Poste de police de Borao, Mi-Novembre 2022 Après la descente dans la vieille usine, avant l’accident de Luciano. Quelques jours après le RP "Diable en Cage"
Les appels d’Allanon Horatio n’étaient jamais anodins. De tous les contacts de Luciano Viridis, le capitaine de Borao faisait partie de ceux à disposer d’une priorité indiscutable, surpassant de loin bon nombre de gens qui, sans doute à tort, s’étaient crus suffisamment importants pour jouir de ce statut qui, de toute évidence, ne leur était pas accordé. Au-delà du lien particulier qui les unissait désormais – s’entendre pour doubler le gouvernement n’était évidemment pas sans conséquence – Horatio faisait partie de ces hommes en mesure de le surprendre et aujourd’hui comme beaucoup d’autres, le capitaine de Borao avait été à la hauteur de ses habitudes.
Cali Cobalt avait demandé à voir Liam King, le chef de la Team Zekrom.
Avisé, Horatio avait su reconnaître la fille Cobalt, évidemment. Comment passer à côté ? Au même titre que l’intendant de Borao, la cadette Cobalt ne pouvait passer inaperçue, quand bien même y mettait-elle toute son énergie et son imagination. Conscient de la singularité de cette requête qu’elle avait fait avec la plus grande discrétion – Horatio était presque passé à côté ! – prenant en main l’affaire, l’homme avait eu l’intelligence de jouer le jeu, avait mener la jeune femme dans une pièce à part, lui avait promis d’accéder à sa demande … pour mieux prévenir son comparse Viridis qui, à n’en pas douter, promettait de trouver la situation intéressante, instructive à sa manière. Luciano, évidemment, s’était empressé d’affirmer qu’il arrivait et Horatio avait fait confiance au Kadabra de Kerack, son majordome, pour lui faire tenir parole.
Lorsque l’intendant était arrivé au poste de police de Borao où il n’était désormais plus tout à fait un étranger – ses allers et venues n’étaient un secret pour personne – Horatio n’avait pas manqué de lui résumer en détail cette situation ô combien particulière. Sans se justifier ni donner la moindre explication, Cali Cobalt avait réclamé une visite auprès de Liam King, le joyau de la couronne que représentait la liste de ceux qu’ils avaient capturé lors de leur descente dans la vieille usine, soulevant par se fait un nombre incalculable de questionnements auxquels l’imagination de Luciano, déjà, tentait de répondre.
Pourquoi Cali Cobalt était-elle là ?
Désormais, Luciano n’était plus sans connaître l’implication du gouvernement au sein du monde Underground. La fille était-elle là pour le compte de Caldwell ? L’intendant de Borao n’aurait pas été surpris de voir la Chancelière tenter d’entrer en contact avec le chef de la Team Zekrom par l’intermédiaire de la fille de Lilith Cobalt, dont l’innocence et la neutralité politique était encore à déterminer. Toutes les cartes étaient bonnes à prendre, non ? Son jugement obscurcis par les doutes qu’il avait encore concernant Liam King, Luciano Viridis n’écartait aucune éventualité et la discrétion dont avait voulu se parer Cali n’arrangeait en rien les choses, apportait de l’eau au moulin de sa suspicion.
Evidemment, Luciano perçut la surprise de Cali lorsque, sans s’annoncer, l’homme pénétra dans la pièce dans laquelle Horatio avait fait attendre la fille tout ce temps. Loin des salles d’interrogatoire dont disposait pourtant le poste, l’endroit n’avait cependant rien de chaleureux ; neutre à bien des égards, seuls quelques chaises et tables étaient disposés là, en ilots isolés. Les plus avertis savaient que s’était là qu’avaient lieux les rares visites accordées à certains prisonniers, ceux que la justice considérait arbitrairement suffisamment inoffensifs pour jouir de rencontres en dehors du parloir. Avec application, l’intendant de Borao prit soin de refermer derrière lui la porte, qu’on entendit se verrouiller de l’autre côté. Seul – pas même accompagné de Gare à Toi – de loin Luciano scruta un instant la blanche, avant de prendre enfin la parole. Pour une raison qui lui échappait, déjà, l’homme percevait la rancœur qui bouillonnait en elle … lui en voulait-elle d’avoir mis à mal la monotonie toxique que Caldwell et sa mère avaient si longtemps entretenu ? L’avenir promettait de lui donner réponse.
« – Vous êtes loin de chez vous, Cali Cobalt » déclara l’intendant en guise d’introduction. L’homme fit une courte pause, avant de finalement briser le suspens qui les enserrait « Laissez-moi être franc avec vous, Cali : si vous venez pour le compte de votre mère, vous pouvez faire demi-tour. Je ne vous laisserait pas voir le chef des Zekrom » assura le puîné.
Luciano tournait rarement autour du pot et aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle. Si le puîné avait jusqu’à présent su se montrer prudent à l’égard de la cadette des Cobalt, les récents évènements l’avaient rendu plus vindicatif, moins nébuleux quant à ses desseins. A quoi bon ? Luciano savait bien que son action à l’encontre de la vieille usine était venu trahir ses objectifs, des objectifs drastiquement différents de ceux du camp Caldwell ; un camp, que Luciano attribuait à Cali.
