Elle était passé devant il y a quelques semaines avec Mariana mais n’avait pas eu le temps de s’arrêter. Fascinée d’aventures depuis sa jeunesse, elle avait dévoré tous les documentaires à ce sujet. Ils étaient au grand nombre de 3 ! Dont un qui datait d’un demi-siècle. Ça ne l’avait pas empêché de s’inventer tout un tas de théories sur le sujet. Son enthousiasme avait atteint son paroxysme lorsqu’il avait été annoncé que le nouvel épisode d’Unys Jones porterait sur les mystères de Cinza et plus spécialement l’ancienne Pyramide Précinzanne. Qu’elle n’eût pas été sa déception lors que le projet avait été annulé parce que la région d’Orre avait lancé un partenariat lucratif avec le studio. Après ce moment, tout intérêt pour le lieu s’était éteint et bientôt aussi la curiosité d’Elsa-Mina qui s’était résignée à ce que ça reste un mystère.

Ce n’était évidemment pas la première fois qu’elle venait ici. Durant l’apogée de son obsession ses parents l’y avaient amenée, puis elle y était retournée plusieurs années plus tard avec Foldo. Les deux visites avaient laissé un arrière-gout suffisant pour qu’une troisième soit nécessaire. A vrai dire, elle ne savait pas bien ce qui l’avait poussée à retourner dans ce lieu perdu, laissé pour mort en plein milieu de la pampa. Elle s’était levée ce matin avec le besoin irrésistible d’y aller, avait fait un bisou à Gariguette, laissé une note à Luciano lui disant d’être sage et était partie sur le dos de Syndra en direction du lieu.

Valka avançait d’un pas souple et lent à ses côtés. Silencieuses, les deux ne se parlaient pas. Elles s’étaient fâchées l’avant-veille parce que la scientifique avait fait une nuit blanche à son bureau. Elsa-Mina s’était justifiée avec le nombre d’heures qu’elle avait perdu à aider la Guarda à gérer les problèmes d’espèces invasives mais la mentali n’avait rien voulu entendre et avait tenté de la tirer en dehors de l’endroit de force. En avait résulté quelques mots qui avaient dépassé le fond de sa pensée et depuis c’était le silence.

Piquée dans sa fierté, Elsa-Mina ne voulait pas s’excuser, quant à l’autre elle se satisfaisait d’empirer la situation en détruisant tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un morceau de papier, si bien que la Viridis s’était retrouvée obligée de l’emmener de peur qu’elle ne déchire un autre des documents de Luciano. Il était assez rare qu’elles se disputent ainsi mais les dernières années avaient mis un coup à leur relation qui se faisait maintenant ressentir.

Arrivées au sommet des très hautes marches – 137 pour être exacte – de la pyramide, les deux s’étaient arrêtées, à bout de souffle dans tous les sens du terme. La vue était extraordinaire. La Pampa des côtes était gratifiée d’un terrain plutôt plat, ainsi, elles pouvaient voir les entendues de plaines s’étaler sur l’horizon comme une mer de feuilles et de terre. Si elle plissait les yeux, elle pouvait voir au loin, certains lopins carrés, cicatrices d’un temps où cet endroit avait été utilisé pour l’agriculture.

Elsa-Mina sortit sa gourde pour avaler goulument l’eau fraîche qui résidait avant de prendre le temps de préparer la gamelle de Valka. Agacée, la mentali la repoussa d’un coup de queue donnant le ton de la journée. La Viridis n’insista pas, non satisfaite de savoir que le pokémon allait devoir lui quémander l’eau lorsque sa soif aura rattrapé sa fierté. Elle remit le tout dans son sac puis pris le temps de prendre quelques photos avant de se tourner vers la gueule béante du temple.

« Ne t’éloigne pas. L’endroit est cartographié mais les secours n’arriveront pas avant des heures si tu te perds. »

Faisant fi de l’ignorer, Valka s’enfonça dans les ténèbres, bientôt suivie de sa dresseuse.

L’intérieur de la Pyramide était noir et humide. Elle pouvait sentir un peu de mousse sous ses pieds. La lumière de la torche éclairait juste assez pour suggérer des monstres à chaque tournant. Valka ouvrait la voie, sa queue fouettait l’air d’un geste agacé mais Elsa-Mina connaissait suffisamment la mentali pour savoir qu’elle n’était pas rassurée. Ses oreilles baissées en disant tant.


La journée était froide et le ciel gris. Le vent violent venu de la mer agitait les drapeaux accrochés aux mats. Elsa-Mina pouvait apercevoir de loin quelques pêcheurs qui bravaient l’hiver, cherchant au large de quoi remplir leurs filets. Les cours avaient finit assez tôt, la maitresse avait annoncé que c’était son anniversaire et après une petite chanson tout le monde était retourné à ses occupations. Elle n’avait pas pleuré, ni rien demandé mais la jalousie emplissait ses pensées. Ondine elle avait eu un gâteau et des cadeaux. Il y avait aussi eu des confettis. Courant aussi vite que ses petites jambes pouvaient la porter, l’enfant espérait rentrer chez-elle avant qu’il ne pleuve et que sa journée devienne encore plus misérable.

