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Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia

Posté le Dim 20 Fév - 7:12
Corvus Eddarson
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Le cœur affolé par la course qui lui faisait traverser les rues de San Camari à toute allure, Corvus maudissait sa naïveté, celle qui l’avait mené tout droit dans ce piège pourtant couru d’avance. Comment aurait-il pu en être autrement ? Dès le départ, Magda lui-même avait émis cette hypothèse et pourtant, pourtant Corvus avait quand même tenu à honorer cette rencontre qu’il aurait aimé salvatrice et qui, finalement, se montrait terriblement décevante, et plus encore dangereuse. Quelques semaines plus tôt, Corvus avait reçu un message aux origines mystérieuses, une lettre laissée par un soi-disant membre des M.U.N.J.A. qui, ayant entendu son désir de les rencontrer, lui proposait une entrevue à une date et un lieu indiqué. Simple, facile, un peu trop et Corvus n’avait pas manqué d’y voir un danger, que sa méfiance avait su percevoir. Qui ? Comment ? Le trouver n’était pas une tâche aisée et voir un message lui parvenir était tout bonnement incroyable ; quant au reste, bien d’autres choses s’étaient rajoutées à la liste de ses tracas, à commencer par le lieu. De toutes les villes de Cinza, il avait fallu que San Camari soit le théâtre de cette rencontre, non loin des côtes où, il le savait, se trouvait un lieu dans lequel il s’était promis, par amour, de ne plus remettre les pieds. Malgré cela, malgré toutes ces inconnues et les risques qu’elles représentaient, Corvus avait pris sur lui : il avait fait ce pas, celui de faire confiance. Par désespoir ? Peut-être un peu, oui. Corvus espérait tant rencontrer ces M.U.N.J.A. qu’il en était devenu imprudent … heureusement pour lui, le destin était là pour le remettre sur le droit chemin et pour lui rappeler qu’en ce bas monde, personne n’était digne de confiance.

Visible et prévisible, cette rencontre s’était révélée être un piège, et au point de rendez-vous ne l’attendait non pas son contact mais une armada d’hommes armés, auxquels Corvus et Magda tentaient désormais d’échapper. De par son passé, l’ancien dompteur avait la chance de connaître les rues de San Camari, aussi avait-il bon espoir de trouver une issue à cette course poursuite qui ne manquait pas, déjà, de faire parler d’elle dans le quartier. Devant eux, à toute allure filait Surfeur, le Raichu de Magda, qui prenait parfois les bons chemins, parfois non, suivit de son dresseur, puis de Corvus. A une intersection, Magda prit une direction qui fit ralentir Corvus, un peu trop à son goût, et face à son refus de continuer par-là l’adolescent s’indigna, sans comprendre. Les deux fugitifs s’arrêtèrent un instant, et Corvus tenta de dissuader le garçon de continuer dans cette voie là … une voie qui tombait pourtant sur le sens – ce tracé était leur meilleure option, vraiment – pourtant, Corvus s’obstinait comme un Tiboudet refusant d’avancer, préférant un autre chemin. Si Magda ne remettait généralement pas en questions les choix de Corvus – pas dans des moments aussi critiques que celui-ci du moins – l’idiotie du choix de son aîné le frappait cependant de plein fouet. Non mais, qu’est-ce qu’il lui prenait au juste ? Le débat s’éternisait et l’adolescent perdait patience, bravant son mentor pour la première fois

« — Si on reste dans les ruelles, ils vont finir par nous encercler ! » assura Magda. Au loin, déjà, les garçons percevaient les pas des officiers qu’ils étaient parvenus à distancer, mais pas pour bien longtemps « Écoute, toi tu fais ce que tu veux, mais moi je tente ma chance par-là » déclara l’adolescent.

Et il s’élança en direction des côtes, Surfeur à ses talons. Si Corvus savait le choix du garçon raisonné, une part de lui aurait aimé pouvoir faire autrement. Loin de savoir où sa raison les conduisait, Magda  les fit s’éloigner du centre-ville. Bientôt, autour d’eux les maisons et les bâtiments se firent de plus en plus parsemés, tandis qu’ils ne cessaient de grimper sur les hauteurs de San Camari … cette course poursuite ne lui disait rien qui vaille : Corvus connaissait la ville, et il savait aussi que ses falaises n’offraient aucune issues. Il leur fallait une diversion, ou du moins un moyen d’envoyer la Guarda ailleurs que sur leurs traces. Longer les côtes de San Camari n’était pas une mauvaise idée en soit, pour peu qu’ils n’aient personne à leurs trousses.

« — Magda, il faut qu’on sème la Guarda avant d’atteindre les falaises, ou nous serons pris au piège » assura Corvus « Envois Surfeur dans une autre direction. Ils savent qu’il est avec nous, ils le suivront pendant que nous prenons le large » assura l’ancien dresseur.

Le garçon approuva et l’instant d’après, le Raichu d’Alola les quitta dans l’espoir d’attirer avec lui les soldats qui les poursuivaient. Corvus savait que, contrairement à eux, Surfeur n’aurait pas beaucoup de mal à leur échapper. Sa vitesse naturelle et sa capacité à échapper à la plupart des obstacles terrestres en faisait une cible difficile à capturer, sans compter que son Téléport était capable de le transporter n’importe où, pour peu que ce ne soit pas trop loin … non, Corvus ne se faisait pas de soucis pour lui, et Magda non plus. Patiemment ils se mirent à couvert, attendirent que le peloton passe et disparaisse à la poursuite du Raichu. Bientôt, les bruits de pas et les cris s’estompèrent au loin, offrant aux garçons un répit bien mérité.

Sans la Guarda pour les courser, San Camari leur parut soudainement plus calme. Empruntant les dernières ruelles qui menaient jusque sur les hauteurs, le bruit des vagues leur parvint enfin, apaisant, immuable, inébranlable. Enfin, Corvus sentait son cœur reprendre un rythme normal, malgré l’allure soutenue de leur marche.

« — Pourquoi est-ce que tu ne voulais pas aller par-là ? » lui demanda finalement Magda, sans vraiment crier garde. Corvus avait pris la tête de leur maigre cortège, aussi Magda ne fut-il pas en mesure de voir la grimace qui traversa un instant son visage.

« — On risque de se retrouver coincé une fois en haut. Les falaises de San Camari sont abruptes, ne t’imagine pas pouvoir regagner la plage aisément » répondit le jeune homme.

Regagner la plage était, effectivement, la solution la plus sûre pour quitter la ville, mais encore fallait-il le faire avec discrétion. Bien malgré eux, leur course-poursuite avait mis à mal leur plan en les forçant à prendre un chemin que Corvus aurait voulu éviter. Pourquoi ? Corvus se garda bien d’expliciter le fond du problème et cette tentative n’échappa bien évidement pas au natif d’Alola.

« — Sabe1, qu’est-ce que tu crois ? » rétorqua l’adolescent « En fouinant dans les jardins, je suis sûr qu’on trouvera un accès aux plages … ces gens-là ont trop d’argent pour ne pas profiter des bords de mer » assura le garçon « On va traverser les jardins, comme on fait d’habitude … qu’est-ce que t’as aujourd’hui ? C’est San Camari qui te rend comme ça ? » lui demanda le garçon.

Le manque évident de jugeotte de la part de son aîné interpellait l’adolescent … ou bien Corvus feignait-il d’être idiot ? Si Magda n’était pas sans connaître la réticence de Corvus à l’idée de se rendre dans cette ville en particulier, l’adolescent ignorait tout de ses raisons, et Corvus se gardait bien de l’éclairer à ce sujet. Corvus savait très bien ce qui les attendait et quelles étaient les options qui s’offraient à eux … il avait simplement une longueur d’avance sur lui, puisque bien mieux que lui Corvus savait où finirait forcément leur route. Le rebelle n’eut pas le temps de répondre que, déjà, de nouvelles voix se faisaient entendre au loin … certains officiers s’étaient laissés prendre par leur diversion, mais pas tous : d’autres avaient dû faire demi-tour pour suivre leurs traces, aux grands désarrois des garçons qui s’étaient crus tiré d’affaire. Sans attendre, leur course reprit de plus belle et plus vite que Corvus ne l’aurait souhaité, ils rencontrèrent un mur d’enceinte qu’il ne connaissait que trop bien, celui-là même qu’il redoutait tant de voir. Au loin derrière-eux, encore invisibles mais pourtant bien audibles, Corvus entendait les gens de la Guarda arriver, réduisant leurs choix à mesure que passaient les secondes. Naturellement, déjà, Magda s’aventurait à chercher une prise pour escalader le mur, loin de considérer les dernières hésitations de son aîné. Finalement, l’ancien dresseur l’aida à se hisser, pour ensuite franchir à son tour la clôture de pierre, non sans prendre un certain élan … un choix qui se révéla avisé au vu des circonstances, car les minutes qui suivirent virent arriver les membres de la Guarda qui, loin d’être dupes, se doutèrent bien de l’itinéraire des deux fuyards. Plus zélés que les autres, certains s’échinèrent déjà à escalader le mur, avant d’être brutalement stopper par ce qui était, vraisemblablement, leur supérieur.

« — Stop ! Arrêtez-vous ! » ordona-t-il en les voyant tenter leur ascension « Est-ce que vous avez la moindre idée de chez qui vous vous apprêtez à entrer ? » leur demanda-t-il « Derrière ce mur, vous êtes chez Valencia. C’est une procédurière : si on pénètre dans sa propriété sans son accord ou sans mandat, elle va nous casser les couilles. Je sais pas vous, mais moi je ne risque pas ma place pour choper un mec qui nous file entre les doigts depuis 5 ans » affirma-t-il.

Il fit une courte pause, avisa un instant l’avis général de ses troupes … personne ne semblait vouloir le contredire, aussi poursuivit-il. Tour à tour, il désigna chacun de ses hommes.

« — Toi, tu sonnes chez elle jusqu’à ce que quelqu’un réponde. Toi, tu vas me chercher un mandat tout de suite. Toi, tu viens avec moi : on va surveiller la zone. Ils ne doivent pas sortir sans qu’on le sache, si tant est qu’ils soient entrés » déclara-t-il.

Car il y avait effectivement, bien qu’infime, une possibilité non négligeable que les deux fugitifs aient simplement continués leur route. Personne n’y croyait, mais ne pas le considérer manquait de professionnalisme.

* * *

Évoluant l’échine courbée au cœur de l’immense propriété – comme si cela allait les aider à passer inaperçu – Corvus et Magda passaient de bosquets en bosquets, dans l’espoir bien vain de ne pas trop se faire voir.

« — Regarde-moi cette baraque » déclara Magda en avisant la villa « Ces welwalas2 se mettent bien quand même » affirma-t-il non sans un air de dégoût. Corvus ne commenta pas … au lieu de cela, ils s’arrêtèrent un instant dissimulés derrière des buissons, et l’ancien dompteur désigna une partie du mur, plus très loin désormais.

« — Dans le renfoncement du mur, il y a un portail qui donne sur la plage. C’est notre seule issue » déclara Corvus. Magda fronça un instant les sourcils, scruta le mur sans ne rien percevoir de ce que disait son aîné.

« — Comment est-ce que tu sais ça ? » questionna l’adolescent, un peu perplexe.

« — Ne pose pas de questions. Avance » lui intima Corvus en l’encourageant d’un signe de tête.

Madga s’exécuta sans discuter davantage. Prenant la tête, il quitta le couvert du bosquet pour traverser le terrain, se risquant à découvert. Le garçon fila jusqu’au pan de mur désigné par Corvus, sans ne rien percevoir des mille et un regards que son aîné jetait partout autour d’eux. Loin de se douter de l’endroit où ils se trouvaient,  Magda chemina sans se poser de questions, contrairement à Corvus qui, l’espace d’un instant, s’attarda à scruter les fenêtres de cette villa en bord de mer, se surprenant à espérer n’y voir personne. Bien sûr qu’il l’espérait ! A cette heure de la journée, n’importe qui était occupé ailleurs : les gens du commun travaillaient, vaguaient à leur vie. Elle travaillait, oui, personne n’était là, personne.

Atteindre le portail qui menait à la plage en contrebas ne fut pas le plus difficile, puisque aucun obstacle ne se présenta pour leur barrer la route … mais alors, qu’est-ce qui lui fit tourner la tête en direction du porche ? Le bruit ? Un éclair jaune dans son champ de vision ? Cette petite tête blonde au milieu de la cour ? Corvus n’aurait su le dire, mais lorsque son regard se porta là-bas, le jeune homme se figea dans son intégralité, brutalement, instantanément. Tandis qu’à côté de lui Magda s’échinait à ouvrir le portail, Corvus sentit son souffle se couper et son cœur s’arrêter. Là-bas, à quelques mètres d’eux se tenait un petit garçon que Corvus reconnu aisément : s’était Aster, sans doute aucun. Le temps l’avait fait grandir et, parce que c’était là la suite logique des choses, le bébé qu’il avait connu était désormais un enfant. Sa petite tête blonde ne laissait aucun doute, mais quelque chose clochait.

Il n’était pas seul.

« — Corvus, le portail est fermé » affirma Magda, qui tentait de faire céder le verrou « Corvus ! »

Mais Corvus ne l’écoutait pas, ne l’écoutait plus.
Son regard s’était fixé sur le second enfant, une petite fille aux cheveux noirs comme la nuit aux côtés de laquelle prônait un Pichu que Corvus connaissait bien, aurait reconnu entre mille. Incapable de détacher les yeux de cette vision, Corvus sentit Magda le bousculer pour le faire revenir à lui, en vain. Le monde pouvait bien s’écrouler, l’ancien dompteur demeurait figé sur la vision qui s’offrait à lui, sur cette fillette dont son cœur avait déjà compris l’origine, mais que son esprit refusait d’admettre. La Guarda, le rendez-vous, les M.U.N.J.A., Magda paniquant, plus rien n’avait d’importance, absolument plus rien.

Il fallut un grondement terrifiant pour le sortir de sa torpeur, un rugissement tout droit sorti de ses souvenirs et qui, pourtant, se présenta devant lui accompagné d’une masse d’un verre pâle teinté de ce bleu si particulier. Arrachant son regard de la vision, Corvus eut un mouvement de recul, fit instinctivement glisser l’adolescent derrière-lui. Ce dragon, Corvus le connaissait bien.

C’était Aetius, le Libégon de Léonie Valencia.

FT. LEONIE A. VALENCIA | 2340 MOTS.
1 « Je sais »
2 Litt. « Ceux qui aiment le luxe », les riches
Posté le Dim 20 Fév - 16:20
Léonie A. Valencia
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La protection du foyer Valencia est une tâche qu’Aetius ne prend jamais à la légère. Son regard perçant lui permet d’étudier le domaine sous tous ses angles; désormais il connaît chaque crevasse de cette falaise. Au fil des années, un nombre surprenant de menaces sont survenues sous sa surveillance, entre les Pokémon sauvages opportunistes, les voleurs se croyant fins ou alors la Guarda qui aime fourrer son nez dans les affaires de sa maîtresse. Toujours le Libégon veille avec le même sérieux. Son statut de gros dragon lui permet d’éviter de nombreuses confrontations : un simple rugissement suffit largement à décourager la majorité des fautifs. Depuis, une certaine réputation entoure le domaine, celle d’être particulièrement bien gardée. Aetius en est particulièrement fier. Il apprécie énormément ses rondes de patrouilles aériennes, le vent marin dans ses ailes et la chaleur du soleil contre ses écailles. Beaucoup plus que l’autre mandat qui lui revient : celui de servir de transport. Lorsqu’il s’agit de transporter Léonie d’un point à l’autre de Cinza, alors il ne s’en plaint pas. Or ces derniers temps il fait l’autobus scolaire pour Aster et Elina, deux petits passagers particulièrement turbulents. Encore une fois aujourd’hui il a dû les déposer à la maison pour le gardien, ce Nolan dont il se méfie toujours d’ailleurs, avant de repartir faire ses rondes. Au moins il est tranquille désormais… pas vrai ?

Rapidement des bruits et des vociférations dans les rues pourtant habituellement tranquilles de leur quartier de San Camari attirent son attention et il pivote avec aise pour assister à la scène saugrenue qui se déroule en contre-bas. Deux hommes ainsi qu’un Pokémon, un Raichu à vu de nez, tentent d’échapper à la poursuite de la Guarda. Voilà qui amuse bien le dragon dont le mépris pour la police ne fait aucun doute. Le Libégon se place de manière à suivre les fautifs, les encourageant mentalement dans leur entreprise. Aetius se garde bien d’intervenir : ce ne sont pas ses affaires après tout. Malgré lui il espère tout de même de voir les fugitifs l’emporter sur ceux qu’il considère tels ses ennemis. Son attitude amusée change toutefois du tout au tout lorsque soudain les deux hommes se dirigent vers son propre domaine. D’accord, il s’amusait bien mais la fête est terminée. La créature a d’autant plus repéré les deux petits dans le jardin et une rencontre risque d’avoir lieu s’il n’intervient pas rapidement ! Émettant un cri, il fond en direction des deux étrangers, venant se poser avec fracas derrière eux à la grille du portail qui mène à la plage. Son grondement roule dans sa gorge et ses prunelles lancent des éclairs.

Jusqu’à ce qu’il réalise qui lui fait face.

Son sang ne fait qu’un tour en reconnaissant l’amant de sa maîtresse. Il croit voir un spectre et secoue la tête en rechignant un instant, piaffant sur place. Qu’est-ce que cet énergumène est venu faire sur sa propriété ?! De quel droit met-il sa maîtresse en danger ? Et ses deux protégés en prime ? Mécontent, le dragon lui fait savoir de sa posture qui, sans être agressive, trahit pleinement son agacement. Que va-t-il en faire hein ? Si elle le voit, Léonie aura le cœur brisé à nouveau, Aetius s’en doute. Sauf qu’ils n’ont pas vraiment le choix, là, n’est-ce pas ? En grondant, le dragon fait signe à Corvus et son compagnon de le suivre, non sans avoir soufflé bien sec dans le visage du premier en guise d’avertissement. Il ferait mieux de respecter son domaine et sa protégée ou il connaît pleinement les conséquences. Aetius regrette de ne pas l’avoir bouffé six ans plus tôt sur cette île. Au moins il n’aurait pas à gérer cette embrouille aujourd’hui.

