L'Île aux Monstres

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Ihla Monstruosa, 28 Juin 2022

Assez tôt dans la matinée, un hélicoptère était venu le chercher sur le toit de la Tour Viridis pour le conduire sur la désormais très hautement gardée Île aux Monstres – un nom très récent – où, officiellement, Luciano Viridis était attendu pour grossir les rangs de celles et ceux qui tentaient du mieux qu’ils pouvaient d’empêcher les curieux et autres mal intentionnés de pénétrer le secteur. Officiellement, oui, car la vérité était un peu différente et Luciano le savait. Venir pour son bon plaisir ou, pire encore, en dévoilant clairement ses attentions relevait de l’idiotie que les frères Viridis avaient eu la bonne intelligence d’éviter. Cette prudence qu’avait eu Milano n’était pas sans l’alarmer, mais comme à son habitude Luciano brillait par son impassibilité, celle qui parvenait à tromper tout le monde ou presque.

Avalant les quelques kilomètres de mer séparant le continent de l’île, l’hélicoptère n’avait pas mis longtemps à le conduire à bon port, sur une côte aménagée et sécurisée – détail qui ne manquerait pas de trouver son importance en temps voulu – et qui offrit à l’intendant de Borao un accueil mitigé, pour ne pas dire froid. Il fallait dire qu’aux yeux des Reguladors et autres hommes de terrain, les bureaucrates tels que lui n’avaient pas tellement leur place ici, faisant d’avantage office de fardeau que de réels partenaires. Luciano Viridis faisait-il exception à la règle, était-il plus utile qu’il pouvait le paraître ? L’intendant de Borao regorgeait de surprises, que bien des gens faisaient l’erreur d’ignorer.

Une fois posé, Gara fut la première à s’extirper de l’engin, loin de s’inquiéter des bourrasques de vents générées par les larges hélices et qui faisaient virevolter dans tous les sens sa fourrure orangée, désorganisant son pelage d’ordinaire si soigné. Suivant ses pas, Luciano et sa chevelure n’eurent pas un sort tellement plus différent : malmenés, ses longs cheveux blonds souffrirent de la présence de l’hélicoptère encore en marche et qui, son colis à peine livré, repartis dans les airs en direction du continent, abandonnant l’intendant et sa louve aux mains des Reguladors.

Curieuse, Gare A Toi ne mit pas longtemps pour aviser les lieux du regard, prenant soin de rester aux côtés de son maître. Humant l’air de l’île, la Lougaroc laissa les odeurs de la jungle mêlées à celles de la mer s’emparer de ses sens tandis qu’au loin, un homme déjà s’approchait d’eux … ou bien était-ce un garçon ? La louve crépusculaire n’en était pas certaine, mais lorsqu’il fut trop proche pour l’ignorer, elle le fixa de son regard émeraude. Quant à Luciano ? L’intendant se doutait que les autorités de l’île ne le laisseraient pas vaquer seul à ses occupations, et encore moins s’aventurer de son propre chef dans cette vaste jungle, quant bien même était-il une figure importante sur le continent. Non, la prochaine étape de Luciano était de rejoindre Milano quelque part au centre de l’île, et il savait que pour se faire, une escorte lui serait attribué. Il n’était pas question de voir Luciano Viridis se faire manger par l’un des monstres de l’île, n’est-ce pas ?

L'Île aux Monstres

avec Luciano

Si le ciel d'azur est aussi calme que cette mer qui laisse ses vagues se poser doucement sur le sable doré et fin, Spike ne peut s'empêcher d'être nerveux, agité, impatient, excité. C'est un grand honneur pour un simple Regulador tel que lui d'être choisi afin de garantir la sécurité d'une personne aussi importante que Luciano Viridis. D'ordinaire il est vrai que les personnes influentes et avec beaucoup d'argent ne l'impressionnent ni le lui plaisent d'ordinaire, mais pour la famille qui a contribué en grande partie à libérer les Pokémon, cela veut dire beaucoup. Quand sa mère a appris la nouvelle, en outre, elle était si fière qu'elle a encouragé son fils à se faire bien voir de cette famille aux têtes blondes, et Spike ne compte pas la décevoir. Il sait comme c'est important pour des personnes de condition modeste dans son genre de faire des contacts avec des personnes aussi hautes placées, surtout pour une occasion aussi inespérée. Le Regulador n'est pas sans savoir non plus comme il a de la chance d'avoir été élu pour cette tâche, en apparence si banale. Mais elles sont peu nombreuses les personnes à pouvoir profiter de la présence de Milano ou de Luciano, alors le Guarda voudrait faire bonne figure et ne pas faillir à son rôle. Si aujourd'hui se passe bien, il prie pour que ses responsables apprécient suffisamment son travail afin de lui donner peut-être un bonus ou une promotion. Il faut alors que tout se déroule parfaitement, aujourd'hui !

