Il y a des moments dans la vie où l’ennui vous rattrape. Où tout se passe de manière placide, sans embûches ni surprises. Ce n’était clairement pas le cas d’aujourd’hui. Premièrement, c’était l’un de ces jours où Elsa-Mina faisait tout tomber. D’abord le café s’était éclaté par terre alors qu’elle essayait d’attraper quelque chose sur l’étagère. Ensuite, elle s’était cogné la tête sur le bord de la table en se baissant pour ramasser les morceaux de céramique. Puis elle avait perdu dix minutes à chercher ses clefs dans tout l’appartement avant de se rendre compte qu’elle les avait mis dans le frigo à la place du pot de yaourt qui trainait gentiment sur la commode d’entrée. C’était ces jours-là où il valait mieux rester chez soi, se glisser sous les couvertures et attendre que la malédiction passe. Mais non, Elsa-Mina était têtue, Elsa-Mina était au-dessus de tout cela et Elsa-Mina était franchement très stupide si elle croyait que ça allait s’améliorer.

Il fallait reconnaître aussi que les derniers temps avaient été mouvementés. Aussitôt sortie de l’évènement de charité – elle n’avait même pas attendu la fin – elle s’était jetée sur son portable pour appeler Allanon. Le pauvre homme avait été au bord de l’anévrisme en croyant qu’il lui était arrivé un truc mais avait réussi à contenir son besoin de tout lâcher pour la rejoindre lorsqu’elle avait finalement réussi à aligner deux mots cohérent malgré sa gorge serrée. Elle l’avait mis au courant de la situation et s’il lui avait demandé d’avoir, au préalable, l’accord de l’intendant pour la visite, elle n’avait pas eu trop de mal à le rallier à sa cause. Le concerné quant à lui avait donné son aval après qu’elle ait insisté toute la soirée et le surlendemain, non sans quelques contraintes évidement.

Fébrile, elle ne savait pas à quoi s’attendre. Si elle se basait sur les récits de son beau-frère elle tomberait sur un démon déguisé en homme et si elle prenait au mot le discours de Cali alors elle allait avoir affaire avec un beau prince rebelle. Peut-être que Liam King avait été maudit par une vilaine sorcière qui avait stipulé qu’il ne pourrait être lui-même qu’en présence d’un amour véritable. Ou peut-être que les deux avaient une vision tordue de la réalité et que l’homme était tout ce qu’il y avait de plus banal. Elle savait pertinemment que Cali Cobalt ne se satisferait jamais de quelqu’un de « banal » et que Luciano était un bon juge de personne, le mystère restait donc tout entier.

Elsa-Mina était arrivée à la prison une demi-heure en avance. Elle n’avait jamais remis les pieds ici depuis la mort de Foldo et aurait très franchement préféré ne jamais le faire. L’endroit était toujours aussi austère avec son architecture bétonnée et ses hautes murailles qui laissaient à suggérer. Un frisson la parcouru et elle resserra les pants de sa veste dans l’espoir de chasser le froid qui s’était emparé d’elle. Heureusement, Allanon l’attendait. Fier comme un lion, l’homme l’accueillit dans le lieu chaleureusement en discutant gaiement, on aurait pu croire qu’il lui présentait son appartement. Elle aurait préféré que ce soit le cas.

Il lui proposa un café qu’elle refusa poliment, encore attristée par le destin tragique qu’avait subi le sien le matin même. Elle ne voulait pas particulièrement se mettre à l’aise, ni ne le pouvait. L’estomac trop noué pour imaginer ingérer quoi que ce soit. 3 jours seulement s’étaient écoulés depuis l’annonce des fiançailles. 3 jours déjà que Cali attendait des nouvelles de son amant. Il était temps qu’elle remplisse sa part du contrat. Les mains moites, elle se tordait les doigts avec anxiété en attendant qu’Allanon lui confirme que tout était bon.

