JE SUIS : Membre INSCRIT LE : 23/05/2022 NOMBRE DE MESSAGES : 258
MÉTIER : Boss de la Team Zekrom / Professeur de musique particulier POKÉPESOS : 1025 MES POKÉMONS : Emily - Amphinobi ♀ - Niveau 10 - Protéen - Douce
Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Les jours sont prison sont parfois monotones, quand il ne se passe rien. Pourquoi croyez-vous que Liam aime faire le foutoir ? Il n'y a pas plus drôle à ses yeux que de faire délirer les gardes de cellule à cause des prisonniers qu'ils sont censés surveiller. Souvent, ou en tout cas parfois, le basané s'est demandé ce qui se passerait s'il était enfermé dans une prison. Imagination débordante ou cerveau matrixé par les séries, on peut dire en tout cas qu'il est déçu de la réalité, comparé à toute la vie qu'il s'y était inventé. Il est malgré tout plein de ressources et débordes d'idées loufoques pour tuer l'ennui comme il peut. Et ses camarades l'aident bien à ce petit jeu ! Evidemment, ils sont nombreux aussi à venir de l'underground, leur royaume de liberté. Il y a les visites, aussi. Celles de Luciano qu'il attend avec impatience, par exemple. Ah, comme il les aime ! Et comme il aime, surtout, trouver de nouvelles astuces pour le rendre fou. Fou de lui ? Qui sait ! Lui, sait. C'est bien dommage que le blond soit du mauvais côté. C'est bien dommage qu'il ait Cali dans sa vie. Enfin, non, ça, ce n'est pas dommage. C'est une chance. Princesse entichée d'un démon qui ne la mérite pas. Pourtant, il a littéralement grimpé à sa tour, ce jour-là, pour conquérir son cœur une bonne fois pour toutes et lui offrir le sien, sans doute le don le plus précieux qu'il puisse confier à quelqu'un.
Elle ne lui a pas rendu visite. Pas encore. Il attend. Avec impatience. Avec un peu de nervosité, aussi, même s'il ne veut pas l'admettre. Il faudra bien toutefois qu'il l'affronte, le regard saphir de sa belle. Quand ça ? Eh bin pourquoi pas aujourd'hui ? Lorsque Horatio vient voir la cellule du King, ce dernier lui sourit, pressentant ce qu'il va faire. Le sortir de sa cage. Temporairement, bien sûr. C'est mieux que rien. Luciano est là ? Vient-il lui demander s'il a changé d'avis par rapport à leur « petit » arrangement ? Un sac lui est offert. Pas ceux qu'il achète en magasin, ah non non. Un vieux truc en toile de jute qu'on lui met sur la tête pour lui cacher la vue. Ah, ça, Luci, c'est pas sympa, pense-t-il. Ils auraient pu au moins faire un effort sur le sac en lui-même. Est-ce que le Viridis n'est pas bourré de thune ? Pour son prisonnier préféré et d'une telle qualité, le violet croit mériter un traitement bien plus favorable. Horatio et son Hariyama l'emmènent. Mais il ne sait pas où. Sans doute dans une autre salle. Interrogatoire ? C'est possible. Ce sera la surprise. Liam aime bien, les surprises. Quand on le fait s'arrêter, il ignore donc où il se trouve. Et s'il s'apprêtait à lancer une pique à Luciano, il se retient au moment où le sac lui est retiré. Et qu'il voit non pas un interlocuteur, mais une interlocutrice. Elle.
« Cali ? »
Interdit. Choc. A nouveau. Muet, il n'a rien de mieux à dire. La question est inutile. Bien sûr que c'est Cali. Mais lorsqu'il aperçoit ses cheveux blancs comme neige et ses beaux yeux bleus, il ne peut rien y faire. Il attend, le cœur battant et agité, qu'elle dise quelque chose. Fasse quelque chose. Esquisse le premier pas. Car il ne sait pas sur quel pied danser, pour une fois.
You assumed that I could make you feel it was worth it But all I ever did was drag you down And bring you in and out through hell again My goddess of light, and spring and all things good How wrong, How wrong
Luciano quitte enfin la pièce et, sincèrement, c'est un soulagement. J'ignore combien de temps j'aurais pu endurer de l'écouter me faire la morale sur l'importance de mon choix et ô combien il importe que personne d'autre ne décide à ma place. Rien d'étonnant de sa part néanmoins puisqu'il a à maintes reprises prouvé qu'il ne me voit que comme une gamine stupide, incapable d'égaler son degré de réflexion. Je lui souhaite sincèrement de se prendre tous les cadres de porte de Borao celui-là, peut-être que ça le ferait redescendre sur Terre auprès du reste du commun des mortels. L'unique chose qui le rachète ne serait-ce qu'un peu, finalement, c'est qu'on ne me chasse pas immédiatement de là. Je ne peux en conclure qu'une chose : Liam est en route. Ou, en tous les cas, l'homme qu'ils ont arrêté est en route. J'ai encore une once d'espoir mal placé je l'admets.
Dans l'attente, je m'essuie les joues du bout des manches et sort mon téléphone portable de ma poche ventrale pour rapidement chercher dans mes contacts. Je n'ai pas à défiler trop loin, juste les D. Un Zorua et une Amphinobi devraient bientôt arriver au refuge en provenance de Borao. Pouvez-vous les mettre de côté pour moi ? Je viendrai les chercher dès mon retour en ville. Je vous en serais éternellement reconnaissante. J'hésite à rajouter une mention supplémentaire, à lui demander de prendre soin d'eux comme s'ils étaient mes propres Pokémons. Mais c'est inutile, pas vrai ? Je connais ce refuge depuis le temps et je sais qu'ils seront bien traités jusqu'à mon arrivée. La Da Rocha sait faire son travail mieux que n'importe qui d'autre au final et je range donc l'appareil avec un soupir, le coeur lourd. Je n'ai rien d'autre à faire que d'attendre à présent. Rien d'autre que de me répéter les mots que je viens pourtant tout juste de prononcer.
Je suis juste venue lui dire au revoir.
Oui, j'ai dit ça. Et je le pensais. Mais maintenant que j'entends le poste de police s'agiter dans le lointain c'est difficile de me le répéter alors que, pourtant, je le dois. C'est impératif parce que, quand il sera là devant moi, je ne dois pas craquer. Je dois m'y tenir malgré tous les regards qu'il pourra me décocher avec son magnifique regard d'ambre. Je dois m'y tenir malgré les craquements de sa voix et ce peu importe les mots que lui parvient à prononcer. Je me demande à quoi il pense. À quoi il s'attend. Quelles sont les chances pour qu'il soit d'accord ? Pour qu'il ne rouspète pas et que, pour la première fois depuis que je le connais, il s'incline simplement sans se battre ? J'expire plus fort avec un amusement que je ne croyais pas possible dans les circonstances. Liam King, ne pas se rebeller contre quelque chose ? Je n'y crois pas et je n'ai pas envie d'y croire. Je pense que, si tel est le cas, j'en souffrirai plus encore que de tout le reste. C'est égoïste, je le sais, mais j'ai envie de conserver en moi cette image de lui inaltérée, puissante et malicieuse. J'ai envie de me souvenir de lui tel qu'il a toujours été dans son arrogance, sa confiance et son culot. Je ne veux pas qu'il soit brisé. Je ne veux pas qu'il ait perdu. Je ne veux pas qu'il souffre ou qu'il soit blessé, démotivé. Ironique, n'est-ce pas ? Si quelqu'un ici a ce pouvoir sur son coeur alors ce ne sont pas ses gardiens et je le sais trop bien.
Les bruits se sont rapprochés et, nerveuse, je me fais plus droite. Ma manche retrouve le coin de mes yeux, tente de dissimuler pour une dernière fois l'état en lequel j'étais il n'y a pas si longtemps. Effort vain, vraiment, lorsque l'on considère que le blanc de mes yeux est passé au rouge même si, mine de rien, je me félicite d'avoir pensé à mettre du mascara hydrofuge ce matin. Je renifle une dernière fois, tire sur le bas du hoodie qui n'est techniquement pas le mien et essaie de me faire plus grande malgré l'absence de mes éternels talons hauts. J'aperçois, dans l'embrasure, la silhouette de l'homme qui m'a questionnée à mon arrivée, avant Luciano. Et, avec lui... Tous mes espoirs de voir que Dan a réussi à se faire passer pour son Boss dans la mêlée s'évanouissent d'un coup.