Malgré sa mauvaise humeur palpable, le dragon mène les deux fugitifs jusqu’à un lieu reculé des jardins parfaitement entretenus du domaine. Ici de grands arbres fruitiers poussent et il se dégage d’eux un délicieux parfum sucré. Au cœur de ces arbres, une petite maisonnette pour enfants a été érigée. Un peu petite pour les deux hommes, elle devra toutefois faire l’affaire pour l’instant. Léonie saura quoi en faire. D’ailleurs, Aetius entend le froissement presque imperceptible de sa Tesla à l’entrée. Les tripes du dragon se liquéfient un instant. Il déteste lui demander de faire face à Corvus, sauf que sa conscience l’empêche de renvoyer l’homme d’où il vient. Le reptile doit bien à sa maîtresse la vie de son amour. D’un grognement, il espère s’être fait comprendre par les deux hommes de rester dans cette cachette, aussi inconfortable et humiliante soit-elle pour l’instant.


* * *

J’ai du retard. Je peste encore une fois, les nerfs mis à rude épreuve, contre le trafic qui a causé mon arrivée tardive à la maison. À croire que les gens ne travaillent pas et s’amusent à se placer sur mon chemin cet après-midi. L’opération de la Guarda qui a lieu présentement dans les rues de mon quartier n’a rien amélioré. Reconnaissant ma voiture, les policiers m’ont laissé passer, sachant que je leur collerais un procès si d’aventure ils me privaient de mon moment privilégié avec mes enfants un peu plus longtemps. Je travaille beaucoup, trop même. Mais une fois par semaine je tiens à être présente pour mes deux petits louveteaux, cuisiner en leur compagnie et passer une soirée en famille. Il s’agit d’une tradition particulièrement importante à mes yeux. Ainsi mon retard me cause beaucoup d’ennui. Tout de même, la présence de la Guarda dans ces rues me fait sourciller. Ils n’ont pas l’habitude d’enquiquiner les riches (à l’exception de ceux qui viennent titiller le système tel que moi), je me demande donc ce qu’ils peuvent rechercher dans le coin. Les quelques gardes que je croise me paraissent particulièrement nerveux. Je les laisse à leur travaille et émerge de la Tesla avec soulagement. J’entre par la porte du garage et dépose mes effets sur l’îlot de la cuisine avant de me diriger, presque en courant, en direction des jardins où j’entends mes enfants se disputer (pour changer). Me voyant émerger dans la cour, ils abandonnent leur querelle pour se précipiter en ma direction, se pendant tous les deux à mon cou avec de nombreuses exclamations. Je les couvre de baisers en m’excusant pour mon retard.

«Maman, Aster il a dit que l’Evoli de sa maîtresse est gris ! Il ment, Evoli il est brun !»

«Je suis pas menteur, c’est vrai, Eli !»
se plaint le concerné.

«Ma puce, ton frère a raison, je l’ai vu il est bel et bien gris. C’est parce que c’est un Pokémon chromatique qu’il a cette couleur particulière. Comme Aetius, lui aussi est chromatique.»

«Chormaquoi? Ça veut dire quoi ?»


Je souris devant l’éternelle curiosité d’Elina qui questionne tout ce qu’elle découvre. Je caresse ses cheveux noirs tendrement avant de reporter mon attention sur Aster qui festoie sa victoire sur sa cadette. Je darde sur lui un regard sévère : je déteste quand il se montre impertinent avec Elina (et vice-versa d’ailleurs). Je travaille durement à ce que les deux s’entendent mieux que Glorianna et moi à cet âge et qu’aucune compétition ne vienne entacher leur relation. Toutefois le défi s’avère souvent de taille entre ces deux-là. L’âge, m’a-t-on dit, provoque ce genre de comportements chez eux.

«Aster, excuse-toi. Ce n’est pas gentil. Elina ne connaît pas ce mot, peux-tu lui expliquer s’il te plaît ?»

Faisant la moue devant mes reproches, il s’illumine rapidement à l’idée d’interpréter quelque chose pour sa petite sœur. En ce sens il est le meilleur des frères, puisqu’il adore étaler ses connaissances devant quiconque, particulièrement la petite.

«Certains Pokémon naissant avec des couleurs particulières,» explique-t-il. «Ils sont très rares. C’est ce qu’on appelle un Pokémon chro-ma-tique.»

J’ai aussitôt une pensée pour l’autre chromatique qui habite mon cœur. Danaé. Une épine de douleur envahit ma poitrine; heureusement Nolan profite de cet instant pour me distraire de ma peine. Le gardien de mes enfants surgit tout sourires comme à son habitude. Je prends un moment pour discuter avec le jeune homme et m’excuser pour mon retard quand un regard posé sur moi attire mon attention. À l’orée des jardins, Aetius me scrute avec une sévérité nerveuse qui aussitôt me fait sourciller. Ses prunelles m’observent avec une insistance angoissée qui m’alarme silencieusement. Je connais si bien le dragon désormais que je me doute de ses intentions, surtout alors que son regard bifurque en direction du fond du jardin, vers la petite maison bâtie pour les enfants. Je devine de loin une silhouette humaine à l’intérieur et mon sang se fige. Un intrus se trouve sur la propriété et pour une raison qui m’échappe le dragon ne l’a pas chassé. Pour avoir connu cette situation par le passé, je m’étonne de la tolérance de mon protecteur. Je m’acharne à trouver une explication à cette situation tout en conservant mon calme apparent. Je n’ai aucune intention d’alarmer Nolan ou les enfants. Sauf qu’il me faudra agir. Aetius me presse déjà silencieusement en faisant onduler sa queue.

«Nolan, puis-je m’adresser à vous quelques minutes ?» je fais distraitement.

S’interrompant dans son récit de quelque aventure que lui et les enfants ont vécu en m’attendant, il hoche finalement la tête, devant me trouver bien grave. Pour le rassurer je lui offre un sourire avant de me diriger vers la maison. Je sais que le dragon veille sur les petits, tout comme leurs Pokémon, Soleil le Pichu et Ombre le Lixy. Une fois à l’intérieur, je me retourne vers le jeune homme avec un profond soupir. Je n’ai pas à feindre ma déception de ce que je lui demande à l’instant, même si les raisons s’avèrent du mensonge. Il vaut mieux pour lui et les enfants qu’ils ignorent ce qui se trame ici, et surtout qu’ils soient le plus loin possible de la scène.

«Je suis désolée de vous demander encore une fois d’étirer vos heures Nolan. J’ai un gros dossier à remettre et je n’ai pas eu le temps de compléter ma tâche avant de partir. Pensez-vous que vous pourriez m’acheter une petite heure ? Il faudrait retourner les livres à la bibliothèque, puis à côté il y a ce parc qu’Elina adore…»

«Aucun problème, boss. Prenez le temps qu’il vous faut.»


Je souris non sans gêne. Ce n’est pas du tout la première fois que je fais le coup, avec de la chance tout se déroulera pour le mieux et nous aurons le loisir de profiter de cette soirée tel que je l’espérais les enfants et moi. Je le remercie et l’aide à préparer les enfants, bien heureux de cette excursion imprévue à la bibliothèque. Aster apprécie particulièrement ce lieu. Il est déjà doué pour la lecture et s’y exerce dès qu’il en a l’occasion. Bientôt, les deux enfants quittent avec Nolan, me laissant seule dans la maisonnée. Déjà Aetius entre par les grandes portes vitrées, me pressant d’un grondement. J’avale d’un trait un verre d’eau avec nervosité avant de m’aventurer dans mon bureau où je pose ma mallette de travail. Puis, grâce à une clé que je garde sur moi en tout temps, j’ouvre un tiroir dissimulé à la vue et considère un instant son contenu. À l’intérieur semble presque me narguer un pistolet que je me suis procuré il y a quelques années lorsque mes Pokémon ont été… Lorsqu’ils sont partis. Me sentant peu en sécurité dans mon domaine, j’ai préféré couvrir mes arrières. L’arme est parfaitement légale et enregistrée. Je n’ai jamais eu le plaisir de m’en servir… on dirait qu’aujourd’hui est mon jour de chance on dirait. Non sans un frisson de dégoût, je m’empare du pistolet qui pèse lourd dans ma main et emboîte le pas au dragon en direction de la maison du jardin.

Mon cœur bat à mes tempes et l’attitude nerveuse du dragon n’améliore en rien mes ressentis. Je braque finalement mon arme en direction de la petite maison. J’ai cru entendre des voix à l'intérieur... il y a plus qu'un intrus semble-t-il. Transie de peur, je tâche de m'adresser d'une voix forte même si tout en moi m’appelle à la fuite.

«S-sortez tout de suite, les mains où je peux les voir ! Je vous préviens, je suis armée !»

Bon, pour avoir l’air menaçant, on repassera. C’est l’intention qui compte n’est-ce pas ? Je tremble tant que je suis certaine qu’on peut entendre mes escarpins claquer contre le petit sentier de pavés. Il me semble que leur sortie prend une éternité. Il y a d’abord un jeune homme d’environ l’âge de Nolan ou peut-être même plus jeune qui paraît, suivi finalement par une silhouette bien plus impressionnante, qui traîne des pieds. Je le reconnais immédiatement et le choc me fait brusquement lâcher mon arme qui vient s’échouer à mes pieds avec un bruit sourd. Je ne l’entends même pas.

Corvus.

Le choc est tel que je me sens rouler de l’œil. Sans l’intervention in extremis du Libégon à mes côtés, je me serais assurément évanouie sur les pavés. Je cherche mon air, la poitrine entravée. Incapable de détacher mon regard de lui, je le détaille sans un mot. Mes muscles refusent de m’obéir et mes tremblements s’accentuent. Bientôt, je ne vois plus les traits fatigués de son visage ou sa silhouette dégarnie sous la brume qui recouvre maintenant mon regard. Combattant ma faiblesse, je tâche de me redresser, de lui faire face de… Je ne parviens pourtant pas à croire en sa présence tant j’ai cessé de l’espérer. Mes émotions me font l’effet de l’eau tumultueuse de la mer contre les rochers, broyant tout sur mon passage y compris ma raison. Mes pensées s’entrechoquent avec la même violence; aucune finalement n’émerge de ce combat brutal. Les questions viendront plus tard, pour le moment je ne parviens qu’à articuler ce fait qui s’abat sur moi avec soulagement et ô combien d’autres sentiments contradictoires.

«Tu es en vie…»

Je m’accroche désespérément aux écailles du dragon, sentant que si jamais il me venait l’idée de détacher ma prise que je me noierais certainement dans les eaux acharnées de mes émotions.  
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Posté le Lun 21 Fév - 5:39
Corvus Eddarson
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Face au dragon qui les scrutait, Corvus demeura figé, incapable de deviner les intentions de celui qui, par le passé, avait déjà tenté de le tuer ou peu s’en faut. Magda lui-même, sous le choc, restait statique face à cette bête sortie de nulle part et qui le dominait en tout point … lorsque l’ancien dompteur comprit finalement que le dragon n’avait pas décidé de les abattre, il s’autorisa un pas de recul, avisant pleinement cet animal qu’il avait connu dans  ses jeunes années. Aetius n’avait rien perdu de sa superbe, bien au contraire :  imposant, le temps lui avait conféré une assurance et donc une force qui devait en faire trembler plus d’un, à commencer par Magda, dont les doigts s’étaient agrippés à la veste noire de son "protecteur". Si Aetius ne chercha pas à les chasser, le grand dragon ne leur fit pas pour autant la fête. Courroucé, sa mémoire avait reconnu l’homme qui avait su gagner le cœur de sa maîtresse pour finalement l’abandonner … lui portait-il rancœur ? Le haïssait-il ? Corvus ne lui en voulait pas. D’un coup de tête, le dragon poussa les deux garçons dans une direction qui déplut au dompteur et pendant un instant, le rebelle tenta de résister.

« — Non, Aetius, pas par là. Nous ne sommes pas ici pour nous cacher, aide-nous plutôt à rejoindre la plage » déclara Corvus, cherchant à le convaincre … mais le dragon ne l’écoutait pas « Aetius ! » l’interpella-t-il, plus vindicatif. En guise de réponse, le Libégon lui asséna un nouveau coup de tête pour le faire avancer.

« — Attend, quoi ? Tu connais cette bête ? Vraiment ? » s’étonna le natif d’Alola qui, prenant du recul, se mit à observer plus attentivement le dragon. Obstiné, Corvus refusait toujours d’obtempérer … pourquoi ? « Corvus, la Guarda doit savoir qu’on est là. Si on fuit par la plage, on va se faire cueillir » assura Madga.

Si le sort que leur réservait la créature était encore incertain, l’accueil des autorités, lui, ne faisait aucun doute. Sur ce coup, le dragon se montrait plus sage que Corvus … devaient-ils en conclure qu’il était leur allié ? Magda n’aurait pas parié là-dessus, pourtant le Libégon semblait vouloir les cacher. Pourquoi cet idiot de Corvus refusait-il son aide ?

« — Si on reste ici, on sera pris au piège aussi. On ne peut pas rester » répondit l’ancien dompteur « Aetius, tu dois nous aider à rejoindre la plage. On ne reste pas » répéta Corvus « AETIUS ! »

Corvus perdait patience et, finalement, le dragon aussi. Sans doute lasse de l’entendre geindre, le Libégon gronda à son encontre et Magda craignit de voir sortir de sa gueule béante un flot de flammes qui auraient tôt fait de régler le problème … au lieu de cela, le dragon se contenta de l’intimider de sa voix et de le fusiller du regard. Loin de se laisser impressionner, Corvus soutint ses prunelles reptiliennes, déterminé à tenir sa position.

« — Je crois que ton plan ne l’intéresse pas » fit remarquer Magda « De toute façon le dragon a raison. Je sais pas ce que c’est quoi ton problème avec cette baraque, mais notre meilleure option est de rester ici le temps que la Guarda se lasse. Avec un peu de chance, les proprios ne se rendront même pas compte qu’on est là » affirma l’adolescent.

« — N’espère pas un seul instant que ça va arriver » rétorqua Corvus.

Non, Corvus n’espérait pas un seul instant que leur présence passerait inaperçue et que les proprios ne se rendraient compte de rien … c’était bien là tout le nœud de son problème. Malgré tous ses efforts pour l’éviter, tout se passait exactement comme il l’avait craint et à cette idée, Corvus percevait la colère le gagner.

Parce que résister au dragon était bien futile, l’ancien dompteur se laissa finalement guider par Aetius, qui les mena dans un coin reculé du domaine où poussaient bon nombres d’arbres fruitiers. L’odeur qui s’en dégageait faisait ressortir les souvenirs intacts que Corvus avait du lieu … inchangé, le temps ne semblait avoir eu aucun impact sur le lieu. Rien n’avait changé, à une exception près :  cachée entre les arbres se trouvait désormais une petite maisonnette, que Corvus devinait pour les enfants. Le natif de Sercena la trouva mignonne, jusqu’à ce qu’Aetius s’y arrête. Le regard du dragon ne faisait aucun doute quant à la suite de son plan.

« — C’est une blague ? » s’indigna Corvus en avisant la maisonnette « Aetius, tu crois vraiment que je vais rentrer là-dedans ? Vraiment ? Tu n’as pas trouvé mieux comme cachette ? » lui demanda-t-il, un brin sarcastique.

Le regard que le dragon lui lança termina de décider Magda, qui pressa Corvus à entrer le premier. Les deux hommes durent se plier en quatre pour entrer dans l’abri et Corvus pesta à l’encontre du destin. Avait-il connu situation pire que celle-ci ? Pas vraiment, car il ne pouvait même pas espérer croire que le pire était passé : loin de se savoir tirer d’affaire, Corvus devinait bien ce qui les attendait, lui qui savait chez qui ils étaient. Cette épreuve, une part de lui la redoutait autant qu’une autre s’en languissait ; déjà, son cœur battait la chamade à l’idée de ce qui l’attendait, et la peur de se faire prendre par la Guarda n'avait rien à voir là-dedans.

Combien de temps restèrent-ils là-dedans, entassés comme des Froussardines ? Corvus n’aurait su le dire, mais lorsqu’il se rendit compte qu’Aetius avait quitté les lieux, l’ancien dompteur tenta bien évidemment une sortie. Obstiné, le garçon ? Si peu.

« — Il est parti, sortons de là avant qu’il ne revienne » déclara Corvus, qui ignorait depuis combien de temps Aetius était partis.

« — Et prendre le risque de l’énerver encore plus ? T’es cinglé ou quoi ? » répondit le garçon « La situation n’a pas changée depuis tout à l’heure. Tu crois que les flics sont partis prendre un café ou quoi ? C’est quoi ton plan exactement, Corvus ? » le questionna Magda qui, vraisemblablement, perdait lui aussi patience.

Corvus n’eut pas le temps de répondre qu’une voix s’éleva.
Cette voix, Corvus l’aurait reconnu entre mille.

Il l’aurait reconnu parmi une foule d’autres, aurait su l’entendre même au cœur d’une tempête. Au son de cette voix, son cœur se serra et il se figea, attirant immanquablement l’attention de l’adolescent collé à lui. Magda lui jeta un regard avant d’observer celle qui venait d’apparaître. A la vue de l’arme à feu, le garçon se recroquevilla un instant dans leur abri de fortune.

« — Sabaka1 ! Elle a une arme » pesta l’adolescent « Qu’est-ce qu’on fait ? On sort doucement, et puis on lui saute dessus ? » Furtivement, il jeta un nouveau regard en direction de la jeune femme « Regarde comme elle est gaulée, t’aura aucun problème à la maîtriser » assura Magda.

Comme pour vérifier les dires de l’adolescent, Corvus jeta un regard en direction de la maîtresse des lieux, s’attarda sur le pistolet tenu dans ses mains tremblantes. Pourquoi avait-elle une arme ? Se sentait-elle tant en insécurité dans ce nouveau monde ? Ses pokémons ne suffisaient-ils pas ? Où étaient Danaé, Oreste ? Déjà, le cœur de Corvus saignait à l’idée de la croire vivant dans la peur. Il soupira un instant, tenta de rassembler son courage.