Le Chef de la Guarda revint finalement après un moment pour lui signaler de le suivre. Tout le bâtiment était éclairé à la lumière artificielle, seules quelques fenêtres coupées dans le béton et ornée de barres latérales laissaient entrevoir le bleu du ciel. Elle s’imaginait que le décor n’était pas beaucoup mieux de l’autre côté des barreaux. Pourtant Borao avait fait un effort pour rendre le lieu agréable, quelques plantes vertes trainaient en pot par-ci par-là et le mobilier moderne donnait presque un air chic, c’était juste qu’il était impossible d’oublier où l’on se trouvait.

Arrivés devant une porte, le duo s’arrêta quelques instants. Horatio lui rappela les consignes de sécurité et lui affirma qu’il garderait un œil sur elle pendant tout le long de l’entretient. Si quoi que ce soit se passait mal il serait là pour elle. Ce qui lui faisait penser qu’elle devait aussi remercier les deux hommes qui avaient préféré que la rencontre se fasse dans une pièce isolée, elle ne savait pas si elle aurait pu supporter retourner au parloir. L’endroit lui donnait envie de vomir.

« A la moindre inquiétude, on arrête tout. »

« Tout ira bien Al’, je lui fais confiance. » affirma-t-elle.

« C’est bien ce qui m’inquiète… » Il soupira. « Ne le laisse pas te charmer. Il est fourbe. »

« Allanon. » dit-elle d’un ton catégorique.

Il leva les mains en l’air en signe de paix. Le doute restait lisible sur son visage mais il s’était engagé, il n’était plus temps de rétropédaler. Un dernier salut et il disparut dans la salle de contrôle. Elsa-Mina ressassa brièvement les paroles de Cali pour être sûre de ne rien oublier une fois la discussion entamée. Elle sautilla un peu sur place pour se redonner de l’énergie avant d’entrer dans la salle. Pour l’instant vide, elle accueillerait bientôt l’un des criminels les plus renommés de la région et dont la capture avait coûté plusieurs jours à l’hôpital à Luciano. Cali n’avait pas fait dans la demi-mesure, les enjeux étaient là.

Elle n’eut pas a attendre longtemps avant que la deuxième porte ne s’ouvre pour laisser entrer un jeune homme à la peau matte et aux yeux félins. Liam King. Le roi. L’amant. Mais surtout le fou qui avait indirectement brisé le cœur de la jeune Cobalt. D’un geste elle l’invita à s’asseoir en face d’elle, osant lui adresser un sourire un peu étroit à cause de son angoisse qu’elle espérait cacher. Elle aurait bien emmené une collation pour briser la glace mais Luciano l’avait regardé avec des yeux ronds qui avaient été plus explicites que son ton glacial. Ce n’était pas parce que Cali l’aimait qu’il aurait des privilèges.

« Bonjour monsieur King, merci d’être venu. » commença-t-elle. « Je vous en prie, installez-vous. »

L’orange ne lui seyait pas mais loin de le rendre ridicule, la tenue le rendait plus impressionnant encore. Clairement, il n’avait pas sa place ici.

Elsa-Mina cligna des yeux une fois, puis deux. Le temps que l’information arrive à son cerveau embrumé. Qu’elle comprenne ce qu’il voulait dire et qu’elle imagine la tête de Luciano si on lui avait présenté ces mots sur un plateau. Puis elle repense à Cali, tout cela en une fraction de secondes, cette jeune femme qui ne laissait rien passer, coiffée au peigne fin, le maquillage millimétré comme une poupée de cire. C’était ça Liam King ?

Elle éclata de rire. Peut-être que c’était le stress qui l’avait mise à fleur de peau ou tout simplement qu’elle avait été prise de court mais la remarque, même sur le ton narquois, était tellement sortie de nulle part qu’elle n’avait pu s’en empêcher. C’était l’image de Luciano en robe qui avait eu raison d’elle – elle savait qu’il l’aurait porté comme un dieu. Mais cette réaction, tout naturelle soit-elle, remplit Elsa-Mina d'un profond embarras. Elle ne put s’empêcher de rougir en mettant sa main devant sa bouche, surprise par son éclat.