Lorsqu’elle sauta sur la poignée pour l’ouvrir, la maison était vide. Toutes les lumières étaient éteintes mais elle pouvait voir les chaussures de sa mamie trainer à l’entrée. Avec un peu de chance elle avait acheté quelques macarons. S’avançant à pas lents dans le salon, elle alluma la lumière et-

« SURPRISE !!! »

Plusieurs confettis volèrent dans sa face, alors que tout sa famille hurlait à plein poumon leur joie. Oh, elle allait définitivement pleurer. Sautant dans les bras de son père, les grosses larmes qu’elle avait retenu toute la journée se mirent enfin à couleur sur ses joues.

« Oh, je suis désolé Mina, on ne voulait pas te faire peur. »

« J’ai pas peur, je t’aime. »

« Ohhh, moi aussi je t’aime mon sucre. »

Sa mère s’avança vers elle, lui frottant doucement le dos avec un sourire chaleureux. La petite détacha sa tête du cou de son père pour lui tendre les bras et prise contre elle.

« Joyeux anniversaire, Mina. Ta journée s’est bien passée ? »

« Oui. » menti-t-elle.

« On a un cadeau pour toi ! C’est poilu ! »

Cette voix nasillarde c’était sa grand-mère. Toute rabougrie avec des lunettes plus grandes que sa tête et un sorbouboule à ses côtés, elle ricanait joyeusement comme si on lui avait murmuré une blague qu’elle seule avait entendu.

« Maman ! » s’indigna sa mère qui visiblement voulait garder le secret.

« Ah, c’est pas poilu. »

Piquée dans sa curiosité, Elsa-Mina descendit des bras de sa mère, séchant ses yeux d’un revers de manche. Baba tenait une boite en carton dans ses bras. Son père lui fit un signe encourageant. Est-ce que c’était une peluche ? Presque. Dans la boite, deux yeux marrons la regardaient avec curiosité et peur. Ses petites oreilles plaquées sur la tête, la queue touffue à motif de cœur, une jolie petite évoli était tassée dans un coin.

« Ahhh !! C’est pour moi ? Elle s’appelle comment ? »

« Valka. On voulait que tu aies un… » Sa mère échangea un coup d’œil avec son père. « Un ami. Tu feras attention Mina, ce n’est pas un jouet. »

Doucement Elsa-Mina tendit une main vers le pokémon. Au bout de quelques instants Valka posa son museau sur le bout de ses doigts. C’était froid et humide. La petite frémit un peu mais laissa l’evoli glisser sa tête sous sa paume pour réclamer quelques caresses. Brossant doucement son poil, elle vit ses oreilles se redresser et un ronronnement sonore envahir la pièce. Elle ne serait plus seule, elle avait Valka. C’était le meilleur anniversaire de tous les temps !!!

« Je t'aime tellement fort Valka ! Promis on sera les meilleures amies pour la vie ! »


Elsa-Mina soupira. Peut-être qu’elle devrait s’excuser. Elle n’aimait pas quand elles se disputaient. Pourtant, avait-elle réellement tord dans cette histoire ? Elle était libre de vivre sa vie comme elle l’entendait. Valka n’avait qu’à respecter son refus au lieu d’insister comme ça et ensuite d’agir pire qu’un gamin mal élevé. Elle- ! Elsa-Mina se tu, sentant son agacement prendre le dessus.

Elle avait marché sans regarder où elle allait. La mentali n’était plus devant elle. Se retournant brusquement pour faire demi-tour elle tomba nez à nez avec Valka. Fugacement, il lui sembla voir de l’inquiétude dans le regarde de sa panthère avant que celui-ci ne disparaisse. Faisant comme s’il ne s’était rien passé, le pokémon psy repris sa place devant, se retournant uniquement pour vérifier que sa dresseuse suivait bien.

Elles s’étaient arrêtées dans une salle décorée de fresques peintes. Quoi que ce soit qu’ils aient utilisé sur les murs, le pigment avait été conservé par l’absence de lumière et visiteurs. Elles représentaient différentes scènes qu’Elsa-Mina avait du mal à comprendre. Elle pouvait reconnaître des bateaux avec leurs grandes voiles et les raies de rames. Ils évoquaient un temps d’aventures et de découvertes qui avaient inspiré plus d’un enfant, elle y compris.


Les jambes pendant mollement par-dessus les quais, Elsa-Mina comptait les navires. 19, 20, 21… Pas un seul ne manquait à l’appel. Elle claqua vigoureusement son livre avant de sauter sur ses pieds, faisant signe à Valka de la suivre. La petite pokémon essayer de jouer avec un krabby sur la jetée mais les vagues la faisaient fuir. Elsa-Mina attendit que son pokémon la rejoigne avant de partir en trottinant doucement, aussitôt elle vit son evoli la dépasser à toute vitesse.

« Hey ! C’est de la triche, on a pas dit qu’on faisait la course ! » s’écria-t-elle tout en démarrant à sa suite.