« — Tais-toi et sort de là doucement. Fais ce qu’elle te dit, ne fais pas de gestes brusques, ne l’affole pas » lui intima finalement Corvus en guise de réponse.

Etrangement, Magda s’exécuta sans discuter. S’extirper de la petite cabane se révéla aussi compliqué que d’y entrer et si la petitesse de l’adolescent ne manqua pas de jouer en sa faveur, Corvus n’eut pas cette félicité. Les mains en l’air, ils sortirent non sans mal de l’abri improvisé avec une lenteur extrême. Le cœur aux abois, l’ancien dresseur retarda sa sortie encore et encore, jusqu’à ce qu’à ce qu’aucun autre choix ne soit à sa portée. Quittant finalement l’ombre, Corvus laissa le jour éclairer son visage … et lorsque Léonie découvrit qui Aetius avait caché dans cette maisonnette, le rebelle la vit défaillir un instant, laissant son arme tomber au sol.

Instinctivement, éthogramme primitif de son comportement, Corvus eu un mouvement dans sa direction alors qu’il croyait la voir tomber. Son geste demeura furtif car bien vite, Corvus tâcha de se contenir : il était trop loin bien sûr pour faire quoi que ce soit et, plus important encore, un rapprochement en cet instant précis aurait été … malaisant, et c’était peu de le dire. Les mains toujours levée malgré l’arme au sol, Corvus se contenta d’observer la jeune femme en proie à ses émotions. Que pouvait-il faire de plus ? Rien, absolument rien, si ce n’était lui laisser du temps. Un instant, Corvus laissa son regard la redécouvrir. Elle avait bien meilleure mine que lui et semblait avoir gagné les quelques kilos que son passé n’avait jamais su lui accorder. Lorsqu’elle s’étonna de sa survie, Magda ne la ménagea pas.

« — Bien sûr qu’il est en vie, qu’est-ce que tu crois ? » rétorqua l’adolescent aux cheveux blancs.

Magda profita de l’instant pour agir. Rompant soudainement la distance qui le séparait du pistolet que Léonie avait laissé tomber, l’adolescent l’attrapa d’un geste vif. Animé par l’instinct de survie, le garçon n’eut pourtant pas le temps de pointer l’arme sur elle : Corvus l’avait vu venir et plus rapide que lui, l’ancien dompteur lui arracha le pistolet des mains. Le mouvement n’avait pas manqué de faire gronder Aetius et dans l’espoir de se rendre moins hostile, Corvus leva de nouveau les mains, dévoilant son attention de ne pas user de l’arme.

« — Tout va bien, Aetius. On ne vous veux aucun mal » assura le rebelle.

Se faisant, avec beaucoup de lenteur l’ancien dompteur déchargea l’arme, jeta le chargeur dans les fourrés pour finalement reposer le pistolet devant eux. Durant tout le processus, Corvus n’avait pas quitté le dragon des yeux, loin de considérer le regard ébahit de Magda qui ne comprenait pas les choix de son aîné. Un peu vexé par le choix de Corvus, le garçon fronça les sourcils.

« — Tu connais cette fille ? » questionna l’adolescent. Corvus ne lui répondit pas « Corvus ? »

Mais Corvus, dont le regard s’était finalement porté sur Léonie, demeurait silencieux, interdit. Ses prunelles sombres s’étaient figées dans ces yeux d’ambre qu’il connaissait si bien et trahissaient le maelstrom d’émotions qui faisait rage en lui, où se mêlait regrets, désolation et fatigue. Leur échange silencieux durant un moment, avant que Corvus ne rompe enfin le silence qui les entourait.

« — Je suis désolé, Léonie. On nous a tendu un piège et la Guarda est à nos trousses » déclara Corvus « Mon intention n’était pas de te mêler à cela, laisse nous juste repartir » demanda-t-il.

Loin de vouloir répondre à Magda, Corvus tachait de sauver la situation malgré les innombrables questions qui, déjà, se bousculaient son esprit. Que devenait-elle ? Pourquoi cette arme ? Où étaient Danaé et Oreste ? Et qui était cette gamine aux cheveux noirs qu’il avait vu dans la cour accompagnée de Soleil ? Corvus sentait le conflit gronder en lui. Il ne pouvait pas rester ici, et pourtant bien des choses le retenaient, à commencer par cette chasse à l’homme qui, bien malgré lui, continuait dehors son cours.

FT. LEONIE A. VALENCIA | 1940 MOTS.
1 Putain, merde !
Posté le Lun 21 Fév - 21:48
Léonie A. Valencia
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Un verrou s’est formé entre nos regards tout aussi confus l’un que l’autre. L’heure n’est pas encore aux interprétations pour moi; incapable d’esquisser une pensée convenable je me contente de vivre cette tumultueuse tempête émotionnelle en tâchant maladroitement de conserver les apparences. Les années m’auront appris la mesure pourtant cette fois rien ne me préparait à l’arrivée (ou plutôt le retour) subite de mon ancien partenaire. J’ai parfois, timidement, imaginé ce qu’il en retournerait de le croiser à nouveau avant de repousser cette idée avec une sorte de ridicule résigné : voilà qui était bien sot de s’attacher à des choses qui appartiennent au passé et qui jamais ne resurgiront. Jusqu’à ce qu’elles ne décident de faire autrement bien entendu. De tous les imprévus aujourd’hui, celui-ci est de loin le plus doux et le plus amer tout à la fois. Encore plusieurs secondes s’écoulent sans que je ne parvienne à accuser le choc. La présence de Corvus me paraît si incongrue, si irréelle ! Sans mauvais cliché, je vis dans l’attente de me réveiller de ce cruel songe et pourtant je me trouve bel et bien dans le monde réel et non celui que mon imaginaire n’a même pas osé tisser pour moi. Je peux sentir mon cœur s’emporter douloureusement, se soulever et s’enfoncer vertigineusement à mesure que les pensées me traversent. L’envie de pleurer n’est freinée au final que par la présence d’un témoin qui malgré lui canalise quelque peu le flot turbulent des mes émotions.

L’intensité de cet instant m’a placée en hypervigilance, ainsi au mouvement brusque de l’adolescent je me rétracte aussitôt sur moi-même dans un bien vieux réflexe qui a l’habitude tenace. Mon geste et celui, imprudent dois-je dire, de l’étranger font grogner férocement le dragon dont les pupilles se rétractent en deux fentes menaçantes. Dans un mouvement tout aussi brusque qui me tire un deuxième sursaut, Corvus arrache l’arme de son ami et le brandit dans les airs comme pour nous rassurer sur ses intentions. Mais je ne suis pas rassurée. J’ai peur.

Je ne sais plus qui il est. Cet homme au visage affecté par une fatigue infinie, ces prunelles confuses, cette stature qui bien que tout aussi solide ne ment pas sur les difficultés d’une vie en cavale. La vie d’un rebelle. Une vie de violence. Qui dit que le jeune homme ne me fera pas du mal désormais ? N’est-il pas ici pour profiter de ma générosité, pour le sortir d’un mauvais pas ? Aussitôt, mes pensées me bousculent vers ma vieille amie la méfiance et crépite en moi mon instinct de survie; un instinct accentué par le danger que représente ces deux fugitifs pour mes enfants. La mère Ursaking veille encore et toujours sur sa progéniture avec une hargne que Corvus n’a jamais véritablement rencontré. Les années m’ont assombri en un point : je ferais tout pour préserver Aster et Elina. Absolument tout. L’instinct qui me berce me pousse à sortir des dents là où il n’y aurait peut-être pas lieu d’être. Pour peu je me mettrais à gronder moi aussi. Une tension palpable règne entre nous et le mystère sur mon identité ne semble pas apaiser les choses. L’acolyte de l’originaire de Sercena pose des questions auxquelles Corvus choisit pour le moment de ne pas répondre. Je doute tout à coup, et ma prise contre les écailles du Libégon se détend quelque peu. Ce n’était pas prévu, parviens-je finalement à articuler intérieurement. Peu importe ce qui l’a mené jusqu’à mes jardins aujourd’hui (la Guarda observée tout à l’heure par exemple), le hasard y a sa part de responsabilité.

Corvus ne me ferait jamais le moindre mal, me souviens-je enfin. N’est-il pas celui qui a brisé mon cœur au nom de ma protection ? Qui m’a privé de tous les droits dans l’optique de me préserver ? Qui m’a laissé sans souffle et sans lumière pour que je puisse échapper aux mêmes coups du destin qui l’ont condamnée ? Là où la peur m’étreignait quelques minutes plus tôt, c’est désormais la colère qui me berce des bras perfides. Je me détache finalement d’Aetius pour me tenir bien droite face aux deux rebelles, dardant ce regard qui m’a valu le surnom de Lionne de San Camari. Voilà que Corvus suggère que je les laisse partir et cette idée provoque une vague d’émotions chez moi. Je pensais avoir pardonné notre séparation, pardonné son départ; au final la rage et la douleur de son abandon me pèsent toujours autant. Je fulmine et je peste autant envers lui qui cherche encore à m’abandonner qu’envers moi-même de me laisser troubler une fois de plus. Ma gorge me pique et mes sourcils se froncent devant ses paroles. Si seulement il avait été imprudent dans le seul désir de me voir, peut-être aurais-je pu passer outre cette intrusion mais désormais ? Non, vraiment, le sort ne pouvait se montrer plus cruelle.

Quelle imbécile. Me laisse émouvoir à sa vue même cinq ans après, moi qui me croyais remise ! Liora et Imany qui tentent de me convaincre de me remettre sur le marché et puis à quoi bon ? Pour me sentir aussi misérable qu’en cet instant ? À entretenir des émotions puériles, à me sentir ridicule et confuse et ô combien vulnérable ? Je m’enfonce un peu plus profondément dans ma confusion quand une voix intérieure, entraînée ces dernières années, m’incite au calme et à la raison. J’aurai le loisir plus tard de pleurer mon cœur encore malmené; pour le moment le temps se joue de nous et je me dois d’agir au plus vite. Voilà donc l’essentiel de la situation tel que je le comprends : les deux jeunes hommes sont coincés tels des Rattatas sur ma propriété et probablement que la seule raison pour laquelle la Guarda n’a pas défoncé la grille à leur recherche est la menace judiciaire que je représente. À mesure que les pensées filent dans mon esprit, analysant toutes les possibilités, je peux sentir mes sentiments revenir au calme. Mes pas décrivent un cercle pensif devant les fugitifs qui, je me doute, attendront mon verdict.

«Vous êtes coincés. À ce stade-ci les plages pulluleront de gardes et les rues ont été scellées. Je les ai vus en rentrant. Vous n’avez aucune chance de vous échapper dans l’heure.»

Mon ton est calme, presque détaché. Je jette un coup d’œil à Aetius pour confirmer mes paroles. Le dragon approuve. Voilà la raison pour laquelle le Libégon s’est gardé de les chasser pour les cacher dans la maisonnette. Je caresse discrètement sa tête avant de reporter mon attention sur les intéressés dont le sort repose entre mes mains.

«À moins d’une autre alternative, une bonne…» j’ajoute en jetant un regard entendu vers l’aîné du duo. «… Vous n’aurez d’autre choix que de rester cachés un moment. La maisonnette est une option viable mais je doute de son confort. Cette baraque là est quelque plus agréable.»

Je jette un regard par-dessus mon épaule vers la maison, puis reporte mon attention sur les deux rebelles. Je ne pourrais être plus sérieuse en ajoutant ces quelques lignes.

«Malheureusement en choisissant ma propriété lors de votre fuite, vous m’avez directement impliquée dans vos actions. Réelle rebelle ou non, la Guarda s’en fiche bien. Il fait un moment que je me trouve dans sa mire et qu’au moindre faux-pas je n’aurai pas droit au pardon. Accueillir chez moi deux rebelles est une offense largement suffisante pour me valoir de nombreuses années de prison; années qui me priveraient l’accès à mon travail et à l’aide que je fournis aux citoyens de Cinza par des moyens certes moins drastiques que les vôtres, mais légaux en bonne et due forme. Accessoirement, nous priverions aussi mes enfants de leur mère. Je vous prie donc de prendre en considération ces éléments dans ce que vous direz ensuite et vos décisions pour la durée de votre séjour ici.»

Mon regard n’a pas quitté Corvus. Il s’agit d’un avertissement clair : cette fois il devra consulter les autres avant de prendre des décisions qui nous concernent tous. Mon ton claque d’une animosité à peine dissimulée. Moi, rancunière ? Si peu.
Posté le Mar 22 Fév - 16:24
Corvus Eddarson
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Bien malgré lui, Corvus était forcé de reconnaître la véracité des propos de Léonie : ils étaient bel et bien coincés ici, pour l’instant du moins. Léonie n’avait rien perdu de cette faculté, celle qui la caractérisait tant : terre à terre, elle avait toujours su évaluer les situations telles qu’elles étaient, et non pas telles qu’on l’aurait voulu. Loin d’être innée, cette capacité, Léonie l’avait apprise avec le temps au prix de nombreuses années de terreurs. Aujourd’hui, la jeune femme ne commettait plus cette erreur, celle de se voiler la face. Oui, elle avait raison : pris au piège, pour l’heure aucune autre issue ne s’offraient à eux que de rester ici, entre les murs du domaine Valencia, que la propriété privé et la réputation de sa propriétaire protégeaient de l’intrusion de la Guarda … pour l’instant.

Lorsque Léonie mentionna l’idée de demeurer dans la maison, le sang de Corvus ne fit qu’un tour dans ses veines à l’idée de retrouver ces murs auxquels il avait renoncé cinq ans plus tôt. Suspicieux et largement influencé par son manque de confiance envers les privilégiés, le garçon aux cheveux blancs ne manqua pas de commenter cette idée.

« — Comment être certains qu’on peut te faire confiance ? » questionna Madga, qui ne cachait pas sa méfiance « Qui nous dit que, dans notre sommeil ou quand on s’y attendra le moins, tu ne feras pas venir la Guarda en douce ? » supposa-t-il.

En d’autres circonstances, Corvus aurait donné raison au garçon, mais là n’était pas son problème. Même après toutes ces années, Corvus gardait une confiance aveugle envers Léonie : sa loyauté ne faisait aucun doute à ses yeux. Non, son problème était ailleurs et Léonie ne manqua pas de mettre le doigts dessus : en entrant dans sa propriété, l’ancien dompteur l’avait impliqué dans ses problèmes, ceux-là même qu’il avait voulu lui éviter cinq ans plus tôt. En entant sur son terrain, en la mettant dans cette situation, Corvus faisait d’elle sa complice, réduisant à néant toutes ces années de sacrifices ; et non content de la mettre en danger elle, il mettait aussi en danger ses enfants, et cette nouvelle vie qu’elle avait certainement dû construire. Les paroles de Léonie et son choix d’utiliser le pluriel pour mentionner ses enfants, usé de manière naturelle pour elle mais absolument pas pour lui, firent manquer un battement au cœur de Corvus : ainsi,  la fillette qu’il avait aperçu était la bien sœur d’Aster et son cœur hurlait de vouloir en savoir plus, mais le rebelle savait le moment mal choisit, terriblement mal choisis.

Loin d’être affligé par les mêmes émotions que son aîné, le natif d’Alola fut le premier à proposer une solution à ce problème qu’ils avaient désormais en commun.

« — On a qu’à te prendre en otage » proposa-t-il « La Guarda n’osera pas entrer si on menace de te tuer, toi et tes enfants. Ainsi, tu seras victime et non complice,  et on échangera ta liberté contre la nôtre » déclara-t-il.

« — Absolument hors de question » répondit Corvus, bien avant que quiconque n’ait pu donner son avis.

L’idée même de malmener Léonie, même pour faire semblant, allait à l’encontre de toutes ses convictions, et plus encore de son désir. Et puis, quelle image renverrait-il de lui ? Corvus ne voulait pas apporter matière à cette réputation que le gouvernement lui avait fait. Même si le plan de Magda n’était pas dénué d’une certaine cohérence, Corvus n’était pas un preneur d’otage, ni un meurtrier. Et puis, la Guarda entrerait-elle vraiment dans leur jeu ? Si Léonie était vraiment dans leur ligne de mire comme elle le prétendait, cette prise d’otage serait une aubaine pour eux : quoi de mieux qu’un problème en éliminant un autre ? L’enjeu politique, cependant, n’était pas à sous-estimer : Léonie avait certainement des alliés dans le milieu, des alliés qui ne manqueraient pas de se soulever si les autorités se servaient de cette prise d’otage pour s’en débarrasser.

« — Si tu as une autre idée, Corvus, on t’écoute » déclara Magda, presque provocateur, bien curieux de voir ce que son aîné avait à proposer.

« — Mon idée, c’était de ne pas venir ici pour commencer » rétorqua Corvus, cinglant à l’encontre de l’adolescent. L’ancien dresseur le fusilla du regard, comme pour lui rappeler que sans lui, ils n’en seraient sans doute pas là. Corvus fit une pause, s’accorda le temps d’une réflexion, avant de poursuivre « Je suis d’avis d’attendre, et de voir » proposa finalement le rebelle « Je ne suis pas certain que les hommes de la Guarda nous aient reconnu, et si ce que tu dis est vrai – son regard s’était tourné vers Léonie, puisqu’il s’adressait à elle – ils réfléchiront peut-être à deux fois avant de te forcer à les laisser fouiller la maison … après tout, ils n’ont aucune preuve. Passer les rues au peigne fin est une chose, forcer une privilégiée à ouvrir les portes de sa propriété une autre. Le risque des représailles juridiques feront peut-être hésiter leurs supérieurs » déclara Corvus « S’ils débarquent, il sera toujours temps d’agir en conséquent » ajouta-t-il. Suivre le plan de Magda par exemple, malgré tout ce qu’il impliquait « Nous repartirons dans la nuit, l’obscurité nous sera salutaire » assura-t-il.

Corvus comptait-il sur sa chance ? Avec le temps, le paria avait appris à le faire. Que lui restait-il d’autre de toute manière ? S’il ne se trouvait pas particulièrement chanceux, l’ancien dompteur avait appris à composer avec. Après tout, puisqu’ils en étaient là, ils ne perdaient rien à tenter le coup.

