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Confrontation | DORIANO EP. V

Posté le Mar 11 Avr - 4:43
Luciano Viridis
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CONFRONTATION
"Vous savez ce qu’il a de pire avec la trahison ? Ça ne vient jamais de l’ennemi (…) La souffrance est une chose banale. Ce qui importe, c'est ce qu'on en fait"

Pavlica, début Novembre 2022
Deux mois après "The Way I Wronged You"
Peu de temps après le Dias de los Muertos
Quelques jours avant la descente des autorités dans l’Underground de Borao


Depuis quand Luciano Viridis n’avait-il pas eu autant de contrariétés ? Longtemps, très longtemps. L’intendant de Borao n’avait pas été dans cet état depuis la Nova Existência et le puîné des Viridis ne l’avait jamais regretté. Les récentes révélations d’Eddarson, cependant, étaient venues mettre un terme à cette longue période que Luciano n’avait jamais eu la naïveté de croire éternelle. S’était-il pour autant attendu à voir ces informations – qu’il avait si longtemps espéré ! – lui revenir ainsi en pleine face, véritable revers de médaille ? Non, jamais, pas avec une telle force. Conscient de ne pas vivre dans un conte de fée, Luciano avait su préparer son cœur à entendre des choses qu’il ne souhaitait pas, mais ce que Corvus Eddarson lui avait révélé avait largement dépassé ses pronostics ; parmi eux l’implication d’Isidora dans ce monde illégal qu’il mettait à cœur de contrecarrer. Si Luciano n’avait jamais ignoré les potentielles activités clandestines dans lesquelles Eduardo Terren avait pu faire tremper sa fille, l’intendant de Borao n’avait jamais imaginé un seul instant qu’Isidora avait pu s’y complaire, participant activement à ce monde né dans l’opposition.

Isidora Terren était championne de Cage à Pavlica.

Eddarson n’avait pas manqué de lui transmettre sa quasi assurance sur la question. Usant de ses talents sous le nom de Bruxa, le visage à peine couvert, Dora menait une double-vie dans les boyaux des anciens quartiers de Pavlica. Comment avait-il pu ne pas le deviner ? N’était-ce pas évident maintenant qu’il y pensait, qu’il le savait ? Dora n’avait jamais renoncé à son rêve, jamais ; comme tous les autres – lui compris – elle s’était simplement contentée de faire semblant, de faire croire des choses, d’en vivre d’autres. Bien au-delà de cette obscure vérité, une autre plus corrosive encore venait grignoter sa conscience, mettait à mal des certitudes qu’il avait mis longtemps à considérer comme tel et qui finalement se révélaient fausses : son affection pour Dora avait biaisé son jugement et Luciano le savait. Le puîné avait eu tort de ne pas entendre les avertissements de Milano et l’homme s’en rendait compte désormais, avec une amertume dont il se serait bien passé.

La colère de Luciano, cependant, ne trouvait étonnamment pas sa source dans cette trahison mais ailleurs, et loin de vouloir laisser les choses en l’état, l’intendant s’était mis en tête de confronter la jeune femme malgré la fin singulière de cette relation qu’il avait cru à tort particulière. Luciano n’avait pas échangé la liberté d’Eddarson contres ses informations par hasard : le puîné Viridis avait à cœur de mettre un terme à toutes les ignominies qui pullulaient dans les bas-fonds et l’homme avait désormais toutes les cartes en mains pour y parvenir ; une nouvelle variable, cependant, était venue s’ajouter à l’équation : immanquablement, Isidora finirait par se trouver sur son chemin. Que ferait-il alors ? Que lui devait-il après tout, après ce qu’elle lui avait dit, ce qu’elle lui avait fait ? Rien, et pourtant … pourtant, Luciano ne parvenait pas à se résoudre à faire d’elle un dommage collatéral, à la sacrifier comme il avait pu le faire avec d’autres dans le passé.

Trouver son adresse ne fut pas bien compliqué. Luciano n’avait jamais eu le culot de chercher à connaître la nouvelle résidence d’Isidora Terren, pourtant Arceus seul savait combien ce genre de choses pouvaient être faciles pour un homme tel que lui ; son influence étant, Kerack n’avait eu qu’à passer quelques coups de téléphone aux bonnes personnes pour obtenir les coordonnées souhaités, et Luciano avait alors abandonné ses plans à Borao pour rejoindre à l’improviste Pavlica, seul.

