Les souvenirs remontaient comme les bulles d’une limonade bien fraiche. Pétillants et heureux, elle pouvait pointer du doigt chaque endroit familier, chaque objet vieillit par le temps et y associer un moment. Les couloirs trop étroits où on manquait inlassablement de renverser un chercheur les bras chargés de documents, les salles vieilles de plusieurs années déjà avec leurs grands tableaux verts qui sentaient la craie, la grande cours et ses arbres qui offraient une maigre protection pour la pluie. Et les hurlements paniqués des volontaires qui se faisaient chasser par des piafs.

Hmmm… bon peut-être pas ça.

Elsa-Mina fit une légère grimace en voyant un homme passer devant elle en courant pourchassé par une famille de poichigeon, eux-mêmes pourchassés par un Régulador avec des pokéballs. La journée allait s’annoncer… intéressante. Elle était venue en tenue décontractée, l’appel à bénévoles avait fait le tour de la ville jusqu’à atteindre les sommets de la Tour Viridis. Elle avait ressorti pour l’occasion un carnet que tenait Foldo sur l’élevage des pokémons vol.

On l’avait accueilli en lui offrant un sachet de graines et des avertissements. Visiblement les pigeons non contents de créer un capharnaüm monstrueux étaient aussi violents. Elle n’avait pas pensé pouvoir être témoin si tôt de la deuxième partie. Assez heureuse que ce ne soit pas elle qui laisse l’écho d’un cri dans le couloir, elle s’avança vers la salle de science.

La pièce était comme ses souvenirs, avec ses murs verts et ses tables à évier. Les bouteilles d’eau distillées attendaient patiemment d’être ramassées par un étudiant pour commencer une bataille d’eau. Fort heureusement, personne ici était assez immature pour faire une telle chose. N’est-ce pas Foldo ?

Un sourire se dessina sur les lèvres de la scientifique au souvenir de son époux, couvert d’eau après un affrontement aussi chaotique que puéril. Elle n’avait pas fait exprès de lui envoyer l’eau sur la tête, elle avait juste appuyé un peu trop fort sur la bouteille, la pression avait fait le reste. En soit, ce n’était pas surprenant qu’il ne soit pas resté jusqu’à la fin des études. Les professeurs l’auraient probablement chassé avant. A coup de craie, leur arme ultime. Le poichigeon hocha la tête, visiblement en accord avec ses pensées.

Elsa-Mina n’aurait jamais cru que passer devant un amphithéâtre d’une centaine de personne serait moins intimidant que de se tenir devant une pièce remplie d’une armée de piafs aux yeux globuleux. Et pourtant, la voilà. Figure solitaire parmi les plumes. Ils avaient visiblement trouvé les éviers à leur gout parce que plusieurs nids avaient été fait dedans, ce qui n’était pas sans rappeler le truc qu’avait fait Syndra dans leur salon. Au moins ces nids là ne faisaient pas la taille d’un fauteuil.

« Bon, les chéris, vous vous rendez-bien compte que ce n’est pas un endroit pour vous ici ? »

Des roucoulements sonores lui répondirent. Aucun mouvement. Elle se dit que tester la solution des reguladors n’était pas une mauvaise idée pour commencer. Elle alla ouvrir la fenêtre et déposa un peut de graines sur le bord. C’était comme si une tornade s’était déclenchée dans la pièce. Aussitôt la quasi-totalité des pokémons sautèrent sur la fenêtre pour tenter de gober un morceau de graine. Dans la panique, Elsa-Mina envoya voler le sachet entier par la fenêtre, avant de fuir en rampant loin de ce massacre. Le souffle court et les yeux écarquillés, elle était entrain de réévaluer toutes ses décisions.

Bon, plus de sachet. La bonne nouvelle c’était qu’au moins la moitié des oiseaux avait suivi le sacrifice involontaire de ce dernier. La mauvaise c’était qu’il serait probablement impossible de fermer la fenêtre pour les empêcher de rentrer vu l’autre moitié était collée à a son rebord. Elle remit en place ses cheveux ébouriffés puis, d’un geste fluide, elle invoqua Syndra qu’elle avait déniché spécialement en cas de situation similaire.

