AVERTISSEMENT : dans l'histoire de Spike il est question de manipulation, harcèlement, violence conjugale et de trucs pas forcément jojo en général /!\

Vous allez être déçu. La vie de Spike n'a jamais été bien compliquée. Du moins pas compliquée à résumer. Parce qu'en dehors de ça, dans les faits, ça n'a pas toujours été rose ou facile. Loin de là, même.
Sa mère, Esperanza Becker, s'était éprise d'un homme qui lui avait promis monts et merveilles. Qui lui avait promis amour et tendresse. Alors bien sûr, quand on tombe entre les mains d'un manipulateur, on croit facilement ce qu'il dit. On boit ses paroles car elles sont si douces à entendre et que, pendant plusieurs mois de relation, il ne montre aucun signe malveillants.
Comme beaucoup de couples qui s'aiment -ou croient s'aimer-, ils se sont mariés. Se sont posés dans un appartement à Vélocité. Parlaient d'avenir. Et pourtant, des signes avant coureurs avaient commencé à se poser. Son mari, qu'elle aimait pourtant d'un amour sincère, l'obligea à quitter son travail dans la restauration pour garder la maison et s'assurer que le ménage soit fait quand lui rentrerait de son boulot. Employé de bureau dans une grande entreprise, il aimait se vanter de l'argent qu'il gagnait. En comparaison, Esperanza avait des rêves plus simples : monter un jour son propre restaurant. Mais elle voyait ce désir s'envoler petit à petit au fur et à mesure que son mari devenait contrôlant.
Elle crut néanmoins pouvoir enfin à nouveau connaître un bonheur plus sain lorsqu'elle tomba enceinte. Voulant cet enfant depuis quelques mois, il avait mis du temps à apparaître mais pointait finalement le bout de son nez. Le mari Becker s'était adouci à cette nouvelle. Encore plus quand il apprit que ce fut un garçon. Il lui fallait un autre homme de la maison ; il n'avait pas souhaité de fille. La future mère, elle, s'en fichait. Elle aimait déjà ce bébé et avait hâte qu'il naisse. Et l'accouchement, bien que difficile et long, la combla tout de même de joie.
Elle profita de son congé maternité pour tester de nouvelles recettes de cuisine dans l'espoir de pouvoir à nouveau retravailler. Mais les nombreuses crises que leur bébé faisait rendait peu à peu fou le géniteur. Au travail de ce dernier, ça n'allait d'ailleurs pas fort. Sa boîte allait couler. Il se réfugia alors dans l'alcool et devint progressivement dépendant à ce dernier, le rendant davantage exécrable. Il devint méprisant, égoïste, égocentrique, et ce n'était certainement pas un bon père. Il ne prenait pas soin de son enfant, laissant tout à sa femme. Il considérait que c'était son job, qu'elle n'avait rien de mieux à faire. Mais Esperanza était épuisée de jour en jour. S'occuper d'un enfant en bas âge et s'assurer que son mari était satisfait de ses efforts en tant que femme au foyer était éprouvant et lui minait le moral chaque jour un peu plus.
Puis, tout vola en éclat. Le mari tomba en dépression. Il refusait de se faire soigner et niait ses problèmes mentaux. Il commença à lever la main quelques fois sur sa femme. Cette dernière, coupée de son entourage par l'homme qu'elle aimait, était démunie et croyait n'avoir aucune échappatoire. Cependant, alors que Spike n'avait que un an, le père de ce dernier voulut lever la main sur lui, pour la première fois, après que ce dernier ait fait une petite bêtise. Il avait cassé quelque chose. Une bêtise d'enfant. Rien de bien méchant, mais ce fut assez pour que monsieur Becker veuille le punir physiquement. Esperanza, à ce moment-là, s'interposa avant qu'il ne soit trop tard. Et pour elle, ce fut la goutte d'eau.
Un soir, quelques semaines après cet événement, Esperanza fit boire son mari. Beaucoup. Il tomba ivre mort sur le carrelage de la cuisine. Pendant qu'il était inconscient, Esperanza rassembla toutes ses affaires ainsi que celle de son enfant et disparut avec lui. Sur ses économies de quand elle travaillait et avec l'argent qu'elle avait gardé des dons de leur mariage, elle avait soigneusement préparé une fuite et prit le premier vol pour Cinza. Sa terre natale. Elle était née et avait grandi ici avant de partir pour tenter le rêve Unyssien.

