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Si Liam était là... C'est la pensée qui m'a fait comprendre que j'avais un réel problème. Les quelques mots qui me sont passés par la tête, qui m'ont trahie sans même qu'ils n'aient été prononcés à haute voix. Pas besoin, n'est-ce pas ? Le message était tellement clair, tellement fort que j'étais presque surprise que lui ne l'ait pas entendu. Qui ça lui ? Aaron Sunderland, 26 ans. Il est assis en face de moi, de son côté de notre belle table qu'il a réservée en bord de fenêtre dans un pub de Sercena. La pluie tombe doucement contre la vitre embuée alors que je retire mon manteau et que, déjà, il s'anime avec passion en me parlant de ce qu'il a préparé. Il chasse quelques gouttelettes fraîches de sa courte chevelure châtain, cherche déjà une serveuse des yeux pour l'interpeler pendant qu'il parle tout seul à propos de l'intégrité des méthodes ancestrales de brasserie qui ont été préservées ici. Il n'est pas méchant et, quelque part, c'est quand même intéressant ce qu'il dit. S'il avait juste pris le temps de me demander, néanmoins, il aurait su que je n'aime pas boire d'alcool ce qui est quand même bête pour une dégustation.
Dire que j'avais bêtement espéré qu'en lui donnant une seconde chance, en l'occurrence un second rendez-vous, il pourrait se racheter pour le premier. Voyez ce cher et jeune monsieur Sunderland a obtenu son diplôme à l'Université de Sercena en histoire de l'art et, récemment, il a eu le grand honneur d'être accepté comme apprenti conservateur dans un studio prisé du centre ville. Ce n'est pas une mauvaise passion, surtout de mon point de vue. Je suis une Cobalt, c'est dans notre sang de préserver l'histoire, de se souvenir des leçons d'hier et de célébrer l'art d'une autre époque. Surtout quand ça concerne la somptueuse ville blanche construite à flanc de montagne par mes ancêtres. Le problème ? Il avait cru bon de me faire faire une visite guidée du Castelo de Pedra. Une idée charmante, pour sûr. Mais incroyablement barbante considérant que j'y étais allée au moins cinq cent fois et qu'il ne m'avait au final pas apprit grand chose. Cela mis à part, toutefois, il n'avait pas fait de faux pas alors bon. Peut-être était-ce juste une histoire de lieu ? Peut-être qu'en allant ailleurs, en faisant autre chose, la discussion serait plus intéressante ? Peut-être que ça aurait marché s'il n'était pas aussi friand de monologues.
Je pose le menton dans la paume de ma main, observant les lieux d'un regard circulaire. Le décor est rustique, la musique tend vers l'indie et je devine que la petite scène dans le coin là-bas sert pour les musiciens invités et les soirées poésie dont Aaron m'a déjà parlées. Car oui, il fait ça aussi. J'ai déjà reçu deux poèmes de sa plume et c'était charmant, un peu. Un peu gênant, certes, mais inoffensif. Puis c'était une marque d'effort donc difficile de lui en vouloir, même si c'était bizarre de savoir que mes cheveux lui rappellent les premières neiges de décembre et qu'il aimerait m'immortaliser en peinture pour célébrer la beauté de Sercena incarnée en femme. Je n'ai pas osé demander, mais j'espère vraiment qu'il ne compte pas me demander de poser comme l'une de ses kalosiennes, si vous voyez ce que je veux dire.
Mine de rien ça a l'air de s'amuser plus aux autres tables. Ça parle fort, ça commande des pichets de bière sans se soucier de déguster et ça essaie de fumer discrétos sur le bord d'une fenêtre ouverte. Je remarque même que des gens dans le coin là-bas se sont amenés un paquet de cartes et qu'ils sont en train de faire ce qui m'a tout l'air d'être une partie de poker. Des habitués, probablement. Mais ça n'explique pas d'où m'était venue cette fameuse pensée, n'est-ce pas ? Je m'explique : il y a, au fond du pub, une autre section qui est plus élevée. Y trônent deux tables de billards et tout autant de cibles pour jouer aux dards. Je crois même qu'il y a une table de baby foot aussi, mais difficile de dire de là ou je suis. C'est pour ça que j'y ai pensé. Si Liam était ici il n'aurait pas pu résister. Il m'aurait emmenée là haut, m'aurait observée et écoutée pour savoir quelle activité me faisait le plus envie et on aurait tenté notre chance. Si c'était le billard il m'aurait apprit, on aurait peut-être fait une partie en duo contre d'autres clients du pub. Si c'était les dards ou le baby foot ? Le connaissant il aurait trouvé de quoi en faire une compétition amicale, s'assurant évidemment que toutes les issues de notre concours se soldent de façon amusante pour lui comme pour moi. Si Liam était ici je serais en train de m'amuser.
« ...li ? Cali ? »
« Oui, pardon ! J'avais la tête ailleurs. »
La serveuse nous revient avec son cabaret remplit de petites bouteilles que l'on est supposés se partager à deux ou quelque chose du genre. Il y a aussi une assiette de nachos au fromage qui vient avec pour mon plus grand bonheur. Je sens que je vais aimer ça plus que ce qu'on est venus tester.
« T'inquiète, ça m'arrive aussi. Donc ouais comme je disais... »
Bla bla bla. Erh, faudrait quand même que je fasse un effort, mais il ne m'aide franchement pas.
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Un matin elle disparut sans laisser de trace. Il ne l'avait pas appelé lorsqu'il avait découvert le lendemain qu'elle était partie, dans la nuit, pour rentrer chez elle. Le réveil a été difficile à accepter, mais il devait faire avec. Peut-être qu'il n'avait pas répondu assez à ses attentes, ou qu'elle avait pris peur, finalement. Des suppositions qui se sont envolés pourtant quand il se souvient qu'elle n'était pas en colère et qu'elle ne lui en avait pas voulu. Pourquoi s'était-elle évaporée, il l'ignore. Il aimerait bien le savoir. Ils se sont revus lors d'une soirée d'Halloween pas si banale que ça en présence des frères de la concernée. Mais bien sûr ce n'était pas le moment de reparler, même à deux, de ce qui s'était passé ce soir-là. Quand ils ont failli franchir certaines barrières, restées dressées au final. Liam s'était retrouvé frustré de ne même pas avoir pu continuer de lui parler au réveil. De ne même pas lui avoir apporté son petit-déjeuner au lit comme le mériterait une princesse. C'était de la peine qu'il avait ressenti en voyant son matelas vide de la présence désirée.
Depuis, par la suite, il avait demandé à certains membres de son équipe de veiller de loin à la sécurité de la jeune femme. Ils n'avaient pas vraiment posé de questions, se disant que ce devait être une mission comme une autre. On ne parle pas de n'importe qui, après tout. C'est une fille de bonne famille. D'une des plus importantes familles, même. De peur que ce qui s'était passé l'autre soir recommence, c'était donc un ordre de sa part. Que la blanche ne soit jamais vraiment isolée ou seule quand un danger peut être présent. Le danger aujourd'hui ? Aaron. Aaron Sunderland. En apparence, un type sans grand intérêt qui ne présente en soit même pas une réelle menace. A ceci près qu'il s'agit du rendez-vous de Cali et que le jeune premier a l'air de vouloir lui mettre la main dessus. Le subordonné qui a surpris les deux personnes ensemble dans leur date n'a pas attendu avant de prévenir son boss qui a rappliqué aussitôt, congédiant l'autre. Une impatience sur laquelle il ne s'est pas plus interrogé que ça, mais qu'il sait suspecte quand même. Il avait hâte d'arriver. Dès qu'il a su que Cali avait un date, il n'a pas hésité. Depuis plusieurs minutes, il observe Aaron (nom dont son sbire l'a informé avant de partir) et l'héritière au teint de lait à la table un peu plus loin. Il ignore ce qu'ils se disent, étant trop loin pour les entende, mais il devine à l'expression de Cali que ça ne doit pas être son discours le plus passionnant. Il sourit narquoisement. Elle s'ennuie. Comment ne pas l'être quand son interlocuteur semble si barbant ? Quand son interlocuteur... ce n'est pas lui ? Elle serait pendue à ses lèvres, s'il était là. S'il se trouvait à la place de ce châtain. Mais il pourrait. Il pourrait se mettre à sa place. Et il va le faire. Il a prévu un plan. Il n'est pas venu sans rien. Tout est calculé.
Vêtu d'un déguisement de serveur, d'une fausse moustache et d'une casquette retenant l'ensemble de ses cheveux à l'intérieur (et Arceus sait comme il a eu du mal à tout mettre dedans), il demande au barman de lui servir un cocktail de fruits et une boisson alcoolisée quelconque. Prenant la place de la serveuse originale de leur table, il apporte le plateau jusqu'à Cali et Aaron sans qu'ils ne se doutent de rien. Du moins, si Cali pourrait suspecter quelque chose, l'apprenti conservateur ne se rend compte de rien et relève son regard, tout sourire, vers le 'serveur'. Ce dernier lui rend un rictus faussement aimable.
« Cadeau de la maison. »
Il dépose comme un geste naturel le verre de cocktail soft devant la Cobalt. Mais au moment où il doit placer l'autre boisson en face de l'historien, ses réflexes se trouvent tout à coup bien gauches. Il fait exprès de faire glisser le plateau de telle sorte à ce que le verre tombe et finisse par renverser son contenu sur la chemise (qui était pourtant impeccable) du Sunderland.
« Oups ! je suis vraaaaiment désolé, quel maladroit je fais... »
Sortant un jeu d'acteur qu'il force à peine, présument que le châtain serait plus pressé de passer de l'eau pour enlever le sucre et l'éthanol, il se décale pour le laisser quitter la table et se diriger en direction des toilettes. Le King, triomphant, enlève sa fausse moustache ainsi que sa casquette pour faire retomber sa chevelue violette dans le dos. Son sourire se fait plus mesquin lorsqu'il se pose sur son amie et qu'il s'installe comme un malotru sur la banquette en face d'elle.
« Il va en avoir pour un moment, à se débarrasser de ça. »
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Je me retrouve à forcer des sourires et à acquiescer à des trucs qui ne m'intéressent pas du tout. Je ne devrais probablement pas. Je pourrais me permettre de lui bâiller à la figure et de changer le sujet de manière effrontée et je le ferais sans doute si Aaron ne me faisait pas un peu pitié. Il essaie si fort d'être intéressant et je vois qu'il est sincèrement passionné, qu'il tente simplement de me partager son monde à lui et les trucs qui le font vibrer. Puis peut-être que, comme ça, si on fini par se revoir, il pourra à son tour faire un effort pour m'écouter parler de ce que moi j'aime. Genre euhm... Je pourrais parler de charité. Je pourrais parler de ballet, peut-être bien. Je pourrais mentionner ma famille aussi, surtout mes frères. Donis le trouverait probablement encore plus chiant que moi et lui ferait des blagues jusqu'à le faire fuir ou un truc comme ça je parie. En contrepartie il va peut-être plaire à Nyx, même si ça tiendrait du miracle, mais on ne sait jamais. Je me demande ce que Liam en penserait, lui... Sauf que c'est pas un de mes frères et qu'il n'a pas à être au courant de mes tentatives souvent foireuses de trouver quelqu'un de sérieux. Surtout qu'on dit toujours qu'il ne faut pas parler de ses ex durant un rencard et même s'il n'y a rien eu de concret quelque part Liam c'est un peu ce que j'ai qui s'en rapproche le plus et, par conséquent, je devais vraiment arrêter de penser à lui toutes les trente secondes. Mon problème est tel que j'ai commencé à halluciner, carrément.
