Un problème d'arachnides

Encore. C’était la deuxième fois qu’on t’appelait pour aider à gérer les déboires liés à l’impressionnante saison de reproduction qui avait secoué la région. C’était normal, tu étais étudiante en science pokemon, et les grandes pompes du laboratoire où tu travaillais dans le cadre de tes études étaient tous débordés avec des cas plus complexe. Alors, on t’envoyait. Au fond, tu préférais ça. La guarda finissait toujours par faire plus de mal que de bien, et au moins, quand tu étais là, tu pouvais aisément prendre le contrôle. Tu étais reconnaissante d’avoir hérité cette voix de ton père. Ferme, impressionnante, autoritaire et pourtant chaleureuse. Une voix charismatique qui te permettait de garder le contrôle.

Mais cette voix, ce n’est pas ce qui allait te permette de faire fuir les petites arachnides qui s’étaient déclarées maîtresses des lieux, empêchant le superbe observatoire, qui faisait la fierté de la ville, de fonctionner normalement. Alors, quand tu arrivas, tu fus presque accueillie comme une héroïne, dont la venue seule signifiait la fin des problèmes. Une réaction surprenante, qui te fit rire, légèrement, alors qu’un des scientifiques t’emportait en tirant sur ta manche en direction de la source du problème.



« Mademoiselle Asterope, nous attendions votre venue avec impatience ! Vous savez, les rumeurs vont vite dans la communauté ! Nous avons appris que vous vous étiez chargés des ratatas à la Capitale, en limitant au possible le conflit ! »

Gênée, tu te massas la nuque, suivant le vieil homme bien sagement.

« Oh vous savez, je n’étais pas seule dans cette histoire ... »

« Pas de fausse modestie avec moi très chère ! Venez, venez, vous allez pouvoir observer notre petit problème de plus près ... ! »

Et ce problème, tu ne l’aurais pas vraiment qualifié de petit quand sous tes yeux, se dévoila l’immense toile qui avait prit possession de la partie supérieure de l’endroit et, sur celles-ci, les joyeux petits mimigals qui, soyons francs, vivaient leur meilleure vie sans se soucier une seconde de l’inconfort qu’ils étaient entrain de créer pour les scientifiques astraux.

« Oh. Effectivement. »

Tu t’étais bien préparée, et tu avais vraiment bien fait d’agir comme ça, vu l’ampleur de la tâche. Calmement, tu remontas tes manches avant d’ouvrir ton sac et d’en sortir un pulvérisateur dont l’odeur putride titilla directement vos pauvres petits nez.

« J’ai ramené de l’essence d’Ortide, récoltée avec le consentement du pokémon, ne vous inquiétez pas. On s’en servira pour tenir les mimigals à distance, le temps qu’ils tissent leurs nids dans le jardin du laboratoire. Est-ce que ça vous convient ? On m’a dit que vous ne vouliez pas forcément les faire partir, simplement qu’ils ne dérangent plus vos activités. »

« Oui, c’est parfait ! Si vous réussissez à les faire s’installer dans le jardin Est, ce serait encore mieux. »

Un hochement de tête, poli, suivi d’un nouveau fouillage dans ton sac pour en sortir un bandana que tu nouas au nouveau de la partie basse de ton visage pour protéger celui-ci un tant soit peu du parfum fort et astringent.

« Vous ne devriez pas sentir l’odeur, je compte la pulvériser en hauteur, mais si c’est le cas, ça ne devrait durer quelques jours, tout au plus. »

Et tu étais partie ! Il te fallait, dans un premier temps, attirer les arachnides dans le jardin Est, et ça, finalement, tu avais la solution : Les vibrations. À travers leurs toiles, les mimigals captaient tout les signaux et se dirigeaient naturellement vers eux, à la recherche d’une proie. Alors, calmement, tu te mis à la recherche de l’extrémité la plus proche de ta destination et la trouva rapidement. Un petit sourire aux lèvres, satisfaite, tu sortis un fil de pêche pour le coller à la toile, avant de l’étendre, comme si tout était normal, jusqu’au jardin qui serait leurs nouvelles demeures. Il ne fallut pas longtemps pour que les curieuses petites créatures se mettent à ressentir le mouvement de ce qu’elles imaginaient être une proie. Leurs petites pattes, presque désarticulées, annoncèrent leur arriver, faisant trembler le fil de pêche maintenant relié à un arbre, te laissant la liberté de t’éloigner et petit à petit, les sages araignées ne furent plus les reines de l’observatoire !

