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The Price of Words |OS|

Posté le Mer 28 Sep - 9:48
Isidora C. Terren
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The Price of Words
Il pleut.
Je ne me souviens pas de ma dernière pluie. Était-ce la semaine dernière ? Il y a un an ? Ou dix ? Pavlica n’est que poussière, que sables mouvants. Si bien que l’ondée qui s’écrase contre la vitre me paraît incongrue, déplacée. Je tends les doigts à travers la fenêtre ouverte, laisse les gouttes perler contre ma peau qui boit, boit, boit comme assoiffée. À l’horizon, la pampa s’est couverte d’un manteau de grisaille qui crépite et gronde. Le tonnerre roule longuement, dans un avertissement paresseux. Il vient, il est là, aux portes de la demeure Terren. L’hacienda nous protège de bien des maux, mais personne n’est imperméable aux aléas du temps. Je ferme les yeux, sachant que moi non plus je ne pourrai plus me préserver de la tempête qui vient. Mes doigts se referment contre ma paume, repassent en sens inverse au-travers le carreau ouvert. Je tiens ma main humide contre ma poitrine un instant, surveillant les éclairs qui viennent zébrer le ciel. Un vent rageur se lève sur la demeure, agite les palmiers, les parterres de boulgainvilliers, et les pics des pins du Parana. Il fouette contre les murs de briques anciennes, referme brutalement la fenêtre qui me faisait face un instant plus tôt. Malgré le vacarme de l’orage, j’entends des pas dans le couloir. Mon heure est venue. La tempête, dans un instant, se jettera sur moi.

La porte s’ouvre et une ombre se projette contre mon dos. Le couloir, fortement éclairé, illumine un instant la pièce plongée dans la pénombre de l’orage. Je ne fais pas volte-face, malgré le regard qui me détaille. J’ai perdu l’esprit dans une contemplation aveugle de la lande, de Pavlica, du Casino. Cet endroit que j’appelle mon chez-moi aujourd’hui ne m’a jamais paru aussi étranger. La lourde porte se referme et je laisse mes paupières en faire autant. Je ne ressens plus rien. Plus même la peur qui pourtant m’a mené jusqu’à cet instant. Ou même la colère qui a forcé mes actions vers des extrêmes que je n’aurais pas cru possible. Je me sens vide.

« Tu es rentrée. »

La voix de mon père perce le chaos de la tempête. Je le sens s’approcher derrière moi, puis écarter mes cheveux pour dévoiler mes épaules. Mon débardeur ne suffit pas à dissimuler le bandage qui traverse mon dos. Eduardo, d’une main douce mais ferme vient tester la blessure, me tirant une grimace de douleur. Je ne bouge pas pour autant, ni n’émet un son. Je peux sentir ses doigts râpeux, abîmés par une vie de besogne, contre ma peau. Je l’entends claquer la langue comme à regret. Lentement je pivote contre mon axe. Dans la pénombre, il m’apparaît simplement : un homme, un père. Mon père. Les ombres projettent des sillons sombres contre ses rides. Il me paraît vieux tout à coup, fatigué. L’inquiétude dans ses prunelles n’a rien de feinte; aussi réelle et poignante que l’orage, elle résonne en moi tout entière. Formant dans ma poitrine un maelstrom d’émotions contradictoires. Tandis que la tempête assombrit les cieux, je me glisse contre lui, posant ma tête contre son épaule. Il est chaleur, il est ancre, il est lumière. Malgré tout ce qui nous oppose, il est et restera toujours mon père. L’homme qui m’a mis au monde, celui qui m’a élevée. Celui que j’aime et admire depuis le premier jour.

Je l’aime, eu amo isso.

Il sent le tabac, la sueur, les épices et le soleil. Ses bras se referment contre moi et je ne suis plus la déception récalcitrante qui constamment vient le peiner; un instant je retombe en enfance, je suis cette enfant qu’il voulait bien considérer. Je me languis, combien je me languis de lui ! Mon regard s’embue, ou est-ce seulement la pluie qui obscurcit mon regard ? Je ne saurais dire. Seul l’instant, la chaleur de ses bras m’importe. J’ai retrouvé mon papa, même si cela ne doit pas durer. Tous les jours, je poursuis ce qu’il reste de ce que nous avons été, jadis. Une époque révolue qui me hante encore, qui manœuvre mes intentions et mes décisions. Incommensurablement, je tends la main vers ce passé qu’on me refuse encore et encore, celui que le décès de Camila a fait voler en éclats, à jamais. Malgré la conscience bien réelle de ce fait, une part de moi cours toujours. Cours toujours.