Si l’intendant avait eu l’intelligence de se faire accompagner du capitaine de Borao durant la déposition officieuse d’Eddarson, Luciano avait tenu à confronter la pavlicaine sans témoins. Gara elle-même manquait à l’appel pour bien des raisons et l’après-midi touchait largement à sa fin lorsque le puîné Viridis se présenta au seuil de la porte d’Isidora Terren. Loin d’avoir prévenu de sa venue, l’homme eut la demi-surprise de voir Sienne lui ouvrir et Luciano l’avisa un instant avant de s’inviter à entrer ou peu s’en fallait. Dora, évidemment, ne mit pas longtemps à rappliquer et sa vue lui serra le cœur plus qu’il ne l’aurait pensé. Pourquoi devait-elle encore susciter ça en lui ? Pourquoi ne pouvait-il pas se contenter d’être indifférent en sa présence ? En réponse à la douleur qui s’esquissait au souvenir de leur dernière entrevue, l’intendant dressa un rempart, se détourna d’elle pour se focaliser sur Sienne, qui déjà dardait sur lui un regard qui trahissait l’opinion qu’elle se faisait de lui. Bien au-delà de celle qu’elle avait su se forger, ce qu’il représentait pour Isidora faisait naître en elle de profondes réserves et entraînait à son égard une méfiance qu’elle ne dissimulait même pas. Comment lui en vouloir ? Les mots de l’intendant lors de la Fête des Morts lui avait laissé une amertume singulière … un rival, voilà ce qu’il était à ses yeux, une menace à son bonheur avec la native de Pavlica, qu’elle savait bien trop fragile. Si la bleue n’était pas jalouse, la visite de cet homme suscitait en elle une déplaisance qu’elle ne cachait guère. L’affection particulière que vouait encore – toujours ! – le Viridis à sa copine ne lui échappait pas, ne faisait aucun doute … que venait-il donc dire de manière si audacieuse, qui plus est en sa présence ? Le regard de Sienne s’était mis à passer de l’un à l’autre, surveillait la réaction de Dora dont l’expression demeurait indéchiffrable, mais dont les yeux la trahissait. Troublées, ses prunelles exprimaient avec force ce que Isidora taisait si bien.

« — Laisse-nous. S’il te plait » lui demanda finalement l’intendant.

Luciano avait ajouté un "s’il te plait" qui ne lui ressemblait pas et qui, par son existence, trahissait l’importance de sa requête. Contrairement à ses habitudes, l’intendant n’avait jamais vouvoyé la nouvelle conquête d’Isidora, pas même la première fois lorsqu’il l’avait abordé ce jour-là lors du Dias de los Muertos. En réponse à ses mots, Sienne plissa des yeux, peinant à croire le culot de leur invité surprise … venait-il vraiment de lui dire de partir, elle qui se trouvait sous son propre toit ? Luciano dut attendre l’intervention de la brunette – qui offrit à sa compagne un regard se voulant rassurant – pour la voir accepter, et lorsqu’elle s’exécuta finalement Luciano la suivit des yeux, s’obstinant à ignorer Dora jusqu’à ce qu’elle disparaisse.

Se retrouvèrent-ils vraiment seuls, ou bien Sienne s’était-elle simplement contentée de disparaître de leur champ de vision pour mieux les écouter ? Luciano n’en savait rien, et pendant longtemps l’homme n’offrit à cette potentielle oreille indiscrète rien d’autre qu’un silence. Désormais braqué sur la dernière personne encore présente, le regard de l’intendant se suffisait à lui-même. L’acier de ses yeux se noyait dans un maelstrom d’émotions qu’il peinait à dissimuler ; parmi elles, le désespoir se tenait en maître dans son esprit, et la douleur des marques laissées par Gara dans sa chair n’était rien comparée à celle qui traversait son cœur en cet instant précis. Cette douleur, l’intendant ne se l’expliquait pas rationnellement, la faute à ces innombrables refus à l’idée d’accepter l’évidence. Laquelle ? Tardivement, Luciano avait fini par la comprendre ; pour ce faire, il avait fallu qu’Isidora Terren lui échappe, évidemment. Il avait fallu qu’il soit trop tard et que viennent les blessures, celles qu’aucun points de sutures ne pouvait refermer. Chaque jour qui passait, Luciano travaillait à tourner la page, à mettre des points là où son cœur s’obstinait à mettre des virgules … pourtant, là où l’indifférence aurait dû être de mise, les révélations d’Eddarson avaient fait naître une colère qui avait finalement laissé place à une peur qui, désormais, s’immisçait en lui comme un poison ; au pied du mur, acculé, l’homme voyait au loin l’histoire se répéter, et déjà, Luciano se voyait la perdre comme il avait perdu Foldo.