Si si, je vous jure. Sinon comment expliquer la présence de ce grand serveur sortit de nulle part qui doit bien faire la taille d'un immeuble ? Bon je suis assise, ça n'aide pas, mais qu'importe. Il a le même teint basané et, surtout, il sent la même chose que Liam. Je reconnais ce parfum sans mal parce que, soudainement, je me suis redressée sur ma chaise et je cligne des yeux avec un brin de confusion. Mon corps y a réagit avant que je ne relie les points et il n'y a que lui pour me donner ce genre de réaction totalement irrationnelle. Sauf que ça ne fait pas de sens et que je n'ai pas de pouvoirs d'invocation à ce que je sache. Mais... On n'a rien commandé d'autre, si ? J'échange un regard intrigué avec Aaron lorsque le drink est déposé devant moi, cadeau de la maison. Comment ça se fait qu'on m'a emmené gratuitement une boisson que j'aime alors que pourtant on devrait déjà avoir tout ce qu'il nous faut pour la dégustation ? Ça ne peut pas être mon date, il est tellement nul pour tomber sur ce qui me plait que je parierais qu'il fait exprès d'être toujours à côté de la plaque. Et puis cette voix...
« Merci ? »
J'essaie de croiser son regard, de vérifier. Ses prunelles sont elles dorées ? Vais-je découvrir le regard malicieux de Liam sous cette casquette ? Quelles sont les chances, franchement. Sans doute à peu près les mêmes que de tomber sur un serveur totalement louche qui fait malencontreusement tomber l'autre boisson sur l'artiste qui m'accompagne de manière si parfaite que c'est trop beau pour être accidentel. Je sursaute, plaque une main contre ma bouche pour me retenir de pouffer de rire face à la scène surréelle.
« Oh merde, est-ce que ça va, Aaron ? »
« C'est rien, t'inquiète pas ma belle. Je reviens. »
Il décoche un regard plein de reproches au coupable avant de quitter son siège, direction la salle de bain. Je le regarde partir avec des sentiments mélangés. Je suis désolée pour lui, mais je suis bien contente d'avoir une pause. Et puis ma belle, il s'est prit pour qui ? Enfin, je viens pour prendre une gorgée de ce drink envoyé en réponse à mes prières silencieuses... avant de remarquer du coin de l'oeil le changement de costume du serveur. Un peu plus et je lui aurais recraché ma gorgée au visage. Il aurait eu l'air bien con d'aller rejoindre Aaron aux lavabos pour se nettoyer à son tour.
« Liam ?! »
J'ai dit son nom à mi-voix, pour ne pas attirer l'attention. Lui s'en fout visiblement, prenant place en face de moi sur le siège de mon date avec toute la fierté d'un paon. Le violet rayonne pratiquement tant il est satisfait de son petit numéro, ajoutant même que l'autre en a pour un moment.
« Mais qu'est-ce que... ? Qu'est-ce que tu fous là, t'essaie de ruiner mon date ? Même Nyxon me l'a jamais faite celle-là. Tu sais à quel point c'est rare de trouver un gars à peu près correct qui cherche un truc sérieux et qui mérite un second date ? Et puis imagine s'il porte plainte et que tu perds ton... Mais depuis quand tu bosses comme serveur de toute façon ?? »
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La surprise qu'il lit dans le regard océan de son amie a bien valu qu'il fasse l'idiot dans ce pub. Le monde qu'il y a autour d'eux ne lui permet heureusement pas d'attirer énormément d'attention, mais il n'est pas peu fier de sa "maladresse". C'est qu'en général il a plutôt un bon équilibre. C'est bête qu'aujourd'hui il ait de mauvais réflexes, n'est-ce pas ? Au moins, ils sont tranquilles. L'expression amusée de la blanche, si elle l'a bien vite changé, n'a pas manqué de le satisfaire non plus. La façon dont elle prononce son nom avec étonnement le fait glousser à nouveau, ignorant bien les quelques petits reproches que la principale concernée lui fait. C'est qu'il n'y croit pas une seconde, à sa réprimande. Il a bien lu l'ennui qui se lisait sur la face d'ange de la Cobalt, quand bien même elle est douée pour faire genre ça l'intéresse. Pour ça, il lance à la blanche son plus beau regard blasé et dubitatif.
« Un second date ? Aux standards de qui ? Ceux de ta mère ? »
Ah c'est sûr, se dit-il, que Lilith apprécierait probablement un gars comme ça. Propre sur lui, avec de belles études, une belle carrière en perspective et qui n'a probablement jamais poignardé un homme. Ou, en tout cas, pas devant les caméras. Car c'est ce style de personne dont Liam se méfie le plus, personnellement.
« Pour qu'il mérite un second date, faudrait déjà que toi t'arrive à supporter le premier. »
Autrement dit, à ne pas t'ennuyer. Il le jure, si l'autre énergumène parle encore d'à quel point il connaît tout sur les peintures anciennes des gracieuses fesses d'une reine de Kalos ou il-ne-sait-quoi, c'est lui qui allait le passer à travers la fenêtre du pub. Surtout, il connaît Cali, à force.
« Puis fais pas genre. Mon petit tour de passe-passe a failli te faire rire devant lui, le pauvre. »
"Le pauvre" dit ironiquement bien sûr, à en juger par son ricanement des plus hautains.
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Ma joie initiale de le voir ici s'amenuise alors qu'il m'accuse d'utiliser les standards de ma mère plutôt que les miens. Je fais la moue, l'écoute me dire que je devrais déjà survivre au premier. C'est bête ça. Je crois qu'il n'a pas comprit et que je vais devoir lui briser sa petite bulle. Ça ne me fait pas plaisir, mais quelque chose m'énerve dans sa fierté de m'avoir fait presque rire. Une victoire effroyablement éphémère au bout du compte, mais que lui savoure comme si c'était la meilleure chose qu'il ait jamais faite. Alors je m'assis plus droite sur ma chaise, me prépare à rester chiante et froide pour ne pas l'encourager à continuer ses pitreries.
« Non, Liam. Ça c'est le second date. J'ai survécu au premier, on est durant le deuxième là. Tu veux les connaître les critères de ma mère ? Elle trouverait probablement le moyen de me marier à un autre gars de grande Famille et puis basta, que j'aurai jamais rencontré et on s'en fout parce que politiquement c'est le meilleur truc à faire, voilà. Ça, ici et maintenant, c'est ma tentative de pas finir avec un inconnu que j'ai même pas choisi parce que c'est pas tout le monde qui peut profiter du moment présent sans se soucier de son avenir. On a pas tous ce luxe là. »
Oui, je suis amère, je suis triste, je suis en mode offensif. Surtout que ça m'embête qu'il se permette de juger comme ça, hors de nulle part, littéralement. Surtout quand son seul critère à lui c'est qu'il est chiant. Il n'a pas tort, vraiment pas, mais dans mon monde à moi c'est un plutôt bon compromis.
« Tu sais c'est lui qui a organisé les deux dates, qui a pris la peine de me demander si je voulais passer du temps avec lui. Il est passionné par ce qu'il fait, il a une vision intéressante des choses et... »
Merde Cali si t'es même pas foutue de lui trouver une troisième qualité...
« Et on est là pour apprendre à se connaître pour peut-être avoir un truc à long terme, un truc sérieux. Parce qu'il n'est pas du genre à avoir une nouvelle fille dans son lit chaque weekend. »
Je regrette les mots sitôt qu'ils ont quitté ma bouche, mais c'est trop tard pour les reprendre maintenant. Je vais devoir assumer mon reproche. Assumer mon attitude et la possibilité que je finisse par vexer Liam, par le blesser. Mon coeur se serre et je n'ose plus le regarder dans les yeux. Je n'ai même pas envie d'entendre sa réponse, pas envie de sentir les résultats de mes paroles. C'est un peu tard pour y penser, malheureusement.
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Il a été dur avec elle, il le sait. Il n'aurait pas dû. Cali est libre de faire comme l'entend et ce n'est certainement pas à lui de lui faire la leçon ou même de s'immiscer dans sa vie. La jalousie est toutefois un vilain défaut qui fait partie des innombrables autres que possède déjà Liam. Et pourtant, bien qu'il n'aurait pas dû faire un tel commentaire, hors de question de revenir sur ses paroles. Il les pense. Il a bien vu comme la Princesse regardait le Bouffon et ce dernier n'arrive même pas à l'amuser. Il la croit quand elle parle des méthodes de sa mère et ça ne l'étonne guère. Il n'aurait pas été étonné non plus que Lilith veuille justement recommander des fiancés potentiels dans le genre du Sunderland, alors la théorie se tenait. Cali expose toutefois à son interlocuteur les raisons de son agacement pour lui prouver qu'il a tort, que c'est elle-même qui a voulu accepter le second rendez-vous du type en question. La bonne affaire, se dit Liam. Lui aussi, il a fait des efforts. Mais ce n'est pas parce que quelqu'un fait des efforts qu'on doit se mettre avec. Sa jalousie parle, bien sûr. Il est vexé de voir que la blanche, quitte à ne pas pouvoir continuer avec lui, choisisse un 'looser' (selon son point de vue) du style d'Aaron. La relation sérieuse qu'elle recherche, si elle a le droit de la demander avec un autre que lui, il n'arrive pas à imaginer qu'elle soit réellement en train de parler de l'autre. La pique qu'elle lance à son encontre à propos de ses histoires d'un soir, néanmoins, le rend plus blasé qu'autre chose. Cela ne la dérangerait pas d'être dans son lit l'autre nuit après tout, même si elle n'y est pas restée. C'est d'ailleurs ce sujet-là qu'il se permet, enfin, après plusieurs jours, d'aborder non sans laisser un peu d'acidité dans sa voix.
« Oh, je te rassure, le coup de partir en pleine nuit on me l'avait jamais fait. »
C'est plutôt lui, qui s'en veut, car il ne veut rien continuer par la suite avec ladite personne. Il ne révèlera pas d'ailleurs que depuis qu'il fréquente Cali, il n'a plus couché avec personne. Même s'il n'y a rien entre eux, il n'a pas pu s'empêcher d'être vexé. De ressentir une sorte de vide inhabituel. Il ne savait pas pourquoi elle a été jusque là. Pourquoi elle n'est pas restée. N'était-elle pas rassurée ? La souvenir de cette soirée, par la suite, est devenu doux-amer, et c'est l'occasion pour qu'il reprenne ses mots de cette fois-là, qui ne leur a pas permis de continuer à se rapprocher plus intimement.
