Je suis né le 17 septembre 1992 à San Camari, dans une famille plutôt banale. Sans énormément de l'argent, j'ai toujours su me contenter de peu et me débrouiller. Mais j'étais heureux. Je n'ai quasiment pas vu San Camari, puisque nous avons rapidement démangé à Pavlica dans l'espoir que mon père trouve une place dans la police.

Mais j'étais trop petit pour m'en préoccuper, je passais le plus clair de mon temps à jouer. Puis j'ai grandi et mes goûts se sont formés, se portant rapidement sur toute sorte d'innovations et d'avancées technologiques. Mon cerveau s'échauffait rapidement et je ne parvenais pas à décrocher mon esprit. Ma mère eut alors l'idée de me mettre au sport, afin d'avoir un exutoire. Ce qui fonctionna très bien. Je suis rapidement devenu accro. Je me suis donc lancé dans l'informatique et j'en ai fait mes études ! L'un des premiers à me lancer dans cette voie d'avenir.

Mais à mes 19 ans, la vie bascula. Une nouvelle vint frapper à ma porte et qui m'assena un coup sur la tête. Ma copine de l'époque Marcia, était enceinte. Impossible, on était bien trop jeune ! Des longues de discussions et de réflexions, pour prendre la meilleure décision. Nous avons fini par la prendre et avons accueilli notre petit Donovan dans notre cocon. Être père du jour au lendemain, ce n'est pas aisé. Surtout en terme de responsabilité, mais je m'y suis rapidement acclimaté. Sans m'en rendre compte, mon objectif de vie changea. Désormais, je prendrai soin de ce petit être et je ferai tout pour le rendre heureux. Sentiment qui n'était malheureusement pas partagé par Marcia, que je voyais s'éteindre jour après jour. Et malgré toute l'aide que je lui apportais, elle ne se rallumait pas. Cette nuit, je m'en souviendrais éternellement. Du bruit provenait du salon et Marcia ne se trouvait pas à côté de moi. Je suis alors descendu, pour voir ce qu'il se passait et je l'ai vu sur le pas de la porte, bagage à la main. "Je suis désolée, je n'y arrive pas", furent ses seuls mots avant qu'elle ne disparaisse. Je n'ai pas réagi sur le moment, je suis simplement remonté, j'ai pris Donovan et je l'ai couché sur le lit près de moi. Je n'ai jamais réagi. J'appris par la suite qu'elle avait pris un bateau pour rallier une autre région. Avais-je fait quelque chose de mal ?

Avec cette culpabilité grandissante, j'ai trouvé la force d'avancer dans l'amour pour mon fils. Dans ses yeux étincelants, dans son sourire et sa soif de vivre. Mon désir de protection ne fit alors que s'accroître. Je pus trouver un job d'analyste informatique, dans une toute nouvelle boite qui me permettait de travailler à domicile. Je ne pouvais pas refuser ! Encore une fois, je pensais que ma vie venait de se stabiliser. Mais la Nova Existencia arriva.

Mon fils fêtait à peine ses 4 ans et la vision des violences me glaça le sang. Tout comme le nouveau gouvernant qui venait d'être instauré. La privation de liberté, la haine, le vice. Je me suis alors éloigné de tout ça. Pour nous protéger. Mais une frustration grandissait en moi. Je ne pouvais pas laisser ce monde-là à mon fils ! Impossible. J'ai passé des années à chercher une solution, car je ne voulais prendre aucun risque. Changer l'avenir oui, mais pas au détriment de ma vie. En parallèle, je lui inculquais les valeurs de libertés et de respect. Que beaucoup de gens avaient perdu visiblement. Le temps passa et la région devint méconnaissable. Donovan était devenu, un véritable expert en musique, possédait d'excellentes notes à l'école et trouvait une partie son bonheur dans le sport. Rien que d'y repenser, je verserai une larme.

J'étais si fier.
À ses 10 ans, il jouait déjà de la guitare et du piano. Et avait remporté le prix de sciences de l'école et quelques compétitions sportives. Le voir grandir me faisait plaisir, mais m'inquiétait également. L'atmosphère à Cinza ne s'était pas améliorée ... Lorsqu'une lueur d'espoir apparu. Contacté par un utilisateur anonyme sur le net, il m'expliqua qu'il était membre d'un groupe dénommé MUNJA à Unys. Il me raconta leur passé, les histoires de la Team Plasma et d'autres détails. Je n'étais visiblement pas le seul avec qui il était entré en contact, puisque que deux pseudos inconnus se joignirent à la conversation. Après plusieurs jours de négociations, un sourire apparu sur mon visage. Voilà le moyen parfait pour faire bouger les choses, tout en restant dans l'ombre : internet. Et c'est alors que le mouvement MUNJA de Cinza prit racine.

Aujourd'hui, c'est l'heure de la grande cérémonie annuelle de Borao, l'occasion de taper fort. Comme à mon habitude, je suis dans l'ombre. Je m'assure que l'opération peut se passer sans encombre. Personne ne sait qui je suis, pas même mes "collègues" MUNJA et personne ne le saura jamais.