« Oh- Hm ! Excusez-moi, je crois bien que c’est la première fois qu’on me sort ça, je ne m’y attendais pas. »

Décidément la discussion commençait bien. Au moins elle n’avait plus besoin de s’inquiéter sur comment briser la glace. Elle pouvait facilement imaginer comment les choses entre lui et Luciano s’étaient déroulées et comprenait mieux son dédain pour le criminel. L’intendant lui avait épargné les détails mais elle supposait maintenant que c’était son égo qu’il avait voulu préserver, sans surprise. Peut-être qu'elle aimait bien Liam. Elle se redressa légèrement sur la chaise pour tenter de reprendre contenance. Horatio regardait après tout.

« Je suis sa belle-sœur, Elsa-Mina. » expliqua-t-elle. « Luciano m’a beaucoup parlé de vous. »

Elle le jaugea quelques secondes. Si à aucun moment elle ne doutait qu’il puisse faire un bond pour l’étrangler, elle était aussi surprise par la douceur de ses traits cachés derrière un sourire goguenard. D’une certaine manière, ça la rassurait d’avoir une table entre eux, elle osait néanmoins espérer que les menottes soient en trop. Horatio lui aurait savonné les oreilles s’il avait entendu cette pensée mais la réflexion lui semblait logique. Elle voyait mal Cali Cobalt tomber amoureuse d'un violent lunatique, encore moins de se dévouer tout ainsi à lui.

Enfin, elle était là pour lui certes, mais au nom d'une d’autre. Entant que messagère, elle devait faire preuve de diligence. Il y avait des mots qui méritaient de ne pas être perdus et ceux de Cali étaient particulièrement précieux. Le temps comptait, grain par grain la date fatidique approchait. Son seul plan était de libérer l’homme et d’espérer qu’il ait très rapidement une idée pour faire capoter le mariage. Plus que tout, elle craignait de rester inactive, de voir la jeune femme se faire engloutir par les manigances de sa mère et de simplement détourner le regard comme elle avait appris à le faire depuis des années.

« Je sais que ma visite est un peu imprévue mais j’ai des messages à faire passer et une demande à vous faire mais je suppose que vous connaissez déjà la rengaine. » commença-t-elle. « C'est Cali qui m'envoie. Êtes-vous au courant pour les fiançailles ? »

Elle espérait qu'il le soit, elle haïrait que ce soit la manière dont il apprenait la nouvelle.

Elsa-Mina regarda Liam mimer avec intensité le discours de ce qu’elle supposait être un journaliste. Elle ne savait pas si c’était bel et bien mot pour mot ce qui avait été dit mais la perspective que ce le soit suggérait beaucoup sur l’intérêt de l’homme vis-à-vis de la situation. La dérision semblait être l’outil préféré du chef de la Team Zekrom, bien qu’elle ne doutait pas qu’il ait d’autres cordes à son arc. En ça, il était très différent de Luciano et Cali qui préféraient s'enfermer dans un mutisme saupoudré de déni. Elle avait plus de facilité à comprendre la réaction de ces deux-là que celle du criminel, elle-même ayant tendance à utiliser l'excuse du boulot pour fuir ses problèmes. Néanmoins, il y avait une certaine rigidité dans le spectacle, comme un pantin rouillé et usé par la vie. C'était un acte qui devait être bien fatiguant.

Sa prochaine remarque touchait un point plus sensible et Elsa-Mina sentit ses mains se crisper et son visage se durcir légèrement. Elle n’était pas particulièrement énervée contre lui, c’était simplement un sujet blessant auquel elle n’avait pas envie de penser. Surtout pas avec Allanon qui les regardait tel un guériaigle depuis la salle de contrôle. Si elle n’avait pas immédiatement compris l’intérêt que le chef de la Guarda lui portait, Luciano avait assez rapidement explicité la chose pour elle. Le déni n'allait pas pouvoir la sauver. La Viridis avait bien vu les sourires encourageants et les tentatives à peines voilées de son beau-frère pour leur offrir du temps privilégié. Il ne voulait que leur bonheur. Elle ne détestait pas cela pourtant… C’était comme insulter la mémoire de Foldo. Et Allanon méritait quelqu’un qui puisse l’aimer entièrement et inconditionnellement, sans le comparer à un fantôme. Quelqu'un qui n'était pas elle.

« Veuve. » corrigeât-elle un peu froidement.