Même avec cet horrible sac sur la tête on ne le reconnait que trop bien. Moi, en tout cas, je le reconnais immédiatement. Sa taille, la largeur de ses épaules, le teint de sa peau et les longues boucles violettes qui tombent plus bas que son couvre-chef du moment, ça suffit largement à me faire défaillir. J'ai les cils qui battent, le regard qui se détourne alors qu'une boule se forme dans ma gorge et que mon coeur me tombe dans les souliers. Je crois bien que mon menton s'est froissé parce que je dois de nouveau combattre les larmes, tenter de les ravaler pour que ma fierté reste intacte. Je suis une Cobalt, je suis Cali Cobalt. Je dois oublier l'amoureuse transie en moi qui se tord de douleur, combattre l'envie viscérale qui me prend de me jeter dans ses bras. Je suis une Cobalt, je suis la fille de Lilith Cobalt.
Cali ?
C'est comme ça que j'apprend qu'on l'a démasqué. Je n'arrive pas à le regarder en face, je n'arrive pas à croiser son regard, à redécouvrir ses traits. Même que, au fond de moi, je regrette d'être venue ici protégée par son hoodie qu'il doit déjà avoir reconnu au passage. Il n'y a pas de suite. Juste un silence qui s'installe, inconfortable. Il me revient de mener la danse, pas vrai ? De nous deux c'est moi la ballerine après tout. Je n'aurai jamais eu l'occasion de lui apprendre finalement. Tout comme je n'aurai jamais eu de second cours de guitare. Je voulais l'apprendre pourtant, vraiment. Je voulais en découvrir les accords et, à dire vrai, je me tâtais à ce qu'il me l'enseigne ou si, au contraire, je ne voulais pas lui faire la surprise un beau jour. J'aurais aimé le voir surpris de ça, le voir émerveillé peut-être bien et me faire une petite pique sur le temps passé à pratiquer et à me malmener le bout des doigts contre les cordes. C'est trop tard pour tout ça maintenant. Bien trop tard. Tout ce qu'il me reste à faire c'est de briser l'abcès. Je peux le faire. Je suis une Cobalt. Je suis Cali Cobalt. Je suis la fille de Lilith Cobalt. Et, l'espace d'un instant, peut-être que je suis Lilith Cobalt.
« Liam. Je suppose que c'était inévitable, n'est-ce pas ? »
Je croise les bras pour me redonner une contenance, me refait droite et, enfin, tourne les yeux vers lui. J'essaie d'être méprisante, j'essaie de ne voir en lui qu'un malfrat parmi les autres. De n'y voir qu'un homme malhonnête qui aura au final bien cherché ce qui lui arrive. N'est-il pas l'incarnation totale de ce que j'ai toujours détesté ? Les gens qui n'en font qu'à leur tête, qui se croient au-dessus des autres et qui sont incapables de bosser honnêtement ne serait-ce qu'une putain de fois dans leur vie. Je devrais le haïr pour ses paroles de charlatan, pour m'avoir fait véritablement croire que j'étais dans une histoire d'amour sublime alors que, dans les faits, je n'avais fait que risquer ma position en tant que favorite de ma mère.
« J'espère que tu es fier de toi. Je suis venue jusqu'à Borao juste pour voir de quoi tu avais l'air, avec des menottes. C'est réconfortant de voir que le crime est enfin puni correctement à Cinza. »
J'en ai trop dit. Je suis allée trop loin. Je ne pense rien de ça et mon regard est de nouveau incapable de soutenir le sien. Il y verrait la vérité. Il saurait immédiatement ce que je suis en train de faire. Est-ce que ce serait une si mauvaise chose ? Je ne savais plus. Je n'en avais aucune idée. En même temps qu'est-ce que je devais dire d'autre ? Qu'est-ce qu'il y avait à dire dans ces cas-là ? Aurais-je dû me donner en spectacle pour ce fichu Viridis qui était probablement en train de nous épier de l'autre côté des caméras ? Mais avais-je vraiment besoin de dire ça ? Oui, vraiment. Parce que c'était l'exemple que je m'étais toujours destinée à suivre. Le seul exemple que l'on m'avait donné. Je suis une Cobalt. Je suis Lilith Cobalt.
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MÉTIER : Boss de la Team Zekrom / Professeur de musique particulier POKÉPESOS : 1025 MES POKÉMONS : Emily - Amphinobi ♀ - Niveau 10 - Protéen - Douce
Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
C'est dans une tenue bien inhabituelle qu'elle est venue, aujourd'hui. Il l'a reconnu, ce hoodie qu'elle porte. Le sien. Des tas de questions se bousculent dans sa tête juste à la vue de ce sweat qui n'a toutefois rien de si extraordinaire. L'a-t-elle mis exprès pour le voir ? Etait-ce inconscient ? Dort-elle avec ? Est-ce que le tissu porte encore son odeur ? Les menottes, aussi froides et dures soient-elles autour de ses poignets, ne sont rien face à la chaleur et la tendresse qu'il ressent en posant son regard sur la jeune femme. Son visage d'ange lui fait oublier le milieu dans lequel il se trouve, et la situation peu anodine qui les entoure. Elle évite de croiser ses yeux. Une défense qu'elle s'oblige, qu'elle s'inflige, afin sûrement de ne pas craquer. Pas tout de suite. Ton qui se veut neutre lorsqu'elle s'adresse finalement à lui, lui rappelant, au passage, les inquiétudes qu'elle avait quant à une scène comme celle-ci et qu'elle lui avait confié, en espérant le dissuader d'arrêter ses méfaits. Son âme de rebelle a été plus fort pour cette fois. Son amour de la liberté voulait égaler celui qu'il éprouve pour la blanche, essayant même de gagner le pas sur elle. Liam ne voulait voir la victoire ni de l'un, ni de l'autre, mais le destin a tranché pour lui.
Oui, c'est inévitable. Au fond, il le savait. Il aime le risque, ses épices et son hasard. Comme des bonbons surprises dont on ignore sur quel goût on va tomber. Pendant des jours on a de la chance de manger quelque chose de doux, de sucré, et puis il suffit d'une fois pour avoir en bouche une saveur si affreuse qu'elle éclipse tout le reste. La voilà qui soutient finalement son regard, mais il devine la pénibilité de cette épreuve. Il le sait, qu'elle s'efforce à se montrer impartiale, à ne pas laisser entrevoir l'affection qu'elle lui réserve. A-t-elle peur qu'on découvre la nature de leur relation ? Doit-il faire comme si elle n'existait pas ? Lui, en tout cas, ne le pourra bien longtemps. A nouveau, pourtant, elle baisse le regard. Laisse échapper des paroles acides qui sont surprenants pour n'importe qui connaissant la véritable nature de leur lien. Et si King devrait en être vexé, il n'en est rien. Il sait. Elle n'est pas comme ça. Elle joue probablement un rôle. Devrait-il suivre ? Ou devrait-il lui indiquer qu'elle n'a pas à le faire ? Qu'importe, à ce stade, non ? Est-ce que Luciano ne va pas tout découvrir un jour ou l'autre ? Peut-être qu'il est déjà au courant et que c'est lui qui a amené Cali exprès pour le convaincre, après tout. Non, pense-t-il alors, quand il y réfléchit un peu mieux. Il tente de lire en elle. "Je suis venue". C'est donc elle qui l'a décidé. "Pour voir de quoi tu avais l'air, avec des menottes", plutôt "pour voir comment tu allais" ? En tout cas, il n'arriverait pas à le croire, si elle prétendait avoir, finalement, changé du tout au tout au niveau de ses sentiments pour lui avec son incarcération. Elle savait. Elle savait les risques. Il lui a donné le choix de continuer à l'aimer malgré tout. Et c'est ce qu'elle a fait. Elle l'a aimé et même plus encore. A laissé, en toute connaissance de cause, le boss Zekrom partager une nuit avec elle le soir même où elle a été mise au courant. C'est que le cœur fut plus fort que la raison. Pour le moment, il répond à sa manière, comme il le fait d'habitude, avec cette expression narquoise qui lui va si bien.
« C'est bien vrai. Pourtant, il leur en aura fallu, du temps. Je leur donne trois sur dix pour la capture. »
Parler avec légèreté, lui faire signe qu'il va bien, ne pas prendre trop au sérieux cette histoire de prison. Cela ne lui fait pas peur. Il en a vu d'autres. Il en a vu des pires. Au final, néanmoins, il se rend compte que c'est sans doute plus insupportable encore de l'encourager à ne faire comme si de rien n'était. Est-ce vraiment le bon moment pour laisser parler ce qu'il ressent réellement ? Mais à quand la prochaine fois qu'ils pourront se revoir ? N'aura-t-il pas de regret par la suite, s'il se montre aussi distant ? Cali mérite d'être bien traitée. De pouvoir se laisser aller à un peu de faiblesse si elle le désire. Alors il lui laisse une porte ouverte, qu'elle peut décider ou non d'ouvrir. Lentement, il se penche vers elle pour parler plus près, au niveau de son oreille, comme s'il lui faisait une confession intime.