Coincé, la situation s’imposait à Corvus et le rebelle mit un moment à l’accepter. Pendant un instant, animé par la volonté de minimiser les risques, Corvus hésita à poser une condition, celle de ne pas séjourner dans la villa. Chambouler la vie de Léonie et de ses enfants était la dernière chose qu’il souhaitait faire, mais une pensée en direction de Madga lui fit changer d’avis. Corvus n’ignorait pas la difficulté de cette vie qu’ils trainaient depuis cinq ans maintenant … depuis quand ne s’étaient-ils pas reposé sous un vrai toit, depuis quand n’avaient-ils pas mangé un vrai repas, pris une vraie douche ? Magda était grand désormais, pourtant Corvus le voyait toujours comme ce gamin d’Alola devenu orphelin, celui qui n’avais plus eu de vie normale depuis que le gouvernement avait tué ses parents. Seul, Corvus aurait refusé l’hospitalité de Léonie – en cela, il semblait oublier l’obstination de la jeune femme ! – mais Corvus n’était plus seul désormais et son nouveau rôle lui avait appris à choisir différemment. Et puis … au fond de lui, sans se l’avouer vraiment, la perspective de ces quelques heures en relative sécurité prenaient la forme d’un répit inespéré, que son corps réclamait ardument.

« — Tu lui fais confiance ? » lui demanda finalement Magda, brisant le silence qui avait fini par s’installer, ignorant totalement la présence de la jeune femme.

Quelques secondes s’écoulèrent avant que Corvus ne réponde. Qui savait ce qu’était devenu Léonie ? Qui savait ce qu’elle était prête à faire pour protéger ses enfants ? Les gens et leurs relations changeaient en cinq ans, non ? Pourtant …

« — Je lui fais confiance » déclara le rebelle, sans une once d’hésitation.

L’adolescent fronça les sourcils.

« — Qui est-ce qui parle ? Le Corvus que je connais, ou celui qui agit bizarrement depuis tout à l’heure ? » questionna-t-il, toujours septique.

« — Tu peux lui faire confiance » se contenta de répéter l’ancien dresseur.

Depuis quelques temps, les certitudes de Corvus avaient tendance à s’effriter … mais pas celles-ci. Corvus avait toujours fait confiance à Léonie et cela n’avait pas changé : malgré tout le mal que son choix avait pu lui faire – leur faire ! – il savait que la jeune femme ne s’abaisserait pas à le trahir de la sorte. De nouveau, le regard de Corvus s’attarda un instant dans celui de Léonie.

« — Tu peux nous faire confiance, toi aussi. Rien n’a changé » assura-t-il finalement.

Absolument rien.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1350 MOTS.
Posté le Mar 22 Fév - 21:49
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Je n’ai pas tout à fait pardonné la manière dont notre histoire s’est achevée; face aux raisons de Corvus je n’ai eu qu’un contrôle limité et ai dû me résigner avec la sensation amère d’être la seule à rechercher une autre issue. Y en avait-il une autre véritablement ? Ce n’est pas le moment de ressasser le passé même si ce dernier revient me hanter avec brutalité. J’ai exprimé le fond de ma pensée et je devine le jeune homme de Sercena assez perceptif pour comprendre ce qui se trouve entre les lignes. La présence de son jeune acolyte nous empêche de discourir franchement; peut-être la soirée amènera-t-elle des conversations que je devine d’avance bien douloureuses. Le garçon d’ailleurs émet des réserves à mon endroit qui me tirent un pâle sourire amusé. Voilà qui est bien mal me connaître que de suggérer que je puisse collaborer de près ou de loin avec la Guarda. Je préférerais mourir que de m’abaisser à de telles actions; rien que leur idée me fait frémir de ridicule. Non, vraiment, si les choses devaient mal tourner c’est à Aetius que je confierais la tâche de gérer les deux rebelles. Il se ferait un plaisir de s’en charger à en croire l’animosité qui crépite encore dans ses prunelles. Le dragon chromatique refuse de quitter mes côtés même si je tente de le rassurer d’un regard. À l’instar de l’adolescent il n'est pas rassuré. Tous deux devront se calmer quelque peu.

Je me tends à mon tour en entendant la suggestion du jeune homme aux cheveux blancs. Si elle ne me dérangerait pas en soi s’il n’avait s’agit que de moi-même, je refuse d’infliger ce trauma à mes deux enfants, de les mêler à cette situation plus qu’ils ne devront l’être. Mon instinct maternel me pousse une fois de plus à gratifier l’autre d’un regard plein de colère. Sa familiarité (oui bon, appelez-moi vieille bourgeoise si vous voulez mais par ici on vouvoie nos aînés, merci) ainsi que sa fébrilité ne me plaisent guère. Je suppose que c’est le genre d’attitude qu’on obtient lorsqu’on mène cette vie de fuite constante, ainsi je ne lui en tiens pas trop rigueur. Pas trop. Dans tous les cas je n’ai pas l’occasion de protester qu’une autre voix s’élève, dont le timbre me fait frissonner. J’ignore pourquoi, mais la détermination dans sa voix m’a fait relever les yeux vers lui, croiser la pénombre de ses iris. Je me sens tout à coup bien bouleversée de sa ténacité à me protéger encore présente ici, perceptible dans ses paroles et de l’énergie qu’il vient de déployer pour m’éviter tout tort. Il ne voulait vraiment pas me mettre dans cette situation, je me dis non sans une pointe d’émotion. Ressent-il la même détresse à paraître devant moi après toutes ces années ? Ma vision l’anime-t-il de sentiments tout aussi contradictoires ?

Je ne m’autorise pas ces questions, bien futiles à l’heure actuelle. L’intervention du leader du duo semble avoir mis fin aux planifications du cadet qui ne manque pas de tester son autorité. J’ai presque un sourire en considérant la dynamique : si cet adolescent s’imagine pouvoir plier ce Tiboudet qu’est Corvus Eddarson, il va falloir qu’il témoigne d’un peu plus de volonté. Car malgré tous mes efforts je ne suis jamais parvenue à convaincre mon ex-partenaire lorsqu’il avait une idée bien ancrée en tête. De toute évidence, l’étranger ignore tout de mon identité et du lien qui m’unissait autrefois à son protecteur. Je ne me surprends pas tellement de cet anonymat; l’inverse m’aurait grandement étonné. J’ai du mal à imaginer le jeune homme divulguer si aisément notre relation d’autrefois lui qui sait se montrer aussi taciturne et discret que je puis l’être. La raison l’emporte d’ailleurs sur Corvus qui me concède que ma proposition s’avère la plus judicieuse pour l’heure. Partir dans la nuit, comme il le suggère, sera probablement plus sécuritaire. L’idée d’une nouvelle séparation me bouleverse déjà; je tâche de bousculer cette pensée dans un coin de mon esprit pour l’instant.

«D’autant plus que j’ai le meilleur avocat en ville et ils le savent.» je fais avec un sourire mi-assuré, mi-provocateur. Le simple nom de Maître Sitan suffit à faire frémir le plus endurci des membres de la Guarda. «Il y aura de nombreux endroits possibles où vous cacher chez moi auquel cas la chance ne soit pas de notre côté ce soir. Pour le moment je suggère que vous profitiez de l’hospitalité, vous semblez tous les deux en avoir grandement besoin.»

Je fronce un peu du nez en les détaillant à nouveau. Tous deux ont bien grise mine : une bonne douche leur fera le plus grand des biens. Mon ton s’est considérablement adouci désormais, tout comme mon regard. Je tente une œillade supplémentaire vers Corvus, lui affichant un sourire doux, presque maternel. Je prendrai soin de lui ce soir puisque le destin l’a placé sur mon chemin. Je suis bien assez grande pour placer mes rancoeurs de côté; malgré tout ce que nous avons vécu je lui dois bien toute l’hospitalité du monde. N’a-t-il pas été le phare dans mon obscurité, il y a bien longtemps ? À présent que j’ai ma vie en main, peut-être pourrais-je agir de même, s’il me l’autorise quelques heures. Le silence pour l’instant s’installe et je le respecte en scrutant cette fois la réaction de l’adolescent. Ce dernier questionne une fois de plus Corvus à savoir s’il peut lui faire confiance, s’étonnant de son comportement. Je reste silencieuse en attendant la réaction de l’intéressé. Je suppose qu’une vie de fugitif ne lui a permis souvent de relâcher sa méfiance que je lui connaissais déjà. Le savoir en mesure de baisser sa garde à mes côtés ensoleille quelque peu mes pensées.

Corvus assure finalement à son cadet la confiance qu’il peut avoir en moi, qu’eux peuvent avoir en moi. Les mots qu’il m’adresse ensuite finissent de mettre mes émotions à mal. Rien n’a changé. Que veut-il dire par là ? Des paroles si vagues, qui font galoper cœur et esprit tout à la fois. Soutenant un instant son regard en m’enfonçant dans une confusion agitée, je dois m’en détournant en sentant des rougeurs troublées me monter aux joues. Loin de moi l’idée de trahir les émotions que ses paroles suscitent, je me montre un peu expéditive en faisant volte-face et me mettant à marcher vers la maison :

«Très bien, maintenant que c’est établi suivez-moi à l’intérieur.»

Tout et rien n’a changé à l’intérieur depuis la dernière visite houleuse du rebelle chez moi. Si l’ensemble reste fidèle à ce qu’il a connu, un nouveau canapé trône dans la pièce familiale, bien plus grand et confortable, idéal pour les soirées de télévision en famille. Plusieurs sculptures et autres objets d’art ont été remplacés par des portraits représentant Elina, Aster et moi-même en compagnie des Pokémon, d’Imany, Lukas, Christine, Liora, Akeira et Sekou… une représente même Azmitia qui affiche un sourire quelque peu gêné. Sur le réfrigérateur on retrouve aussi une panoplie dessins, la majorité confectionnés par ma fille. Un espace a été réservé à leurs jouets et plus les années passent, plus ce petit coin s’étend sur les autres aires de la maison ! Il y a ici une vie qui pulse; plus rien à voir avec la vie parfaitement rangée et symétrique que je vivais avant. Notre existence est un chaos permanent, bien différent de celui que Corvus et son acolyte peuvent vivre. Malgré mon goût pour les textures froides, une chaleur invitante règne désormais dans la demeure. La magie qu’ont opéré Elina et Aster en ce lieu. Une fois à l’intérieur, je mène mes deux invités à l’îlot de la cuisine et leur sert à tous les deux un verre d’eau citronnée avec un peu de menthe, une concoction dont je raffole par les jours d’été tels qu’aujourd’hui. Je récupère ensuite mon arme à Corvus et la rapporte à sa place dans mon bureau avant de revenir auprès des deux hommes. Je me pose presque négligemment contre le comptoir et m’adresse particulièrement à l’adolescent.

«Je suppose qu’une présentation en bonne et due forme s’impose. Je suis Léonie Valencia, propriétaire de cette maison. Je travaille pour une compagnie nommée Craboss qui œuvre dans le domaine juridique. Recours collectifs, services judiciaires et autres services qui bénéficient au peuple cinzan. Nous avons pour objectif de conserver une Cinza libre, en rappelant au gouvernement qu’il n’a pas tous les droits. Cela ne m’apporte pas exactement des amis, surtout pas auprès de la Guarda. Nous faisons tous notre possible dans le combat qui vous anime, mes chers. Vous pouvez ne pas me faire confiance tout de suite, jeune homme. La confiance se gagne et je n’ai encore rien fait pour la mériter si ce n’est de ne pas vous livrer sur-le-champ. Néanmoins je peux vous assurer que vous trouverez en moi une alliée de taille et non une nuisance.»

Je me suis adressée avec assurance et calme, la preuve même que j’ai beaucoup cheminé depuis ma séparation avec Corvus. Je ne me sens plus aussi maladroite socialement, j’ai appris à me faire confiance. Je connais mes moyens, mieux du moins.

«Pour ce soir, je ne vous demande qu’une seule chose messieurs. Jouez le jeu. Nous avons moins d’une heure avant que mes enfants ne reviennent. Ils sont jeunes, vulnérables. Vous comprendrez que je n’ai aucun désir de les mêler à ces histoires. Donc pas un mot sur… enfin vos activités habituelles. Nous n’aurons qu’à dire que vous êtes des amis en visite ce soir. Par contre euh…»

Je les détaille un instant avant de soupirer.

«Il va falloir arranger ça.» dis-je en les désignant entièrement. «Il y a une salle de bain équipée d’une douche au rez-de-chaussée et deux chambres, vous les trouverai à l’extrémité du couloir. Installez-vous, elles sont libres. Je vous laisse quelques instants pour me restaurer de mon côté.»

J’ignore pourquoi j’ajoute «de mon côté». Ce n’est pas comme si nous allions y aller tous ensemble hein. Respirant profondément pour éviter de me mettre à rougir à nouveau, je me dirige en direction de l’entrée et des grands escaliers qui mènent à l’étage, quand je m’arrête pour faire volte-face.

«Oh et je tâcherai de vous dénicher de quoi vous mettre.»

Je suis certaine d’avoir encore des vêtements de Corvus quelque part. Pour ce qui est de l’adolescent, il doit faire à peu près la même taille que Jon, le fils d’Imany âgé de seize ans. Le cœur battant, je m’éloigne des deux jeunes hommes en peinant à réaliser qui se trouve de nouveau sous mon toit. En montant, je fais signe à Aetius de rester auprès de nos «invités». Je préfère que le dragon les tienne à l’œil dans le cas où il leur viendrait l’idée de disparaître.
Posté le Mer 23 Fév - 18:17
Corvus Eddarson
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


A son grand soulagement, Léonie semblait porter crédit à ce semblant de plan qu’il avait. Malgré tous les points noirs de son histoire, ces cinq dernières années lui avait appris, finalement, à agir en conséquent plutôt qu’en prévoyance, et jusqu’à présent cela lui avait plutôt bien réussis … à peu près. La mention du meilleur avocat en ville et plus encore le souvenir que Corvus avait de cet homme lui arracha un sourire furtif, lui qui avait connus Alexis Sitan et ses extravagantes manières. Sa route avait croisé la sienne lors de son séjour à San Camari et s’il le connaissait peu, le jeune homme n'oubliait pas toute l’aide qu’il avait apporté à Léonie là où lui ne l’avait pas pu. Cinq ans plus tard, Sitan semblait encore être là pour elle et ce détail lui échauffa le cœur. Lorsque, enfin, Léonie suggéra de simplement profiter de son hospitalité le temps que passe la tempête, Corvus acquiesça … tout en avisant le coup d’œil de la jeune femme à son encontre. Quoi, était-il en si mauvais état que cela ? Il fallait croire que oui.

Silencieux, les deux garçons se laissèrent guider jusqu’à l’intérieur de la maison. La situation avait quelque chose d’étrange, mais Corvus tentait d’en faire abstraction ; en cela, les nouveautés qui pullulaient dans la villa lui fut d’un secours inopiné. Si Magda découvrait clairement l’endroit, Corvus lui le redécouvrait. Par la suite, l’ancien dompteur écouta avec attention la présentation de la jeune femme, de cette Léonie qu’il ne connaissait pas encore et qu’il aurait aimé ne pas tant vouloir découvrir. Ainsi, la jeune femme n’était pas restée oisive au cours de ces cinq dernières années – Corvus n’en avait pas douté un seul instant – et loin de se laissé marcher sur les pieds, elle semblait donner du fil à retordre au gouvernement. Bien que de manière différente, ils étaient dans le même camp … mais cela ne suffisait pas à amadouer Magda, qui continuait de fixer la bourgeoise d’un air septique.

Visibles et prévisibles, les conditions de Léonie étaient légitimes, et Corvus ne put retenir un frisson lorsqu’elle mentionna de nouveau ses enfants. Attendait-elle une réaction de sa part ? Corvus le savait : en d’autres circonstances – si son regard ne s’était pas déjà porté sur lesdits enfants –  l’ancien dresseur n’aurait pas manqué de tiquer, et Léonie le savait aussi … mais conscient que l’heure n’était pas aux révélation, le rebelle faisait le choix de laisser l’information couler. Léonie l’avait-elle remarqué ? La situation était trop compliquée pour s’encombrer de telles théories et plus que jamais, Corvus opta pour le silence, n’écoutant que d’une oreille distraite les dernières paroles de la jeune femme.  

« — Pff, une bureaucrate … j’en étais sûr » affirma Magda une fois la jeune femme disparue « Qu’est-ce qu’elle insinue avec sa douche, qu’on est des pouilleux ? » Il jeta un regard suspicieux en direction du verre de limonade qu’elle avait déposé pour eux « Qu’est-ce qu’on fait, Corvus ? » demanda-t-il.

D’une traite, Corvus vida son verre, jeta un regard en direction d’Aetius.

« — On se tient à ce qui s’est dit » répondit l’ancien dresseur « De toute façon elle a raison : il est trop tard pour fuir maintenant. La Guarda a dû se disperser autour du domaine à la recherche de notre trace » S’approchant de l’îlot, il fit glisser le dernier verre plein en direction de l’adolescent « La prise d’otage, tu oublies. Tu rayes ça de ton esprit, je ne veux plus en entendre parler. On reste ce soir, on mange, on fait semblant pour ses enfants, et puis on repart dans la nuit » expliqua Corvus.

Magda n’était pas convaincu, et les belles paroles de son mentor ne le persuadait pas. Il rumina un instant, lança des œillades un peu partout autour de lui.

« — Si ça se trouve elle ment » déclara-t-il. Son regard se porta en direction du Libégon chromatique « Et puis, si ça se trouve c’est même pas son dragon … qui sait, elle l’a peut-être acheté à un membre de la Guarda qui l’avait fait saisir ! » suppposa-t-il.

Corvus soupira.

« — Elle ne ment pas, et c’est son dragon » assura l’ancien dompteur.

« — Pourquoi tu lui fais confiance comme ça ? » insista l’adolescent.

Ce n’était pas la première fois que Magda lui posait cette question et Corvus savait qu’il finirait bien par devoir lui répondre, et ce bien avant la fin de la soirée. Si l’ancien dresseur était passé maître dans l’art de changer de sujet et si Magda se trouvait être une victime parfaite, le garçon finirait bien par découvrir la supercherie. Pour l’heure, Corvus faisait le choix de gagner du temps : d’un signe de tête, il désigna le chemin qui menait à la salle de bain.