Le Chef de la Team Zekrom a été arrêté. Et puis quoi encore, c'est quoi ces conneries ? Ils ont le mauvais gars, c'est certain. Ils ont dû se tromper, faire porter le chapeau à un innocent ou que sais-je encore. Certes, une descente de ce genre ce ne sera probablement pas bon pour leurs affaires, mais ça ne veut rien dire. Ça ne veut pas dire qu'ils l'ont arrêté lui. Telles étaient les pensées qui m'avaient d'abord traversées lorsque la nouvelle était tombée. Pour mon plus grand malheur, néanmoins, mes supplications silencieuses avaient été en vain. Liam King était derrière les barreaux.
Dès que la nouvelle avait fait son bout de chemin dans ma petite tête blanche, je m'étais mise en action. Je devais le protéger, peu importe comment. Retrouver ses Pokémons, lui trouver un avocat, dissimuler toutes les preuves sur lesquelles je pourrais mettre la main. Ce n'était pas un comportement digne d'une Cobalt. J'aurais dû me concentrer sur autre chose. Effacer toutes les traces du temps que nous avions passé ensemble et plutôt me concentrer sur ma réputation. J'aurais dû penser à sauvegarder notre nom et mon honneur par la même occasion. Simplement prendre exemple sur ma mère, mettre mes sentiments de côté et poursuivre ma route. Sauf que, finalement, je n'étais peut-être pas si identique à elle que ce que certains se plaisaient à croire. Preuve étant que, lorsque j'eu terminé de faire ce qui était à ma portée, j'avais enfilé un déguisement et avais acheté le premier billet d'autocar disponible à direction de Borao, là où Liam était emprisonné. Ma longue natte blanche dissimulée dans ma casquette, un hoodie oversized dans lequel j'enfoui mes mains et, pour seule compagnie, le souvenir encore récent de ma découverte du monde souterrain. J'étais, de nouveau, le petit Pachirisu. Sur le chemin j'ouvris mon téléphone, regardai mon fond d'écran avec le coeur gros. La photo que j'avais prise dans la grande roue. Non, c'était dangereux. Quelques boutons pressés plus tard, nos visages souriants avaient été remplacés par une vieille photo de Lucifer, alors qu'il n'était encore qu'un chaton. Quelle merde.
Une fois sur place, dans cette fichue ville pleine de feuilles et de Viridis, je n'attendis pas pour faire mon chemin jusqu'au poste de police. Dans ma précipitation je n'avais même pas prévu de billet pour le retour. Je n'avais pas trouvé de chambre où passer la nuit. Vraiment, rien de cela ne me ressemblait. En même temps rien n'avait pu me préparer à de telles circonstances et ce même si j'avais justement été celle qui avait mis en garde Liam. Je savais que ça allait finir par arriver, mais si tôt ?! Je déglutis, ravalant mes sentiments, mes inquiétudes et tout ce qui venait avec. Je voulais juste le visiter. Juste voir son visage pour m'assurer qu'il allait bien. Qu'importe si ça devait se faire de l'autre côté d'une vitre, tant que je pouvais lui parler, entendre sa voix. Inutile de dire que j'eu l'impression de mourir un peu, lorsqu'on me demanda de patienter. Il ne servait toutefois à rien de faire la difficile. Pire encore : ils pourraient refuser de me laisser le voir. Alors je me fis docile, accepta d'attendre dans la pièce qui me fut désignée, toute seule.
Je m'installai sur une chaise et, avant longtemps, avais remonté mes jambes pour mieux les enlacer. Je devais avoir l'air d'une ado en fuite qui attendait avec appréhension que ses parents viennent la chercher. Peut-être aurait-il été une meilleure idée de jouer de mon nom de famille pour leur forcer la main ? Non, ça aurait été encore plus risqué et la dernière chose dont j'avais besoin était de m'attirer des ennuis. Si tout cela remontait aux oreilles de ma mère alors elle ne me laisserait jamais la latitude requise pour aider Liam à sortir d'ici. Juste un peu plus longtemps, je devais juste attendre un peu plus longtemps... Mais qu'est-ce qu'ils foutaient ? Qu'est-ce qu'ils étaient en train de faire à Liam qui justifie de me faire attendre aussi longtemps ? Dans mon inquiétude et ma souffrance, je n'envisageai même pas que mon attente avait plus à voir avec qui j'étais qu'avec les circonstances de celui que j'étais venue visiter.
