Je passe une mauvaise journée. Il se fait tard et la pluie ne fait rien pour arranger les choses. Au moins si j'avais un parapluie, mais non. Je ne peux que me contenter de marcher plus vite et de redresser le col de mon manteau, lamentant l'état de ma jolie chevelure. Pourquoi est-ce que la richissime Cali Cobalt marche toute seule en fin de soirée ? La vérité c'est que j'aurais dû contacter l'un des chauffeurs de la famille et attendre qu'il vienne me chercher, mais ne l'avais pas fait. C'est que j'avais assisté à une soirée avec de prétendus amis et que l'ambiance avait vite changé, à mes frais. Le ton avait monté, des insultes avaient été lancées et, au final, j'avais cru plus sage de sortir pour changer d'air, laissant en plan ces imbéciles que je n'appréciais même pas de toute façon.
L'avantage qu'il y avait à marcher à cette heure, je devais l'admettre, était le plaisir d'avoir les rues vides. Même pas besoin d'attendre aux intersections ou de m'inquiéter d'être reconnue et de me faire demander par je ne sais quel journaliste pourquoi j'avais les yeux rougis. Ceci étant dit... J'entendis un bruit derrière moi et jetai un regard par-dessus mon épaule. Est-ce que quelqu'un avait décidé de me rattraper pour me présenter ses excuses ou au moins s'assurer que je rentre en toute sécurité chez moi ? Non, personne. Pourtant j'aurais juré avoir entendu des bruits de pas. Peut-être n'était-ce que mon imagination. Je repris la route avec un pas plus énergique, rendue nerveuse par ce qui ne devait être que de la paranoïa. Je rirais sans doute bien de tout ça une fois chez moi au sec lorsque rien ne se serait passé, n'est-ce pas ? Dans le doute je plongeai quand même une main moite dans mon sac à main pour en tirer mon portable. Vu l'endroit où j'étais mon contact le plus proche était Adonis.
« Allez décroche.... C'est sûrement trois fois rien, mais ce serait vraiment sympa que tu décroches... »
Cette fois j'avais commencé à allonger le cou à la recherche de gens qui viendrait dans le sens inverse, quitte à parler à un ou une inconnue. J'avais l'impression d'être stupide, de réagir beaucoup trop pour absolument rien et, pourtant, cette intuition ne me quittait pas. Surtout que... N'était-ce pas une ombre qui venait de plonger dans une ruelle lorsque je m'étais retournée une fois de plus ? Ce ne serait même pas la première fois que j'étais suivie alors en vrai serait-ce si surprenant ? Le combo fille de riche et Cobalt faisait de moi une cible prisée, ce qui expliquait pourquoi j'appelais un chauffeur d'habitude.
La boite vocale de mon aîné s'enclencha alors que, derrière moi, je cru entendre quelqu'un se cogner contre une poubelle. Je me retournai à nouveau, me figeant quelques instants alors que le sang me battait dans les tempes. Il y a quelqu'un. Je ne suis pas folle, il y a vraiment quelqu'un. Sauf que si c'était quelqu'un de la fête alors pourquoi se cacher ? Pour me faire une mauvaise blague ? Je n'avais pas envie de prendre le risque et de les laisser sagement se payer ma tête. Mais je ne connaissais pas grand monde dans ce coin de la ville et même les employés de ma mère mettraient trois plombes à se rendre là où j'étais. Il ne me restait qu'une seule autre alternative : appeler Liam. Il m'avait laissé son numéro de téléphone écrit en jolies lettres sur le médiator que j'avais remporté suite à ma première leçon de guitare. Je composai sans m'inquiéter de le déranger, la panique commençant à me gagner. Pitié réponds. Je te laisserai même te moquer de moi avec tes blagues de merde, mais pitié réponds. Miracle, il décroche !!
« Allo, t'es là ? C'est Cali, s'il te plait raccroche pas. Enfin je ne sais pas pourquoi tu le ferais, mais le fais quand même pas. J'ai besoin de parler à quelqu'un. C'est sûrement rien, peut-être que je me fais des peurs toute seule je sais pas, mais juste tu veux bien me parler un peu ? Enfin... Je peux venir chez toi le temps d'attendre qu'un chauffeur vienne me chercher ? J'étais en train de rentrer chez moi et c'est vraiment trop flippant et juste c'est une fichue soirée de merde et... »
Ouais, je crois que je suis vraiment stressée pour parler en tout un bloc comme ça sans même lui laisser la chance d'en placer une.
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Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Les pays chauds amènent le soleil avec eux, mais en contrepartie, ils sont harassés par l'humidité ambiante, donnant lieu à des pluies régulières qui tombent sur ses pauvres habitants. Il faut être assez nantis pour pouvoir trouver le son de l'averse agréable lorsqu'on n'a pas à le subir au-dessus de sa tête. Une classe dont fait partie Liam, pour son grand plaisir, car si la pluie ne le dérange nullement même lorsque des cordes lui tombent dessus sans crier gare, même s'il préfère largement pouvoir contempler le gouttes diluviennes au travers de la fenêtre tandis qu'il profite d'être bien au chaud et surtout au sec chez lui. Enfin, presque au sec. Adonis est de sortie mais il n'a pas besoin de l'attendre pour se détendre un peu dans leur jacuzzi, même s'il aime bien prendre des bains à bulles avec son colocataire. Poussant un soupir d'aise, ses yeux ambrés se lèvent vers la fenêtre où le ciel noir parsemé de nuages de la même couleur répand ses larmes à travers Sercena comme pour punir les humains qui y demeurent. J'aimerais pas être dehors à cette heure-ci. Pas qu'il ne sorte jamais aussi tard lui-même, au contraire, mais s'il peut éviter le mauvais temps, ce n'est pas plus mal. Liam plonge un peu plus son corps dans le bain à remous, préférant largement être mouillé de cette manière. Ne supportant pas trop le jacuzzi, il a laissé pour Emily la baignoire afin qu'elle puisse aussi faire trempette et se détendre. La grenouille adore la pluie mais elle aime aussi passer des heures dans une bassine. Il n'y a que Robin qui, couché sur le canapé, dort paisiblement. Le son du déluge l'apaise quand il se sent en sécurité quelque part. Si la soirée aurait pu se passer tranquillement dans un calme olympien, c'était sans compter sur son portable qui se met tout à coup à sonner. Et sauf quand il ne peut vraiment pas, il s'efforce toujours de décrocher, au cas où. Il a bien fait, aujourd'hui, de le garder près de lui.
« King à l'appareil, j'écoute ~ »
Fait-il de sa voix mielleuse, avant d'entendre, surpris, la voix de Cali de l'autre côté du combiné. Et cette dernière n'a pas l'air très à l'aise. D'un coup, il se crispe sur son téléphone lorsqu'elle commence à parler de sa situation. Ses traits se figent dans une expression davantage sérieuse. Une jeune femme toute seule dans une ville en pleine nuit, de base, pour le Boss Zekrom, c'est tout de suite sujet à inquiétude. Il sait quels sont les dangers qui peuvent attendre la gente féminine à une heure aussi tardive. Et ça ne le rassure pas du tout. Surtout que, pour une fois, la Cobalt semble vraiment avoir peur de ce qui peut lui arriver. C'est que, selon le King, elle doit avoir des raisons de s'inquiéter. De ce qu'il a pu savoir de la cadette, elle n'est pas non plus du genre à flipper pour rien. Et même si c'était le cas, il comprend qu'elle soit stressée d'être isolée à ce moment précis. Ses mots s'enchaînent vite, signe qu'elle ne se sent pas bien. Il ne l'a jamais entendu comme ça. C'est pas bon.
« Où est-ce que tu es ? »
Il éteint le jacuzzi pour mieux l'entendre, n'ayant plus du tout la tête à se détendre dedans.
« Avance vers chez moi, je vais venir te chercher. Ne t'en fais pas, je reste au téléphone. Si tu te sens suivie, essaye de parler plus fort pour qu'il comprenne que t'es écoutée. »
Sa voix se fait grave, en dépit d'un calme qu'il tente de garder pour ne pas faire paniquer davantage la blanche. Mais, au fond, c'est aussi lui, qui commence à être nerveux.
Aussi gênant que ce soit de l'admettre, avoir la voix de Liam au creux de mon oreille m'aide à me sentir beaucoup mieux. Déjà je ne suis plus seule, plus autant en tout cas, et c'est lui. D'accord on ne se connait pas tant que ça à bien y penser, mais j'ose croire que je le connais juste assez pour savoir que je suis entre de bonnes mains. Il faut dire qu'à force je commence à être douée pour juger du caractère de la plupart des gens et que, jusqu'ici, je n'avais pas eu de vraie raison de ne pas lui faire confiance. Preuve étant qu'il avait directement demandé où j'étais, me rappelant à l'ordre concernant les priorités du moment.
« Je viens de passer l'angle de [...] et de [...], là je remonte [...] en direction de chez toi. Mes pokémons ne sont pas avec moi. »
J'ai dis la fin plus bas, juste au cas. Si jamais l'autre est assez proche pour m'entendre je n'ai franchement pas envie qu'il sache que je suis absolument sans défense. Enfin j'ai bien mes escarpins, mais voilà, on repassera. J'écoute les instructions de Liam en jetant parfois des regards par-dessus mon épaule à la recherche de la grande silhouette sombre qui marche derrière moi pour surveiller son avancée. Continuer de cheminer vers chez lui ça je peux totalement le faire et avec plaisir en plus de ça, surtout dans ce contexte. Je pousse presque un soupir de soulagement lorsqu'il me dit qu'il va rester au téléphone et me prête sans mal à l'exercice lorsqu'il me dit de continuer à parler et de le faire plus fort. Au moins si les commerces étaient encore ouverts à cette heure je pourrais aller me réfugier dans l'un d'entre eux en attendant l'arrivée de Liam, mais c'est un luxe dont je ne dispose même pas.
« Je me sens tellement bête si tu savais. J'étais dans une soirée de merde et j'aurais dû appeler un chauffeur, mais j'avais juste tellement hâte de partir, j'avais besoin d'air et j'ai juste... Je suis tellement conne, je suis désolée. Si ça se trouve c'est juste moi qui panique pour rien, je sais pas. »
Sauf que c'est un mensonge et que je sais très bien, trop bien. Mon instinct me le crie en boules instables dans mon estomac. Dans un cas comme celui ci il y a trois scénarios possibles. Le premier ? Le gars est en fait un chic type qui marche là par hasard, il entend que je panique et il va arrêter de me suivre pour me rassurer. Ça va peut-être le faire chier d'avoir été pris pour quelqu'un de malintentionné, mais voilà c'est la vie et la situation me fais beaucoup plus chier que lui. Malheureusement je doute que ça se termine aussi bien vu les efforts délibérés qu'il fait pour se dissimuler à mon regard quand je regarde derrière. Option numéro deux : c'est un mec pas net, mais pas si décidé que ça non plus, et l'idée que quelqu'un d'autre soit au courant de ce qu'il fait suffira à le faire réfléchir. Il y a des risques de se faire prendre, ça ne vaut pas la peine, quelque chose comme ça. Ça m'est même déjà arrivée d'être suivie par un gars inquiétant qui était fan de moi et qui avait justifié ma filature en disant qu'il avait été inquiet de me voir marcher toute seule le soir. Et dire que je croyais avoir retenu ma leçon.
Puis il y a le troisième et dernier scénario, celui que je redoutais. Il sait que je suis en contact avec quelqu'un et, par conséquent, sa fenêtre d'action a maintenant une limite beaucoup plus concrète et pressante. Si c'est un activiste par exemple ou un rebelle qui veut juste faire le plus de dommages possibles pendant qu'il en a la chance, parler plus fort comme ça risque de le motiver à passer à l'action. J'espère que c'est pas ça, mais j'ai la main crispée sur mon téléphone et au fond de moi je connais déjà la réponse. L'un de mes énièmes regard en arrière me le confirme d'ailleurs : il marche plus vite. Sa silhouette ne prend plus la peine de se cacher et, s'il fait trop sombre pour le distinguer clairement dans toute cette pluie, j'ai franchement l'impression qu'il se rapproche. De mon côté je suis presque en train de courir, maudissant mes petites jambes. Heureusement que je suis une femme active et que j'ai l'habitude des prestations épuisantes qui viennent avec la danse classique.