Le sol bétonné faisait trembler son petit corps à chacun de ses pas. Le souffle court, elle agitait ses bras avec l’espoir que brasser l’air la fasse courir un peu plus vite. Évidemment la petite bestiole arriva avant sa dresseuse qui s’affaissa par terre épuisée. Chaque respiration lui brûlait la poitrine. Valka fit une petite danse victorieuse, sautant tout autour d’Elsa-Mina. Juste à côté d’elles, un ricanement familier se fit entendre. Baba s’amusait à jeter à jeter des morceaux de pain et quelques carrés de chocolat dans l’eau du port, ce qui la rendait particulièrement populaire auprès des poissons.

« Alors ? »

« Vingt-deux bateaux ! Viens vite, on va les louper !! »

Chaque semaine elle accompagnait sa grand-mère au port pour voir les marins. C’était leur petit rituel du samedi. Aujourd’hui était spécial parce que la course des Grands Vents avait lieu. Un championnat nautique dont la ville de San Camari était particulièrement fière. Humains et pokémons devaient œuvrer de pair pour atteindre la ligne d’arrivée, le premier recevait une médaille d’or et avait son nom gravé sur le phare. Elsa-Mina espérait un jour pouvoir y participer et gagner la première place. Avoir son nom gravé dans la pierre, c’était un truc d’aventurier non ? Et puis après elle et Valka allaient explorer le monde sur leur bateau. Elles allaient découvrir de nouvelles régions et tout un tas de pokémon suuuuuuuper rares ! Mamie Baba souriait gentiment en écoutant sa petite fille lui raconter avec excitation tous ses projets d’avenir. Quelque chose sur un stand marchant attira son attention.

« Mina, regarde. C’est une Pierre Eau. »

La petite vint coller son nez sur le caillou, aussitôt suivie de Valka qui essayait de sauter sur la table pour mieux voir. Elsa-Mina se baissa pour l’attraper dans ses bras. La Pierre était d’une beauté à couper le souffle. Toute cristalline, on pouvait voir une énergie bleue miroiter à l’intérieur. C’était comme si quelqu’un avait attrapé la mer et l’avait posée sur l’étale.

« C’est trop joli ! »

Elsa-Mina la touche du bout du doigt. Froide et humide. Comme l’eau ! Valka aussi voulu poser sa patte dessus lors que le marchand l’interrompit.

« On touche avec les yeux. Si vous voulez faire évoluer votre evoli, faut payer. »

« Évoluer ? »

« Tu te rappelles du livre que ta mère t’avais passé ? Evoli a différentes évolutions, Aquali le pokémon eau est l’une d’elle. Valka peut changer de forme en touchant cette pierre. » Elsa-mina hocha la tête vigoureusement, elle s’en rappelait ! « J’espérais en trouver une au marché. Aquali est parfait pour toi. »

Elsa-Mina fronça le nez. Elle se rappelait du pokémon en question. Il était super grand et tout visqueux. Elle avait lu qu’il mangeait les ecayons et le livre avait été assez graphique à se sujet. Valka baissa légèrement ses oreilles. Sentant le désarroi de son pokémon, Elsa-mina resserra un peu son emprise.

« Non c’est bon, pas besoin. »

« Tu es sûre ? Les Pierre Eau sont très rares, tu n’auras peut-être plus l’occasion de la faire évoluer. Toi qui aimes tellement la mer, ce serait dommage. Imagine avoir une Pyroli ! »

La petite se renfrogna un peu. Elle aimait la mer oui mais Valka n’aimait pas se baigner. Pouvait-elle réellement infliger cela à son pokémon ? Non, évidemment pas ! Elle était trop importante pour elle, jamais elle ne serait capable de s’opposer à sa volonté.


Elsa-Mina laissa ses doigts glisser sur le mur. Au fil des années sont rêve avait disparu remplacé par d’autres. Il lui arrivait de regarder les catamarans et autres voiliers avec envie mais jamais elle n’avait regretté sa décision de venir ici. En y repensant, elle se demandait si la mer manquait à Valka. Peut-être pas, la mentali n’avait jamais été fan de l’air iodé qui collait à ses poils, ni de l’humeur changeante de la météo. Elle n’avait jamais regretté sa décision de ne pas faire évoluer Valka. Peut-être que si elle l’avait fait sa vie serait bien différente maintenant.

La mentali vint se poser à côté d’elle. D’un mouvement de ses pouvoirs psychics elle souleva quelques cailloux qui s’étaient effondrer pour déblayer le chemin vers la prochaine salle. Non, décidément elles avaient fait le bon choix.

En y pensant ce n’était pas la première fois qu’Elsa-Mina n’avait pas voulu faire évoluer Valka. Elle se rappelait encore des regards blessés de ses parents lors qu’elle leur avait donné son bulletin de vœux. L’école leur avait fait remplir le petit papier et elle avait mis tout, sauf ce qu’ils attendaient. Si sa mentali n’avait pas été là pour la soutenir dans sa décision, elle aurait très certainement cédé à la pression.


Comme deux vautours ses parents sont penchés au-dessus d’elle. Le papier froissé dans leurs mains. Elsa-Mina aurait aimé être partout sauf ici. Valka était toute collée à sa jambe, comme si elle pouvait partager la déception de ses parents, en prendre un peu pour elle pour lui éviter le poids de leur regards.