Ses yeux bleus passent sur Ember afin de vérifier que le Dracaufeu ne fasse pas n'importe quoi. Il aurait préféré exécuter cette mission seul, mais les ailes de son Pokémon pourraient être pratique s'il a besoin d'explorer les airs ou de l'emmener en patrouille. Alors lorsque l'hélicoptère dont on lui a parlé se pose enfin, le Becker retient son souffle et s'avance à pas tranquille mais fébrile vers l'intendant de Borao. Il ne l'a aperçu que quelques fois dans les médias, mais c'est bien différent de voir une personne en vrai : il l'a constaté lorsqu'il a rencontré Loup Kelder, également sur une plage. Mais il se rend compte de plus en plus que les personnes des Grandes Familles vivent dans un monde bien différent du sien. Luciano, enfin, descend de l'appareil à la suite de sa Lougaroc. Spike doit d'ailleurs se mordre les joues pour se retenir de pouffer lorsque les cheveux si longs et si soyeux du Viridis se font secouer dans tous les sens par les hélices qui continuaient de tourner. Mais lorsque le spectacle se termine, il est temps pour Spike d'entrer en scène et, enfin, de se présenter.

« Bienvenue sur l'île, Monsieur Viridis ! Mon nom est Spike Becker, et c'est moi qui suis chargé de vous guider jusqu'à Monsieur Viridis ! »

Cela fait beaucoup de Monsieur Viridis, se dit-il alors qu'il aurait peut-être dû impliquer le prénom également pour ne pas s'embrouiller. Mais il ne savait pas s'il avait le droit de le faire ou si cela aurait été un signe de manque de respect. Comme c'est compliqué, les titres honorifiques !
Très (trop) solennel, il croit d'ailleurs bien faire en se mettant au garde-à-vous comme s'il s'agissait d'un lieutenant ou de son chef. Imitant son dresseur, Ember porte également sa patte à sa tempe mais le geste est si brusque que sa queue bouge en même temps, laissant voler une traînée de sable sur le blond aux cheveux hérissés qui tressaute et s'empresse de se débarrasser des grains sur lui. Mais il ne perd pas pour autant la face et se racle la gorge avant de reprendre son sourire enjoué et serviable.

« Nous devons traverser la jungle, Monsieur Viridis ! Laissez-moi vous conduire à Monsieur Viridis, Monsieur Viridis ! »

Et voilà qu'il recommence. Bien sûr qu'il ne peut pas traiter Luciano comme s'il s'agissait de son collègue ou de son meilleur ami, mais s'il ne manque pas de volonté, on constatera toutefois une certaine maladresse sur ces sujets-là. Heureusement, Luciano pourra sans doute, au fil du temps passé avec lui, apprendre au plus jeune de meilleures manières.

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Silencieux, le puîné Viridis l’observa le saluer comme l’aurait fait un militaire face à son supérieur et un peu perplexe, Luciano laissa son regard passer du garçon au dragon, du dragon au garçon. Avait-il face à lui un idiot, ou bien un novice trop peu en règle avec les manières ? Ou bien son sang-froid lui échappait-il en la présence de l’intendant de Borao ? Pour l’heure, Luciano peinait à savoir quoi en penser.

« — Je ne suis pas militaire, vous n’avez pas à me saluer » fit remarquer Luciano, sans doute plus froid qu’il ne l’aurait voulu.

Bien qu’impassible, l’homme ne dissimulait cependant pas son presque agacement. Loin d’en être véritablement la source, Spike s’y heurtait pourtant, offrant au garçon une bien piètre image de Luciano Viridis, qu’il avait finalement la malchance de rencontrer en de bien mauvaises circonstances.  

« — Allons-y » proposa le puîné, non sans avoir laissé un silence séparer ses mots des dernières paroles du jeune homme.

L’accumulation excessive des "Monsieur Viridis" avait terminé de lui faire perdre patience. Jetant un regard en direction du Dracaufeu, Luciano se laissa conduire aux abords de la jungle … au moins pourrait-il compter sur la puissance du dragon si d’aventure les choses venaient à se compliquer ?

Aventureuse, loin de s’imaginer les dangers qui pouvaient les guetter, Gare A Toi s’engouffra dans la forêt tropicale, s’éloignant parfois des sentiers et des pas des deux hommes. Absorbée par la découverte de ce qui était pour elle un nouveau terrain de chasse, la Lougaroc disparaissait parfois de leur champ de vision. Luciano s’en inquiétait-il ? Absolument pas, car il savait la louve crépusculaire bien assez forte pour se débrouiller seule. Sa mauvaise humeur finalement passée, Luciano fut pris d’un cas de conscience … l’intendant avait manqué de tact envers le jeune Regulador et l’homme consciencieux qu’il était comptait réparer cette erreur. Se rapprochant jusqu’à sa hauteur, Luciano entama la discussion.  

« — Vous êtes sur l’île depuis longtemps, Spike ? » lui demanda l’intendant. Il fit une courte pause, avant de poursuivre « Votre jeunesse m’a étonné tout à l’heure » reconnut l’homme « Je m’attendais à quelqu’un de plus … expérimenté » avoua-t-il « Loin de moi l’idée de remettre en cause la chose »

Mais tout de même un peu quand même. Becker pouvait-il vraiment lui en vouloir pour cela ? Le garçon était jeune, et sans doute encore novice au sein de la Guarda. Si l’intendant de Borao n’était pas sans savoir que les rangs de la Guarda et des Regulador ne se rejoignaient pas aussi facilement, il savait aussi que l’école et le terrain étaient deux choses bien différentes. Rien n’égalait l’expérience, pas même un talent inné.