« Mais pour me punir vraiment, il aurait fallu qu'on m'interdise de te voir. »
Le basané envoie à sa dulcinée un sourire qui révèle cette fois douceur et affection. Ses traits se font plus affables. La lueur dans ses prunelles révèle les tendres sentiments qu'il a à son égard et qu'il a conservé. Il a menti. Très souvent. Mais pas à elle. Ce qu'il ressent pour la Cobalt est aussi réelle que le poids des menottes sur ses poignets, qui valent bien leur inconfort s'il peut admirer le doux visage sa reine une nouvelle fois.
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J'ai encore du mal à croire que j'ai dit ça et, je l'avoue, je redoute la réaction de Liam. A-t-il comprit pourquoi je dis ça ? Pourquoi je le dis comme ça ? Réalise-t-il que je compte mettre fin à cette histoire, à notre histoire ? Que cette froideur, cette injustice dans mes mots, n'est qu'une stratégie maladroite pour étouffer mes sentiments et ne lui offrir rien d'autre que la froideur clinique de mon esprit de Cobalt ? Au fond je n'aurai pas le choix de le faire souffrir, pas vrai ? C'est stupide de craindre cette éventualité, de culpabiliser et de sentir mes entrailles se tordre et rejeter mes plans d'un bloc. Parce que c'est nécessaire, parce qu'il n'y a pas d'autres alternatives pour l'avenir ou, à tout le moins, que je n'en vois pas d'autres. Si j'en crois les paroles de Luciano, et Arceus sait que j'en ai marre de penser à ce grand blond, alors la police de Borao avait assez contre Liam pour le garder à l'ombre toute une vie, peut-être même deux. Certes il y avait bien cette histoire de marché, mais aucune information concrète n'avait été partagée avec moi à son sujet et, de ce fait, je ne pouvais qu'imaginer le pire comme je le faisais toujours si bien.
Au moins, de son côté, l'esprit est intact. Je le découvre bien assez vite à la façon dont il note l'arrestation sur dix, sa répartie n'ayant visiblement pas été encombrée par l'acier de ses menottes. Je baisse la tête, essaie d'étouffer mon sourire et la vague d'émotions contradictoires qui s'élèvent en moi avec celui-ci. C'est qu'il est difficile de ne pas me souvenir de notre première vraie rencontre de nos vies d'adultes, lorsque j'avais débarqué comme une intruse à l'appartement qu'il partageait avec Adonis. Une étoile sur cinq, je ne connais toujours pas brille brille petite étoile. C'est doux-amer, surtout maintenant, de me remémorer un tel instant. Ça me complique la tâche et, parce que le King est toujours aussi égoïste en fin de compte, il continue d'empirer les choses en se rapprochant de moi. Il n'a pas besoin d'en faire beaucoup, avouons le, mais tout de même. Ses mots, sa voix, sa douceur, sa proximité. Il m'a tellement manqué ces derniers jours. J'étais tellement inquiète. Et lui semble détendu, aussi confortable qu'un prince dans son château, comme si de rien n'était. Tentative de me rassurer ou réel aveuglement sur la précarité de sa situation ? Je le savais capable de l'un comme de l'autre et, du coup, en conclus qu'il s'agissait sans doute d'un savant mélange des deux. La vraie punition aurait été de ne pas pouvoir me voir ?
« Tu dis ça comme si... »
Comme si je pouvais revenir n'importe quand. Comme si ça n'aurait aucun impact sur le cours de nos vies. Comme si j'étais venue passer la nuit avec lui alors que, dans la réalité, nous serions séparés dans une petite quinzaine de minutes tout au plus, voir moins selon ce que verrait Luciano Viridis dans les caméras de sécurité et si cela lui plaisait ou non. Relever les yeux vers ceux de Liam est trop difficile, surtout quand je sens son regard planer sur moi avec la douceur d'une caresse. Finalement je ne sais pas si je vais y arriver, si cette armure de glace à laquelle je me destinais pourra faire quoi que ce soit face à lui malgré toute ma bonne volonté. Peut-être que c'était la mauvaise stratégie, peut-être que je devrais simplement faire les choses telles que je les avais toujours faites avec lui. Qu'est-ce qui sera le mieux ? Qu'est-ce qui lui fera le moins de peine ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. J'ai juste envie de me jeter dans ses bras et de pleurer. J'ai juste envie qu'il me serre contre son coeur et me promette que ça va passer, que ce n'est qu'un cauchemar dont je vais bientôt m'éveiller. Si seulement.
Je respire profondément, essaie de me recentrer et de trouver les mots. L'azur de mes iris cherche le réconfort dans le miel des siens et, pour une énième fois depuis que je le connais, j'ai envie de m'y noyer. Mais non, ce n'est plus possible. Ce ne le sera jamais plus. Courage, Cali. On respire et on réessaie, quitte à être moins distante cette fois. Quitte à laisser transparaître un peu de sincérité et de vulnérabilité. Liam ne mérite-t-il pas au moins ça ? Ne lui avais-je pas promis que plus jamais je ne prendrais la fuite au milieu de la nuit, l'abandonnant la tête pleine de questions ? Certes ce n'était pas tout à fait pareil, mais au fond était-ce vraiment différent ?
« Je ne pourrai pas revenir te voir, Liam. Je... Luciano m'a dit combien de temps tu... Je veux dire, il faut être réaliste... J'ai discuté avec lui, pour Emily et Robin, et je devrais réussir à les récupérer et à m'assurer qu'ils ne manquent de rien. C'est la seule chose que je peux faire pour toi, Liam. Je suis désolée, je... Je ne peux pas revenir te voir. »
Je ne peux même pas garantir que tu les reverras un jour ces Pokémons parce que, d'ici là, peut-être qu'ils seront morts de vieillesse avant que tu sortes. Mais ça je n'avais pas la force de le dire. Juste le penser c'était assez difficile comme ça. Cette pauvre Emily qui adorait tellement son dresseur, qu'allait-t-elle devenir ? Et si je gardais Robin chez moi alors est-ce que je m'exposais à croiser un faux Liam illusoire à n'importe quel moment de la journée ? Même ça, au bout d'un moment... Peut-être qu'ils finiraient aux bons soins d'Adonis plutôt qu'aux miens, peut-être que ça devrait finir comme ça. Juste d'y penser sous cet angle j'en avais la nausée.
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C'est ce qu'il aurait voulu lui dire. Il voudrait la rassurer, mais est-ce possible, alors qu'elle voit les chaînes qui retiennent ses poignets ? Au moins, il se tient tranquille. Il n'a pas le choix, pour elle. Pour profiter de sa présence encore un peu, car elle est éphémère. Cali est sans doute ce qui rend son emprisonnement le plus insupportable. Parce que la Cobalt ne peut pas être avec lui, et qu'il ne peut pas être avec elle. Liam la met dans une situation difficile. Fallait s'y attendre, à force de jouer avec le feu. Des regrets ? Il n'en a pas. Hormis celui d'avoir blessé la jeune femme, qui a bien d'autres problèmes à gérer déjà sans qu'il ne lui en rajoute sur le dos. La pression que sa mère a sur elle est suffisante. Quelque part, au fond de lui, le violet se dit que c'est sans doute pas plus mal, s'il n'est plus là. Si elle n'a plus à s'occuper de son caractère difficile et chiant.
''Je ne peux pas revenir te voir.''
Il le savait, n'est-ce pas ? C'était prévisible. L'acier des menottes n'est rien comparé au froid qui commence à s'installer en son sein. King ne peut blâmer que sa propre couronne. C'est lui qui a laissé l'ennemi envahir son royaume, l'enlever de son trône, l'enfermer dans le cachot, laissant sa reine sans son aimé. Une reine qui doit avancer désormais avec un diadème qui est le sien. Car elle n'a pas besoin d'un roi pour aller de l'avant. Cali est belle, intelligente, forte, courageuse. On a tendance à la sous-estimer derrière ses airs de princesse, tant elle resplendit d'élégance, avec en plus une silhouette toute fine de ballerine qui tend à fausser une fragilité. Mais sous ses pointes, une épée qu'elle sortira si cela est nécessaire. Du moins, c'est comme ça que Liam veut l'imaginer. C'est désagréable de savoir qu'elle ne pourra plus le visiter, mais il s'y résout, acceptant cette punition pour son manque de vigilance. Qu'il en soit ainsi.
« Ne t'en fais pas, c'est déjà beaucoup. Je te les confie, dans ce cas. »
Qu'elle puisse s'occupe d'Emily et Robin durant son absence indéterminée le rassure. Il ne sait pas combien de temps il devra être séparé d'eux.