« Mina, je croyais que tu voulais reprendre la boutique ? Pourquoi tu as mis que tu voulais devenir infirmière ? »

« Je sais pas. »

Son père leva les bras en l’air, agacé. La conversation n’allait nulle part. Tout ce que la petite savait c’était qu’elle ne voulait pas vendre des glaces. C’était amusant d’en manger et oui elle savait que ses parents étaient de grands artisans que si elle ne reprenait pas leur suite c’était tout l’héritage familial qui partait en fumée mais… Elle voulait aider les gens, et les pokémons. Mamie Baba lui disait tout le temps qu’elle était trop gentille, ça devait bien vouloir dire quelque chose non ?

« On t’as pris un evoli parce que c’est mignon et petit mais aussi parce que ça évolue en grivali ! Un pokémon glace, Mina. Qu’est-ce que tu compte faire avec Valka, hein ? La laisser être une évoli pour toujours ? »

« Pourquoi pas ? »

« Parce que le monde change et évolue ! Tu ne peux pas rester stagnante comme ça. »

Elsa-Mina serra les poings, enfonçant ses ongles dans sa peau dans l’espoir que la douleur puisse distraire les larmes qui menaçaient de tomber. A l’école on se moquait d’elle, on disait que ses parents étaient nuls et qu’être glacier c’était ringard. Elle ne voulait pas être ringarde. Elle voulait juste être avec Valka et c’est tout.

D’un bond, l’evoli s’interposa entre Elsa-Mina et sa mère, le poil hérissé et le regard déterminé. Elle se mit à faire des petits sons énervés, comme si elle était entrain de parler et de reprocher son comportement à la femme. La mère d’Elsa-Mina recula, remarquant seulement maintenant les tremblements de sa fille et les larmes qui coulaient sur ses joues.

« C’est bon Valka, arrête. Écoute Mina, on ne veut que ton bien, tu sais. Ici tu as un avenir assuré, alors pourquoi chercher ailleurs ? »

L’evoli fit quelques bonds, tapant les jambes de la femme avec ses coussinets. Elle revint se positionner devant Elsa-Mina, comme un rempart. D’un claquement de langue son père intervint.

« Ça suffit ! Elsa-Mina, Valka dans votre chambre, vous êtes punies. Et ne croyez pas que cette discussion est terminée, on en reparlera plus tard. »

Attrapant l’evoli dans ses bras, Elsa-Mina s’enfuit à toute vitesse loin du salon, faisant tout de même attention à ne pas claquer la porte de sa chambre pour ne pas plus énerver ses parents. S’affaissant contre son lit, elle enfoui son visage dans le pelage mouillé de larmes de Valka. Le petit pokémon normal se mit à ronronner, glissant sa tête dans la nuque de sa dresseuse. Quoi qu’il advienne, elles se soutiendraient.


Elsa-Mina accéléra le pas pour rattraper Valka devant. Ô combien il lui en coûter de jouer à la têtue avec son pokémon. Ô combien elle regrettait tous les mots qu’elle lui avait dit. Pourtant, elle n’avait pas le courage de l’avouer. Ce serait reconnaitre que ça ne va pas mais en même temps, cela fait des années que rien ne va plus. Pourraient-elles un jour retrouver leur innocence ?

Valka s’était arrêtée, les oreilles pointées vers l’avant. Elle était tendue, tous ses sens en alerte. Elsa-Mina agita la lampe torche dans la salle, ne trouvant rien d’étrange. Quelques sarcophages vides trainaient laissés ouvert par des pillards probablement. Soudainement, un grondement se fit entendre. La mentali feula en réponse, sa gemme brillant d’un éclat lumineux. De peur, la Viridis manqua de lâcher sa lampe torche qui éclaira le plafond, révélant un immense serpent qui les observait de ses grands yeux verts. Le dunaconda siffla, faisant sortir sa langue fourche avant de s’arquer.

Aussitôt, Valka passa à l’action, d’un puissant coup de queue, elle envoya des météores frapper la colonne autour duquel le pokémon était entouré. Dans un cri de rage, le pokémon sol répliqua en crachant du sable que la mentali évita d’un bond. Elsa-Mine était tétanisée, la scène était étrangement familière.


Une petite foule s’était assemblée pour regarder le combat. Justin était un peu l’idole du lycée, beau, athlétique et un excellent dresseur de pokémon. Tout le contraire d’Elsa-Mina à l’époque. Elle avait été assez stupide pour croire qu’il avait réellement besoin de son aide pour s’entrainer. Et assez naïve pour penser être à la hauteur. Elle avait toujours cru que c’était facile d’être un dresseur. Balancer quelques ordres, avoir l’air cool. C’était ça non ?