Lorsque j'entendis la porte s'ouvrir, tout mon corps se mut tel un ressort alors que, vive comme l'éclair, je me retrouvais sur mes pieds. J'étais prête à écouter, prête à suivre toutes les instructions qui me seraient données pour peu que l'on me guide jusqu'au King. Sauf que ça n'allait pas être aussi facile. Mon visage de porcelaine se fit plus pâle encore qu'à l'habitude alors que mes yeux s'agrandirent. Luciano Viridis ?! Qu'est-ce qu'il venait faire là ?! Non, question idiote. N'était-il pas celui qui, selon les informations, avait justement été à la tête de cette opération ? Mon regard se glaça, ma rancoeur trop forte pour être maintenue derrière mes masques habituels. S'il n'avait pas été aussi grand je me serais ruée sur lui pour le gifler. Était-il trop tard pour utiliser une chaise histoire d'atteindre cette fichue face de lévrier ? Peut-être que, si je lui frappais le tibia pour commencer alors il se pencherait assez pour être à ma portée ? Une idée prometteuse, pour peu que d'agir ainsi ne mette pas en risque ma capacité à rencontrer Liam. Et puisqu'il était question de lui... Si vous venez pour le compte de votre mère... Je vais démanteler sa foutue Raikar et la lui faire avaler un morceau à la fois. Lorsque je pris la parole, mon ton était si méprisant que je cru moi-même que j'allais lui cracher dessus. Peut-être que je l'aurais fait, s'il avait été moins grand.
« Liam. King. Et vous n'avez jamais entendu parler du concept d'innocent jusqu'à preuve du contraire ?! Il a droit à des visites et à un avocat, sauf si vous préférez que je m'arrange pour vous coller un procès pour violation de ses droits ?! »
Et il avait intérêt à faire attention à sa réponse parce que, à défaut d'utiliser une chaise pour me grandir et lui en coller une, je n'étais pas encore totalement fermée à l'idée de simplement lui lancer un siège en pleine tête de toutes mes forces.
Luciano devait le reconnaître : Cali Cobalt avait fait preuve d’imagination pour tenter de dissimuler son identité. Si l’homme l’avait croisé dans la rue, sans doute n’aurait-il pas été en mesure de reconnaître la gamine tant son accoutrement se trouvait drastiquement différent de ce qu’on lui connaissait. Horatio avait eu l’œil de la reconnaître et l’intendant ne pouvait que lui tirer son chapeau pour cet exploit qu’il avait été, semblait-il, le seul à pouvoir réaliser.
Le reprenant concernant l’identité exacte de son prisonnier, les paroles de la cadette des Cobalt attirèrent immanquablement l’attention de l’intendant. Cali semblait en savoir assez concernant le chef des Zekrom pour connaître son nom et son prénom et son désir de défendre son innocence balaya un instant les suppositions que l’homme s’était fait concernant sa présence. Pourquoi défendre ses droits et son droit d’innocence ? Souhaitait-elle le voir libre ? Quel genre de plan Caldwell et Lilith Cobalt avaient-elles en tête, pour jouer ainsi ce genre de cartes ? Dubitatif, la volonté de Cali de tenter le tout pour le tout – vraiment, Liam King était indéfendable – conforta Luciano concernant l’importance de l’homme qu’il avait entre ses murs.
« — Monsieur King ? Innocent ? » déclara Luciano, trop peu convaincu « Il se trouvait dans la vieille usine lors de la descente de la Guarda. Il a résisté bec et oncles aux hommes du capitaine Horatio, a fait usage de la force à l’encontre des représentants de l’autorité, et avait en sa possession deux pokémons, mais aucun Pass pour attester de la légalité de leur détention » raconta l’intendant « J’ai suffisamment pour faire emprisonner Liam King le restant de sa vie alors, épargnez-moi la présomption d’innocence » résuma-t-il.
C’était peu de le dire : la liste des méfaits dont était accusé Liam King était longue comme un jour sans fin. La tentative de Cali de faire fi du contraire était désespéré et si la gamine avait effectivement raison – King avait bel et bien des droits – Luciano avait l’esprit serein et la conscience tranquille, lui qui connaissait pour l’heure mieux qu’elle les tenant et les aboutissants de toute cette histoire : si Liam King avait deux sous de jugeote, sa liberté était à portée de mains. Cali l’ignorait, mais Luciano lui le savait, rendant futile toute tentative d’insinuer en lui des quelconques remords.
« — Monsieur King à ses droits, certes, mais vous n’êtes pas à Sercena » fit remarquer l’intendant « Ici, vous pourrez toujours crier au scandale, Cali, si je décide qu’on ne vous entend pas, on ne vous entendra pas » assura le puîné « Sans compter que je doute que votre mère soutienne ce genre d’action » Sa fille, s’impliquer publiquement pour défendre un hors-la-loi ? Impossible « Vous iriez à son encontre, juste pour voir cet homme ? » lui demanda le blond.
Cali prendrait-elle vraiment ce risque ? Luciano en doutait, pourtant, la lueur qui brillait dans le regard de Cali ne trompait personne. Déterminée, l’homme pressentait que la visite de la jeune femme était animée de motivations personnelles qui la rendait farouche. Pourquoi ? Quel genre d’information échappait encore à l’intendant ? Se rapprochant de la Cobalt qu’il dominait de plusieurs têtes, Luciano la darda de son regard d’acier.