Il lui avait fallu du temps avant d’arriver à utiliser ce mot. Elle avait réussi à danser plusieurs mois autour du sujet, à prétendre que ce n’était qu’un cauchemar et que Foldo reviendrait. Elle avait beaucoup de mal à se rappeler les premières semaines après sa mort mais il y avait quelques brides qui lui venaient à l’esprit ; le petit corps tremblant d’Aro dans ses bras qui pleurait toutes les larmes de son corps en hurlant et la suppliant de ramener son père – Elle avait dû l’abandonner dans les bras de Luciano pour aller s’effondrer dans la salle de bain, incapable d'endurer cela plus longtemps. Maintenant le mot venait plus facilement, il avait presque perdu son sens. Elle l'utilisait comme un badge porté fièrement pour annoncer au monde sa douleur. C'était bien le dernier honneur qu'elle pouvait lui faire.

« C’est ce que j’ai entendu dire en effet. Elle vous aime toujours. » l’informa-t-elle.

Elle aurait pu jouer un peu avec son cœur, lui faire miroiter la vie visuellement parfaite d’Allen et Cali, lui reprocher de ne pas avoir été à la hauteur. Est-ce que ça aurait été une bonne revanche ? Lui qui avait abandonné sa Princesse comme Foldo l’avait abandonnée pour ses idéaux. Ne méritaient-ils pas de souffrir pour leur égoïsmes ? Elle n’avait pas le cœur à ça. Au final, elle savait qu’elles feraient tout pour leurs hommes, quel qu'en soit le prix. Si elle avait pu prendre la place de Foldo, le monde n’en serait-il pas meilleur ?

« Elle est inquiète pour vous Liam, et je le suis aussi. Pour vous deux, je veux dire. Elle n’est pas heureuse mais elle endure parce qu’elle ne veut pas que vous vous inquiétiez. Vous savez qu’elle a récupéré vos pokémons ? Elle m’a dit de vous dire qu’Emily et Robin vont bien mais que vous leur manquez. Robin s’est apparemment lié d’amitié avec Hel, la givrali de Cali si je ne me trompe. Et qu’Emily a pris soin d’elle. C’est un certain Dan qui les protège actuellement, Cali lui a confié vos pokémons il y a quelques mois. »

Le fait que Cali ait trouvé important de le rassurer sur le sort de ses pokémons en disait long sur son personnage. Comme Foldo il avait un cœur tendre, comme Foldo il avait été au mauvais endroit au mauvais moment. Elle ferait en sorte que les parallèles s’arrêtent ici.

Ah. Donc Luciano avait fait un blocus total vis-à-vis du monde extérieur. En soit, ce n’était pas surprenant, l’homme restait un criminel et par ses actes ne méritait pas la compassion mais, connaissant ce qui était arrivé à Foldo, n’aurait-il pas au moins pu le rassurer sur le destin de ses pokémons ? Pourquoi infliger cette angoisse à quelqu’un d’autre ? Elle s’inquiétait sincèrement pour Luciano, l’homme semblait se renfermer de plus en plus sur lui-même, quitte à bafouer ses principes. Dis-moi brave coquiperle, est-ce que le monde est si terrible que tu crains d’y exposer ta perle ? Que pouvait-elle faire pour le mettre à l’aise ? En ce jour rien, elle savait que ses actions actuelles allaient se révéler source de trouble pour cet homme qu’elle aimait tant. Elle était égoïste. L’avait toujours été. Le bonheur de Liam et Cali, et indirectement le sien, passait avant.

Elle sentait l’homme en face d’elle, troublé. Son regard doré ombragé par des maux que lui seul saurait nommer. Elle pouvait néanmoins connaitre la source de son tracas. En l’espace de quelques instants, à la simple mention de Cali, elle l’avait vu passer de fier et charmeur à attristé et contemplatif. Sa question était douce, honnête. La réponse semblait évidente mais il était clair qu’il avait besoin de l’entendre. Elle n’eut aucun mal à le lui dire.