« Pardonne Emily, elle risque de ne pas être facile à vivre. Elle finira par comprendre. »
Rictus désolé. Il ne peut lui offrir que ça. L'Amphinobi fera avec, même si ce sera difficile. Mais avec Cali, ils seront en sécurité, et bien traités. Si Liam devrait être inquiété, il est tranquille. Serein. Son équipe est sauve.
« Je te donne vraiment du souci, hein ? Je suis désolé. Tu ne méritais pas ça. »
La seule chose pour laquelle il s'en veut, c'est sans doute ça. Abandonner la blanche alors que leur histoire ne faisait que commencer. Devoir mettre de la distance entre eux quand il avait enfin accepté ses sentiments. Quand il était prêt à s'engager avec elle sur le chemin d'une relation plus tendre que ce à quoi il était habitué. Mais il reste un criminel, et elle, c'est une princesse captive qui a besoin de prendre son envol. De ne pas rester avec une ombre qui pourrait provoquer de cette colombe en quête d'indépendance.
You assumed that I could make you feel it was worth it But all I ever did was drag you down And bring you in and out through hell again My goddess of light, and spring and all things good How wrong, How wrong
Je pense que je m'attends à ce qu'il marchande. À ce qu'il essaie de me retenir, à ce qu'il sorte une excuse ou une solution de son chapeau. C'est ce dont j'ai envie. Qu'il me demande de l'attendre, qu'il me dise qu'il a un plan, que tout sera bientôt réglé. Mais il ne le fait pas. J'aurais dû le savoir. Pour tous ses mauvais côtés, pour toute son arrogance et son illégalité, il y a certaines limites qu'il n'a jamais franchies avec moi. C'est comme le soir de la fête foraine, lorsque j'avais dû le quitter hors du champ de vision de mon chauffeur. Il avait juste compris et il s'était effacé, avait choisi de faire ce qui lui paraissait être le mieux pour moi. Sciemment, à chaque étape, il avait respecté les barrières que j'avais mises en place et honoré mes souhaits alors maintenant, à la toute fin lorsque je lui dis que je ne reviendrai pas, pourquoi est-ce que je m'attends à autre chose ? Il va me quitter comme il m'a aimé, avec respect et affection. Et ça me tue. C'est à moi que ça donne envie d'être malcommode, de hurler et de me battre. J'ai envie de le secouer, de le forcer à être autrement juste pour cette fois. Mais je ne peux pas. Ça ne rimerait à rien. Ça ne nous apporterait rien.
Le King est simplement reconnaissant que je m'occupe de ses Pokémons adorés, considère que c'est déjà beaucoup. Non, c'est faux. C'est le minimum. C'est trois fois rien. C'est la moindre des choses. Et c'est un honneur, aussi, qu'il me fasse assez confiance pour me les confier explicitement. Il ajoute que je devrai être patiente avec Emily, qu'il lui faudra un moment, mais qu'elle comprendra. Ça en fait au moins une de nous deux parce que, de mon côté, j'ignore si je vais y arriver. Si je vais m'y faire. Dramatique ? Peut-être bien, mais dans l'instant présent je n'ai pas d'autres façons d'être. Je n'entrevois pas d'autre avenir. Je ne me pense pas capable d'en guérir. Il a au moins raison sur un point : il m'en donne du soucis, je le lui concède avec un sourire brisé, les larmes aux yeux.
Ça me fait mal, encore, lorsqu'il s'excuse. Lorsqu'il me dit que je ne méritais pas ça. Il a probablement raison, tout au fond, mais on ne me fera pas l'admettre. Je n'ai pas envie de le voir comme ça, je ne le peux pas. J'aimerais me jeter dans ses bras, l'embrasser et le remettre dans le droit chemin. Raviver en lui comme en moi la flamme de l'espoir, mais à quoi bon ? Je ne peux pas faire ça. Je sais que, si je le touche, je ne pourrai plus repartir. Je ne le voudrai plus et on devra m'arracher à lui de force et pas autrement. C'est une scène qu'il vaut mieux éviter, quand même. C'est une question de dignité. Ça ne m'empêchera pas de lui partager ma façon de penser, évidemment. Il n'est pas né celui qui fera se taire Cali Cobalt, surtout lorsque mon coeur déborde ainsi d'amour.
« Ne dis pas ça, s'il te plait. Ce n'est pas comme ça que je le vois, pas du tout. Pas du tout. »
C'est dur de le regarder en face à présent alors que les souvenirs remontent, que je fais le constat de nos moments passés à deux. Mais il le faut. Pour lui comme pour moi.
« Tu as été respectueux, patient, aimant, drôle et j'en passe. Tu m'as montré ce que ça voulait dire d'aimer quelqu'un, tu m'as montré ce que c'était que de se sentir aimée, désirée et respectée. La seule chose pour laquelle tu devrais t'excuser c'est qu'à présent, et pour le reste de ma vie, c'est à toi que je vais comparer tout le monde. Parce que tu as été tellement parfait Liam, tu m'as rendue tellement heureuse et je te dois tellement. Si tu savais à quel point... À quel point je suis reconnaissante... »
Je renifle, je pleure. J'ai mal.
« Je ne regrette rien, absolument rien. Si c'était à refaire en pleine connaissance de cause, en sachant que tu finirais ici, alors je le ferais quand même. Si ça me permettait d'être avec toi encore, même juste un peu, alors je le referais. »
Mes épaules tremblent, c'est difficile de continuer à parler sans m'étouffer dans ma propre gorge.
« C'était tellement bien... la fête foraine... Je me suis tellement amusée tu sais... Et la guitare aussi, t'es vraiment... vraiment un bon prof... Puis j'étais... j'étais tellement contente qu'on ait... notre propre chanson... »
Je craque, je dois enfouir mon visage dans mes mains l'espace d'un instant. Je dois respirer, je dois me calmer, mais c'est si dur. Beaucoup trop.
« Je peux pas... je peux pas faire ça. Je suis pas capable, je veux pas. Je... C'est pas comme ça que c'est supposé se passer. Je peux pas juste te dire au revoir et m'en aller toute seule comme ça... C'est pas possible... C'est pas comme ça... C'est pas en train de se passer... »
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MÉTIER : Boss de la Team Zekrom / Professeur de musique particulier POKÉPESOS : 1025 MES POKÉMONS : Emily - Amphinobi ♀ - Niveau 10 - Protéen - Douce
Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Liam culpabilise de lui avoir amené tant de tracas. Sur le moment, il se disait que c'était la vie, qu'elle ferait avec même si c'était un peu embêtant. Mais après coup, il s'est dit qu'il était bien égoïste. Que la Cobalt, si elle est autant sur ses gardes, ce n'est pas pour rien et que la ballerine, pour lui, doit parfois se transformer en équilibriste et veiller à ne pas tomber de sa corde, car aucun filet ne la retiendra en bas. En plus de l'aimer, il aurait souhaité lui rendre la vie plus simple, ne serait-ce que même un peu. Comment l'alléger ? Comment la soutenir ? Juste en lui offrant son amour ? Est-ce que cela convient ? Est-ce que c'est suffisant ? Pas pour King, qui a envie d'en faire plus. Qui a toujours fait de son mieux pour rester discret peu importe les circonstances. Pessimiste, la blanche rassure, fait preuve de cette douceur habituelle qui lui va si bien. Cali l'a déjà fait par le passé, mais elle recommence : à lui dicter toutes les qualités qu'elle trouve si admirable chez le King et devant lesquelles il demeure aveugle. C'est sans doute la seule qui peut amener sur son visage des nuances de rouge que son teint sombre permet heureusement de dissimuler. La flatterie, il est le premier à en produire pour parler de son caractère qu'il est le seul à supporter. Quand ce sont les autres qui en parlent, en revanche, il tend à ne pas savoir comment réagir, même à être gêné par cela. Elle fait battre son cœur à une vitesse supérieure par des mots si jolis à entendre qu'il ne mérite pourtant pas, tout comme il ne mérite pas une amoureuse aussi merveilleuse, aussi dévouée, aussi gentille, aussi aimante, aussi admirable.