Je devais le défendre d'une façon ou d'une autre et, ayant passé plus qu'assez de temps en compagnie de mon aîné, c'est vers l'arène légale que j'avais eu le réflexe de me tourner. La seule arène qui comptait à présent que Liam se trouvait derrière les barreaux, menottes aux poings. Sauf que, comme j'allais vite l'apprendre, les chances n'étaient pas du tout de notre côté. Oui, il se trouvait dans la vieille usine et c'était déjà pas mal illégal, mais ce n'est pas comme s'il se baladait avec un badge épinglé sur le torse qui disait : OUAIS BONJOUR C'EST MOI LE CHEF. Donc voilà, sur un malentendu allez, c'était peut-être juste un homme de main qui avait été arrêté. Quand même mauvais, mais déjà moins pire, pas vrai ? Et bon, l'usage de la force... Moi aussi je me serais défendue en voyant arriver ta sale tronche, Viridis. Ahem. C'est la suite, vraiment, qui faisait mal. Comme ça il avait en sa possession deux Pokémons pour lesquels il n'avait pas de pass ? Emily et Robin. Mais putain Liam, pourquoi tu ne leur as pas obtenu de vrai pass ? C'est bien le minimum syndical pour éviter les ennuis espèce de...
J’ai suffisamment pour faire emprisonner Liam King le restant de sa vie.
C'est du bluff, pas vrai ? Non, si j'avais écouté un instant au lieu d'être dans le déni alors j'aurais compris que non. J'aurais compris qu'il venait d'énumérer et ce dans le détail une bonne partie des choses qu'il avait à son encontre. Je déglutis, les mains moites et la tête en proie à des tournis. C'était un cauchemar, ce ne pouvait être que ça. Devant mon silence qui se prolongeait, Luciano Viridis reprit la parole sous un autre angle, délaissant un instant son prisonnier pour s'intéresser plutôt à moi. Oui, nous n'étions pas à Sercena et le grand blond était l'Intendant de Borao alors... Alors il avait raison. Malgré mon statut de petite princesse des Cobalt, au fond, qu'est-ce que je pouvais vraiment faire pour sauver Liam ? Et, surtout, est-ce que ma mère approuverait réellement ma présence ici ? De ce fait est-ce que j'irais vraiment à son encontre juste pour un criminel ? Question stupide, pas vrai ? J'étais là, à Borao. Est-ce que ça ne répondait pas déjà un peu à ce qu'il me demandait ?
Je ne fus pas intimidée lorsque le cerf se rapprocha de moi pour mieux me dominer de toute sa hauteur. Entre ça et la casquette que je m'étais vissée sur la tête et dont la palette était donc devant mon visage, il y avait des chances pour qu'il ne puisse pas voir mon expression faciale maintenant. Il me suffisait de garder la tête basse et, comme ça, il ne verrait pas que mes yeux étaient devenus humides. Peut-être que, si je cachais mes mains dans mes longues manches, il ne verrait pas non plus que je tremblais. Pourquoi Liam m'intéressait-il ? Une question à laquelle je ne pouvais pas répondre. Ça aurait été la fin. Ça aurait été admettre quelque chose de trop gros et ce à ce que je ne pouvais que considérer que comme un opposant politique. Même moi j'avais mes limites. Alors j'ai plutôt demandé la seule autre chose qui me venait à l'esprit. La seule autre façon que j'avais d'aider Liam malgré la gravité de la situation.
« Alors dites-moi au moins où sont ses Pokémons. Ils n'ont rien fait de mal sinon d'avoir eu la malchance d'être impliqués dans tout ça. Vous avez des Pokémons aussi, monsieur Viridis. Je suis certaine que vous ne voudriez pas que Gara paie injustement le prix de vos erreurs alors... Accordez-moi au moins ça. Emily et Robin ne méritent pas— »
Merde. Je me suis arrêtée dans ma lancée, me mordant l'intérieur de la joue aussi fort que je le pouvais. Connaître Liam par son nom était une chose, mais connaître le surnom de ses Pokémons ? Qu'est-ce qui était en train de m'arriver enfin ?! J’ai suffisamment pour faire emprisonner Liam King le restant de sa vie. Ah, ouais. C'est vrai. C'est ça qui était en train de m'arriver.
Emily et Robin. A la mention de ce qui s’apparentait être les noms des pokémons saisis, le cœur de Luciano s’arrêta le temps d’une poignée de secondes. Si rien au dehors ne vint trahir la prise de conscience qui venait de traverser l’intendant, le tumulte qui grondait désormais en lui n’en était pas moins présent, pas moins brutal. Cali Cobalt connaissait Liam King, suffisamment pour connaître le nom de ses pokémons.
Maintenant que l’idée l’avait traversé, tout concordait, tout prenait sens. Comment expliquer, sinon, l’absence total de colère que Luciano lui connaissait si bien ? En d’autres circonstances, la cadette Cobalt se serait empressée de chercher à lui donner tort, à contrecarrer ses paroles, à faire preuve de combativité. A la place, la jeune femme ne lui offrait qu’une sorte de … résignation ? qui ne lui ressemblait pas. L’intendant le savait, un seul sentiment était en mesure de dominer le feu de la fureur : le désespoir.