La réalité était toute autre. Elle voyait Valka, tremblante sur ses petites pattes, meurtrie et épuisée. Elle entendait le rire moqueur de la foule, comme une seule entité. Elle sentait le regard méprisant de Justin, son sourire satisfait. Le serpang du garçon referma ses crocs sur la petite evoli et l’envoya voler au pieds d’Elsa-Mina. Aussitôt la jeune fille se jeta à ses cheveux, soulevant le corps de son pokémon dans ses bras. Valka entrouvrit ses paupières, lui fit une petite lèche sur le nez, comme pour s’excuser de ne pas avoir été à la hauteur.

« Tu devrais faire évoluer ton evoli tu sais. Si ça avait été un Voltali ça aurait été tellement mieux. Mais je suppose que tu ne connais même pas la charte des types ! »

« Ta gueule !! »

« Soit pas trop deg, t’es juste nulle. »

Elle le foudroya du regard. De toutes les insultes qui lui passaient par la tête pas une n’était assez forte pour exprimer sa colère. Elle avait été stupide et naïve de croire qu’un dresseur puisse être honorable, la seule chose qui comptait pour eux était gagner, peut importe les conséquences. Qu’ils allaient tous se faire foutre ! Elle resserra son emprise sur son pokémon, fuyant la scène sous les rires.

« Je suis désolé, Valka ! Désolé ! »

L’evoli se mit à ronronner dans ses bras. Elle ne lui en voulait pas. C’était décidé, dès qu’elle le pourra elle quittera San Camari, elle en avait mare de ces gamins avec qui elle était coincée depuis le collège, marre de ses parents qui insistaient pour qu’elle reprenne la boutique. Elle voulait juste partir ailleurs, loin de tout cela, quelque part où elle pourrait construire sa propre vie.


Le combat battait à son plein. Valka et le dunaconda dansaient dans la pièce, tourbillonnant autour des colonnes dans un déluge de son et lumière. Elsa-Mina cherchait quoi faire. Elle était partie sur un coup de tête et n’avait pas prévu de repousse. La lumière de sa lampe torche se refléta sur le sarcophage ouvert. Prise d’une inspiration soudaine, elle se tourna vers sa mentali.

« Valka ! Envoie-le là dedans et referme le sarcophage ! »

La panthère fit un bond en arrière pour éviter une morsure. Un coup d’œil lui suffit pour repérer l’endroit désigné par sa dresseuse. Le dunaconda s’arqua pour une seconde attaque mais n’eut même pas le temps de plonger que d’un violent coup psychique, Valka le souleva pour l’écraser dans la boite vieille de plusieurs siècles, le couvercle se referma sous le choc.

« Cours, vite !! »

Sans demander leur reste, le duo détalla à toute vitesse dans le dédale de couloirs qu’était la pyramide. Le plus de distance elles mettaient entre elles et le pokémon sol, le mieux elles se porteraient.

Leur fuite les mena dans une salle noire comme la nuit. La lampe torche s’était mise à clignoter et Elsa-Mina avait préféré l’éteindre pour l’économiser, il fallait encore qu’elles sortent d’ici. Honnêtement elle ne savait plus ce qui l’avait poussé à venir ici. Toute cette histoire de ruine et d’aventure était bien au-delà d’elle. Cela faisait des années qu’elle s’était satisfaite de sa vie. Elle se rappelait encore sa conversation avec Valka, un soir de pleine lune.


La nuit était tombée depuis un moment beignant la chambre dans le noir. C’était leur premier soir loin de chez elles. Elles avaient quitté San Camari plus tôt dans la journée en voiture et avaient découvert leur nouvel appartement étudiant. Trop épuisée par le voyage pour défaire leurs cartons, Elsa-Mina et Valka avaient préféré descendre en ville pour en apprendre plus sur la citée perdue dans les arbres. Borao les avait laissées les yeux remplis de lumière mais aussi inquiètes pour l’avenir. La ville avait l’air froide et étrange, on n’entendait pas le remous des vagues, ni le cri des goelises, l’air ne portait pas l’embrun de la mer et aucun vent ne venait agiter ses cheveux. Rien n’était calme mais tout semblait artificiel. Accoudée sur sa nouvelle fenêtre, une tisane à la main, Elsa-Mina était pensive.

« Tu crois qu’on a fait le bon choix ? » Valka sauta sur le rebord pour s’installer à côté d’elle. « Ils me manquent déjà. Et si j’étais pas à la hauteur ? Si j’avais juste des notes pourries et que j’étais la pire élève de l’université ? »

L’evoli se frotta contre elle pour lui apporter un peu de réconfort.

« J’aurais dû rester à San Camari, c’était stupide ! »

Valka poussa un cri de protestation. Elle se campa devant sa dresseuse, bombant son torse pour paraitre plus grande, se tapotant la poitrine de sa patte comme pour dire. Moi ! Tu peux compter sur moi ! Elsa-Mina eu un rare sourire.