« — Va te laver le premier. C’est une vrai douche » affirma Corvus.

« — Une vrai douche ? Tu veux dire, avec de l’eau chaude et tout ? » s’étonna l’adolescent.

Son intérêt pour la chose n’échappa pas à Corvus. Parmi les nombreuses choses dont ils avaient dû apprendre à se passer, le confort d’une salle de bain en faisait partie. Ce qui était normal pour beaucoup de cinzans était devenu un luxe pour eux et chaque jour, cette vérité lui brisait le cœur un peu plus. Loin d’attendre le retour de Léonie, Magda se dirigeait déjà vers la salle d’eau.

« – Magda » l’interpella Corvus. Le garçon se retourna, avisa son aîné « Pas de bêtises. On ne casse rien, on ne vole rien, tu m’as bien compris ? » lui intima le rebelle « Essais de profiter un peu. Baisse ta garde, nous sommes en sécurité ici » assura-t-il encore une fois.

Lorsque l’adolescent disparut finalement dans le couloir, le cœur de Corvus se serra … Magda avait intérêt à se tenir à carreau !

Désormais seul ou presque – comment oublier Aetius ? – Corvus s’attarda à détailler la pièce autour de lui, cette pièce qu’il avait connu dans ce qui lui semblait être une autre vie. Léonie y avait apporté quelques modifications qui, il devait l’avouer, participait au charme nouveau de l’endroit. Partout, des détails venaient lui indiquer que la vie avait trouvé son chemin, que malgré les aléas elle avait continué d’avancer, s’adaptant aux changements, s’arrangeant des absences. Çà et là, accrochés sur les murs ou posés sur les meubles, des photos avaient pris la place des tableaux et objets que Corvus avait connu, preuve visuelle de la vie qui avait continué sans lui. Presque cruellement, ces clichés rappelaient à sa mémoire ces gens qu’il n’avait plus revu depuis ce qui s’apparentait être pour lui la fin du monde. Même Sekou était là ! Son cousin continuait-il de voir Akeira ? Un sentiment amer l’envahit un l’instant à l’idée de tout ce que le destin lui avait fait perdre. Comment le gouvernement, comment des hommes et des femmes qu’il ne connaissait même pas, avaient pu ainsi lui arracher cette vie ? Le souvenir de ces visages, malgré tout, apporta un peu de baume à son cœur meurtri, juste un peu … ce n’était rien, pourtant Corvus avait l’impression de les revoir, d’avoir de leurs nouvelles, lui qui n’avait pas cherché à en avoir durant ces cinq dernières années, par conviction plus que par choix.

L’ancien dompteur s’arracha à sa contemplation pour finalement tourner son regard en direction du jardin, sur cette même cour dans laquelle il avait vu les enfants quelques heures plus tôt. Cette vision, Corvus ne parvenait pas à s’en défaire, à l’oublier ; et déjà un flot de questionnements assiégeaient son esprit déjà bien troublé. Cette fille était la sienne et il le savait, pouvait-il en être réellement autrement ? Tout correspondait : son âge qu’il avait su approximativement évalué, ses cheveux noirs comme les siens, et Soleil – ah, Soleil ! – qui, de toute évidence, semblait avoir fait d’elle sa petite maîtresse … oui, tout correspondait. Que s’était-il passé ? La chronologie des évènements demeurait floue dans son esprit, incertaine. Corvus essayait de ne pas y penser, mais …

Le bruit de pas dans l’escalier le fit se retourner. C’était Léonie bien sûr et lorsque les yeux du rebelle se posèrent sur elle, son cœur s’agita. Elle avait troqué son tailleur de travail pour une robe moins austère, moins habillée, laissant paraître certaine part d’elle qui, immanquablement, attira son regard. Loin de la quitter des yeux, Corvus l’observa arriver et s’approcher. Enfin sans témoins, l’ancien dresseur se laissa gagner par ses émotions, un peu, juste un peu. Dans sa poitrine, il pouvait sentir son cœur battre comme jamais, trahissant son émoi. Comment avait-il pu oublier à quel point il l’aimait ? Malgré tout ce temps, sa présence lui faisait toujours cet effet, toujours. Il la fixa longuement, silencieux, refrénant des compliments à son encontre, luttant pour ne pas rompre la distance qui les séparait et tacha, à la place, de lui offrit un sourire que la fatigue rendit léger. Il ne prit même pas le temps de détailler la pille de vêtements qu’elle lui apporta. Ses doigts frôlèrent les siens lorsqu’il récupéra la pille.

« — Merci pour ton hospitalité » déclara-t-il finalement « Magda va se calmer, il est juste … » Comment dire ? « Ses parents sont morts à Sercena. Il n’est pas méchant, il a juste tendance à improviser un peu trop » expliqua l’ancien dompteur. Le rebelle désigna la pièce « Tu as fait quelques aménagements. Ça rend bien » Il fit une courte pause, fit quelques pas nerveux « Tu as l’air heureuse, je suis heureux pour toi. Je suis désolé, je ne voulais pas faire irruption comme ça dans ta vie. Ce n’était pas prévu » assura-t-il.

Corvus était bien des choses, mais bavard n’en faisait pas partie. Qu’est-ce qu’il lui prenait alors ? Le jeune homme sentait ses paroles le trahir lui-même. Bien qu’emplies de sincérité, ses paroles n’étaient qu’une diversion, qu’un stratagème bien vain pour tenter de détourner le véritable sujet de cette conversation qu’il brûlait d’avoir. Malgré les années passées, Léonie le connaissait bien et le rebelle savait que son manège ne la duperait pas bien longtemps. Pendant quelques secondes, Corvus retrouva le silence, se trouvant idiot d’avoir essayer … il n’était jamais parvenu à faire semblant avec Léonie Valencia et aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle. Il devait le lui dire, percer l’abcès, soulager sa conscience … et peut-être aussi la sienne, qui savait ? Sans doute paniquait-elle à l’idée de le lui dire.

« — J’ai vu la fille, Léonie. Notre fille » déclara Corvus.

Il y avait, dans sa voix, une neutralité ni bonne, ni mauvaise. Corvus avait tenté de l’énoncer telle une constatation, sans laisser son avis transparaître … un avis qu’il n’avait d’ailleurs pas encore eu le temps de construire. Pour l’heure, trop de choses lui échappaient encore et contre toute attente, le pourquoi du comment ne l’intéressait pas, n’était pas sa priorité. Il laissa à Léonie le temps d’accuser l’information, avant de continuer.

« — Comment s’appelle-telle ? » demanda-t-il.

Sa voix s’était radoucie. Corvus avait conscience de la précocité de cette discussion, mais il savait aussi qu’il ne parviendrait pas à être vrai tant que cela n’aurait pas été fait. En cet instant, les détails lui importait peu : son désir seul était d’être honnête avec elle, de dire les choses plutôt que de les garder pour soi. Corvus avait toujours brillé par sa franchise et cette fois-ci non plus ne faisait pas exception à la règle.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1930 MOTS.
Posté le Jeu 24 Fév - 12:22
Léonie A. Valencia
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L’eau salvatrice de la douche me permet un instant de me défaire de la houle que je viens de délaisser au rez-de-chaussée. Guidée par une musique entraînante que j’ai lancé dans la salle de bain attenante à ma chambre, je laisse couler mes pensées jusqu’à trouver le vide dans mon esprit. Je pratique depuis plusieurs années la méditation maintenant. Pas toujours aisé de trouver l’équilibre psychique : cet exercice demande beaucoup d’entraînement. Je peux sentir mes muscles noués se détendre au contact de l’eau chaude. Avec regret, je quitte la douche en poursuivant mes respirations profondes afin de conserver quelques minutes supplémentaire cet état méditatif si délicieux. Planant jusqu’au comptoir, je sèche rapidement mes cheveux puis prise d’un excès de coquetterie j’applique rapidement une ligne de crayon sur mes yeux. Cherchais-je à lui plaire ? Oui, d’une manière, toujours. Je me soucierai toujours de ce qui peut se tramer dans son esprit, même si l’attirance n’est pas exactement ce que je souhaite provoquer chez lui à l’instant. Oh Corvus. Mon moment de paix s’achève brusquement alors que je me permets de penser à lui et de m’interroger sur ce que sa présence m’a fait ressentir, hormis le choc premier. Je ne peux pas encore être amoureuse de lui, si ? Voilà une idée parfaitement ridicule. Le temps aura eu raison de ces sentiments qui désormais n’ont plus lieu d’être. M’accrocher au passé ne servirait qu’à me blesser davantage. J’ai déjà bien assez souffert.

En enfilant ma robe pour la soirée, je repense à tous les rencarts que les filles ont pu organiser dans les dernières années, ces tentatives futiles de me faire rencontrer quelqu’un que je finissais toujours par comparer à lui. Si ce n’est de notre fin abrupte, je n’avais rien à reprocher à mon partenaire et c’est bien là l’étendue du drame. Je me languis encore de cette relation, du sentiment de complicité et de sécurité que je pouvais ressentir auprès de lui. Ma première réaction passée, je n’ai plus ressenti de peur auprès de lui, même s’il a dû changer je suppose ces dernières années. Pourtant il espère encore le mieux pour moi, il me protège encore, il me respecte toujours. M’observant un instant dans la glace, je sens mon cœur s’agiter et toutes mes convictions s’effriter. Amoureuse, je l’ignore, mais en danger d’alimenter le feu qui gît sous les cendres ? Oui, ça oui. Je devrai me montrer particulièrement prudente auprès de lui et éviter tout ce qui pourrait de près ou de loin venir brouiller les lignes beaucoup trop fines entre nous. De toute manière, je suis certaine que de son côté il n’y a plus ce danger. Ce n’est pas son genre de rester accroché comme je puis le faire. C’est un homme de raison. Corvus n’irait jamais s’émouvoir de cette jolie robe rose que j’ai revêtu au décolleté plutôt plongeant je le réalise. Ce n’est pas l’intérêt de toute manière.

Chassant mes idées contradictoires, je m’aventure dans ma chambre où dans un tiroir demeuré intouché depuis bien longtemps je récupère des vêtements pour lui. Je me dirige ensuite vers le couloir quand je me fige sur place, hésitante… puis me retourne pour aller chercher un objet précieux dans ma garde-robe. Le manteau de cuir. Celui-là même qu’il a posé sur mes épaules pour me préserver du froid des galeries des Pics Niebla. Un vêtement imprégné de souvenirs doucereux et douloureux tout à la fois. J’en caresse un instant le cuir avant de me diriger vers le rez-de-chaussée. Je ne m’attendais pas à retrouver Corvus toujours dans la salle principale et la perspective d’un tête-à-tête m’anime de nervosité. Je m’avance en sa direction, tentant de me rassurer du léger sourire qu’il m’adresse, mon regard s’aventurant sur le mur de photographies où il semblait se trouver avant mon arrivée. Ces clichés doivent lui rappeler bien amèrement la vie qu’il a délaissée au nom de son combat. Tous ces souvenirs que nous avons bâtis sans lui. Prudemment, je lui tends ses vêtements en me sentant frissonner lorsque nos doigts se frôlent. Je me retire un peu trop vivement, trahissant une part du trouble que me cause son contact désormais.

Puis Corvus se met à parler, d’abord en remerciements. Il nomme aussi son acolyte sur lequel je peux enfin mettre un nom. Magda. Il peint un portrait de lui qui me fait soupirer. Aucun enfant ne devrait vivre cette vie et la pensée qu’un jour les miens pourraient vivre le même sort assombrit mes prunelles. Si seulement Craboss avait pu être présent pour lui à l’époque, peut-être n’aurait-il pas été confronté à cette vie. Quel est le lien qui l’unit à Corvus ? Un partenaire ? Un parent de remplacement ? Qui sait. Leur histoire leur appartient et ils choisiront tous les deux de divulguer ce qu’ils désirent selon leur degré d’aise. Je comprends mieux l’extrême méfiance du jeune homme et ses idées quelques peu violentes; mêlées aux caractéristiques déjà tempétueuses de l’adolescence se mêlent un passé difficile voire tragique.

«J’espère qu’il pourra se sentir bien ici alors, même si ce n’est que pour un temps.» je fais simplement avec la douceur d’une mère.

Corvus parle beaucoup. Est-il nerveux ? Cela ne lui ressemble pas et cette manière plus volubile de s’exprimer me rend moi-même moins à l’aise. Quelque chose le tracasse, de non-dit. Je fronce les sourcils légèrement en me questionnant sur ses pensées : ah si seulement je pouvais savoir ce qui se trame là-dedans. Fidèle à lui-même, mon ex-partenaire finit par lâcher le morceau avec une neutralité presque troublante à mes yeux. Ses paroles me font l’effet d’une vague et je titube un instant. J’avais oublié. Ce détail de la taille d’un Mammochon et qui pourtant m’a échappé. Corvus ne sait rien d’Elina. Il n’a pas fallu grand-chose pour lui permettre de réaliser que l’enfant sur les photographies était la sienne, à moins qu’il l’aille vue dans le jardin avant mon arrivée ? Bouleversée, je lève un regard vers lui, un regard blessé et renfermé. Cet animal traumatisé qui n’a jamais véritablement quitté ma poitrine, celui-là même qui me pousse à prononcer ces quelques mots.

«Ma fille.»

Je m’éloigne en direction du mur de photographies, peinant à respirer. Un instant, j’ai réagi sous l’impulsion d’une crainte profonde : celle qu’on me l’enlève. Je combats avec peine cette idée désordonnée, levant une main tremblante vers mon visage. Notre fille. Est-elle simplement la sienne ? Il ne suffit pas de quelques soupirs de plaisir pour mériter le nom de père. Corvus ne l’a pas porté, ne l’a pas nourri, de l’a pas bercé. Il n’a jamais chanté pour elle lorsqu’elle refusait de s’endormir. Ou resté près de son berceau en se réveillant à chaque râle lorsqu’elle tombait malade. Il n’a jamais donné de bisous sur son nez, ou sur ses blessures lorsqu’elle est tombée. Il n’a jamais maintenu une consigne lorsqu’elle refusait de collaborer. Il n’a jamais assisté à l’un de ses nombreux gestes de compassion dont elle fait preuve. Il ignore tout de sa passion pour les Pokémon canidés. Ou la manière dont elle choisit avec soin chacun de ses vêtements le matin avant de rentrer couverte de boue le soir, un grand sourire édenté aux lèvres. Il n’y a pas de «nous» qui tienne, puisque demain il aura quitté notre vie à nouveau, qu’il ne sera plus qu’un souvenir délicat, plus qu’un feu sous la cendre.

«Elle s’appelle Elina.»

Et pourtant son nom suggère autrement. Son prénom qui signifie ce qui nous a rassemblé tous les deux par le passé, soleil. Mon regard s’attarde sur une des photographies les plus récentes, datant du mois d’octobre lors de la photo de classe. Elina y paraît avec un grand sérieux, un sourire en tous points identique à celui de son père, ses cheveux encadrant ses traits en cascades de jais. Je récupère le cadre et caresse du bout des doigts la photographie avant de me retourner vers Corvus, m’approchant de lui. J’entre dans sa bulle, dans son univers, délestant un instant mes propres réserves pour poser entre ses mains avec un monde de regret. Dans un autre monde, il aurait été privilégié d’avoir pu être à ses côtés. Sauf que notre réalité en est tout autre. Une part de moi bien cruelle se raccroche à ce rêve interdit. Un où il aurait sa place dans cette famille. Je lui tends la photographie, surveillant ses traits. Aussi difficile soit cet instant pour moi, je peux imaginer l’étendue de son trouble à lui aussi.

«Nous n’avons pas besoin d’en parler tout de suite mais… je répondrai aux questions si tu en as. Juste… je ne peux pas te laisser lui dire quoi que ce soit, Corvus. Tu comprends ?»

Je me suis exprimée si bas que ma voix n’est presque plus qu’un murmure. Je lève la main pour la poser contre son bras mais me ravise au dernier instant, me reculant d’un pas pour ré-établir la distance entre nous. Le cœur malmené, je prends une grande inspiration avant de dire :

«Tu devrais aller à la douche à ton tour. Je vais chercher de quoi vêtir Magda.»

Sans lui laisser la chance de répondre, je fuis en direction du sous-sol, me doutant qu’il n’en restera pas là. Lorsque les petits seront couchés, je l’espère, j’aurai le courage de me mesurer à lui de nouveau. Pour le moment j’ai besoin de recul pour faire de l’ordre dans mes idées. Je descends donc à la chambre de Jon, un véritable bordel qui me fait grincer des dents. Je récupère dans ses affaires des vêtements confortables que je confie à Aetius en remontant. Le dragon ira livrer le tout à l’adolescent tandis que je vais à mon bureau afin de discuter avec mon avocat quelques minutes. Alexis ne répond pas ainsi je laisse un message sur son répondeur pour le mettre au courant de la poursuite dans les rues de San Camari et lui indiquer que je pourrais une fois de plus me retrouver dans la mire de la Guarda dans les heures à venir. Je ne mentionne évidemment pas la présence des deux rebelles chez moi; il n’a pas vraiment besoin de savoir n’est-ce pas ?