« — D’où venez-vous, Spike ? » le questionna finalement Luciano.

Au loin, un aboiement de la part de Gara leur indiquèrent que sa route avait croisée celle de quelque chose d’autre.

L'Île aux Monstres

avec Luciano

A l’image de ce qu’il renvoie, Luciano Viridis est sérieux, rigide, et assez direct. Spike baisse brièvement les yeux sur la Lougaroc comme s’il n’avait pas le droit de soutenir trop longtemps son regard. Ou peut-être est-ce son nom et sa présence qui ont quelque chose d’intimidant ? Il a l’impression, à côté de lui, que Milano lui semble plus chaleureux, d’un coup… Les deux sont bien différents, se dit-il. Mais même s’il n’est pas militaire, Spike lui doit du respect, puisque c’est le client de sa mission et qu’il est chargé de le protéger aujourd’hui ; bien que sa louve soit assez féroce pour qu’il n’ait pas besoin de protection en soit. Celle-ci dégage d’ailleurs la voie alors que l’intendant fait signe d’y aller, probablement impatient d’arriver à destination. Spike hoche cette fois seulement la tête avec respect, avant de guider Luciano à travers la jungle dense qui s’offre à eux. Ses sens sont toutefois en alerte au moindre signe de danger, en même temps que Ember qui ne baisse pas une seule fois la garde ; même si Spike aurait préféré agir seul, sans le Dracaufeu : il le met toujours un peu mal à l’aise, ne sachant pas trop comment le diriger.
Le Becker, en outre, est surpris de voir le Viridis se rapprocher de lui pour commencer à lui parler. Sur un ton plus calme et un peu moins agacé, cette fois. Flatté de retenir l’intention du frère de Milano, Spike reprend un sourire enjoué. Bon, même si l’autre s’attendait visiblement à être guidé par quelqu’un d’autre… Le Becker ne s’en offusque pas, heureux qu’une personne aussi haute placée fasse attention à sa petite personne alors qu’il vient d’un milieu beaucoup plus modeste.

« Oh, je viens de Sercena, monsieur Viridis ! Je suis né à Unys, mais j’ai toujours eu des origines Cinzannes, alors je suis très fier d’avoir grandi ici ! »

Est-ce que son pays natal lui manque ? Aucunement. Surtout depuis qu’il sait que la Team Plasma vient de là-bas ; si Cinza a pu retenir l’attention de ce groupe, c’est que ce pays doit être extraordinaire, non ? Même s’il a quelques souvenirs d’Unys, c’est un vrai Cinzan. Sa mère lui avait aussi tant fait d’éloges à propos de cet endroit… Alors il ne veut pas se faire mal voir des Viridis dont l’un des membres est à l’origine de beaucoup de lois qu’il admire. S’il pouvait se faire remarquer de Milano, ce serait le rêve !

« Aheum… Je sais que j’en ai pas l’air, mais j’adore mon métier et servir la Guarda, vous savez ? Je prends mon rôle très à cœur ! »

Le blond (celui à pics) a conscience qu’il ne paye pas de mine, comme ça. Il n’est pas le plus malin du lot mais il a toujours fait de son mieux pour arriver à ses objectifs et rendre sa mère et son pays fiers. Alors il espère que Luciano arrivera à voir en lui ce que ses supérieurs lui ont trouvé quand ils en ont fait un véritable Regulador. Et en tant que tel, il n’hésite pas non plus bien sûr à admirer la faune et la flore mystérieuses qui les entourent, avec des étoiles dans ses grands yeux bleus.

« Je vous attends depuis ce matin sur l’île, mais je n’ai pas encore eu l’occasion d’explorer. Cette jungle est incroyable ! Je ne m’attendais pas à une végétation aussi luxuriante, et à tant d’espèces rares ! Toutes ces fleurs, ces fruits, et ces… ATTENTION ! »

Dans un mouvement de protection, il passe le bras juste devant Luciano, l’autre tenant son arme qu’il place devant lui. Il a entendu du bruit dans les feuillages. Ember se tient également prêt, sa queue enflammée battant l’air.
Mais si les plantes sont en effet agitées, ce qui en sort finalement n’est qu’une petite dragonne adorable. Aussitôt, Spike se détend alors, gloussant même un peu, soulagé.

« Oh… Haha, fausse alerte ! C’est n’est qu’une petite Mucuscule. Bonjour, toi ! Tu es toute seule ? »

Il se baisse un peu pour se mettre au niveau de la femelle alors que cette dernière s’en vient timidement, regardant tour à tour les deux humains avec curiosité. Spike se penche même un peu, comme pour lui dire un secret.

« Hé pssst… Hé tu sais quoi ? Monsieur Viridis est quelqu’un de très important, et c’est moi qui suis chargé de l’escorter. C’est super, non ? »

La Mucuscule penche la tête sur le côté, visiblement confuse de ce que l’humain vient de lui dire. Le blond aux mèches Videlle Dop se tourne vers l’autre blond aux mèches l’Oréal.