« Je... Je peux essayer de le semer, mais il marche vite. Genre... plus vite qu'avant que je t'appelle. »
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Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Se détendre n'est plus d'actualité. Son rythme cardiaque s'est accéléré depuis qu'il a compris la situation de la jeune femme qui se trouve, là, dehors, dans le noir, livrée à elle-même aux mains de la ville sauvage et des démons qu'elle abrite. Il ne prend même pas le temps de sécher ses cheveux ; de toute façon, dehors, ils seront à nouveau mouillés. De quoi attraper un rhume s'il ne fait pas attention, mais tant pis ; la priorité, ce n'est pas lui à l'heure actuelle. En écoutant ses indications attentivement, il éteint le jacuzzi, rallume les lumières, passe brièvement une serviette sur le corps pour se sécher et enfile les premiers vêtements qui lui tombent dessus et qui sont faciles à mettre. Les sens en alerte quand elle voit son dresseur s'agiter dans tous les sens, Emily sort de sa propre baignoire et se met au garde à vous, prête à agir. Il vaut mieux qu'elle reste à la maison pour ce soir, au cas où il n'arriverait pas à croiser la Cobalt, si jamais elle arrive chez elle plus tôt que prévu. Robin, lui, fait seulement mine de lever la tête d'un air encore endormi en remarquant l'humain s'habiller en vitesse. Il sent bien que Cali culpabilise pour ses choix, mais ce n'est pas le moment qu'elle pense à ça. Liam veut juste qu'elle soit en sécurité, pour l'instant.
« Ne pense pas à ça maintenant, c'est pas grave, ça arrive. Respire et fais de ton mieux pour le semer. J'suis en route. »
Plus que sa veste en cuir à prendre, et il détale de l'appartement. Avant que le Zorua ait le temps de comprendre ce qui s'est passé, la porte se ferme et on entend déjà dans le couloir les pas précipités d'un homme inquiet. S'il se moquait des marcheurs sous la pluie, il ne fait pas le malin lorsque l'averse ne s'arrête pas même quand il court en-dessous. Toujours au téléphone avec Cali, il tente de réfléchir à des conseils qu'il pourrait lui donner en l'attendant, même si sa poitrine s'est mise à battre plus frénétiquement au fur et à mesure qu'il se rapproche de sa position.
« Je sais pas si t'as ça sur toi mais essaye de trouver quelque chose qui puisse servir d'arme contre lui, au cas où. »
Son entraînement à l'endurance lui permet heureusement d'aller vite et de ne pas être trop essoufflé mais il espère que sa voix sera assez claire à l'appareil pour que la Cobalt distingue ses mots. Ses jambes coursent à travers les rues tandis qu'il essaye de se repérer mentalement grâce à une carte imaginaire. Ses nombreuses sorties hebdomadaires dans Sercena lui permettent au moins de savoir où elle se trouve et par quel chemin à peu près il doit passer.
« Je ne devrais plus être très loin de là où tu te trouves. »
Arceus, faites qu'il ne lui arrive rien. Faites que je n'arrive pas trop tard.
Je ne sais plus trop à quel moment j'ai commencé à courir au lieu de simplement marcher rapidement. Ne plus penser à ma culpabilité concernant mon imprudence devient soudainement beaucoup plus facile lorsque je me rends compte que, derrière moi, la silhouette a commencé à courir aussi. Je me demande ce qui claque le plus fort : mes talons sur le pavé mouillé ou mon coeur dans ma poitrine ? L'un et l'autre se mêlent à présent. Le conseil de Liam est bon, une arme me servirait franchement là tout de suite. Sauf qu'à part attraper un couvercle de poubelle je ne vois pas trop, surtout que j'ai une main occupée à tenir mon téléphone comme si ma vie en dépendait et que j'ai, mine de rien, des bras qui ne sont pas si forts que ça.
« Okay ! Je vais trouver ! »
J'ai pas le temps, et encore moins l'envie, de lui exposer mes doutes sur le sujet. L'important c'est qu'il est en route et que je ne suis pas une nunuche de film pourri. Je suis capable de prendre de bonnes décisions comme, par exemple, celle de ne pas regarder derrière moi. Juste devant, le plus vite possible. Mais pendant qu'il est là, juste au bout du fil...
« J'veux pas être... dramatique, mais... J'voulais que tu saches... Moi aussi je t'aime bien, Liam. Et s'il m'arrive un truc... tu crois que— »
Tu pourras dire à ma famille que je les aime ? Tu pourras t'occuper d'Adonis ? S'il voit qu'il a un message manqué de ma part et que c'est arrivé ce soir, juste avant qu'un taré m'attrape... Mais je n'ai pas le temps d'en dire autant parce que, déjà, je suis en train de courir et aussi parce qu'un bruit familier se fait entendre derrière moi. Curieuse, je m'arrête un moment pour reprendre mon souffle et essayer de comprendre. On dirait que j'ai réussi à mettre de la distance entre nous deux, mais alors pourquoi est-ce que j'ai entendu le son d'une pokéball ? Oh. OH. La silhouette sombre d'un malosse transperce la pluie avec une aisance terrifiante et tout ce que je peux faire c'est de me remettre à courir avec plus de panique que jamais.
« Il a un malosse !! »
J'ai couru trop vite pour lui alors il a lâché les chiens, littéralement. Enfin, il n'y en a qu'un, mais c'est déjà trop de chiens à mon goût. Surtout que même moi je ne peux pas faire le poids longtemps alors que le canidé prends son élan et referme sa féroce mâchoire sur mon bras qui tenait, jusque là, mon téléphone. L'appareil me glisse des mains et un cri m'échappe, plus de surprise que de douleur. Heureusement que je porte plusieurs épaisseurs de vêtement, mais quand même. Je commence à lutter avec lui pour reprendre mon bras, franchement chanceuse qu'il n'ait pas eu l'ordre de me faire griller sur place. Il faut dire qu'en temps normal je me sentirais mal de frapper un pokémon, mais là... Pas trop je l'avoue. Je lui assène des coups de sac à main sans grand succès alors que son dresseur nous rattrape et que, enfin, j'ai une bonne vision de ce sale type. Je dois faire tout ce que je peux, absolument tout. Alors je plonge vers le sol et, de ma main libre, récupère mon portable. J'espère qu'il n'est pas brisé et que Liam m'entendra.
« C'est un homme caucasien, cheveux bruns, dans la trentaine avec une barbe et un manteau n— »
Le chien m'a lâché sur ordre de son maître qui, pour m'interrompre, a choisi de me frapper au visage avec son pied. Je perds le portable à nouveau, la tête vibrant quelques instants sous le choc alors que mes repères deviennent flous. Je sens un goût de sang me rouler sur la langue et comprends rapidement que ma lèvre est fendue. Pas le temps de m'en remettre, toutefois, puisqu'il vient de m'attraper. Il me tire derrière lui, une main fermement accrochée à mon bras alors que l'autre a attrapé une large poignée de cheveux blancs. Mes pieds glissent frénétiquement au sol pour essayer de me remettre debout et d'offrir de la résistance à mon agresseur dont j'ai déjà commencé à griffer et à frapper les mains. À ce stade il n'y a qu'une seule personne qui puisse me tirer de là...
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Un trousseau de clés, une bague, un sac... A-t-elle au moins quelque chose pour se défendre ? Liam se mord la lèvre, espérant qu'elle ne soit pas démunie face à la personne qui pourrait potentiellement être un agresseur. Il y a effectivement un pourcentage de chance pour que ce soit en fait quelqu'un d'innocent qui marchait dans la même direction qu'elle, mais le nombre est bien trop minime pour pouvoir compter là-dessus et le Zekrom le sait. Parmi les missions temporaires qu'on lui a parfois confié, il y en avait où il devait servir de garde du corps ou juste ramener une dame chez elle afin qu'elle soit en sécurité. Des boulots plus ingrats que d'autres mais qui ont eu le mérite d'être plutôt bien payés. Il sait. Il sait comment peuvent être les rues sombres. Il connaît la nuit et les dangers qui l'accompagnent, surtout pour les âmes les plus vulnérables. Si les pires choses arrivent souvent de la part de proches, impossible d'écarter la menace que représente un inconnu qui aurait jeté son dévolu sur une femme comme Cali. Jolie, élégante, de bonne famille quand on la reconnaît, mais surtout fragile, avec certes un caractère bien trempé mais qui demeure une proie facile pour les plus acharnés d'entre eux. Et Liam se fera un plaisir de mettre fin aux intentions du chasseur avant qu'il n'atteigne sa cible, si cette dernière ne parvient pas à trouver de quoi se défendre.
Une part de lui serait flattée d'entendre de la blanche la preuve orale de son affection pour lui, si la situation n'était pas si grave. Dans d'autres circonstances, il aurait lâché une nouvelle blague foireuse afin de la détendre, de la rassurer, de lui dire qu'il l'apprécie. Dans ce contexte, pourtant, il ne désire pas entendre ces mots. Car il les sait venir d'une tentative désespérée, parce qu'elle a peur et croit peut-être qu'elle s'en sortira pas. Mais le Zekrom ne laissera pas ça arrivé. Impossible. Il refuse. Cali est trop jeune pour que ça se termine mal pour elle ce soir. Liam s'en voudra pour toujours si jamais il lui arrivait malheur. Elle compte sur lui. C'est lui qu'elle a appelé. Son sang ne fait qu'un tour lorsqu'il croit entendre des grognements, suivis de la voix paniquée de la jeune femme qui confirme ce qu'il craignait : la présence d'un Pokémon, en particulier un Malosse, d'après ses dires. Liam, s'il croit ne pas pouvoir aller plus vite, parvient quand même à accélérer l'allure. L'eau tombe en trombe par endroit, manque de le faire déraper sur le bitume, mais il tient bon. Il n'y a que ce stress qui monte, grimpe en flèche au fur et à mesure que les secondes passent. Il sent que le téléphone prend des coups. Il y a des bruits sourds qu'il n'arrive pas reconnaître. La voix de la cadette se fait plus faible. Cela le distraie de sa trajectoire un court instant, avant d'essayer de se concentrer. C'est difficile, cependant, de ne pas imaginer ce qui peut se passer, là, à l'autre bout du fil. Cali reprend le portable, commence une description de l'assaillant qui est définitivement une menace officielle désormais, mais ne peut terminer dans sa lancée. Sa voix s'arrête net. De nouveaux sons non identifiables retentissent au combiné. Est-ce qu'elle est attaquée ?.. Non, c'est même sûr.
« Cali ?.. Cali ! »
Il tente. Il espère. Mais personne ne lui répond. Il ne perçoit que quelques bruits, puis des grésillements. Une lutte. Du danger. L'inquiétude qui a atteint son paroxysme, évidemment, mais un autre sentiment prend peu à peu le dessus. La colère. Liam voit rouge. Comme une bête enragée, il trace dans la ville déserte, se fichant de la pluie qui bat à ses tempes et trempe désormais son corps. Au loin, un orage se met à gronder. Et un cri retentit dans la nuit. Elle est là ! Enfin, il la voit. L'attente était interminable. Le corps de la Cobalt bouge, se débat, tandis que son agresseur, soutenu par le quadrupède des enfers dont elle lui a parlé. Le dresseur aux cheveux violets bouillonne. Serre les dents Il va lui faire payer.