Cali Cobalt était-elle désespérée ?
A la lumière de cette éventualité, Luciano sentit soudainement ses traits s’adoucir. Comment en être certain ? Cali avait pris soin de dissimuler son visage derrière la casquette qui cachait ses traits, et ses mains avaient disparu dans ses manches ; sans un mot, l’intendant la détailla un instant, laissa le silence prendre possession de la pièce. Les secondes s’étirèrent encore et encore, jusqu’à ce que le puîné ne se décide finalement à lever une main vers elle pour attraper avec douceur la visière derrière laquelle elle avait fini par se cacher. Soulevant avec lenteur le couvre-chef, l’homme libéra la chevelure blanche jusqu’alors caché et se faisant, le visage de la jeune femme lui apparut enfin, humide de larmes.
Sans vraiment s’en rendre compte, Luciano soupira, finalement apaisé.
Ce qu’il avait pris pour une envoyée du diable n’était qu’une enfant en proie au chagrin. Ce qui unissait la cadette des Cobalt et le chef des Zekrom était encore flou dans l’esprit de l’intendant et si l’homme s’en faisait déjà une vague idée – ce qui était bien assez – l’aspect officieux ne lui avait pas échappé. Cali n’était-elle pas venue ici, à Borao, finalement dans le plus grand des secret ? Déjà, Luciano devinait toute l’ampleur de la situation dans laquelle la jeune fille se trouvait. Déposant la casquette sur la table la plus proche, l’intendant de Borao se décida enfin à briser le silence.
« — Asseyez-vous, Cali » lui intima-t-il avec douceur.
C’était là davantage une suggestion, mais la chaise que l’intendant dégagea de derrière une table laissa peu d’options à l’adolescente. Au point où elle en était, quel mal y avait-il à simplement faire ce qu’on lui disait ? S’asseyant à son tour sur le coin d’une table, le puîné se pencha en direction de la cadette et, joignant ses mains, le Viridis laissa ses bras prendre appuis sur ses jambes. Ainsi installé, l’intendant de Borao se trouvait plus abordable, moins grand aussi, moins intimidant.
« — J’ai besoin de savoir, Cali. J’ai besoin de savoir si je peux vous faire confiance » déclara le puîné.
L’homme s’arrêta un instant, hésita l’espace d’une poignée de secondes. Devait-il vraiment prendre le risque de faire le premier pas ? Une part de lui le voulait.
« — J’ai fait une proposition à Liam King et sa liberté dépendra du choix qu’il fera. Tout ne tient qu’à lui désormais » révéla-t-il alors après un long instant de silence. De nouveau, l’intendant fit une courte pause avant de poursuivre « Ses pokémons sont en sécurités ici, vous avez ma parole. Ils sont bien traités et resteront en notre possession jusqu’à ce que je le décide. A terme, ils seront proposés à l’adoption » expliqua-t-il.
Une idée lui traversa soudainement l’esprit. Luciano le savait : Liam King ne serait jamais en mesure de recouvrer ses pokémons. Légalement, Emily et Robin ne lui appartenaient pas et le chef des Zekrom n’avait aucun droit dessus … mais d’autres pouvaient acquérir ce droit, quelqu’un d’autre en particulier. Le destin des pokémons de l’homme avait été jusqu’à présent un problème et inespérée, la solution se trouvait désormais là, devant lui.
« — Les refuges de Borao sont pleins. Peut-être serai-je obligé de les envoyer dans une ville voisine, à Sercena par exemple. Je connais un refuge là-bas, où les pokémons ne sont pas trop mal traités » déclara Luciano.
Malgré la situation, Luciano faisait confiance à l’intelligence de Cali pour comprendre ce qu’il lui disait. En dévoilant ainsi ses projets, l’intendant de Borao montrait patte blanche, tentait de prouver à la Cobalt qu’il n’était peut-être pas ce qu’elle s’imaginait. Pourquoi ? Quelque chose en lui était sensible à sa situation et à tout ce qui en découlait. Luciano avait toujours aidé lorsqu’il le pouvait et s’il en récoltait rarement les lauriers, au moins dormait-il la conscience tranquille. S’il pouvait par ses actions rendre les gens un peu moins malheureux, Luciano s’échinait volontiers à la tâche … ses propres malheurs et déceptions ne le rendait pas amer, bien au contraire.
« — Je ne suis pas un ennemi, Cali » résuma finalement l’intendant.
Quittant sa position, l’homme se redressa un peu, scruta la jeune fille de son regard d'acier, cristallin
J'avais merdé. J'en avais trop dit et j'en étais consciente. Je venais de me vendre toute seule, le coeur trop chamboulé pour faire preuve de la prudence nécessaire dans un échange de cette importance. Alors j'attendis son verdict. Sa réplique mordante, sans doute. Et, à la place, il se permit plutôt d'arracher mon couvre-chef de sa place et de faire dégringoler dans mon dos ma longue queue de cheval immaculée. Réaction immédiate.