« Non. Elle y est contrainte par sa mère. Elle espère certainement qu’en étant la fille modèle tout va s’arranger. » Elle eut un sourire attristé en repensant à la jeune femme. « Lilith n’en a que faire. Je reste persuadée que cette femme trouverait à critiquer Arceus lui-même. »

Elle ne l’avait que rarement croisée dans quelques soirées organisées par des investisseurs. Elles s’étaient échangé quelques politesses, n’avaient jamais essayé ni voulu aller plus loin. La femme lui donnait la chaire de poule et la pauvre opinion que Luciano avait d’elle, suffisait à dissuader toute tentative de discussion chaleureuse. Si elle avait pu arracher Cali des griffes de cette démone, elle l’aurait fait. Si elle avait pu lui faire ravaler ce sourire hautain, elle l’aurait fait aussi. Cette femme n’avait pas une seule fibre sympathique et Elsa-Mina, pour autant qu’elle essayait de vivre suivant les principes de Foldo, était bien incapable de lui accorder le bénéfice du doute.

Le chef de la Team Zekrom ne lui laissa pas beaucoup de temps dans ses pensées, il la relança aussitôt sur le sujet de sa visite. L’inquiétude que ses questions traduisaient était adorable. Pour le bien de Cali, ils allaient devoir travailler ensemble. La confiance était nécessaire, elle espérait pouvoir mériter la sienne.

« Une question à la fois s’il vous plait. Je dois admettre que je ne connais pas si bien Cali que cela mais son histoire, votre histoire, m’a touchée. Vous me rappelez Foldo. » offrit-telle comme seule explication. « Lui aussi m’a été arraché par la Guarda. »

Elle n’ira pas plus dans les détails, pas ici et pas avec lui. Pour autant qu’elle souhaitait lui donner tout le bénéfice du doute, il restait un criminel et leur conversation était filmée. Elle s’était bien gardée de dire à Luciano qu’elle avait révélé tous les détails à Cali. Il n’aurait pas manqué de s’arracher les cheveux et paniquer mais c’était surtout sa désapprobation qu’elle craignait. Elle n’aurait pu supporter son regard et rien que l’imaginer avait suffit pour hanter ses nuits. Avait-il remarqué qu’elle l’évitait récemment ? Se doutait-il de la raison ?

« Nous nous sommes vu le soir de l’annonce. Ça nous a complètement pris de court, Cali surtout. Nous avons longuement parlé, de sa situation, son amour pour vous et sa décision de ne pas officialiser votre relation. Je ne suis pas là pour juger et je ne me le permettrais jamais. Je pense, que vous auriez aimé entendre la manière dont elle parlait de vous. Je dois dire que je m’attendais à un prince charmant, vous êtes… » Elle n’allait pas dire banal, Liam King n’avait rien de banal. « ...plus proche du dragon. »

Féroce, gardien de secret mais surtout la clef pour faire avancer l’histoire. Parfois les suzerains tyranniques se complaisaient trop dans leur opulence, il faisait bien qu’une attaque de dragon leur remette les pieds sur terre.

« Pour répondre à votre question. Je ne sais pas si vous pouvez la rendre heureuse. Je ne vous connais pas. Cali, elle par contre ? Elle en était persuadée. Elle en est persuadée et je n’ai pas de raison de ne pas la croire. » Elle esquissa un sourire. « Vous n’avez pas l’air si terrible et vous savez poser les bonnes questions. Ou du moins celles qui mettent en confiance. »

Elle n’avait pas vraiment besoin de plus. Moins aurait été inquiétant mais moins n’aurait certainement pas satisfait Cali Cobalt. Et puis…

« Sans oublier que Luciano vous fait suffisamment confiance pour vous demander de l’aide, à sa manière je vous l’accorde. Il n’a jamais été très bon avec les premières impressions. »

C’était peu dire. Elle l’avait vu réussir à antagoniser la jeune Cobalt en un temps record lors du Dia de Los Muertos. Elle-même avait fait les frais de son manque de tact, il y a de cela une autre époque, ou presque.

« Si je peux me permettre de vous retourner une question, qu’est-ce qui vous garde ici ? Pourquoi ne pas la rejoindre ? De quoi est-ce que vous avez peur ? »

Un homme moins fier aurait accepté l’offre de Luciano. Un homme plus fou se serait enfuit avec sa bien-aimée. Un homme plus brave demanderait « Que puis-je faire pour la retrouver ? ».