« Ce que tu avais de trop précieux à me donner, tu le donnerais vraiment à ce mec-là ? »
Oui, il n'hésite pas à juger. Sur tous les plans. Car de tous ceux avec qui elle aurait pu vouloir la compagnie, c'est de loin le choix le plus chiant possible, ou du moins il est assez haut dans la liste.
« Tu vaux mieux que ça, tu le sais. »
Il ne lui rappellera pas que le choix d'être libre continue de lui appartenir, Cobalt ou pas. Il sait que c'est inutile.
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Liam n'a pas besoin de beaucoup de mots pour viser juste, en plein coeur de mon être et m'ébranler de ses reproches. Il n'avait rien dit l'autre fois, durant la soirée d'Halloween. Une part de moi s'était même demandée s'il s'en était soucié, si ça l'avait affecté un minimum ou si, au contraire, ça n'avait été qu'un contre-temps comme un autre. À le voir s'amuser et rigoler avec Adonis comme si de rien n'était j'en était presque venue à me demander si je n'avais pas tout imaginé. Maintenant, toutefois, je n'en suis plus aussi sûre. Sa voix est trop acérée pour qu'il n'y ait rien derrière, pour que je ne sente pas cette émotion qu'il porte en son sein. Ma tête s'enfonce un peu dans mes épaules comme pour me protéger d'un impact qui, pourtant, n'a rien de matériel.
« Mais parle moins fort merde... ! »
Il n'a pas vraiment levé le ton, je le sais, mais le sujet est sensible et nous sommes en public. Surtout que, de l'extérieur, ça peut porter à confusion. J'ai une réputation à sauvegarder moi, en plus d'un date en cours. Si l'autre revient au mauvais moment et entend Liam dire un truc comme ça... Puis si un journaliste nous surprend et se met à dire que j'ai partagé le lit d'un type ça va être d'autant plus le bordel pour régler la situation entre nous en privé après. Mais ça n'arrête pas le Roi, vindicateur et motivé. Son prochain argument est plus exact encore, plus dévastateur. Aaron Sunderland était-il vraiment mon candidat de choix pour ça ? Je déglutis, à présent forcée de voir les choses sous un autre angle. J'ignore si je vaux vraiment mieux que ça, ce n'est pas en ces termes que j'y pense.
Je ne l'avais même pas considéré. Je n'avais même pas pris le temps de me demander ce que ça ferait de me retrouver avec l'artiste dans une pièce aux lumières tamisées. La simple idée de sentir ses mains pourtant habiles effleurer ma peau, se glisser sous ma robe... Mon corps se tend, dégoûté. Je pourrais vomir si je continue de visualiser ça. Il me faut respirer profondément pour me retrouver une contenance, revenir au moment présent sans pour autant oser regarder le musicien en face. Je suis blessée, un brin confuse et triste aussi, même si c'est difficile de comprendre pourquoi. Mes dents s'enfoncent dans ma lèvre inférieure.
« Okay, okay... T'as gagné. T'es content ? »
Je croise les bras, frustrée de la tournure des événements et de ma difficulté à manipuler la situation pour atteindre un résultat qui me plaira. Je ne sais même pas ce que je suis supposée dire. Ce que je suis supposée faire.
« Pourquoi t'es là ? Je dois m'attendre à ce que tu apparaisses mystérieusement durant mes prochains dates avec d'autres aussi pour me dire s'ils sont assez bien pour toi ? Parce que si ça t'importe tant que ça... T'as qu'à faire en sorte que je n'ai plus besoin d'en avoir, des dates. »
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Gêne, honte, panique. Il aperçoit ces émotions et d'autres encore dans le regard de la jeune femme. Satisfaction, c'est ce qu'il ressent. Il parvient à la mettre assez mal à l'aise. Il ne parlait pas fort, pourtant, pas du tout. Elle le sait. Elle ne veut juste sans doute pas entendre les mots qui fâchent, les mots qui froissent. Cali se retourne contre lui, tente de le déstabiliser à son tour pour ne pas perdre la face, mais il voit clair dans son jeu. Les rouages se mettent à tourner dans son esprit. Non, elle n'allait jamais laisser l'autre la toucher. Elle en prend conscience peu à peu. Confirmation qu'une relation sérieuse ne pourra jamais aboutir, mais elle devait le réaliser elle-même. Ne plus être dans le déni. Il ne perd pas de son sérieux pour autant. Il a eu un peu mal. Ça le fait chier, mais c'est comme ça. Ce n'était pas des pensées en l'air quand il a compris qu'il n'était pas indifférent au charme de la blanche. Qu'il y avait un moment qu'il n'avait pas ressenti ça. Allait-il vraiment saboter tous ses dates ? Bien sûr que non. Il n'y en aura peut-être pas d'autres, d'ailleurs. Car les paroles de Cali parlent pour elle. Faire en sorte qu'il n'y ait pas d'autres dates, n'est-ce pas ce qui aurait pu se produire l'autre soir malgré tout ? Liam ne sait pas. Il aimerait bien que ça soit plus clair pour lui aussi.
« Ce n'était pas l'envie qui m'en manquait. Mais si tu en veux un, de date, dis-moi d'abord si je dois m'attendre à ce que tu t'enfuies encore ou non, parce que j'ai pas eu l'impression que tu voulais me revoir. »
C'est maladroit. Ça doit se sentir qu'il ignorait comment formuler ça. Au final : un nouveau défi pour elle. La vérité. C'est tout ce qu'il demande.
« Je suis venu pour savoir pourquoi tu es partie ce soir-là. Je ne te laisserai tranquille qu'au moment où tu pourras me dire sincèrement que t'as pas envie de moi. »
Il parle moins fort cette fois, mais de manière insistante. Il ne partira pas d'ici tant qu'il n'aura pas eu une réponse claire et surtout honnête. Le basané hésite sur la suite. Ou plutôt à la dire. Puisqu'il s'est lancé, toutefois, autant aller jusqu'au bout. Pour qu'elle sache à quoi s'attendre, quelles sont les armes avec lesquelles se battre. Alors que ses joues chauffent malgré lui, il parle plus bas encore.
« Ça m'aurait fait plaisir de te revoir le lendemain. Et c'est rare que je dise ça à quelqu'un. »
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Je suis prise de court par les mots de Liam, par l'aveu de ses envies. Je ne pensais pas. Je ne m'étais pas du tout imaginé. Tout au contraire même, j'avais saboté mes propres espoirs, avait choisi d'y mettre le feu avant qu'ils ne prennent racine pour ma propre protection. Il veut savoir, veut me forcer à lui dire que je ne veux pas de lui sans quoi le Roi ne me laissera pas tranquille. Je crois que j'ai senti ma lèvre trembler sous le poids de mes propres émotions alors que j'ingère peu à peu ces paroles que je n'aurais pas osé rêver moi-même. Ce n'est plus qu'un murmure lorsque le violet parle du lendemain, de ma présence qu'il aurait aimé retrouver. Je me sens tellement stupide.
« Je suis désolée, je... J'ai pas été juste avec toi, j'aurais du... »
Je déglutis, je regarde ailleurs. Je sens mes yeux qui sont devenus humides et c'est vraiment chiant parce que je n'ai pas envie que mon mascara coule en public. On inspire, on expire. Je prends une nouvelle gorgée du drink apporté par Liam, espérant y trouver le courage de passer aux aveux à mon tour. C'est difficile et je sais que ça me prendra tout ce que j'ai de lui offrir ainsi mon coeur à nu sur un plateau. Il va sans doute me trouver idiote lui aussi. Peut-être qu'il m'en voudra. Il en aurait le droit. Surtout que je n'arrive même pas à commencer directement. Il me faut faire un détour, presque une mise en contexte.
« Tu sais, les gars comme Aaron c'est simple. Ce qu'ils veulent c'est mon nom, mon statut, ma famille. Mon argent aussi, parfois. C'est des trucs que je ne peux pas vraiment perdre, qui vont me suivre toute ma vie tant que je fais un peu attention sur la scène publique et encore. »
Où est le rapport ? Pour moi c'est évident, mais peut-être pas pour lui. Je dois tenir le coup, continuer sur ma lancée.
« Le truc, le problème... T'es pas comme ça toi. Tu me dirais que t'en as rien à faire et honnêtement je te croirais. Mais ça veut aussi dire que toi tu vois pas l'héritière Cobalt, tu me vois moi, tu me parles à moi. Alors... Alors il va se passer quoi quand tu vas te rendre compte que je suis juste une pauvre fille coincée, arrogante et superficielle avec des principes qui ne servent qu'à faire chier ? Tu passes ton temps à t'amuser, à rechercher de nouvelles sensations, à juste vivre ta vie comme tu le sens alors... »
J'hausse une épaule, résignée, comme si ça voulait tout dire. Comme si dans ce simple geste il pourrait comprendre tout le reste. Comme si je pouvais m'en sauver plutôt que de devoir continuer à parler. Mais non. Allez, juste encore un peu plus, princesse.
« J'ai préféré me sauver plutôt que d'attendre et de te demander, même si au fond ce que je voulais vraiment... Parce que et si j'avais vraiment demandé clairement, si j'avais pris le risque, si j'étais restée et que malgré ça... Si je m'étais réveillée dans ce lit avec toi et qu'au fond je ne représentais rien alors que, pourtant, si tu m'avais redemandé... Si tu m'avais fait ces yeux là encore... »
J'ai l'impression de m'être égarée en chemin, de dire n'importe quoi. Je ne sais même plus si je suis claire, si ça fait assez de sens ou si j'ai juste l'air plus débile que jamais.
