Parmi les décombres des quartiers ravagés de la capitale, l'effervescence prend racine sur la poussière et les pierres comme un bourgeon germe de la cendre : en effet, le jour de la reforestation de La Isicao est arrivé. Qu'on s'entende, bien sûr : il ne s'agit pas de transformer la ville en une deuxième forêt Ucaya, ni même de rivaliser avec Borao, la cité de l'urbanisme végétalisé par excellence ; mais après les drames écologiques successifs provoqués par la Nova Existência, et qui n'ont pas manqué de nourrir les soupçons quant à la raison de l'attaque du désormais tristement célèbre Poulpinator, l'administration de la ville et le gouvernement de Cinza se sont accordés pour redorer le blason de leur bastion à grands coups de floraisons, de graines à lever et de verdure à planter. Une bonne occasion de couper l'herbe sous le pied des rumeurs qui éclosent à tout va dans le pays, et de renouer, peut-être, ce lien avec la faune et la flore tant revendiqué, là où les autres régions s'abaissent encore à un mode de vie arriéré.
Les caméras ont donc été dépêchées - les agriculteurs aussi - pour ne rien perdre de cette merveilleuse entreprise qui s'est lancée entre les buildings déchiquetés et l'asphalte retourné. Des architectes ont déjà tracé les plans des futurs écoquartiers qui remplaceront les tours de métal stériles et les blocs de bétons empilés, et les plus imposantes entreprises de construction se sont généreusement proposées pour fournir de quoi faire de leurs utopies une réalité - bien qu'entre l'influence des objectifs, du gouvernement et de l'argent, l'on puisse douter que toutes ces belles initiatives soient animées par la pure bonté d'âme. Dans tous les cas, le projet a été lancé, et il ne manque plus que des bras vaillants pour le porter.
Que vous soyez là par conviction, par devoir ou simplement pour vous faire mousser, vous avez décidé de vous retrouver dans ce quartier en plein chantier, ici marqué par l'attaque du Tentacruel géant, là lentement effacé pour laisser place à de nouvelles possibilités, afin de soutenir une seule et même cause : la résurgence de votre précieuse capitale sous les effluves capiteuses des fleurs et des vergers.
Explications
Bien le bonjour à vous, @Robyn C. Young et @Cali Cobalt ! Comme présenté plus haut, vous voici arrivées au site de reconstruction du quartier de La Isicao. L'endroit est déjà bien investi par d'autres volontaires motivés à l'idée de reverdir un peu toute cette terre goudronnée. L'encadrement de l'action est assurée par les Reguladors, qui s'assurent que les Pokémon "employés" pour l'occasion soient correctement traités, et protégés de tout abus potentiel. Pourtant, l'une de ces rangers s'est vue accolée une créature d'une espèce tout à fait différente : en effet, d'entre tous, c'est Robyn qu'on a dépêchée pour garder un œil sur miss Cobalt pendant que cette dernière "fait le tour du chantier", à défaut d'autres membres de la Guarda en présence. Enfin, est-ce seulement l'unique raison...?
Peu importe : pour l'heure, la foule s'amasse autour de vous, car Cali est une figure révérée et appréciée, et cela devient presque difficile d'avancer... mais que ne ferait-on pas pour un peu de bonne publicité ! C'est le moment d'embraser le moral des troupes, afin de leur faire reprendre au plus vite tous ces plantoirs qui gisent là, abandonnés au profit de la célébrité.
Libre à vous de RP votre entrée en scène comme vous le sentez ! Voyons comment ces deux figures diamétralement opposées vont réussir à cohabiter, et à se dépêtrer des caméramans et des bénévoles de plus en plus oublieux de leur tâche...
Je mentirais si je disais ne pas ressentir un minimum d'appréhension. Si j'avais vu les dégâts causés par l'attaque du tentacruel de nombreuses fois aux informations, ce n'était clairement pas la même chose que de se trouver sur place. Les décombres étaient impressionnants, faute d'un mot plus adapté, et je ne pouvais imaginer la douleur ressentie par les gens ayant passé toute leur vie à La Isicao. Si un tel drame s'était produit à Sercena... Cette simple idée suffit à me donner les mains moites. Je dois penser à autre chose et, si j'y arrive, voir le côté positif. Plus facile à dire qu'à faire lorsque je crains le pire pour les individus affectés personnellement par la catastrophe. Le problème des favelas de La Isicao est déjà bien assez complexe comme ça sans que l'on ait besoin d'une nouvelle vague de sans-abris. Et dire qu'il y a des gens assez fous pour croire que le gouvernement aurait pu volontairement orchestrer cette tragédie. C'est écoeurant.