« Ce petit Pokémon semble très inoffensif, vous n’avez rien à craindre ! »

Très content de pouvoir le dire, le Becker ne se rend toutefois pas vraiment compte du côté évident de ses propos. Car Luciano a bien dû le remarquer tout seul comme un grand, que ce n’était pas la petite bête qui allait manger la grosse. En parlant de petite bête, la Mucuscule glisse sur le sol pour venir se rapprocher du sac du Ranger. Au milieu des légers bruits de la jungle, le grognement de son ventre se fait entendre.

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Ainsi, non content d’aimer sa région, Spike Becker aimait également ce qu’il faisait. Avait-il vraiment suffisamment de recul pour l’affirmer ? Luciano n’en savait rien et l’intendant se garda bien de le contredire. Le puîné n’était pas sans savoir que, tout comme les gens de sa trempe, les acteurs de la Guarda tenaient rarement le bon rôle … la motivation du jeune homme le toucha cependant, et l’espace d’un instant l’intendant laissa sa candeur influer son humeur.

« — Aimer ce que l’on fait, c’est important » affirma Luciano, faisant écho aux paroles du garçon « La dévotion est une qualité louable. Je suis certain que vos supérieurs savent l’apprécier » assura l’intendant.

Lui-même appréciait la loyauté, la vraie, celle qui se faisait rare et donc précieuse. Par la suite, le jeune homme déclara que c’était là sa première excursion sur l’île et l’information éveilla en lui une certaine insécurité. Vraiment, quelle était cette stratégie que d’affubler un enfant inexpérimenté à l’un des hommes les influents de Cinza ? Luciano était bien content d’être en mesure de se débrouiller seul en cas de pépin et de savoir Gare à Toi proche de lui.

Entendant plus qu’écoutant les innombrables remarques du garçon dont les yeux découvraient leur environnement, Luciano se laissa surprendre par le brusque mouvement du Regulador qui avait, semblait-il, aperçut un danger que ni lui ni Gara n’avaient su percevoir. Instantanément, là où d’autres n’auraient pas manqué de chercher l’ennemi, le regard de Luciano, lui, se porta le bras du jeune homme qui lui coupait la route et qui, inévitablement, l’avait touché. Tachant de ne pas lui en tenir rigueur, l’intendant força son attention à observer les alentours, pour finalement découvrir un mouvement dans les feuillages voisinant. Sortant de sa cachette apparue bientôt une petite Mucuscule, qui du haut de ses quelques centimètres ne payait pas tellement de mine. Intriguée par toute cette agitation, Gara s’approcha de la petite dragonne, renifla ses antennes avant de repartir vaquer à ses occupations. Reconnaissant l’excessivité de sa réaction, son intérêt piqué à vif Becker se pencha sur la créature, sous le regard attentif de l’intendant qui, immanquablement, ne put empêcher une certaine prise de conscience de sa part à l’entente du secret que le jeune homme partagea avec le mollusque. Mener Luciano Viridis à travers la jungle semblait être un honneur pour lui … ce simple détail illuminait-il sa journée ? Il fallait le croire et loin de vouloir se montrer cruel, l’intendant tenta de poursuivre ses efforts et de se montrer avenant.

« — Hum. Si j’étais vous, je prendrai tout de même garde » déclara-t-il, observant d’un regard soucieux le Mucuscule « Les choses sont rarement ce qu’elles semblent être » assura l’intendant. Ce petit pokémon paraissait bien inoffensif, certes … l’était-il vraiment ? Son aspect visqueux ne lui disait rien qui vaille.

« — On dirait qu’elle a faim » fit remarquer le puîné en observant la créature s’approcher d’eux, et plus spécifiquement de Spike et de son sac « Nous devrions continuer » suggéra Luciano « Nous ferions mieux de ne pas interférer avec la faune locale, l’écosystème pourrait s’en voir menacer » ajouta-t-il.

Luciano avait la volonté de ne pas déranger les créatures qui avaient su d’une manière ou d’une autre trouvé refuge sur l’île. Si bien des choses lui étaient encore étrangères concernant la Ilha Monstruosa, l’intendant n’était pas sans savoir qu’un microcosme avait pris forme ici et sensible au bien être des pokémons, l’homme prenait à cœur de le respecter. Comme pour illustrer ses dires, Luciano rappela sa Lougaroc à ses pieds … ne pas importuner les créatures locales commençaient par empêcher un prédateur étranger de fourrer sa truffe n’importe où.

L'Île aux Monstres

avec Luciano

Pourquoi est-il si fier, aussi ? C'est parce que l'intendant de Borao est bien plus ouvert que ce qu'il paraît, ou laisse croire par sa manière de se présenter aux autres. Il a certes des airs un peu précieux, avec son visage droit et ses cheveux longs, mais Spike découvre qu'il n'est pas ce qu'il semble être, après tout. Et il en est bien content. Plus il découvre les membres des Familles, plus il se rend compte que les clichés véhiculés à leur propos ne sont pas toujours exacts. Pas qu'il en ait rencontré énormément non plus, mais que ce soit Loup ou Luciano, ils sont bien différents au final de ce qu'il aurait pu imaginer ou de la façon dont les médias et autre les décrivent.
Suivant les conseils du plus âgé, Spike scrute la Mucuscule, qui a l'air en effet d'être assez intéressée par ce qu'il y a dans le sac du blond. Ce dernier rit un peu avant d'ouvrir en grand sa besace, ne résistant pas à donner à l'adorable créature une des baies qu'il conservait à l'intérieur. La Mucuscule, ravie, engloutit le fruit pendant que le Regulador se redresse lorsque Luciano lui intime de continuer la route.