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Peut-être qu'il a été trop loin. Trop direct. Trop franc. Dans tous les cas, il retient seulement que ça a marché. Qu'elle s'est rendue compte de la peine qu'elle lui a faite. Il devine qu'elle ne s'y attendait pas. Qu'il l'a prise de court. C'est bien normal après tout. Il n'a jamais osé avouer ça avant. Parce que d'habitude il s'en fiche et n'y pense pas plus que ça. Si lors de la soirée d'Halloween il n'y a pas fait allusion (ce n'était ni le lieu ni le moment), ça ne veut pas dire que la question et la situation ne l'a pas hanté surtout quand il savait qu'il allait revoir la Cobalt. Au milieu de ses frères, impossible et impensable d'aborder le sujet. Aujourd'hui il se rachète. C'est une histoire entre lui et elle qui ne concerne ni Adonis, ni Nyx après tout. Cali est troublée. Par sa faute. Plus qu'il n'aurait cru en tout cas. Les regrets quant à ses aveux se dissipent lorsqu'il saisit que c'était au final nécessaire de les dire malgré la gêne accompagnant les mots. Un mal pour un bien. Ça valait le coup. La relation qu'elle disait sérieuse se transforme soudainement, devient quelque chose de plus impersonnel. Liam en était déjà convaincu autrefois. Personne d'extérieur ne connait vraiment Cali Cobalt en dehors de ce qu'elle peut montrer à l'écran, qui n'est pas faux mais ne reflète pas toutes les facettes diverses de la blanche que Liam a su aimer. Le Boss Zekrom est en effet comme l'a dit toujours en recherche d'adrénaline. Mais surtout de rencontres intéressantes qui ne l'ennuieront pas. Avec Cali, pas une seule fois il ne s'est ennuyé car elle a su se montrer toujours plus surprenante. Il l'observe sans rien dire déballer ses insécurités en sachant qu'elles n'ont pas lieu d'être. Qu'il l'apprécie pour ce qu'elle est à l'intérieur et qu'il a su la découvrir un peu plus à chaque fois. La peur de céder, de ressentir des choses, c'est ce qu'il comprend finalement de son départ ce soir-là. Au fond d'elle, elle désirait probablement rester. Ce que cela aurait entraîné, c'est peut-être de ça dont elle était effrayée. Le musicien n'aurait pas vu de mal à ça. À rester malgré tout. À tenter quelque chose de nouveau. Lui-même se demandait. Se posait des questions. Reconsidérait certaines parties de sa vie et les choix qu'il avait fait. Avait-il été vraiment libre ? Peut-être pas en fin de compte. Avec un sourire plus doux il veut réconforter Cali. Lui dire qu'elle n'a pas à s'inquiéter. Qu'il ne sait pas ce qu'il ressent mais qu'il veut quand même être avec elle. Il veut lui dire tout ça. Mais l'occasion va manquer.
« Cali ? »
Alors que les yeux bleus de la blanche ont rougi, voilà que le prétendant revient finalement des toilettes. Et quand il aperçoit à la fois Liam en face de l'héritière et à la fois celle-ci presque en larmes, ce n'est pas vraiment la sympathie qui anime son regard.
« Qu'est-ce que vous lui avez fait ! »
L'animosité palpable ne parvient pas à déstabiliser le grand aux cheveux violets. Ce serait plus simple et moins risqué si c'était le cas et qu'il ne faisait pas de bêtises mais c'est beaucoup lui demander.
« Calme-toi, Casanova. Je vous ai juste rendu service à tous les deux en économisant du temps inutile. C'est moi son date à présent. »
Langue bien pendue cachée derrière un sourire pas peu fier. Mais Aaron, choqué, ne l'entend bien sûr pas de cette oreille.
« Je vous demande pardon ? »
Impatience cette fois chez Liam désormais qui n'a pas envie de s'expliquer plus que ça quand il estime avoir déjà tout dit. D'un regard plus agacé, il se lève de la banquette pour toiser le jeune premier de toute sa hauteur en croisant les bras sur son torse. Il a pas que ça à faire de s'occuper des cas comme lui.
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Voilà, j'ai dit tout ce que je pouvais, me surprenant moi-même au passage en avouant certaines choses que je ne m'étais même jamais dites au fil de mon discours. J'attrape une lingette en papier pour la presser sous mes yeux, l'un après l'autre, histoire de minimiser les dégâts sur mon maquillage. Je bats des cils tout en faisant de mon mieux pour faire face à Liam, attendre ses réactions, ses réponses. Et là... Cali ? Je sursaute, me fige comme un cerfrousse devant une voiture. Ce qui me surprend d'autant plus c'est de le voir immédiatement se porter à ma défense, blâmant le violet pour les larmes qu'il a vu naître au fond de mes prunelles. Moi qui le croyais maladivement pacifiste ou quelque chose du genre, c'est une surprise. J'ouvre la bouche pour me porter à la défense du Roi, expliquer que c'est ma faute, qu'il est un ami ou quelque chose du genre et que tout va bien, mais on me devance. Liam.
Il n'a vraiment pas tort en disant qu'il vient de nous sauver du temps, mais... C'est moi son date à présent. Je le considère d'un regard interrogateur, me demandant encore une fois s'il le pense, s'il dit juste ça pour éloigner l'autre ou si cela veut bien dire que mes excuses ont été acceptées. Enfin, ce n'est pas comme s'il y avait cinquante-six façon d'interpréter ça, non ? Ça me soulage. Maintenant qu'il est là pour m'aider à gérer la situation je me sens tellement plus calme. J'ai son support, sa protection. Tout va bien aller, c'est obligé. Le seul bémol, c'est qu'Aaron est d'autant plus énervé, croyant qu'un homme quelconque vient de prendre sa place et de faire pleurer Cali Cobalt pendant qu'il avait le dos tourné. Les choses risquent de se compliquer, surtout quand Liam, toujours en habit de serveur rappelons le, joue de sa carrure impressionnante pour faire valoir son point. C'est mal parti. L'autre a les pensées d'un romantique. Il s'imagine sans doute déjà qu'il va se faire taper quelques fois, mais réussir à nous sortir de là et qu'après je vais jouer les petites infirmières touchées par son sacrifice et qu'il va être récompensé pour avoir fait de son mieux. Et c'est sans compter sur l'attention des autres clients et du personnel qui s'agglutine lentement sur nous. Le Sunderland vient ici presque toutes les semaines, il est connu et si quelqu'un ici va recevoir un coup de main ce n'est pas le musicien. C'est mon tour d'entrer en piste. Je récupère mon manteau en me levant pour lui faire face du haut de mes talons aiguilles tout en posant une main délicate sur le bras de Liam, pour l'inciter à rester calme et à me laisser gérer la situation.
« S'il vous plaît messieurs, nous sommes en public. Je suis désolée Aaron, vraiment. Je t'expliquerai un autre jour, mais là je dois partir. »
Mais j'ai fait une erreur. Entre la réplique du Roi et maintenant mon intervention qui marque clairement ma préférence pour lui, le Sunderland flaire l'arnaque avant même de prendre le temps de comprendre le sens de mes mots. Comme si la maladresse de son rival qui lui avait coûté l'une de ses plus belles chemises n'avait pas suffit, mais maintenant en plus ce même énergumène osait prendre sa place durant le date qu'il avait lui-même organisé ? Et j'étais du côté de l'autre ? L'apprenti conservateur était salement amoché dans sa fierté tout à coup et, comme beaucoup d'hommes bien nantis à qui l'on n'avait jamais vraiment dit non, c'est par la colère et les caprices qu'il avait apprit à exprimer son mécontentement. Dans sa petite tête je lui revenais de droit et l'idée que je puisse lui avoir été aussi facilement arrachée n'était pas juste.
« Tu n'es quand même pas sérieuse ?! Tu vas me planter là pour un autre gars et je dois te laisser partir sagement parce que c'est en public ? »
« Ce n'est pas ce que tu crois, c'est mon garde du corps. Promis Aaron, je vais tout t'expliquer, mais pas ici. »
« Ouais et moi je suis la Mona Lisa !! J'aurais dû savoir que t'étais qu'une traînée ! J'arrive pas à croire que j'ai perdu mon temps avec une petite conne dans ton genre !! »
Ma prise sur le bras de Liam se raffermit. Pas parce que j'ai peur ou que je suis intimidée par l'excès de rage soudain d'Aaron, non. Je connais le violet. Je sais comment il va réagir. Ironiquement c'est aussi l'inquiétude pour la sécurité du Sunderland qui m'empêche de remarquer qu'il a allongé le bras pour récupérer mon verre sur la table. Son objectif ? Attraper le premier truc qui lui passe par la main pour me le lancer au visage avec virulence tel l'artiste qui, dégoûté par la toile qu'il idéalisait tant, décide de la ruiner en y versant sa peinture la plus sombre. Sauf que lui n'a pas la prudence de Liam et il n'y a pas que le liquide qu'il me destine, mais bien le verre en vitre en son entièreté.
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Le bruit ambiant du bar s'est tari pour laisser quelques regards étrangers se tourner vers la scène du trio. S'imposant en conquérant de la belle, Liam espérait être assez intimidant pour ne pas que l'autre essaye quelque chose de stupide à son encontre. Il voudrait éviter de devoir en arriver à des gestes fâcheux. Le King se fiche d'ailleurs éperdument de l'attention braquée à présent sur eux. Au contraire de Cali qui tente d'apaiser la tension. Elle a son mot à dire, elle aussi, et elle n'hésite pas à s'exprimer de vive voix. Le Zekrom, incité par la cadette à garder son calme, se promet de ne pas sortir de ses gonds aussi violemment que la dernière fois. La laissant s'expliquer auprès de son date pour que l'affaire se règle sans encombre, Liam sourit fièrement, orgueil de quelqu'un qui sait avoir gagné la partie. S'en aller est la meilleure solution à l'heure actuelle et si Liam est sur le point de tourner les talons en direction de la sortie du pub, c'était sans compter sur l'emportement de l'autre bourgeois hystérique. Il salue toutefois l'excuse du garde du corps de la blanche car lui-même n'y aurait pas pensé. Il a été bien plus brute de décoffrage.
Il y a des paroles et des attitudes qui vont toutefois largement trop loin. Le basané écarquille les yeux, choqué par le changement de comportement soudain du Sunderland. La surprise laisse au moins rapidement place à la colère lorsqu'il entend les insultes proférées à l'encontre de la Cobalt. Être énervé parce qu'il lui a piqué sa cible, il peut le comprendre. Mais la violence de ses paroles, ça ne passe pas. Et si Cali n'a pas remarqué le mouvement de Aaron pour s'emparer d'un verre afin de probablement le jeter sur eux, ce n'est pas le cas de Liam qui a serré les dents et jette à présent son plus beau regard noir au conservateur. Le jeune premier n'a pas le temps de faire son office. De jeter ce verre et son contenu sur l'innocente jeune femme. Voyant venir l'incident, l'homme à la longue chevelure violette prend son rival par le col de sa chemise en grognant après lui, tandis que le reste de la salle s'est tu. Pour ne pas redonner de mauvais flashbacks à son amie, néanmoins, il décide de rester plus "soft". Le fait de soulever Aaron lui permet au moins de faire lâcher le verre à ce dernier qui tombe finalement par terre. Le rebelle est agacé et à bout de patience. La baffe part tout seul. Il donne une bonne claque au Sunderland qui l'envoie valser sur une autre table par la force du soufflet.
« Ce ne sont pas des façons de traiter une lady. »
Il ne rigole plus. D'un geste, il se débarrasse de son bref costume de serveur avant de regarder le reste de la salle en apercevant les yeux tournés vers eux.
« D'autres volontaires, peut-être ? »
Les réponses ne viennent pas, quand bien même il peut lire le mécontentement de certains habitués. Il en voit qui essayent de s'avancer pour venger leur camarade mais le tenancier les arrête. Sans doute qu'il ne veut pas plus de dégâts que ça. Les autres se retrouvent choqués par les propos qui ont été dits, ne croyant pas possible Aaron de telles paroles. Nul besoin de rester dans cette ambiance une seconde de plus. Le Zekrom prend la main de Cali pour l'emmener hors du pub où l'air libre est mille fois plus respirable que l'intérieur de ce bar qui commençait à être étouffant. Le dehors a le mérite de calmer les ardeurs du King. Si l'autre essaye de prendre sa revanche, il ne sera pas aussi gentil. Expirant un bon coup pour avoir les idées claires, ses yeux ambrés s'adoucissent quand il fait face à nouveau à la jeune femme.