Encore un peu et ce sont ses larmes à lui qui manquent de couler. Les yeux humides, il se retient de justesse de laisser cette marque de faiblesse l'étioler pour le faire pleurer. Aucune larme ne coulera aujourd'hui. Pas tant que la blanche sera là. Pas tant que son propre corps à elle ne pourra se retenir. Émotions la submergent, débordent pour se déverser dans une peine qui lui fend l'âme et attendrirait n'importe qui, adoucirait même un type aussi exécrable que le Boss Zekrom en personne, qui a déjà perdu le combat face à sa princesse. Sa reine. Ce qu'elle dit le comble d'une joie indescriptible qu'il n'a que peu connu alors, ou dans de rares instants. Elle ne regrette rien. Elle le referait, même. Pour lui. Pour ce hors-la-loi qui a passé son temps à l'embêter, à la titiller, à se montrer insupportable. Qui a fait des erreurs auprès d'elle, pour mieux en apprendre par la suite. Elle l'a aidé à grandir. A faire ressortir le meilleur de lui-même. A croire en nouveau à un amour qui peut être réel. C'est lui, qui est, en fait, reconnaissant envers Cali.
Sa mémoire fait remonter les souvenirs qu'il a passé avec elle lorsqu'elle les aborde. C'est des journées passées avec elle qui sont restés en lui comme une sucrerie qui lui faisait simplement plaisir à se rappeler, mais qui le rend nostalgique à présent. C'était une période un peu plus innocente et naïve. Le cours de guitare, la fête foraine, le date qu'il a fait foiré, la chanson sous son balcon... Comme il les aime, ces souvenirs. Ils n'appartiennent qu'à eux. C'est leur histoire. Une histoire qui doit se terminer ? Qui, pour le décider ? Qui pour faire pleurer l'élue de son cœur de cette manière, pour lui infliger une douleur si grande qu'elle doit se cacher dans ses paumes pour ne pas qu'il la voit ? Désagréable, c'est. Mal, ça lui fait. Les larmes, il doit retenir encore. Pas tout de suite. Non, il ne pleure pas. Ce sera pour après, quand elle devra s'en aller. Au lieu de ça, il fait en sorte d'assécher un peu ses yeux avant de se reprendre. Se montrer serein. En paix. Il est si touché par l'amour qu'elle lui porte qu'il ne peut pas se montrer pessimiste, même réaliste. Le violet se rapproche donc de la blanche. Lève ses bras pour les refermer autour de son corps. Enlace la princesse de Sercena pour la serrer contre son torse et reposer son mentor sur sa tête.
« Je ne veux pas que tu souffres par ma faute. »
Timbre doux, mais mots difficiles.
« Mais si je t'ai laissé des souvenirs aussi doux, alors je suis le plus heureux des hommes. »
La toucher, il ne devrait pas. Il n'aurait peut-être pas dû. Il n'a pas pu s'en empêcher. Sa respiration est tranquille.
« Cali, si tu ne veux pas que ça s'arrête, alors ça ne s'arrêtera pas. »
Le choix lui était laissé. Abandonné leur relation si elle le voulait. Ou patienter le temps qu'il se libère de ces chaînes.
« Je trouverai un moyen de sortir. D'une façon ou d'une autre. »
Une promesse ? Impossible d'en faire, en théorie. Surtout après avoir envoyé balader le Viridis qui lui promettait une libération rapide. C'est donner à Cali un espoir qu'il ne peut assurer. Il a envie qu'elle s'y accroche tout de même.
« Attends-moi si tu le peux. Pas trop longtemps. Jusqu'à ce que ça devienne insupportable. »
Un compromis. Il la rejoindra, dès qu'il pourra. Et dans le cas où son cœur ne pourra plus supporter son absence, alors il l'acceptera. Il acceptera qu'elle l'oublie, si tel est le désir de la jeune femme. Mais si à sa libération elle l'aime encore, la flamme montrera qu'elle a été plus forte que l'acier des menottes.
You assumed that I could make you feel it was worth it But all I ever did was drag you down And bring you in and out through hell again My goddess of light, and spring and all things good How wrong, How wrong
Je ne voulais pas que ça se termine comme ça. J'avais eu dans l'idée, au tout départ, de me montrer forte, froide. Je me croyais capable de rester calme et décisive, détachée. Une résolution qui avait fondu comme neige au soleil. Comme je le faisais toujours devant l'ambre ensoleillé des yeux de Liam. C'est de lui que vient le réconfort alors que, doucement, il se rapproche encore un peu et, enfin, fait passer ses bras par-dessus moi en un geste qui n'est pas très naturel. Il est limité après tout, ses poings sont toujours liés. J'ai une pensée lointaine pour les gardes, espère qu'ils le laisseront faire. Qu'on ne viendra pas nous embêter alors que je me colle à son torse, que je ferme les yeux et me retiens de trembler. Si je pleure trop fort alors je ne pourrai plus entendre les battements de son coeur. Je ne pourrai plus profiter de sa voix toute proche. J'aurai du mal à m'imprégner la mémoire de son odeur. Il me faut me reprendre, respirer et me calmer. Heureusement il parle, me donne quelque chose sur quoi me concentrer, même si le contenu est lui aussi crève coeur. Il est un peu tard pour souhaiter que je ne souffre pas par sa faute. J'ai envie de rejeter toute la faute sur Luciano Viridis, mais on sait tous les deux que ce n'est pas le vrai problème, loin de là. Ça aurait pu être n'importe qui d'autre, vraiment.
De beaux souvenirs il m'en a laissé plusieurs et ce par delà ceux que j'ai réussi à évoquer de vive voix. Sans doute même que les plus beaux, justement, ne peuvent être mis en mots. Pas ici. Pas à haute voix. Ils n'appartiennent qu'à nous. Au moins lui aussi parvient à être heureux de tout cela et, du coup, j'ose me dire qu'il ne regrette pas non plus. Qu'il ne serait pas aussi content de lui si c'était le cas. Au milieu de tout ce bordel il y a bien une chose, une certitude qui n'a été que confirmée par toute cette douleur : nous nous aimons, vraiment. C'est à la fois le pire et le meilleur. Surtout le pire, dans les circonstances, mais quand même. J'aimerais simplement avoir la même force que Liam qui, de son côté, reste calme, maîtrisé. C'est moi la fille de politicienne, la figure publique. Je devrais en être capable moi aussi et probablement mieux que lui. Sauf que rien de tout cela ne compte lorsqu'il est question de mon criminel préféré. De ce voleur qui s'est glissé dans ma chambre en pleine nuit pour y dérober mon coeur.
Et, enfin, il m'offre ce que j'attendais, ce que je désirais de tout mon être. Ça n'a pas besoin d'être la fin. Si je ne veux pas que ce le soit alors pourquoi est-ce que ce le serait ? Lui trouvera un moyen de sortir d'une façon ou d'une autre, peu importe comment. Et je suis tentée de le croire. J'ai envie, vraiment, de me fermer à la réalité et de simplement accepter ses mots comme une évidence. De croire que, dans un avenir rapproché, il s'enfuira d'ici pour venir me chercher et que, sous le couvert de la nuit, nous partirons ensemble loin, très loin, là où personne ne saura ce qu'est une Cobalt ou ce qu'est un Zekrom. Là, enfin, nous pourrons retourner vivre dans le rêve qu'avait été notre relation jusqu'à présent, sans la moindre ombre au tableau. Sans la crainte de l'influence de ma mère. Sans la douleur des conséquences de la criminalité de Liam. Je dois juste l'attendre aussi longtemps que possible, jusqu'à ce que je n'y arrive plus, et ensuite ce sera fait. Ensuite il n'y aura plus rien pour se mettre entre nous. Comme ça me fait envie. Je veux tellement, tellement y croire.
« Liam... »
Mes faibles doigts se referment contre le tissu de sa tenue de prisonnier. J'ai envie de dire oui à tout, de lui promettre d'attendre aussi longtemps que nécessaire. De lui dire que mes sentiments ne changeront pas, qu'il n'aura qu'à penser à moi dans ses moments de faiblesse parce que moi, de mon côté, je serai en train de penser à lui.
« Je t'aime, mais... C'est déjà insupportable. C'est déjà... »
Il est déjà trop tard. Liam a été arrêté. Tous les journaux parlent de lui et, si son nom n'est pas mentionné sur le papier, c'est tout comme. Déjà qu'il n'a jamais prit la peine de se masquer dans l'Underground, mais là c'est bien pire. On finira par le voir, son identité sera connue du grand public, c'est inévitable maintenant. Même si un jour il sortait, même s'il revenait me voir, alors je n'aurais plus d'excuse. Je ne pourrais pas m'en tirer en proférant que je ne savais rien de ses activités illégales. Je n'ai plus de porte de sortie et, même si c'est lâche de dire ça, même si ça me fait me sentir sale, c'est la vérité. C'est le genre de choses auxquelles je pense. Je n'en ai pas le choix.
« Je suis contente que tu me dises tout ça tu sais. Je pense que, quelque part au fond de moi, je penserai toujours à toi. Je me dirai toujours : si j'étais avec Liam à la place, je m'amuserais tellement plus. Mais la réalité... La réalité c'est que d'aimer quelqu'un ça ne suffit pas toujours. »
Je donnerais tant pour que ça suffise pourtant. Si seulement.