« Lâche-là ! »
Vraisemblablement pris au dépourvu par l'arrivée du King, l'homme tourne aussitôt la tête vers lui. Sa fureur parle à sa place. Ou plutôt ses poings, car il assène un violent coup au visage de l'autre, jusqu'à le faire tomber à la renverse sur le sol humide. Cela a au moins le mérite de lui faire lâcher sa prise sur sa victime, mais avant que Liam n'ait le temps de l'attaquer à nouveau, il sent tout à coup une mâchoire acérée qui se ferme au niveau de son bras. Grognant sous le coup de la douleur mais surtout celui de son courroux, il tente de déloger le chien de sa peau. Ce dernier a toutefois ses crocs solidement plantés dans sa peau. Le dresseur du Malosse en profite à cet instant pour se relever et donner un coup de pied vif dans son ventre, puis d'autres au niveau de sa poitrine et de son visage. Alors qu'il allait lui casser le nez, le Zekrom arrête le poing de son assaillant avec sa paume. Puis bloque le poing de l'autre main lorsque ce dernier arrive. D'un geste bref mais puissant, Liam donne un coup de tête pour sonner temporairement l'agresseur. Puis, profitant de cet instant de latence, il sort sa dague accrochée à sa ceinture avant de la planter dans le corps de l'autre. Une première fois sans forcément faire attention, puis une seconde fois au niveau d'un de ses poumons pour le transpercer. L'homme s'écroule à genoux, le regard devenu livide, avant de s'étouffer dans son propre sang qu'il recrache à grandes gorgées. Et si l'habitué de l'Underground, habituellement, évite de blesser les Pokémon, il n'a pas le choix cette fois-ci. Le Malosse tient fermement encore sa prise sur son bras sans se préoccuper de l'hémoglobine qui coule entre ses babines. Alors il donne cette fois-ci un autre coup au niveau des yeux du Pokémon afin de le déstabiliser. Ce dernier, aussi choqué par l'état de son dresseur, finit par lâcher l'affaire et ses crocs abandonnent finalement la chair mordue. Dans la continuité de son accès de colère qui le rend moins conscient que d'ordinaire, Liam prend le col de l'assaillant et lève le couteau qu'il a dans son autre main dans l'objectif de l'abattre sur le provocateur. Si la lame termine sa course, il va le tuer.
Mes appels au secours vont ils atteindre leur destinataire ? Je ne peux que l'espérer de tout mon être tout en continuant à me débattre. J'essaie même de glisser hors de mon manteau, mais sans succès. La prise de l'inconnu est trop ferme sur mon bras et, de toute façon, je ne peux pas vraiment me défaire de mes propres cheveux. Enfin, pas sans une bonne paire de ciseaux et, si j'en avais une, disons que ma cible de choix est toute trouvée.
Je suis tellement déboussolée et paniquée que je ne remarque d'abord même pas l'arrivée de Liam. Tout ce que je sais c'est que l'on m'a lâchée et que j'arrive enfin à m'éloigner, quitte à manquer de peu de m'étaler dans une grande flaque d'eau sale ce qui est, pour une toute première fois dans ma vie, le cadet de mes soucis. Je ne me retourne pour regarder ce qui se passe qu'un fois assez loin, cachée derrière la première poubelle que j'ai trouvée comme si cela suffirait à me cacher à mon agresseur et à l'empêcher de demander un second round. Je tente de m'essuyer la lèvre, mais réalise bien vite que l'exercice est futile puisque mon sang a déjà tâché tout mon menton et que je ne suis parvenue qu'à l'étendre encore un peu plus. Remettons ça à plus tard et concentrons nous plutôt sur ce qui est urgent comme, par exemple, la grande silhouette de mon sauveur et le chien qui se jette sur lui. Mon premier réflexe est évidemment de m'inquiéter, de craindre pour sa sécurité et de chercher un moyen de l'aider. Si Liam est blessé par ma faute, s'il lui arrive quelque chose...
Il me faut quelques secondes pour comprendre ce qui se déroule vraiment sous mes yeux. Pour me rendre compte que la silhouette de l'inconnu n'est plus aussi droite. Pour réaliser que Liam est armé et qu'il n'a pas hésité. L'homme crache le sang. Non. Ce n'est pas ce que je voulais. Je voulais de l'aide, je voulais être en sécurité, jamais je ne m'étais imaginé... Impossible maintenant pour moi de détacher mes yeux du violet alors que je trouve la force de me redresser et de courir vers lui. Le King chasse le clébard, retourne son attention vers sa véritable cible.
« Liam, arrête !! »
Il est tellement plus grand que moi, tellement plus fort. Qu'est-ce que j'espère réussir à faire exactement ? Je ne veux pas qu'il fasse de conneries, je ne veux pas qu'il commette l'irréparable et s'en veuille pour le restant de ses jours. Je ne veux pas qu'il soit arrêté et envoyé dans une cellule miteuse. Alors je lui attrape le bras, l'enlace parce qu'il faudra bien y mettre tout mon poids pour l'entraver vu comment il est. Ça me ferait presque peur cette colère, cette violence. Dans l'immédiat, pourtant, ça me fait surtout pleurer.
« Je vais bien ! Tout va bien ! Arrête, s'il te plait !! Je veux juste rentrer à la maison... S'il te plait, Liam... »
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Le premier avertissement oral de la blanche ne l'atteint pas. Cela ne suffit pas. Il allait continuer. Il visait les organes vitaux afin d'achever l'agresseur. Ce que cet étranger faisait était mal, alors il n'y avait pas de problèmes à le tuer. A en finir là, tout de suite. La dague en main, alors qu'elle s'abat déjà sur l'homme, cette dernier n'atteindra jamais sa cible. Il faut l'intervention physique de Cali pour qu'il se réveille enfin. Qu'il s'arrête. Lorsqu'il sent une première prise sur son bras puis la suivante autour de lui, son corps s'immobilise d'un seul coup. Sa respiration se coupe brièvement. Puis, enfin, il sort de sa folle torpeur, sentant à nouveau les gouttes froides sur sa peau qui n'ont cessé de tomber depuis tout à l'heure. Le bras tenant l'arme s'abaisse. Ses yeux ambrés, fixés sur un point invisible, retrouvent de leur lueur. Sa tête se baisse vers la jeune femme.
« Cali... »
"Je vais bien. Tout va bien." Le silence reprend place, seulement interrompu par le bruit de la pluie. Le Malosse pousse un gémissement plaintif avant de s'approcher de son dresseur inconscient sur le sol mouillé. Il a eu ce qu'il mérite. Cali n'a pas besoin d'en voir plus. Enfin calmé, il range sa dague là où elle se trouvait avant de sortir cette fois son portable pour passer un appel.
« Dan, j'ai besoin que tu t'ramènes avec les gars à l'adresse que je vais t'indiquer. Y'a un paquet à récupérer. »
Son ton est sérieux, même sévère, alors qu'il scrute l'inconnu avec un regard noir. A l'autre bout du téléphone, il donne sa position géographique à son sbire pour que celui-ci prenne les mesures nécessaires ; l'autre a compris ce que son boss voulait dire sans qu'il n'ait eu besoin de précisions supplémentaires. Quant à ce qui attend le type qui a perdu connaissance, ils verront ensemble les détails. Mais plus tard. Pour l'heure, il a une princesse dont il doit encore s'occuper. Rangeant son téléphone après avoir raccroché et délaissant ses traits durs pour porter sur la Cobalt une expression bien plus douce, il enlève sa veste pour la poser sur les épaules de la plus jeune afin qu'elle ne souffre pas davantage de l'humidité.
« Ça te va toujours, si je te ramène à mon appart le temps que ton chauffeur arrive ? Ce ne serait pas très correct de ma part si je te laissais rentrer chez toi dans cet état. »
Et lui non plus, n'a pas vraiment un état bien remarquable. En meilleur forme que sa comparse, son bras saigne pourtant toujours de la morsure du Malosse, laissant dévoiler des traces de crocs et d'entailles d'où s'échappe des lignes écarlates. L'inquiétude se lit dans ses prunelles lorsque ses sens en alerte s'apaisent peu à peu. Ils sont, normalement, hors de danger à présent. Liam se retourne pour faire face à la danseuse.
« Tu es blessée ?.. »
Sa main vient se porter sur la joue de la blanche, avant de l'écarter brusquement lorsqu'il se rend compte du sang qui parcoure ses doigts. Le sien... Ou celui de leur attaquant ?..
Il s'est arrêté, enfin. À ce stade je suis secouée, mais je n'arrive pas à savoir si les responsables sont mes sanglots ou tout simplement mes tremblements de froid. Liam appelle mon nom et je souffle enfin, soulagée qu'il m'ait entendue, soulagée d'avoir réussi à l'atteindre. Mieux encore il range sa lame et prends plutôt son téléphone. Il va appeler des secours, n'est-ce pas ? Ça aussi ça me soulage parce que, même si j'ai bien envie que cette atroce personne aille pourrir en enfer, je n'ai pas envie d'être sur place ou même que Liam en soit la cause. Je fais d'ailleurs l'erreur d'offrir un regard à mon assaillant, me tétanisant ainsi sur place. Je n'arrive plus à détourner les yeux de ce spectacle cauchemardesque et de ce corps à présent inanimé. Il est inconscient, juste inconscient. Il peut encore être sauvé et Liam est déjà en train d'appeler une ambulance, tout va bien aller. Ce sera bientôt vite ré—
Dan ? Qui est Dan ? Je ne savais pas que le violet avait des amis dans la profession médicale. Et plusieurs on dirait puisqu'il vient de parler des gars, au pluriel. Mais un paquet ? C'est une drôle de façon de parler d'une urgence médicale. Personne ne dit ça comme ça. J'ai des questions, beaucoup de questions. Mais ai-je vraiment envie de les poser et de savoir ? Un nouveau regard en direction de mon agresseur me fait décider que non. Je n'ai même pas envie de savoir ce que lui avait de prévu pour moi, ce qu'il aurait fait ensuite si mon sauveur n'était pas arrivé juste à temps. Je n'ai pas non plus envie de savoir ce qu'il fera de sa vie maintenant ou de passer le reste de mes jours à avoir peur d'une seconde rencontre avec lui. Mon empathie pour cet inconnu est morte à l'instant où son malosse m'a mordue. Tout ceci étant dit je suis sortie de mes réflexions morales par le blouson de Liam qui me tombe sur les épaules. J'ai le réflexe de le serrer autour de moi même si, bien franchement, je suis déjà bien trop trempée pour que ça fasse une différence. C'est quand même rassurant et en plus il sent Liam. Dommage que le bout des manches ait été souillé...
« Oui, t'as raison. »
Je n'ai pas du tout envie de rester en présence de l'homme étalé au sol, pas plus que je n'ai envie de découvrir qui sont Dan et les gars ou de comprendre ce qu'est le paquet. Enfin, je crois que je sais, mais voilà. Je veux juste m'en aller. Je suis déjà prête à tourner les talons et à partir lorsque la main de Liam se rapproche de ma joue. J'en sursaute presque, reculant par réflexe avec dégout devant le sang qui lui couvre les doigts. Il s'en est rendu compte aussi et c'est d'autant plus malaisant. Malgré sa question empreinte de bienveillance, je sens un fossé qui se creuse.
« Ça va, j'ai rien. On s'en va. J'ai rien. »
C'est un mensonge. Mon bras a lui aussi fait les frais des crocs du malosse, sans compter ma lèvre fendue et ma joue qui enfle. Pire, je remarque enfin que mes jambes sont faibles, molles comme le coton. Mon niveau d'adrénaline est en train de redescendre, je suis trempée jusqu'aux os, j'ai froid et je pleure à chaudes larmes. Rien de tout ça n'est synonyme d'aller bien et, pourtant, je m'empresse de faire mon chemin jusqu'à la sortie de la ruelle pour retrouver mon téléphone. Il repose dans une flaque et l'écran est brisé, super. Je l'aimais bien en plus ce portable. Je le jette dans mon sac à main et, sans un coup d'oeil pour Liam, me prépare déjà à me remettre en chemin vers chez lui. Tant pis si je boite ou si je titube ou que sais-je encore que je n'ai pas envie de remarquer. Je n'ai pas envie qu'il me touche, je n'ai pas envie qu'il m'aide à marcher. Tant qu'il n'aura pas les mains propres je n'ai même pas envie de le regarder.
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Quelle question stupide. Bien sûr qu'elle est blessée. Évidemment qu'elle ne va pas bien, même s'il aurait aussi pu lui poser cette question. Mentalement, comment se sent-elle ? Sûrement tout aussi mal. Liam regrette de s'être laissé emporté par la colère. De ne pas avoir su se retenir face à Cali, faisant d'elle une spectatrice du déferlement de son courroux. Il a agit dans la panique, dans l'urgence, sans se préoccuper de la scène qu'il montrait. C'était peu important, pour lui. La menace était présente, il devait l'arrêter. Il y avait, toutefois, sûrement d'autres manières de le faire. Ce n'est pas comme s'il ne savait pas comment organiser tout ça de manière propre d'ordinaire. Des meurtres bien faits et sans bavure, c'était une de ses expertises. Pourquoi n'a-t-il pas pu faire pareil ? Cela aurait été plus judicieux. Moins effrayant. Mais ce qui est fait est fait. Même s'il déteste le regard dégoûté qu'elle lui offre, alors qu'il peut comprendre, en réalité. En fait, il aurait dû le savoir. Ne pas s'attendre à autre chose. Cali ne sait pas qu'il vient du monde illégal, que beaucoup le craignent d'ailleurs là-bas. Que c'est une personne dangereuse avec des mains régulièrement souillées par le sang. La Cobalt n'a jamais connu un milieu pareil. Ce qu'elle vient de vivre est sans doute ce qui se rapproche du pire qu'elle pourrait connaître si elle voyait l'underground, qu'elle y pénétrait. Cali est aussi blanche que ses cheveux. Son monde est rigide, mais n'en demeure pas moins doux et plus innocent que celui de son sauveur. Un sauveur dont elle ignore tout, en réalité. Ou du moins, peut-être qu'elle en a découvert un petit peu ce soir. Une parcelle. Un fragment.
