L'Île aux Monstres

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D’autres maîtres, plus émotifs, n’auraient pas manqué de rejoindre le chien électrique pour aviser les dégâts, mais Luciano n’était pas de ces gens-là. Cela faisait-il de lui un homme cruel, sans cœur ? Peut-être, pourtant l’explication se trouvait dans une autre vérité, davantage en accord avec l’homme qu’il était : plus que jamais, le combat n’était pas terminé et s’en désintéresser pour s’enquérir de l’état des blessés était une erreur que Luciano ne comptait pas commettre. Dernier espoir de cette bataille dont l’issue ne laissait présager rien de bon, désormais seule face à cette créature qui n’avait rien à faire là, Gara s’échina à prendre le dessus.

En vain.

Le type acier de son adversaire n’était pas sans jouer en sa défaveur et les furieuses morsures qu’elle lui assénait peinaient à percer l’armure qui couvrait le corps de l’insecte. Plus rapide que son adversaire, Gara s’illustra à esquiver les coups de son ennemi … pour un temps seulement : finalement, l’un d’eux atteignit la Lougaroc, l’envoyant à son tour percuter le sol de cette jungle que Luciano avait à tort sous-estimer. D’effrois, le cœur de l’intendant se souleva en voyant l’insecte retourner auprès de la louve malgré sa défaite évidente, et parce que les desseins de la créature ne faisaient aucun doute, à son tour la colère s’empara du puîné, lui qui pourtant n’avait jamais laissé quoi que ce soit briser son masque d’impassibilité ; et bien plus que l’orgueil, la peur le fit sortir de ses gonds.

Laisser mourir Gare à Toi, ici, si loin de chez elle, n’était pas une option.

S’approchant brusquement du Regulador, abandonnant toute réserve, Luciano lui arracha des mains son arme, celle que le jeune homme avait utilisé quelques instants plus tôt contre l’Arkéapti.

« — Donnez-moi ça » lui intima l’intendant, sans vraiment lui demander son avis.

Loin de laisser les lois, les droits et le protocole l’arrêter, Luciano braqua l’arme en direction de l’insecte. Il y avait, dans les gestes de l’intendant, une aisance étrange que n’importe quel œil avisé n’aurait pas manqué de remarquer, et sans une once d’hésitation le puîné Viridis tira une fois, deux fois, trois fois. Surprise, la créature fut interrompue dans son funeste geste par la chimie du gaz qui l’enveloppa … le Système Pérola avait-il sur cette bête les mêmes effets que sur les autres ? La réponse leur échappa, car pris au dépourvu et malgré ses victoires largement affaibli, l’insecte se décida finalement à fuir, disparaissant dans la jungle sous le regard encore haineux de Luciano, dont la rage tenace était encore palpable. Pendant longtemps encore, l’intendant de Borao fixa la végétation derrière laquelle la créature s’était réfugiée. L’arme toujours à la main, le retour clopinant de Gare à Toi le sortit de sa contemplation, et le regard de Luciano se porta alors en direction du chien bleu.

Protecteur ne s’était pas relevé.

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avec Luciano

Luciano semble comprendre, mieux que le Regulador, que le Genesect n'est en rien semblable aux autres Pokémon qu'ils ont affronté jusque là. Le Viridis a vu sa méfiance s'élever d'un cran, ce qui ne rassure pas le blond à ses côtés ni le Dracaufeu qui grogne une dernière fois avant que l'Arkéapti s'en aille pour de bon. Au moins un Pokémon de moins à s'occuper... Mais l'insecte violet ne semble pas les laisser tranquille, lui. C'est Elecsprint qui est envoyé par le Viridis pour en venir à bout, mais le combat fait rage. Des flash-back chaotiques défilent dans la tête du Becker qui revoit son pauvre Lixy en proie à des adversaires beaucoup plus forts que lui ; et le cri déchirant du chien électrique ne lui manque pas de rappeler les propres rugissements plaintifs qui ont fendu le cœur du jeune Spike à l'époque. Tétanisé, le Regulador n'ose pas faire un geste de peur de faire mal tourner ce combat. Ember, inquiet pour son dresseur, se pose à ses côtés pour tenter de le calmer, mais ce dernier semble ne même pas ressentir sa présence. Ses yeux bleus sont fixés sur le match qui se déroule et voit mettre à terre Elecpsrint, le laissant un piteux état.
Pour prendre sa relève, Gara occupe le champ de bataille mais son duel est encore plus rude que celui de son prédécesseur. Sans pitié, Genesect déchaîne sa puissance sur la louve.

