Les maisons colorées qui bordent la rue principale et les rues adjacentes, donnant à la ville un charme pittoresque. La vue spectaculaire de la ville qui s'étend à l’horizon, depuis votre petit jardin. Les vagues qui viennent s'écraser doucement sur la plage de sable et le doux murmure de l'eau qui vient te bercer, bien sagement dans ton berceau. Ta mère, doucement penchée au-dessus de toi, rigole d’une voix légère et douce, alors que son index vient s’agiter sous ton regard émerveillé, tandis que tes petites mains font de leur mieux pour attraper celui-ci.

« Tu crois qu’elle prendra de qui Torben ? Moi je l’imagine bien coordinatrice, comme sa maman ~ »

Son index s’écrase gentiment sur le bout de ton nez, t’arrachant un gazouillis adorable face auquel elle ne peut que fondre, la voix se faisant plus mielleuse encore, face au visage de son enfant.

« Awwn mais oui ma petite Perlette, tu seras une super star ! Comme moi ! Je t’apprendrais à jouer la comédie tu verras ! ~ »

Un pas plus lourd qui résonne, s’approche. Une ombre massive qui se dessine au-dessus de ton lit qui se balance au rythme des vagues. Un sourire, plus large, plus brute. Le visage, barré d’une large cicatrice en forme d’éclair, n’est que tendresse alors que deux mains larges et rugueuses te soulèvent et que tes rires se font plus grands, plus joyeux. La voix qui résonne est rauque, et pourtant tendre. Les mots sont chaleureux, comme son étreinte, alors que tu t’envoles un peu plus haut dans le ciel bleu, sous le chant des goélises qui survolent la petite maison au toit rosé.



« Et moi je pense qu’elle sera comme son papa ! Une future championne d’arène ! Regarde-moi ce regard de guerrière ! Pas vrai ma petite tempête chérie ? »

Ses lèvres embrassent tes joues, encore et encore, tendrement, jusqu’à rougir les pauvres malheureuses. Ta mère se lève, ricane, se joint à l’étreinte, tendrement, jalouse de ne recevoir aucun des précieux baisers de son époux. Et les voilà parti, les deux amoureux. Ensemble, ils rient, te regardent avec tout l’amour du monde, toi l’enfant qu’ils ont tant eu de mal à avoir. Leur trésor. Leur perle.

De nouveaux pas, et tu t’agites, alors que la forme violacée à la crète d’énergie bleutée s’approche. Tu tapes des mains, encore plus excitée qu’avant, et ton père rigole à nouveau, venant doucement te déposer dans ton lit, alors que la créature s’approche un peu plus.

« Salarsen, tu veux bien nous jouer un petit morceau ? Ta plus grande fan n’arrivera pas à dormir sans ! »

Un cri joyeux, suivi bien rapidement de quelques notes de musiques, qui doucement résonnent, virevoltent dans le vent, emporté loin, loin, au pays des rêves, alors que tes petits yeux se ferment sous la fatigue.

Ton enfance fut douce. Paisible. Joyeuse. Ta mère, Camilia, travaillait beaucoup pour son travail. Une fabuleuse actrice comme elle voyageait souvent. Alors, c’est ton père qui t’a principalement élevé, au milieu de ses pokemon. Ton père, c’était ce genre de figure que personne ne pouvait ignorer. Grand, imposant, le visage balafré par un accident avec un de ses propres pokemon et surtout, le champion de la foudre de la ville de San Camari. Celui qui déchainait les tempêtes face à ses adversaires. Un homme qui t’a toujours montré son amour. Qui t’a enseigné le respect des pokemon. Appris à les comprendre. Un homme juste qui poussait ses chalenger à communiquer avec leurs pokemon dans l’espoir de la vaincre. C’est lui aussi, qui t’a initié à la photographie. C’était comme ça qu’il avait rencontré ta mère. Il disait que prendre en photo quelque chose, c’était honorer sa beauté. Sa nature même. Et il fut ton sujet préféré. Combien de cliché as-tu réalisé, depuis les bancs de l’arène ? Beaucoup trop pour les compter.