« Hey c'est à moi !! »
Mais c'est futile de tenter de la récupérer. Je crois bien que Luciano est encore plus grand que Liam alors c'est dire. Surtout que, vu que j'ai relevé la tête pour m'indigner, il ne peut pas avoir manqué mes larmes à présent. Donc je me renfrogne, me détourne et m'empresse de m'essuyer les joues avec mes longues manches, trop fière pour lui laisser le loisir d'observer toute la peine qu'il a causé en moi. Remarque peut-être que je suis simplement de mauvaise foi puisque, plutôt que d'enfoncer le couteau dans la plaie, le blond semble au contraire s'adoucir en me proposant de m'asseoir. Je n'ai pas envie de faire ce qu'il me dicte, évidemment. Déjà que je suis sortie sans mes habituels talons hauts pour éviter d'être trop facilement reconnue alors je ne vais pas en plus me rapetisser volontairement comme ça. Oui, j'allais rester debout, maintenue sur mes jambes par toute la force de la fierté blessée qu'il me restait.
Lorsqu'il reprit la parole, lui-même appuyé contre une table, je l'écoutai sans le regarder. Comme ça il voulait savoir s'il pouvait me faire confiance ? Une question qui, franchement, ne voulait rien dire. Me faire confiance à quel sujet ? Et pour accomplir quoi ? Parce que, comme il ne tarderait pas à le comprendre s'il y avait un cerveau sous cette longue chevelure de lévrier afghan, Liam était le seul dans tout ce merdier à avoir ma loyauté totale. Et encore. Pourrais-je m'y tenir jusqu'au bout ? L'intendant n'avait pas eu tort en évoquant ma mère et cela m'inquiétait plus que je ne voulais me l'admettre. Ainsi, lorsque Luciano commença à parler d'une offre qu'il avait faite à Liam et donc, par conséquent, d'un échappatoire à toute cette merde, je relevai enfin mon regard hivernal en sa direction.
Puis, le contrepoids : les Pokémons de Liam. Le Viridis avait clairement dit les choses : leur sort dépendait de lui et, le reste, j'avais assez de jugeote pour le comprendre moi-même. Il était en train de marchander, pas vrai ? Si j'étais de son côté, si je l'aidais à convaincre Liam d'accepter cette fameuse offre dont j'ignorais tous les détails, alors Emily et Robin pourraient se retrouver à Sercena, dans le refuge de Madame Da Rocha et, ultimement, entre mes mains. Du donnant-donnant en somme. Une offre qui se tenait et qui nous permettrait à tous deux d'avoir ce que nous voulions. Il n'y avait qu'un hic : je n'avais aucune idée de ce qu'il avait proposé à Liam. Comment pourrais-je donc, dans ces circonstances, accepter quoi que ce soit ? Mais est-ce que ça pouvait vraiment être pire que de passer le reste de ses jours en prison ? Sauf si Luciano bluffait. Impossible à dire vu que je n'avais pas connaissance du dossier qu'ils avaient monté contre Liam même si, de ce qu'avait énuméré plus tôt le blond... Je manquais d'informations et c'était là le coeur du problème. Devrait-il quand même rester sous les barreaux un certain temps ? Devrait-il partir au loin sous un programme de protection ou quelque chose du genre ? Est-ce que, s'il acceptait à cette offre mystère, j'allais pouvoir être avec lui ?
Et puis quoi encore. Il avait été arrêté. Les journalistes allaient faire leur travail et ce ne serait plus qu'une question de temps avant que l'Iniciativa ne proclame hautement et fièrement que la fille Cobalt avait été aperçue avec le présumé Chef de la Team Zekrom. Je me mordis l'intérieur de la joue, détournant les yeux. Je me sentais étouffer, mon souffle devenant plus difficile alors que ma gorge se contractait. Parler, répondre à Luciano, c'était difficile. Mais il le fallait.
« Je ne suis du côté de personne, Luciano... Je suis juste... »
Ma voix s'est brisée, mon coeur a chaviré et, enfin, je me suis mise à pleurer pour de bon. À sangloter, à éclater comme la jeune femme fragile que j'étais vraiment. Je ne pouvais plus nier la vérité. Il était beaucoup trop tard pour ça. Nous en étions arrivés beaucoup trop loin. Mais il me fallait rester digne, pas vrai ? Il me fallait redresser l'échine, ravaler mes pleurs et respirer profondément. Je pouvais le faire. Je pouvais le dire. Même si ça risquait de me tuer.
Cali se refusa à s’assoir, évidemment, et puisque l’intendant de Borao avait depuis longtemps appris à choisir ses batailles, l’homme ne s’en courrouça pas, n’insista pas. A quoi bon ? Plus que jamais, la vulnérabilité de la jeune femme s’imposait à lui et l’heure n’était pas aux détails et insistances futiles ; loin d’être opportuniste et d’en profiter pour achever celle qui naturellement était son ennemie – la fille favorite de Lilith Cobalt ne pouvait être qu’une ennemie, n’est-ce pas ? – l’intendant se montra à la place affable, animé d’un semblant de bienveillance. Lorsque la voix de Cali se brisa finalement et que de franches larmes se mirent à rouler sur ses joues, Luciano accueillit sa détresse d’une impassibilité respectueuse, froide d’apparence mais qui, pourtant, se voulait apaisante. Inébranlable roc au cœur de la tempête, Luciano laissa les émotions de la cadette la submerger un moment ; silencieux spectateur, loin de s’en délecter l’homme lui accorda cet instant.