« Tu as fait tes choix il y a bien longtemps et... Même si tu sortais demain matin ça ne changerait rien, pas vrai ? Le monde sait qui tu es maintenant. À vouloir tout avoir, maintenant... Il ne te restera plus rien. J'ai envie d'y croire, vraiment. Je paierais cher pour voir un gentil Liam qui n'a rien à se reprocher et que je serai enfin libre d'aimer au grand jour sans devoir me cacher, mais je ne peux pas te demander ça. Déjà parce que ce n'est en partie plus de ton ressort et parce que, surtout, je ne me pardonnerais jamais de te demander d'abandonner toute cette part de toi, d'abandonner quoi que ce soit de ce qui fait qui tu es. Je t'aime tel quel, en entier avec tes défauts et tes qualités et ta grande gueule et ton arrogance. J'ai confiance en toi, totalement, même quand tes mains sont couvertes de sang. Mais ce serait tellement plus facile si ce n'était pas le cas. Si je pouvais te présenter à ma famille, si je pouvais marcher avec toi main dans la main en pleine rue sans me demander si ça ne va pas apporter le déshonneur à ma famille et discréditer tout ce pour quoi je me bats depuis des années. »
Je marque une pause douloureuse, ferme les yeux. Je me presse contre lui plus fort.
« En l'état... même si je t'aime, même si je t'attends... »
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Lui promettre la lune alors qu'il n'a fait que fantasmer d'y poser les pieds, c'est bien audacieux de sa part. Il aime à croire tout ce qu'il dit. Tout ce qu'il peut lui confier. Il veut la rassurer. Il veut qu'elle reparte de ce pénitencier sans larme et sans blessure. C'est impossible. Il le sait. Elle souffrira. Elle souffre déjà. A cause de lui. A cause de Luciano qui est venu l'affronter en le prenant en traître, dirait-il, mais Liam ne peut pas cacher longtemps le blâme qui lui revient. Il essayait lui-même de se convaincre, probablement, sans parvenir toutefois à le faire véritablement. King est très terre-à-terre, d'ordinaire, ce comportement est donc inhabituel chez lui. Le violet n'a pas peur pour lui. Mais cette situation le fait chier. Et encore plus depuis qu'il a décidé de se mettre en couple avec Cali. Si la jeune femme n'était pas là, il aurait sans doute moins de mal. Le basané avait tant de choses encore à lui dire et à lui faire découvrir qu'il se retrouve bien embêté. Et le Viridis qui tente de l'amener dans ses filets pour mieux l'avoir sous sa botte. Pour une fois, il est en position de faiblesse, et il a toujours détesté ça.
A sa voix quand elle reparle, il sait qu'il n'entendra pas ce qu'il veut. Que ça ne va pas être plaisant à écouter. Pas plaisant, mais il le faut. C'est un coup de fouet nécessaire. "Je t'aime, mais..." C'est à la fois une douceur et une torture. "Mais". Mais ils ne pourront pas continuer. Ils devront peut-être s'arrêter là, en fin de compte. Pas par envie, loin de là. Tous deux veulent continuer leur histoire, voir où ça va les mener, expérimenter d'autres moments de bonheur, partager de nouveaux souvenirs. Mais. Il y a ce "mais" qui dérange. Ce "mais" qui va les empêcher d'être heureux. Il y a ces chaînes, littérales et métaphoriques. Et il y a ce grand blond qui les observe de son regard d'acier, où qu'il soit, avec son épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Et si Liam aime aussi tant Cali, c'est parce qu'elle accepte justement à la fois ses qualités et ses défauts. Ils constituent son charme, quelque part, il faut juste savoir passer au-dessus. Ils se complètent l'un l'autre, et c'est pour ça que leur duo marche si bien, pour ça qu'il n'a pas pu s'empêcher de l'aimer en retour, de lui confier son cœur qu'il gardait pourtant si jalousement en lui.
Imaginer ce qui se passerait s'il sortait n'était pas prévu au programme chez lui. Le Zekrom aurait sans doute dû y réfléchir, mais c'est un peu tard. Le mal est fait. Il est enfermé. Si un jour il sort, on le saura. Alors quoi ? Il ne sait pas. C'est pour ça qu'il ne veut pas y réfléchir. Advienne que pourra, se dit-il toujours. Il faut continuer à avancer, sans s'arrêter, sans se retourner, sans hésiter. La tête haute, le dos droit, les yeux rivés vers cet horizon au-delà des barreaux de la prison. Oui, ce serait en effet plus simple, si c'était un bon samaritain. Il serait plus ennuyeux, mais il aurait moins de problèmes. Et Cali aussi, par conséquent, aurait moins de problème. Elle pourrait le présenter fièrement -ou presque- à sa famille, à Adonis même s'ils se connaissent plus que bien, à Lilith qu'il aurait essayé de séduire pour se faire accepter, et à tous ceux aux yeux de qui il aurait dû faire ses preuves. Pour la blanche, il aurait fait tous les efforts du monde, s'il pouvait être avec elle.
« Je comprends. »
Il a été égocentrique. Les conséquences se dévoilent à présent devant lui. Il doit les accepter, y faire face, se montrer fort pour soutenir Cali et ne pas donner raison à Luciano même si plus il voit la Cobalt, et plus l'offre lui paraît diaboliquement tentante. Mais il ne doit pas se laisser impressionner. Il doit sûrement y avoir une autre solution.
« Peu importe tes choix, je les accepterai. »
Pour le moment, Cali doit vivre sa vie. Liam, même s'il veut rester avec elle, ne peut pas lui demander l'impensable non plus. Il préfère la savoir loin mais comblée plutôt que proche et souffrante.
« Je veux juste que tu me promettes que tu seras heureuse dans ceux que tu feras. »
Ses ambres qui brillent à la lumière trop forte de la pièce s'abaissent vers sa princesse, dont le visage si beau lui manquera. Il n'a pas peur pour elle. Il a confiance. Il lui sourit, ne désirant pas qu'elle s'en aille en culpabilisant trop de le laisser. Sur son front, il vient déposer un baiser, aussi doux que triste. La voilà libre. Qu'elle s'attache à un.e autre, pourvu que ses larmes s'assèchent.
You assumed that I could make you feel it was worth it But all I ever did was drag you down And bring you in and out through hell again My goddess of light, and spring and all things good How wrong, How wrong
Mon monologue est fait. Ma cause a été plaidée, mes mots prononcés. Je ne veux rien lui demander, rien lui imposer, mais en posant les faits j'ose croire qu'il y comprend que j'y ai brodé mes désirs, mes espoirs. Mon scénario idéal. Mon rêve. À force d'être gâtée par lui j'ai fini par vraiment y croire à cette histoire de génie tout droit sortit de sa lampe. Ce n'est pas ma faute, c'est la sienne. C'est lui qui m'y a habitué. Chaque fois que je prononçais un souhait à voix haute, même juste une envie passagère ou cocasse sans arrière pensée, lui l'avait saisie au vol. Il m'avait prise au pied de la lettre et, pratiquement à chaque fois, mes désirs avaient été des ordres. Mais pas cette fois. Pas sur ce sujet là. Je m'en doutais. Je le savais. Il y a des compromis qui ne se font pas et, mine de rien, je le pensais véritablement en disant que je ne me le pardonnerais pas si je lui imposais quoi que ce soit. Alors, quand il me dit comprendre, je ferme les yeux. J'accepte en retour. Je comprends alors qu'une larme roule sur ma joue. Le rêve est terminé. Il faut se réveiller maintenant, voir les choses en face. Si nos coeurs sont faits pour être enlacés, nos vie le sont moins. Beaucoup moins.
Peu importe ce que je fais à présent, Liam est prêt à l'accepter. À s'incliner et à me donner sa bénédiction. Il n'y a qu'une seule condition, qu'un seul bémol : je dois être heureuse. Je me sens tressaillir, amère face à la complexité de ce qu'il exige. Réalise-t-il seulement à quel point ce sera difficile ? Impossible même, j'en suis pratiquement persuadée. Comment est-ce que je pourrais vraiment être heureuse si lui n'est plus là ? Si je dois faire des choix qui m'éloignent toujours un peu plus de lui, nous rapprochent de l'irréconciliable à jamais. Des choix qui nous priveront peut-être d'un retour en arrière. Mais, pour ça, il faudrait déjà que lui sortes de prison, pas vrai ? Je dois m'en souvenir, me le répéter constamment : Liam est derrière les barreaux et il le sera longtemps. Trop longtemps. Assez de temps pour que je me réinvente plusieurs fois, pour que je rencontre nombre d'individus que je n'imagine même pas dans l'immédiat. Peut-être même que, d'ici là, Liam n'aura pas le coeur à venir me retrouver. Peut-être qu'il sera trop tard pour ça. Que j'aurai accepté mon destin de fille de grande Famille.
