permettre la construction de cet immeuble à logements de luxe. Au moins mon frère ne vit pas dans la pauvreté, pas de doute possible à ce sujet, mais tout de même ! Je croise les bras en faisant la moue, attendant mon heure sur la banquette arrière de la voiture qui m'a menée ici. J'ai de l'avance, comme toujours, et ça me laisse le temps de monologuer intérieurement sur l'architecture douteuse que l'on peut trouver en s'éloignant un peu du centre culturel de Sercena et de ses grottes fabuleuses. Je suis presque tentée d'envoyer un mail de consternation à ma mère. On doit bien avoir quelques explosifs qui trainent quelque part pour les travaux dans les mines alors mettre à plat cet endroit ne devrait pas demander trop de travail... Je soupire. Ce n'est pas réaliste. Des gens habitent ici et ce genre de tragédie s'apparenterait carrément à du terrorisme. Je vais devoir prendre sur moi on dirait bien. Si seulement...
Le chauffeur m'interpelle pour me signifier qu'il est pratiquement l'heure de mon rendez-vous. Je le remercie et réveille promptement le meowth qui paresse à mes côtés. Il me semble juste de l'amener avec moi, juste au cas. Les chances de croiser Bastet sont assez faibles, mais on ne sait jamais. Enfin, pour cela il faudrait qu'Adonis soit présent lui aussi et autant dire que ce serait un soucis pour moi. J'étais là pour en apprendre plus sur sa situation et me servir de ce que j'aurais apprit pour me rapprocher de lui. Dans l'idéal il vaudrait mieux qu'il n'apprenne carrément jamais que j'avais mis les pieds ici pour rencontrer son colocataire. Comment allais-je me débrouiller pour lui faire tenir sa langue ? Moi qui détestais improviser en plus, mais je n'aurais sans doute pas le choix. Je devrais trouver sur le tas une fois que j'aurais commencé à mieux le cerner et rester à l'affut d'un moment qu'il serait lui aussi trop gêné pour rapporter à mon aîné. Oui, tout se passerait bien. J'étais en contrôle de la situation, preuve étant que mon professeur de musique du jour ne savait même pas encore que c'est moi qui allait débarquer sur le seuil de sa porte avec le sourire le plus mielleux du monde. En effet, j'avais pris la peine de demander à une employée de prendre mon rendez-vous à ma place, histoire de garder l'effet de surprise. Confiante, j'attrapai mon sac à main et quittai finalement la voiture avec un bon cinq minutes de jeu pour le reste du trajet.
Je me dirige vers l'ascenseur avec un pas victorieux... jusqu'à remarquer le petit bout de papier que l'on a scotché en diagonale sur la porte. Même pas fichus de le mettre droit... Ah mais ! En panne, sérieusement ? Ma main se crispe et étrangle mon sac à main alors que la réalisation me traverse comme un courant d'eau glacé : je vais devoir prendre l'escalier. Rien ne va dans cet endroit de malheur ! Je tourne mon regard bleuté vers Lucifer en espérant y trouver un certain réconfort, mais le chat comprend lui aussi la situation dans laquelle nous nous trouvons et décide que le trajet sera plus agréable dans le confort de sa balle.
« Sale traître... »
Aller, je suis une ballerine moi, ce n'est pas quelques marches qui vont me faire peur. Je pourrais les grimper des jours durant sans même me fatiguer ! Et puis j'ai tellement l'habitude d'avoir mal aux pieds et aux jambes que je pourrais sans doute marcher sur des charbons sans même m'en rendre compte. Ce n'est qu'un défi à relever parmi tous les autres et, surtout, une raison de plus de maudire cet endroit qui n'a de luxueux que le prix et la façade. Tout de même, quel soulagement lorsque je gagne le bon étage et que je peux enfin m'engouffrer dans le couloir à la recherche de la porte qui m'intéresse. À ce stade je suis bien remontée, prête à la guerre ! J'appuie contre la sonnette avec détermination, n'accordant même pas un regard de désapprobation à mon chat qui décide de ressortir de sa balle maintenant que nous sommes arrivés. Je profite des quelques instants de flottement qu'il me reste pour replacer ma longue chevelure et lisser les pans de ma jolie robe, histoire de faire bonne impression. Ah, il ouvre ! Je m'arme de mon plus beau sourire de politicienne et lance l'assaut.
« Bonjour, je suis bien chez monsieur King, le professeur de musique ? Je suis Cali Cobalt, votre élève. Enchantée de faire votre connaissance. »
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La mégalomanie, trait courant chez notre protagoniste, n'empêche toutefois pas ce dernier d'exercer ses devoirs de colocataire. Avec de l'argent il aurait été facile pour Liam d'appeler une personne pour le ménage mais il est tellement parano sur ses affaires qu'il préfère s'occuper lui-même du nettoyage de fond en comble de l'appartement, quitte à y passer la moitié de la journée. Enfin, de toute façon, il n'a jamais eu de problème à se salir les mains. Il aime être propre, mais quand faut y aller, faut y aller. Et c'est bien parce qu'il aime la propreté qu'il ne pouvait pas laisser cette tâche à quelqu'un d'autre (hormis à Adonis parce qu'il le connaît bien). De plus, ce n'est pas n'importe quel jour. Il reçoit une nouvelle élève aujourd'hui pour des cours de guitare. Et même s'il ne l'a jamais vu, la demoiselle semblait bien charmante au téléphone. Ce n'est pas habituel qu'il donne les cours dans son propre domaine, mais ce n'est pas quelque chose qui le dérange. Le Boss Zekrom veut mettre ses étudiants dans un contexte qui pourrait les mettre à l'aise avant tout, alors il leur demande toujours ce qu'ils préfèrent en terme d'emplacement. Mais puisque la demoiselle a préféré faire le cours chez lui, il n'a pas vu d'inconvénients ; en revanche, il fallait que tout soit nickel ! Il doit garder la bonne image de lui, après tout. Agacée de son remue-ménage, Emily a préféré rester dans sa ball. Il ne lui en tient pas rigueur. C'est vrai que Liam a la sale manie d'aimer bouger dans tous les sens, alors même si l'Amphinobi a l'habitude, ça ne veut pas dire qu'elle veut le supporter tous les jours.
Sa guitare sortie, le piano non loin également, il se permet une pause sur le canapé le temps que son invité arrive. T-shirt et jean feront bien l'affaire, inutile à ses yeux de s'embêter plus que ça : il veut que l'ambiance soit décontractée avant tout. Et en parlant de son invitée, il sursaute brièvement au moment où la sonnette retentit. Se levant d'un bon, il n'oublie pas de se repasser un dernier coup de brosse dans sa longue chevelure violette avant d'ouvrir la porte. L'expression joviale qui ornait son visage, aussitôt, disparaît à la vue de la prétendue élève. Je rêve... Cali ?.. Elle a changé. Pas mal changé depuis la dernière fois qu'il l'a vue, en tout cas. Tout en élégance et élancée, il la reconnaît à son visage fin, ses grands yeux bleus et bien sûr la longue chevelure blanche sans imperfection qui tombe jusque dans son dos, couleur facilement reconnaissable chez les Cobalt même s'ils ne sont sans doute pas les seuls sur l'île à avoir cette teinte albinos.
Et là, il comprend. Car "Cali Cobalt" n'est certainement pas le nom qui lui a été donné à l'appareil, mais elle se présente à l'heure exacte où il aurait dû recevoir la concernée et elle n'aurait pas pu savoir qu'il attendait quelqu'un autrement. Elle lui a joué un tour. Pour voir son frère ?.. Cela aurait été étrange, non ? Elle aurait juste pu sonner, si elle savait qu'il était là ; et en tant que sa sœur, il ignore pourquoi elle aurait utilisé l'excuse du cours de musique. Elle savait qu'Adonis était absent. Elle lui a joué un tour. C'est bien une chose qu'il n'aime pas : qu'on se moque de sa personne. Bien sûr, ça ne l'empêche pas, lui, de se moquer d'autrui, car son hypocrisie concurrence son ego ; mais il juge de manière très subjective que ça ne donne aucunement droit aux autres de le faire sur lui. Alors qu'est-ce qu'il fait aux gens qui se moquent de lui ?.. Il leur ferme la porte au nez. Littéralement.
La porte s'ouvre et j'en retiens mon souffle malgré moi, pleine d'anticipation et le sourire plus radieux que jamais. Première impression ? Grand. Même avec mes talons j'ai l'impression que je vais me casser le cou juste pour croiser son regard ambré qui me détaille, et me reconnait probablement, avec stupéfaction. Je ne dis rien, lui laisse le temps de faire un plus un et d'égaler à deux dans sa tête. Puis ça me laisse le temps de remarquer sa longue chevelure qui rivalise pratiquement avec la mienne, sa peau basanée qui contraste avec la mienne et... à quel point il est effronté, comme moi.
La porte claque. Mes yeux se ferment sous le choc alors que ma chevelure se balance au rythme du vent qu'il vient littéralement de me faire. J'avoue que j'en reste bouche bée, immobile pendant un bon deux secondes à cligner des paupières et à comprendre ce qu'il vient de faire. À mes pieds, Lucifer ricane... ou en tout cas il le fait jusqu'à ce que je lui décoche un regard mauvais, ce après quoi il reprend sa toilette l'air de rien. Voilà, c'est bien ce que je pensais. Non, mais oh ! J'en ai déjà un à gérer ! Et pas n'importe lequel visiblement.
Tout de même, le gus fait genre trois fois ma taille et il prend la fuite comme ça ? Je ne pensais pas les amis d'Adonis aussi lâches ! Ou alors c'est moi qui suis devenue une vraie petite menace et ça... Oui c'est un peu flatteur, on ne va pas se mentir. Mais je suis là pour une raison moi et l'entêtement est l'une de mes plus grandes qualités. Je m'arme donc d'un nouveau sourire, peut-être un peu plus crispé celui-là, et appuie de nouveau sur la sonnette. Prise deux, action. On ne se débarrasse pas de Cali Cobalt aussi facilement ! Je m'approche de la porte, bien déterminée à faire tout le cours au travers si c'est ce qu'il faut.