Isidora, elle, peinait à croire ce qui arrivait. Pouvait-il vraiment se trouver là, devant elle ? Une part d’elle espérait encore le voir lui présenter des excuses et l’entendre dire combien il regrettait leur séparation, qu’il reparaisse dans sa vie. Dora le savait, contrairement à elle, contrairement à ce qu’elle avait été, l’homme n’avait pas la cruauté d’apparaître dans l’unique but de la troubler. Parvenait-elle cependant à s’imaginer les raisons et plus encore le but qui avaient poussé l’homme à se présenter ce soir ici, dans cette maison qui accueillait sa nouvelle vie ? Non, et incapable de le deviner la jeune femme se contentait d’attendre, nerveuse, en proie au regard de cet homme qui, finalement, n’avait jamais quitté ses pensées.

Les secondes s’étirèrent, s’étirèrent, et pourtant la scène ne dura qu’un instant. Brisant le contact, Luciano quitta la jeune femme du regard, tenta de reprendre contenance, de retrouver bien naïvement un calme intérieur. Espérait-il le rester ? Bien sûr que non. L’intendant connaissait trop le duo qu’ils formaient pour croire cela possible ; et pour la première fois depuis qu’ils se côtoyait, le puîné se sentait à fleur de peau, au bord du gouffre, lui qui s’était pourtant toujours illustrer à ne jamais perdre pied. Luciano resta encore un moment silencieux, avant de finalement prendre la parole.

« — Tu comptais me le dire un jour ? » lui demanda-t-il, trop émotif pour être clair au premier jet « Tu ne t’es pas dis "Tiens, je baise avec Luciano Viridis, peut-être que je devrai lui dire qu’un jour, il aura à me faire arrêter" » déclara-t-il, un peu amer « Parce que c’était ça pour toi finalement, on baisait et puis c’est tout … mais il ne t’es pas venu à l’idée qu’un jour, je serai à être dans cette position ? »

Cette position, celle d’être forcé à lui causer du tort alors qu’il ne le voulait pas.

Quel genre d’égoïsme l’avait poussé à lui cacher ce risque, à le lui faire courir sans connaissance de cause ? Accusant le choc, Dora fronça les sourcils. Rien ne l’avait préparé à ce que Luciano revienne sur les détails de leur relations en de tels termes. L’arrêter ? Était-ce donc la raison de sa venue aujourd’hui ? Imperceptiblement, les doigts de la jeune femme s’étaient refermés sur la Luxe Ball qui abritait son Rapion. Dora n’avait aucune intention de se rendre, même pour le Viridis. Une part d’elle, plus sage, écouta néanmoins ce qu’il avait à dire.

« — Je suis au courant, pour ce que tu fais à Pavlica. Pour la Cage, et pour tout le reste » affirma-t-il finalement, un peu plus calmement « Tu comptais me le dire un jour ? » répéta-t-il alors.

La réponse d’Isidora ne se fit pas attendre.

« — Pourquoi te l’aurais-je dit ? Pour que tu me jettes en prison plus tôt ? Tu en aurais profité pour me prendre de haut, comme d’habitude. Tu sais, coucher ensemble ne te donne pas droit de tout savoir à mon sujet. Mêle-toi de ce qui te regarde »

Visible et prévisible, la confrontation explosait déjà. Qu’espérer de plus, après leur dernière entrevue à La Isicao ? A tort, l’homme qu’il était avait cru en avoir fini avec Isidora Terren et ses réactions endiablées, mais le destin, lui, ne l’entendait pas ainsi.

« —  Je te faisais confiance » déclara-t-il finalement.