Finalement, je reviens à la cuisine pour débuter la préparation du repas, attendant le retour des deux hommes anxieusement. L’heure tourne et les petits ne devraient pas tarder à rentrer à leur tour. Aster posera probablement beaucoup de questions mais je doute qu’il ne s’imagine de près ou de loin la vérité. Je mets à cuire le riz et les haricots noirs à frire, mettant un peu de musique au passage. Peut-être qu’ainsi je me sentirai plus à l’aise ? Peut-être…
Posté le Jeu 24 Fév - 18:41
Corvus Eddarson
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Sa fille, oui, Corvus n’en avait pas douté un seul instant. L’ancien dresseur perçut dans le ton de la jeune femme une peur soudaine, mais de quoi ? Qu’est-ce qu’elle s’imaginait ? Qu’il allait réclamer l’enfant et l’élever de son côté ? Comment pouvait-elle le croire, au vu des choix qu’il avait fait cinq ans plus tôt ? Loin de se rendre pleinement compte de toute la force de l’instinct maternel, Corvus se heurta à ce mur, à cette frontière que Léonie venait de mettre entre sa fille et ce qui n’était finalement que son géniteur, tuant dans l’œuf ce que Corvus n’avait même pas encore osé espérer. Était-ce légitime ? Bien sûr que ça l’était. Corvus n’était pas un père pour sa fille : il n’était personne, absolument personne … mais comment aurait-il pu être quelqu’un pour elle, lui qui ne découvrait son existence qu’aujourd’hui ? Ses choix dans le passé auraient-ils été les mêmes, s’y serait-il tenu s’il avait eu vent de cette variante ? Cette question se destinait à rester sans réponse. Lui tournant un instant le dos, Léonie s’approcha des photos et Corvus la sentit s’adoucir un peu, juste un peu, lui offrant un nom qui laissa un sourire sur le visage du rebelle.

Elina.

Chargé de sens et d’histoire, le nom de sa fille laissait croire autre chose, bien différent de ce que Léonie avait laissé sous-entendre quelques secondes plus tôt. Les mains chargées d’un cliché sans doute savamment choisi, la jeune femme revint à ses côtés pour déposer entre ses mains une photo de la fillette, laissant de côté cette distance qu’elle avait jusqu’à présent toujours tenu à garder. Saisissant le cadre, Corvus s’y attarda une éternité, les yeux rivés sur le portrait. Tandis qu’il détaillait le visage de cette petite fille aux cheveux noirs, un sentiment étrange et encore inconnu l’envahi, lui que rien n’avait préparé à cette épreuve. L’ancien dompteur peinait encore à comprendre toute l’ampleur de ce que représentait la chose, et plus encore à réaliser … est-ce que cela changeait quelque chose pour lui ? Oui et non … cela changeait tout, et rien à la fois. Etrangement, déjà, Corvus cherchait à mémoriser ses traits, à les ancrer en lui. Absorber dans sa contemplation, il ne décela pas le sourire inscrit depuis un moment sur son visage, jusqu’à ce qu’un murmure attire son attention. Enoncées à mi-mots, les paroles de la jeune femme lui firent hocher la tête … non, devenir quelqu’un pour elle n’était pas une option, de la même manière qu’il ne pouvait être quelqu’un pour cette mère qu’il aimait pourtant. Furtivement, son regard perçut la main de la jeune femme qui manqua de se poser sur lui.

« — Je comprends » déclara Corvus « Je n’ai rien à lui offrir, rien à lui apporter » assura-t-il, traînant dans sa voix un air de regret qu’il peinait à dissimuler.

C’était vrai : Corvus n’avait rien à lui offrir, pas même une vie décente. Ne rien savoir était bien mieux pour elle et déjà, l’ancien dresseur faisait ce sacrifice pour elle, tout en sachant que Léonie ne lui aurait de toute manière pas laissé le choix. En parler, oui, sans doute en auraient-ils besoin un jour … aujourd’hui ? Tout de suite ? Sans doute pas … qu’est-ce que cela changeait de toute manière ? Ce qui était arrivé appartenait au passé et ces inopinées retrouvailles n’étaient qu’un hors-série, qu’un bug dans la matrice. Demain, tous deux retrouveraient le cour normal des choses et de leurs vies, comme si tout cela n’avait jamais eu lieu … du moins tentait-il de s’en convaincre.

Loin de lui laisser l’occasion de poursuivre, Léonie le congédia et Corvus l’observa disparaître en direction du sous-sol, le cœur un peu lourd de cette courte entrevue. De nouveau seul, il avisa finalement les vêtements apportés par la jeune femme, s’étonna d’y trouver ses affaires à lui et non pas celles d’un autre. Contre toute attente, sa veste en cuir s’y trouvait elle aussi. Depuis combien de temps ne l’avait-il pas vu ? Corvus se souvenait de l’avoir laissé ici bien avant les évènements de la Nova Existência. Léonie l’avait-elle gardé tout ce temps ? Le détail le laissa un instant pensif, immobile, et il se surprit à fixer la veste qui, à elle seule, suffisait à faire ressurgir toute une foule de sentiments et de souvenirs. Item de leur histoire, Léonie l’avait-elle gardé pour cela ? Qu’importait sa raison profonde, la symbolique de son choix ne lui échappa pas … et raviva en lui cette blessure qui ne s’était jamais refermée, celle qu’il s’était lui-même infligé et qui n’avait jamais su guérir.

Alors qu’il s’aventurait dans le couloir, l’arrivée de Magda sortant de la salle de bain le sortit de ses pensées. Parce qu’il n’était pas sans connaître la rigueur relative de Léonie en matière de propreté, Corvus détailla l’adolescent. La marque blanche qui couvrait une partie de son visage avait disparu, laissant place à sa peau d’un brun chocolat. Le voir avec d’autres vêtements que ceux qu’il portait d’habitude lui fit un drôle d’effet.

« — C’est moche » déclara l’adolescent en désignant les vêtements prêtés.

Il fallait dire que Magda, malgré les circonstances, avait un goût bien prononcé en matière d’habillement et avait sa propre "mode" dont il ne se détournait jamais. Y faire abstraction ne serait-ce qu’une soirée ne semblait pas être dans son programme.

« — Ferme-là » rétorqua Corvus, qui craignait déjà de le voir ingrat tout au long de la soirée.

Ce fut-là les seuls mots qu’ils échangèrent, car Madga disparu finalement en direction de la salle principale, tandis que Corvus s’engouffrait à son tour dans la salle d’eau.

De nouveau, un sentiment étrange le gagna lorsqu’il pénétra dans cette pièce qui ne lui était pas inconnue, et seul le carrelage froid sur ses pieds lui permettait d’attester de la réalité de la situation, qu’il aurait, autrement, pu confondre avec un rêve tout droit sorti de sa mémoire. Par la suite, l’eau chaude sur son corps lui arracha un frisson, avant de finalement l’apaiser bien plus qu’il ne l’aurait cru. L’eau fit couler bien plus que la poussière et la sueur : avec elle sembla s’évaporer une part de ses problèmes, et plus encore la tension accumulée durant la journée. Finalement, Corvus sentit ses épaules s’affaisser et sa respiration prendre un autre rythme, un rythme nouveau … depuis quand n’avait-il pas ressentit ça ?

Dans la salle principale, une autre ambiance se préparait : pour la première fois, Magda se retrouvait seul avec leur hôte – enfin, c’était sans compter son dragon bien sûr ! – et la chose le troubla un instant. Si l’adolescent ne manquait pas d’assurance en présence de Corvus, les choses étaient bien différentes désormais et par peur de décevoir son allié bien plus que tout le reste, Magda chercha un instant sa place dans ce grand salon qui lui était totalement étranger. Tâchant de suivre les enseignements de Corvus, Magda fit le choix de ne pas rester oisif et s’approcha de la bourgeoise qui cuisinait.

« — Bon » déclara-t-il en guise d’introduction « Donne-moi un truc à faire … s’il revient et qu’il voit que je fais rien, j’vais m’faire dérouiller » affirma-t-il, un sourire sur le coin des lèvres.

Son ton, bien sûr, relevait plus de la demande que de l’ordre. Participer aux tâches était une habitude qu’il avait pris en compagnie de Corvus et qui, bien au-delà de la propre éducation de son mentor, correspondait aux convictions du garçon, celles qu’il avait hérité de ses propres parents. Mettre la main à la pâte, faire sa part du travail et mériter ce qu’il avait étaient encore des choses qui lui tenait à cœur, malgré tout ce que la vie avait pu lui faire subir.

* * *

Combien de temps Corvus resta-t-il sous la douche ? Le rebelle y avait perdu la notion du temps et lorsqu’il en sortit enfin, l’air de la salle principale lui paru plus fraiche, moins pesante. Les cheveux encore humides, il terminait de les sécher lorsque, presque soudainement, son regard tomba sur deux nouvelles têtes qui le fit se figer. Pétrifié, Corvus demeura immobile … Aster et Elina se trouvaient là, et son cœur ne s’y était pas préparé.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1380 MOTS.
Posté le Jeu 24 Fév - 21:55
Léonie A. Valencia
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Je me détache difficilement des instants que nous venons de vivre. Au fil des années, j’ai cessé d’espérer un moment où je retrouverais l’homme qui a fait battre mon cœur et qui m’a aussi offert le plus précieux des présents. Je me suis égarée souvent sur les chemins imaginaires d’une vie toute autre; sans remords j’ai parcouru ces sentiers avec ma main dans la sienne et la gamine de la photographie juchée sur ses épaules, le regard levé vers un ciel bien différent. L’amertume me pèse tandis que mes gestes s’automatisent. Bientôt, j’ai abandonné ma tâche pour simplement me suspendre dans mes pensées, à revoir le sourire de Corvus. Ce sourire-là qui me manquait tellement, tellement. Une percée de soleil dans les nuages. Et c’est moi, c’est nous qui l’avons provoqué. Que ressentait-il à cet instant ? De la fierté ? De la joie ? Qu’aurait-il dit si j’avais tenté de lui confier ce secret six ans plus tôt ? Serait-il parti ? Serait-il parti ?! Sans doute. Me torturer de ces questions ne sert à rien puisque l’expérience m’a bien appris qu’on ne peut changer le passé. Il est trop tard de toute manière. Corvus l’a dit. Il n’a rien à offrir à Elina.

L’arrivée de Magda dans la pièce me tire brusquement de mes réflexions. Je lève un regard confus en sa direction, émergeant difficilement de mes pensées. Je secoue finalement la tête dans une tentative plus ou moins convaincante de me ressaisir. J’accueille l’adolescent d’un sourire qui se veut accueillant, sans trop en faire. Je devine pleinement son manque d’enthousiasme à l’idée de se trouver ici et loin de moi l’idée de jouer l’hôte zélée qui ne ferait que provoquer son malaise. C’est lui qui brise le silence, s’adressant à moi avec toujours cette familiarité qui me hérisse toujours autant mais que je laisse couler. Devant sa requête j’ai un bref sourire : je n’ai guère de mal à imaginer son aîné lui faire la morale s’il se montrait un indigne invité en ma présence. Je fouille donc dans le frigo, non sans une œillade amusée en direction de Magda et lui tend finalement tout le nécessaire pour se rendre utile. Une planche à découper, quelques tomates. Rien de bien compliqué. Pendant ce temps, je vide la poêle de haricots frits dans un bol que je réserve afin qu’ils ne refroidissent.

«Je ne vous poserai pas de questions, nous ne sommes pas ici pour ça. Je suis intéressée à en connaître plus sur vous et votre lien avec Corvus, cependant je comprendrai que vous ne vouliez rien divulguer. Je veux juste savoir… comment il va ? Est-ce qu’il… est-ce qu’il est heureux ?»

Je tâche de demeurer neutre en posant cette question et pourtant mes prunelles ambrées trahissent toute l’importance que je place en sa réponse, que j’espère positive. Peut-on vraiment être heureux lorsqu’on mène cette existence ? Je l’ignore mais j’aimerais me convaincre de la possibilité. Car l’idée qu’il en soit autrement me torture beaucoup plus que je n’oserais l’admettre. De mon côté, j’ai vécu. J’ai vécu, j’ai ri, j’ai pleuré, j’ai aimé. J’ai profité autant que possible de chaque jour. Je me suis battue contre mes démons et si certains jours ces derniers l’emportent encore je crois pouvoir affirmer être plus heureuse que je ne l’ai jamais été. Quelque part, je me sens coupable, terriblement coupable. Et si Corvus ne goûtait plus jamais au bonheur ? Cette visite ici doit remuer de nombreux regrets et lui rappeler cruellement tout ce qu’il a pu manquer. Je soupire avant de m’arrêter dans ma besogne. Aetius a redressé la tête et m’adresse un petit geste de la queue évocateur. Les enfants reviennent avec Nolan. Je m’empresse de laisser mon invité dans la cuisine sous la surveillance du dragon et d’aller ouvrir aux deux enfants qui surgissent à l’intérieur tels deux tempêtes. Je remercie le gardien pour cette sortie et lui ferme presque la porte au nez afin d’éviter qu’il n’entre et ne voit l’étranger posté à la cuisine.

«Maman tu es beeeeeeelle !» s’écrie Elina en voyant ma robe.

La petite se met à me tourner autour tandis qu’Aster raconte dans les moindres détails leur chemin depuis la bibliothèque, le parc où ils ont joué, et les policiers de la Guarda qu’ils ont croisé. Voilà une information bien utile, bien plus que le reste. Les gardiens se trouvent donc toujours dans le quartier à patrouiller mais personne n’a arrêté Nolan et les petits. Avec les enfants, nous nous dirigeons dans la salle principale où Elina s’arrête net en voyant un étranger en train de couper des tomates. Un peu timide, elle se réfugie derrière moi tandis que mon aîné s’exclame aussitôt :

«C’est qui lui ?»

«Lui, c’est notre invité alors sois poli Aster. Aster et Elina, je vous présente Magda. Nous avons de la visite ce soir.»

«Okay et c’est qui Magda?»


Aster veut dire «qui est Magda pour nous». J’aimerais qu’il le fasse avec un peu plus de tact, mais ce n’est pas exactement le plus grand talent de mon fils.

«Un ami, Aster.»

«Tu as des amis toi, maman ?»


Dans les dents maman. Je lui jette un regard noir qui le fait glousser et fuir en direction de sa chambre pour aller déposer son sac de livres. Je peux l’entendre qui galope à l’étage. Cet enfant, je le jure. Heureusement pour moi, Elina est bien plus sage, pour l’instant. La gamine s’accroche à ma robe comme tentée d’y disparaître. Heureusement Soleil a plus de courage qu’elle (… à l’occasion disons) et l’encourage à sortir de sa cachette. Donnant un bisou sur la tête de ma fille, j’entreprends de continuer la préparation du repas en la rassurant d’une petite chanson que je fredonne tout bas, de manière presque imperceptible. Cela finit par animer l’enfant qui demande à faire jouer sa chanson favorite, une musique latine qu’elle apprécie énormément. J’adhère à sa demande avec un sourire et aussitôt la petite semble plus à l’aise. J’entreprends donc de couper les patates douces que j’ai préalablement débarrassé de la pelure. Aster débarque quelques instants plus tard et prend part aux préparatifs en s’occupant de sa fameuse sauce piquante (sa création !). Le blondin prend place près de Magda et lui explique chacun des piments qu’il met dans le robot culinaire, par exemple leur puissance en termes d’unités de Scoville. Entre toutes choses, Aster adore expliquer et étaler l'étendue de sa connaissance sur divers sujets. Il ne manque certainement pas de modestie. Un vrai Valencia.

Finalement, une silhouette paraît dans la salle principale et mon cœur marque un arrêt lorsque mon regard se pose sur celle-ci. Délesté de ses vêtements sales, portant son vieux manteau de cuir qui a toujours su provoquer chez moi un certain émoi, il a l’audace en plus d’y mêler sa chevelure humide. Désemparée, je laisse mes yeux le parcourir avec une étincelle de désir qui ne dure qu’une fraction de temps. Une faiblesse, un aveu à lui autant qu’à moi-même que certaines choses enfouies n’ont pas disparu. Mon cœur galope plus vite encore que les petits pas d’Aster tout à l’heure; sa frénésie m’entraîne ailleurs. Je me permets de le regarder tel que je le faisais à une autre époque, une sans contrainte, une où je l’aimais sans retenue. Il est toujours aussi beau mon Corbeau. L’âge a raffermi ses traits, leur donnant un air peut-être un peu plus sévère, mais aussi peut-être plus assuré, plus expérimenté. Ô combien je suis en danger. Sans les enfants, sans Magda, aurais-je été en mesure de réfréner les pulsions qui m’animent ? Aurais-je cédé à la déraison ?

«Pourquoi t’es toute rouge maman ?»

La question d’Aster vient brutalement mettre fin à ce moment et sur le coup de la surprise et de l’embarras j’en lâche mon couteau et me coupe un doigt. L’entaille n’est pas profonde et je m’empresse d’aller au lavabo histoire de rincer la plaie. J’applique une pression avec une serviette avant de me retourner avec trouble vers Corvus, puis vers Elina qui s’occupe déjà à faire un «bisou magique» à ma blessure afin que je me sente mieux. Puis mon regard glisse finalement vers Soleil. Je n’avais pas réfléchi à ce qu’il impliquerait pour lui de revoir son maître. Je me sens défaillir à nouveau. Tout ceci est beaucoup trop d’émotions pour moi. Qu’en est-il pour lui ?
Posté le Ven 25 Fév - 16:30
Corvus Eddarson
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Corvus n’avait pas mentit : Magda n’était pas un mauvais garçon. S’il pouvait paraître familier aux yeux des plus prudes, l’adolescent n’en demeurait pas moins respectueux et bien élevé, pour peu qu’on ne se montre pas trop exigent. S’il voyait plutôt Corvus comme un frère que comme un père, l’empreinte que l’ancien dompteur avait laissé sur lui ne faisait aucun doute. Sans attendre, Magda s’empressa de saisir le matériel nécessaire à sa tâche, s’étonna un instant de voir la jeune femme lui donner si facilement un couteau … ils ne se connaissaient pas après tout, faisait-elle confiance à Corvus à ce point ? Le lien qui semblait les unir était étrange, et encore nébuleux pour Magda, mais l’adolescent se promit de lever le voile dessus avant la fin de la soirée. Lorsque Léonie le questionna concernant Corvus, l’adolescent lui jeta un regard, s’arrêta un instant dans son entreprise.