Et puis tout a bousculé. D’un jour à l’autre, ton père est devenu, aux yeux du gouvernement, l’ennemi à abattre. Il aurait pu fuir. Oui. Rejoindre celle qu’il aimait à Unys. Et pourtant, non. Il a sagement attendu qu’on vienne le chercher. Tu te souviens de tout. La pluie. L’orage. Les vagues qui s’écrasaient contre les cotes, comme hurlant leur désaccord.  Ton souffle irrégulier alors que tu courrais à toute vitesse en direction de l’arène, en haut de la ville. La douleur brûlante de tes poumons. L’eau glaciale qui te trempait jusqu’aux os. Un coup de tonnerre, alors que tu passais enfin la porte principal. Le grincement sinistre des menottes autour de ses poignets. Ta voix qui se brisa à hurler son nom, alors qu’on t’empêchait de le rejoindre. De l’aider. De le sauver. Et puis, son sourire doux. Son regard doré dans le sien. Sa voix puissante qui s’était élevée dans la pièce, imposant le silence à tous.

« Je ne fuirais pas. Je suis fier de mon travail. Je suis fier de mon équipe. De mes précieux amis. Alors continuez de croire, parce qu’un jour, tout ceci prendra fin, je vous le promets. »

Le silence. Encore. Long. Glacial. Encore une fois brisé par l’homme à la chevelure blonde. Cette fois, d’un ton plus doux, alors que les larmes te brûlent les yeux.

« Dis à ta mère que je suis désolé. Je ne pouvais pas trahir mes convictions. Et dis-lui que je l’aime, ma précieuse petite tempête. Tout comme je t’aime toi. »

« Papa !! »



La solitude. La peur. La colère. Tu étais seule. Ton père était maintenant emprisonné, au nom d'un régime politique avide. Ta mère ne pouvait pas revenir vivre dans la région. Pour elle, l'idée même d'y retourner, pour obéir à un tel gouvernement était impossible. Et toi, tu ne pouvais pas partir. Tu ne pouvais pas abandonner cet endroit que ton père chérissait. Alors, du haut de tes seize ans, tu as commencé à vivre seule, de l’argent que ta mère t’envoyait depuis la région voisine. Tu as travaillé dur, encore et encore, pour être accepté à l’université en tant que chercheuse en comportement pokemon, bien décidée à prouver la vérité à l’aide de tes photographies. À montrer la beauté, sous toutes ces formes. Et petit à petit, tu as fait grandir ton auditoire. Ton art a commencé à saisir les cœurs. La poésie de tes clichés. La lumière. L’ombre. Le vent. La pluie. La terre. Le ciel. La passion. Ton nom a commencé à résonner, plus fort chaque fois.

Perle Asterope. Fille d’un champion. Fille d’une coordinatrice. Artiste et scientifique.

Perle Asterope, dont le nom résonne comme le tonnerre en pleine tempête.

C’est devenu dur de t’ignorer. Encore plus quand tu as commencé les concours, aux côtés de ta petite boule de poil. Les regards se sont tournés vers toi. Civils. Gouvernements. Rebelles. Et tu les as rejoints. M.U.N.J.A , convaincue de pouvoir faire plus. D’éveiller à travers l’art. À travers tes mots. Tu es devenue la petite voix d’un mouvement qui dérange dans l’ombre. Sur la scène, tu danses, attire l’attention. Te faire disparaître est trop compliqué. Tu es la fille d’un champion, mais tu es innocente de tout crime. Tu ne fais que parler. Mais tes mots font mal. Visent là où il faut. Comme si tu savais déjà. Comme si on te murmurait à l’oreille. Mais comment le prouver ? Tu es un fou sur l’échiquier et tu es prête à te faire avoir, si ça permet l’échec et mat.