Bientôt, la fierté des Cobalts reprit possession de la scène et la jeune femme tacha de ravaler ses larmes, de reprendre contenance. Luciano repensa alors aux paroles énoncées quelques instants plus tôt par la blanche … Cali n’avait pas de camp, n’était du côté de personne. Vraiment ? La fille de Lilith Cobalt avait-elle cette naïveté ? Non, la neutralité n’était pas pour les gens comme eux.
« — Un jour, Cali, il le faudra pourtant » déclara l’intendant, qui ne devinait que trop bien les épreuves qui les attendaient « Et ce jour arrive plus vite que vous ne le pensez » ajouta-t-il.
A la lumière des révélations qu’Adonis lui avait faites au cours du Dia de los Muertos, Luciano ne le savait que trop bien. La tempête qui se préparait n’épargnerait personne et encore moins les Cobalt, qui avaient jusqu’à présent su cacher des vérités qui ne manqueraient pas d’en faire bondir plus d’un. L’heure, cependant, n’était pas aux jeux politiques et charger la jeune Cobalt de ce fardeau aujourd’hui ne faisait pas partie de ses volontés. Luciano le savait, Cali avait bien d’autres choses auxquelles penser et rien n’était en mesure de la détourner du malheur qui s’était abattu sur elle, et qui avait fait naître en elle un défaitisme qui éveilla en Luciano cette part de lui prévenante. Tout n’était pas encore perdu et contrairement à Cali l’intendant le savait, l’espérait.
« — Liam King est arrogant et orgueilleux, mais il n’est pas idiot » assura le puîné. Cali Cobalt le savait sans doute bien mieux que lui « Les choix qui s’offrent à vous vous appartiennent, à tous les deux. Peut-être serez-vous en mesure de le convaincre de faire le bon choix, une part de moi l’espère » déclara l’intendant « Une autre sait aussi ce qu’il en coûte d’aimer contre vent et marrée. Si vous choisissez de renoncer, je le comprendrai » poursuivit le puîné « Il y a une sagesse à lâcher prise là où d’autres persistent »
Ce choix là n’appartenait qu’à elle. Tout cela valait-il le coup ? Liam King valait-il qu’on risque tout pour lui, tous ces dangers, tous ces risques en valaient-ils la peine ? Cali Cobalt était seule juge de cette situation dont la complexité n’échappait pas au puîné. Abandonner Liam à son sort faisait-il de Cali une mauvaise personne ? Non, et Luciano était en mesure de le comprendre parfaitement. Le pessimisme de Cali trouvait-il sa source dans un choix, ou bien dans la résignation ? L’homme n’en savait rien.
« — Si vous l’aimez autant que je le devine, Cali, sachez ceci : votre vie sans lui sera plus facile, mais incomplète. Le vide s’estompe avec le temps, mais il ne disparait jamais » annonça l’intendant « Liam a un choix à faire, mais vous aussi. Ce choix-là, ne laissez personne le faire à votre place. Personne »
Pas même lui. Luciano ne lui demandait pas d’agir en sa faveur, non : Cali était libre de tenter ou non de sauver ce que Liam et elle était. Elle était libre de choisir si elle souhaitait continuer ou pas, de se battre ou au contraire d’abandonner, mais les mots de Luciano Viridis avaient été prononcés en tout état de cause. L’écho qui y résidait – et qui sans doute échappait à la cadette – trouvait son origine dans sa propre expérience, une expérience encore fraiche dans son esprit malgré les mois écoulés. Isidora Terren avait laissé un vide qui ne s’était jamais comblé.
Laissant la jeune femme en proie à ses mots, Luciano quitta finalement la pièce, abandonnant la Cobalt à ses pensées. Un policier débloqua la porte lorsque l’intendant y frappa et la reverrouillant à sa sortie, Horatio s’approcha du puîné, en quête de nouvelles.
« — Alors ? » lui demanda-t-il.
Récupérant les quelques affaires que son majordome Kerack lui tendait déjà, Luciano ne fit pas patienter l’homme plus longtemps.