Serait-il une mauvaise chose d'être honnête ? De lui dire l'étendue de la peine que je ressens ? De lui signaler que ce qu'il demande est impossible ? À quoi bon. C'est sans doute, probablement, très sûrement notre dernière conversation. Il est fini le temps des échanges d'idées, des compromis et de la recherche de solution. Ce que je dois me demander, ce que je dois vraiment considérer, c'est ce que je veux lui laisser. Au bout de la journée, lorsqu'il devra vivre entre ces quatre murs en tant que prisonnier, à quoi est-ce que je veux qu'il pense ? Quel souvenir ai-je envie de lui laisser ? Alors je me force, je me fais violence. Je vais lui mentir et puis tant pis. C'est la meilleure chose à faire. C'est la seule chose à faire.
« Je prendrai soin de moi au mieux, je te le promets. Tu n'auras pas à t'inquiéter pour moi. »
C'est dur de ne pas éclater en sanglots lorsqu'il me baise le front avec bienveillance, avec tendresse. Est-ce que ce serait mal de lui attraper le col, de me hisser sur la pointe des pieds et de lui voler un baiser ? Juste un dernier. Un tout petit. Juste un seul pour laisser mon coeur achever de quitter mon corps et aller se lover dans le sien. L'envie ne manque pas, évidemment. C'est ma dernière occasion. Mais est-ce que ce ne serait pas nous faire souffrir inutilement ? Sauf que... Il est là pour accomplir tous mes désirs, n'est-ce pas ? C'est ce qu'il s'est tué à m'inculquer, toujours. La liberté de faire ce que je veux et quand je le veux. De suivre les élans de mon coeur comme les vagues suivent la marée. De ne rien m'interdire tant que je suis avec lui. Peut-être que, plus qu'un baiser, c'est un hommage. Une preuve que, même si ce sera dur de poursuivre sur cette voie sans lui, j'ai apprit ne serait-ce qu'un tout petit peu. Juste assez pour prendre une mauvaise décision à la toute fin. Une toute petite mauvaise décision de rien.
« Juste sur le front ? Allez, penche toi, j'ai pas mes talons. »
Au final j'aurais pu le faire sans demander, je le sais. Il s'exécute toujours dans ces cas là et, je l'admets, je le fais aussi. Puis bon, dans les circonstances, il n'a pas le choix. Sinon je monte sur une table, rien à faire. Je veux juste l'embrasser. Je veux me souvenir du goût de ses lèvres, me presser contre son corps une toute dernière fois. Passer la main sur sa joue en toute affection. C'est juste compliqué, dans ces conditions, de ne pas être honnête. Si mes mots ont menti alors mon corps n'y arrive plus. Je pleure, je sanglote, mais je m'accroche. Ma main libre se referme sur le tissu de son habit de prisonnier comme des serres. Au final on en aura probablement eu de meilleurs, des baisers, mais aucun qui soit aussi douloureux. Aussi plein d'émotion. Parce que, mes lèvres contre les siennes, j'ai l'impression de lui murmurer toutes les choses que j'ai été incapable de formuler. Toute ma peine, tout mon manque. Tout mon amour.
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L'absence de Liam signifie un gouffre dans celui de la blanche, il s'en doute. Futiles sont ses demandes de faire attention à elle quand il la connaît depuis le temps et qu'il a bien remarqué qu'elle était meilleure à donner de sa personne qu'à s'en occuper. Forte et têtue, la ballerine demeure aussi fragile que les poupées qu'elle incarne dans ses ballets. C'est lui qui a demandé, mais elle aura beau faire mille promesses, il décidera de ne croire que ce qu'il verra de ses propres yeux. Et pour l'instant, ce qu'il voit, c'est sa princesse dans ses bras qui ne résiste pas, finalement, à l'appel des larmes. Cali doit se montrer sans faille, de manière continue. Le Zekrom était un peu comme un journal intime à qui elle pouvait tout dire en étant la plus naturelle possible. Si elle l'aime dans tous ses états, c'est réciproque. Ses défauts comme ses qualités, il a appris à les connaître et à les chérir, car c'est ce qui la rend si attachante et aimante, pétillante et pleine de surprises. Du moins, dans les circonstances normales. Pas lorsqu'elle doit visiter, pour la dernière fois sans doute, celui à qui elle a tout donné par amour. Son propre cœur est déchiré par ses adieux même s'il n'en montre rien, du moins beaucoup moins que son interlocutrice. Le violet décide de rester presque intouchable. Pour qui ? Pour elle, bien sûr. Pour qu'elle ne prenne pas peur de laisser venir jusqu'ici le flot d'émotions qui la parcourent et la traversent comme une véritable marée. S'il y a bien un endroit où elle pourra se lâcher, c'est ici et maintenant, dans les bras de son protecteur devenu prisonnier.
Le front ne suffit pas. Elle désire davantage. King n'osait pas, mais il ne faut pas lui dire deux fois. Lui aussi, le voulait, ce baiser si attendu qu'ils ignoraient pouvoir partager. Sont-ils observés ? Au fond, peu importe, car ce qui est primordial, c'est eux. Oui, peut-être qu'on les regarde, et alors. Si c'est bien la dernière fois que Cali peut venir, alors Liam ne voit pas pourquoi il se retiendrait. Pour la provocation, il irait même plus loin qu'un baiser, s'il se le permettait. Mais ce sera bien assez pour cette fois. Comme les ordres de la Cobalt sont les seuls qu'il accepte de suivre, il se penche donc afin que leurs lèvres se touchent, s'embrassent, se caressent. Un geste avide qui lui avait manqué. Du mieux qu'il peut, il rapproche même le corps entre ses bras pour s'y coller. Tout chez elle lui donnait envie, mais il sait qu'une fois cet échange passé, il n'y en aura pas d'autres. Le rebelle savoure cette bouche rosée et moelleuse qui ne font plus qu'un avec les siennes. C'est dangereux. Mais qui s'en moque, à l'heure actuelle ? Ils considèrent qu'ils en ont bien le droit, finalement, après ce qu'ils ont traversé.
Arrive le moment où ils doivent se séparer. Pas de trop loin. Leurs visages ne se trouvent qu'à quelques centimètres de distance, au point que leurs souffles chauds se mêlent ensemble. Pour la première fois, le hors-la-loi se dit que c'est bien injuste. La vie n'a pas à infliger ça à l'héritière de Sercena, qui a sur ses frêles épaules déjà de nombreux devoirs à assumer, et dont le rôle de King était de l'en écarter quand le fardeau devenait trop lourd. Cette option ne sera plus envisageable, et c'est l'une des choses qui le frustrent le plus, qui lui ferait même presque ravaler son ego. Mais son ego n'a rien à faire dans les parages quand Cali s'y trouve aussi. A sa reine, il réserve ses mots et ses sourires les plus tendres d'où transparaissent toute son affection pour celle-ci.
« Merci de m'avoir confié ton cœur, Cali. »
Sa voix chaude glisse au creux de son oreille. Des centaines de milliers d'habitants à Cinza, et c'est sur lui qu'elle est tombée. A lui qu'elle a décidé de s'ouvrir, de s'offrir, de partager des moments intimes qui furent très spéciaux pour eux. S'il y a bien une personne reconnaissante envers l'autre, c'est Liam. Car sa vie, sans elle, ne serait peut-être pas vide, mais elle serait lacunaire. C'est elle, l'air qu'il respire, sa lumière, sa joie de vivre, la princesse qui lui a fait découvrir les joies des relations amoureuses pour le réconcilier avec. Celle à qui il continuera de penser quand elle s'en ira et qu'il se retrouvera seul, à la fenêtre de sa cellule avec pour seule compagnie la lune, aussi blanche et brillante que celle qui a pris une place définitivement trop importante dans son cœur.
You assumed that I could make you feel it was worth it But all I ever did was drag you down And bring you in and out through hell again My goddess of light, and spring and all things good How wrong, How wrong
Pour un instant il n'y a plus que nous. Il n'y a plus que cet amour interdit, impossible. Et c'est un risque ça aussi. Certes, je ne suis plus à ça près. Luciano Viridis a comprit ce qui se tramait, j'en suis presque certaine. Et, maintenant, ses caméras de surveillance lui auront donné le cliché du siècle : Cali Cobalt et Liam King en train de s'embrasser comme si leur vie en dépendant. Comme si leur vie se terminait. Parce que pour eux, pour nous, c'est le cas. Rien ne peut nous être enlevé qui ne l'a pas été. Nous n'avons plus rien à perdre de valeur puisque, déjà, nous nous sommes perdus l'un l'autre. Ils ne peuvent rien faire de pire. Absolument rien.