L'arrivée à Sercena fut toutefois un bol d'air frais. Libérée d'un poids considérable, Esperanza dut cependant enchaîner les petits boulots pour permettre à elle et son fils de survivre et se trouver un logement. Elle se dégota un petit studio en banlieue de Sercena où elle put commencer sa nouvelle vie. Et s'ils ne roulent pas sur l'or, la Cinzane d'origine revit. Lorsqu'il fut en âge, elle inscrivit son fils en maternelle pour qu'il puisse se sociabiliser avec d'autres enfants de son âge. Pour elle-même, ce n'était pas facile d'apprendre à sortir à nouveau. Elle revoyait du monde petit à petit mais ce fut long de s'ouvrir à des personnes qu'elle ne connaissait pas.
Au contraire, Spike n'avait aucun problème. Il parlait et jouait avec ses camarades de manière très aisée. Toujours joyeux et rieur, le garçon n'avait pas de problème pour se faire des amis. C'est le petit soleil de sa maman. Mais plus il grandit, plus il ressemble physiquement à son père. Esperanza prit Arceus pour qu'il ne devienne jamais comme lui. Le petit garçon pose parfois des questions sur son géniteur, mais Esperanza refuse de lui en parler. Comme c'est un sujet qui contrarie sa maman et la rend triste, il n'insiste toutefois jamais longtemps et le sujet est peu à peu abandonné de son esprit. Il profite de la vie qui lui est donnée.

S'il a eut beaucoup de mal à apprendre à écrire et à lire, il fit toujours de son mieux, en dépit du retard qu'il prenait sur ses camarades et le fait qu'il préférait s'amuser que de réfléchir à des choses compliquées. Esperanza finit par trouver un boulot stable de serveuse dans un diner. Cela leur permit d'améliorer légèrement leurs conditions.
Le plus beau jour de la vie de Spike, ce fut l'anniversaire de ses dix ans. Sa mère lui donna son tout premier Pokémon : un Lixy, qu'il baptisa Bolt. Ils devinrent vite très complices et inséparables, pour le plus grand bonheur de sa mère qui voyait enfin de la lumière arriver dans leur vie. Cela n'empêcha pas son fils de continuer à faire quelques bêtises. L'arrivée du Pokémon n'aida d'ailleurs en rien car il eut un nouveau compagnon de jeux avec qui il pouvait faire les quatre-cent coups. Sa maman fut toutefois un peu rassuré de lui avoir confié ce Pokémon car Spike ne s'imposait pas particulièrement à l'école. Il savait sociabiliser mais demeurait fragile, naïf, et se laissait trop souvent malmener par certains camarades. De plus, Spike ne partageait pas leur attrait pour le combat Pokémon. Cela ne l'intéressait pas. Lui, ce qu'il voulait, c'était protéger la faune et la flore. Depuis qu'il vu une émission avec des Rangers, il se mit à rêver d'en devenir un aussi après s'être renseigné sur leur objectif.

L'arrivée au collège fut chaotique. Quand Spike avait onze ans et il se fit embêter par ses camarades à cause de sa fragilité, puis raillé car ses vêtements et ses affaires n'étaient pas 'à la mode'. Sa mère n'avait pas les moyens de lui acheter tout ce qui plaisait aux jeunes adolescents pour se faire remarquer et accepter. Il se laissa en plus railler par des garçons de son école, certains plus grands, car il était pour eux un parfait bouc émissaire. Il n'osait pas se rebeller, ne désirant pas se faire rejeter. Séparé de ses amis de primaire, il se retrouvait souvent seul et isolé à l'école. C'était aussi l'âge où les combats Pokémon allaient bon train entre les collégiens.
Hélas, un jour, Spike fut également impliqué dans un combat contre son gré. Obligé par un de ses harceleurs, il refusa de faire combattre son petit Lixy, trop faible et trop peu entraîné. Cela n'empêcha pas ses agresseurs de le forcer pour mieux le ridiculiser, le menaçant de lui prendre son Pokémon par la force s'il ne le faisait pas combattre. Alors Spike, qui avait trop peur que cela arrive, s'engagea dans un duel perdu d'avance. Bolt fut mis KO en quelques petites minutes, alors qu'il avait fait de son mieux pour se défendre. Il était dans un piètre état, et Spike pleura toutes les larmes de son corps la nuit qui suivit, demandant pardon à son Pokémon d'être trop faible pour avoir pu refuser. Il se promit de ne plus jamais faire de combat Pokémon, les trouvant bien trop violents. Suite à cet épisode, Spike suit des cours par correspondance pour éviter d'aller à nouveau à l'école.