« Je ne suis pas désolé envers lui mais en même temps un petit peu par rapport à toi. Je voulais essayer d'éviter d'en venir aux mains mais j'ai pas supporté la façon dont il t'a traité. »
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La vérité c'est que je n'ai même pas eu le temps d'avoir peur. Je n'ai pas eu le temps de comprendre ce qu'il comptait faire, pas eu le temps de voir venir la menace qu'elle avait déjà été gérée. Le verre tombe au sol et se vide de son contenu, sans se briser au moins, et le châtain a la claque qu'il mérite. Bien fait pour lui ! Non mais, c'est quoi cette idée d'insulter une Cobalt de la sorte ? Oh et de la menacer, accessoirement. Mon garde du corps improvisé, et pour le coup je n'ai pas tant l'impression que ça d'avoir menti puisque c'est la seconde fois qu'il me sauve d'un mauvais pas, a prit la situation en charge et personne n'a ce qu'il faut pour demander un second round. J'enfile rapidement mon manteau et, l'instant suivant, ma main est entraînée par le Roi qui en a fini de ces roturiers dénués de classe.
La pluie est légère, mais tout de même présente. C'est la saison après tout. Il fait plus frais et je frissonne, faisant de mon mieux pour suivre les grandes enjambées de Liam. Ce dernier est encore très tendu, ça crève les yeux. Moi ? Ça va. Mon coeur a eu quelques palpitations de panique, évidemment, mais ça va. Heureusement qu'il fini par s'arrêter pour se tourner vers moi, s'excusant envers moi de sa réaction face à Aaron. J'en profite pour laisser mes doigts se glisser entre les siens et lui offrir un sourire qui se veut réconfortant, mais malicieux aussi, un peu.
« Tu rigoles ? Si tu l'avais pas fait ça aurait été moi ! Je parie qu'il aurait trop été surpris quand je lui aurais fait un german suplex pile dans la table d'à côté. J'ai commencé à prendre des cours d'auto-défense tu sais. »
Et heureusement j'ai envie de dire vu la fréquence à laquelle j'ai besoin d'être défendue. Oh et évidemment je n'aurais jamais réussi à mettre mon plan ridicule à exécution, mais je n'étais pas sérieuse de toute façon. Je veux juste le détendre, l'aider à se calmer lui aussi et à retrouver un niveau d'énergie plus habituel, plus proche du mien. D'ailleurs si je peux le voir sourire ne serait-ce qu'un peu je ne dirais pas non à ça j'avoue. Et puis, évidemment, je ne peux pas m'empêcher d'ajouter la suite avec plus de douceur parce que voilà. Il est important pour moi.
« Et ça va toi ? Je suis désolée que ça ait tourné comme ça. Jusque là il n'avait jamais eu ce genre de réactions, je ne pensais pas... Je suis contente que tu m'ais évité de perdre mon temps avec lui. »
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La pluie s'abat finement sur leurs têtes mais c'est toujours plus agréable que de rester dans ce pub à l'ambiance malaisante. Liam trouve toutefois un abri sous lequel ils peuvent rester sans risquer d'être trop mouillés. Il ne regrette aucunement ce qui s'est passé mais la jeune femme aurait pu vouloir éviter qu'il ne se mette en travers de cette histoire. Mais la blanche semble au contraire plutôt bien prendre la chose et tente même de rassurer le plus grand. Ses doigts contre les siens ne lui sont pas désagréables. Il ricane même lorsqu'elle lui parle de ses cours d'auto-défense et se trouve en effet réconforté lorsqu'elle lui assure qu'elle se serait débarrassée du Sunderland elle-même. Avec tout ce qu'il a dit sur la Cobalt une fois que le masque fut tombé, il aurait bien méritée qu'elle s'occupe de lui afin de lui faire ravaler ses insultes. C'est plus attendri qu'il lui sourit lorsqu'elle s'inquiète de son état.
« Ça va, ça va. Heureusement mon instinct ne se trompe jamais. Du moins, très rarement. »
Instinct de survie la plupart du temps qui lui a permis de se sortir de situations bien périlleuses par le passé. Autre chose l'avait animé toutefois sur ce coup-là et il ne peut garder ça pour lui quand il sait que ça ferait peut-être plaisir à la Cobalt de l'entendre.
« Mais si j'étais honnête, j'avouerais que c'est parce que j'étais peut-être un peu jaloux. »
Juste un peu jaloux. En soit en a-t-il le droit ? Il ne se sent pas vraiment légitime dans les faits.
« C'est bête, hein ? Je ne sais toujours pas si je peux te donner ce que tu attends. »
Les signaux qui les agitent indiquent toutefois le contraire et il s'en rend compte progressivement. Il est encore un peu dans le déni pour tout ce qui est attachement.
« La vérité c'est que je ne sais pas très bien moi-même ce que je ressens. Mais s'il y a une chose que je sais, c'est que j'aime bien être avec toi. »
Oui ça c'est un sentiment qu'il comprend. Un sentiment qu'il n'a pas de mal à interpréter, mais la profondeur lui échappe encore.
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Liam, jaloux ? Ça ne lui ressemble pas du tout voyons. J'ai un petit sourire satisfait, touché, alors que je me rappelle son désir d'être à la place d'Hades et maintenant ça. Je n'ai jamais été aussi contente de savoir que l'on se sentait ainsi par ma faute. Sauf qu'il y a une ombre au tableau, un mais à prendre en considération. Il ne sait pas s'il peut me donner ce que je désire, ce que j'attends. Mon sourire s'abime, mon regard peine à rester sur lui. Mais sa main est toujours dans la mienne et je continue à l'écouter, à espérer des mots qui ne viennent pas. Ses sentiments ne sont pas clairs, pas à ses yeux. Il sait juste qu'il aime être avec moi. C'est un début, c'est bien. Mais ce n'est pas exactement ce que je voulais, effectivement. Sauf que c'est peut-être ça le truc en fait, pas vrai ?
S'il me retournait la question est-ce que, de mon côté, je saurais dire ce que je ressentais pour lui clairement ? Serais-je capable d'y mettre un mot ? Oserais-je y apposer l'étiquette classique et attendue ? La vérité c'est que je n'y ai pas pensé, que je ne sais pas moi non plus. Ça me fait peur, ça m'intimide et, si je l'accepte, si je le dis, si je le réalise vraiment alors ce sera dangereux. Je serai vulnérable, à risque de vraiment souffrir. Peut-être que c'est pareil pour lui ? Peut-être que je peux l'aider alors, à ma façon. Je regarde au loin, même si mon pouce a commencé à caresser doucement le dessus de sa main à lui.
« Je comprends tu sais. Enfin, je pense que je comprends. Je ne suis pas très friande de l'exploration de mes propres émotions, c'est intimidant. Par contre il y a autre chose que je sais. »
Je marque une pause, rassemble mon courage.
« Je suis contente quand t'es jaloux. J'ai envie que tu continue de l'être. J'ai envie que tu me trouves jolie quand tu me regardes. J'ai envie que tu me trouves drôle et intelligente quand je parle. J'ai envie... que tu penses à moi même quand tu es avec quelqu'un d'autre. J'ai envie de te manquer durant mes absences. Je sais ce que j'ai envie que toi tu ressentes pour moi alors... Si tu ne sais pas ce que toi tu ressens, peut-être que tu sais ce que t'as envie que moi je ressente pour toi ? »
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Il aimerait l'aider. Savoir ce qu'il veut. Être plus clair. Mais les sentiments plus intimes lui échappent depuis des années à présent quand il a décidé de s'en interdire l'accès en prétextant à lui-même que ça ne mettrait qu'en danger autrui et qu'il n'avait pas le temps de s'intéresser plus que ça aux autres. Mais finalement, c'est faux. Il s'intéresse à Cali. En tout cas il veut s'y intéresser. La protéger. Faire en sorte qu'elle soit heureuse. Libre. Les émotions comme elle dit toutefois sont intimidantes, voire complexes. Liam n'a pas voulu s'y pencher plus que ça. Mais il se rend compte que ça le fait de plus en plus chier de voir la blanche avec quelqu'un d'autre, et ça l'énerve d'autant plus qu'il sait que ce n'est pas anodin, que ça veut dire quelque chose. Une chose qu'il ne peut ignorer car il y a songé tous les jours, le fameux porte-clé Kirlia l'aidant à raffermir les doux souvenirs qu'il a en compagnie de la Cobalt. Ses joues se réchauffent doucement malgré lui lorsqu'elle évoque tout ce qu'elle pense de lui. La façon dont il aimerait qu'il la considère. Elle aime quand il est jaloux ? Ça tombe bien, ça. Cali veut être importante pour lui. Être la seule à laquelle il pense. Le King est gêné de l'admettre mais c'est déjà le cas. Son absence dans ce lit qu'elle a quitté l'autre soir le frustre. Il aimerait l'y retrouver. Partager avec les sensations qu'ils auraient pu avoir s'ils étaient allés jusqu'au bout. Il comprend les mots de la cadette. Il les comprend car il les partage, finalement.
« Peut-être la même chose. »
Il devrait peut-être lâcher sa main mais il n'en a pas envie. Il veut garder la chaleur de sa paume et de ses doigts. Il veut garder ça et avoir plus encore, car le Roi est avare.
« Je me disais en vous voyant de loin que c'était ridicule, ce date. Que tu ne pourrais jamais en avoir un aussi bien que les moments qu'on a eu. »
Encore embarrassé des aveux toujours plus nombreux qui sortent, c'est toutefois de moins en moins difficile de les prononcer. Il se force. Il le faut bien. C'est de ça dont Cali a besoin aussi.
« Mais tu sais, je ne vois pas ce qui t'inquiétait tout à l'heure. »
La colère du pub s'est estompée. C'est l'apaisement qui le parcoure désormais. Ses yeux ambrés plongent dans les siens.
« Je m'en fous que tu sois héritière. T'es ni arrogante, ni coincée, ni superficielle. T'es très bien comme tu es. »
Princesse fait des erreurs. Mais Princesse en apprend. Et personne n'est parfait après tout. Elle a des peurs, des doutes, des inquiétudes comme tout le monde. Au moins, elle a compris que son départ avait vexé l'aîné.
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J'espère que ma petite tactique va fonctionner parce que, déjà, j'aimerais vraiment l'aider à mettre de l'ordre dans tout ça, mais aussi parce que j'aimerais savoir. J'aimerais l'entendre me dire les choses que je suspecte et que j'ai remarquées. Pour l'instant j'ai droit à un peut-être. Je me mords l'intérieur de la joue, me rabat déjà sur le pire des scénarios. Je n'aurais pas dû insister. Et si ça le fait reprendre de la distance ou réaliser que finalement pas tant que ça ? Je m'apprête à culpabiliser lorsqu'il mentionne le date de plus tôt et ce qu'il a pensé en me voyant avec Aaron. Ça m'apaise un tout petit peu qu'il me dise ça. Puis ça m'arrache un sourire gêné alors que je lui concède ce point.