Sa voix trahissait le sentiment qui l’animait. Avait-il écouté les paroles de la jeune femme ? Pas vraiment. Luciano le savait : aucun de ses mots, aucune de ses justifications ne seraient en mesure de le satisfaire, d’apaiser la tempête qui grondait en lui. Alors, à quoi bon prendre le temps de les entendre et d’y répondre ? De toute manière, ses mots à lui non plus ne faisaient pas tellement plus de sens pour Isidora. La confiance entre eux s’était brisée quelques semaines plus tôt, lors de cette fameuse soirée où tout s’était abruptement terminé. Depuis, Dora ne connaissait plus la définition de ce mot … elle se sentait trahie, et aujourd’hui ne faisait pas exception. En guise de réponse, la pavlicaine se contenta d’hocher les épaules avec une nonchalance presque provocatrice.

« — Je vais le faire, Dora » poursuivit l’intendant « C’est en marche, il faut le faire. Je vais le faire » répéta-t-il. Là encore, l’émotion rendait ses paroles obscures. S’il savait exactement de quoi il parlait, Isidora, elle, n’avait pas cette félicité « Je ne peux pas faire machine arrière, c’est trop tard » De quoi parlait-il ? « D’ici moins d’une semaine, la Guarda de Borao effectuera une descente dans la vieille usine de Borao. Lorsqu’elle en repartira, plus aucune personne ne pourra de nouveau y mettre les pieds » dévoila-t-il enfin « Et je ne m’arrêterai pas à Borao » ajouta-t-il.

Venait-il vraiment de lui révéler l’un de ses plans les plus secrets ? Si Milano avait été au courant de ce qui se tramait, son frère l’aurait tué pour cela et il le savait. Qu’est-ce qui le rendait aussi imprudent ? La peur, évidemment. Désespéré, Luciano tentait le tout pour le tout. Pourquoi ?

Aux paroles de Luciano, Dora, elle, avait senti son sang se figer dans ses veines. Tout aussi clairement qu’elle avait entrevu la fin tragique de sa relation avec le puîné Viridis, la jeune femme avait toujours su qu’un jour, l’Underground en viendrait à être démantelé … s’était-elle imaginé, néanmoins, que le responsable serait cet homme qui lui faisait face, celui qu’elle tentait désespérément de ne pas aimer ? Sa réaction et son opinion ne faisaient aucun doute.

« — Il faut le faire, Dora. Il le faut » poursuivit Luciano « Le gouvernement ne s’ébranlera jamais tant que l’Underground sera là … cette mascarade doit prendre fin. Nos dirigeants se complaisent à voir l’Underground prospérer, ils prétendent le combattre, condamnent ce qui s’y passe alors qu’en vérité les deux entités avancent, main dans la main. Le gouvernement n’a pas d’ennemis, Dora … … … et les M.U.N.J.A. ont raison » affirma-t-il contre toute attente « Caldwell, la Team Plasma … ils nous mentent depuis le départ. Ils sont arrivés à Cinza en portant le drapeau d’une cause juste, nous ont imposé des lois sous le couvert du progrès mais … il y a quelque chose d’autre, Dora, quelque chose de plus grand que l’injustice qui hante la région depuis toutes ces années » assura l’intendant « Et nous n’arriverons à rien tant que nos dirigeants seront dans le confort dans lequel ils sont actuellement. Une tête doit être coupée, mais ce ne peut être Caldwell, pas encore … le pays n’est pas encore prêt, les rebelles auraient tôt fait de prendre le contrôle et je ne peux me permettre de risquer de plonger la région dans le chaos. Ce doit être l’Underground … » Il s’arrêta, hésita à prononcer les mots « … mais je n’y arriverai pas si tu t’y trouves, Dora » ajouta-t-il, offrant enfin à son discours une chute.

Isidora s’insurgea.

« — Tu vas donc sacrifier ma dernière ligne de vie, pour quoi ? Pour faire chier Caldwell ? Luciano, tout n’est pas noir avec l’Underground. Il y a des gens honnêtes là-dedans, des gens que la Nova Existência a bafoués. Tu vas les sacrifier pour ta cause ? Tu ne connais rien de cette vie, Luciano, tu ne peux pas juger. Pas pour jouer le jeu de la politique »

Luciano se souvenait d’avoir eu cette conversation avec Eddarson. Tout n’est pas noir avec l’Underground. Il y a des gens honnêtes, des innocents, des gens qui n’avaient rien demandé à personne et qui s’étaient retrouvés du jour au lendemain privé de tout. Luciano comptait-il les sacrifier ? Il le fallait bien. Si l’intendant avait les éléments nécessaires pour savoir où frapper et quand, demeurait un risque non négligeable de voir paraître des dommages qu’il n’avait pas souhaité, mais qui promettaient d’être inévitables. N’était-ce pas le lot de la guerre ? Luciano Viridis le savait mieux que n’importe qui : rien n’arrivait sans rien. Luciano le savait, lui qui avait sacrifié son frère pour obtenir une chance de la remporter.