« — Faites-le venir » répondit l’intendant « Couvrez-lui la tête pour que personne ne le voit entrer ici, et ne lui dites pas ce qui l’attend. Faites-vous accompagner d’un Hariyama, qu’il ne s’imagine pas pouvoir s’échapper » poursuivit-il « Lorsqu’ils auront terminé, faites raccompagner la fille dans une voiture de civil jusqu’à Sercena. Soyez discret, personne ne doit pouvoir faire le rapprochement »
D’un signe de tête Horatio acquiesça et tandis que déjà l’homme s’éloignait, pour la première fois Luciano prit le temps de considérer la valeur de ce qu’il venait d’apprendre, de deviner. Cali Cobalt, entichée de Liam King, le Chef des Zekrom ? Cette relation était-elle intéressée – King se servait-elle d’elle ? – ou bien l’amour leur était-il tombé dessus comme la foudre sur la plaine ? Fantôme dans sa mémoire, Luciano ne put s’empêcher d’avoir une pensée pour Isidora et le rôle qu’elle avait tenu dans les bas-fonds de Pavlica. A quel destin devaient-ils cette étrange accointance, eux dont le cœur s’était épris de ceux-là même qu’ils avaient juré de combattre ? Luciano ne pouvait s’empêcher de se le demander.
J'ignore s'il n'a pas compris mon sous-entendu ou si, au contraire, il l'avait saisi et pourtant choisi de faire comme si de rien n'était. La réponse la plus simple étant généralement la bonne... Luciano ne faisait probablement que ce qui était dans son intérêt personnel, arguant qu'il me faudrait vite choisir un camp et, un peu plus tard, revenant à la charge de ce même angle d'empathie qu'il avait tenté d'user sur moi lors de notre dernière rencontre à Sercena. Encore une fois il voulait m'inciter à convaincre Liam pour lui d'une affaire dont j'ignorais tous les détails, ça me rendait malade. Juste pour ça j'avait envie de faire le contraire et de dire à Liam de l'envoyer se faire... Ahem. Si la situation avait été un peu moins dramatique je l'aurais fait, mais là il y avait trop en jeu et ce même pour mes petits scénarios mentaux. Tout de même, j'en avais marre de l'entendre me faire la morale, de me décrire comment ma vie serait si incomplète sans Liam ! Se croyait-il vraiment gentil à me dire ces choses ou était-ce simplement encore des mots prononcés dans l'idée de me pousser à céder à mon émotivité ? Malheureusement pour lui ça avait tout l'effet inverse et, reniflant quelques fois, j'eu plus de facilité à me retrouver une contenance méprisante malgré moi.
Une part de moi a envie de faire preuve de bonne foi et de simplement me montrer déçue. Oui, c'est bien le mot. De tous les individus de Cinza, j'aurais crû qu'un autre membre de grande famille aurait comprit les obligations qui nous incombaient de faire honneur à nos noms respectifs. Lui aurait dû savoir que je ne l'avais justement pas, ce choix. Il suffirait d'un paparazzi mal placé, ou bien selon qui en parlait, et un cliché serait prit. De là les rumeurs prendraient, s'amuseraient à pointer du doigt la famille Cobalt en disant que même leur illustre fille qui montrait toujours patte blanche et participait à des galas de charité trempait dans l'illégalité. Notre implication dans les affaires des Zekrom seraient alors sur toutes les lèvres alors que, pourtant, ça avait été une affaire purement personnelle. Mais ça les gens ne le sauraient pas et leur foi en nous, en moi en tant que figure publique, serait assassinée pour être remplacée par la rancoeur et, surtout, par un bien triste sentiment : si elle se permet de faire la fière tout en trempant dans l'illégalité alors pourquoi nous on ne pourrait pas fréquenter les mêmes sphères ?
Non, Luciano Viridis ne pouvait pas être con à ce point. Je savais bien qu'il était un tendre suite à cette affaire d'oiseau dont il avait préféré prioriser la sécurité, le faisant passer devant les affaires du gouvernement et par extension du peuple, mais ce devait être calculé, pas vrai ? Encore maintenant lui ne devait rien en avoir à faire de mon bien-être et de celui de ma famille, il ne pensait qu'à ses propres plans. Si je cédais et que je jouais son jeu alors il aurait une alliée de taille pour convaincre Liam et, peut-être, il aurait la chance de me voir me vautrer dans les journaux et pourrait ainsi salir drastiquement l'image de ce qu'il devait considérer comme de simples rivaux politiques. C'était pour moi la seule explication possible. Alors, plutôt que de jouer cartes sur table, je choisis de rester neutre et de ne rien lui donner de plus. Qu'il se demande jusqu'au dernier moment si j'allais l'aider ou pas, ça le tiendrait occupé.
« Merci pour vos conseils. Est-ce que je peux le voir maintenant ? »
Je le suivis des yeux alors qu'il se dirigea vers la porte, laissant mes nombreuses pensées à leur place. Tout ce qui m'importait maintenant était de voir Liam et de m'assurer qu'il aille bien et qu'il ait été bien traité. Certes mon influence était limitée et je ne pourrais pas faire grand chose dans le cas inverse, mais j'avais quand même besoin de savoir et, surtout, j'avais besoin de le voir ici. J'avais besoin d'être confrontée à la réalité et de savoir, sans doute possible, qu'il n'y avait pas eu erreur sur la personne. Autrement ça ne ferait pas son bout de chemin dans ma tête et je resterais dans le déni à espérer qu'il y ait eu une erreur et qu'il soit toujours à un coup de téléphone de revenir me voir avec une guitare, tard le soir sous mon balcon.
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