« Désolée de te déranger. Il faudrait- qu’est-ce qu’ils font du bruit ! Il faudrait arriver à les faire partir de la salle. »

Syndra s’ébouriffa un peu avant d’hocher la tête avec confiance. Sans aucun doute elle pouvait faire peur à quelques poichigeons. Foldo avait dû faire face à quelques situations similaires. Des pokémons blessés qui s’étaient réfugiés dans des endroits inaccessibles ou simple des pokémons agressifs qu’il fallait déplacer. Il avait toujours eu recours à des baies spéciales et la bonté de ses pokémons pour rassurer les pokémons sauvages mais une petite note dans l’angle de son carnet avait attiré l’œil de sa femme. Elsa-Mina fit attention à bien contourner l’attroupement de poichigeon qui commençait à arriver à court de graines pour ouvrir une autre fenêtre. Sa togekiss fila aussitôt dehors. Quelques coups d’ailes pour s’échauffer et elle était fin prête.

« Essaye de les attirer vers les colombières. Les reguladors en ont installé sur le terrain de sport pour l’occasion, ils doivent tous rentrer dedans. » indiqua-t-elle.

Syndra hocha la tête puis attendit que sa dresseuse se recule à une distance sauve de la fenêtre avant d’activer son attaque. Faisant des petits tours, ses plumes brillants d’une aura féerique, le Par Ici de la togekiss toucha tours les poichigeons des alentours. Forcés par la capacité du pokémon à lui prêter attention, Syndra descendit en piquer en direction du stade où avaient été monté plus tôt dans la matinée de longues colombières portatives pour attraper les pokémons oiseaux et les relâcher loin de la ville. Elsa-Mina regarda la masse grise s’envoler avec un bruit assourdissant. Ils suivaient bien la togekiss, l’opération était un succès.

Habituellement Foldo essayait d’attirer les pokémons avec des gourmandises mais, Elsa-Mina était tombée sur une description de cette attaque dans le carnet de son époux. Très utile en combat multiple, elle était aussi utilisée par des bergers pour garder leurs troupeaux au calme lors de tempêtes. Elle s’était dit qu’elle pouvait peut-être l’utiliser pour appâter les pokémons vols au bon endroit.

Fière de sa victoire, elle se retourna pour observer le désastre qui avait été laissé derrière. Il fallait encore déplacer les nids et ramasser le verre cassé. Elle fouilla quelques placards pour trouver des gants pour le ménage, suffisamment épais pour qu’elle ne se blesse pas et entrepris de délicatement récupérer les œufs pour les descendre jusqu’au stade.

C’était un peu la panique, mais Syndra arrivait plus ou moins à guider les pokémons dans les cages. Avec l’aide des rangers présents et des infirmières Joel pour soigner les petits bobos, le tout semblait fonctionner. Elsa-Mina arriva avec ses œufs, à la grande surprise des personnes présentes.

« C’est votre pokémon ? » lui demanda-t-on.

« Oui, la capacité Par Ici permet à Syndra d’attirer les poichigeons, si vous avez d’autres pokémons qui la connaissent, nous pourrons probablement vider l’université avant la nuit. » expliqua-t-elle.

Un murmure approbateur parcouru la foule et aussitôt elle vit un jeune garçon filer à toute allure pour prévenir les autres du plan. La scientifique remis les œufs à l’infirmière qui s’empressa de les mettre dans une couveuse. Syndra semblait s’amuser à voler partout et même si les poichigeons lui donnaient du fil à retordre, c’était un exercice plaisant. Après un bisou à son oiseau blanc, Elsa-Mina la laissa au soin des reguladors qui sauraient la diriger là où ils en avaient plus besoin, elle retourna ensuite dans la salle de science pour faire un peu de ménage. Avec un peu de chance, les oiseaux ne reviendraient plus.