« C'est vrai. »
Même si le temps que nous avons passé ensemble a été bref dans le grand ordre des choses, la qualité de ces instants était inégalée. Ce n'est pas le Sunderland qui m'aurait fait monté dans des chaises volantes ou qui aurait fait mine d'attaquer notre château fort pour m'empêcher de dormir sur le canapé. Aaron n'arrivait même pas à la cheville de Liam. Même pas à son gros orteil ! N'y avais-je pas moi-même pensé avant sa fameuse entrée en scène ? J'était triste qu'il ne soit pas là. Je me disais que, en sa compagnie, je m'amuserais beaucoup plus.
Ce qui me surprend, néanmoins, c'est ce sur quoi il enchaîne. Comment ça il ne sait pas pourquoi je m'inquiétais ? Je le regarde, intriguée, et attends la suite. Ses iris capturent les miens et je suis sous son emprise, incapable de me détourner alors que le Roi dément les craintes que j'ai nommées plus tôt. Lui me trouve très bien comme je suis. Pas superficielle, pas arrogante, rien de tout ça.
« Liam... »
Je suis touchée, vraiment. Mon sourire est doux, comme si j'étais réellement en train de fondre pour lui et ses gentilles paroles. J'ai rougis aussi, mais ça c'est un peu la routine à présent, pas vrai ? Puis je me perds un petit peu, j'en profite pour admirer son visage, l'arc de ses sourcils, la forme de sa mâchoire et l'attirance de ses lèvres. Je me suis rapprochée d'un pas aussi, je crois. Sauf que ça ne m'aide pas tant que ça au fond, n'est-ce pas ? Ma main libre se pose contre son torse et remonte doucement en une caresse tendre que je ne peux réprimer.
« T'es trop grand. Penche toi. »
Ce n'est pas une question ou une suggestion. Ma prise s'est refermée sur son col pour le tirer vers moi alors que j'essaie de me faire plus grande. C'est difficile vu que j'ai déjà de grands talons alors bon, il n'a pas le choix. C'est lui qui va devoir venir me rejoindre ici bas en attendant que je me trouve un tabouret à trimballer dans mon sac à main.
Il est docile, s'exécute pour sa princesse. Il n'arrive pas à me refuser ça et c'est tant mieux. Je ferme les yeux, me ferme au reste du monde entier, des voitures qui passent de temps en temps ou du bruit de la pluie qui tombe finement. Ne compte plus que le souffle de Liam. Que le goût de ses lèvres. Que sa proximité avec moi et que ce geste que je dois me retenir de prolonger. Je crois que je brûle de l'intérieur. Mon coeur, en tout cas, palpite comme si j'étais en train de courir. Il ne faut pas abuser des bonnes choses ou, plutôt, j'ai envie de voir sa réaction lorsque j'arrête. Lorsque je recule, retombe sur mes talons et rouvre doucement les yeux. Je veux voir son expression, je veux voir sa réaction, je veux voir l'émotion au fond de son regard d'or en fusion.
« Et ça, ça t'aide à y voir plus clair ? Ou il t'en faut un deuxième ? »
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Son nom s'échappe de la bouche de Cali. Cette bouche rosée et fine qu'il a regardé de temps à autre un peu trop longtemps. Il ignore comment il arrive à être aussi attiré par la blanche, outre toutes les qualités qu'il lui trouve déjà. Mais il la désire. Se trouve étonné de ne pas avoir voulu désirer d'autres personnes depuis elle. Est-ce si difficile de tenter de comprendre ce qu'il ressent au final ? Que peut-il dire ? Qu'il a envie de la voir sourire, ou plutôt que ce soit lui qui la fasse sourire. Qu'il la fasse rire. Qui lui remonte le moral. Qui lui dit toutes les belles choses qu'elle a besoin d'entendre pour arrêter de penser des bêtises sur elle-même. Qu'elle ne voit que lui. Qu'elle n'ait des dates qu'avec lui. QQu'elle ne veuille que lui.
Souhait exaucé pour sa plus grande surprise lorsqu'elle demande à ce qu'il se penche. Son visage chauffe, sa poitrine bat plus vite. Avec un sourire tendre, docilement, il se penche. Malgré les talons de la noble, le basané est encore trop grand pour elle. Mais ce n'est pas nouveau à présent qu'il accepte le moindre de ses caprices. Surtout quand il a espéré la même chose. Qu'il a secrètement rêvé que ça arrive depuis l'autre soir où il avait vu l'occasion s'envoler sans rien pouvoir faire ou justifier. Il se courbe donc, rapprochant son visage de celui de la jeune femme. Un temps d'hésitation toutefois même s'il s'impatiente. Le veut-elle vraiment désormais ? Oui. C'est elle qui a demandé. Il n'y a pas d'erreur. Les lèvres se frôlent d'abord, se cherchent pour mieux se trouver. Enfin, il l'embrasse avec une rare douceur qu'il ne réserve qu'à elle. Sur le moment, il se sent fondre. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'il embrasse quelqu'un. Ce baiser-là est différent. Il était attendu. Et peut-être que c'était aussi l'effet de l'attente qui le rend si agréable. La magie ne se dissipe même pas lorsqu'ils doivent s'éloigner. Pour sa plus grande satisfaction, même, elle fait signe implicitement qu'elle serait d'accord pour recommencer. Il répond donc avec une expression toute aussi joueuse.
« Je ne suis pas sûr. Je crois que j'en aurais besoin de d'autres pour me faire une idée. »
Il a son accord, il le sait. Sinon elle l'arrêtera. Lentement mais sûrement, il se rapproche de nouveau pour l'embrasser une seconde fois dans un baiser moins timide. Ses mains viennent même se poser sur ses hanches pour les caresser, rapprochant la cadette plus près de lui afin que leurs corps soient collés. Le reste du monde, pendant quelques secondes, n'existe plus. Jusqu'à ce qu'il se décolle d'elle lentement à nouveau pour pousser un soupir d'aise.
« Cela faisait un moment que j'avais pas ressenti un truc pareil. »
Il repose sa tête sur son épaule, serein. Prêt à faire d'autres aveux.
« Si tu veux tout savoir, je n'ai pas dormi avec quelqu'un depuis que je te connais. »
Il s'est demandé pourquoi, d'ailleurs. Pourquoi il n'avait plus ressenti l'envie d'aller voir ailleurs. Peut-être qu'au fond la réponse est elle aussi évidente, mais il ne veut pas dire de bêtises. Il veut continuer à y réfléchir jusqu'à ce que ça soit bien clair. Même si c'est plutôt clair qu'il avait envie de l'embrasser. Et autre chose. Une autre pensée dont il s'est rendu compte.
« C'est toi que j'avais envie d'avoir près de moi. »
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Le premier baiser est délicat, prudent. On ne veut pas brusquer l'autre, on ne veut pas faire de maladresse et gâcher l'instant. On veut le savourer, le vivre vraiment. L'une des raisons pour lesquelles je recule c'est aussi pour reprendre mon souffle, laisser ma température retomber et offrir un brin de repos à mon coeur en pleine cavalcade. Lorsque mes yeux s'ouvrent à nouveau et que je vois la mine joueuse de Liam, je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour. De laisser ces nouvelles sensations illuminer mon propre visage et trahir cette pointe d'euphorie qui fleuris en moi. Y voit-il plus clair à présent ou nécessite-t-il un second round ? Le violet répond au pluriel et je n'en suis que plus amusée, plus légère. Plus heureuse.
« Heureusement que je suis généreuse. »
C'est lui qui initie le second pour mon plus grand bonheur. J'ai passé les bras derrière son cou et, lorsque ses grandes mains se pressent contre mes hanches, je me colle à son corps sans avoir besoin d'y être guidée. C'est plus assumé cette fois, plus passionné. Ça me crée des envies inavouables en plus d'exaucer des voeux que je n'aurais jamais osé faire. J'ai envie de guider ses mains ailleurs sur moi. J'ai envie de déposer mes lèvres en d'autres endroits pour y déposer mon affection. C'est, ironiquement, Liam qui y met fin. C'est injuste, c'est parce qu'il est trop grand qu'il peut facilement m'échapper parce que sinon... Je suis réconfortée par son soupir, son visage dans mon cou et ma main qui caresse sa longue crinière colorée. Comme ça il n'avait pas ressenti quelque chose de ce genre depuis longtemps ? Oui, j'avais bel et bien un sourire victorieux, fier. Une expression à laquelle s'ajoute ma surprise lorsqu'il ajoute la suite.
« Attends, pour de vrai ? »
Je le regarde, interloquée. Personne d'autre que moi n'a partagé son lit. Mais ce n'est pas que ça, c'est la façon dont il le dit. Liam n'a pas dit "depuis la dernière fois", mais bien "depuis que je te connais". Se pourrait-il qu'il fasse ici référence à ce fameux cours de guitare alors que j'étais débarquée chez lui à l'improviste ? J'ai pratiquement du mal à y croire, mais pourtant... C'est toi que j'avais envie d'avoir près de moi. Est-ce que c'est donc ça la vraie raison pour laquelle il est venu me voir danser ? Parce que, déjà, dès ce moment là, je lui avais plu à ce point ? Ce n'est plus un rougissement à ce stade, c'est un coup de soleil.
« Et tu sais pas ce que tu ressens, t'es sûr de ça ? »
Je n'ai pas envie de le presser, mais voilà. L'envie de me moquer gentiment a été trop forte, surtout quand il me dit quelque chose d'aussi poignant. Je n'ai pas la force de me laisser engloutir par les émotions qu'il vient de me provoquer. J'ai peur de me noyer dans cette vague, ce mélange de soulagement, d'affection, d'envie, de surprise et d'anticipation. Tout de même, je sais que ce n'était pas très gentil de ma part et j'ai envie de me racheter. Bon, j'ai aussi envie de lui exprimer mon affection, de la lui faire ressentir. Je veux lui enlacer le coeur comme le corps. L'avantage que j'ai, en toutes circonstances, c'est ma facilité à m'exprimer. Si mon prochain discours ne sera pas très long, j'ose espérer qu'il frappera fort et ce pile là où je vise.
« T'as le droit, Liam. Tu mérites tout ça, tous les sentiments que je te donne et tous ceux que j'ai pour toi. Et si jamais tu devais me blesser, alors... On avisera à ce moment là... Ensemble, si tu le veux. »
Parce que je n'ai pas oublié ses mots de l'autre fois, ses propres insécurités, sa perception selon laquelle je mérite mieux et le danger, la possibilité qu'il me blesse. Maintenant qu'il a répondu aux miennes, je veux lui rendre la pareille. Je veux le guider exactement là où je veux qu'il soit. Je veux le faire craquer finalement et totalement pour moi. Briser le plus petit de ses doutes sous les coups de mes talons et le conquérir jusqu'à ce qu'il ne reste rien de lui. Peut-être est-ce mal, mais c'est mon envie, mon désir.