« Oh, oui, vous avez raison ! »

Il ne faudrait pas qu'ils fassent attendre Milano, après tout. Spike ne le supporterait pas, si en plus c'était de sa faute à lui. Esquissant un geste d'au revoir avec la main, ses yeux bleus se portent une dernière fois sur le Pokémon gluant avant qu'ils ne reprennent la route. En secret, la Mucuscule décide pourtant de les suivre.

« Dites, Monsieurs Viridis, vous savez quelque chose à propos de cette île ? »

Le Becker continue de porter son regard vers la biodiversité qui les entoure, prenant ici et là quelques photos afin de pouvoir mieux les admirer plus tard. Cette jungle ne semble pas extraordinaire, vue de loin, mais Spike aime imaginer qu'elle recèle des tas de mystères à élucider. Et il était curieux de savoir si les membres des Familles importantes comme les Viridis savaient quelque chose à propos de cet endroit dont on leur avait interdit l'accès.

« Au fait, Monsieur Viridis, ça vous va si je vous appelle Monsieur Viridis ? Ou vous préférez que je vous appelle autrement ? »

En voilà une question à laquelle il se décide enfin à penser, même s'il doit esquiver une drôle de boule qui roule vers eux. Levant son pied afin de laisser passer le boulet rouge et jaune, le Ranger le scrute d'une drôle de façon avant de s'apercevoir qu'il s'agit d'un Pokémon.

« C'est... Un Voltorbe ? Quelle drôle de forme ! »

Son expression est bien plus marquée qu'un Voltorbe normale, avec ces sourcils en relief. On dirait d'ailleurs qu'une feuille est collée sur lui. Il se cogne aux arbres, probablement dans le but de s'en débarrasser.

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Reprenant finalement leur route non sans avoir la sensation étrange d’être suivis – Gara elle-même lançait des regards en arrière – le jeune Regulador questionna l’intendant concernant les choses qu’il savait à propos de l’île. Luciano l’avait compris : Spike Becker ne savait pas grand-chose de la Ilha Monstruosa – pour ne pas dire rien du tout – et sans doute cela était-il mieux ainsi. Déjà, de nombreuses rumeurs circulaient sur cette endroit, des rumeurs qui n’étaient pas pour plaire au gouvernement et que Luciano ne comptait pas propager tant qu’il n’en saurait pas plus. En cela, Milano était porteur de tous ses espoirs … oui, sans doute l’aîné des Viridis en savait-il plus sur ce qui se passait ici, ne l’avait-il pas fait venir pour cela d’ailleurs ?  

« — Vous voulez dire, mis à part qu’on la dit peuplée de pokémons préhistoriques ? » demanda l’intendant en guise de réponse « Pas grand-chose, non. Je suis là pour prêter main forte et empêcher les curieux d’investir l’île, les détails ne m’ont pas encore été communiqués » assura-t-il.

Luciano en savait plus qu’il ne le laissait paraître, mais il se garda bien de partager avec le jeune homme les maigres connaissances à sa disposition. Par avarice ? Non, Luciano était simplement prudent. Quand bien même appartenait-il à la Guarda, Spike Becker était un étranger pour lui et lui faire confiance n’était pas dans ses projets. Cela n’avait rien de personnel : Luciano Viridis était connu pour ne faire confiance à personne et cette réputation était largement, bien largement fondée.

Loin de se lasser de l’environnement qui les entourait, l’intendant de Borao pouvait voir le regard du jeune Regulador se perdre çà et là. Pouvait-il vraiment lui en vouloir de paraître ainsi subjugué ? Pas vraiment. La jungle n’était pas pour Luciano quelque chose d’exceptionnel : en digne natif de Borao, le puîné Viridis avait grandi à proximité ; bien que différente de celle de l’Île aux Monstres, la Forêt Ucaya n’était pas sans similitudes avec celle-ci. Sans doute Becker n’avait-il pas eu la chance de partager ce destin … Luciano, cependant, n’était pas sans savoir qu’en tant que Regulador, le jeune homme ne manquerait pas de rattraper son retard : les Rangers de leur système étaient souvent appelés dans les zones reculées de Cinza et la jungle en faisait partie.

« — Faites comme bon vous semble, Spike » lui répondit-il lorsque le jeune homme le questionna concernant la manière dont il préférait être appelé. En de telles circonstances, cela avait peu d’importance « Juste Monsieur peut suffire » fit-il remarquer.