Enfin ça, c’était sans compte deux rebelles, ou plutôt, parents. Alors que discrètement, sur la pointe des pieds, tu t’approchais de la liaison entre toile et fil pour le couper, leurs silhouettes se dessinèrent. Imposantes, menaçantes, trahissant la colère de voir leurs petits fuir. Les deux Migalos venaient de faire irruption, claquant leurs mandibules l’une contre l’autre pour t’effrayer.

Tu sentis ce frisson le long de ton échine. L’instinct, bâti à force d’être dans la nature. Cette petite voix qui te hurlait que le danger était là. Un reflexe presque immédiat qui te poussa à te jeter dans une roulade pour esquiver le jet de soie que venait de cracher le premier de deux pokémons, mais qui rendit ta seconde esquive plus lente, complexe.

Une douleur vive qui te caressa la joue, suivie de cette sensation caractéristique de brûlure d’une plaie qui vient de s’ouvrir. Si tu avais eu le temps de bouger, l’attaque plaie croix du second Migalos avait tout de même entaillé ta joue, y laissant perler une goutte de sang, dont le rouge contrasta avec la pâleur de ton teint.


« Aie. »

Mais pas le temps de se laisser aller. D’un geste fluide, tu attrapas le pulvérisateur, attaché à ta taille, pour le pointer en direction de deux attaquants, les graciant de trois petits pschit qui sans les blesser, les firent reculer. Un quatrième vint les faire diriger dans le jardin et, dès lors qu’ils passèrent la porte, tu tranchas le fil avant de claquer la porte, juste derrière. Et lentement, tu te laissas glisser le long de celle-ci, échappant un long soupire alors que l’adrénaline pulsait dans tes veines.

« C’est pas passé loin ... »

Il allait encore rouspéter en voyant ça ... Délicatement, tu effleuras la plaie sur ton doux visage, pour observer le rouge tinter le bout de tes doigts. Tu te soignerais plus tard. Tu avais encore du boulot. Profitant alors que les petites arachnides reprennent leurs sens, tu te hâtas d’exécuter la suite de ton plan. Dans un premier temps, armée de ton pistolet au parfum critiquable, tu sécurisas les installations en t’assurant que l’odeur aurait assez de force pour tenir éloignée les pokemon puis, à l’aide d’un balais et, aidée des employés, tu fus en mesure de te débarrasser de l’immense toile au-dessus de vos têtes, sans aucun mal.

« Mademoiselle Asterope, attendez ! »

Le professeur qui t’avais accueilli venait de revenir de son bureau et, à la vue de ta plaie, s’était empressé de te rejoindre avec une petite boite médicale. Il ne lui fallut que peu de temps pour désinfecter la coupure et y coller un jolis pansement au motif de solaroc et lunaroc. Un motif qui te fit rire, doucement, alors que tu observais ton reflet dans une vitre.

« Vous avez des jolis bandages, parfait pour un observatoire ... ! »

Une remarque qui fit pouffer de rire le scientifique, qui hocha la tête.

« On a souvent des enfants qui trébuchent, trop heureux de venir voir le télescope alors on s’est dit qu’ils aimeraient bien. »

Une seconde de silence, pendant laquelle vous échangez un petit sourire, avant qu’il ne reprenne.

« En tout cas, merci pour votre travail. Si vous continuez comme ça, vous vous ferez rapidement un nom dans la communauté mademoiselle. »

Ton rêve. Celui qui te pousse chaque jour. Cette passion qui ne t’avait jamais quitté. Plus que les combats pokémon, plus que la coordination. Les sciences. La beauté de la nature. Des pokémons. Les comprendre. Ce compliment te fit rougir, alors que d’une main, tu remettais en place les mèches de ta chevelure, encore en bazar après ton échange musclé.

« Je ferais tout pour être à la hauteur de vos attentes ~ »

Pour réaliser tes propres rêves. La vérité au fond de ton petit cœur torturé.