Mais hormis son désir de ne plus se rendre au collège, ses notes commencèrent à chuter également. Il fut marqué plus qu'il ne l'admettait par ce fameux combat, dont Bolt ne s'était pas non plus complètement remis. Pendant que sa mère devait rester tard pour travailler de nuit, il arrivait à Spike de sortir le soir. Il se mit à traîner avec d'autres adolescents dans les rues pour faire des tags et du parkour, où il apprit et un et l'autre sur le tas au contact des connaissances qu'il se fit dans les coins un peu reculés de la ville. Son rêve de Ranger ne fut pas estompé toutefois puisqu'il continua à se documenter sur le sujet par le biais de livres et de sites internet.
Quand il eut treize ans, la Nova Existencia fit son entrée. Ne comprenant pas les motivations de ce mouvement d'abord, il se mit de plus en plus à croire à un monde idéal promis où humains et Pokémon vivraient en paix et sans avoir à faire des combats. Alors s'il ne dit rien à propos de leurs agissements, se trouvant trop jeune et sa mère l'en préservant également pour lui éviter des ennuis, un autre traumatisme lui arriva.
Au cours d'émeutes dans lesquelles il avait été immiscé sans le vouloir alors qu'il se trouvait avec sa mère et son Pokémon, la violente agitation et les foules en colère de toutes parts le séparèrent de Bolt. Perdu, le petit Lixy fut éloigné de son dresseur et disparut dans la mêlée. Il ne revit plus jamais son ami.

Accablé par cette tragédie, Spike ne devint plus vraiment le même. Son cœur devint plus dur. Ses convictions plus féroces. Il sut ce qu'il voulait faire. Son entrée au lycée ne se fit pas sans encombre. Il devint bagarreur et n'eut pas forcément les meilleures fréquentations du monde. Les combats de Pokémon devinrent illégaux, tout comme leur possession. Soulagement pour lui. Il rechercha quand même toujours son ami porté disparu dans l'espoir de le revoir un jour. En parallèle, il s'essaya à la boxe et à d'autres sports martiales sur son temps libre. Il y prit goût et se mit à en faire régulièrement, devenant plus imposant au passage et raffermissant son caractère. Il ne se laissait plus marcher dessus. Il devenait celui qui pouvait marcher sur les autres. Voyant toutefois que son caractère violent faisait peur à Esperanza, Spike décida de ne pas tomber dans les travers de ses agresseurs et put voir une psychologue au lycée qui l'aida un peu à ne pas totalement finir comme délinquant. Il reprit un peu de son côté joyeux et devint plus ouvert. Plus populaire, aussi, puisqu'il abandonna ses 'amis' du début qui étaient en fait des brutes pour se concentrer sur des choses et des bases plus saines. Il tourna une page et voulut recommencer. Cela prit du temps pour qu'il soit à nouveau accessible, mais ses efforts finirent pas payer. Il n'avait toujours pas des notes fabuleuses à l'école mais profitait maintenant de sa notoriété pour protéger les plus faibles et faire un peu office de défenseur. Il voulait redevenir le soleil qui avait donné envie à sa mère de se battre quand elle était au plus bas. Peu à peu, il fit également le deuil de son Lixy. Malgré des recherches intenses, il ne fut jamais retrouvé et il était de toute façon devenu illégal d'avoir un Pokémon. Alors il n'insista pas, étant tout de même d'accord avec les nouvelles lois bien qu'elles comportaient leur lot de défauts.

Son bac en poche, il s'engagea finalement dans des études pour être Ranger. Ou plutôt Regulador. Par conviction et pour aider financièrement sa mère qui ne pouvait plus gérer tout toute seule, il rejoignit la Guarda. Emerveillé par la technologie de cette dernière, il agit désormais comme un de ses fiers serviteurs, même s'il doit travailler avec un Dracaufeu. La rencontre avec Ember s'est faite difficilement. Pas du côté du Pokémon, mais plutôt le sien. Très gentil, le dragon (pas vraiment dragon) s'est montré bienveillant mais Spike a encore du mal à se faire à l'idée d'avoir à nouveau un Pokémon à ses côtés, surtout un qui vole. En effet, Spike n'a pas spécialement peur de grand chose, mais il a le vertige sur les choses ou créatures qui bougent. En dehors de ça, il se plait dans son métier. S'occupant de la nature et de l'agressivité des Pokémon, il est convaincu que c'est le premier pas pour un monde en cohabitation avec les monstres de poche, plus vraiment en poche. Pour lui, les Pass sont une alternative non négligeable, bien mieux que les Poké balls et tout ce qui retenait enchaînés les Pokémon à leur obligation de combattre. Le souvenir du petit corps de Bolt lui revient souvent en mémoire lorsqu'il affronte des opposants à la Nova, persuadé que c'est la Guarda qui a raison. Au moins, il a un salaire décent qui lui permet de soutenir Esperanza et de pouvoir élargir également ses loisirs. Il peut sortir dans la nature pour explorer et analyser, étudiant les comportements des différents Pokémon. Même si le métier a quelques risques, il est content de pouvoir réaliser son rêve, tout en découvrant de plus en plus de choses qu'il peut se permettre de faire grâce à son salaire. Les sorties avec les copains, les achats de jeux vidéos et de livres, les vêtements qui lui font plaisir de prendre... Spike revit et peut même en plus offrir des petits cadeaux à sa mère de temps à autre. Pour lui, la vie roule et poursuit son cours. Il a l'impression, pour cette fois, d'appartenir à un groupe. D'avoir, en somme, trouvé sa place quelque part.