Un spectacle cruel qui aurait eu une triste fin si le Viridis ne s'était pas interposé au dernier moment. Son geste a au moins le mérite de sortir Spike de sa torpeur quand le plus âgé s'empare de son arme pour la pointer en direction du Pokémon sauvage et tirer plusieurs fois, jusqu'à le faire disparaître de leur champ de vision. Interdit, le cadet reste muet mais se trouve rassuré de voir l'insecte s'éclipser finalement, le Système Pérola ayant l'air d'avoir fait son office. La pression retombe alors mais dans les yeux de celui à cheveux longs et lisses, le Regulador y voit une lueur meurtrière qu'il n'a alors jamais aperçu. Froid et distant, la colère qui émane de lui est pourtant la plus sincère des émotions que le plus jeune ait vu dans son regard. L'intendant de Borao, finalement, leur ressemble bien.
Lorsque le silence retombe, le Ranger se réveille et s'approche de l'Elecsprint toujours à terre. Ses yeux bleus inspectent les blessures du Pokémon canin de la même couleur. Il a de la peine pour ce pauvre Pokémon qui a été si valeureux pour le défendre.

« Il est juste KO, mais... Le coup a dû être terrible. »

Non, heureusement, il s'en sortira. Mais son état ne lui permet clairement plus de se battre. Spike se permet de sortir de sa besace ce dont il a besoin pour panser les plaies de l'Elecsprint.

« J'espère que nous en sommes débarrassés pour de bon. »

Il ne devrait pas parler à haute voix, cela pourrait lui porter malheur. Mais le Système Pérola, vu le nombre de fois dont Luciano s'en est servi, a dû permettre de dissuader les autres Pokémon d'interagir davantage pour les embêter. Il n'y a qu'une unique créature, arrivé de l'autre côté, qui s'est permise de s'avancer. Spike sursaute en entendant un drôle de bruit avant de découvrir un Pokémon qu'ils ont déjà croisé : une Mucuscule bien singulière avec des joues très rondes et gonflées. Et s'il a eu peur que la petite femelle ait attrapé une maladie, il n'en est rien. Doucement, elle s'approche de manière pacifique de Protecteur avant d'expier de sa bouche baveuse deux baies Oran qu'elle pose aux pattes du chien. Stupéfait, Spike cligne des yeux, avant de comprendre le message. Il remercie d'un sourire le Pokémon avant de passer un bandage autour du chien.

« Et-Et vous, Monsieur ? Vous n'avez rien ? »

Il se tourne vers le concerné, ne voulant pas paraître impoli. C'est lui qui s'occupe de sa sécurité, après tout.

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L’aide du Regulador semblait lui poser moins de problèmes car docile, le chien laissa le garçon le rejoindre et le panser, non sans surveiller du coin de l’œil l’intendant et ses bonnes intentions. A l’écart, le puîné observa la scène, silencieux … et les sens encore aux aguets, l’arrivée de la Mucuscule manqua de peu de le faire sursauter. Rejoignant le jeune homme dont elle s’était décidemment entichée, elle régurgita en guise d’offrande deux baies bleutées que Luciano connaissait bien. Était-ce sa manière à elle de leur venir en aide ? C’était étrange autant qu’inattendu, et pourtant le héros de La Isicao considéra un moment le présent de la petite dragonne ; un présent qui, par sa viscosité, fit naître sur le visage de l’intendant un air de dégoût. Loin de s’y arrêter, le chien attrapa les baies entre ses crocs, les avala sans faire d’histoire. Perdu dans sa contemplation, le puîné aurait pu les observer encore longtemps si le jeune homme n’avait pas de nouveau pris la parole, cette fois pour lui poster une question. Était-il blessé ?

« — Je n’ai rien » répondit l’intendant, non sans une froideur que Becker ne méritait pas. Avisant l’arme qu’il tenait encore, Luciano la lui tendit afin de la lui rendre « Ceci vous appartient » déclara-t-il.