Je suis tirée de mes pensées par un joli museau bleu qui se frotte contre ma main, cherchant à attirer mon attention. Hel, ma givrali, incline la tête sur le côté et attends avec impatience que je lui gratouille le dessus de la tête avec reconnaissance. Si normalement j'ai Lucifer sur les talons, ce dernier n'est pas fan de tout ce qui pourrait lui demander un effort et cela inclus évidemment se salir les pattes pour les caméras. En comparaison ma jolie demoiselle est bien plus patiente et adore se plier au jeu de la publicité, sans compter qu'elle est photogénique et qu'on a l'air très jolies ensemble. Les photographes l'adorent presque autant qu'elle les aime en retour. Ce n'est pas sa seule qualité, néanmoins, comme elle le prouve encore une fois en m'offrant son support moral à sa façon en se blottissant dans mes bras.
« Tu es prête j'espère, mh ? S'il y a quoi que ce soit j'ai ta ball avec moi, tu pourras aller t'y réfugier n'importe quand. »
Parce que mine de rien c'est dangereux les mouvements de foule, surtout quand on a d'aussi courtes pattes et j'en sais quelque chose. De nouveau dans le moment présent, je jette un oeil à mon portable... L'officier chargé de m'escorter aujourd'hui devrait bientôt arriver. Nous avons rendez-vous ici, dans ce petit chapiteau érigé à l'écart des efforts de reconstruction et sous la gestion de la Guarda. Les officiers peuvent venir ici pour prendre leur pause à l'abri des regards et il est donc normal que j'aie été guidée ici moi aussi en attendant d'entrer en scène. Je profite d'ailleurs de mon attente pour passer en revue ma tenue du jour, bien plus pratique que d'habitude. J'ai troqué mes talons pour des bottes de travail et, avec ça, je porte un jean, des gants et tout ce qui s'en suit pour me permettre de mettre la main à l'ouvrage. J'ai même un casque de construction que je compte bien trimballer avec moi pour ma protection et, surtout, en guise d'accessoire pour les photos. Ma longue chevelure blanche, quant à elle, a sagement été tressée pour ne pas me nuire tout en demeurant jolie et propre. Je suis plus prête que jamais et je sens bien que l'on ne me laissera pas oublier mon accoutrement du jour avant un bail. Qu'à cela ne tienne puisque c'est pour la bonne cause !
Mon travail, à l’occasion, se fait ingrat. Jouer les babysitters avec les petites princesses de Cinza, par exemple, ne devrait aucunement incomber à un Officier de la Guarda, encore moins un venu rendre un service civil à sa cité natale. Si vous vous posiez la question alors laissez-moi vous y répondre : non, nulle part dans mon contrat on stipule cette tâche comme faisant partie de mon mandat et pourtant voilà effectivement ce qu’on me demande de faire à l’instant, avec un tel sérieux que je ne puis qu’éclater de rire. Très certainement, un de mes collègues se trouve derrière ce canular et bientôt, mes collègues se joindront à moi pour rire de cette plaisanterie. Or, devant le silence gêné de mes semblables, je devine que j’ai fait fausse route. Mon supérieur ne pouvait être plus sérieux et sourcille désormais devant mon excès d’hilarité. M’arrêtant aussitôt, je le dévisage avant d’écarquiller des yeux. Non mais il ne plaisantait pas. Du tout. Et maintenant on dirait que je me moque de lui. Fantastique. Je jette un coup d’œil aux membres de mon équipe, dont les regards, soudain, se sont fait fuyants. Empotés, ils ne portent pas volontaires pour me sortir de cette tâche que mes supérieurs ont osé décrire tel un « grand honneur ».
« Un grand honneur mon cul ! Vous voulez que je fasse du gardiennage avec un rejeton Cobalt ? Et puis pas encore ? Nous coltiner les Viridis c’est pas déjà assez, je dois en plus m’occuper de faire le pantin pour la presse ? »
Le reste, il vaut mieux ne pas le répéter. Ce ne serait pas bien poli. Disons que pleuvent les jurons et les protestations jusqu’à ce que mon supérieur soit forcé d’élever le ton en me menaçant de m’accuser d’insubordination. Il semblerait que je n’aille pas le choix. Furieuse, je prends le chemin de ma protégée du jour. Aujourd’hui, il n’y a que moi puisque j’ai laissé Chama à la caserne. Le singe de feu est trop dangereux pour être amené à l’intérieur d’une ville, toutefois je n’ai pas eu l’occasion cette fois de me faucher de la présence de Lua. Le Teddiursa me colle aux basques, attirant sur lui de nombreux regards. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’on voit un petit ours de cette couleur.