« Monsieur Kiiiiing ? Je suis ici pour mon cours de musiiiique ! Ce serait dommage que j'aille vous faire de la mauvaise publicité auprès de tous mes amis richissimes sur un malentendu, non ? »
Je tends l'oreille et attends une réaction quelconque. La balle est dans son camp maintenant et s'il est plus intelligent qu'il n'est courageux l'enseignant comprendra qu'il a tout intérêt à se plier à mon petit jeu. Claquer la porte au nez d'une Cobalt c'est comme signer son arrêt de mort professionnel après tout ! En tout cas je peux faire en sorte que ça le soi... Alors ouvre espèce de sale petit... géant !!
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Un soupir lui échappe après qu'il se soit adossé à la porte qu'il vient de fermer. Cali Cobalt, vraiment ? C'est bien l'une des dernières personnes qu'il s'attendait à voir. Et en même temps, il oublie parfois que puisque Adonis vit ici, il devrait s'attendre quelque part à ce que des membres de sa famille tentent de pénétrer dans ce lieu ou d'en savoir un peu plus sur la vie qu'il mène en dehors des murs de la demeure familiale. Mais utiliser un coup en traître comme elle l'a fait, ça, c'est une première ; et c'est sans doute l'une des seules aussi à avoir pensé au colocataire du concerné plutôt que le concerné lui-même. Mais il doit avouer une chose : la persistance de la demoiselle est plutôt honorable. Agaçante mais honorable. Sa voix porte même plutôt bien puisqu'il arrive à entendre de l'autre côté. Ce serait toutefois gênant qu'il attire trop l'attention de ses voisins à cause d'une jeune impertinente qui essayerait d'entrer chez lui par tous les moyens. Alors les choix qu'il lui reste sont minces. Il doit la faire taire, ou sinon c'est sa sonnette qu'il va finir par casser à forcer de l'entendre. Dépité, il ouvre la porte en renvoyant à son interlocutrice un sourire mielleux et légèrement tout aussi crispé.
« Mais vas-y, fais-toi plaisir. Je suis sûr que ta mère sera aussi raviiiie d'apprendre que tu vas voir des gens peu recommandables qu'elle ne porte pas trop dans son cœur. »
'Je suis ici pour mon cours de musique', tu parles, oui ! Pas qu'il adore la mère d'Adonis et Cali (tous les noms d'oiseaux ne suffiraient pas à décrire ses sentiments pour cette horrible femme) mais si ça peut embêter et calmer la cadette de la fratrie, il ne va pas se gêner.
« Tu sais quoi ? Ça m'arrange même si tu me fais de la mauvaise pub auprès de tes potes riches, j'aurais pas à voir leurs sales gueules comme ça. »
Sans mentir, à part quelques très rares exceptions, ce ne sont pas ses clients favoris. Ce n'est pas parce qu'il est imbu de lui-même qu'il a envie d'avoir la même chose en face, surtout quand, pour le coup, c'est un homme très différent en tant que professeur. Gentil, encourageant, humble... Tout son contraire dans la vie réelle.
« Tu crois que je me repose sur Adonis pour le loyer ? Que je peux me permettre cet espace juste avec mon salaire de professeur ?.. Allons... »
Il veut lui faire comprendre que ses menaces ne lui font pas peur, même s'il ne doit pas non plus en dévoiler trop. Certes, il réussit à se faire de l'argent, mais ce n'est clairement pas avec des mains propres et des affaires très légales... Mais ça, Cali n'a pas à le savoir. Changeons de stratégie. S'éclaircissant la gorge, il replace une mèche de cheveux avant d'esquisser une expression très dramatique.
« Écoute, je sais, je sais... Je suis irrésistible et tu rêves d'un date avec moi depuis le premier jour mais il y avait d'autres méthodes pour ça, tu sais, "princesse". »
Car il n'y a bien que les princesses pour faire des caprices pareils, de son point de vue. C'est pour ça que lui ne s'est pas contenté du titre de prince, en l'occurrence.
La poignée tourne de nouveau et la grande silhouette du colocataire d'Adonis fait son apparition dans mon champ de vision pour la seconde fois aujourd'hui. J'ai une touche ! Et vu son sourire tout aussi tordu que le mien, sinon plus, j'ai bien l'impression d'avoir réussi à l'énerver en plus de ça. J'attends qu'il ouvre la bouche, qu'il me dise bonjour peut-être... Ou qu'il me rappelle que ma mère n'approuverait clairement pas ma présence ici. Je fais mine d'être choquée, agrandis les yeux et recule d'un pas comme s'il venait clairement de marquer un point que je n'avais pas considéré. Je veux qu'il se sente en confiance, en pleine maîtrise de la situation. Je veux qu'il continue à parler et c'est exactement ce qu'il fait. Ça l'arrangerait que je lui fasse de la mauvaise publicité, oh, je suis cho-quée. Tu as clairement l'avantage, tu m'as pris au dépourvue et déséquilibrée, continue de parler. Continue jusqu'à me donner quelque chose que je peux exploiter et retourner contre toi...
Le sous-entendu selon lequel il ne paie pas sa part du loyer juste avec son salaire d'enseignant de musique ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde, mais n'a probablement pas l'effet qu'il croit. Pas comme si j'allais laisser filtrer mon amusement par contre, non, je continue de feindre le choc de la petite fille de riche à qui on n'a jamais rien répliqué jusqu'à maintenant. Je dois avoir l'air complètement tétanisée ou, en tout cas, juste assez pour qu'il décide de faire marche arrière et de changer de stratégie. J'ai presque envie de lui rire au nez quand il se décrit comme irrésistible, mais me retiens de justesse. Comme ça il y a d'autres moyens pour moi d'obtenir mon date tant convoité avec Liam King ? Il n'a pas idée du bourbier dans lequel il vient de se mettre. Non, dans lequel il vient de sauter à pieds joints !
« Alors c'est vrai ?? Vous vous prostituez pour payer votre loyer ??! Et vous venez de m'offrir votre corps en échange d'un paiement monétaire !!? Moi, une Cobalt, et vous vous proposez ainsi en tant que gigolo ??!! »
Je crois bien que, de mes oreilles sensibles, j'ai entendu une porte s'ouvrir plus loin dans le couloir. J'offre un sourire aussi malicieux que charmeur a ma victime du jour. En plus c'est bien tombé, je le vois mal aller raconter ça à mon frère, surtout que maintenant je crois bien avoir un voisin dans ma poche si j'ai besoin d'un témoin. J'ai vécu toute ma vie avec l'opinion publique en tête alors me sous-estimer sur ce point est la pire des erreurs à faire. Mielleuse, je m'approche un peu plus du pauvre homme pour lui chuchoter mes prochains mots.
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Il l'a sous-estimé. Grave erreur de sa part. Un mauvais calcul qu'il ne fait que rarement, et pourtant... La jeune femme se montre pleine de ressources, joue même à son petit jeu pour le retourner à son avantage. Et plus elle parle en jouant son merveilleux rôle de comédienne, plus le visage du "roi" se décompose. Il n'en croit pas ses oreilles. Est-elle vraiment en train de lui forger une réputation de gigolo ??? Son cœur rate un battement quand une porte s'ouvre pile au moment du speech de la blanche. Tout se sait rapidement, dans un appartement, quand les rumeurs vont bon train. Et il y a des rumeurs qu'il ne vaut mieux pas laisser circuler. Rouge de gêne et surpris d'avoir mis les pieds dans un piège aussi grossier dont elle a pu se servir aisément, Liam n'a plus le choix, surtout quand elle menace à son oreille de continuer.
« Ça suffit ! »
Accédant finalement à sa requête par dépit, il lui prend le bras (sans non plus être brusque pour éviter de lui faire mal) et l'entraîne à l'intérieur de l'appartement. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il découvre le Miaouss qui était aussi devant sa porte. Est-ce le sien ? Probablement, vu son air snob. Liam le récupère aussi sur le paillasson et ferme bien la porte derrière, cette fois pour de bon. Il se retourne brusquement vers elle, embarrassé au possible. Cela faisait très longtemps que ça ne lui était pas arrivé.
« Qu'est-ce que... Espèce de folle ! »
Ses mots se perdent. Il aimerait lui dire qu'elle a été inconsciente. Que cela risquerait de ternir l'image que ses voisins ont de lui, alors qu'il a toujours essayé de garder une façade irréprochable pour qu'on ait jamais à se plaindre de lui. Et surtout pour qu'on ait pas non plus à se plaindre d'Adonis. Quelle horreur s'il apprenait que son colocataire se traîne des potins de gigolo... Mais l'expression empourprée et irritée ne tient pas longtemps. Sa panique se tarit. Quand il revoit la scène précédemment jouée et que les mots de la Cobalt résonnent encore dans son esprit, il prend une courte pause, avant de se mettre à glousser, puis éclater de rire. Un rire franc. Celui de quelqu'un qui est tombé dans un panneau de débutant et qui avoue, pour une fois, sa défaite cuisante et méritée. Cette Cali a peut-être bien plus de jugeote qu'il n'aurait cru, mais ce n'est pas pour lui déplaire. Il ne se rappelait juste pas qu'elle était comme ça. Lorsqu'il se calme enfin, il consent à abandonner. De toute façon, c'est trop tard : elle est déjà chez lui.
« Bon, d'accord, bien joué. Tu as réussi à m'avoir sur ce coup-là. »
C'est difficile, très difficile parfois d'avouer quand il a perdu. Mais il se trouve très bon joueur quand il est dans ses bons jours malgré tout.
« Mais parce qu'il y a marqué 'Cobalt' sur la sonnette tu crois pouvoir entrer comme ça chez les gens ? Tu n'es pas vraiment venue pour le cours de musique, pas vrai ? »
Désormais, il attend un peu plus de vérité, si elle accepte de la dévoiler enfin. Sinon, il devra se montrer un peu plus insistant.