La résolution de Cali à partir est nette, claire, et compréhensible. En la voyant reprendre ses affaires maladroitement à cause de probables douleurs qu'elle doit sentir, Liam s'approche pour l'aider avant de se rendre compte que l'hémoglobine sur ses paumes est toujours présentes. Grâce à l'eau de pluie, il essuie au moins ce qu'il a sur la peau même si ses blessures ne se fermeront pas avant qu'ils ne rentrent. Il suppose, au moins, que sa proposition tient et qu'elle n'est pas réfractaire à l'idée qu'ils aillent plutôt à son appartement. Mais l'ambiance, d'un coup, s'est tendue. Liam s'en veut d'avoir causé involontairement ce malaise, même si la situation en elle-même est déjà en soit compliquée à encaisser ; du moins pour elle. Malgré tout, alors qu'ils marchent en direction de chez lui, il a l'impression qu'il doit quand même dire quelque chose. Hésitant d'abord, les mots finissent par sortir au milieu du silence.
« Je suis content que tu sois en vie. »
Le tonnerre s'est rapproché brièvement, mais la pluie, elle, s'est faite moins forte. Son regard se pose sur la démarche de la jeune femme, qui demeure assez inhabituelle.
« Tu boîtes... Tu as mal à la jambe ?.. »
Si j'étais arrivé plus tôt, j'aurais pu éviter ça. Lui laissant de l'espace en marchant derrière elle, il se rapproche pour pouvoir se mettre à son niveau et la regarder.
« Laisse-moi t'aider. »
Pour montrer sa bonne volonté, il lui montre ses mains 'propres', lavées brièvement à l'eau. A voir si elle accepte quand même son soutien, même après ce dont elle a été témoin.
Moi qui suis habituellement si droite, si fière, je n'ai qu'une envie : me rouler en petite boule dans mon lit somptueux et dormir jusqu'à oublier tout ce qui vient de se passer. Si seulement c'était aussi facile. Si seulement je n'avais pas déjà commencé à me repasser en boucle certains moments clés. Je n'ai même pas remarqué que Liam m'avait laissé mon espace en marchant derrière, je n'ai rien remarqué. Même l'orage me semble terriblement loin par-delà les limites de ma perception. Il faut que je me calme, que je me ressaisisse et que je pense à tout ça logiquement. Plus facile à dire qu'à faire vu que mon être tout entier est toujours en situation de choc. Lorsque mon sauveur exprime son soulagement, je ne trouve rien de mieux à lui offrir qu'un sec :
« Oui, moi aussi. »
Des mots froids, l'air de le traiter d'imbécile parce que évidemment que je préfère être vivante que morte, pourquoi tu prends la peine de dire ça ? Il ne mérite pas d'être traité ainsi et je le sais, mais n'aie pas la force de m'excuser ou de ravaler mes mots. Une part de moi aurait aimé qu'il comprenne le message et qu'il ne rajoute plus rien, mais Liam s'entête et continue à s'inquiéter de mon sort malgré mon manque flagrant de reconnaissance. Lui a remarqué mon pas inégal et, comme à ses habitudes avec moi, se comporte en véritable gentleman attentionné qui s'inquiète de tout ce qui pourrait me causer le moindre inconfort. On est déjà loin du grand malcommode qui m'avait claqué la porte au nez. Avais-je mal à la jambe ?
« Non, je gère. »
Encore des mots froids et distants, encore une autre façon de le repousser parce que c'est plus facile là tout de suite. Le message n'est toujours pas passé cependant puisque Liam rejoint mon niveau et me tend la main pour m'offrir son aide. J'ai envie de le foudroyer du regard, d'hausser le ton et de le frapper de méchancetés verbales gratuites juste pour le forcer à me laisser tranquille. C'est ce que j'aurais fait si je n'avais pas croisé l'ambre de ses yeux. Si je n'avais pas vu ses mains certes encore rougies, mais sommairement nettoyées. Mon plan initial s'estompe alors que je m'arrête sur place pour le regarder comme il faut dans ce décor sombre et pluvieux. Que je le considère vraiment.
Il attend et je sais qu'il ne me forcera pas si, vraiment, je préfère continuer à marcher seule. Néanmoins je ressens aussi autre chose, une impression sur laquelle il m'est plus difficile de mettre franchement le doigt. Il me faut scruter ses iris de miel un peu plus longtemps pour y lire enfin toute la douleur qui s'y cachait. Toute la peur qu'il a ressentit, le désespoir même. Pour lui aussi ça a dû être toute une épreuve et si ma façon de gérer tout cela est de désirer le repousser, la sienne est toute autre. Il me tend la main, respecte mon espace, mais s'entête à vouloir prendre soin de moi, à vouloir continuer à m'offrir de sa personne même si je n'en veux clairement plus. En cette révélation j'ai bizarrement l'impression de le comprendre, et de le connaître, mieux que jamais.
Alors que vais-je faire ? Continuer à le repousser après qu'il m'ait sauvé la vie juste parce que la méthode ne m'avait pas plu ? Qu'aurait-il pu faire d'autre, surtout en considérant que l'autre avait un pokémon et lui pas ? En soit j'en aurais quand même le droit et je le sais. Je suis Cali Cobalt, je suis libre de le chasser du revers de la main et de ne plus jamais le revoir sans jamais que ma vie n'en souffre, n'est-ce pas ? Sauf que mon regard n'arrive plus à se détacher du sien à présent et que, au fond de mes prunelles, une supplication silencieuse se forme avant même que je n'en aie conscience.
« T'as raison, t'es vraiment juste un sale con. Imagine s'il avait été armé lui aussi t'aurais fait quoi ? Ou si t'avais pas eu ton arme ? Toi aussi t'aurais pu être blessé ! Ça aurait pu être toi ! »
T'aurais pu être dans une flaque de sang au fond d'une ruelle et c'est moi qui aurais joué le rôle du malosse en perdition. Sale con. J'ignore sa main parce que je n'en veux pas. Ce n'est pas sa main que je veux. À la place je me jette dans ses bras, mes sanglots reprenant de plus belle alors que je le serre contre moi, ou peut-être que je me serre contre lui. Quelle importance à ce stade. Moi aussi je suis contente qu'il n'ait rien de grave.
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Sans surprise, son aide est refusée. Il s'y attendait, mais espérait tout de même qu'elle se laisse tenter afin de ne pas souffrir davantage des blessures et autres ecchymoses qu'elle a pu avoir. Rien qu'apercevoir et observer les dégâts que l'autre homme lui a infligé fait serrer son poing, mais l'agresseur n'est de toute façon plus en état de faire quoi que ce soit, et laisser sa rage l'emporter n'apporterait rien à la jeune femme. Elle a sans doute besoin de temps pour appréhender ce qui vient de se passer ; ce n'est pas rien. Pas juste un détail ou une anecdote. Elle doit être très troublée par ce qui a failli se produire, par ce qu'il s'est produit déjà. Bien sûr, il ne l'a forcera pas. Il souhaite simplement qu'elle sache qu'il est là pour l'aider en cas de besoin. Qu'il sera là pour elle si elle a besoin de parler, même si elle a sa propre fierté. Une fierté mise à rude épreuve, toutefois. Il s'arrête en même temps qu'elle lorsqu'elle lui répond une nouvelle fois avec une certaine sécheresse. Malgré tout, lorsque leurs regards se croisent, la froideur qui s'était emparée d'elle semble fondre. Liam ignore ce qui lui passe par la tête, mais elle semble perturbée par autre chose que simplement ce qui lui est arrivé. L'expression qu'il lit dans ses yeux bleus se transforment. La Cobalt ne semble plus si sûre de ce qu'elle veut réserver à son aîné. Le fait qu'il l'ait secouru ne donne pas le droit à l'homme aux cheveux violets de réclamer récompense de n'importe quelle sorte : d'ailleurs, il n'en demande pas. Rien que de savoir qu'elle respire, qu'elle peut encore le rabrouer, qu'elle est vivante, suffit à le rassurer. C'est la seule chose qu'il a demandé en retour : qu'il parvienne à la sauver. Que Dialga lui donne le temps nécessaire avant qu'il ne soit trop tard.
Acceptant sa nervosité quant à son comportement de tantôt, il mentirait toutefois s'il disait ne pas préférer qu'elle le gronde. Ne pas préférer qu'elle soit triste et en colère sous le coup de l'inquiétude et non sous le coup de la peur, si ce n'est celle d'avoir failli le perdre. Le rebelle n'était nullement soucieux. Des types dans ce genre, il en a affronté des tas. Ce n'est pas ça qui l'effraie. Mais son interlocutrice ne le sait pas. Elle ignore qu'il est habitué aux affrontements, que cet inconnu n'aurait eu aucune chance de toute façon, même si Liam n'était pas armé. Mais cela le touche. Cela le touche qu'elle se soit tant préoccupée par son sort, par ce qui aurait pu lui arriver, qu'elle en vient à pleurer ; même si la voir en larmes ne le laisse pas aussi indifférent qu'on aurait pu le croire. Lorsqu'elle vient l'enlacer, il reste immobile quelques secondes, ne s'étant pas attendu à un tel élan de la part de la blanche quand cette dernière, il le sait, n'approche pas tout le monde de cette manière. Il est rare de voir la Cobalt laisser parler ainsi ses émotions, au point de ne plus pouvoir les contrôler, au point de laisser son corps s'exprimer pour elle. Le King finit toutefois par sourire doucement, un peu ému quand même de sentir l'affection qu'elle lui porte. Ses mains viennent rendre son étreinte avec délicatesse.
« Je te l'ai dit. J'ai pas l'intention de mourir si jeune. »
Et il a vécu bien pire.
« Et puis, t'en fais pas, je suis plein de ressources. Ce type c'était que du menu fretin. »
L'état de la cadette le fout toujours en rogne, mais il refoule les sentiments négatifs qui veulent ressurgir. Il est apaisé, avec elle. Sa main vient caresser lentement la tête blanche.
« Je suis désolé. J'ai couru aussi vite que j'ai pu, mais je n'ai pas été assez rapide. »
Mais avec des si, on referait le monde. Revenir sur les événements précédents ne les changera pas, il ne peut de toute façon pas retourner dans le temps. Mais il peut tenter d'arranger les choses. Avec un sourire joueur, il s'éloigne lentement de Cali. Puis, sans beaucoup d'effort, en dépit de son bras blessé, il porte la Cobalt dans ses bras, plaçant un avant-bras dans son dos et un autre sous ses genoux. Sa tête s'abaisse vers elle.
« Je n'ai pas de carrosse à disposition, mais quand les princesses sont blessées, il vaut mieux éviter qu'elles marchent. »
Il ne lui laissera pas le choix de toute façon. Elle ne va pas bien. Et il considère que c'est de sa faute.
Ses bras se referment autour de moi et je ferme les yeux, je respire. Il va bien. Je vais bien. Tout va bien. Le King me rappelle qu'il n'a pas l'intention de mourir si jeune, ce qui est déjà pas mal, mais tout de même insuffisant. Il n'y a pas que la mort dans la vie. Il y a le geste qui restera dans sa conscience pour le restant de ses jours. Il y a le risque de problèmes judiciaires qui pourrait se terminer en sentence à purger en prison ou, même s'il s'en tire à bon compte, pourrait largement entacher sa réputation. Qui voudrait laisser un homme capable de poignarder quelqu'un apprendre la guitare à son enfant ? On dirait que Liam n'a pas conscience de tout cela, qu'il s'en fiche. Que l'acte commis n'est, au final, pas un si grand drame que ça. C'est ce qui m'avait poussée à le traiter de sale con et à maladroitement essayer de lui faire réaliser les conséquences possibles de ses actes. Il se dit plein de ressources, considère que l'homme qu'il a abattu n'était que du menu fretin. Un mot m'échappe.