Allaient-il parler de cet incident ? C’était peu probable : Becker n’avait sans doute pas la sagesse pour y voir un flagrant manquement aux règles et Luciano le savait. Quant bien-même, qui, à Cinza, aurait eu le courage de le lui reprocher ? Pas grand monde … il était de notoriété publique que les drastiques lois de Cinza ne s’appliquaient pas de la même manière pour tout le monde et en tant que gros poisson Luciano faisait partie de ceux qui jouissaient de ce traitement particulier.

Bientôt, grâce aux soins du Regulador, l’Elecsprint fut en mesure de se remettre sur pattes et l’intendant fut tenté de le rappeler dans sa pokéball, mais le chien n’était pas sans fierté et déjà, l’animal leur faisait part de sa volonté de poursuivre. Moins confiant qu’à son arrivée sur l’île, Luciano avisa un moment la jungle, méfiant … le campement était-il loin ? Bien qu’en possession du Système Pérola, l’intendant n’avait pas l’assurance de se croire hors de danger, lui qui se souvenait de l’inefficacité de l’arme lors du Carnaval.

Reprenant finalement leur route dans un silence lourd et pesant – l’évènement avait passablement dégradé l’humeur de l’intendant – le groupe tâcha de cheminer dans la jungle sans faire de nouvelles rencontres, mais s’était mal connaître la chance douteuse qui les accompagnait en ce jour. Sortant du couvert des arbres, un nouveau pokémon se présenta presque subitement à eux, faisant à l’occasion gronder les deux canidés. Haut comme trois pommes, un Brindibou leur barrait désormais la route et loin de vouloir les laisser passer, l’oiseau laissait sa hardiesse animer ses choix.

« — Ecarte-toi » lui intima le puîné, dont la patience était désormais mise à rude épreuve « Va importuner quelqu’un d’autre »

Mais l’oiseau, évidemment, ne l’écouta pas un seul instant. A la place, le Brindibou s’approcha de la Mucuscule, bien décidé à lui faire cracher une nouvelle baie. Dissimulée dans les arbres, la petite chouette l’avait vu offrir à l’Elecsprint ce baveux présent et espérait bien en profiter lui-même.

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avec Luciano

Spike manque de déglutir face à la sécheresse du plus âgé. Aucun commentaire à faire, néanmoins. Il n'est pas en position d'en dire à l'intendant à qui il ne doit que respect. Il peut comprendre aussi la colère qui anime le regard de l'aîné après le choc que ses Pokemon ont reçu. Au moins, le puîné n'a rien si ce n'est un orage dans le regard. Hésitant, Spike finit par reprendre son arme pour le ranger à sa ceinture pendant que l'Elecsprint récupère. A sa grande surprise, le chien électrique n'a pas voulu de l'aide de son dresseur mais a accepté la sienne. Avec les baies, il ira mieux. Pour la remercier, Spike caresse la tête baveuse de la Mucuscule qui semble très contente d'avoir pu leur venir en aide. Elle admire ensuite l'Elecsprint avec un regard curieux, attendant de voir si les fruits font leur office. Elle devient toute contente en voyant que l'état du canidé s'améliore peu à peu. Leur route se poursuit sans trop d'encombre mais Spike, rendu mal à l'aise, n'ose plus faire de commentaire de peur d'énerver davantage le grand blond dont l'humeur s'est largement dégradée. Pour couronner le tout, un Brindibou apparaît afin de leur barrer la route. Surpris, croyant avoir affaire à un Pokémon dangereux au début, Spike pousse un soupir de soulagement en voyant la silhouette innocente de l'oiseau. Le trouvant même plutôt mignon, ce n'est pas vraiment le cas toutefois de l'intendant qui n'est décidément pas dans un mood compatissant. Il mettra sûrement un moment avant de se calmer. Le Brindibou fait toutefois la sourde oreille aux paroles du plus âgé, scrutant de ses grands yeux le petit dragon violet.

« Il est inoffensif, au moins. »

Le Becker tente de calmer un peu le jeu en prenant la défense du Pokémon Plante, conscient qu'il n'aura toutefois pas beaucoup de succès. La Mucuscule, si elle comprend ce que veut l'oiseau, ne peut toutefois pas accéder à sa demande. Elle a déjà donné ses baies. Pour montrer sa bonne fois, elle ouvre grand la gueule afin que le Brindibou constate lui-même le vide de ses joues. Puis, elle montre de ses antennes l'Elecsprint en meilleure forme. L'emplumé tourne la tête vers le chien avant de jeter son attention sur son dresseur, tournant la tête sur le côté. Amusé, Spike se retient de glousser mais ne peut s'empêcher d'être attendri.