J'ai gagné. Le King avait finalement cédé et c'est lui-même qui me fit entrer en son domaine. Franchement je mentirais en disant que je n'étais pas fière de mon coup. Pire, ce fut au tour du meowth de se faire kidnapper de même sorte et le félin, peu enclin à se laisser manipuler par un inconnu, se mit à se tortiller dans tous les sens en lui crachotant à la figure. Pauvre Lucifer. Au moins ça me faisait une bonne diversion pour pénétrer plus loin dans l'appartement, conservant évidemment mes talons. De toute façon ils étaient propres et il était hors de question que je paraisse encore plus petite à côté de celui qui m'avait si gentiment accueilli chez lui. D'ailleurs, maintenant que j'étais à l'intérieur... Pas mal pour un bâtiment laid. Même moi j'aurais pu vivre ici sans avoir grand chose à y redire. Mais je n'ai pas le loisir de me mettre à l'aise qu'on m'interpelle en me traitant de folle. Difficile de me retenir de ricaner malicieusement, main devant la bouche comme toute demoiselle de la haute qui se respecte.
« Désolé ? »
Et je vais quand même éviter de lui faire remarquer qu'il aurait pu éviter tout ça en me laissant entrer dès le départ au lieu de me claquer la porte au nez... Le silence est pesant et je décide de ne pas le briser. En regardant le colocataire d'Adonis, je peux pratiquement voir les rouages qui tournent au fond de ses yeux dorés. Quel sera donc le verdict ? Oh, il... est en train de rire ? Et franchement en plus de ça. C'est assez pour me voler un sourire sincère en retour, je l'admets. Comme ça Liam est gracieux dans la défaite, je ne m'attendais pas à ça. La surprise est toutefois la bienvenue et, lorsque qu'il me félicite, je me permets une petite révérence à la manière d'une ballerine saluant son public.
« Merci, merci. »
Mais le grand... brun ? Le grand violet attends de réelles réponses à ses interrogations on dirait bien et il n'hésite pas à les demander directement, se refusant à tourner autour du pot dans sa quête de vérité. Je ne me formalise d'ailleurs pas de la petite pique qu'il me lance quant à mon nom sur la sonnette puisque, à dire vrai, c'est le genre de réplique acide que j'aime bien. Ça m'amuse et, surtout, ça me parait être le discours d'une personne franche et sincère. Enfin, quand ça vient de lui en tout cas, pour l'instant. Ou alors est-ce simplement son grand rire chaleureux qui résonne encore en moi qui me pousse à le voir en une lumière plus positive ? Qui sait.
« Détrompe toi, je comptais réellement me prêter au jeu jusqu'au bout. Un cours de musique n'est pas la pire opportunité d'apprendre à connaître quelqu'un. »
Je marque une pause pour choisir mes mots. À quel point puis-je être honnête ? Je le jauge un instant de mes prunelles bleutées, perdue dans mes pensées. C'est le meilleur ami d'Adonis, non ? Ça ne veut pas dire que je puisse lui faire confiance ou même qu'il soit un bon ami pour lui, mais ça veut quand même dire que mon frère, lui, a confiance en Liam King. Je soupire. On dirait bien que je vais passer aux aveux finalement...
« Présentement ma relation avec mon frère est... compliquée. Mais c'est tout de même mon frère alors... J'ai choisi de venir ici pour m'assurer qu'il vive dans de bonnes conditions et pour juger par moi-même de la qualité de son entourage. Satisfait ? »
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Cali est une redécouverte. Son espièglerie est bien loin de ce qu'on pourrait attendre de la fameuse héritière de Lilith dont parlent les médias. Et bien loin aussi de l'image qu'il en avait. Des années plus tôt, les rares fois où il traînait chez Adonis, il pouvait brièvement l'apercevoir, mais jamais bien longtemps. Plus timide, bien moins assurée, à chercher surtout constamment l'attention de sa mère que les enfants ont toujours peiné à obtenir réellement. Alors il est agréablement surpris de constater qu'une fois encore, le sang de la matriarche tend à perdre son chemin chez ses progénitures qui possèdent cette joie de vivre dont elle est dépourvue. Et surtout cette affection pour Adonis qui ne semble pas avoir tout à fait quitté la demoiselle. Cette dernière n'oublie d'ailleurs pas le fameux cours de musique promis, même si la cliente est légèrement différente de ce à quoi il aurait pu s'attendre. Et pour le coup, il est d'accord avec elle. De nombreuses fois il a pu tisser des liens juste avec quelques notes et un apprentissage de cet art si singulier qu'est le jeu des mélodies.
« Un membre de sa famille qui se préoccupe de lui ? C'est aussi rare qu'un Pokémon légendaire. Mais t'as pas l'air de mentir. Une menteuse n'aurait jamais été jusque là. »
Surtout après la scène qu'elle vient de faire. Les mots peuvent trahir mais certainement pas la détermination qui a émané de la jeune femme alors qu'elle a désespérément essayé d'entrer dans ce fichu appartement, quitte à humilier le Boss Zekrom. Si ses sbires étaient dans les parages, d'ailleurs, ils n'hésiteraient pas à se taper la plus grosse barre de leur vie et à le lui rappeler six mois après. Heureusement, il espère qu'il n'y aura que ce potentiel voisin qui saura au courant du tintamarre qui vient de se dérouler à l'entrée. D'ailleurs, il se souvient d'un coup que le papier sur les portes de l'élévateur était toujours là. Et si lui ça ne le dérange pas, étant habitué à l'exercice physique, il ne peut pas en dire autant des talons de la blanche qui n'ont pas dû être bien pratique pour escalader les marches. Et rien qu'en l'imaginant, un petit gloussement lui échappe.
« Surtout que l'ascenseur est toujours en panne, pas vrai ? »
Une raison de plus pour la croire quand elle dit se préoccuper de son frère, même si c'est toujours dur à entendre, après tous les coups qu'Adonis a reçu. Et puisqu'ils parlent de cours de musique, Liam va chercher le sac de sa guitare qu'il pose près du canapé où il s'assoit pour en extraire justement l'instrument, avant de vérifier que les cordes sonnent justes.
« Et... Qu'est-ce que tu vas faire, si tu juges qu'il ne vit pas dans un environnement convenable ? Tu vas le faire revenir à la maison auprès de Mère Gothel ? »
Cela lui a échappé. Il regrette un peu, juste un peu, par rapport à Cali. Cela reste sa mère aussi, après tout. Mais elle doit forcément le savoir : le véritable caractère de cette femme n'est pas inconnu de ses enfants.
Mon premier réflexe, lorsqu'il ose dire que les membres de la famille d'Adonis ne se soucient pas de lui, c'est de vouloir défendre ma mère et Nyxon, mais je me ravise au dernier moment et choisi plutôt de me mordre l'intérieur de la joue. Déjà je ne suis pas ici pour cela et, de toute façon, je ne pense pas que le meilleur ami d'Adonis puisse comprendre. Sans compter que... Je repense à une certaine discussion s'étant déroulée en ma présence dans la demeure des Cobalt il n'y a pas si longtemps et déglutis avec inconfort. J'aimerais défendre ma mère, mettre en avant ce qui doit être son point de vue et les difficultés qu'elle traverse seule à l'abri des regards. J'aimerais excuser ses mots et ses habitudes, mais mon discours s'entremêle dans ma gorge pour ne laisser sortir que le silence. Heureusement mon hôte ne s'en formalise pas et, à la place, ajoute une autre petite pique à propos de l'ascenseur. Ça au moins je peux y répondre avec la fierté mal placée d'une vraie Cobalt.
« Oui il l'est toujours. Chez nous ce serait déjà réglé au moins. »
Je le suis jusqu'au salon, bras croisés. Pendant ce temps Lucifer est allé s'installer en hauteur, sur l'un des meubles du salon. Il fait sa toilette en jetant un regard de dédain à mon nouveau professeur de temps en temps. C'est qu'il n'a toujours pas digéré d'être pris comme ça par le grand violet. Il va s'en remettre de toute façon, il suffit de lui laisser le temps. Pour l'heure je regarde l'instrument avec curiosité, réalisant tout juste que je vais devoir manipuler ces cordes avec mes ongles parfaitement manucurés... S'il n'a pas de pique à me prêter je vais faire un meurtre, c'est obligé.
En plus c'est qu'il a l'air déterminé à me motiver à le commettre ce crime puisque, insolent de nouveau, Liam me demande ce que je compte faire si jamais les conditions de vie d'Adonis ne répondent pas à mes critères. C'est une bonne question. Une excellente question même. Je me sens mal qu'il ramène encore le sujet de ma mère sur le tapis, déjà. Ça me fait un peu perdre mes moyens et quelque chose me dit qu'il le sait ou, à tout le moins, qu'il le sent. Alors je me renfrogne et je m'assieds à côté de lui sur le canapé, retrouvant un brin de froideur et de distance.
« Ça c'est mon problème, mais déjà je peux dire que tu es peu doué dans les premières impressions. »
Mais il n'a pas tort, n'est-ce pas ? Je ne peux pas le ramener chez nous, je sais qu'il n'y serait pas plus heureux qu'ailleurs, voir moins. Alors quoi ? Je vais aller lui en parler directement ? Arriver en sauveuse pour l'aider à remettre de l'ordre dans sa vie alors que nous ne sommes même pas si proches que ça au fond ? Non, la vérité, l'horrible vérité, c'est que je suis ici parce que je me sens coupable. Je ne suis pas une bonne soeur et, chaque fois qu'il faut prendre un côté, je me retrouve du côté de Mère Gothel. Ce que j'espère accomplir ou même découvrir en me présentant ici ? Je ne le sais même pas moi-même au fond. Je veux juste faire quelque chose, n'importe quoi, si ça peut au final me permettre d'éviter de perdre à jamais l'un de mes frères. Mais ça Liam n'as pas besoin de le savoir. Il n'a pas besoin de me voir si vulnérable ou de comprendre tous les tenants et les aboutissants de ma psyché. Même s'il en avait besoin, d'ailleurs, je préférerais mourir que de me confier à qui que ce soit.