« — Tu n’écoutes pas, Dora ? » la réprimanda Luciano « CE PAYS NOUS APPARTIENT ! » gronda-t-il presque soudainement « Il nous appartient à nous, Viridis, Terren, Cobalt, Kelder. Pas à Deliverance Caldwell ni à la Team Plasma. Il nous appartient, et c’est à nous qu’il appartient aussi de le diriger » répéta l’intendant.

Et le reprendre impliquait des risques qu’il était prêt à prendre, et des sacrifices qu’il était prêt à faire … certains du moins. Pas tous.

« — Peut-être. Nous avons laissé la Team Plasma gagner, nous l’avons aidée. Peut-être devrions-nous juste laisser les choses comme elles sont. Mais toi, tu n’en feras rien, parce que tu as encore un truc à prouver. Alors fais-le ! Vas-y bousille ma vie, mais ne t’attends pas à ce que je me laisse faire. L’Underground est tout ce qu’il me reste de mes rêves, de ma mère… C’EST MA VIE PUTAIN. Je ne sais pas pourquoi tu viens ici pour me jeter l’information à la figure. Tu voulais quoi, mon soutien ? Une putain de médaille ? »

Et là-dessus, sans crier garde, Luciano s’énerva.

« — JE NE RECOMMENCERAI PAS ! » s’emporta-t-il, d’une vivacité qui ne lui ressemblait pas.

Cette soudaine montée de voix figea Isidora de surprise. Qu’est qui lui prenait ? De quoi parlait-il ? L’absence de réponse la rendit silencieuse et pendant un instant, Luciano s’était trouvé muet lui aussi, abasourdi par ces mots qui lui avaient échappé. Parce que l’homme se sentait sur un chemin que sa colère avait rendu sans retour, Luciano poursuivit finalement.

« — Je ne peux pas. Je n’y arriverai pas. J’ai laissé quelqu’un de cher être du mauvais côté une fois, j’ai pris ce risque, et il est mort. Je ne referai pas deux fois la même erreur. Si ça tourne mal, je ne pourrai pas te sauver, Dora, ça ne marchera pas » assura-t-il.

Il hésita.

« — J’ai déjà essayé »

Depuis combien de temps ce poids lui incombait-il ? Depuis combien de temps rêvait-il de lui dire ce qu’il dissimulait au reste du monde, de lui dire ce secret qui faisait de lui ce qu’il n’était pas ? Aurait-il un jour meilleure occasion que celle-ci ? Sans doute pas. Luciano lui avait déjà dévoilé ses ambitions concernant le gouvernement, l’homme n’était plus à une révélation près.

« — J’ai essayé de faire évader Foldo. Nous avons essayé, Milano et moi. Il devait quitter Cinza avec sa femme et son fils. Tout était prévu, il n’y avait aucun risque, il me l’avait promis » Il ? Qui ? « Tout avait été prévu, et puis quelqu’un nous a doublé et il est mort » raconta-t-il. Il fit une courte pause « Ne me demande pas de prendre une nouvelle fois ce risque, Dora. Je t’en prie »

Interdite, l’espace d’un instant Isidora ignora quoi faire de ces révélations. C’était donc ce qui était arrivé au grand Foldo Viridis, estimé champion de Borao ? Luciano avait essayé de le sauver et désormais, Isidora parvenait enfin à donner sens à toute sa colère. Dora le savait, le devinait : le Viridis lui vouait encore une part d’affection … sinon, pourquoi tenter de la sauver ? La jeune femme se sentait chavirer et en proie à ses émotions aussi vives que contradictoires, la pavlicaine se trouva incapable de formuler le moindre mot. Qu’attendait-il d’elle ? Si peu, et pourtant tant : Luciano voulait la voir abandonner sa Cage et son rang de Championne de Pavlica.

