Getz crut rêver.

Avec toute la difficulté du monde mais sans rechigner, Howard expulsa alors un jet d’encre bien moins convaincant que les précédents, mais qui aspergea malgré l’ennemi avec une vigueur inespérée.  Le poulpe, au bout de sa vie, semblait aussi déterminé que sa tutrice à mettre fin au règne de terreur de cette infâme boule de diamants.

Mais pour le Regulador, c’en était trop.

- Que…

Le son d’une goupille du fumigène sur le point de se faire arracher était logé dans le cerveau de Vanda comme un déclencheur d’adrénaline. Lorsqu’elle l’entendit, elle se retourna avec une célérité déboussolante, et bloqua des deux mains celle de Getz qui s’apprêtait à déclencher le mécanisme.

Immobilisé, le Regulador la regarda avec défi.

- Laisse-moi faire, pauvre malade !

- J’en ai presque terminé.

- Foutaises ! Tu traites ton partenaire comme une arme, comment tu veux que ça marche ?!

Devant eux, l’ennemi se relevait une nouvelle fois de l’Octazooka. En tournant furtivement le regard vers lui, Jolas comprit qu’il n’avait plus rien à perdre. Pour autant, impossible de savoir ce qu’il allait faire.
Elle affronta finalement le regard de son camarade humain, et rapprocha son visage du sien.

- Tu te trompes. Lui et moi on est pareil. On ne sait faire que des bisous.

LE POKÉMON SAUVAGE ATTAQUE !

(Strassie ∅) Niveau 15 - Corps Sain - Brave 4/44 | Vit. 21 Charge (100 | 9 - 10 - 11) Jet-Pierres (90 | 16 - 19 - 21) Affûtage (-) Anti-Air (100 | 16 - 19 - 21)

Strassie utilise Anti Air (#4) Le dé cent concerne la précision de Jet-Pierre, pas utile ici. Valeur : - Nombre de dommages : 1 Octillery prend 1 dégâts, KO. Perduuuuuuuuuuu

A la sortie de la grotte, Vanda et Getz reprenaient leur souffle, étalés sur la pierre gelée. Ils ne s’étaient plus dit un mot depuis l’incident. Howard, lui, se trouvait inconscient dans sa Filet-Ball.

Difficile de savoir pourquoi, à un moment si technique et dangereux, Jolas avait jugé pertinent de choisir ces mots-là. Face à cette accusation de traiter son pokémon comme une arme, peut-être avait-elle souhaité mettre en avant le fait qu’elle se sentait elle-même comme une arme vivante, en mettant en avant les « bisous » dont Howard était capable. Peut-être voulait-elle simplement canaliser un peu de rancœur mal placée envers Getz, en lui rappelant qu’il avait eu sa chance avec elle à l’Université, et qu’il aurait mieux fait de s’en saisir avant que les voies du destin ne les écarte, tout comme elles les avaient tous deux écartés d’Adonis.

En tous  les cas, cela n’avait pas empêché le Strassie de mettre l’Octillery hors d’état de nuire, faisant pleuvoir une ultime salve de roche sur le bras de Jolas qui s’en était bien mieux tiré que le mollusque, essentiellement grâce à lui. Désarmés, les deux humains s’étaient enfuis à toute jambe, officiellement chassés par ce maudit tas de cristaux. Ils ne devaient leur salut qu’au fumigène à Perola que Getz avait fini par dégoupiller avant de la lancer sur l’ennemi pour freiner sa poursuite.

Son obstination lui avait coûté cher. Et visiblement, elle n’allait pas tarder à coûter cher à Getz : le Ponchiot de son supérieur avait la truffe à deux doigts de son visage… le supérieur direct du Regulardor, propriétaire du Cabot, finit par lui faire de l’ombre alors qu’il récupérait encore de son sprint à travers les roches de la grotte. Sans dire un mot, Vanda brandit son badge de la Guarda pour évacuer toute question pénible.

- On peut savoir ce que vous avez foutu ? C’était quoi ces éboulis ? On a entendu ça dans toute la zone !

Getz, en se relevant péniblement, expliqua la situation. Evidemment, la partie la plus difficile à avaler était le fait que Vanda s’était enfoncée dans le Cénote sans raison explicable.

- Elle avait un Barbicha à interroger au fond du lac, l’enquêtrice ?

« L’enquêtrice vous encrotte », se retint-elle d’aboyer. Au lieu de cela, elle expliqua simplement qu’elle avait été désagréablement surprise par l’agressivité de la faune, et que son but premier était de rendre visite à Getz.

- Motif ?

- Jolas voulait des nouvelles d’un ami commun de l’université, lâcha Getz avec épuisement.

- Vous vous moquez de moi ? gronda le chef de Getz, au soulagement de celui-ci. A quel moment vous vous êtes dit que c’était le meilleur endroit, le meilleur moment pour ressasser des souvenirs d’études ?

- Je ne suis pas du genre à ressasser, lieutenant. J'ai des questions à poser à cet ami commun. C’est pour une affaire, en lien avec les évènements de Sercena en 2015. Je cherche à récupérer ses coordonnées, je me suis figuré que Getz devait les avoir.

- Et vous ne pouviez pas simplement aller vous servir dans la base de données des renseignements à La Isicao?

- Le temps de rentrer en contact avec le département informatique, j’avais plus vite fait de venir ici, insinua-t-elle sans masquer l'ironie.

Incrédule, le lieutenant s’écarta avec un regard méfiant, imité par son fidèle Ponchiot. Il ne pouvait pas vraiment s’opposer à Vanda plus qu’il ne l’avait fait. Les choses auraient pu être tout à fait différentes si Getz avait évoqué le fait qu’elle avait failli l’empêcher de se servir du Perola dans un moment critique.

Lorsque son chef fut assez loin, il finit par affronter Vanda du regard une nouvelle fois, incisif :

- C’est vrai ce mensonge ? Alors j’avais raison, il est vraiment impliqué dans quelque chose au final.

Elle lui offrit un haussement de sourcil vaguement complice.

- Qui sait. Alors, tu me files son numéro, oui ou non?