« Frimeur. »
C'est peut-être signe que je vais mieux si je suis capable de lui taper dessus verbalement, à défaut d'être en état de lui cogner les tibias du bout du pied. Il m'apaise d'une caresse sur la tête, achète ma coopération de ce geste doux que je me surprends à vraiment aimer. Pire, il me donne envie de lui demander de mettre ses mains partout où l'autre a osé me toucher. J'ai envie de me souvenir des contacts de Liam, de leur tendresse et de son affection protectrice plutôt que de l'assaut dont j'ai été victime. J'en ressens même une certaine culpabilité parce que, selon mes principes, je devrais au contraire le repousser. Cet acte de violence, le sang sur ses mains... Il s'excuse. Le violet considère qu'il n'a pas été assez rapide. Je le reconnais bien là même si le contexte est tout autre que la dernière fois, à la fête foraine, lorsqu'il avait sincèrement cru m'avoir fait passer une mauvaise soirée.
« Pas de ça, Liam. Tu m'as sauvé la vie. »
J'ai envie de rajouter qu'il n'a rien à se reprocher, qu'il a été parfait cette fois aussi, mais n'y arrive pas. Si seulement toute cette situation avait pu se terminer autrement, sans doute en aurais-je été capable, mais là ce n'est pas le cas. C'est déjà insensé que j'arrive à faire fis de ce que j'ai vu et une part de moi peine encore à comprendre d'où me vient cette acceptation de cet acte immonde. Suis-je vraiment de ceux dont les principes sont assez flexibles pour fermer les yeux lorsque l'erreur vient d'un proche ? Je me mords l'intérieur de la joue, réfléchissant à ma famille et à ce que je sais. Ma mère... Et pourtant je continue de l'excuser, de croire en elle et de fermer les yeux. Si j'y arrive pour elle, pourquoi pas pour Liam au fond ? Non c'est différent, nous ne sommes pas si proches que ça, loin de là. Il n'est sans doute venu à ma rescousse que parce que je suis la petite soeur d'Adonis. C'est tout. Et ça ne m'empêche pas de laisser mon visage se réfugier dans le creux de son cou lorsqu'il me soulève, me porte telle une véritable princesse pour m'éviter de marcher sur ma mauvaise jambe.
« Si tu me laisses tomber, mon spectre viendra te hanter jusqu'à la fin de tes jours. »
Pas que je sois inquiète, la force physique du King ne m'inquiète pas du tout. C'est simplement un réflexe, je crois. Je préfère dire ça que tous les trucs qui me passent en tête. Alors je décide de faire comme souvent : me tourner vers l'autre. Ça m'aide généralement à bien paraître en plus de m'éviter de ressentir mes propres émotions. Il n'y a pas mieux comme gagnant-gagnant.
« À quoi tu penses ? Je sais que tu vas bien, mais... Ça va vraiment, t'es sûr ? »
JE SUIS : Membre INSCRIT LE : 23/05/2022 NOMBRE DE MESSAGES : 258
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Il préfère ça. Quand elle a assez d'énergie pour le charrier, lui faire ravaler ses mots avec plus ou moins de douceur. Tu m'as sauvé la vie. Est-ce vrai ? Il aimerait bien se dire qu'il peut faire ça. Sauver des vies. Il a passé plus de temps à les détruire, souvent, pour une raison ou pour une autre, par un moyen ou par un autre. Cali est attachante, de son point de vue. Il n'a pas envie qu'il lui arrive quelque chose. Il a envie de la protéger. Ce soir, du moins, il en avait envie. C'était instinctif, dès qu'il a su que quelque chose n'allait pas, dès qu'il a su qu'elle était en danger. La Cobalt ne proteste pas, heureusement, quand elle se fait porter. Si elle s'était mise à gigoter, cela aurait été compliqué, et pourtant Arceus sait qu'elle a, comme lui, sa propre fierté. Qu'elle aurait pu continuer à le repousser en donnant des excuses bidons. Le bras du King le picote un peu, mais rien qui l'empêche de porter avec aisance la danseuse qui, en plus, n'est pas bien lourde, loin de là. Un poids plume entre ses muscles qu'il a l'impression pouvoir soulever d'un seul doigt. Enfin, deux bras c'est mieux pour déplacer, quand même.
C'est avec amusement qu'il ricane à sa fausse menace. S'il y a bien un spectre qui ne le dérangerait pas de voir, néanmoins, c'est bien elle. Parlant de spectre, Liam oublie qu'elle a, normalement, toujours la peluche d'Ectoplasma de l'autre fois dans sa chambre. Pense-t-elle à lui, quand elle le regarde ? Ou est-ce qu'elle est trop occupée à le serrer contre elle à cause du moelleux à l'intérieur ? Il ne s'en offusquerait pas. Il peut comprendre.
« J'ai vécu pire. Ce Malosse ne m'a pas fait de cadeau, mais rien de bien grave. De toute façon, tu ne ferais pas un fantôme très effrayant. »
Et toujours il fait le beau, comme si de rien n'était. Sa blessure se refermera d'elle-même. A l'appartement, une trousse de secours l'attend avec le nécessaire. Bagarreur comme il est, c'était impensable qu'ils survivent davantage chez eux sans quelque chose pour panser les plaies, même si, au fil du temps, Liam en a eu de moins en moins besoin. C'est pourtant toujours utile à avoir chez soi. Mais son ego est flatté qu'elle s'inquiète encore pour lui. Elle ignore les expériences passées qu'il a vécu. Les combats plus douloureux qu'il a dû mener. Quand il a parlé de menu fretin, ce n'était même pas une blague. Ce type avait une façon bien grossière de se battre, alors il aurait pu tout simplement se contenter de coups. La colère l'a poussé, simplement, à aller au-delà. A faire vite. A se montrer fourbe. La pluie n'avait pas arrangé les choses non plus. D'ailleurs, cette dernière est bien moins forte que tout à l'heure. Les gouttes torrentielles ont laissé place à une quantité plus fine et plus disparate. L'orage est en train de cesser.
« Ça fait du bien quand ça s'arrête quand même. »
Levant brièvement la tête vers le ciel, c'est comme si celui-ci s'arrêtait de s'agiter à présent que le calme entre eux était revenu. Que la situation n'était plus aussi tendu. Que le mal avait disparu. A l'heure qu'il est, se dit-il, Dan et les autres doivent être en train de reprendre ce qu'il a laissé derrière. Que feront-ils de l'agresseur ? Sans doute lui donneront-ils l'envie de recommencer. Et le Malosse ? Ils tenteront de le calmer, normalement.
« Qu'est-ce que tu faisais dans le coin, d'ailleurs, à cette heure-ci ? Tu me parlais d'une mauvaise soirée, non ? »
Dans la précipitation, tout à l'heure, s'il n'avait pas beaucoup hésité sur le chemin à prendre, à forcer d'arpenter les rues de la ville, la confusion et l'empressement lui avaient donné l'impression que le chemin était devenu tout à coup diaboliquement long. Alors que les trottoirs sont plus tranquilles et qu'il n'y a personne qui traîne dehors, le calme est reposant.
La réponse qu'il me réserve est fortement éloignée de ce à quoi je m'attendais. Il ne fait que parler de la morsure du malosse avant de ridiculiser le terrible fantôme que je serais pourtant. J'ai envie de lui faire des misères, de lui dire que je vais mettre sa main dans des verres d'eau pour toutes les nuits qu'il lui reste et que je vais le faire trébucher en public pile quand il fait son sourire de beau gosse pour lui arracher toute crédibilité. C'est ce que je lui dirais, en tout cas, si je n'étais pas aussi songeuse. Je sais que c'est techniquement mal de juger, mais ça ne m'a jamais arrêté auparavant alors je le fais quand même : Liam est bizarrement calme pour quelqu'un qui vient de poignarder un autre homme et de l'abandonner sur place plus ou moins pour mort. Même qu'il se permet de parler avec détachement de la température, le sujet le plus minable au monde. Quelque chose n'est pas normal. Pas normal du tout.
Serait-il encore meilleur que moi pour cacher ses émotions ? Non, il ne l'était pas. Je le savais déjà via le peu de temps que nous avions passé ensemble. Sans compter que la colère qu'il avait exprimée était, elle, trop vraie et trop sauvage pour être factice de quelque façon que ce soit. C'est à n'y rien comprendre, sauf si... Je repense à ses vannes stupides sur les braquages de banque, les meurtres et que sais-je encore. Je me rappelle la façon experte dont il a remporté l'ectoplasma géant avec ses talents de tireur alors que, pourtant, les cannes étaient lestées pour justement empêcher quiconque de repartir avec le gros lot. Se pourrait-il que, tout ce temps là, il m'ait dit la vérité ? Qu'il ait vraiment une seconde source de revenu pas très nette pour arrondir ses fins de mois qui n'ait pas de lien avec le plus vieux métier du monde ? Je déglutis. Ce sont des points que je n'ai pas envie de relier. Je veux rester dans le déni et dans la sécurité. Je ne veux pas connaître les secrets de Liam. Pas ce soir en tout cas. Heureusement il me sauve encore la mise, à son insu cette fois, en me demandant ce que je faisais dans le coin à cette heure.
« Effectivement. C'était un petit truc entre riches étudiants de l'Université. Je n'y vais pas d'habitude, mais je ne sais pas, j'avais envie d'essayer quelque chose de nouveau. Je me suis dit... J'ai bien aimé la fête foraine alors peut-être que je rate quelque chose en fait. Mais ça ne s'est pas vraiment passé comme je l'espérais. »
Je marque une petite pause, prends le temps de me remémorer les grandes lignes et de remettre les événements dans le bon ordre. Ce n'était pas il y a si longtemps, mais disons que ce qui s'est passé entre ce moment là et maintenant était suffisant pour que j'aie besoin d'y penser une petite seconde.
« Déjà ils ont essayé de me faire boire, pour rigoler, et j'ai dit non. Première offense. Ensuite plus tard dans la soirée ils ont commencé à parler de comment c'était avant et des trucs qu'ils auraient pu manger si certaines personnes, genre ma mère, n'avaient pas décidé d'empêcher les gens de vivre leur vie. Deuxième offense. J'aurais probablement dû partir dès ce moment là parce qu'en fait la suite était prévisible. Quelqu'un a dit connaître un gars qui pouvait se ramener avec de la viande. Au début j'ai juste roulé des yeux, je ne pensais pas qu'il était sérieux, mais les gens ont commencé à être... Ils en voulaient vraiment, juste parce que c'est interdit et qu'ils voulaient se sentir trop forts ou je ne sais pas quelle connerie. Alors évidemment j'ai ouvert ma grande gueule. J'ai essayé de leur rappeler que les pokémons dans les élevages illégaux ont des conditions de vie atroces et que, même s'ils étaient vraiment totalement dépourvus d'empathie, ils pourraient au moins se soucier de tous les produits et les hormones qu'ils mettent dedans qui ne sont plus régulés non plus. Troisième offense. Je ne sais même pas si des gens étaient d'accords avec moi, ils étaient probablement trop effrayés, ou trop intelligents, pour s'afficher de mon côté. Ça a commencé les insultes personnelles sur moi et sur ma famille et bientôt tout le monde était contre moi alors j'ai pris la fuite. J'ai eu peur, en plus d'être franchement dégoûtée. J'avais pas envie de rester là pour attendre qui que ce soit, je voulais juste m'en aller. Si ça se trouve c'est peut-être le même gars qui a décidé de passer son coup de fil pour demander à quelqu'un de venir faire une belle frousse à la catin Cobalt. Quelque chose comme ça. »
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MÉTIER : Boss de la Team Zekrom / Professeur de musique particulier POKÉPESOS : 1025 MES POKÉMONS : Emily - Amphinobi ♀ - Niveau 10 - Protéen - Douce
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Dès qu'elle parle des 'riches étudiants', il se doute que la suite sera plus que douteuse. Déjà quand elle lui racontait au téléphone même brièvement qu'elle avait passé une mauvaise soirée, cela voulait dire qu'elle était en mauvaise compagnie. Après avoir passé une soirée avec lui, c'est que les standards de la Cobalt doivent avoir doublé de volume au moins. Une part de lui pourtant est flatté que l'histoire de la fête foraine, même si elle fut particulière, ait donné envie à Cali de sortir davantage, d'essayer de nouvelles choses. Liam n'essayera pas de comprendre, une nouvelle fois, les riches étudiants dont il n'avait pas forcément une bonne opinion de base. C'est peu étonnant à ses yeux que la Cobalt ne se soit pas sentie à sa place. Pour la plupart, ce genre de personne font les bons élèves en interne mais n'hésitent pas à faire le bordel quand on ne les regarde pas comme s'ils étaient les rois du monde. La blanche est plus honnête et moins hypocrite.