Luciano sentait bien que le garçon peinait un peu à saisir quel genre de comportement un homme de sa trempe pouvait attendre de lui. S’en amuser n’était pas dans la nature du puîné, au contraire : l’intendant reconnaissait les efforts du jeune homme, tentait de l’y aider, d’une certaine manière …

Ils furent coupés par l’apparition presque soudaine d’un bien étrange spécimen qui, loin de s’effrayer de leur présence, leur passa devant comme si de rien n’était. Baissant les yeux vers la masse sphérique qui leur avait coupé la route, Luciano l’avisa un instant avant de parvenir aux mêmes conclusions que le garçon … oui, ce Voltorbe était bien étrange.

« — Il ne manque pas de singularité, en effet » déclara Luciano sans lâcher le pokémon du regard « Certains pokémons ont des formes endémiques de certaines régions … peut-être est-ce le cas de celui-ci ? » supposa le puîné Viridis.

Mais si tel était le cas, de quelle région ce Voltorbe venait-il ? Luciano avait depuis longtemps accepté l’idée de faire avec l’absence de réponses. Pendant un instant, Gara fut tentée de renifler l’étrange pokémon, avant de s’en voir dissuader d’un ton sec de la part de son maître. Qui savait quel genre de pouvoir ce Voltorbe avait-il ?

Comme si cela ne suffisait pas, un nouveau pokémon fit son apparition, cette fois avec fracas. Son cri aigu en provenance des arbres fit sursauter l’intendant et aboyer Gare à Toi. Parmi le vert des feuilles se distingua bientôt un oiseau au plumage multicolore qui, cette fois, n’était pas étranger à l’homme de Borao. L’Arkéapti ne semblait pas très ravi de les voir ici et il piailla longtemps à leur encontre dans l’espoir de les faire partir.

« — Et bien, ils ne plaisantaient pas lorsqu’ils parlaient de pokémons préhistoriques » fit remarquer l’intendant de Borao.

De quand datait ce pokémon déjà ? La très savante Isidora Terren n’aurait pas manqué de le leur dire … pour l’heure cependant, les braillements de l’oiseau antique s’étaient mis à résonner dans la jungle et Luciano craignait de voir ses cris attirer autre chose de plus … problématique. Sans doute le Voltorbe le craignait-il aussi car étrangement, le pokémon brillait désormais par son absence.

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Il aurait cru que Luciano en saurait un peu plus que ça. Les Grandes Familles sont souvent sur le devant de la scène, après tout ; et ils ont parfois des informations que le public ignore ou n’apprend que plusieurs semaines voire mois plus tard. Mais si la fonction de l’intendant par rap-port à l’île est plutôt extérieure en comparaison de son frère qui se trouve aux premières loges, alors il n’est au final pas si étonnant qu’il ait été un peu écarté pour le moment, même si Spike est certain que Luciano finira par connaître ce qu’il y a à savoir, en vue de sa position. Le Regulador tend d’ailleurs à se détendre un peu plus au fur et à mesure de sa balade avec le blond de Borao quand il fait un peu mieux sa connaissance. Air fermé mais esprit un peu plus ouvert que ses traits, Spike se dit qu’il n’aura peut-être pas l’air aussi ridicule auprès de lui qu’il l’imaginait à la base ; et cette perspective le met de bonne humeur. De plus, celui aux longs cheveux platines semble posséder quand même quelques connaissances indispensables. Ainsi, Spike reconnaît en effet que sa supposition puisse être exacte : certains Pokémon de cette île ont probablement subi des muta-tions dans le temps au contact de cette flore particulière qui les entoure. Pour la peine, afin de marquer le coup et parce que c’est la première fois qu’il voit cette espèce de Voltorb, le Ranger sort son appareil photo pour immortaliser la boule singulière.
Temporairement aveugle face au reste, son attention est à nouveau focalisée sur son accompagna-teur (même si c’est plutôt Spike qui l’accompagne) lorsque ce dernier évoque un Pokémon préhis-torique. Concentration et curiosité cette fois-ci dirigées en direction de la créature que le plus âgé évoque. Les yeux bleus cherchent activement ladite bestiole avant de tomber sur un oiseau au plumage plus qu’extraordinaire que, pour le coup, Spike reconnaît.

« Wouahou ! Incroyable ! Un Pokémon d’un ancien temps ! »

Emerveillé par cette découverte, le photographe amateur ne range pas tout de suite son appareil et prend un nouveau cliché pour capturer métaphoriquement l’Arkéapti sur lequel ils viennent de tomber. Mais pas le temps de niaiser : le fossile vivant pousse un rugissement sonore à travers la jungle avant de sauter de son arbre pour se diriger droit vers les deux hommes, son bec en pre-mière ligne pour picorer les têtes blondes qui ont osé le déranger.

« Aïe aïe, ça suffit ! »

Spike esquisse des mouvements de la main afin de dégager le Pokémon, mais ce dernier est insis-tant. C’est Ember qui pousse à son tour un grognement afin de faire dégager l’oiseau. Le Dracau-feu bat des ailes et lance des flammes à côté de l’Arkéapti pour le faire peur. Cela fonctionne puisque, terrorisé, l’oiseau recule. Au dragon orange d’en profiter pour soulever à la fois et Lucia-no, et Spike, et de les éloigner dans un endroit un peu plus couvert afin qu’ils ne soient plus embê-tés.