Aujourd’hui rien ne sert de courir. La tempête nous a rattrapés. Je l’entends qui gronde dans la lande, se rapprochant inexorablement. Dans un silence moite, nous nous écartons l’un de l’autre pour nous faire face, brisant la chaleur de l’instant. Ses prunelles ambrées me parcourent d’une sévérité insatisfaite, éclat assagi qui ne manquera pas de prendre de l’ampleur. Car nous avons à parler, nous le savons tous les deux. Prendre des détours ne nous ressemble guère; être Terren signifie aussi d’affronter ses problèmes. Depuis longtemps, très longtemps, je suis le problème d’Eduardo.

« Filha, vês que não valeu a pena? » (mon enfant, vois-tu que ça ne valait pas la peine) fait-il d’une voix tranquille, calme. Une où perce tout de même son mécontentement. Une chargée de tension malgré la douceur de ses paroles. « Pourquoi m’affrontes-tu, Dora ? »

Je ne fléchis pas. L’améthyste soutient l’ambre malgré le poids qui l’incombe. Sur mes épaules, je mesure encore l’étendue de ma traitrise, celle qu’aujourd’hui mon père me reproche. Il a baissé les armes, me tend la main à sa manière; rien à voir avec l’homme qui fait frémir de nombreuses âmes à Cinza. Il apparaît avec une simplicité qui fait trembler mes convictions nouvelles, qui nourrit mes vains espoirs. Je serre les dents devant l’assaut infidèle de mes émotions. Une part de moi se fatigue de la lutte à mener, une longue bataille de laquelle je sortirai assurément perdante. Une fois de plus, je n’y vois qu’une seule issue : baisser l’échine tel que je l’ai toujours fait, accepter mon sort. N’est-ce pas un beau sort ? Devant mon silence, mon père continue, comme maître de mes pensées.

« Ne t’ai-je pas traité avec considération ? N’ai-je pas fait de toi mon bras droit, ma fille ? Pourquoi aujourd’hui dois-je apprendre que tu as failli à tes promesses ? »

Sa voix, cette fois, s’est fait un peu plus pressante. Malgré son calme apparent, je devine aisément l’étendue de sa colère. La pièce, jusqu’alors assombrie par le passage des nuages, se plonge dans une noirceur accablante. Seul un faible jet de lumière provenant de la fenêtre nous éclaire toujours. Je n’ai guère besoin de le voir pour connaître par cœur la moindre de ses expressions.

« Pai, sempre foste bom para mim. » (papa, tu as toujours été bon avec moi)

Ma réponse, plutôt que de l’apaiser, semble le contrarier. Son sourcil droit s’affaisse dans une perplexité grandissante, mon manque d’élocution ne doit pas y être pour rien.

« Esta família é tudo para mim. (cette famille est tout pour moi). Toute ma vie, j’ai défendu ses intérêts, j’ai fait de mon mieux pour honorer notre nom, papa. Je continuerai à le faire. Je suis une Terren. Parfois, pour défendre notre nom, je devrai te désobéir. »

Coup de tonnerre. Je n’ai pas sursauté. Un instant, la lueur de l’éclair illumine les traits livides d’Eduardo. Dans notre famille, il n’a jamais été question de désobéir à son chef. Jamais il nous en serait venus l’idée. De la même manière que bien d’autres à Cinza, et malgré tout l’amour que nous pouvons lui porter, nous avons aussi peur de lui. Affirmer qu’il en est autrement aujourd’hui serait mentir de manière honteuse. J’ai peur, bien sûr que j’ai peur. Plus que jamais, je m’aventure en terrain inconnu, au prix de ce que je devine être de bien amères conséquences.

« Tu es en train de dire que je n’ai pas notre intérêt à cœur, minha filha ? » articule-t-il avec une mesure qui ne tiendra pas longtemps. L’ambre de ses prunelles oscille dangereusement. « Tu crois que tu sais mieux que moi comment gérer notre famille ? »

« Il est sur certains dossiers où tu as perdu ta voie, père. »

« Éclaire-moi, je t’en prie. »

« L’île. J’ai vu ce qui s’y faisait… »

« Je t’arrête tout de suite, menina. Tu parles de choses que tu ne comprends pas. »


Son ton sec m’indique que j’ai touché un point sensible. Que mes doutes sont probablement fondés. Une idée qui me couvre d’horreur et de ressentiment. Sur l'île aux monstres, j'ai découvert les machinations de la chancelière Caldwell. Si toute l'étendue de la participation de mon père à ces expériences morbides reste à définir, je sais qu'il ne les a pas dénoncées, ce qui est suffisant pour l'incriminer. Ce n'est pas la première fois que je le vois tremper dans de bien sombres desseins pour parvenir à ses fins. Néanmoins je ne l'aurais jamais cru capable d'une telle folie. Je prends une grande inspiration. Si je perds contenance, cette joute est perdue d’avance.