J'aimerais me souvenir de tout. Du goût de ses lèvres, de la chaleur de sa respiration. De la force de ses bras qui me serrent contre lui. Du picotement de sa barbe lorsque ma main lui caresse amoureusement la joue. Je ne veux rien perdre. Ne rien oublier. Surtout pas son regard si doux, sa voix toute proche. J'aimerais mourir, ici et maintenant, pour ne jamais avoir à vivre loin de lui. Pour ne jamais avoir à me lever demain matin sans lui. Pour ne jamais avoir à affronter l'avenir sans ses blagues pourries et ses arrivées surprises sous mon balcon. C'est dramatique, je le sais bien, mais comment ne pas l'être ? Liam me remercie de lui avoir confié mon coeur et je ne peux qu'acquiescer parce que ce n'est rien au fond. Ça m'a fait plaisir. Tellement plaisir. Alors je le lui dit, je le lui exprime.
« Merci d'en avoir pris soin, Liam. Je t'aime. »
Aujourd'hui, demain et tous les jours qui suivront. Je l'aime. Un sentiment sans fin, sans faiblesse. Et c'est tout ce que c'est. Un sentiment qui, bientôt, redeviendra secret. Sera verrouillé à doubles tours, enfouis. Jamais oublié, ça non, mais ce ne sera pas faute d'essayer.
Notre temps ensemble touche à sa fin et des bruits nous parviennent de l'autre côté de la porte. Quelqu'un va ouvrir, nous demander de nous séparer. Il est déjà l'heure. C'est passé si vite. Beaucoup trop vite. Alors je le laisse repasser les bras par-dessus moi, pour me libérer de son étreinte. Ça me blesse et je mets quelques instants à l'accepter, à laisser m'échapper le tissu de sa combinaison alors que je me force à faire un pas vers l'arrière. Mes yeux ne sont que larmes alors que, pour la dernière fois, je lui échange un long et douloureux regard d'adieu. Regard qui est interrompu par les gardes venus nous reconduire. Lui dans sa cellule, moi sur le chemin du retour. J'ai l'impression qu'à moi aussi on a mit des menottes. Que je suis tout aussi prisonnière que lui. Il est en prison. Je suis embourbée dans mon destin. Une combinaison qui n'est pas sans rappeler l'eau et l'huile.
Résignée, je m'assieds sur la banquette arrière de la voiture qui a été préparée pour moi. Je fouille mes poches à la recherche de mon téléphone que j'extirpe silencieusement, sans parler au chauffeur. Je sais où on s'en va, je l'ai vu prendre le chemin de l'autoroute qui mène à Sercena. Alors j'enfouis les mains plus loin, vais retrouver ma paire d'écouteurs sans fils pour mieux les glisser dans mes oreilles. Je cherche une chanson, dans mes dossiers de musique et, lorsqu'elle commence enfin à jouer, je me serre contre moi même. Je m'enlace dans ce hoodie oversized, ferme les yeux en me remémorant la scène qui vient tout juste de se produire. Je pleure aussi, tout doucement. Et, dans mes oreilles...
I bet she's never had a backstreet guy I bet her momma never told her why
JE SUIS : Membre INSCRIT LE : 23/05/2022 NOMBRE DE MESSAGES : 258
MÉTIER : Boss de la Team Zekrom / Professeur de musique particulier POKÉPESOS : 1025 MES POKÉMONS : Emily - Amphinobi ♀ - Niveau 10 - Protéen - Douce
Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Une prison ? Ce n'est rien de plus qu'une cellule. Rien de spectaculaire. Une rupture ? En temps normal, ça aurait été encore plus banal. Encore moins grave. Pas qu'il ait eu beaucoup de relations, ceci dit. Des ruptures d'une nuit, consenties ou non avec les autres. Aucune promesse ne leur avait jamais été faite, après tout, il ne leur a jamais rien dû. Pas de mensonges, ou alors des petits, mais des monts et merveilles ? Très peu pour lui. Rien de tel. Pas de ça. Cali, contrairement aux autres, est réelle, à ses yeux. Ce n'est pas juste une phase, pas juste une passe, pas n'importe quelle femme. On l'adore ou on la déteste. Lui, il l'aime. Il en fut le premier surpris, le premier interloqué, le premier à s'interroger, le premier à vouloir être sûr que ce n'était pas qu'une chimère. Quand elle n'est pas là, elle lui manque. Elle est dans ses pensées. Souvent. Elle est élégante et gracieuse, drôle et bornée, douce et affectueuse, forte et courageuse, aimante et passionnée. Elle est tout cela à la fois.
Je t'aime.
Elle lui caresse la joue de sa main bénie. Reste tout le contraire de lui. C'est une innocente, c'est un criminel. Rien n'aurait dû les réunir. Rien n'aurait dû faire en sorte qu'il ait des sentiments pour elle. Elle lui déclare, comme d'autres fois, son amour. Et il aimerait le lui renvoyer. Les mots restent bloqués dans sa gorge. Les lèvres bougent mais le son ne suit pas. Bien sûr qu'il a pris soin de son cœur. Il n'aurait pas pu faire autrement. Liam le sait précieux. Le sait unique. Le sait fragile. King est bien des choses, surtout des défauts, mais il n'a pas voulu jouer avec ou la trahir. Elle ne le méritait pas. Tout comme elle ne méritait pas non plus de s'éprendre d'un hors-la-loi tel que lui. Les choses sont ainsi faites, et lui-même a succombé, finalement, à cette tentation que sont les sentiments, même s'il a toujours vu ces derniers comme dangereux. Ils constituent une faiblesse. Aujourd'hui encore, il en a la preuve. Trop tard, il est tombé dans le piège. Mais un piège qui fut si tentant qu'il n'a pas pu y résister. C'est dire comme il est puissant. Regrette-t-il ? Non. Pas le moins du monde. Même si ça ne lui ressemble pas, il est heureux d'avoir croisé la route de la blanche et d'avoir partagé avec elle tous ces souvenirs de bonheur qu'ils ont façonné ensemble.
L'idylle doit prendre fin. Il fallut bien. Le bruit d'une porte douloureuse à entendre par ce qu'elle signifie. On vient lui prendre sa reine. Lui enlever pour une durée qu'il sait indéterminée. Cela peut être pour quelques jours. Pour quelques semaines. Pour quelques mois. Pour quelques années. Qui sait ? Qui a les réponses ? Lui ? Luciano ? Personne, peut-être. C'est une équation dont le résultat dépendra des éléments qui la composent. C'est à contrecœur qu'il doit la laisser. La libérer de ses bras dans lesquels elle était pourtant si bien. Le sourire de son roi ne quitte pas ses lèvres. C'est difficile, mais il veut qu'elle s'en aille avec l'esprit le moins lourd possible. Ça ira, veut-il lui dire, même s'il sait qu'il n'y croira pas. Ça ne peut pas aller, si elle est loin de lui. Mais ça fait partie du jeu. Il a joué. Il a perdu.
Les amoureux se quittent, du moins, on les force à se quitter. Finalement, il la délivre, car il le faudra bien. Et elle est emmenée. Liam s'oblige à garder ses yeux posés sur le regard déchirant que lui offre sa belle. Les larmes reprendront. Du côté de Cali. Mais du sien aussi. Il admire son si doux visage une dernière fois, et elle finit par disparaître. Aucune réaction de sa part n'est faite quand l'entrevue est officiellement terminée. Il ne bouge pas. Ne répond pas. Stoïque comme ça ne lui ressemble pas, lui qui a toujours de la répartie à revendre, des mots cinglants à rétorquer, des blagues douteuses à faire. Silence total. Mutisme toujours quand on le raccompagne en cellule. Ses camarades tentent de lui soutirer des informations croustillantes, mais il les ignore, pour une fois. Rien ne sort. Il faudra attendre que la lune soit bien haute, propageant sa lueur à sa fenêtre. Seul avec ses propres pensées, les images de leurs retrouvailles se déroulent dans sa tête, encore. Encore. Il la revoit pleurer. C'est lui qui la fait pleurer. Elle n'est plus là, maintenant. Il ne la reverra plus. Et les larmes, enfin, se permettent de couler. Sans un bruit. Elles coulent de ses yeux ambrés, trahissant ce qu'il tente de cacher de son sourire cassé.
She'll see I'm not so tough Just because I'm in love with an uptown girl
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