« Toi ? » dit-elle en appuyant sur le nez de son pokémon. « Tu ne sais même pas faire une addition. » Il y eu un petit bruit de protestation qui la fit rigoler. « Je t’ai dit aussi que j’ai oublié le contrat d’électricité et qu’on n’aura pas de lumière pendant quelques jours ? » Elle soupira. « Je sais pas ce que je fais Valka. Pourquoi je peux pas juste choisir la voix facile ? Pourquoi je peux pas juste me contenter de ce que j’ai ? »

L’evoli baissa les oreilles, l’air attristée. Elle alla se caler contre la nuque de sa dresseuse, laissant ses bras l’entourer. Si seulement elle pouvait lui montrer à quel point elle l’aimait ! Si seulement elle pouvait évoluer, un noctali c’était bien pour faire de la lumière non ? ça lui ferait plaisir d’avoir un souci en moins. Mais Valka n’y arrivait pas. Peut importe à quel point elle essayait. Elle avait entendu les murmures des parents qui la pointaient du doigt en se demandant si quelque chose n’allait pas, si leur fille traitait bien la petite créature. Elle avait vu les regards envieux des filles qui essayaient tout le temps de la caresser et disaient que sa Mina ne méritait pas d’avoir un pokémon comme elle. Elle savait qu’elle n’était pas à la hauteur. C’était sa faute à elle. Elle ne pouvait pas évoluer tant que Mina n’était pas heureuse, parce que si elle était triste, si elle était mal, alors elle aussi.


Valka rassembla un peu de son énergie psychique dans la gemme sur son front pour la faire briller. Une douce lumière bleue se rependit sur les coins de la pièce. Elle put voir le regard surpris de sa dresseuse, sa bouche qui s’entre-ouvrit pour dire quelque chose sans qu’aucun son ne sorte. Cela faisait longtemps que la Mentali n’avait plus besoin de mot avec sa dresseuse. Elle pouvait simplement lire ses émotions. Elsa-Mina devait le savoir aussi. Pourtant, malgré la culpabilité qu’elle pouvait y voir, le remords et son amour pour elle, Valka ne pouvait se résoudre à laisser derrière elle leur dispute. Elle avait besoin d’entendre de sa bouche qu’elle l’aimait. Était-ce trop demander ?

Valka guidait le chemin. Elle ne portait pas beaucoup d’intérêt aux vieilles pierres mais faisait quand même attention à éclairer certaines fresques pour le plaisir d’Elsa-Mina. Non, la mentali était plus attentive aux chuchotements volontairement non discret des multiples pokémons spectres qui avaient élu domicile ici. L’un d’eux s’était amusé à lui jeter une pierre feu dessus. Ça l’avait agacée. Elle pensait avoir laissé derrière elle toute cette histoire d’évolution mais le sujet restait sensible. Elle avait mis longtemps a évoluer. Toujours indécise, comme sa dresseuse. Il lui était même arrivée de considérer évoluer en pyroli. Si c’est peu dire !

Quelques jours après la rentrée des classes Elsa-Mina avait trouvé le moyen de s’isoler encore plus. Terrifiée à l’idée de rencontrer de nouvelles personnes, elle fuyait presque les cours quand ceux-ci se terminaient si bien que Valka avait du mal à la suivre sur ses petites pattes. Il faisait froid aussi dans l’appart. La résidence contrôlait quand le chauffage se mettait en marche et visiblement ils avaient décidé que ce n’était pas maintenant. Elles passaient leurs soirées emmitouflées dans des couvertures à se raconter les évènements de la journée, réviser les cours et boire des tisanes. La nuit, Valka dormait toute serrée contre sa dresseuse. Elle savait que le drap tout fin qu’elle avait ramené de San Camari ne lui apportait que peu de chaleur. En venant ici, elles ne s’étaient pas attendues à ce que la canopée protège autant du soleil.

Pendant un cours Valka avait décidé de partir en expédition pour chercher une pierre feu. Elle s’était dit que si elle pouvait évoluer rapidement alors elle pourra suivre sa dresseuse plus facilement mais aussi lui tenir chaud la nuit. La vérité était qu’elle ne voulait pas vraiment être une pyroli. Elle n’avait aucune affinité pour les flammes, ni le caractère pour. Est-ce que ne pas évoluer faisait d’elle un mauvais pokémon ? C’était un peu comme ce que pensait Elsa-Mina. Elle ne répondait pas aux attentes des personnes autour d’elle. Avait un grand potentiel mais ne l’utilisait pas. Tout comme elle. Au final elle était partie chercher une meilleure vie à Borao. Peut-être qu’elle pouvait faire de même. Leur laisser à toutes les deux le temps de s’aimer, de grandir sans le poids des attentes sur leurs épaules. Juste toutes les deux. Mina l’aimait bien en évoli non ?

Valka déboula à toute vitesse dans les bras de sa dresseuse après les cours. Elle eu le droit à pleins de bisous et des mots inquiets. Sa dresseuse l’aimait. Qu’elle soit une évoli ou non. Alors pour ne pas lui mettre la pression elle allait l’attendre. Elles évolueraient ensemble. C’était décidé.


Valka ramassa la pierre feu. Heureusement qu’elle n’en avait pas trouvé ce jour-là. Elle aimait ce qu’elle était devenue et ce qu’elle pouvait faire. Certes il lui arrivait de jalouser les autres évolutions de temps en temps mais elle avait tenu sa promesse. Elle avait attendu Elsa-Mina. Peut-être qu’elle devait faire ça encore. L’attendre. Il lui semblait pourtant qu’elle l’attendait depuis des années. Depuis la mort de Foldo. La retrouverait-elle un jour ?