« Alors explique-moi, papa. Tu as dit de moi que j’étais ton bras droit. Si vraiment tel était le cas, je serais en droit de savoir, non ? »

Il ricane. J’ai un faible sourire, à peine perceptible. Je le reconnais pleinement, Eduardo dans toute sa splendeur. Eduardo l’inatteignable. Celui qui, nécessairement, a toujours raison. Si mon orgueil se trouve piqué du mépris évident contenu sous ce rire, j’en fais fi au profit d’une froide réflexion : il s’agit de sa manière de m’ébranler, de me pousser dans mes retranchements. Un jeu de pouvoir que jusqu’à présent j’ai toujours perdu car à cet effet il possède une expérience nettement supérieure. On le croit à tort un caïd incapable de négocier ; la vérité ne pourrait s’en éloigner davantage. Charmeur, politicien, il sait manier les mots. Et détruire grâce à leur pouvoir, un pouvoir qu’il a appris à manier depuis belle lurette. Je connais l’étendue de son charme et de sa puissance pour l’avoir testée à de nombreuses reprises. Sa capacité à tourner toute situation à son avantage m’a rendue distante, moi-même provocatrice envers autrui. Car ainsi je parviens à survivre dans notre environnement familial, ainsi je parviens à être entendue. Aujourd’hui je dois lui montrer que je suis passée maître dans l’art qu’il m’a inconsciemment appris, un petit pas à la fois. Une dispute après l’autre. Cette fois, l’issue sera-t-elle différente ? Je sens venir le reste pour l’avoir vécu trop souvent. Il reviendra à la charge de plus belle, cette fois pour mieux me disperser, pour provoquer honte et confusion.

Un éclair, puis un autre. Le tonnerre gronde, si près, si près.

« Pequena, laisse-moi te parler de la loyauté. Elle ne s’offre qu’à ceux qui en ont le mérite. Encore et encore, tu m’as prouvé que je ne pouvais pas avoir confiance en toi. Tu baratines sans donner de nouvelles, tu ternis notre nom et tu couches avec l’ennemi. Ne pense pas que j’ignore tout de ta petite aventure avec ce parasite de Viridis. Celle que tu as affirmé impossible et décrite comme montée de toute pièce par la presse ha ! Les caméras de surveillance du Casino suggèrent autrement. »

Un instant, le silence s’abat. Même si tout m’y préparait, ses paroles me blessent et me couvrent d’embarras. Certaines choses auraient dû demeurer secrètes, or rien n’échappe à la surveillance de mon géniteur. Omniscient, omniprésent, à un point qu’il n’est plus la bienvenue. Ma vie personnelle ne regarde que moi, pourtant il ne manque pas d’y mettre son grain de sel, de commenter ce sur quoi il ne devrait pas avoir d’avis. Je l’observe avec gravité, me laissant envahir par la cacophonie de la pluie contre le carreau de la fenêtre, véritable déluge sans plus de filtre. Le vacarme ne parvient pas à ensevelir les tambourinements désordonnés de mon cœur. Un instant encore, je considère baisser l’échine, accepter mon sort, et les punitions qui viennent avec. Après les reproches viennent les représailles, ainsi va la vie avec mon père. Pas cette fois. Pas cette fois.

« Devant tes… »

« Tu as raison, papa. J’ai couché avec Luciano Viridis. À plusieurs reprises. Je t’ai menti, plus de fois que je ne puis compter ces derniers mois. Je suis sortie et j’ai fait l’idiote. Et je me suis rendue sur l’île dans l’objectif de te désobéir. Cette relation est donnant-donnant, papa, ou peut-être as-tu oublié les principes qui régissent Pavlica depuis toujours. Alors aujourd’hui je redonne ce que tu m’as offert, papa. Tu parles de loyauté, c’est bien amusant. Tu ne m’as jamais été fidèle. Tu as critiqué, tu as rabaissé, tu n’as jamais cru en moi comme tu le fais avec Camila et Adelina. Je n’ai jamais été assez à tes yeux et tu ne manques jamais une occasion de me le rappeler. Alors que veux-tu que je te dise ? Que je me sens coupable ? Car ce n’est pas le cas. »

L’orage plane au-dessus de nous. Un éclair percute un arbre, est-ce dans le jardin ? Le coup de tonnerre est tel que la terre tremble sous nos pieds. Je peux le sentir en écho dans ma chair, dans mon sang, dans mes os. Me dominer toute entière, ou est-ce la colère qui m’habite qui ainsi me fait trembler jusqu’au plus profond de mon être ? Toute la rancœur qui jusqu’alors demeurait sereine se trouve attisée par ce cri du cœur, celui qui nécessairement devait un jour venir bouleverser nos relations. Depuis combien de temps est-ce que je rêve de prononcer ces mots ?