« Okay ma p’tite dame ! » je fais d’une voix forte derrière la Cobalt, ne prenant pas la peine d’attendre qu’elle se soit retournée pour la surprendre par derrière. Je reconnaîtrais cette tignasse argentée entre mille. Même si elle est habillée dans un jeans et des bottes de travail, elle est immanquablement celle que je recherche, celle que les paparazzis vont suivre tel des rapaces affamés. « On va se dépêcher à faire ce qu’on a à faire hein et comme ça vous pouvez retourner à votre petite vie dans ouate avec la conscience tranquille et moi je peux retourner faire du vrai travail, m’kay? »
Je jette un regard rapide à la Givrali qui l’accompagne. Pas idéal. Aussi précieux que sa maîtresse, ce Pokémon ne risque pas de nous aider. Mettant fin à mon silence contemplatif, je fais signe à Lua qui s’approche de petits pas enthousiastes.
« Voici mon compagnon pour aujourd’hui, il s’appelle Lua. Vous fiez pas à son expression adorable, il est féroce. »
Faux, mais elle n’a pas besoin de le savoir.
« Je vous montre comment on s’y prend ? Comme ça vous aurez votre photo pour les paparazzis et je serai tranquille. »
L'entrée en scène de l'officier Young me fait sursauter. Je la découvre finalement en me retournant vers elle, quittant mon siège pour mieux apprécier sa chevelure aussi enflammée que son caractère. Déjà ça commence mal puisqu'elle m'appelle sa petite dame et, si j'ai déjà eu toutes sortes de surnoms mignons donnés par des individus plus âgés, j'ai ici la familière sensation de ne pas être prise au sérieux. Je croise les bras alors que mon regard se fait courroucé. Comme ça madame a hâte de me renvoyer là d'où je viens, soit dans la ouate, pour retourner faire du vrai travail ?
« Pardon ? »
Je me retiens bien de lui faire remarquer avec acidité que ma simple présence peut amener cent fois plus de support et de financement à la reconstruction de La Isicao qu'elle ne peut le faire en plantant quelques arbres aujourd'hui, même si ce n'est pas l'envie qui manque. Non, je dois la voir comme une opportunité. Cette impertinente représente la classe moyenne de Cinza et possède, fort probablement, l'avis de monsieur et madame tout le monde. C'est exactement le genre de personne que je dois charmer et rallier à ma cause pour qu'ensuite ils fassent mon évangile. Pas que ça me fasse plaisir, soit dit en passant. Une part de moi a bien envie de lui faire aussi remarquer que je n'ai qu'à passer deux ou trois coups de fil pour qu'elle se retrouve coincée à la circulation une semaine ou deux. Patience, Cali, patience. Au moins son pokémon, cent fois plus mignon qu'elle, fait son entrée et m'aide à m'adoucir. Adorable, mais féroce ?
« Au moins une personne avec qui je vais pouvoir m'entendre. »
Parce que ce n'est certainement pas avec la rouge que je vais me trouver des atomes crochus. Voilà qu'elle en rajoute une couche, dénigrant mon travail et ce que je suis venue faire ici en appuyant bien sur son envie de se débarrasser de moi. Ça y est, c'est l'heure de la déclaration de guerre.
« Ce n'est pas ma première apparition publique, officier Young, mais j'ai bien l'impression que c'est la vôtre puisque l'on ne vous a même pas enseigné à dire bonjour. Vous allez me suivre et veiller sur moi d'assez près pour intervenir en cas de besoin, mais d'assez loin pour ne pas apparaître sur les photos à moins que je ne vous le demande. Et maintenant que je sais à quel point vous êtes pressée... Je vais m'assurer de prendre mon temps pour faire les choses aussi correctement que possible. Ce serait bête de faire les coins ronds, vous ne croyez pas ? »
À mon tour de faire les malcommodes alors que je tourne les talons sans lui laisser le temps de répondre, Hel me suivant au petit trot. Je quitte la tente pour nous faire basculer dans mon monde, là où la foule de journaliste semble se réveiller tel un seul homme dès lors que mon ombre entre dans leur champ de vision. Les plus zélés font déjà des coudes pour être les premiers à me parler et à enregistrer mes déclarations. Pour ma part je n'ai même pas pris la peine de vérifier si l'autre m'a suivie puisque, au final, ce sera son problème s'il m'arrive quoi que ce soit.
« C'est un réel plaisir de voir que vous vous êtes déplacés en si grand nombre ! Je suis d'avis que la tragédie de La Isicao touche tous les habitants de Cinza, peu importe la ville où nous ayons grandit. C'est pour cela que je suis ici aujourd'hui, pour apporter mon soutien à mes frères et soeurs cinzans dans la reconstruction de cette belle ville, non pas en tant que Cali Cobalt, mais bien en tant que fille de Cinza. Ce sera un honneur de travailler à vos côtés aujourd'hui et n'oubliez pas de vous hydrater comme il faut. Merci beaucoup. »
Voilà, mon intervention est faite et je suis prête à partir. Ma garde du corps est-elle prête à calmer les ardeurs des journalistes et à nous frayer un chemin vers notre station de travail ? J'ai hâte de voir ça.
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