Valka avait mis du temps à apprécier l’homme qui avait su illuminer la vie de sa dresseuse. C’était simplement par jalousie. Soudainement elle n’était plus au centre des pensées d’Elsa-Mina. Elle passait un peu au second plan, malgré toutes les tentatives de cette dernière pour la rassurer. Il avait fallu un peu de temps avant que la passion initiale ne se calme pour qu’elle puisse retrouver son train de vie habituel. Maintenant, il lui manquait. Lui aurait su la convaincre de prendre soin d’elle.


Ils s’étaient installés tous les quatres, Valka, Elsa-Mina, Foldo et Vaillant au bord d’un café. La journée était belle et l’humeur joyeuse. Foldo avait voulu faire sortir sa copine qui commençait à se faire des cheveux blancs à cause de la période d’examens qui arrivait bientôt. Lui-même s’était déjà résolut à laisser tout cela derrière lui pour poursuivre sa passion, il avait néanmoins promis à Mina de l’accompagner jusqu’au bout de la première année.

« La glycolyse c’est euh… le truc pour casser le sucre ? »

« Il faudra faire mieux que « le truc ». » lui reprocha-t-elle. « C’est la voie d’assimilation du glucose en énergie. On a vu ça en cours, Foldo. »

Le dénommé haussa les épaules. Il avait vu le schéma. Lu le schéma. Compris les explications de Mina. Ne voulait pas apprendre le stupide schéma mais pour elle, il pouvait bien faire un petit effort. Attrapant la feuille dans les mains de sa copine, il relu machinalement les différentes étapes, non sans un grognement face à la tonne d’information à retenir par cœur. Et c’était simplement un cours parmi tant d’autres.

« Tu ne devais pas aussi réviser tes cours d’anatomie des pokémons plantes plutôt que perdre ton temps sur mon cas désespéré ? »

Elsa-Mina lâcha un grognement. Valka ricana sur ses genoux. La jeune femme faisait tout pour repousser l’échéance d’apprentissage, elle préférait rester sur ces cellules et réactions chimiques. Foldo posa le schéma sur la table pour attraper la feuille de note sur les phyllali. Il jeta un coup d’œil à Valka.

« Vous avez envisagé d’évoluer en phyllali ? Tu aime bien les plantes, elle est calme, c’est la nature. Et son parfum, pourrait t’aider à déstresser. » Il regarda la feuille. « Si j’arrive bien à déchiffrer ton écriture, par Arceus Mina, qu’est-ce que t’écris mal ! »

Elle lui arracha la feuille des mains. Sa grimace ne reflétait en rien son humeur. Valka ronronnait, heureuse de les voir s’amuser.

« Valka évoluera, quand elle évoluera. » Elsa-Mina posa sa main sur son évoli avant de jeter un coup d’œil à Vaillant. « Est-ce que c’est vraiment nécessaire de la faire évoluer ? »

« Pas vraiment. Tout dépend du pokémon. C’est généralement encouragé parce que ça fait partie du cycle de vie mais il existe de nombreux pokémons qui refusent simplement d’évoluer. Evoli est d’autant plus particulier parce qu’elle a tellement de choix possible. » Il tendit la main pour que Valka le renifle avant de la gratter derrière les oreilles. « Je vous aime comme ça. La douce Valka et la jolie Mina. »

Il lui sourit avant de se pencher pour déposer un baiser sur ses lèvres. Ils n’étaient pas près de finir de réviser.


Elsa-Mina n’était plus la même depuis sa mort et elle savait que tous ses travers pouvaient être mis sur le dos du deuil. Cela ne rendait pas la chose plus facile, au contraire. Valka se trouvait manquante, il n’y avait rien qu’elle puisse faire pour combler le trou dans le cœur de sa dresseuse. Alors elle essayait au moins de la forcer à s’occuper d’elle, même si Elsa-Mina devait la détester pour cela. Si c’était pour elle, alors ça valait le coup.

Un énorme bruit se fit brusquement entendre. Toute la salle entière semblait trembler, dans les airs un ricanement malveillant se faisait entendre. Valka invoqua un champ de protection autour d’elle et Elsa-Mina, juste devant elle la voie commençait à s’affaisser c’était le chemin vers la sortie ! La mentali tenta de retenir quelques blocs en vain, elle ne pouvait pas les protéger et empêcher l’éboulement en même temps. Elsa-Mina s’était recroquevillée à côté d’elle, la serrant contre son corps. Valka n’avait pas peur, elle savait pourquoi elle avait évolué en mentali et encore une fois le monde lui donnait raison.


Sa Mina était enceinte ! ça voulait dire qu’elle allait avoir des bébés ! Peut-être dix ! Elle était très optimiste. La nouvelle enchantait tout particulièrement Valka qui rêvait de pouvoir chouchouter la version miniature de ses deux personnes préférées. Elle et Vaillant avaient fait des paris sur le nombre d’enfant et si l’oiseau se montrait plus conservateur, son enthousiasme restait visible. Il avait commencé à faire un nid pour Elsa-Mina en rassemblant tous les coussins du canapé. Valka l’avait joyeusement aidé en allant piquer quelques couvertures. L’appartement de Luciano n’y avait pas échappé, le moment où les deux pokémons y étaient rentrés, il avait été vidé de tous les trucs mous et agréables. Au grand désarroi de leurs dresseurs qui s’en amusaient autant qu’ils s’en inquiétaient.

