L’humidité, l’odeur d’humus, le soleil qui réchauffe la peau de ses bras nus. Lorena se souvient parfaitement de cette enfance à Borao, proche de cette épaisse jungle dans laquelle elle semblait mener une seconde vie. Enfant sauvage qui passe son temps à grimper aux arbres, sauter de liane en liane et à observer. Quoi ? Les plantes, les fleurs et les pokemons qui vivent en parfaite harmonie dans ses lieux. Si elle y était plus à l’aise que la plupart des gens ce n’était pas pour rien. C’est son père qui lui a tout appris. Francisco Flores, le grand parfumeur de Borao. La boutique familiale est bien plus ancienne, c’est l’arrière grand-père de Lorena qui en est le fondateur. Institution d’un siècle d’existence qui ne laisse aucun doute sur l’avenir réservé à la “petite sauvage” de la jungle de Borao.

Francisco lui a tout appris. Le nom des plantes, leurs vertus, leur odeur. Elle peut encore aujourd’hui citer chacune d’entre elles, les redessiner à la perfection dans son esprit. C’est un savoir qui c’est transmis de génération en génération et qu’elle est parvenue à faire fructifier avec des études dans le même domaine.

Adolescente studieuse, Lorena quitte ses habits de sauvageonne pour se mêler à la modernité de la ville. Short et débardeur sont troqués contre des kimonos plus civilisés. Les carnets de croquis deviennent livres de cours et rapidement Lorena enchaîne sur des études de commerce.

Elle a tout juste la majorité quand elle rentre à Borao, un diplôme en poche. Ses parents furent des plus heureux et Francisco eut la fierté de lui offrir une place dans sa parfumerie mais aussi une pokeball. À l’intérieur, un bulbizarre quelque peu chétif. Son père lui dit alors qu’il ne faut pas se fier aux apparences, que la mauvaise herbe peut être un trésor et que la fleur la plus fragile peut être la plus vénéneuse. Elle savait qu’il avait raison et fort de ses conseils elle s’occupa au mieux du pokemon graine.

Un an s’écoule en quelques secondes, une année de labeur dans la Parfumerie Flores. Les clients s’enchaînent, la jeune femme en reconnaît quelques uns, dont un célèbre champion d’arène. Elle se fait connaître auprès de la clientèle, travail dans le labo le soir avec son père, murmure des formules compliquées, s’amuse avec des fioles de verre aux senteurs diverses et s’occupe des pokemon de la parfumerie. Le temps s’égraine à une vitesse folle, mais soudainement il semble s’arrêter quand le couperet du destin vient s’abattre sur tout Cinza.

La Nova Existência vient stopper bien des projets. On fait fermer la Parfumerie moins de douze mois après, accusant Francisco de maltraitance car ses parfums se base sur le “boost” des pokemon et cela est maintenant considéré comme une “drogue”. C’est la nouvelle réalité de Cinza, les champions d’arènes sont arrêtés avec un gros chef d’accusation sur le dos. Par mesure de précaution et pour échapper à cette nouvelle justice les Flores déménage pour La Isicao.

Cette nouvelle vie Lorena n’en veux pas du tout. Elle se voit priver de l’unique but qu’elle s'était fixé dans sa vie. Privé de ses fragrances elle dépérit, son père en fait tout autant. Sa mère Marcia essaye de tenir le coup pour tout le monde. Elle leur suggère de trouver une nouvelle activité en rapport avec leurs connaissances de la flore. Rapidement elle s’organise, place l’argent de la famille pour ouvrir une petite boutique. La Fleuristerie Jolifleurs voit alors le jour. Si Francisco n’est pas enchanté, Lorena se fait une raison et aide sa mère au mieux dans ce nouveau projet censé permettre à la famille de survivre financièrement. Les poursuites juridique ne s'arrêtent cependant pas et malgré le déménagement des Flores les autorités viennent demander des comptes au père de famille.

C’est une grosse enveloppe que la justice réclame en réparation des torts faits aux pokemon. On vient à leur dire qu’il s’agit d’une offre raisonnable et que les autorités sont clémentes en comparaison avec les champions d’arènes. Pour Francisco s’en est trop. Un an après la fermeture de sa parfumerie qui avait été tenue par les Flores depuis plusieurs générations, le père de famille se donne la mort.

C’est un choc immense pour Lorena et sa mère. Si toutes deux avaient vu Francisco se renfermer et dépérir avec le temps, aucune des deux n’aurait imaginé qu’il puisse en arriver à cette extrémité. Les deux femmes s’accrochent l’une à l’autre, comptant sur leur entraide pour faire grandir la boutique et payer leurs dettes.

Lorena apprend par l’intermédiaire de rumeurs l’existence de l’Underground et des Cages de combat. Elle décide de se faufiler dans ce milieu en expansion et y voit une opportunité d’alléger les charges de sa mère. Le soir, elle profite de l’atelier de confection des fleurs pour reprendre ses anciennes activités de parfumeuse. Les parfums de combat font leur grand retour et tournent dans la sphère officieuse des combats de pokemon. Un an plus tard, les dettes judiciaires des Flores sont complètement épongées et les deux femmes retrouvent une vie normale.

Lorena forte de cette nouvelle expérience continue d'engranger de l’argent par sécurité. Elle espère pouvoir lutter contre le système et pouvoir rouvrir la parfumerie de sa famille. Le projet semble toutefois se poursuivre depuis plusieurs années.