« Alors comment ça marche ? Je croise les jambes et je l'installe contre ma cuisse c'est ça ? Où est le pique ? Parce que je te préviens il est hors de question que je joue avec mes ongles. »
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Dans un appartement avec autant d'étages, les problèmes d'ascenseur sont en général vite réglés. Pas de chance pour la demoiselle, elle est arrivée la veille de la venue du technicien qui doit s'en chargé. Un coup du sort ou du karma selon Liam, pour punir un peu la Cobalt de son tempérament bien trempé. Elle évite toutefois la question. Il devine lui avoir posé une colle, par rapport à Adonis. Son désir est louable, surtout en tant que sa petite sœur, mais il estime que son aîné est assez grand pour pouvoir décider de ce qui lui fera du bien dans sa vie ou non. Jamais il ne pourra pardonner à la mère de son meilleur ami ce que cette dernière lui a fait subir. Ce qui s'est passé la dernière fois, à ses yeux, a été un tournant rendant le retour en arrière impossible pour la relation entre la génitrice et son fils. Il préfère rebondir avec un petit sourire malicieux, tandis qu'il a fini d'accorder sa guitare.
« Mais ce n'est pas la première fois que nous nous rencontrons. »
Ou disons que c'est comme la nouvelle rencontre de deux personnes qui se connaissaient déjà. Ils ne se sont jamais vraiment beaucoup parlé, autrefois. King eut souvent les yeux rivés sur Adonis, à une époque. Et maintenant que Cali a grandi, il discerne d'ailleurs une ressemblance plus marquante entre les deux. Ses cheveux sont plus longs et lisses, mais dans le regard, un azur similaire qui rappelle un ciel clair sans nuage. Mais la dame montre vraiment qu'elle ne mentait pas : elle a dit venir pour un cours de musique, et elle semble vouloir s'y tenir. Fort bien, se dit le Zekrom. On va voir jusqu'où elle va aller. Sa première remarque lui tire un gloussement malgré lui, toutefois, en apercevant les ongles en effet bien propres de son élève du jour.
« Je ne conseillerais à personne de gratter des cordes avec ses ongles. Et ce que tu appelles "pique" dans mon langage se nomme un "plectre", mais c'est un mot compliqué pour rien. Je préfère le terme de "médiator", c'est le plus courant. »
Si elle persiste à ne pas vouloir abîmer sa belle manucure... Mais il faudra qu'elle mérite le "pique" dont elle parle et qu'elle soit sage. Elle a voulu apprendre la guitare ? Eh bien il va lui apprendre.
« Faut les toucher avec le bout de tes doigts, ça suffira. Et la main qui gratte doit être celle avec laquelle tu écris. Y'a pas de position particulière, faut juste que tu sois confortable et que tu mettes cet espace sur ta cuisse pour caler l'instrument. Comme ça. »
Joignant le geste à la parole, il prend l'instrument qu'il a sorti, posant le creux de la forme en bois pour la poser sur sa jambe. Puis, comme la pratique est beaucoup plus parlante, il l'enlève de sa cuisse pour la poser sur celle de Cali en lui indiquant comment ensuite mettre les bras autour de l'appareil, se permettant de prendre ses mains avec délicatesse pour les placer au bon endroit : l'une au niveau du trou arrondi au milieu de la guitare, et l'autre sur le manche. La musique l'apaise, immédiatement. C'est pour ça qu'il a choisi d'en faire sa profession du monde extérieure. Il sait que ce n'est pas quelque chose qui lui prendra la tête. Cela le détend. Et comme il a besoin lui-même de faire les démonstrations pour que ses élèves comprennent, il sort une deuxième guitare ; la sienne.
« Alors... Pourquoi la relation avec ton frère est si compliquée que ça, si tu tiens tant à lui ? »
Cours de musique, il veut bien, mais pas sans en apprendre un peu plus quand même sur les raisons qui ont poussé son interlocutrice à faire tout le trajet. Surtout que cela permettra aussi pour lui de connaître mieux la cadette d'Adonis qu'il n'avait souvent que brièvement aperçu dans la demeure Cobalt.
Huh ? Je penche légèrement la tête sur le côté lorsque l'enseignant mentionne qu'il ne s'agit pourtant pas de notre première rencontre. Pourtant j'ai bien l'impression que je n'aurais pas oublié quelqu'un dans ce genre. C'est que le King doit se démarquer dans une foule tout de même grand comme il est et avec les cheveux qu'il a, mais c'est peut-être là toute la source de mon erreur. S'il avait été plus petit, plus jeune, lorsque je l'avais rencontré autrefois. Sans la barbe, les épaules moins larges...
« Ah ! C'était toi ?! Je n'avais pas réalisé que tu le connaissais depuis aussi longtemps... »
Pour une raison ou pour une autre je croyais qu'Adonis l'avait rencontré durant son exil ou à son retour de celui-ci, mais non. Maintenant qu'il le dit, toutefois, je viens enfin de faire le lien, de reconnaître le garçon dans l'homme qu'il est devenu. Pour ma défense je n'avais jamais vraiment eu le loisir de m'attarder avec eux, ne passant les voir qu'entre deux cours particuliers lorsque j'en avais l'occasion. Tout de même, j'en serais presque gênée maintenant. Cette réalisation faite, je me sens comme une intruse. Comme une petite fille venue voir ce qu'il se passait entre deux cours, justement, alors qu'au fond elle n'avait peut-être rien à faire là sinon de chercher à satisfaire sa curiosité et son besoin d'appartenance.
Heureusement que l'excuse du cours de musique est toujours bien en place pour cacher mon embarras et ma culpabilité grandissante. Je me refaits plus droite, enferme mes ressentis pour mieux me concentrer sur les termes qu'il m'apprend. Si je me montre bonne élève, si j'arrive à l'impressionner de ma bonne écoute et que je fais de bons progrès alors forcément qu'il aura une meilleure opinion de moi. Peut-être même que j'arriverai à l'impressionner dans ce cours d'introduction à la guitare. Un plectre... quel mot étrange. Lui préfère médiator, compris. C'est comme un médiateur entre mes doigts et les cordes. J'écris avec la droite donc, en toute logique, c'est ce côté qui devra gratter. J'ai déjà l'impression d'être en train d'apprendre et je redresse ma posture lorsqu'il m'offre finalement l'instrument. Il me guide tout en douceur et, aussi facilement que ça, j'ai une guitare dans les bras. Ma curiosité l'emporte et je ne le regarde même pas aller chercher la sienne, trop occupée que je suis à découvrir que les vraies guitares n'ont pas toutes les cordes de la même grosseur. Je n'avais jamais remarqué ça tiens, sans doute parce que je n'en avais jamais vu une d'assez près.
Je suis néanmoins vite rappelée à l'ordre lorsque Liam me pose une question hors de nulle part. Maintenant j'ai l'impression d'être dans une interview à thématique et, par réflexe, je retrouve mon sourire de jeune demoiselle de Famille en public. Sa demande sonne comme un reproche mine de rien et, maintenant que j'ai réalisé qui il était et depuis combien de temps il traîne avec mon frère en vérité... J'ai l'impression que c'est justifié. Mais que lui répondre ? Dois-je avouer que je n'ai aucune idée de la façon dont je devrais m'y prendre ? Risquer de le provoquer en m'alignant avec notre mère ? Une part de moi craint qu'il me mette à la porte aussi rapidement qu'il m'a fait entrer. Le dilemme est bien réel, mais la question nécessite une réponse et mon petit doigt me dit qu'il n'y a que la carte de la sincérité qui ne lui fera pas tourner les yeux au ciel avec dégoût. Pile la carte que je n'ai pas envie de jouer.
« Alors... C'est compliqué, ça aussi. On peut tenir à quelqu'un sans savoir comment le lui dire ou... sans voir les choses de la même manière. »
Ou sans être entièrement d'accord sur les faits et gestes de notre mère. Certes j'avais assisté à ma juste part de conflits entre elle et Adonis, j'avais entendu les mots qu'elle avait prononcés à son endroit et j'avais moi aussi été choquée... Mais ne pouvais m'empêcher de lui trouver des excuses, des explications, de vouloir voir plus loin que la surface et d'offrir une certaine empathie à notre mère. Était-ce donc une si mauvaise chose ? Cela suffisait à compliquer mes interactions avec Adonis en tout cas, que je le veuille ou non.
« À mon tour. »
Je devais trouver une bonne question, la meilleure question. Une part de moi avait très envie de frapper fort, de chercher ses propres points de tension et d'y appliquer mon attention de manière effrontée, mais me retint de le faire. Moi aussi, mine de rien, je désirais faire une bonne impression. Ceci étant dit je n'avais pas non plus envie de lui poser une question ennuyeuse comme ce qui l'avait poussé à choisir la musique plutôt qu'autre chose. Alors quoi ? Remarque je ne suis pas venue pour en apprendre plus sur lui, n'est-ce pas ?
« Est-ce que... Est-ce qu'il parle de moi, parfois ? »
Je me mords immédiatement l'intérieur de la joue, regrettant les mots que j'ai prononcés alors qu'ils quittent à peine mes lèvres. J'aurais dû lui demander pourquoi il avait choisi la musique.
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Elle réalise soudainement qui est la personne qui se trouve à côté d'elle. Cela amuse Liam de voir la surprise sur son visage. C'est peu étonnant qu'elle ne se souvienne pas de lui, en soit. Ils ne se sont vus qu'à de rares occasions et très souvent en coup de vent, mais Liam avait été frappé par sa silhouette, même brève. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine. Aujourd'hui, elle semble bien plus assurée, et se démarque vivement par ses apparitions à la télévision et les magazines. Vu son talent pour l'élocution, c'est sûr qu'une brillante carrière en politique l'attend, même si le Zekrom se demande si ça la rend vraiment heureuse ou si elle a été poussée par Lilith derrière. Cali ne cherche pour l'instant pas à cacher ce qu'elle ressent. Elle répond à son interlocuteur sans se dissimuler derrière une façade. Alors difficile pour Liam de l'ignorer quand il sent qu'elle lui parle, même pour un bref instant, à cœur ouvert. Au fond, avec le cadre familial dans lequel ils ont vécu, il n'est pas si étonné de voir que les conversations honnêtes n'ont jamais été leur fort, et que discuter entre eux a toujours semblé complexe à partir d'un certain stade. La Cobalt a toutefois quelque chose de touchant à la façon dont elle regarde la guitare avec un air réellement curieux au visage, quand il a cru que ça n'allait pas du tout l'intéresser. Les filles de bonne famille ont parfois de telles manières que ce genre d'instruments, peu gracieux par rapport à d'autres, ont tendance à les repousser. Il sourit de manière amusée à sa question suivante, discernant à travers elle, et à travers sa confiance en elle poussée, une sorte d'attention.