« On dirait que vous l'intriguez. »

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« — Méfiez-vous des apparences, Spike » déclara Luciano sans quitter le hibou du regard.

Eternel rabat-joie, l’intendant de Borao offrait pourtant là au jeune homme une leçon de choix, qui sans doute ne manquerait pas de lui sauver un jour la vie. Les petites choses mignonnes n’étaient pas toujours les plus paisibles, à commencer par cette Mucuscule dont Luciano se méfiait encore.

L’oiseau, évidemment, tourna finalement son attention vers lui. Sa patience largement ébranlée, l’intendant de Borao goûtait peu à cette nouvelle présence dont il se serait aisément passé. Pas dérangé pour deux sous, le Brindibou se mit à aviser l’aîné, posa une patte sur le cuir de ses chaussures … l’intendant avait beau intriguer l’oiseau, s’en était trop pour l’homme qui le poussa alors du bout du pied, malgré tout avec douceur. L’animal ne sembla pas apprécier et ne manqua pas de le faire comprendre au groupe.

« — La prochaine fois, je ne serai pas aussi délicat » l’avertit l’intendant.

Non sans faire part de son mécontentement, le Brindibou se désintéressa du puîné. Abandonnait-il ? Que nenni : son regard se posa sur Gare à Toi, qui eu le malheur de lever à son encontre une babine dissuasive. Il n’en fallut pas plus pour lui faire lever un semblant de garde, que la Lougaroc tenta d’ignorer un temps … mais le hibou avait vraisemblablement pris l’avertissement de la louve pour un défi et insistante, la petite chouette esquissait déjà des coups de pattes à l’encontre de la Lougaroc, espérant sans doute attiser l’adversité de la canidé. Le Brindibou cherchait-il vraiment à se battre ? Croyait-il vraiment avoir la moindre chance contre la louve crépusculaire ? S’imaginant lui faire peur, Gara fit claquer des mâchoires … et décupla à la place la motivation du Brindibou qui se hasarda à lui balancer quelques feuilles qui, en d’autres circonstances, n’auraient pas manqué de mettre à mal la Lougaroc. Loin de s’interposer, Luciano observa son pokémon répondre à cette pseudo attaque d’un violent coup de patte qui rendit l’oiseau hagard, presque inconscient. Il l’avait bien cherché ! Clopinant, le Brindibou disparut dans la jungle, et ils ne le revirent plus jusqu’à leur arrivée au campement ce qui, aux yeux de Luciano, était plutôt une bonne chose.

La suite de leurs aventures dans la jungle de l’Île aux Monstres se fit sans encombre, la proximité de leur lieu d’arrivée n’y étant pas pour rien. Spike Becker n’avait pas eu l’occasion de découvrir l’intendant de Borao sous son meilleur jour et le manque d’affabilité de Luciano aurait pu ternir l’image que le jeune homme avait des Viridis si une nouvelle tête n’était pas venu rectifier le tir. Les voyant arriver, Milano Viridis s’empressa de rejoindre leur groupe de fortune, s’étonna un instant de l’identité de celui qui accompagnait son frère. S’attendait-il lui aussi à quelqu’un de plus âgé, de plus aguerri ? Evidemment, mais plus frais Milano se hâta de mettre les formes.

« — Luciano » offrit-il à son frère en guise de salutation, et il tourna son attention en direction du jeune homme « Monsieur Becker, c’est cela ? Je vous remercie d’avoir accompagné mon frère et de l’avoir amené jusqu’ici, sain et sauf » déclara-t-il.

Le regard du Conseiller s’égara en direction des canidés encore dans un piteux état, et l’aîné des Viridis tenta de ne pas laisser l’appréhension gagner ses traits. Sain et sauf n’était peut-être pas le terme exacte et Milano s’en rendait compte désormais, mais l’homme s’affaira à ne pas revenir sur ses paroles.

« — Oui, monsieur Becker a été d’une aide précieuse. Fait en sorte que ça se sache, Milano » déclara à son tour Luciano.

Qui était là pour savoir ce qui était vrai ? Personne et Luciano avait l’indulgence de ne pas mettre de bâtons dans les roues de ce jeune homme qui, finalement, avait tout fait pour mener à bien sa mission. Ce n’était tout de même pas de sa faute s’ils avaient croiser en chemin un monstre qui n’avait rien à faire là.