« Quelle idée de croire que quelqu'un aurait pu rivaliser avec moi en terme d'amusement, en même temps. »
Il brosse son ego du même coup, mais c'est très facile dans ce cas-là, quand les concurrents ne sont pas bien malins.
« Mais je ne pense pas que ça soit l'une des personnes de ta petite sauterie qui ait organisé ça. Ou alors il ne sait vraiment pas doser ses blagues. »
Ses traits se font plus graves, car cette histoire le laisse encore songeur. Il pensait que c'était juste un agresseur timbré et malsain, mais serait-ce possible que ce soit un de ces 'riches étudiants' qui aient fait le coup pour se venger ou s'en prendre de manière facile à la fille Cobalt ? Par jalousie peut-être ? Elle fait partie des grandes familles après tout. Ces étudiants, aussi fortunés soient-ils, n'auront jamais le même prestige à Cinza que leur camarade à la chevelure immaculée. Ils arrivent enfin à l'appartement de l'aîné. Là-dessus, Liam dépose délicatement la jeune femme pour qu'elle se tienne à nouveau sur ses deux jambes (comme elle peut) et sort ses clés pour ouvrir la porte, non sans que le porte-clé Kirlia se fasse remarquer car c'est le plus gros gadget de son trousseau. Il aide tout de même la cadette à marcher jusqu'à l'ascenseur (les escaliers ne sont pas vraiment d'actualité pour une fois). Enfin, il ouvre la porte de chez lui. Encore verrouillé, il comprend qu'Adonis n'est pas (encore) rentré. Le King aide son invitée à prendre place sur le canapé. Ses Pokémon se font discrets. Emily doit avoir pris place dans le jacuzzi, tandis que Robin sieste sans doute dans un coin. Liam laisse quelques secondes la ballerine le temps qu'il prenne sa trousse de secours et une poche de glace. Il applique le second sur les bleus de la jeune femme tandis qu'il sort du premier pansements, compresses, bandages et désinfectant, qu'il applique progressivement sur les blessures de son amie.
« Tu pourras prendre une douche, si tu veux. En tout cas, il faut que t'enlèves tes vêtements mouillés, sinon tu vas attraper froid. »
Une fois qu'il a fini les pansages, il se lève à nouveau pour aller dans sa chambre et revenir cette fois avec une pile de vêtements, tout un tas de t-shirt, sweats, pulls, pantalons et autres.
« Tiens. Ils seront un peu larges pour toi, mais ils sont confortables. »
« Vrai qu'ils ne t'arrivent même pas à la cheville. »
C'est dit sur un ton de sarcasme, comme si je ne le pensais pas et que ça me suffisait à rouler des yeux avec exaspération. Parce que ce serait trop difficile de le dire gentiment voyons, et moins drôle probablement. Le violet trouve toutefois ma théorie peu probable et je dois admettre que, là tout de suite, ça m'est assez égal. J'espère quand même qu'il a raison, bien sûr, autrement il va y avoir un malaise en classe lundi matin. Pour l'heure ce qui m'importe le plus c'est que nous sommes enfin arrivés et que, enfin, l'ascenseur a été réparé. C'était pas trop tôt. Et puis... Son porte-clé. Surprise, je lève les yeux vers lui, l'observe alors qu'il continue ses mouvements comme si de rien n'était pour finalement nous permettre d'être à l'abri entre les quatre murs de sa demeure. Il n'a pas fait de commentaire dessus, pas de blague ou de clin d'oeil. C'est juste son trousseau de clé, c'est juste normal qu'il s'en serve. Et il y a la petite Kirlia métallique qui danse joyeusement à chaque fois qu'il a besoin de déverrouiller quelque chose. Heureusement qu'il est partit chercher la trousse de premier soin parce que, sinon, il aurait remarqué que j'ai rougis et pas que du côté de ma joue abimée.
Je le remercie lorsqu'il me ramène la glace que j'étampe contre ma lèvre sans plus attendre pendant qu'il s'affaire déjà à s'occuper de mon bras. Contrairement à lui je n'ai pas l'habitude de me promener en blouson de cuir, malheureusement, et donc ma peau délicate a bien souffert de l'assaut du chien infernal. Je serre les dents alors qu'il applique le désinfectant, trop fière cependant pour m'en plaindre à haute voix. Ce n'est pas l'envie qui manque bien sûr, mais il a mérité une pause de mes plaintes de princesse capricieuse. Quant à la douche c'est une brillante idée.
« Je pourrais passer toute la nuit sous l'eau chaude. »
Ça me détendrait après tout ce que je viens de vivre et le froid qui me mord toujours la peau parce que, comme il dit, ces vêtements trempés doivent partir et vite. Je suis choyée au point qu'il me ramène de ses propres vêtements piochés au hasard il semblerait. J'attrape un grand t-shirt et ce qui semble être un pantalon de pyjama, ça devrait faire l'affaire. Fin prête à aller me nettoyer, je marque cependant une pause. J'ose croire le connaître assez pour savoir qu'il va refuser, mais je suis têtue moi aussi mine de rien, si si.
« Avant que j'y aille, laisse moi voir ton bras. Ce sera compliqué de t'en occuper toi-même. »
À mon tour d'attraper de quoi le désinfecter et lui panser tout ça. J'attends simplement qu'il me laisse m'exécuter, restant plantée devant lui avec détermination. Je sais bien qu'il préférerait que j'aille prendre soin de moi en priorité, c'est évident si on connait Liam juste un peu, mais j'ai quand même envie de prendre soin de lui aussi. Je veux qu'il aille bien. Qu'il guérisse bien. Et c'est une façon comme une autre de partager ma reconnaissance.
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Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Vu comme elle rêve d'une bonne douche, Liam se dit avec amusement qu'il vaut mieux ne pas qu'il aborde tout de suite l'existence du jacuzzi, même si elle finira sans doute par le voir. Si elle prend quelques fringues qu'il lui a proposé, la jeune femme s'arrête toutefois alors qu'elle se dirigeait pourtant vers la salle de bains, pour aborder le sujet de sa propre blessure à lui. Il en a oublié les sensations de brûlure que la plaie lui provoquait, mais maintenant qu'elle en reparle, les picotements ont repris et ce n'est pas ce qui a de plus agréable.
« Je suppose qu'on ne refuse pas à la grande Cali quand elle propose de s'occuper de nous. »
Plutôt qu'elle ne lui laissera pas refuser, et il le sait. Mais s'il plaisante, en vérité, ça ne lui déplaît pas, qu'on s'occupe de lui. Du moins, ce n'est pas un problème si c'est Cali. C'est même plutôt flatteur. Ce n'est pas pour tout le monde qu'elle joue aux infirmières. Docile, il tend son bras pour lui laisser s'en occuper. Aurait-il pu prévoir que tout ceci arriverait, la dernière fois qu'elle est venue ici ? La dernière fois qu'elle a débarqué à l'improviste pour en savoir plus sur Adonis ? Ce n'est désormais plus seulement lui qui les réunit. Un lien plus personnel entre eux s'est développé. Plus intime. C'est déjà en soit également rare qu'il invite quelqu'un plusieurs fois chez lui quand ce n'est pas un élève. Encore plus rare qu'il confie le pansage de ses blessures à une autre personne qu'un proche ou un membre important de son équipe. En silence, il confie donc son bras, observant les mouvements délicats de la jeune femme. Assis sur le canapé pour qu'ils soient plus à l'aise, Liam se surprend à sourire doucement tandis qu'il se détend. Il ne remarque que tard qu'une nouvelle présence est apparue dans le salon. En silence, Robin, sous la forme de son dresseur, se glisse derrière le canapé, cligne de ses yeux dorés avant de sauter sur le canapé pour s'y installer à son tour. Curieux, le Zorua d'Hisui aime un peu trop prendre l'apparence des autres pour effrayer ou faire rire. Le clone du King, s'il ne peut pas parler, approche toutefois son visage de la blanche pour la renifler. Le vrai Liam soupire.
« Robin, ne lui fais pas peur. »
Mais le Zorua est un peu capricieux. De ses doigts d'humain, il prend quelques mèches blanches de cheveux pour les regarder avec fascination. Quelle coïncidence pour le Pokémon, lui aussi a des poils blancs. Il suit l'indication de son dresseur, toutefois, et sourit avant de se détransformer, redevenant un Zorua d'Hisui qui observe l'humaine, comme envouté.
Le Roi se plie aux caprices de la demoiselle que je suis, sachant bien qu'il n'y a pas moyen de s'en sauver. Bon garçon.
« C'est bien, t'es peut-être pas si bête que ça finalement. »
Il m'offre son bras et j'admets avoir une demi-seconde de remise en question lorsque je vois les dégâts. C'est que je n'aime pas me salir les mains et que des blessures de ce genre je n'en vois pas tous les jours. Sauf que je ne peux pas me défiler maintenant, pas après en avoir fait autant pour m'occuper de lui. Sans compter que, voilà, l'intention reste la même. Si c'est ce qu'il faut pour l'accomplir alors tant pis. Je prends une grande inspiration et passe à l'attaque, tout doucement. Ça doit déjà faire assez mal comme ça et je ne veux pas en rajouter, bien que si j'y vais trop lentement ce ne sera pas mieux non plus.
« Tu me le dis si je te fait mal, d'accord ? »
Je suis si concentrée que je n'en remarque pas ce qui se trame derrière le canapé. Je veux tellement bien faire. Certes ce n'est pas entièrement nouveau que j'aime m'occuper des autres, mais d'habitude c'est plus symbolique. J'apporte mon aide à des charités, je sers de porte-parole, ces trucs là. Me salir les mains concrètement pour m'occuper des blessures de quelqu'un ? À part peut-être pour mes frères j'aurais sans doute trouvé une excuse pour m'en sauver. Enfin, pour mes frères et pour Liam on dirait bien. Cet imbécile de musicien charmeur et protecteur et drôle et je le déteste un petit peu en fait. Comment il ose être toute ces choses ? Inutile de dire que je ne m'attends pas à ce que mon problème soit soudainement multiplié par deux alors qu'un second violet atterrit sur le canapé derrière moi.
Je sursaute en lâchant un petit cri aigu. Je vois double ? Comment ça ? Je ne comprends pas grand chose à part le fait qu'il se rapproche dangereusement de moi et ça me fait donc reculer vers le vrai Liam. Un peu plus et je suis assise sur lui à ce stade, mais ce n'est pas ce qui me préoccupe là tout de suite. Ma confusion est bien réelle et il faut l'intervention du King pour éclaircir la situation. Robin, ça me dit quelque chose. Le double attrape une de mes mèches de cheveux avec fascination et, maintenant que je sais de quoi il en retourne, je suis amusée et attendrie plus que paniquée.
« Ravie de faire ta connaissance, Robin. On m'a parlé de toi. Je dois dire que je suis flattée que tu sois venu me dire bonjour. »
Je me souviens que Liam ait mentionné ses deux pokémons : Emily et Robin. Il avait aussi mentionné qu'ils ne se montraient pas vraiment lorsqu'il y avait des inconnus à la maison ce que, dans les faits, j'étais encore pour eux. Je suis presque triste lorsqu'il reprend sa forme de joli petit renard. J'ai raté une bonne occasion de prendre des photos incriminantes et totalement adorables d'un Liam curieux et fasciné par ma personne. Enfin, à bien y penser mon portable n'est pas en état de photographier quoi que ce soit à présent. Peut-être une prochaine fois ? Qu'importe, là tout de suite je lui tends doucement la main pour qu'il puisse me sentir et, s'il se laisse approcher, me permets de lui offrir quelques gratouilles sur le dessus de la tête et derrière l'oreille.