Les deux pokémons étaient un peu obligés de faire ça. Valka avait senti l’angoisse d’Elsa-Mina, une peur bien différente de celle qui l’habitait habituellement. Elle avait entendu les deux se disputer à ce sujet. Apparemment ce n’était pas prévu et ils ne savaient pas quoi faire de cet enfant qui allait venir. Sa dresseuse était terrifiée mais refusait d’abandonner son petit, Foldo était prêt à se battre bec et griffes pour eux mais il n’était plus là pour partager avec sa fiancée le fardeau des rumeurs.

Valka les entendait, ces messes basses pas toujours discrètes. Ces reproches fait avec un jugement teinté de mépris et jalousie. Elsa-Mina ne comprenait pas pourquoi elle était aussi agressive ces derniers temps. L’Evoli elle était prête à mordre quiconque oserait questionner son humaine. Ou du moins c’était ce qu’elle se disait. Elle avait entendu un soir une conversation entre Foldo et Mina. Sa dresseuse se demandait comment elle pouvait élever un enfant si elle n’était même pas capable de s’occuper correctement de son évoli. Apparemment elle s’en voulait que Valka n’ait pas évolué en Nymphali. Ça encore c’étaient les rumeurs qui s’attaquaient à son esprit. Elle les avait entendues aussi. Comment dire à sa dresseuse qu’elle avait faillit évoluer plus d’une fois mais s’était retenue de toute ses forces. Elle ne voulait pas évoluer par amour. Elle savait qu’Elsa-Mina l’aimait. Non, elle voulait évoluer par bonheur, le bonheur de sa dresseuse. Alors, en attendant ce jour-là, elle attaquerait quiconque lui pense du mal.

Foldo, Elsa-Mina, Vaillant, le bébé et elle. Ils allaient être une famille. La plus heureuse des familles et elle en serait la preuve vivante ! Une mentali !


Valka attendit que la secousse passe. Elle n’était plus qu’une relique du passé, comme ce vieux temple en ruine. Pourtant, comme lui elle persistait. Ses pouvoirs psychiques déblayaient la roche rapidement, elle voulait rentrer à la maison, faire un câlin à sa dresseuse et se coucher sur ses genoux. Elle sursauta lorsque la main d’Elsa-Mina toucha son pelage. Elle eut droit à un sourire avant de la voire mettre les mains dans les briques pour l’aider à dégager l’entrée. Au bout de plusieurs minutes d’efforts qui s’étaient écoulées comme des heures, les deux purent enfin voir le chemin de la sortie. Il était temps qu’elles retournent à la maison.

L’air frais ! Enfin ! Elsa-Mina aurait presque cru qu’elles allaient finir enterrées parmi les momies et les couloirs tordus de la pyramide. Elle s’affaissa sur le sol de pierre, laissant son dos toucher le bâtiment pour tourner son regard vers le ciel. Sans Valka, elle serait peut-être morte et oubliée et si l’idée lui avait presque parue tentante, elle savait aussi qu’elle avait trop à perdre à abandonner. Foldo l’aurait hais pour cela. Elle n’avait même pas encore retrouvé son fils.

Enfermée dans ses tourments, elle en oubliait ceux qui comptaient le plus pour elle. Celle qui avait toujours été là à ses côtés. Valka ne voulait que bien faire, elle était limitée par sa condition, incapable de parler ou de transmettre ses intentions avec la même facilité qu’un humain, pourtant elle essayait, jour après jour de s’adapter à elle et son langage pour lui dire de milles manières « Je t’aime ».

Elle s’était vraiment laissée allée. Luciano avait besoin de penser à lui, d’être plus égoïste pour son propre bonheur. Aro avait besoin d’être rassuré, protégé face à un monde qui lui voulait du mal. Cali Cobalt souffrait d’une même tragédie que la sienne, elle ne pouvait pas la laisser l’affronter seule. Et Valka…

« Je suis désolée. J’ai merdé Valka, je n’aurais jamais dû te parler comme ça, je sais que tu veux aider et que je te fais souffrir, je- Je ne me reconnais plus parfois. Tu ne mérite pas d’être traitée comme ça. Pardon. »

Les oreilles de la mentali se dressèrent sur sa tête. Elsa-Mina vit ses yeux briller d’émotion avant qu’elle ne se jette sur elle, criant sa tristesse. Elles restèrent ainsi un long moment. Enlacées comme elles le faisaient autre fois. Il y avait encore du chemin à faire, tout n’était pas résolu mais… en même temps que le ciel se teintait de rose, l’espoir d’un futur meilleur et la détermination de se battre pour lui renaissait. Elles savaient qu’elles seraient ensemble quelles que soient les embûches. Et c’était suffisant.