« Tu as pris tout ce qui me restait de maman et tu l’as anéanti, dans l’objectif de nous protéger, de bâtir un nouveau monde pour tes enfants. Mais la réalité est toute autre. Si tu me connaissais un peu, papa, tu verrais à quel point ta Nova Existencia a chamboulé mes rêves et m’a privé de la dernière chose qu’il me reste d'elle. Des fois je me demande si tu ne l’as jamais aimé, comment as-tu pu détruire tout ce en quoi elle croyait ? Comment as-tu pu ?! »

J’ai crié mes derniers mots. La colère que je retenais depuis toutes ces années me rattrape, exulte de moi plus vite que je ne puis la retenir. Tous mes membres tremblent désormais, et le regard que je lève vers lui s’est embué de larmes amères qui me piquent les yeux. Pourtant je ne bouge pas, car je crains la violence qui m’anime à l’instant. J’ai refermé les poings, des poings que j’ai envie d’abattre contre lui, contre lui qui m’a fait mal de toutes les manières imaginables. Où est ce père qui jadis m’aimait ? Il n’est plus. Tout comme je ne suis plus la gamine effrayée de lui qui fut, un temps. Je le toise de toute ma rage, de toute ma hargne. Et un instant, une fraction de seconde qui m’échappe, si bien que je doute qu’elle ne fut réellement là, je vois le doute dans ses prunelles, je vois la détresse et la peine. Lentement, elle se laisse consumer par la violence du tonnerre qui claque une fois de plus au-dessus de nos têtes.

« J’ai aimé ta mère plus que tout au monde. Mais elle est morte, Dora. Tu continues à t’accrocher au passé, encore une fois tu fais passer tes petits caprices d’enfant gâtée avant les intérêts de notre clan. Je n’ai jamais eu confiance en toi car tu as toujours fait passer tes intérêts avant ceux de la famille. »

Horreur.
Cassure.
Peut-il entendre mon cœur qui se déchire ?

Plus violents qu’une gifle, ses mots viennent fracasser en moi quelque chose qui ne se réparera pas. Blessée, je recule, vaincue, incapable d’articuler un mot. Mes lèvres s’entrouvrent puis s’abaissent.

Plus rien, je ne suis plus rien à ses yeux. L’ambre m’observe sans plus me voir. Je le sens loin, loin si loin. Je l’ai perdu. J’ai perdu. Là où il y avait déception, je ne vois plus qu’un vide, qu’un ressentiment froid. Il m’observe comme il l’aurait fait à n’importe quel employé qui aurait failli à ses devoirs. Pas à sa fille. Pas à sa fille.

« Jusqu’à ce que tu retrouves ton sens des priorités, tu ne fais plus partie de cette famille. Prends tes choses et disparais. Je ne te veux plus chez moi. »

« P-papa ? » je parviens à prononcer d’une faible voix désarticulée.

Il se détourne. Je n’existe plus. Je suis seule.

« Papa ? »

Répond-il seulement à ce nom désormais ? Mes jambes menacent de s’écrouler sous mon poids, sous ce cœur lourd, lourd, lourd, dans ma poitrine. Paniquée, je ne parviens plus à bouger, à le poursuivre ou même à supplier. Car je sais que marchander à ce stade-ci serait parfaitement inutile. J’ai cru que je pourrais gagner cette joute mais j’ai perdu, perdu bien plus que tout ce que je pouvais m’imaginer. Sa silhouette se fraie un chemin parmi la pénombre, ouvre la porte. La lueur du couloir, jumelée de celle d’un éclair fige la scène, l’ancre dans ma mémoire à tout jamais. Il se retourne vers moi un instant, qu’un bref instant.

« Papa… »

La porte se referme, me laissant seule parmi les ombres. Je m’écroule contre le plancher, incapable d’accuser ce qui vient de se produire. Combien de temps est-ce que je reste assise là, à écouter l’orage s’éloigner ?

Lorsqu’enfin je parviens à bouger, il fait déjà nuit. Le ciel nocturne s’est couvert, voilant les étoiles, défigurant la lune. Une voiture m’attend devant la grille, prête à me recueillir. Tout ce que j’ai traîne à ma suite, quelques sacs tout au plus. Le reste suivra, lorsque j’aurai trouvé où poser les pieds.

Je prends place dans la voiture. Le chauffeur, grave, ne dit rien. Nous ignorons tous les deux la destination. Dans un respect silencieux, le jeune homme me permet un instant encore de contempler l’hacienda, là où j’ai vécu toute mon existence, le recueil de tous mes souvenirs. Dans ma poitrine, la blessure encore intolérable ; mais aussi une forme de soulagement inavouée. Tandis que l’automobile fait demi-tour sur le chemin de gravier, je ne sais plus exactement qui je suis ni où je vais.

Vis ta vie, Terren.

À quel prix ?

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