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Douce chaleur qui l'enveloppe. Voile apaisé qui le recouvre. Il se trouve dans une bulle dont il n'a pas envie de sortir, se demandant s'il ne pourrait pas même l'exploiter encore davantage. Le parfum de la blanche l'enivre, le rend capricieux, désireux. Mais chaque chose en son temps. Il a déjà eu un baiser, il ne saurait se montrer trop gourmand. Dans le déni de ce qu'il peut ressentir, la vérité est qu'il n'a pas voulu se pencher là-dessus, reculant l'échéance alors qu'il devrait être plus sérieux et répondre aux interrogations enfouies en lui. Que ressent-il exactement ? Une attirance indéniable. Mais au point de ne voir personne d'autre qu'elle ? Cela n'était pas arrivé depuis un bail. C'est loin d'être anodin. Il ne peut pas dire qu'il sache vraiment ce qu'il ressent. Ou du moins, si la question devrait se poser, cela l'embête de trouver la solution tout de suite, car cela impliquerait d'autres choses encore. Elle a raison de se moquer affectueusement. Il se sait ridicule, trop indécis, trop lâche aussi. Mais Princesse le rassure. Lui dit qu'il a le droit.
« Je mérite... ? »
Est-ce vraiment le cas ? Dirait-elle la même chose si elle savait la vérité sur ses activités illicites alors qu'elle incarne tout le contraire et défend ardemment les lois ? C'est pour ça que Liam ne veut pas se poser la question quand bien même Cali mériterait des réponses plus précises. Elle ne le sait pas mais il y a bien des risques qu'elle finisse par être blessée par sa faute en découvrant la réalité, ce qu'il ne lui a jamais avoué jusque là. Ils peuvent bien aviser ensemble, mais quelles limites est-ce qu'elle acceptera ? Égoïstement, parce qu'il a peur de ce qu'elle pensera de lui une fois qu'elle saura pour sa double vie, il ne veut pas y songer, préférant changer de sujet, penser à autre chose. Expliquer pourquoi c'est difficile encore de savoir ce qu'il éprouve. Avec lenteur, il relève son regard vers elle.
« Pendant longtemps, je n'ai pas ressenti l'intérêt de vraiment m'attacher plus que ça aux autres. Mais en fait, je me demande si ce n'est pas plutôt parce que je ne trouvais personne d'assez intéressant. »
Il n'a jamais vraiment été fermé à des sentiments bien plus intimes puisqu'il en a déjà ressenti, même si la dernière personne a été le frère de la concernée, il y a de cela des années maintenant. C'est juste qu'il n'avait jamais ressenti le désir de s'approcher à ce point, d'en redemander plus à chaque fois. D'ordinaire, il voit les gens une fois, s'amuse le temps d'une soirée, et jamais ne les revoit, à la fois pour ne pas leur donner de faux espoirs mais aussi parce qu'il ne portait pas pour les précédents une curiosité et un attachement aussi grands. Pour Savannah, il pensait que c'était la même chose mais il a fini par comprendre en sortant avec elle que c'était plus une affection amicale qu'autre chose, pour tenter de se détacher de ce qu'il ressentait pour Adonis comme s'il n'avait pas le droit d'avoir ces sentiments-là pour lui. C'est désormais un lien purement amical qui l'unit aussi à l'aîné Cobalt mais pour la benjamine, c'est une autre histoire.
« Je n'avais pas envie de me poser beaucoup de questions à ce sujet. Je voulais juste profiter de l'instant présent, comme d'habitude. Mais ce n'est pas juste pour toi de te laisser dans le flou. »
Cali n'a jamais été comme lui. Elle mérite de savoir, de ne pas devoir l'attendre. Il ne peut pas s'immiscer dans ses dates sans lui donner quelque chose en retour pour compenser.
« En même temps, je n'ai pas envie de dire ou de faire de bêtises. »
Ou faire des promesses qu'il ne pourra pas tenir. Ses prunelles d'ambre observent les traits de la plus jeune. Son visage de porcelaine, ses joues roses, ses lèvres fines auxquelles il a finalement pu goûter, ses grands yeux bleus, ses cheveux doux et immaculés. Il en caresse brièvement une mèche entre son pouce et son index.
« Mais oui, sinon. Pour de vrai. C'est rare qu'on me laisse sur ma faim à ce point-là. »
Et qu'on le hante à ce point-là aussi. Il est sûr au moins à présent que la cadette ne s'enfuira plus comme la dernière fois.
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Oui, je sais. Liam n'a pas l'habitude de s'attacher, pas de cette façon là. J'avais cru le comprendre, déjà, et ça avait partie des choses qui me poussaient à prendre pour acquis qu'il me valait mieux enfouir mes propres espoirs. Quelles étaient les chances pour que je sois vraiment différente ? Ça n'arrive que dans les films ça. Généralement, en tout cas, parce que là c'est quand même incroyable de voir à quel point les rôles ont été inversés. Une force inconnue s'est réveillée en moi, me donnant envie de lui dire tout et n'importe quoi tant que ça le fait me choisir, tant qu'il me donnera plus. Cette impulsivité ne se soucie guère de mes considérations habituelles, de mes réserves et de mes questionnements pourtant destinés à me protéger de la déception et de la perte de temps. On dirait que mon anxiété m'a été arrachée pour plutôt aller se réfugier au coeur de Liam.
Lui ne veut pas dire de bêtises, ne veut pas avancer trop vite. C'est bien la preuve que tout ceci est important pour le violet, que ce n'est pas la même chose que ce qu'il a pu vivre auparavant. Je l'ai paralysé si pleinement et totalement qu'il me confirme la véracité de ses mots, son incapacité à s'allonger avec d'autres le temps d'une nuit sans lendemain. Au lieu de ça c'est moi qui suis allée avoir un date avec Aaron. C'est moi qui ait tenté de l'oublier lui en cherchant ailleurs. Je respire profondément, essaie de remettre de l'ordre dans mes idées, de retrouver mes dispositions habituelles. C'est difficile quand il est si proche, quand il touche mes cheveux et, surtout, lorsque le goût de ses lèvres me hante encore. Mais c'est une nécessité, n'est-ce pas ? C'est lui qui a raison.
« Alors... »
On en est où ? On fait quoi ? Parce qu'il y a clairement quelque chose ici, entre nous.
« Plus de bêtises de ma part non plus, promis. Je ne reprendrai pas la fuite en pleine nuit et... J'arrête mes sorties avec d'autres. »
C'est gros, tout de même. Pour moi en tout cas. C'est d'admettre que j'ai un favori, que je lui donne une chance telle qu'il n'y a plus personne d'autre sur mon radar. Juste lui. Puis c'est que je n'ai pas envie de le blesser. J'ai beau aimer quand il a son petit côté jaloux, ça ne veut pas dire que j'ai envie de le torturer de la sorte. Il mérite de se sentir important lui aussi, de se sentir choisi, même si rien n'est officiel pour l'instant. Puis je vais faire un effort, retourner à ma normalité pour répondre à ses craintes. Faire lentement les choses, avec soin.
« Ça te dit de sortir de cette pluie pour aller prendre un café ? Comme ça on pourra se poser tranquillement au sec et continuer de discuter, si ça te dit. J'ai tout un questionnaire à te faire passer après tout donc autant commencer, pas vrai ? »
Et c'est vrai au fond. Je ne sais pas grand chose de sa famille par exemple. Est-il fils unique ? Comment est sa relation avec ses parents ? A-t-il des petites traditions que je pourrais avoir envie de connaître pour mieux les honorer en sa compagnie ? Puis ça peut être des trucs plus cons aussi. J'aimerais savoir comment il le boit son café, par exemple. J'aimerais connaître son film favori. J'aimerais le connaître lui.
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La perspective de continuer une histoire avec elle n'est pas déplaisante. Quand il s'est rendu compte que sa présence lui manquait, il savait qu'il ne la considérait pas juste comme une amie. Il n'éprouve pas ce désir-là pour des amis de toute façon, mais il n'avait pas non plus envie de la lâcher. L'autre nuit, s'ils étaient allés jusqu'au bout dans le lit, cela aurait été différent de toutes les autres nuits qu'il a pu passer avec d'autres. Même qu'il ne fait pas autant d'effort lorsqu'il veut simplement que ce soit une histoire d'un soir. Il va juste en date et si les deux parties sont toujours d'accord, ça se finit en général bien. Mais il n'y a pas de suite. Pas d'après. Le truc avec Cali, c'est que c'était l'inverse. Il a d'abord voulu faire des efforts mais sans arrières pensées, et c'est par la suite qu'il a compris qu'il souhaitait plus. Il est déjà soulagé qu'elle ne songe plus à partir sans prévenir comme la dernière fois. Cela l'aurait profondément vexé si elle avait recommencé. En revanche, elle n'a pas à lui promettre, en ce qui concerne les sorties avec d'autres personnes. C'est encore son droit de voir ailleurs. A moins qu'elle ne veuille laisser une chance à Liam ? Il dit que ça ne le dérange pas qu'elle ait d'autres rendez-vous, mais en vérité, ça l'emmerderait assez. Je sais pas pourquoi je me voile encore la face. Parce que je n'ai pas envie qu'elle soit blessée, mais en même temps, je mentirais si je disais que j'ai pas envie de l'avoir avec moi quand même.
« Bonne idée. Mais j'espère que ton questionnaire n'est pas trop difficile, je n'ai jamais été bon à l'école. »
Se poser dans un café, oui, c'est une bonne proposition. Ils n'allaient pas rester dehors indéfiniment de toute façon. Le King se demandait un instant s'il ne pourrait pas proposer qu'ils aillent dans un endroit plus intime pour qu'ils parlent seuls et soient tranquilles, mais ce serait trop présomptueux de sa part. Ce n'est pas si mal non plus, pour se détendre, un café. Après quelques réflexions ils en choisissent un qui leur convienne. Les rares fois où ils passent devant une vitrine sur leur chemin, d'ailleurs, Liam se rend compte qu'ils ressemblent vraiment à un couple. Cet effet, pour le coup, ne l'embête pas vraiment. Difficile de dire qu'ils sont autre chose. C'est lui qui décide de ne pas mettre tout de suite de mots sur leur situation, même après deux baisers échangés, et le fantasme d'en avoir d'autres. Cali plaisantait tout à l'heure, mais il sait que c'est vrai, qu'il n'est pas très crédible sur ce qu'il prétend ressentir. Une fois installés à une table, Liam zyeute quand même vite fait si le Sunderland ne les aurait pas suivi ou épié. Mais ce dernier n'est nulle part dans les parages. Simple précaution. Il est curieux sur les questions qu'elle voulait lui poser, cela dit.
« C'était sérieux cette histoire de questionnaire ? C'est un truc que tu donnes à tous ceux qui ont un date avec toi ? Ou c'est parce que c'est moi ? »
Parce qu'il est si spécial, après tout. Cela n'a rien à voir avec sa grosse tête, bien sûr. Pour la Cobalt, il l'est, n'est-ce pas ?