« Tu me laisses finir de m'occuper du bras de ton dresseur ? Promis si tu veux je te ferai d'autres câlins plus tard, lorsque je serai toute propre moi aussi, t'en dis quoi ? »
Oui, j'aime les pokémons pour de vrai. Mon activisme et mes positions publiques ne sont pas là juste pour faire joli et, malgré tous mes défauts, je veux vraiment le mieux pour eux.
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Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Cela aurait pu être un moment de calme et de paix, l'aîné laissant à l'autre le soin de s'occuper de lui quand il ne confie pas cette tâche à tout le monde. La réaction de la blanche face à l'apparition du renard l'amuse bien trop bêtement toutefois. Il fait le Pokémon mignon et curieux pour attendrir l'humaine qu'il ne connaît pas, et ça semble marcher. Cette dernière semble fondre en apercevant le Zorua spectral qui compte en savoir plus sur cette étrangère venue pénétrer leur demeure, car il est rare que le dresseur amène beaucoup d'autres personnes. Du moins, il n'avait pas invité grand monde récemment à l'appartement. C'est surprenant que la jeune femme se colle, mais il ne va pas rejeter le rapprochement quand bien même celui-ci n'est pas forcément volontaire. En tout cas, Robin est très content de son effet, et la politesse de la dame tend à l'intriguer. Comme elle est gentille, se dit-il. Et en plus, elle approche la main afin qu'il la sente. Rassuré, le quadrupède vient frotter sa tête contre la paume tendue dans l'espoir de recevoir de l'attention. La promesse qui lui est faite l'embête un peu mais il finit par accepter le marché, prenant son mal en patience.
« On va voir, s'il les mérite. Les bêtises ne sont jamais loin, quand il est là. »
Depuis son périple sur l'île d'où il a ramené le Pokémon, il a découvert que ce dernier pouvait avoir un côté farceur, parfois embêtant. En présence de Cali, il espère pourtant qu'il se tiendra tranquille.
« Mais merci. »
C'est vers elle qu'il se tourne d'ailleurs pour exprimer sa gratitude. Un fait encore plus rare que tout le reste. Mais il lui doit bien ça. Surtout après ce qu'elle a vécu ce soir, un peu de sincérité et de douceur ne peut pas lui faire de mal.
« Ce n'est pas si mal, d'avoir quelqu'un aux p'tits soins. Je serais presque tenté de me refaire mal, si tu peux t'occuper de moi comme ça à chaque fois. »
Pas maso à ce point, évidemment il plaisante. Et pourtant ce n'est pas si désagréable que ça, d'avoir une personne pour s'occuper de nous. Liam ne pensait pas que ça pouvait être une chose qu'il apprécierait. Est-ce que c'est le fait que ce soit Cali qui y change quelque chose ? Aurait-il la même appréciation si cela avait été quelqu'un d'autre ? Allez chez le médecin n'est pourtant jamais une partie de plaisir. Il déteste ça, même. Mais juste parce que cela veut dire que son corps a encore des faiblesses. Qu'il n'est pas invincible.
On dirait bien que j'ai réussi à faire une bonne première impression et ça me rassure. Surtout que bon, j'ai eu ma dose de canidés malcommodes pour la soirée et c'est réconfortant de voir qu'ils ne sont pas tous dangereux. Je lui promets même plus de caresses lorsque je serai sortie de la douche, ce qui encourage l'original à émettre des réserves sur mon entente avec son double. Comme ça il est du genre à faire des bêtises et à ne pas nécessairement mériter mon attention ? Je note.
« C'est drôle, ça me rappelle quelqu'un. »
C'est dit avec une certaine malice néanmoins complice, parce que je me doute bien qu'il sait que je parle de lui. Lorsqu'il me remercie je ne fais qu'acquiescer pour mieux me remettre au travail parce que, mine de rien, son bras ne va pas se panser tout seul. Heureusement ça se passe mieux que je ne le craignais maintenant que je suis dans la zone, comme on dit, et j'ai bientôt fini de le désinfecter. Je suis en train de finaliser le pansement lorsqu'il reprend la parole, mentionnant qu'il n'est pas désagréable de se faire chouchouter par sa petite infirmière personnelle. Pire, il parle de réitérer l'expérience ! Ah non.
« Attends déjà de recevoir la facture. Y'a de grosses chances que tu ne puisses pas te payer un tel luxe une seconde fois. »
Puis de toute façon si tu te fais mal volontairement je te tabasse, mais ça on ne le dira pas à haute voix parce que ce n'est pas digne d'une douce et gentille princesse telle que moi, voyons. N'empêche, quel soulagement d'en avoir terminé avec ça. Si je dois m'occuper de Liam, ce serait bien que la prochaine fois ce soit dans un contexte plus agréable pour l'un comme pour l'autre et... Huh. Non. J'ai rien dit. Ne prenez pas ça hors de son contexte. Toute tentative de diffamation sera poursuivie en justice, merci bien.
« Voilà, comme neuf. Maintenant, et je sais que c'est beaucoup demander, mais essayez d'être sages le temps que je revienne. »
Et oui j'avais parlé au pluriel parce que ça s'appliquait aussi au vrai King. Tout ceci étant dit j'avais récupéré les habits d'emprunt que l'on m'avait confiés avant de m'éclipser en direction de la salle de bain. Faisant bien attention à ma jambe et à mon joli pansement, je me départis de mes vêtements mouillés pour mieux rejoindre le confort de l'eau chaude, laissant le stress accumulé me quitter avec le ruissellement qui s'engouffrait dans le drain. À l'abri des regards, j'ai ai profité pour pleurer ce qu'il me restait à pleurer. Pour me serrer dans mes propres bras quelques instants et remercier Arceus d'avoir veillé sur moi et de m'avoir envoyé Liam. Ça fait du bien et, lorsque je termine de me laver, je me sens infiniment mieux qu'à l'entrée.
Je me sèche avec soin, essorant ma longue chevelure blanche qui dégringole librement jusqu'à la mi-cuisse. J'en profite aussi pour finir de dissiper ce qu'il me reste de maquillage et enfiler de nouveau mes sous-vêtements. Bon, voyons voir les vêtements de Liam... Le t-shirt est beaucoup trop grand pour moi, ce qui est loin d'être une surprise. Mieux encore, il est si long que ça me fait une jolie robe courte. Avec une ceinture, de jolis talons et quelques accessoires tendances je pourrais sans doute donner l'impression que c'était totalement voulu. Par contre les pantalons c'est une autre histoire. J'ai beau retourner le bas jusqu'à m'en faire de véritables boulets de tissu aux chevilles que j'ai quand même peur de m'enfarger et d'aller faire ami-ami avec le plancher. Tant pis, je le replie proprement et décide de me contenter du t-shirt. Tout cela fait, je récupère mes propres vêtements, ayant dans l'idée d'emprunter la machine à laver pour nettoyer tout ce bazar avant d'appeler mon chauffeur à la rescousse. Dans l'immédiat, toutefois, je veux retrouver la trace de Liam et me présenter à lui avec le sourire. Mieux encore, je m'amuse à tourner pour lui, un peu maladroitement à cause de ma jambe, mais voilà l'intention est là.
« Me revoilà ! Regarde, je le porte encore mieux que toi. C'est ça être une icône fashion. Au fait je peux t'emprunter ta machine à laver ? »
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Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Elle le referait, si ça recommençait. Il en est persuadé. Il sent comme elle s'inquiète pour lui. C'est pour ça qu'il limitera les dégâts autant que possible. Nul besoin de l'effrayer davantage, qu'elle sache pour le monde illégal où c'est là qu'il s'est retrouvé avec le plus d'ecchymoses, même s'ils se sont affaiblis avec le temps, que lui s'est endurci, que les autres ont commencé à le craindre. Il sent déjà que la douleur diminue un peu depuis qu'elle a fini le bandage. Bientôt, ces traces de morsure disparaîtront tout à fait. Pour l'heure, c'est un signe de victoire, de triomphe sur celui qui a osé s'en prendre à la jeune femme. Les choses qu'elle a vécu ont été éprouvantes et difficiles, mais elle tient bon jusque là. Elle pense à autre chose en sa compagnie. Du moins, il veut le croire. Sages comme des images, qu'ils promettent d'être tandis qu'elle s'en va dans la salle de bains prendre une douche bien méritée. Cela ne pourra que lui faire du bien, ça aussi. A présent qu'ils sont en sécurité, Liam se permet de se détendre. Son téléphone sonne à ce moment-là. C'est Dan. Il met le portable en silencieux. N'a pas envie qu'on le dérange. Surtout pour reparler du colis qu'il leur a laissé. Son camarade lui enverra un message, s'il veut vraiment lui parler. Il se contente juste de lui laisser un SMS pour lui demander à ce qu'ils ne tuent pas l'agresseur. Mais pour le reste de la soirée, il ne désire pas entendre parler davantage de cette histoire. Tout ce qui lui importe, là, maintenant, c'est le moral de son invitée qui n'a, il s'en doute, pas fini d'en avoir des cauchemars, malheureusement. Elle sort toutefois de la salle d'eau avec une meilleure mine en dépit des blessures. Il préfère la voir comme ça.
« Oh, j'espère que tu nous feras un défilé, la prochaine fois ! »
Un ton joueur qui lui est rendu. Il n'oublie pas de répondre à sa question dans la foulée, car il sait qu'elle meurt d'envie certainement de passer ses affaires au sec.
« Bien sûr. Il y a ton nom sur la sonnette, après tout. »
Elle ne peut pas rentrer chez elle dans cette tenue, même si, comme elle a dit, cela ne lui va pas si mal. Il n'y aurait qu'elle pour réussir à faire de ses vêtements quelque chose qui pourrait presque faire passer pour un ensemble tendance. Parlant de vêtements, les siens ne sont pas dans un meilleur état. Il grimace en voyant son haut qui a subi quelques déchirures. Il va devoir s'en débarrasser. Tant pis. Mais tandis que Cali se dirige vers la machine à laver et que Robin, enthousiaste, l'accompagne comme s'il avait envie de lui montrer où l'appareil se trouve, le King se lève du canapé pour se diriger, à son tour, dans la salle de bains après avoir pris des fringues propres avec lui. Il se déshabille, met ses affaires de tout à l'heure dans le panier de linge sale, et se glisse à son tour sous le jet chaud qui achève de détendre ses muscles.
Robin ne quitte pas l'humaine. Zorua curieux, il admire la longue chevelure blanche qui se balance dans le dos de Cali, lui montrant comme un guide où se trouve la machine à laver ainsi que le sèche-linge. Et pendant qu'elle met ses affaires à l'intérieur, il reste derrière elle avec une vile intention en tête. Vile intention plutôt innocente, en fait. Il est d'humeur joueuse. Reprenant la forme de son dresseur, il est intéressé par la réaction de la demoiselle sous cette apparence. Il penche la tête sur le côté avec un petit sourire intrigué. Une fois qu'elle a terminé et que la machine est lancée, sa fausse main vient se porter au visage de Cali pour en écarter quelques mèches et caresser sa joue et son menton d'un air malicieux. Il a senti l'odeur de l'humaine. C'est une odeur drôlement familière. Parce qu'il l'a reconnu déjà auparavant au sein de cet appartement, mais aussi sur son propre dresseur. Il a deviné qu'elle n'était pas n'importe qui. Sa main veut aller plus bas, mais un coup de fouet soudain l'en empêche. Ou plutôt, un coup de langue. Retirant brusquement sa paume pour la frotter, Robin regarde par-dessus l'épaule de la femme aux yeux bleus. Il porte un regard contrarié sur Emily, enfin sortie de la pièce d'à côté. Mais l'Amphinobi, qui remet sa langue autour de son cou, fixe Cali d'un air méfiant. Elle aussi, avec reconnu le parfum de la Cobalt sur le King. Et ça ne lui a pas plu. Robin, face au comportement jaloux de la grenouille, se met devant sa cible en croisant les bras d'un air protecteur. L'Amphinobi s'approche comme un prédateur sur sa proie. Elle ne rigole pas. Face à face, les deux Pokémon se scrutent. Puis, sans crier gare, Emily lance un jet d'eau à la tête du faux Liam. Ce dernier se met alors à s'énerver et grogne avant de reprendre son apparence Pokémon et de courir après l'Amphinobi à travers l'appartement, non sans faire du grabuge autour. Oups, un vase cassé. Oups, des coussins qui volent. Malgré le jet de la douche, Liam peut entendre les bruits de lutte de l'autre côté et les reconnaît d'ailleurs sans mal. Exaspéré, et surtout inquiet que ça puisse retomber sur la sœur d'Adonis, il grommelle d'un air agacé. Bon, il avait fini, de toute façon, mais il n'a pas le temps de s'habiller. Ou du moins, il ne prend pas la peine sur le moment. Il arrête l'eau et prend la première serviette qu'il trouve pour couvrir le bas de son corps avant de sortir de la salle de bains. Il se rhabillera plus tard. Mais c'est le seul à pouvoir raisonner ses compagnons.