« — Corvus ? Heureux ? On parle du même Corvus ? » questionna-t-il, presque amusé tant l’idée lui paraissait saugrenue. Il reprit son activité, tout en poursuivant. Loin d’être aussi avisé que ses aînés en matière de discussion et de choses à dire ou non, Magda n’épargna pas la sensibilité de la jeune femme. Elle lui posait une question ? Il lui répondait « J’sais pas trop quoi te dire. Je ne crois pas que Corvus sera heureux tant que son pays ne sera pas libéré de toute cette injustice et cette corruption. Il ne dit rien mais … je vois bien que ça lui pèse de plus en plus, de ne pouvoir rien faire » raconta l’adolescent  « Et puis, il y a cette fille, celle dont il ne veut jamais parler » continua-t-il, loin de se douter de ce qu’il s’apprêtait à dire « Ça aussi, ça lui pèse, même s’il tente de le cacher. Beaucoup de choses m’échappent chez lui, mais il ne sait pas mentir » affirma le garçon. Il prit soin de découper les dernières rondelles de tomates avant d’ajouter finalement « J’ai l’impression que vous vous connaissez depuis longtemps, lui et toi, bien avant tout ce merdier. Tu as de la chance de l’avoir connu, j’veux dire, avant tout ça » affirma le jeune homme.

Oui, Magda enviait un peu cette fille qui, de toute évidence, avait connu Corvus avant que tout ne dérape. Loin d’être idiot ou même naïf, l’adolescent savait qu’il ne connaissait qu’une des nombreuses facettes de Corvus, et que beaucoup d’autres lui étaient cachées, ou peut-être même perdues à jamais. Malgré toute ces années à ses côtés, Corvus Eddarson restait un homme qu’il connaissait peu, un gardien aux nombreux secrets et dont les pensées profondes lui étaient inconnues.

Un mouvement de la part du dragon chromatique lui indiqua que quelque chose se préparait et sans un mot, Magda observa leur hôte disparaître pour accueillir de nouveaux arrivants. Toujours un peu suspicieux, l’adolescent hésita à jeter un regard par la fenêtre pour voir de qui il s’agissait – et si c’était la Guarda ? – mais la présence du Libégon le dissuada de jouer les espions. De toute manière, Magda eut tôt fait d’obtenir sa réponse, car rapidement des bruits de pas se firent entendre dans la maison et l’instant d’après, le salon se trouva brusquement peuplé.

Lorsque les enfants firent irruption dans la pièce, Magda les observa un instant, intrigué, avant de sentir son cœur faire un bond en découvrant la cadette accompagnée d’un … Pichu, celui de Corvus. Si le souvenir de cette journée à San Camari – celle durant laquelle Soleil avait quitté Corvus – était lointaine et donc floue dans son esprit, Magda se souvenait parfaitement du Pichu de l’ancien dresseur, assez pour le reconnaitre, et il savait aussi quel avait été le destin de la souris électrique. Dans son esprit, tout s’enchaîna alors et, enfin, le puzzle jusqu’alors emplis de pièces non assemblées prit forme. La fillette, le Pichu, San Camari, la réserve de Corvus, son comportement étrange, tout s’articulait et Magda se trouva idiot de ne pas l’avoir deviner plus tôt.

Dans l’esprit de l’adolescent, un déclic s’était opéré.
Léonie Valencia était cette fille dont Corvus ne voulait jamais parler, celle que Soleil était parti rejoindre, ce jour-là à San Camari.

Magda ne put s’empêcher de fixer cette petite fille, dont les cheveux lui étaient un peu trop familiers. Est-ce que c’était la fille de Corvus ? Bien sûr que c’était sa fille … pourquoi n’en avait-il jamais parler ? Pourquoi l’avoir abandonné ? Un raz-de-marée de questions s’emparait de l’esprit de l’adolescent, dont l’intérêt fut finalement happé par un petit garçon aux cheveux blonds qui, d’une manière plus abrupte qu’il ne l’aurait pensé, questionna sa mère sur l’identité de l’étranger qui se trouvait là, dans sa cuisine à couper des tomates. Loin de savoir quoi faire, Magda laissa Léonie s’occuper des présentations et, globalement, gérer la situation. Cela l’arrangea bien, car son esprit était encore confus de cette découverte qu’il avait hâte de confirmer. Par la suite, lorsque l’aîné de la fratrie revint, Magda se surprit à jouer le rôle du parfait élève pour cet enfant qui prenait grand plaisir à déballer son savoir. En cela, Aster avait trouvé un parfait acolyte, car Magda s’y connaissait en matière de choses piquantes ! Loin d’être avare à ce sujet, l’adolescent raconta à l’enfant combien les plats, sur certaines îles d’Alola, étaient forts et épicés. Oubliant un instant la réalité du monde extérieur, le jeune homme se laissa gagner par l’instant, gagnant immanquablement des points auprès d’Aster qui, contre toute attente, semblait s’entendre avec lui.

Finalement, Corvus fit son apparition dans le salon et son arrivée sembla figer le temps l’espace d’un instant. Fier de son nouveau savoir, Magda détailla la réaction de leur hôte à la venue du rebelle, jubila intérieurement de la voir l’observer avec une intensité que ne trompait personne. Trop absorbé par la découverte de la présence des enfants, Corvus n’y fit pas attention, jusqu’à la question d’Aster qui, comme un pavé dans la mare, permit aux choses de reprendre leurs cour … ou presque. La bourgeoise s’entailla le doigts, attirant immanquablement le regard de l’ancien dresseur sur elle. Interdit, Corvus la regarda un long instant, troublé par la scène. Observant tour à tour les deux compères, Magda en profita pour venir à la rescousse. Aster était un fin observateur, sans doute un peu trop.

« — T’inquiète pas, Aster, ça arrive aux grands parfois … dans certaines circonstances » lui assura l’adolescent.

Instantanément, les paroles de Magda lui valurent un regard de la part de Corvus. L’ancien dresseur avait-il perçu son sous-entendu ? Ce n’était pas improbable, mais Corvus n’eut pas le temps de réagir que, déjà, une nouvelle épreuve l’attendait. A côté d’Elina, presque incrédule, Soleil venait de se rendre compte de la présence de son ancien dresseur.

Lentement, le petit Pichu quitta l’ombre de la fillette pour faire un pas prudent en direction de Corvus. Les années n’avaient pas entaché toute la mignonnerie du petit pokémon, au regard si éloquent. Dans le cœur de son ancien pokémon, Corvus pouvait deviner l’ambiguïté de ses sentiments. Le rebelle n’oubliait pas les circonstances de leur séparation et le choix de Soleil, et pourtant – pourtant ! – Corvus percevait l’envie de la souris de céder à la joie de le revoir. N’avait-il pas été son pokémon après tout, n'avaient-ils pas vécu mille et une aventures ensemble ? Dans la pièce, absorbés par l’instant, chacun attendait la réaction de Soleil, qui fixa Corvus pendant une éternité.  

Comme une sentence, le choix de Soleil tomba enfin : le Pichu fronça les yeux et, abaissant ses oreilles, il retourna aux côtés d’Elina, sa nouvelle maîtresse. Loin de lui pardonner, Soleil ne semblait pas encore prêt … sans doute Corvus allait-il devoir se racheter avant d’obtenir quoi que ce soit. Un sourire déçu s’esquissa un instant sur le visage de l’ancien dompteur, qui ne pipa mot. Elina ignorait sans doute tout de l’origine de son pokémon et Corvus se garda bien de dévoiler quoi que ce soit. En guise de consolation, Corvus porta son attention en direction d’Aster pour découvrir son compagnon. Aux côtés du garçon se tenait un petit Lixy qui, bien sûr, rappela à sa mémoire Shadaya, la Luxray d’Azmitia. Sur lui, désormais, Corvus pouvait sentir les regards de tout à chacun sur lui … avait-il la pression ? Non, pas du tout. Pas du tout du tout.

« — Bonjour » déclara-t-il.

Non, il n’avait pas trouvé mieux.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1400 MOTS.
Posté le Dim 27 Fév - 17:31
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Corvus heureux, oui. J’aimerais tellement y croire. Que sans le confort qu’apportent les choses matérielles il se plaise tout de même à poursuivre ce qui l’anime. Magda semble penser autrement, que rien au monde ne saura véritablement apaiser le jeune homme si ce n’est que la libération de Cinza des lois actuelles. Je suppose qu’il ne peut en être autrement. Corvus a tout perdu aux mains de la Team Plasma et de la Guarda. Lui qui s’est condamné pour suivre ses convictions doit effectivement vivre bien des frustrations à l’idée que rien n’a changé ses dernières années. La nouvelle de son lien avec Elina viendra-t-elle envenimer d’autant plus cette blessure ? Voilà pourquoi j’ai tenu à tenir le secret lorsqu’il s’est présenté à ma porte toutes ces années auparavant, avec sa décision déjà prise. À quoi bon le faire souffrir davantage ? S’il n’en avait tenu qu’à moi, il aurait tout ignoré de cette enfant qui lui ressemble tant; le destin en a voulu autrement aujourd’hui. Peut-être ai-je été trop naïve de croire que cela ne se produirait jamais. En même temps je n’avais aucune assurance de sa survie, jusque là difficile à croire. Corvus se frustre peut-être de son manque de résultats concrets. Personnellement je trouve que le fait qu’il soit toujours présent parmi nous pour en discuter représente une réussite en soit.

Qui est cette femme évoquée par l’adolescent ? Je n’ose questionner à ce sujet. Ces dernières années, j’ai bien tenté de refaire ma vie de mon côté, mais au niveau intime je ne suis pas parvenue à trouver un équilibre alors que pourtant d’autres sphères de ma vie se trouvaient parfaitement sous contrôle. Liora et Imany ont bien tenté de m’introduire à de charmants jeunes hommes; aucun d’entre eux n’a su me plaire au point de former une connexion intime, d’abaisser mes barrières habituelles et de faire confiance. Non pas que ces candidats à ma vie sentimentale se soient trouvés indignes de mon bon jugement. Aucun toutefois ne parvenaient à éveiller en moi le même sentiment de bien-être qui m’entoure sitôt je me trouve en présence du Corbeau. Aucun pour provoquer ces étincelles qui animent toujours mon estomac quand j’ose lever les yeux vers lui, même toutes ces années après. Je n’ai pas la fatalité de dire que cela ne se produira plus jamais, néanmoins je dois me rendre à l’évidence : il y a d’autres priorités dans ma vie présentement. Remplacer mon ex-partenaire dans mon cœur ne relève pas de l’impossible cependant je n’en ai pas vraiment l’ambition en ce moment. Puis de le revoir n’arrange en rien la part de moi qui se languit de lui, qui l’espère encore.

De son côté, Corvus a trouvé de nouveau l’amour même si cette histoire ne semble pas simple non plus à en croire Magda. Une pointe de jalousie m’envahit encore maintenant que j’y repense en tenant fermement mon doigt blessé, appliquant une pression exagérée contre celui-ci comme dans l’espoir de taire la douleur là et celle présente dans ma poitrine. Je me demande bien à quoi elle ressemble. Si elle le comprend comme je l’ai compris, s’il lui offre ces mêmes sourires tendres qui faisaient fondre mon cœur à l’époque. A-t-elle contemplé la lune en sa compagnie ? A-t-elle ri et pleuré en sa compagnie ? Est-elle plus jolie, plus stable, plus sympathique ? Je suppose que seul lui pourrait apporter ces réponses puisque comme l’a indiqué son partenaire, Corvus se fait avare de ses secrets. Je soupire intérieurement en me disant que de toute manière il n’y a pas d’avenir pour nous. Je lui souhaite donc de trouver son bonheur auprès de cette mystérieuse étrangère, peu importe qui elle est, aussi souffrante cette idée soit-elle.

Mon regard s’est rivé en direction de Soleil, dont la réaction à son ancien dresseur m’effraie. Que ressentira le petit Pichu ? Soulagement, colère ? Au final, la souris électrique paraît tout aussi mitigée que moi et c’est en fronçant les sourcils qu’il finit par rejoindre Elina qui n’a rien remarqué de cet échange. Mon cœur se serre douloureusement devant le rejet de Soleil. Un instant, le souffle me manque tant cette scène m’est pénible. Elle me rappelle cruellement à quel point nos vies ont changé et qu’aucun retour en arrière n’est possible. Je sens mon regard s’embuer devant l’intensité de la scène et dois me ressaisir devant les salutations maladroites de l’ex-dompteur. Même Aster est resté silencieux à observer Corvus ce qui ne lui ressemble guère. Il importe que je me ressaisisse et ne vienne alléger l’ambiance avant que celle-ci ne me consume toute entière. Je prends donc une grande respiration avant de rappeler mes enfants à l’ordre.

«Quelqu’un vous adresse un bonjour, que répond-on?»

Aster le premier accourt en direction du jeune homme pour lui présenter sa main et se présenter en bonne et due forme avec une politesse impeccable. Fière de lui, je lui adresse un grand sourire satisfait, avant de lui faire remarquer qu’il ne s’agit pas de leur première rencontre. Évidemment, le commentaire éveille la curiosité de l’enfant, qui me questionne.

«Corvus t’a connu quand tu n’étais qu’un bébé, c’est pour cette raison que tu ne t’en souviens plus. Elina, c’est ton tour ma puce.»

Mon cœur bat à la chamade dans ma poitrine. La petite, elle, s’est dissimulée derrière moi et refuse catégoriquement de sortir du cocon de sécurité que je représente pour elle. Au premier contact, la petite se montre souvent très timide avant de prendre ses aises rapidement. Il faut bien sûr casser la glace pour éviter de la voir se refermer tout le temps de la présence avec l’étranger qui l’effraie. Je cherche donc une issue à cette impasse. Il me vient enfin une idée satisfaisante après une bonne minute de silence malaisant.

«Tu sais, la famille de Corvus avait un Arcanin.» je lâche finalement à l’intention de la fillette, dont la mention du grand chien de feu fait aussitôt redresser la tête avant de grands yeux intéressés.

«Oh ! Je peux le voir monsieur ?»

Je me maudis intérieurement. Je n’aurais pas dû mentionner Effie, dont la perte doit toujours être douloureuse pour le jeune homme. Mon regard s’assombrit aussitôt et j’avoue à regret à l’enfant que la précieuse Arcanin est malheureusement allée au ciel. La petite ne réagit pas tout de suite à ces mots, fronçant les sourcils comme pensive. Je me demande bien ce qui se trame dans sa petite tête. J’ai tenté d’apprendre à mes enfants, autant que se peut, à ne pas craindre la mort et à accepter le départ de ceux qu’ils aiment lorsque cela se produit. Ainsi le manque de réactivité de l’enfant face au sujet ne m’étonne guère. Ce qu’elle fait ensuite me surprend plus, bien que seulement à moitié. Elina se détache enfin de moi pour courir en direction du frigo où elle récupère un de ses précieux dessins. Elle marche ensuite en direction de l’étranger, non sans une certaine gêne. La gamine lui offre tout de même un sourire et lui tend le dessin, qui représente un Arcanin, son Pokémon favori.

«C’est pour toi, Crovus !» fait-elle fièrement.

Elina a tendance à inverser certaines lettres, ainsi je ne la corrige pas devant son erreur. De toute manière la gentillesse de son intervention a finalement eu raison de mes émotions et une larme émue coule contre ma joue. Je la chasse avec un sourire, incapable de remercier l’enfant de son geste dont elle ignore la portée. La petite de toute manière s’est mise à pointer certains détails du dessin, tout en expliquant :

«Ça c’est la maison de l’Arcanin, avec son coussin et sa balle. Et le soleeeeil. Et ça c’est mon nom à moi, E-li-na.»

Même Aster reste silencieux auprès de sa sœur devant Corvus. Il admire les détails nommés par sa sœur, dont le talent créatif ne fait aucun doute. Le seul aspect où l’aîné admet pleinement sa défaite sur sa cadette. Complètement bouleversée, je peine à articuler :

«Avant de manger, vous pouvez aller jouer, les enfants.» je fais avec la voix enrouée.

«Est-ce que Corvus et Magda peuvent venir avec nous, maman ?»

«S-seulement s’ils sont d’accord.»


Est-ce une bonne idée ? Nerveuse et toujours aussi émotive, je peine à me remettre de cette rencontre touchante. Mon regard passe d’un à l’autre de nos invités surprise afin de scruter leur réaction.
Posté le Lun 28 Fév - 16:13
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


S’adaptant à la hauteur du garçon, Corvus plia les genoux pour atteindre son niveau lorsque celui-ci s’approcha, s’accroupissant dans l’espoir de paraître moins … imposant, moins intimidant. Le rebelle n’oubliait pas la stature qui était la sienne et son aspect pas vraiment rassurant, pour peu qu’on le connaisse peu … ce qui était le cas des enfants de Léonie, Aster et d’Elina. Bien évidemment, Corvus se souvenait bien d’Aster et de toutes les aventures qu’ils avaient partagés ensemble lorsqu’il n’était encore qu’un bébé. Devait-il lui raconter cet épisode où il l’avait sorti de l’eau, ce jour-là dans les profondeurs des Pics de Niebla ? Non, mauvaise idée … mieux valait garder ça pour soit.

« — Je suis heureux de faire de nouveau ta rencontre, Aster. Tu as bien grandi depuis la dernière fois que je t’ai vu … et puis, à ce que je vois, tu as ton compagnon à toi aussi maintenant » affirma-t-il en désignant le Lixy qui l’accompagnait.

Corvus se souvenait de s’être questionné quant au futur pokémon du fils de Léonie. Comme si c’était hier, il se souvenait de la discussion qu’il avait eu avec la jeune femme, juste après lui avoir dévoilé le présent apporté pour son fils, une pokéball gravée d’une étoile. Corvus se souvenait lui avoir prédit un Roucarnage et vraisemblablement, le destin semblait en avoir décidé autrement. Corvus ne s’en offusquait pas : on ne pouvait pas toujours avoir raison après tout. Il y avait, dans ce Lixy, un écho aux armoiries des Valencia qui n’était pas sans déplaire à l’homme féru de traditions qu’il était.