« Peut-être... »
Dit-il pour la faire mariner un peu. Ce serait mentir, s'il disait non. Adonis aime sa famille, ou du moins, celle qui ne l'a pas rejeté. Et même si Lilith s'est très mal comportée avec lui et qu'elle a été même une mère odieuse, Liam n'est pas sans savoir qu'il a toujours désiré, au fond, lui plaire au moins un peu. Recevoir quelques compliments sur sa manière de faire. Un peu de cet amour maternel.
« Parfois. Il n'a jamais perdu son côté protecteur. »
Il avoue. Oui, parfois il parle d'elle. Mais sans trop savoir aussi comment l'aborder. Il suppose qu'il a autant de mal à lui dire combien il tient à elle que réciproquement. Ils sont maladroits. Aimants, mais maladroits. Et c'est un problème. L'expression du King se fait plus sérieuse.
« Il a peur que Raiponce finisse comme Gothel. »
Elle est là, la vraie peur d'Adonis. De perdre sa sœur comme il a perdu sa mère, car cette dernière s'agripper à la seule enfant qu'il lui reste, à la seule qui ne lui a pas échappé. Qui a préféré suivre sa trace plutôt que celle de leur père.
« Mais ça lui ferait plaisir s'il savait que tu avais fait tout ce chemin pour s'enquérir de son état. »
Il n'en dira rien, bien sûr. Si Cali avait voulu que son frère soit au courant, elle ne serait pas passé par cette voie-là. Il trouve ça juste dommage qu'ils ne puissent pas se parler plus directement.
« En dehors de ses problèmes de famille, je ne crois pas qu'il soit malheureux. Mais il a besoin d'être entouré. »
Il espère que ses paroles pourront l'aider, en tout cas, à réfléchir. A peser le pour et le contre. Pas à se détourner de la matriarche ; il ne peut en espérer autant. Au moins juste reconsidérer certaines choses. S'ouvrir. Se retrouver.
Peut-être... Si j'avais été un pokémon je lui aurais lancé une attaque groz'yeux. Je fais un effort, moi ! Je mérite bien une réponse honnête en retour, non ? Heureusement il passe aux aveux sans que j'aie besoin de lui tirer les vers du nez et la vraie réponse me calme tout autant qu'elle me fait chavirer. Parfois. Ça m'aurait suffit, mais il n'a pas terminé. Comme ça Adonis veut me protéger ? De quoi ? C'est évident, voyons, et le roi continue sa métaphore de plus tôt pour l'exprimer. Il a peur que Raiponce finisse comme Gothel. Le coeur du sujet. Le coeur du problème. Je sens mes épaules s'affaisser quelque peu et j'ai l'impression de câliner la guitare plus que je ne la tiens, comme si j'allais trouver du réconfort quelque part au fond de la caisse de résonnance.
Le professeur n'a toutefois pas fini et, selon ses dires, mon aîné serait heureux de savoir que j'avais fait tout ce chemin pour lui. J'adresse cette fois un sourire contrit à mon informateur, reconnaissante en quelques sortes. Au moins, de son point de vue, Adonis va bien en dehors de notre famille. Il a simplement besoin d'être entouré, ce à quoi j'acquiesce. Je suppose que c'est à ça que lui sert, monsieur le médiator. Sa prochaine question, néanmoins, me fait me renfrogner.
« C'est mon frère. »
Évidemment qu'il me manque et évidemment que je ne vais jamais le dire à haute voix parce que je suis trop fière pour ça. Mes doigts glissent contre la corde du mi, la plus petite, celle qui me mord le bout des doigts, alors que je cherche les bons mots pour en dire juste assez sans pour autant perdre la face.
« Quels que soit ses désirs ou ses opinions à ce sujet, cela ne change pas les faits : quelqu'un doit le faire. Quelqu'un doit hériter du nom de Cobalt et de tout ce qu'il implique. Si lui veut s'en distancer alors grand bien lui fasse, mais quelqu'un d'autre doit se porter volontaire. Je n'ai pas l'audace de me croire meilleure que notre mère ou de croire que je serai assez habile pour éviter de faire les mêmes erreurs et s'il pouvait comprendre tout cela, s'il pouvait la voir comme je la vois et réaliser les devoirs qui nous reviennent... Peut-être que les choses ne seraient pas aussi compliquées. »
Mon ton s'est fait plus froid, plus décisif. C'est un sujet sensible et qui me tient à coeur, c'est un objectif pour lequel j'ai travaillé toute ma vie et l'idée que l'on désire m'en préserver est presque blessant. S'il désire pousser le sujet plus loin, il y a toutes les chances pour que le King se heurte à un mur.
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Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Sans le dire, elle l'avoue. L'affection que le frère et la sœur se vouent est mutuelle. Liam ayant grandi sans fratrie ne peut sans doute pas arriver à se mettre tout à fait à la place de son ami et de sa cadette. Malgré tout, il connaît suffisamment bien l'un et commence à connaître un peu l'autre pour voir ce qu'ils tentent de cacher, même s'il pensait autrefois que Cali ignorait volontairement les sentiments de son aîné, voire les rejetait. En fait... Il n'en est rien de tout ça. Mais l'une est encore sous l'emprise des devoirs qui incombent à sa naissance et l'autre leur a claqué la porte avant de se retrouver noyé sous les obligations étouffantes. Quelque part, Liam se demande si Cali n'en veut pas à Adonis pour ça. Mais à trop essayer de pousser la porte de son jardin secret, il va finir par se frotter aux épines des roses de la princesse. Et alors que pourtant jusqu'à il y a quelques minutes elle ne se souvenait plus vraiment d'où elle le connaissait, le sujet qu'il a touché semble pourtant assez sensible pour la laisser s'exprimer plus ouvertement qu'elle ne le voudrait sûrement. Liam était plutôt étranger encore aux histoires des Cobalt ; il n'osait pas fouiner plus loin que ce dont il avait témoin et ce que son ami avait souhaité lui confier, mais il se sent de plus en plus happé dedans au fur et à mesure que la jeune femme délie sa langue. Il la scrute avec sérieux. Ne l'interrompt pas. Et on ne croirait pas reconnaître en cet homme celui qui se moque pourtant de tout et n'importe qui. Mais de Cali, de la famille de son meilleur ami, il ne peut pas. Car il ne veut pas la blesser, de quelques manières que ce soit. Elle semble plus intelligente et ouverte que sa mère. Un autre chemin que le sien lui tend les bras si tant est qu'elle veuille l'emprunter, mais la façon qu'elle a de parler de son héritage est bien suspicieuse.
« "Se porter volontaire"... »
Il la répète. Cette formulation le laisse songeur.
« Alors c'est une obligation. »
"Quelqu'un doit hériter". C'est donc un devoir. C'est quelque, ça, que Liam ne pourra jamais comprendre ; et il ne désire pas le faire. Ces histoires d'héritage, de devoirs... Pour lui, ça ne fait aucun sens. De ce qu'il en sait, Adonis n'a jamais été autre chose que blessé quand il s'en mêlait. Chaque aller à la demeure des Cobalt fut une torture ; et il n'y est plus jamais retourné ; du moins, pas à la connaissance de son colocataire.
« Tant mieux si tu portes le nom de Cobalt avec fierté et honneur. Pour lui... Ce n'est qu'un fardeau. »
Au fond, lui, il s'en fiche, si elle y trouve son bonheur. Mais ce n'est pas l'impression qu'il en a ; et il ignore d'ailleurs qui peut bien être heureux en parlant comme ça de son patrimoine.
« Et en soit, que tu sois l'héritière de cette famille... Ce n'est pas le problème. »
Pas le problème qu'Adonis a, en tout cas. Comme elle dit, quelqu'un doit bien reprendre les affaires, semblerait-il. Mais le grand frère n'a jamais été inquiété directement par ça. C'est l'influence plus vicieuse de la matriarche qui le rend nerveux. La tension s'est alourdie, d'un coup. Il lâche un petit rire pour plaisanter et tenter de doucement penser à autre chose.
« Mais je ne suis pas dans sa tête, hahaha ! »
Ce n'est pas non plus son intention de froisser Cali. Il n'est pas psy. Il n'est pas non plus de la famille. Ce n'est pas son rôle, selon lui, d'en parler avec elle.
« Une chose est sûre, c'est que vous devrez avoir une conversation avec Adonis. Pas forcément sur ce sujet-là, mais... »
Il marque une pause. Esquisse un rictus plus doux en pensant à son ami d'enfance.
Évidemment que c'est une obligation ! Pas comme s'il pouvait le comprendre de toute façon. Lui n'aura sans doute jamais besoin de s'inquiéter de l'image qu'il renvoie à un groupe de personnes qui dépendent de lui, encore moins toute une compagnie, toute une ville ou toute une nation. Lui n'aura jamais à marcher dans les rues de Sercena en se souvenant que c'est sa famille qui l'a fait construire à une lointaine époque. Ce poids, je ne doute pas qu'on mon aîné l'ait ressenti aussi et ne suis donc pas étonnée lorsque le King me rappelle à quel point ce fardeau l'étouffe.
« Je sais. »
Un peu sèche peut-être, mais on ne va pas me réinventer maintenant. Ça ne suffit toutefois pas à arrêter Liam dans son élan. Que j'hérite de la famille n'est pas le problème... Je suis sceptique. De telles responsabilités demandent des sacrifices et érodent l'esprit. Je ne parle pas d'hériter un simple titre qui soit joli, loin de là. C'est toute une mentalité, une façon d'être, des choses à faire qu'on le veuille ou non pour que cet héritage puisse continuer à perdurer loin dans le temps, bien après que j'aie moi-même quitté ce monde. Mais tout cela, comme dit plus tôt, le King ne pourra jamais le comprendre puisqu'il n'est pas, au final, réel porteur de ce titre de royauté. Il n'est pas dans la tête d'Adonis et il n'est pas dans la mienne non plus. Au moins le violet semble avoir compris l'évidence : c'est un combat qu'il ne gagnera pas. Alors il s'adoucit, rit doucement et fait marche arrière en suggérant plutôt que j'en parle directement avec le concerné. J'acquiesce avec sérieux, sachant qu'il a raison au fond. Je n'en ai pas envie, j'ai peur d'empirer les choses, mais je sais qu'il a raison.