« Emily, Robin, ça suffit ! »
Sous l'ordre de leur dresseur, les Pokémon finissent par se séparer. Ils sont un peu comme chien et chat. Y'a des jours où ils s'entendent très bien. Et d'autres jours, pas du tout. Liam pousse un soupir alors qu'il prend une autre serviette pour essuyer les gouttes qui tombent sur ses épaules, nullement préoccupé par le fait de se présenter pas tout à fait habillé devant l'autre. C'est que le gus n'est pas pudique pour un sou, sauf quand il sent que ça met mal à l'aise.
« Bon... Tu connais mon premier Pokémon, maintenant. Emily, sois gentille avec Cali. »
Mais l'Amphinobi boude déjà. Puissante mais bornée, la grenouille.
« Elle est un peu possessive, mais quand on la connaît, c'est une bonne partenaire. »
Même si c'est une tête de mule, s'empêche-t-il de dire. Enfin, au point où il en est...
Je rigole encore intérieurement à l'idée de faire tout un défilé des pyjamas et des sweaters du King. Ce serait pas mal comme collection d'automne tiens. Je me demande combien de gens mordraient à l'hameçon si je faisais mine de vraiment me prendre au sérieux, juste pour apaiser mon nom qui, comme il le fait si bien remarquer, est justement sur la sonnette de l'appartement. C'est bizarre à bien y penser que j'aie passé par deux fois du temps ici et que, à chaque fois, ça ait été sans Adonis. À croire que je suis en train de devenir plus proche de son colocataire que du concerné lui-même. Non, pas possible. Surtout que Liam ne m'offre son attention probablement juste parce que mon nom est sur la sonnette, justement.
Au moins j'ai un gentil petit accompagnateur qui se fait un plaisir de me guider en l'absence de son maître. Je trouve vite l'objet de ma convoitise et change vite fait les réglages de la machine pour accommoder au mieux mes vêtements. Heureusement que, malgré mon statut de petite noble moderne, je sache quand même me servir de ce genre d'appareils. Il ne me faut que quelques instants pour lancer le tout et, alors que je pense pouvoir retourner attendre au salon tranquille, une grande silhouette est apparue derrière moi.
Sans doute qu'une autre nuit cela n'aurait pas été un problème, sans doute que je n'aurais pas eu peur. Là ? Je sursaute, déjà. Au moins il a l'air de Liam, c'est rassurant, mais le contact de sa main n'est pas... ce qu'il devrait être. Pourtant le King ne m'a encore jamais touché la joue, mais je sais qu'il ne le ferait pas comme ça. Je sais qu'il ne le ferait pas tout court sans avertissement. Je sais qu'il s'en voudrait terriblement de me faire peur, surtout ce soir. Pas qu'il ait fait grand chose de mal, je le sais bien, mais disons que le moment est mal choisi et que je me tétanise sur place, assaillie de visions encore récentes où un autre homme s'est permit de s'en prendre à moi. Je m'apprête à réagir avec agacement, voir avec colère, et à chasser sa main, mais l'on me devance. Nouveau sursaut qui accompagne le claquement de fouet qui fait reculer le Zorua. Qu'est-ce que... ? Ah ! Une Amphinobi. Ça doit être Emily. Je me sens rassurée, me disant qu'elle est sûrement du genre à rabrouer son camarade plus jeune lorsqu'il fait trop de bêtises. Sauf que la façon dont elle me regarde laisse sous-entendre que j'ai tort. Qui aurait cru que c'est à présent le faux Liam qui se porte à ma défense, barrant le chemin de la grenouille.
Tout dégénère rapidement et j'ai de la chance d'échapper au jet d'eau grâce à mon protecteur. L'affrontement fait rage à présent et je n'ose pas vraiment les suivre, craignant de me retrouver entre deux feux. Et... un autre vase. À croire qu'ils ont la poisse ceux là entre ces quatre murs. Je soupire, prends un moment pour respirer. Je suis fatiguée et j'ignore comment calmer ces pokémons. Si seulement Donis pouvait rentrer ou si Liam pouvait sortir de la douche. Mes désirs sont des ordres il semblerait puisque, à défaut du premier, le second ferme l'eau et apparait presque dans la seconde, probablement alerté par les bruits. L'entendre hausser la voix me rassure presque parce que, du coup, il n'y a pas de doute possible : c'est le vrai. Juste ça c'est bien. Il fait même les présentations et je fais un effort de mon côté, essayant de demeurer avenante malgré la situation.
« C'est un plaisir de te rencontrer, Emily. »
Comme ça elle est possessive, mais c'est une bonne partenaire ? Ça me fait esquisser un sourire.
« Espérons qu'elle ne rencontre jamais Lucifer alors. Ça ne pourrait que mal finir. »
Je me tourne vers le Roi de ces lieux, remarquant enfin à quel point il a été pressé d'intervenir. Ses longs cheveux violets encore humides, son corps parsemé de fines gouttelettes d'eau, la serviette qui lui fait office de seul vêtement. J'ai envie de lui jeter des paroles désagréables, de lui faire remarquer qu'on ne se balade pas comme ça devant une dame de bonne famille. Je le ferais sans doute si j'avais encore des mots. Là tout de suite je me détourne surtout d'un bloc pour lui tourner le dos et, je l'espère, cacher ma gêne.
« Pas un pour rattraper l'autre, sérieusement... »
Quand ce n'est pas le double, c'est le vrai qui me fait des misères !
JE SUIS : Membre INSCRIT LE : 23/05/2022 NOMBRE DE MESSAGES : 258
MÉTIER : Boss de la Team Zekrom / Professeur de musique particulier POKÉPESOS : 1025 MES POKÉMONS : Emily - Amphinobi ♀ - Niveau 10 - Protéen - Douce
Robin - Zorua Hisui ♂ - Niveau 10 - ??? - Modeste OBJETS SPÉCIAUX :
Princesse polie mais grenouille mal élevée. Liam n'est pas un exemple à suivre, en soit, mais il se souvenait l'avoir mieux éduqué que ça. Emily, en dépit de la gentillesse de l'humaine, fait simplement mine de détourner la tête d'un air vexé. Par quoi ? Impossible à dire. Cali ne croit pas si bien dire quant à une potentielle rencontre entre le chat et l'amphibienne. Quel désastre ce serait. Adonis va finir par se poser des questions à force de voir quelques objets disparaître comme par magie. Et pourtant, à force, ce n'est pas du tout impossible que l'un finisse par croiser l'autre. Il espère que Cali, si elle a d'autres Pokémon, ne sont pas tous aussi malicieux que le Miaouss. Aussi malin soit-il, il ne comprend pas tout de suite la dernière remarque de la cadette. C'est à Emily, malgré qu'elle fasse boudinette, de faire comprendre à son dresseur en lui balançant des vêtements à la figure. Il les scrute, comprend enfin, et esquisse un sourire désolé.
« Haha c'est vrai, c'est vrai ! »
En effet, il ne s'est pas rendu compte que ça pouvait gêner Cali. Il faut dire que d'ordinaire, il n'a pas pour habitude de se gêner en présence d'un Cobalt, mais il n'a pas pour habitude non plus de ramener une personne extérieure sans que les habits ne finissent pas par tomber. Le Zekrom revient donc dans la salle de bains pour se rhabiller plus convenablement d'un autre t-shirt et d'un jogging propres avant de revenir au salon. Quand il voit que la tension entre le Zorua et l'Amphinobi ne s'est pas interrompue, il soupire et leur fait doucement savoir de s'apaiser.
« Bon, allez, calmez-vous, tous les deux, la soirée a été longue. »
Longue, éprouvante, difficile, rude. Sanglante, aussi. Mémorable pour de mauvaises raisons également. Et il ne peut (malheureusement ?) pas garder la jeune femme chez lui toute la nuit. Une fille de bonne famille peut difficilement s'absenter aussi longtemps d'un foyer où elle est surveillée. Pourtant, il n'aime pas laisser repartir quelqu'un dans son état le soir même. Peut-être peut-il bluffer, improviser. Retarder son départ.
« Ça va vraiment aller pour rentrer chez toi comme ça ? »
Tu peux rester, si tu veux. Des mots qu'il n'ose pas prononcer, mais qui seraient presque implicites.
La dame aquatique de la maison, elle, a tout de suite compris là où je voulais en venir et m'offre son assistance via des vêtements lancés au visage du violet qui gagnerait à apprendre un tout petit peu de pudeur quand même. On dirait presque qu'il se résigne à aller s'habiller, comme si en temps normal il n'aurait pas hésité à passer la soirée juste avec sa serviette ou pire encore. Nope, ce n'est pas une image mentale qu'il me faut là tout de suite. Ou même jamais. Voilà. Même si en vrai la vue doit être.... Ahem. Retournons au salon avec exaspération plutôt que de terminer cette pensée tout à fait déplacée. Il a eu la gentillesse de venir me sauver et en plus il a toujours été correct avec moi, ce ne serait pas très bien de m'imaginer... quoi que ce soit. Voilà.
C'est donc sans avoir été imaginative du tout que je retourne au salon pour m'asseoir sur le canapé en attendant le retour d'un Liam habillé. Les deux pokémons semblent prêts à continuer à nous faire des misères et j'admets que j'y suis un peu résignée à présent. Je me dis que leur dresseur va calmer le jeu à son retour et c'est effectivement ce qui se passe. Il a bien raison lorsqu'il dit que la soirée a été longue et, même si j'ignore si j'arriverai à dormir, je suis tentée d'essayer de me reposer un minimum. Le seul bémol c'est qu'il faudra bien que je parte à un moment ou à un autre, surtout qu'avec mon téléphone tout bousillé je ne peux même pas être rejointe. Quoi que... C'est presque une bonne chose, en quelques sortes. Est-ce que ça va aller pour rentrer chez moi comme ça ? Pas trop, non. Comme c'est triste.
« Je suis coincée ici au moins jusqu'à ce que mes vêtements soient propres et secs. Et puis, si ce n'est pas un problème... »
Si j'ai bien compris le sous-entendu. Si ça ne te dérange pas. Si tu veux bien continuer à être gentil avec moi juste encore un peu. Si tu es prêt à m'accorder un caprice de plus. Si tu veux vraiment me faire plaisir.
« Je me sentirais mieux avec toi cette nuit. »
J'ai détourné le regard, pas certaine de vouloir lire en ses jolis yeux ambrés la réaction qu'il aura. Puis je n'ai pas non plus particulièrement envie qu'il puisse croiser mon propre regard, effrayée qu'il y trouve des choses que je ne me suis toujours pas admises à moi-même. Toujours est-il que, dans le doute, j'ai envie d'en rajouter un peu pour lui forcer la main, l'empêcher d'avoir le coeur à me mettre à la porte. Oui voilà, je lui dit ces choses par tentative de manipulation. Ce n'est pas que de la sincérité, voyons.
« Et puis... je te dois des excuses. J'avais tort de douter de toi et de m'inquiéter des fréquentations de mon frère. Adonis a vraiment beaucoup, beaucoup de chance d'avoir un ami tel que toi. Un peu plus et j'en serais bien jalouse. Alors... ouais. Tu n'as plus rien à me prouver. »
Après ce soir tu n'auras plus besoin de faire des efforts pour être sympa avec moi ou pour me convaincre juste parce que je suis la soeur d'Adonis. Tu as passé le test au moins cent fois. Tu n'as plus besoin d'être gentil avec moi juste parce que. Je suis prête à reprendre le simple statut de soeur de ton ami.
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