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C'est dommage, mais je décide d'enfouir mes mains dans mes poches pour le trajet jusqu'à un café quelconque. J'aurais de loin préféré laisser mes doigts reposer entre ceux de Liam, mais c'est que je dois redescendre sur terre un peu. Déjà que l'embrasser dehors, en public, ce n'était pas très intelligent de ma part. Heureusement que la pluie limitait le nombre des passants, mais tout de même. S'afficher en publique était un privilège qui n'appartenait qu'aux anonymes et, cela, je ne l'avais jamais été. Je me réconforte en me disant que c'est mieux comme ça, surtout s'il n'est effectivement toujours pas entièrement certain de ce qu'il veut. La dernière chose dont il a besoin pour l'aider à faire le point sur ses désirs c'est bien une équipe de journaliste qui squatte devant chez lui.
À l'intérieur nous optons pour une banquette à l'écart de l'entrée, dans un coin où j'espère que nous serons tranquilles. J'ai bien remarqué le regard prudent de mon partenaire du jour et j'apprécie son attention à ces petites choses telles que ma sécurité. D'accord, cette grosse chose. Ça me permet de me détendre vraiment et d'apprécier mon breuvage. J'ai d'ailleurs fait une note mentale de sa commande, histoire de la mémoriser. Étrange ? Pas trop lorsque l'on me connait. Ne suis-je pas celle qui prend de l'avance dans ses études pour être aussi parfaite que possible ? Toujours répondre bon, toujours savoir les choses avant les autres, toujours réussir les examens haut la main, c'est une priorité. Liam n'est, à présent, qu'un autre sujet que j'ai envie d'étudier pour apprendre à le connaître sur le bout des doigts, aussi figurativement que littéralement, et ainsi pouvoir être parfaite à tous les instants. Ça me fait donc sourire quand il demande si je plaisantais en parlant de questionnaire. Était-ce quelque chose que je destinais à tous mes dates ou juste à lui ? J'ai envie de lui flatter l'ego en disant que ce n'est que lui, mais me retiens. Il aime les défis, avoir une bonne raison de faire des efforts et s'être dépensé avant d'être récompensé alors je ne peux pas simplement lui donner les choses toutes cuites dans son joli bec. Je pourrai toujours le complimenter après, lorsque ma curiosité aura été satisfaite.
« À tous les candidats qui m'intéressent oui. Mais je suis gentille, toi aussi tu peux me poser des questions. »
Et on ne dira pas que, à l'heure actuelle, la liste en question est extrêmement courte. Il le sait de toute façon ou, à tout le moins, il doit s'en douter assez fortement vu mes mots de plus tôt. Je fais doucement tourner ma cuillère dans mon breuvage tout en réfléchissant à ce que je veux le plus savoir. Mes jolis yeux le considèrent pensivement, scrutent son visage de nouveau tant pour y trouver des réponses tant que pour profiter de la vue.
« On va commencer avec quelque chose de facile : je réalise que je ne connais toujours pas ta date d'anniversaire. Bien que... Tu as l'air d'un enfant de l'été toi. Plein d'énergie et de passion. J'ai raison ? »
Et je suis loin d'en avoir terminé avec lui. Peut-être que ce ne sont pas des choses très importantes, qu'elles sont incroyablement anodines, mais c'est les découvertes que j'ai envie de faire à son sujet.
« Ensuite... Allez une question difficile. Tu as des petits plaisirs coupables ? Des trucs que t'adore faire, mais que t'es un peu gêné d'admettre ? Par exemple, j'aime bien regarder des vidéos de bébés Pokémons sur le net les jours où je suis malade et que j'ai besoin d'un peu de réconfort. Ça et les comédies musicales, mais c'est sans doute moins surprenant ça, pas vrai ? »
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Lui aussi peut poser des questions ? Ce serait dommage de laisser passer cette aubaine, alors. Même s'il aime bien découvrir le monde par les expériences partagées comme il a déjà pu connaître Cali avec les situations qu'ils ont eu ensemble, il ne dira pas non pour se prêter au jeu et peut-être soutirer des informations croustillants à la fameuse Cobalt. Combien de candidats ont eu affaire à ce questionnaire, toutefois ? Les soirées avec des prétendants qui se sont mal passées sont bien nombreuses par rapport aux bonnes choses dont elle se souvient. Qu'importe, il est quand même flatté rien que d'entendre qu'elle s'intéresse à lui. En fait, quand il y pense, il aurait moins de mal à assumer son attirance pour la blanche s'il pouvait parfaitement être honnête, mais il ne sent pas que ça puisse être le jour où il est prêt à lui dire qui il est vraiment. Rien ne pourra jamais être pareil une fois qu'elle saura la vérité, alors il doit être minutieux, ne pas tout faire à l'envers. Même si ses gestes, ses mots et ses émotions ont l'air d'aller dans un sens bien précis qu'il est dur de nier. Il est tout de même impressionné par la juste déduction de son amie quant à son mois de naissance. Du moins, elle est dans la bonne fourchette. Faut dire qu'on lui a souvent dit, ça, qu'il avait l'air d'être quelqu'un de né en été. Il est vrai que de l'énergie et de la passion, il en a à revendre. Par contre, la suite est assez intéressante. Il prend une gorgée de son café avant de sourire malicieusement et de répondre.
« Ça dépend, est-ce que t'embrasser compte comme un plaisir coupable ? Pas que ça me gêne, mais je ne peux pas vraiment le crier sur tous les toits. »
Blague à part, s'il souhaite répondre honnêtement car elle l'a été (même si en effet il n'y a rien de surprenant à ce qu'elle lui raconte), il ne parvient pas à vraiment trouver quoi dire, même en réfléchissant bien.
« Mais question difficile, en effet. Il n'y a pas vraiment grand chose qui me gêne en soit. Enfin ça tu as dû le remarquer. »
Plaisirs coupables, il ne connaît pas, aurait-il envie de dire. Ou alors il y en a mais ça ne lui vient pas à l'esprit sur l'instant. Il n'a pas de mal à avoir des plaisirs tout court, mais ce n'est jamais caché et il ne tente pas de le dissimuler.
« Tu as raison sur un point, néanmoins. Je suis du vingt août. Mais tu ne manques pas non plus d'énergie et de passion non plus quand tu veux, et pourtant je crois me souvenir que tu es de janvier. Adonis m'en avait déjà parlé. »
Les relations compliquées entre membres d'une même famille n'empêche pas ces derniers de penser les uns aux autres. Il a toujours su que son colocataire n'était pas indifférent durant certaines périodes ou à certaines dates. A mon tour ? A mon tour.
« Moi je veux en savoir plus sur les candidats qui ont réussi à t'intéresser, puisque je crois comprendre que ce ne sont pas des Pokémon si rares que ça, toute compte fait. Même si je devine que je dois être le plus attrayant d'entre tous. »
Et il peut se brosser l'ego vu l'effet qu'il lui fait, mais il n'y a pas de quoi être fier non plus, surtout quand il a encore des choses qu'il cache à la blanche. Il est cependant curieux de savoir certains secrets.
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Ah mais le salaud ! J'ai presque recraché ma gorgée et j'ai les joues cramoisies là. C'est drôle parce que j'étais moins gênée il y a genre quinze minutes lorsque je l'ai embrassé que je ne le suis maintenant. Mais c'est sa façon de le dire, tout fier et satisfait, sans la moindre gêne ou hésitation. Je grommelle ma réponse, bien contente malgré tout qu'il ait choisit ça plutôt que n'importe quoi d'autre.
« Accordé. »
Ça compte, c'est bon. Lui est beaucoup plus difficile à gêner que moi, comme il le fait si bien remarquer. Mais ça fait partie de son charme cette confiance presque arrogante par moment, cette façon qu'il semble avoir de s'apprécier beaucoup et d'être confiant en ses choix et ses préférences. J'ai un peu de ça aussi, bien sûr, mais de mon côté disons que c'est plus facile de passer au travers en grattant juste un peu. Pour lui, toutefois, ça a l'air de juste être authentiquement le genre d'individu qu'il est. Je découvre d'ailleurs que mon hypothèse était juste pour ma plus grande satisfaction. Et moi, suis-je bel et bien de janvier ?
« Exact, je suis née le 8. »
Maintenant que mes propres interrogations assez légères ont trouvé leurs réponses, c'est à son tour de passer à l'assaut. Il n'y va pas de main morte d'ailleurs, s'attaquant directement à un sujet qui me gêne un brin. J'aimerais bien pouvoir lui mentir, prétendre que je suis une femme pleine d'expérience comme lui et que rien ne m'intimide, que je sais ce que je veux et que j'ai déjà vécu mille et une choses. Inutile de tenter le bluff néanmoins, il verrait immédiatement au travers, sans compter que le but de l'exercice c'est justement d'apprendre à se connaître de préférence sans mentir.
« Le plus sérieux que j'ai eu je devais avoir... douze ans ? Peut-être treize ? J'étais totalement sous le charme et on passait les récréations à se cacher dans un coin pour se faire des bisous. Disons que ça s'est abruptement terminé quand Nyxon en a entendu parler. Le pauvre gamin a eu si peur qu'il n'a plus jamais osé m'adresser la parole. J'ai eu le coeur brisé, je crois bien que j'ai mis deux semaines avant de reparler à Nyx. »
Sur le coup j'étais incroyablement fâchée, en plus d'être inconsolable. À l'époque j'avais vraiment cru que mon aîné venait de me séparer à jamais de mon âme soeur, bien sûr. Aujourd'hui toutefois j'en parle avec un sourire nostalgique, me moquant doucement de mes croyances d'autrefois.
« Après ça c'est devenu plus compliqué. J'ai eu ma petite désillusion dans l'adolescence quand j'ai enfin compris que les garçons de cet âge n'avaient pas vraiment la romance en tête et j'ai décidé de me concentrer sur mes études à la place. Ça ne fait pas incroyablement longtemps que j'ai commencé à faire des dates pour trouver quelqu'un à dire vrai, peut-être quelques mois. Ce n'est pas les prétendants qui manquent, mais voilà je suis généralement assaillie de quantité plus que de qualité. Tout ceci étant dit... Je n'ai jamais eu de vraie relation sérieuse sur le long terme. Et puis je n'ai pas... En tout cas. »
Je fais passer cette gêne là en détournant les yeux et en prenant une gorgée de café qui me brûle le bout de la langue. Super. Je dois vite trouver une nouvelle question histoire que les projecteurs ne soient plus sur moi. Ce qui me fait penser... et lui alors ? Il a dit ne pas s'être senti comme ça depuis longtemps alors ça sous-entend que ça lui est déjà arrivé, pas vrai ?
« Et toi alors ? Des relations sérieuses ? Tu sais qu'à une époque j'étais convaincue que t'étais le petit copain de Donis ? J'étais trop jalouse, j'aurais aimé pouvoir passer plus de temps avec lui, mais t'étais tout le temps là c'était tellement frustrant. »
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