« — Je n’y manquerai pas » assura le Conseiller, accordant au jeune Regulador un nouveau regard.

Spike Becker pouvait être certain que l’information remonterait et que ses supérieurs seraient informés de la satisfaction des Viridis à son égard. Les dominants de Borao avaient ce pouvoir-là, celui d’être en mesure d’offrir par leurs simples paroles des coups de pouce qui, parfois, pouvaient changer des carrières, voire même des vies entières.

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avec Luciano

Chaleur qui s'oppose au froid, Spike et Luciano ne partagent au final qu'un seul point commun : ils sont blonds tous les deux. Hormis ce trait physique peu particulier, tout les oppose. Devant un être aussi impressionnant et important que le Viridis, le Becker si banal et lambda qu'il est se sent si petit et insignifiant, en comparaison. Pourtant la chance lui a été donnée de prouver ce qu'il vaut aux yeux de ces célébrités de Cinza et il était hors de question qu'il rate le coche. Qu'est-ce qui a fait qu'il a été choisi parmi tant d'autres au final ? Son dévouement, sûrement. On ne saurait trouver autre explication pour justifier sa présence aux côtés de l'intendant qui n'est pas connu pour être un bon vivant ou un fêtard de première. S'il a réussi à survivre à une journée passée avec lui, tout espoir n'est pas perdu. Ce qu'il a le plus peur est d'être vu comme un incompétent aux yeux de ceux qu'il veut à tous prix impressionner. Cette silhouette glaciale est pourtant bénéfique au Regulador qui a tendance à être trop naïf, à ne pas se méfier des apparences, justement. Hormis les personnes appartenant aux généalogies importantes comme les Viridis, il ne fait pas confiance aux personnes de bonnes familles, aussi avenantes soient-elles. Et il accorde au contraire trop peu de méfiance envers des personnes qui parfois n'en valent pas la peine. Il est comme ça, Spike, il veut être accueillant envers tout le monde, que personne ne se sente délaissé. C'est un idéal, un utopiste, et un idiot la plupart du temps qui a beaucoup à apprendre de Luciano sur certains aspects. Moins sur d'autres. Etonné de la façon dont il traite l'oiseau, Spike ne dit rien de peur d'être jugé mais il désapprouve cette méthode pratique mais un peu violente à son goût, de faire déguerpir un Pokémon certes embêtant mais pas foncièrement mauvais. Le blond électrique est trop généreux, trop gentil peut-être avec les créatures les entourant. Il ne sait plus lui-même comment se conduire quand il aperçoit le comportement de l'aîné. En silence, il fait profil bas le reste de l'expédition car cette dernière touche à sa fin, d'après sa carte. La Mucuscule, apeurée par le grand blond de peur de subir le même sort que le Brindhibou, s'est réfugiée dans le sac du Becker, non sans qu'il la sente trembler au fond de sa besace par moments.

Lorsqu'ils parviennent à destination, Milano accueille son frère et son défenseur. Ce dernier répond par un salut militaire et solennel en direction de son supérieur, heureusement plus chaleureux que son frère. Ravi qu'on le remarque, les joues du soldat se mettent à rougir et il sourit, fier d'avoir accompli son travail même s'il a un peu honte de ne pas avoir été plus sérieux et formel.
Et, pour sa plus grande surprise, s'il avait peur de ce que dirait Luciano à l'autre, celui-ci fait lui-même l'éloge du Regulador. Il tombe des nus en entendant les gentilles paroles qui le concernent. Il est stupéfait de ce retournement de situation alors qu'il pensait qu'on allait encore mettre en lumière son manque d'expérience. Mais ses yeux bleus brillent à présent d'admiration et surtout de reconnaissance. Droit comme un i, il se courbe avec un peu trop de dynamisme devant les deux adultes.

« Je... Je vous remercie, Monsieur ! C'était un honneur, Monsieur ! »

Plot twist, si on peut dire ça, mais le cœur de Spike bat désormais la chamade, plus heureux que jamais. Il a peut-être eu tort en se demandant si Luciano pouvait avoir bon fond. Sous la couche de glace, une flamme n'est pas invisible, après tout. Mais une chose est sûre : il se rappellera toute sa vie de ce moment passé en compagnie de monsieur Viridis.