Il t'aime.
Cette fois je lui décoche un réel regard choqué, presque courroucé. J'ouvre la bouche pour cracher une réponse, mais rien ne vient et je me contente donc de presser mes lèvres ensemble en détournant le regard, aussi gênée que contrariée. Et oui, c'est mon tour d'être prise au dépourvue, d'être déstabilisée. Enfin, ça c'est sans compter sur mon mauvais caractère lorsque je m'y mets, incapable comme je le suis de simplement accepter l'affection que l'on me donne, même indirectement. Je n'en ai pas l'habitude, ce n'est pas naturel, surtout quand je n'ai pas l'impression de l'avoir mérité.
« Une étoile sur cinq, monsieur King abuse verbalement ses élèves et je ne sais toujours pas jouer brille brille petite étoile. »
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Il était évident qu'elle renfermait davantage que ce qu'elle laissait paraître. Les princesses sont toujours pleines de ressources mais elles n'ont jamais d'histoires drôles. De ce qu'il sait de Lilith, King est certain de pouvoir s'imaginer que jamais elle n'a éprouvé beaucoup d'amour réel pour ses enfants, ou qu'elle n'a jamais su le faire comme une mère normale. Oui, là il se permet de juger. Mais si la matriarche était connue pour être affectueuse, ça se saurait. Elle doit garder une façade. Tout le temps. Et il a l'impression que sa fille est un peu pareil, même si elle est effectivement charismatique et qu'elle sait bien se montrer sous les projecteurs. Cela cache toujours quelque chose, de son point de vue. Plus rigide que tout à l'heure, elle semble toutefois être brusquée d'un coup face aux dernières paroles de son interlocuteur. Se changeant dans un mutisme nouveau, le musicien suppose autre chose : qu'elle n'a pas l'habitude d'entendre parler de ça. Parler d'amour. Du moins l'amour familial. Est-ce de la surprise qu'il a vu dans son regard d'océan ? Et puis ensuite de la gêne sur son visage d'ange ? Il a fait mouche. Elle détourne les yeux, ne soutenant plus l'aîné. Use de mots mordants qu'il devine ne pas devoir prendre sérieusement. Son embarras a le mérite de calmer le professeur pour l'inciter à ne pas explorer davantage les problèmes familiaux de la demoiselle. Alors il glousse, se décidant à plaisanter lui-même dans l'espoir qu'elle soit réactive aux sentiments qu'il veut exprimer. Non, il n'a pas voulu la blesser, mais quelque chose a réagi en elle ; du moins, il le croit.
« Oups, j'ai réussi à rendre une cliente insatisfaite ! Faut que je me rattrape. »
L'ambiance s'apaise progressivement. Il s'est rendu compte qu'elle semblait réellement intriguée par la guitare. Alors pourquoi ne pas jouer là-dessus ? Il lui apprend déjà le nom de chaque corde et les fait résonner afin qu'elle puisse en entendre les sons qui en ressortent quand on les gratte.
« Tu joues déjà d'un instrument de musique ? Écouter ou en faire me détend quand j'ai besoin de me vider la tête. »
Comme pour accompagner ses paroles, il laisse ses doigts exécuter un bref morceau sur ses propres cordes. Un petit rien de quelques secondes pour faire plaisir aux oreilles. Puis, il esquisse un sourire empli malicieux et joueur.
« Alors puisque tu insistes je vais t'apprendre brille brille petite étoile. Comme ça tu penseras à moi. »
Et puis il rit doucement, en lui lançant un clin d'œil taquin qui ne se veut nullement sérieux. Plus le temps passe, et lui non plus il n'a pas foncièrement envie qu'elle devienne comme sa mère. Ce serait, à ses yeux, du gâchis.
Ma réplique revêche n'a pas réussi à le froisser et, quelque part, j'en suis soulagée de l'entendre glousser et faire preuve de répartie plutôt que de s'en formaliser. Ça en fait quelqu'un de facile à qui parler, peut-être trop même, mais ça ne m'empêchera pas de rebondir sur ses mots pour encourager ce changement de direction et éviter que l'on se mure dans l'inconfort.
« Tu as du pain sur la planche alors, on m'a toujours dit que j'étais une cliente difficile. »
Ce n'est pas méchant, ce n'est même pas si sec que ça. Je crois même que je me suis laissée aller à y ajouter un petit sourire en coin. Je vais blâmer le violet pour ça, lui et ses sourires contagieux ! Je commence à comprendre pourquoi Adonis en a fait son ami le plus cher et, quelque part, ça me réconforte. Assez, en tout cas, pour que je lui fasse le plus grand des cadeaux.
« Merci. »
Merci d'être une bonne oreille, merci de m'avoir dit ces choses, merci de ne pas m'en vouloir d'être une petite harpie en devenir et merci de veiller sur mon frère depuis si longtemps. Je suis toutefois trop difficile pour lui fournir ces explications de vive voix et me concentre plutôt sur l'apprentissage des cordes de la guitare. J'essaie d'en mémoriser les sons et les noms, mais au final je ne suis pas une musicienne moi, pas pour l'instant en tout cas. Il semblerait que nos esprits se soient dirigés vers la même pensée puisque mon enseignant du jour me pose justement la question.
« Malheureusement non, les cours de ballet me prennent trop de temps pour combiner ça à l'apprentissage sérieux d'un instrument. Mais du coup j'écoute souvent de la musique classique et danser fait pour moi ce que jouer de la musique fait pour toi. Au final j'ai beaucoup de respect pour les musiciens, sans eux pour jouer les ballerines n'auraient rien sur quoi danser. »
C'est facile de les oublier durant le ballet puisqu'ils sont à la fausse et que c'est la danseuse qui rayonne dans le feu des projecteurs, mais ils sont tout aussi indispensables, sinon plus, que le sont les maquilleurs, les costumiers ou les techniciens de la scène. Et parlant de musique j'ai droit à un petit aperçu que j'écoute avec un air ravi, pour ne pas dire un peu émerveillé. Dire qu'il a probablement tout un répertoire de chansons, et donc d'histoires, de sentiments et de ressentis juste au bout de ses doigts. Entre ses mains, la guitare n'attend que ses ordres pour laisser s'envoler la musique en toutes les directions qu'il le désire. Ce n'était certes pas un piano ou un violon, mais c'était tout de même incroyable d'une certaine façon... et il allait vraiment m'apprendre brille brille petite étoile, histoire que je pense à lui. À nouveau son rire trouve écho dans le mien alors que j'entre dans son jeu l'espace d'un instant comme il est plus tôt entré dans le mien.
« Chaque fois que je verrai une étoile briller dans le ciel, promis. Alors, ça commence comment déjà ? »
JE SUIS : Membre INSCRIT LE : 23/05/2022 NOMBRE DE MESSAGES : 258
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Il est habitué aux clients difficiles, ce n'est pas ça qui le dérange. Heureusement, il a une grosse patience. Il sait que l'apprentissage n'est pas simple pour tout le monde ; il se contente de voir si ses élèves finissent tous seuls par fatiguer de leurs caprices. Cali est même de loin très peu difficile, comparé à d'autres profils qu'il a pu avoir. Il la trouve même assez intéressante dans son genre. Liam, toutefois, reste interdit face aux remerciements de la jeune femme. Il ignore comment y répondre, se contentant d'un mutisme qui trahit son trouble, plus grand qu'il ne le pensait. Ses joues prennent une certaine chaleur dont il n'a pas l'habitude. Les remerciements sincères comme ça, il n'en a pas l'habitude, il faut dire. C'est même plutôt rare qu'il vienne en aide aux autres de manière désintéressée, alors il ne sait pas trop comment réagir. Heureusement elle lui laisse l'opportunité de parler d'autre chose. Du ballet ?.. Il l'ignorait. Mais ça ne le surprend guère. Du peu qu'il a pu observer, elle semble avoir les muscles taillés pour ça et la geste gracieuse caractéristique des ballerines. Pas étonnant qu'elle sache aussi être plus sèche. La danse classique est un art extrêmement difficile et rigoureux ; bien plus que la guitare. Il est un peu admiratif, lui qui ne sait pas faire énormément de danse, même s'il aime ça. Il n'a pas trouvé le temps d'apprendre, puisqu'il est aussi pas mal occupé par l'Underground et ses activités là-bas. Mais ce qu'elle mentionne sur l'importance de la musique dans sa passion le flatte. Il est on ne peut plus d'accord : la musique peut exister seule, mais la danse, rarement. Un sourire plus sincère et amusé orne ses lèvres. Elle a quelque chose de touchant.
« Chaque fois que tu verras une étoile ? Eh bin, ça fait beaucoup. »
Remarque facile mais qui brosse bien son ego dans le sens du poil, pour peu qu'elle ait été sérieuse (ce qui peut laisser planer le doute) mais il a l'impression que cette journée ne sera pas oubliée facilement ni de lui, ni d'elle. Alors, fidèle à ce qu'il vient de dire, il se met à lui apprendre les premiers accords de ladite mélodie. Mais même si ça avait le goût d'une farce, cette partition tombe bien puisqu'elle est très simple à apprendre pour des débutants donc ils peuvent en profiter. Au bout d'un moment, quand il la laisse exécuter les premiers accords et qu'elle prend une pause, il reste silencieux un court instant avant de revenir brièvement sur ce qu'elle lui a dit plus tôt.
« C'est normal, tu sais. Pas seulement parce que je sais qu'Adonis tient à toi. Moi aussi, j't'aime bien. T'es plus rigolote que dans mon souvenir. »
Elle pourrait le prendre mal ; soi-disant elle n'a jamais été drôle. Mais à sa décharge, c'était il y a longtemps.
« Est-ce... Tu es un peu rassurée ? Tu veux faire un tour de l'appart pour voir comment il vit ? »
Les objets parlent souvent d'eux-mêmes. Liam ne veut pas qu'elle ait de regrets en partant, alors il lui propose humblement.