« Oups, ‘scusez, je me suis laissé emporter, héhé... »

Rougissant un peu face à sa maladresse et son manque de vigilance, le Regulador remercie son Dracaufeu en caressant distraitement son cou, encore pourtant peu à l’aise pour le toucher de cette manière. Ember relâche finalement l’intendant et son garde du corps de la journée. Spike, une fois à terre, en profite pour vérifier que son système et les armes qu’il possède sont bien réglées.

« Cette île abrite vraiment de drôles de créatures… J’espère que nous les lais-serons tranquilles. Enfin, je parle de… La Guarda, tout ça… Ce serait bien si on les laissait se dé-velopper, non ? Qu’est-ce que vous en pensez ? »

Il se tourne vers Luciano pour avoir son avis, intrigué et à la fois un peu anxieux. Puisqu’il est au contact d’un des fils des Familles, il aimerait bien avoir son avis à lui sur ce genre de question, se demandant bien ce qu’un Viridis peut penser de la situation ; jamais il n’oserait en parler à Milano directement.

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Lorsque le Dracaufeu les reposa enfin à un endroit qu’il avait très arbitrairement jugé plus sûr, l’intendant de Borao se sentit chanceler en regagnant la terre ferme … oui, vraiment, cela ne faisait aucun doute : Luciano détestait voler et son corps lui-même peinait à le supporter. Fusillant le Dracaufeu du regard, le puîné Viridis se promit de ne plus se laisser ainsi surprendre par le dragon. Peinant à reprendre contenance, l’intendant n’écouta qu’à moitié les excuses du jeune homme et mit un moment avant de pouvoir répondre au Regulador qui, de toute évidence, avait vécu bien mieux que lui la petite expérience … sans doute avait-il l’habitude, cela n’aurait pas été étonnant.

« — Nous sommes ici pour protéger cette île, pour empêcher les curieux de venir y poser les pieds et de déranger par leur présence l’écosystème qui s’y trouve » déclara Luciano « Le gouvernement tient à cœur le bien-être des pokémons, quels qu’ils soient. Leur permettre de vivre sereinement sur cette île est leur seule préoccupation, quelque soit la manière dont ils sont apparus » assura l’intendant « Vos supérieurs ne vous l’ont pas expliquer ? » demanda-t-il, un peu surpris.

Cette fois, Luciano ne mentait pas, ne cachait rien : aveuglément confiant à l’égard du système, l’homme refusait de croire les rumeurs concernant l’origines des créatures de l’île, ainsi que les soi-disant raisons qui poussaient le gouvernement à empêcher les gens d’y poser les pieds. Oui, les drastiques mesures de leurs dirigeants n’avaient qu’un seul but : protéger la faune de cette île, et loin de se douter qu’une brusque apparition s’apprêtait à remettre toutes ses certitudes en cause, Luciano y croyait, en était persuadé. Becker n’eut pas l’occasion de répondre : un nouveau mouvement dans la jungle attira soudainement l’attention du puîné … qu’allaient-ils rencontrer encore ? Cette île n’en avait-elle pas terminé avec les surprises ? Il fallait croire que non. Était-ce l’Arkéapti qui revenait ?

Il aurait mieux valu.

Quittant le couvert des arbres, sans doute attiré par les cris de l’oiseau préhistorique un nouveau pokémon fit son apparition. Inédite, son allure ne ressemblait en rien aux pokémons que Luciano avait eu l’occasion de rencontrer jusqu’à présent. Entièrement fait d’acier ou peu s’en fallait, la créature avait l’allure d’un insecte et semblait porter sur son dos un canon que l’intendant ne comprenait pas … cette île n’était-elle pas peuplée de dinosaures ? Qu’est-ce que cette chose faisait-elle là ? Loin de se montrer timide, l’air menaçant la créature s’avança vers eux et instantanément, Gara se mit à gronder à son approche. La crinière hérissée de la Lougaroc ne lui disait rien qui vaille : la louve ressentait rarement le besoin de se montrer impressionnante et pourtant, cet étrange insecte semblait susciter chez elle cette nécessité. Esquissant un pas en arrière, Luciano ne put s’empêcher d’attirer le garçon dans sa retraite … Spike Becker avait beau posséder un Dracaufeu et être Regulador, l’intendant de Borao ne se méprenait pas, n’avait pas l’intention de faire semblant plus longtemps : le gamin n’était pas de taille et le puîné Viridis ne comptait pas le laisser se mettre en danger sous prétexte qu’il avait un rôle à remplir. Savait-il seulement se servir de ses armes ? Luciano n’avait pas l’idiotie de vouloir prendre le risque.

L’apparente menace de la créature ne faisait aucun doute et non content de le rendre méfiant, l’animal faisait naître en lui une infinité de questions pour lesquelles l’intendant cherchait, déjà, des réponses. L’heure était cependant à l’action et le puîné le savaient bien … attrapant dans l’une de ses poches la pokéball de l’Elecsprint, Luciano le fit apparaître aux côtés de Gare à Toi. Trois pokémons – le puîné espérait voir le Dracaufeu rejoindre le combat – en valaient sans doute mieux qu’un.

« — Débarrassez-nous en » leur intima Luciano.