« — Je sais ce qu’il t’en coûte, et je sais ce que cela représente pour toi » déclara-t-il « Les combats me paraissent brutaux et inhumains, mais je sais que tous les dresseurs ne sont pas les mêmes. Je sais que certains aiment leurs pokémons, qu’ils les respectent, et que certains pokémons prennent même du plaisir à combattre. J’ai grandi avec Foldo Viridis, je le sais. Je sais aussi que les lois actuelles sont injustes, qu’elles punissent le plus grand nombre pour les torts de quelques un. Les interdire a été une erreur » reconnu le puîné « A terme les combats, les arènes, tout cela reverra le jour. Pas comme avant, car le respect des pokémons doit rester notre priorité, mais cela reviendra, je te le promets. J’ai juste besoin de temps, Dora. Donne-moi juste du temps »

Luciano Viridis lui avait-il déjà demandé quelque chose ? Jamais, jamais vraiment, jamais comme ça. Combien de temps Luciano resta-t-il là, suspendu aux lèvres de la jeune femme dans l’attente d’une réponse ? Luciano aurait été bien incapable de le dire et lorsqu’elle le fit enfin, l’homme sentit son cœur s’arrêter. Autour de lui, le temps suspendit son vol.

« — Je t’offre ce temps. Mais ne tarde pas, Luciano. Combattre c’est toute ma vie. Plus que tu ne t’imagine. »

Isidora aurait voulu en dire plus encore. Elle aurait voulu lui dire qu’elle le faisait pour lui, et que ce faisant elle trahissait plus de gens qu’il ne pouvait compter, des gens qu’elle avait appris à connaître et à protéger, des gens qui, finalement, s’apparentaient à une seconde famille. A cette idée, un poids énorme s’était mis à peser dans sa poitrine mais Luciano … Luciano lui prouvait aujourd’hui qu’on pouvait encore lui vouloir du bien malgré ses défauts, malgré toute la peine qu’elle infligeait autour d’elle-même. Pour la première fois, Isidora entrevoyait un avenir où elle pourrait, peut-être, se définir autrement que par les ténèbres et la destruction, et cette idée avait achevé d’abattre ses dernières résistances, celles qu’elle avait toujours pris soin de dresser avec véhémence, mais plus maintenant.

Aux paroles d’Isidora, Luciano sentit son corps s’apaiser. Devait-il s’inquiéter de ce que l’idée de perdre Isidora Terren avait représenté pour lui, de ce que cette idée lui avait fait faire, lui avait fait dire et avouer ? Sans doute, pourtant l’intendant ne s’en souciait pas. En cet instant précis, rien ne lui importait plus que cette pseudo victoire qu’il venait d’obtenir et qui l’avait libéré de ce poids bien trop lourd à porter.

Parce que demeurer ici n’avait désormais plus d’intérêt, Luciano prit finalement congé. Malgré ce qu’il lui avait déjà demandé, juste avant de partir l’homme gratifia la pavlicaine d’une dernière requête. Sans doute superflue, l’intendant préférait pourtant s’assurer que rien ne serait laissé en proie aux sans doute et aux peut-être.

« — Préviens Adonis. Je sais aussi pour sa Cage, à Sercena » déclara-t-il « Ne soyez pas là lorsque l’orage grondera » lui demanda-t-il.

Et il la quitta sans un mot de plus, se contentant d’un dernier regard teinté de regrets. Une part de lui avait la résilience de trouver du réconfort à l’idée de la savoir désormais loin, dans tous les sens du terme. Luciano serait-il parvenu à se pardonner si d’aventure Isidora avait eu à subir les conséquences de cette folie qu’il comptait entreprendre ? Non, jamais. Pour l’atteindre, d’aucuns n’auraient pas manqué de s’en prendre à elle, de s’en servir pour le faire plier … aurait-il su faire ce qu’il fallait alors ? Non, et Luciano le savait bien. Au moins avait-il la certitude ce soir de savoir qu’Isidora serait à l’abri lorsque la tempête viendrait, à l’abri de la Guarda mais aussi de ce lien qui les unissait  et qui, finalement, avait fait leur force autant que leur faiblesse.

3900 mots | OS écrit en collaboration avec @Isidora C. Terren
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Confrontation | DORIANO EP. V


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