Chaque fois que je vais voir une étoile ? D'accord, son sourire tout fier m'indique que j'en ai peut-être trop fait et que je dois le faire redescendre sur terre un tout petit peu. Je roule donc des yeux avec un soupir découragé, comme si j'avais bien évidemment fait du sarcasme et qu'il était lourd de m'avoir prise au sérieux. L'amusement qui brille au fond de mes yeux me trahit probablement, mais qu'importe. Le musicien me livre le secret des accords de la comptine pour enfants et je fais de mon mieux pour apprendre à les exécuter. Je crois que ma plus grande surprise, dans l'immédiat, c'est la durée pendant laquelle les cordes continuent de vibrer, et donc de produire du son, après avoir été grattées. C'est un peu bête maintenant que j'y pense, mais comment aurais-je pu savoir sans jamais avoir touché une guitare ?
Le bout des doigts de ma main gauche est rougis à force de presser les cordes contre le manche et cela me rappelle des souvenirs. Je repense à mes premiers cours sur pointes et à la douleur qu'avaient enduré mes orteils à l'époque avant de graduellement s'endurcir. J'avais appris à voir ces sensations comme un badge d'honneur, un privilège qui n'était donné qu'à ceux qui avaient la force de passer outre la douleur pour bouger avec élégance tout en souriant au public. Peut-être était-ce ici pareil, à plus petite échelle. Au moins j'ai l'avantage d'avoir le sens du rythme et une fierté qui me confère le sérieux nécessaire à la réussite. Car oui, je me prête vraiment à l'exercice. Je lève parfois les yeux vers Liam pour lui demander si mes doigts sont toujours au bon endroit et je répète les mêmes accords plusieurs fois, pour que mes mains elles aussi les mémorisent. J'arrive au final à en faire quelque chose de potable, bien qu'encore un peu maladroit. Je tente ma chance...
« Brille brille petite é— Merde. Okay... un, deux... Brille brille petite étoile, dans la nuit qui se dévoile ~♪ »
Oui, je sais, on n'aurait pas cru ça possible, mais c'est vrai. Je m'amuse. Je suis si concentrée que j'en suis presque confuse lorsque mon professeur particulier mentionne à nouveau Adonis alors que, pourtant, c'était bien pour lui que j'étais venue ici pour commencer. Peut-être me suis-je un peu trop laissée prendre au jeu. Lui aussi il... ?! Plus rigolote que dans ses souvenirs ?
« Je dois être en train de perdre la main alors, moi qui n'aspire à rien d'autre que d'être une fière chipie Cobalt. »
Parce qu'accepter les compliments et les moi aussi, j't'aime bien ne faisait clairement pas partie des choses que je savais faire avec grâce, surtout pas quand c'était dit aussi sincèrement. Juste pour le principe j'ai envie de recommencer à me montrer difficile, mais c'est sans compter sur la gentillesse de mon hôte qui, au final, est lui-même bien plus accueillant que ne l'avait laissé présagé la première impression. On était tout de même passé de porte claquée à la figure à ceci : l'offre de visiter le logement pour de vrai, en sa compagnie. Je me mordis l'intérieur de la joue, réfléchissant tout en jetant un regard circulaire au salon dans lequel nous nous trouvions depuis le début du cours. J'ai envie de dire oui. Si j'accepte alors j'ai gagné, du début à la fin. J'aurai eu tout ce pour quoi je m'étais lancée dans cette quête et ce avec la même facilité que j'aurais eu à voler des bonbons à un gamin. Pourtant je me retourne vers Liam, vers cet air sincère et ces jolis yeux d'ambre qui ne cherchent qu'à bien faire. Je soupire. C'est officiel, je le déteste pour ce qu'il est en train de me faire dire.
« Non. Adonis n'aura qu'à me faire visiter lui-même, la prochaine fois que je viendrai ici. »
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MÉTIER : Boss de la Team Zekrom / Professeur de musique particulier POKÉPESOS : 1025 MES POKÉMONS : Emily - Amphinobi ♀ - Niveau 10 - Protéen - Douce
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Pour celle qui disait ironiquement être une cliente difficile, Liam n'est définitivement pas d'accord. Il est même agréablement surpris de la voir s'impliquer et s'investir autant pour ce qu'il voyait surtout au départ comme un canular. Mais ça lui fait plaisir quelque part de lui apprendre quelque chose. Il sait que c'est pour en savoir plus sur Adonis qu'elle est venue mais ça lui a surtout permis à lui d'en savoir plus sur la sœur du concerné. Et de voir entre les deux plus de ressemblances qu'on ne pourrait le croire à première vue. Cela n'empêche pas qu'elle a un côté chipie, car il est sûr pour le coup que ce dernier est bien présent, mais il perçoit également des bons côtés qui ne peuvent être négligés. C'est pour ça, tout comme son meilleur ami, qu'il espère que Cali ne restera pas dans l'ombre de sa mère. Il est curieux de savoir ce qu'elle peut dévoiler encore. Elle hésite à sa proposition, toutefois. Ses yeux regardent l'intérieur, comme si elle cherchait une réponse, ou qu'elle réfléchissait à celle-ci. Liam aurait cru que ce serait évident. N'est-ce pas pour ça qu'elle est venue ? Pour inspecter et fouiller les moindres recoins ? Pour observer et déduire au sujet de la vie de son aîné ? Il aurait pensé à un oui direct. Et pourtant, elle arrive encore à l'étonner. Le surprendre. A le faire sourire plus doucement. Plus honnêtement. Il jurerait que la Cali à côté de lui est encore une autre que celle qui a insisté pour qu'il lui ouvre. Et après coup, finalement, il ne regrette pas de l'avoir fait. L'aurait-il laissé toute la journée sur le pas de la porte, de toute façon ? Ce n'est pas trop son genre. Mais ça, il se gardera bien de lui dire.
« C'est vrai, nous avons bien d'autres cours qui nous attendent, après tout. »
Il est surtout soulagé, au fond, d'avoir réussi (même si ce n'est peut-être pas de son fait) à faire changer quelque chose chez elle. Et il espère vraiment que cela donnera lieu à une discussion avec Adonis qui puisse se transformer en du positif, pour lui comme pour elle. Ce serait déchirant de les voir ne jamais s'entendre à cause de la matriarche qui montre bien que l'autorité lui appartient.
« Je ne peux pas te donner une étoile, mais... »
Puisque c'est désormais une élève à lui, il a un petit truc pour elle. Dans la pochette interne de son étui à guitare, il en sort un médiator qu'il avait prévu pour celle qui devait arriver. Et même si elle est un peu différente de ce à quoi il s'attendait, elle l'a bien mérité. Le plectre en forme de triangle aux bouts arrondis est assez simple, avec juste le nom "King" dessus écrite de manière stylisée. Une façon pour lui qu'elle ne l'oublie pas facilement. Une sorte de carte de visite, car elle comprend son numéro avec. Il lui lance à nouveau un sourire joueur et énigmatique dont il a le secret.
« Petit cadeau pour ta première leçon, afin d'éviter d'abîmer ta beeeelle manucure. Et la prochaine fois, au moins... Tu n'auras pas besoin de mentir. »
Et peut-être à ce moment-là que cet ascenseur sera enfin réparé.
Comment ça bien d'autres cours ? Je viens de dire que la prochaine fois que je viendrais ici ce serait pour voir Adonis, pas lui ! Vite, je dois lancer une pique, n'importe laquelle tant que ça me permet d'échapper à cette invitation enthousiaste.
« Moi qui croyais que tu m'avais appris tout ce que tu savais. »
Je manque peut-être un peu d'aplomb sur celle-là parce que je suis occupée à être gênée et à me demander pourquoi au grand pourquoi j'ai vraiment, durant l'espace d'une seconde, cherché mentalement en mon horaire un moment que j'aurais pu consacrer à ces dits cours. D'accord j'ai fait un effort, mais c'était pour me le mettre dans la poche, pas pour vraiment apprendre la guitare. Ce n'est même pas un instrument si classe que ça en plus et, si j'avais su qu'il voudrait que je revienne, j'aurais insisté pour toucher l'ivoire du piano à la place. Sauf que, si je l'avais fait, je n'aurais peut-être pas eu ce petit souvenir.
Je le regarde se lever d'un air méfiant, me demandant de quoi il parle en disant ne pas pouvoir m'offrir d'étoile. Qu'est-ce que... ? Le médiator termine dans ma paume et je le détaille avec surprise. King. J'ai envie de m'y opposer et de le lui rendre, mais son sourire m'en décourage alors que, de nouveau, il évoque notre prochaine rencontre. Ma main s'est refermée contre le plectre comme pour le garder bien en sureté, mais ma bouche a comme une volonté propre alors que mon mécanisme de défense s'enclenche de nouveau tout seul.
« Bien d'autres cours, la prochaine fois... Maintenant on dirait que c'est toi qui rêves d'un date. »
C'est dit comme un reproche, une tentative de le gêner assez pour le faire ravaler ses mots et s'excuser d'avoir laisser croire à une telle idée à propos d'une Cobalt. Il faut lui briser ses espoirs, tout simplement. Et lui rendre sa guitare, accessoirement. Je quitte le canapé pour aller récupérer mon sac à main, là où je glisse pourtant le petit bout de plastique. J'ai même pris la peine de l'installer dans une petite pochette intérieure à part, pour ne pas le perdre.
« Au fait tu prends les chèques ? De ce que j'ai compris tu as besoin de toute l'aide que tu peux avoir pour payer ton loyer. »
D'accord, ça c'était peut-être un peu trop, même pour moi. Il ne l'a pas mérité après tout, mais c'est plus fort que moi. Il n'avait qu'à le garder pour lui son satané sourire...