Et sans attendre, les deux chiens fondirent sur l’insecte, crocs et griffes dehors. Les règles, les lois, ce qu’il avait dit un peu plus tôt, Luciano s’en fichait désormais bien … car le scientifique qu’il était l’avait deviné dès le premier instant : cette créature n’appartenait pas à l’île, ni à son écosystème, car l’acier n’existait pas au temps du feu et des os.

L'Île aux Monstres

avec Luciano

En effet, les supérieurs de Spike n’ont pas manqué de dire qu’ils faisaient tout en leur pouvoir pour assurer protection par rapport aux Pokémon se trouvant sur cette île autrefois inaccessible. S’il a absolument foi au système de Cinza, il ne peut toutefois s’empêcher de se demander quels sont les moyens mis en œuvre pour procéder à cela. Il n’a pas vu énormément de preuves concernant les dires de ses chefs, même s’il n’oserait jamais les contredire ou remettre leur parole en doute. Mais Luciano semble si convaincu lui-même et surtout si sérieux que le Becker a bien vite fait de ne plus se poser la question. Si un Viridis aussi proche de Milano le dit, c’est qu’il doit avoir raison, n’est-ce pas ? Il ne doit donc pas essayer de démanteler cette information.
Rassuré, le Regulador ne se permet pas de relancer le sujet jusqu’à ce qu’un bruit attire leur attention. Ses yeux bleus s’écarquillent en découvrant le Pokémon qui se fraie un chemin jusqu’à eux au milieu de la végétation dense. S’il a bien suivant ses cours de Pokémon antiques, il ne rêve pas en pouvant affirmer que c’est bien un Genesect qui se trouve là, juste à quelques mètres, avec son apparence d’insecte et son canon reconnaissables ; sans parle de ses yeux rouges et de cette espèce de rictus qui fait froid dans le dos. Immobile, le blondinet a du mal à agir au contraire de son supérieur qui n’hésite pas avant de sortir sur le terrain son Elecsprint pour se joindre à son Lougaroc. Mimant les deux Pokémon canins, Ember se place devant les humains dans un geste protec-teur, montrant les crocs face au Genesect qui s’avance dans leur direction. Abasourdi, Spike a sorti son appareil photo pour capturer ce moment avant de comprendre que les Pokémon veulent attaquer la créature violette.

« Attendez… Vous pensez qu’il constitue une menace ? Il-Il n’a encore rien fait !.. Est-ce que nous ne sommes pas justement censés les laisser tranquilles ? »

Loin de lui l’idée de défendre tout de suite le prédateur d’un autre temps, mais cela s’éloigne, à son goût, du discours précédent où ils devaient laisser les Pokémon de cette île en paix pour ne pas déranger l’écosystème qui s’y trouve.
L'Arkéapti semble toutefois ne pas vouloir se prendre au jeu et n'hésite pas à picorer la tête de Spike comme s'il s'agissait d'un arbre. Se protégeant avec ses mains en grimaçant de douleur, le Pokémon commence toutefois sérieusement à l'agacer. Cette fois, il n'hésite plus, il utilise son Système Pérola pour venir à bout de la créature et tenter de la calmer.

L'Île aux Monstres

Ici la citation

« — Ceux de l’île, oui » répondit Luciano, sans quitter le pokémon des yeux « Mais celui-là n’appartient pas à cet endroit » affirma-t-il.

Loin de connaître la vérité et ce qui se trouvait réellement face à lui, le puîné s’en trouvait certain : cette créature n’avait rien à faire là. S’il en croyait les informations officielles, qui racontaient que cette île se voulait être une reconstitution d’un lointain écosystème, le prédateur qui se dressait devant eux se révélait être un véritable anachronisme ; et comme si cela ne suffisait pas, l’Arkéapti rencontré un peu plus tôt ne semblait pas vouloir lâcher l’affaire. Virevoltant au-dessus de la tête de Becker, la pagaille gagna bientôt le groupe.

S’élançant en direction de leur ennemi, Protecteur fut le premier à atteindre leur adversaire, qui pourtant eu le temps de le voir venir. Tandis que le chien électrique s’élançait à toute vitesse sur lui, l’insecte l’accueillit d’un puissant coup de griffe qui frappa l’animal en pleines côtes. L’attaque envoya Protecteur mordre la poussière, mais il en fallait plus pour mettre à bas l’Elecsprint qui, instantanément, se releva pour repartir à l’assaut de son adversaire. L’insecte ne l’avait pas manqué, et lui non plus ne le manqua pas : en guise de représailles, le chien électrique offrit à son adversaire une brûlante morsure qui arracha à la créature un cris strident, métallique, qui glaça le sang de l’intendant.

Du coin de l’œil, l’homme de Borao aperçut le jeune Regulador user de son arme pour régler le problème de l’Arkéapti. Luciano approuvait-il ? A vrai dire, le puîné s’en fichait bien. S’il avait un respect indéniable pour les pokémons, leur libre-arbitre et leur liberté – étrange, venant d’un homme qui avait participé à la création d’une telle arme, non ? – l’intendant de Borao n’en demeurait pas moins un homme clairvoyant, conscient que tout ne pouvait pas toujours se passer comme on le souhaitait. Aujourd’hui n’en était-il pas un bon exemple ?