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Une invitation à revenir ? Peut-être. En vérité Liam n'était pas sûr si elle comptait vraiment poursuivre les cours ou non, alors dans le doute... Dans tous les cas, dans un cadre musical ou non, il avoue être curieux de la blanche et de ce qu'elle pourrait devenir. De comment sa relation avec Adonis va évoluer également aussi. Car son caractère a beau être particulier, elle n'en est pas moins intéressante à ses yeux. Le genre de personne que ça ne déplairait pas de revoir. Pourquoi pas inventer une excuse, alors ?.. S'il peut continuer à lui apprendre des choses, il ne sera pas mécontent non plus, en un sens. Mais il sent surtout qu'elle ne s'attendait pas à une telle approche de sa part, ce qui l'amuse davantage. Adonis a définitivement une drôle de sœur, dans tous les sens du terme. Car s'il y a bien un type de personne que Liam apprécie, ou peut apprécier, c'est ceux qui sont capable de le faire rire, de l'attendrir, ou de le faire sourire de manière sincère. En cela, Cali a passé le test. Un date ?.. Il glousse, n'ayant pas cru qu'on pouvait considérer la chose ainsi ou croire à cela. Non, elle essaye juste de le défier. Si elle croit que ça va le gêner... S'il était d'ailleurs embarrassé par un date, ça se saurait, mais au contraire, il est un peu trop à l'aise durant les rendez-vous. Est-ce aussi le cas de la Cobalt ?.. Il se demande. Quand elle demande à le payer -car elle a l'air sérieuse- il refuse poliment, prenant une expression un peu dramatique cela dit.
« Le premier cours est toujours gratuit. Je sais que ta famille manque d'argent alors je fais le grand seigneur. »
Bon, là il fait une petite boutade innocente. Mais le truc du premier cours sans frais, c'est la vérité. Stratégie marketing. Mais il n'y a pas de raison pour que la jeune femme soit une exception, peu importe ses finances qui ne doivent pas être minuscules. Comment ne pas rétorquer face à sa plaisanterie, toutefois. D'humeur joueuse, il s'approche lentement de la sœur d'Adonis, un sourire narquois et charmeur au visage. À quelques centimètres d'elle, il s'arrête pour la scruter de ses yeux ambrés où brille une lueur de malice.
« Mais qui ne rêverait pas d'un date avec la fameuse Cali Cobalt ? »
Il n'ira pas plus loin. Ce n'est pas le but, et la blague perdrait tout son sens. Il voulait juste voir sa réaction ; voir si elle se défilait, finalement.
« Malheureusement pour toi je suis un homme difficile. »
Et ça non plus, ce n'était pas un mensonge, en soit. Cali, en dépit de son côté princesse, ne pourrait supporter un rustre comme lui dans un rendez-vous. Et lui-même sait à quel point il peut être agaçant.
Je suis sur mon départ et fait l'erreur de lancer des piques à l'aveuglette, sans bien viser et sans réfléchir aux retours de bâton possibles. Évidemment qu'il allait en profiter et que, de mon côté, j'allais finir par le regretter. Le King avait déjà prouvé son propre côté malicieux et je n'avais fait que réveiller ses instincts de taquin en essayant de laisser ressortir mes mauvais côtés. Ouais ouais, notre famille manque d'argent, bien sûr. Je le fusille du regard avant de ranger mon chéquier non sans hésitation. Je suppose que ça se tient l'histoire du premier cours gratuit, même si pour le coup j'ai l'impression qu'il fait exprès pour me provoquer. La suite me le prouve d'ailleurs.
Le professeur de musique s'approche de moi un peu plus que nécessaire, beaucoup plus même. Avec notre différence de taille ce serait plus facile de ne pas le regarder dans les yeux à dire bien franchement. Je n'aurais jamais dû envoyer cette pique là, faire ce rappel à sa propre taquinerie de plus tôt pour me moquer de son enthousiasme à l'idée de m'enseigner à nouveau. Il me surplombe avec l'un de ses fichus sourires, demandant rhétoriquement qui ne voudrait pas d'un date avec la fameuse Cali Cobalt. Je serais presque tentée de mal le prendre quand il le dit comme ça. Oh, un homme difficile, vraiment ? J'ai juste envie de lui dire tant mieux ! et de lui claquer la porte au nez. Néanmoins... je suis devancée.
Un grand bruit résonne dans tout le salon et je sursaute, apeurée. Mon premier réflexe ? Me cacher derrière l'armoire à glace qui se tient devant moi. Pire, je suis pratiquement blottie contre lui, le regard en panique à chercher la source du vacarme. Là, dans le salon. Un vase a été renversé, juste à côté de la guitare de Liam. L'objet s'est fracassé en une multitude de petits morceaux acérés, menaçant dangereusement l'instrument. S'il était tombé juste un peu plus à côté... Sauf qu'il n'est pas tombé. Pas tout seul en tout cas.
« Lucifer ! »
Mon meowth est assis sur la petite table où se trouvait précédemment le vase en question, tout fier de lui. Mais il ne me regarde pas, j'ai l'impression qu'il ne me voit même pas. À la place, c'est vers Liam qu'il oriente son grand sourire de malice, ses yeux perçants le dévisageant comme pour le mettre au défi. Le message est si clair que j'en suis gênée. La prochaine fois, si tu t'approches encore de Cali comme ça, c'est directement sur la guitare que le prochain vase va tomber. Je m'empresse de délaisser le grand violet pour aller récupérer mon fauteur de troubles, l'attrapant dans mes bras avant de me tourner vers le maître des lieux avec inquiétude.
« Je suis vraiment désolée... Est-ce que ta guitare va bien ? »
J'aurais aimé lui dire que Lucifer n'est pas comme ça d'habitude, mais ce serait mentir...
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Il y a des limites à ne pas franchir. Le musicien n'est pas loin d'outrepasser celle de la demoiselle qu'il tente de provoquer, et cette dernière semble plus troublée qu'il ne le pensait par le retournement de situation. Liam n'est pas gêné de grand chose. Enfin ce genre de choses, en tout cas, pas les histoires de flirt. Bien sûr qu'il ne souhaitait pas aller jusqu'au bout, il ne se l'aurait pas permis. Mais avant qu'il continue, il est surpris par un bruit qu'il le fait lui-même sursauter. Se retournant d'un geste, il découvre le Miaouss de la blanche le dévisager d'un regard vicelard, la patte dans le vide pour bien faire comprendre que les morceaux par terre sont bien ceux du vase qui se trouvait sur la petite table quelques secondes plus tôt. Cali, cachée derrière l'aîné, appelle son Pokémon, outrée, avant d'aller le récupérer. Dommage, se dit Liam, il l'aurait bien taquiné pour s'être dissimulée contre lui. Elle semble toutefois assez mal à l'aise comme sans qu'il n'en rajoute. Alors il se garde bien toutes réflexions supplémentaires, surtout que Cali s'inquiète pour son instrument de musique. Le Zekrom secoue la tête avec un air serein pour la rassurer.
« Ne t'en fais pas, elle résiste plutôt bien aux chocs. Ta boule de poils aurait surtout pu se blesser. »
Des guitares de collection, il en a. Heureusement, elles sont bien conservées et mises à l'abri. Une petite guitare simple en bois comme ça, il pourrait en racheter une autre sans souci. Sincèrement, il aurait été davantage ennuyé que le félin de la cadette se blesse.
« Lucifer, hein ? Tu portes bien ton nom, toi. Et tu m'as l'air assez possessif, n'est-ce pas ? »
Il scrute le Miaouss cendré, un peu agacé mais amusé tout de même par le comportement chaotique de la bestiole. Il se tenterait bien à lui donner des petits patpat entre les oreilles mais il tient encore à conserver sa main.
« Je crois qu'il vaut mieux que je te laisse partir avant qu'il ne me saute dessus toutes griffes dehors. »
Dit-il finalement en gloussant. Cali doit avoir autre chose à faire que supporter ses pitreries et ses séances de pseudo psy à essayer de savoir ce qu'elle cache, après tout. Il n'a pas besoin de la torturer davantage. Ses problèmes devront se délier au cours du temps, et en présence surtout des membres de sa famille, pas avec un mec qu'elle (re)découvre à peine.
« S'il y a des rumeurs de proxénétisme dans l'immeuble, je saurais à qui porter la faute. »
Un gloussement lui échappe malgré tout, se rappelant de sa petite scène devant la porte tout à l'heure. Nul doute que si elle est bonne actrice et menteuse, elle sera assurément une bonne politicienne. Ses pas le dirigent vers la porte pour la déverrouiller (il ne voulait pas qu'on les dérange en plein cours, après tout).
« Je sais que tu reviendras pour Adonis, mais détrompe-toi. J'ai encore des tas de choses à t'apprendre. »
Ce serait dommage qu'elle ne revienne que pour son frère, après tout, pas vrai ?
Le soulagement est réel lorsqu'il me dit que l'instrument résiste bien aux chocs. Tout de même, c'est assez gênant que mon petit chat d'amour de mon coeur ait osé faire quelque chose de ce genre, surtout qu'il ne semble avoir aucun remord. Preuve étant que, lorsque Liam lui dit qu'il porte bien son nom et le traite de possessif, la réponse est un myaaa mielleux alors qu'il se frotte la tête contre l'une de mes mains pour demander des gratouilles... que je lui donne parce que je n'arrive quand même pas à résister à sa petite bouille trop mignonne et parce que je suis soulagée qu'il ne se soit effectivement pas blessé lorsque le vase est tombé. Il vaut mieux nous laisser partir avant qu'il ne saute sur le violet ?
« Oh, il n'a jamais attaqué personne alors je crois que ça devrait aller, mais il est sans doute vrai que je devrais y aller. »
L'heure tourne et le créneau qu'il m'avait consacré est terminé maintenant. Il a peut-être d'autres choses à faire ou d'autres élèves à voir, d'autant plus que j'ai moi-même un horaire plutôt chargé. Au moins le professeur ne semble pas m'en vouloir pour le comportement de mon félin et, à la place, y va d'une nouvelle blague à propos de son statut de proxénète qui me font rire doucement à mon tour. Il saura à qui porter la faute ?
« Effectivement, tu pourras t'en prendre à toi-même pour m'avoir fait poireauter aussi longtemps dans le couloir. »
Parce que ce n'est certainement pas ma faute à moi ! Oui, j'ai retrouvé le sourire et passe finalement le pas de la porte dans le sens inverse sans faire d'histoires. Comme ça il a encore des tas de choses à m'apprendre ? Je le détaille un instant, toujours souriante. Une personne plus normale, ou en tout cas plus équilibrée, l'aurait sans doute remercié pour le cours ou quelque chose du genre. Moi ?
« Deux étoiles sur cinq. À la prochaine, monsieur King. »
Et je tourne les talons, direction les escaliers. Satané ascenseur en panne...
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