Lorsque vint le tour d’Elina, la petite se montra plus réservée, plus timide. Plus jeune que son frère, la fillette avait trouvé refuge derrière sa mère et sans doute n’en serait-elle pas sortie sans l’intervention de Léonie qui, par une information savamment dévoilée, attira l’intérêt de l’enfant à l’encontre de l’étranger. A la mention de l’Arcanin, Corvus vit les yeux de la fillette briller … il y avait, dans l’affection qu’Elina semblait porter au pokémon, un hasard aussi étrange que doucereux, qui n’échappa pas à Corvus : de tous les pokémons que la fillette aurait pu choisir, son cœur s’était porté sur Arcanin. Le souvenir d’Effie et de son sacrifice lui serra un instant le cœur. Corvus avait grandi au côté de l’Arcanin de son père, gigantesque chien de feu à l’infaillible loyauté. Un sourire triste traversa le visage de Corvus lorsque la fillette demanda à le voir et lorsque Léonie lui conta finalement le destin du pokémon, Elina resta un instant immobile, sans réagir … puis, sans prévenir, la petite s’éloigna de sa mère pour aller chercher quelque chose sur le réfrigérateur, un dessin qu’elle porta jusqu’à lui, s’approchant de ce fait de lui pour la toute première fois. Lorsqu’elle lui tendit la feuille – non sans écorcher au passage son nom – Corvus découvrit sur le papier les traits grossiers d’un Arcanin. Silencieux, l’ancien dompteur détailla le dessin, écouta les explications de la petite fille qui, sa timidité passée, prenait grand soin d’expliquer son œuvre à ce nouveau venu. Corvus but ses paroles, laissa la petite lui décrire son monde tandis que quelque chose en lui s’émouvait.    

« — Ce … c’est un très joli dessin. Merci, Elina » déclara-t-il. Sa voix trahissait son émotion.

Un sourire était né sur son visage. Corvus observa encore longtemps le dessin, touché par ce présent inattendu, avant que la voix de Léonie ne le coupe finalement dans sa contemplation. Se redressant, Corvus plia soigneusement le dessin pour le ranger dans sa poche. Devait-il le garder ? Qu’en pensait Léonie ? C’était une question à laquelle il ne comptait pas réfléchir tout de suite, pas maintenant.

Alors que Corvus imaginait déjà l’instant terminé – les enfants allaient partir jouer après tout, non ? – contre toute attente Aster réclama les deux invités pour l’activité. Dans sa poitrine, le cœur de Corvus eut un raté et sans doute ne fut-il pas le seul. Pris au dépourvu, l’ancien dresseur peina à donner une réponse : si la chose ne le rebutait pas, Corvus ignorait simplement si c’était là une bonne idée. Etranger aux jeux des enfants, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas passé du temps en leur compagnie … et puis, créer du lien avec ces enfants en particulier était-il avisé ? Corvus n’en était pas certain, pourtant une part de lui le désirait, cette même part qui, sans se l’avouer, se complaisait à être là, dans cette maison … n’était-ce pas sa véritable place après tout ? Le rebelle tenta de chasser cette idée. Parce que son aîné tardait à donner une réponse, animé par une étrange motivation Magda prit les devants, gratifia Corvus d’une tape sur l’épaule.

« — Allez Crovus, allons faire semblant de jouer aux papas » déclara l’adolescent.

L’instant d’après, Corvus se figea dans son intégralité. Qu’est-ce que cet idiot venait de dire ? Alors que, ses quelques mots balancés tel de l’huile sur le feu Magda rejoignait déjà les enfants, le rebelle l’observa un moment, incrédule, encore incertain quant au sens à donner à ses paroles. Magda savait-il quelque chose, avait-il deviné ? Corvus connaissait trop bien le garçon pour croire que ses mots étaient anodins. Loin de pouvoir faire quoi que ce soit, l’ancien rebelle se contenta de le fusiller du regard, bien que ses pensées aspiraient à autre choses … l’étrangler, par exemple.

Sans un regard pour Léonie – qui devait être dans tous ses états – Corvus tâcha de rejoindre Magda et les enfants qui, déjà, s’étaient mis à éparpiller leurs jouets dans le salon. Pour l’occasion, ils avaient sorti leurs figurines à l’effigie de certains pokémons, aux espèces aussi nombreuses que variées. Naturellement, Elina s’empara de l’Arcanin, tandis que Magda fouilla un instant parmi les jouets à la recherche, semblait-il, de quelque chose de précis.

« — Regardez, Corvus va prendre le Cornèbre. Il lui ressemble un peu, vous ne trouvez pas ? » déclara-t-il à l’intention des enfants. L’adolescent tendit la figurine à l’ancien dompteur « C’est pas Corvaillus, mais bon, c’est presque pareil, non ? Cornèbre est aussi un corbeau » affirma-t-il. Sans attendre, il attrapa une autre figurine « Moi, je prends Sovkipou. C’est un pokémon de chez moi ! Il paie pas de mine comme ça, mais lorsqu’il est assez fort, il devient un fier et puissant samouraï ! » raconta le jeune homme.

Corvus avait hésité à reprendre Magda : non, Cornèbre n’était définitivement pas un corbeau, mais plutôt une corneille … le détail était-il important ? Pas suffisamment pour en faire une remarque, de toute évidence. Dans la pile de figurines, Corvus avisa un autre pokémon … Magda était joueur ? Pas de problème, le rebelle comptait bien lui envoyer un message.

« — Non, je vais plutôt prendre le Rexillius » affirma Corvus en attrapant le t-rex aux écailles rouges
« Comme ça, si le Sovkipou ne fait pas attention à ce qu’il dit, il pourra le manger » assura-il.

Et il darda sur l’adolescent un regard chargé de sous-entendus, qui n’échappa bien évidemment pas au natif d’Alola. Finalement, les yeux de l’ancien dresseur se posèrent sur Aster, qui n’avait toujours pas choisis de figurine.

« — Et toi, Aster ? Tu prends lequel ? » lui demanda Corvus.

Loin de se joindre au jeu, Soleil avait fait le choix de rejoindre Léonie, boudant dans son coin … le petit Pichu ne semblait pas apprécier la promiscuité de sa jeune maîtresse avec celui qui avait été son compagnon d’aventure ; pourtant, bien qu’à l’écart, Soleil ne quittait pas des yeux le groupe et plus encore Corvus. Plus que jamais, le bébé pokémon semblait en proie à l’indécision : son cœur lui en voulait, autant qu’il aspirait à lui pardonner. L’envie de les rejoindre le tenaillait et ses oreilles se dressaient à chaque éclat de rire en provenance du salon, pourtant le Pichu s’obstinait. Sans savoir quoi faire, la souris électrique avisa Léonie, chercha en elle une réponse … pouvait-il pardonner à Corvus ? Et elle, le pouvait-elle ? L’avait-elle fait ?

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1350 MOTS.
Posté le Lun 28 Fév - 21:50
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Cet instant restera à jamais gravé dans ma mémoire et je le devine dans celle du jeune père. Une rencontre avec un enfant est un événement unique et bouleversant; je me souviens encore de la première fois que j’ai eu la chance de tenir Elina dans mes bras après un accouchement par césarienne. Bien sûr ici tout est différent mais pas moins émotif. Désormais cette enfant que je gardais précieusement pour moi lui appartient aussi un peu en quelque sorte. Le secret a volé en éclat et un lien se tisse. Plutôt que de ressentir la même émotion protectrice que tout à l’heure, c’est plutôt une grande douceur qui m’envahit. Je peine à rester calme. Le désir de les prendre tous deux dans mes bras se fait fort; d’oublier tout ce qui nous sépare en tant que famille. De simplement vivre ce moment sans se soucier du lendemain, ou de la menace qui pèse sur nous tous au-dehors. Je dois détourner les yeux avant que l’amertume ne me gagne. Je veux conserver ce souvenir quelque part dans mon cœur où il me réchauffera longtemps.

Je suis si fière d’Elina, de la petite personne qu’elle devient progressivement. Ce grand cœur qui la caractérise, je suis ravie de voir que Corvus aura pu le rencontrer même si ce n’est qu’un bref instant. M’enfermant dans un profond mutisme, je ne parviens pas à déceler la réaction du jeune homme car trop impliquée dans la mienne. Mon regard et mon attention divaguent ailleurs, vers de trop nombreux souvenirs imaginaires formés de mes désirs. Si souvent je l’ai placé à nos côtés ces dernières années, à partager des instants tout aussi candides que celui-ci. Plutôt que de me perdre dans mes pensées parasites, je me contente d’accepter mon émotivité et de laisser le moment passer. Puis les enfants quittent en direction du salon pour laisser seule à ma besogne, non sans une drôle de suggestion de la part de Magda. Jouer aux papas ? Pendant un moment je fronce les sourcils devant cette suggestion étrange avant de me tendre. L’adolescent a-t-il compris ce qui se trame ici ? Peut-être aurais-je dû être plus subtile. Je les observe partir non sans une certaine nervosité… et si le garçon venait mettre la puce à l’oreille aux enfants ? Corvus aurait tôt fait de lui tordre le cou, je suppose donc qu’il n’irait pas là… en tout cas je l’espère.

Restée en retrait, je les observe jouer avec quelques figurines. Aster a choisi un Golemastoc parmi la pile et s’amuse à «combattre» le Sovkipou de Magda tandis que Elina reste plutôt en retrait à raconter des histoires à voix basse. Mon regard est rivé vers Corvus dont la présence m’est toujours aussi étrange. Depuis sa sortie de la douche il me semble qu’il ne m’a pas accordé un seul regard. La discussion de tout à l’heure mettra un moment à se dissiper je suppose. Je m’occupe de poursuivre le repas en donnant une caresse sur la tête de Soleil. Le petit Pichu se trouve tout aussi troublé par le Corbeau qui s’est posé chez nous aujourd’hui. Le rejoindre, admettre un pardon ? Rien n’est si simple et en ce sens je comprends parfaitement le petit Pokémon électrique. Il recherche d’un regard une sorte de guidance dans cette situation que je ne peux lui offrir moi-même, puisque je n’ai pas réussi à démêler mes propres émotions en ce sens.

«Laisse-toi du temps, Soleil. Tu as le droit de te sentir en conflit avec tes émotions. Je sais bien que tu l’aimes encore mais que tu lui en veux aussi d’être parti il y a toutes ces années… Tu as fait ta vie auprès d’Elina depuis.»

J’attrape le visage adorable de la souris avec une infinie tendresse avant de lui donner un bisou entre les deux oreilles.

«On est deux tu sais ? J’ai besoin de temps moi aussi. S’il nous en laisse l’occasion.»

Avec un soupir, je retourne à mon plat. Je demande finalement à tous un peu d’aide pour faire la table. Les enfants ont l’habitude ainsi ils guident nos invités dans cette tâche. Je distribue aussi les différents plats à déposer sur la table. Lorsque tout est prêt, une délicieuse odeur s’échappe des différents plats et les enfants sautillent presque sur leur chaise. Il s’agit d’un de leur repas favori. Tous prennent place et je m’assois presque timidement à côté de Corvus, en face des deux enfants. Pour ce qui est Magda, je lui ai laissé la place au bout de la table d’où, je l’espère, il sera tranquille.

«Alors Magda et Corvus, ce soir nous avons notre spécial du vendredi, les tacos souples à la patate douce. Vous avez sur la table plusieurs garnitures : laitue, tomates, faux-mage, salsa, la sauce secrète d’Aster, un peu d’avocats et mes favoris les haricots frits. Oh et bien sûr le riz aux haricots, un plat d’Alola version Léonie disons… J’espère que ce sera à ton goût Magda. E-et toi aussi Corvus… Je… je me suis mise à la cuisine depuis euh…»

Notre séparation ? Quelle andouille. Je dois vraiment apprendre à mieux choisir mes mots. Rivant mon regard sur mon assiette, je marmonne un «bon appétit». Je surveille les enfants alors qu’ils assemblent leurs tacos, allant à l’occasion aider Elina ou reprenant Aster qui exagère un peu trop sur sa sauce piquante. Puis je reviens m’asseoir près de Corvus, l’estomac noué, me demandant si j’arriverai à manger. Aetius s’est lové contre ma chaise pour un petit repos, m’offrant une part de courage. Aster fait la conversation à Magda tandis que Elina cherche une façon de faire entrer le burrito dans sa bouche. Je devrais faire de même avec Corvus juste que… les pensées se bousculent dans ma tête. Je me sens comme ce soir là où nous avions organisé une petite fête à l’occasion des quatre mois d’Aster. Incapable d’aligner trois mots intelligents.

«Ta copine elle cuisine aussi, Corvus?» je fais en tentant d’avoir l’air innocent.

Raté.
Posté le Mer 2 Mar - 16:36
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


A son grand soulagement, Magda semblait avoir fait une pause dans ses sous-entendus, car durant tout le temps que dura le jeu, Corvus ne l’entendit plus faire de commentaires chargés de sens. A la place, son avatar Sovkipou tentait tant bien que mal de s’en sortir face au Golmastoc d’Aster, sous le regard quelque peu amusé de l’ancien dompteur. Restée en retrait, dans sa petite bulle Elina suivait ses propres aventures sans apercevoir les quelques regards que lui jetait Corvus. Un peu distrait, le rebelle peinait à entrer pleinement dans le jeu, contrairement à Magda qui, semblait-il, s’y était jeté corps et âme. Au lieu de cela, l’ancien dresseur hasarda un regard en direction de Léonie qui leur tournait le dos, puis vers Soleil qui, finalement, était parti se coucher dans un coin. Contrairement à la jeune femme, le petit Pichu surprit le regard de son ancien maître et, toujours un peu boudeur, il se retourna pour ne plus le voir. Corvus ne désespérait pas : la soirée n’était pas terminée … et si, finalement, le Pichu venait à rester sur sa position ? Corvus l’accepterait, car il y avait dans la réaction du bébé pokémon une légitimité que l’ancien dresseur percevait, comprenait.

Léonie les appela finalement pour mettre la table et loin de rechigner à la tâche, ses enfants s’empressèrent de lui venir en aide, guidant avec grande dextérité les deux invités venus prêter main forte. S’installant après coup, Corvus s’étonna de voir la maîtresse de maison s’asseoir à côté de lui … ou peut-être pas tant que cela ? Face à eux se tenaient les deux enfants et en bout de table Magda, qui ne manquait pas d’avoir une vue dégagée de l’ensemble de leur communauté, et plus spécifiquement les deux supposément adultes incapables de voir un arbre au milieu d’une forêt, avec qui il ne semblait pas en avoir terminé. Lorsque Léonie leur présenta le menu du soir, Corvus l’écouta avec une attention particulière – se laissait-il davantage bercer par sa voix que par le contenu lui-même ? Sans doute – cependant, la bribe d’information concernant cette femme qu’elle était devenue ne lui échappa pas. Elle s’était mise à cuisiner, vraiment ? Preuve en était après tout, et l’ancien dompteur se demandait si Imany, son ancienne cuisinière, n’y était pas pour quelque chose. L’image des deux femmes partageant ces instants lui échauffa le cœur ; ce même cœur qui, quelques instants plus tôt, s’était vu malmené par le rappel trop tardivement ravisé de leur séparation.

Parce que cette journée avait, semblait-il, ouvert l’appétit de tout à chacun, Corvus et Magda compris – savoir la Guarda à leur trousse avait depuis longtemps cessé de leur couper l’envie de manger – le bruit des couverts sur les assiettes s’éleva dans la pièce. Corvus s’étonna de ne pas entendre Magda faire de remarques sur l’absence de viande au menu, s’amusa de voir Elina tenter de faire rentrer tant bien que mal son sandwich mexicain dans sa petite bouche. Alors que Léonie venait reprendre sa place pour la énième fois,  la jeune femme se hasarda sur une question qui fit lâcher son couvert à Corvus. L’objet percuta son assiette dans un bruit presque assourdissant et l’ancien dompteur manqua de s’étouffer tant la question le prit au dépourvu, et tant elle lui semblait sortir de nulle part.

Loin de deviner la discussion que la jeune femme avait eu avec l’adolescent presque une heure plus tôt – quoi que, si Corvus avait été plus attentif, son regard n’aurait pas manqué de découvrir Magda en pleine perplexité face à l’aberrante incompréhension de Léonie – l’ancien dompteur se questionna quant à l’utilité de cette interrogation. Était-ce sa manière à elle, bien que détournée, de lui demander s’il avait trouvé quelqu’un d’autre, s’il avait su la remplacer ? Avait-elle un intérêt à obtenir cette réponse, y trouverait-elle un réconfort ? Avec une lenteur extrême, le rebelle tourna son regard vers la jeune femme, se perdit un instant dans l’incrédulité.

« — Ma copine ? » répéta Corvus, perplexe. Quelque chose en lui s’éveilla, rua, s’indigna  « Je n’ai pas de copine, qu’est-ce que tu crois ? »

Que je t’ai oublié aussi facilement ? Que mon cœur, volatile, s’éprend de n’importe qui ? Que j’ai su passer à autre chose ? Si Corvus n’ajouta pas ces derniers mots, sa dernière phrase ne manqua pas de trahir le sous-entendu et instantanément, l’ancien dompteur s’en voulu de l’avoir laissé s’échapper. Sans doute s’était-il montré plus sec qu’il ne l’aurait voulu, mais une part de lui s’était sentie blessée par cette question, lui qui avait cru Léonie consciente de toute l’importance qu’elle avait représenté – représentait toujours – pour lui. N’avait-elle donc pas saisi, après tout ce temps à ses côtés, quel genre d’homme il était ? Que, loin d’être un coureur superficiel, il ne laissait pas son cœur s’éprendre aussi facilement, et qu’elle avait compté bien plus que personne ne le pourrait jamais ? A mesure que les secondes passaient, Corvus pouvait sentir dans son cœur, déjà, le regret de cette impulsivité, de cette réponse un peu trop spontanée que sa raison aurait aimé garder pour elle-même.

Le coup de sang passé, Corvus se rappela finalement cette caractéristique qui avait toujours marqué Léonie et qui, visiblement, la marquait toujours malgré toutes ces années passées : la jeune femme avait toujours douté de la place qu’elle avait dans son cœur et sans doute le choix de Corvus fait cinq ans plus tôt n’avait pas manqué d’effriter le peu de confiance qu’il avait su construire. Oui, une part de lui se sentait blessé … ne l’avait-elle donc jamais écouté, ne l’avait-elle donc jamais cru ? La raison aurait voulu qu’il se reprenne pour donner un autre sens à ses paroles, un sens moins ambigüe, davantage en accord avec ce qu’il aurait fallu, mais Corvus était las – déjà – de faire semblant et de rattraper les choses. Pour quoi faire ? Corvus en était certain : Magda avait déjà deviné ce qui s’était tramé entre eux ; pour le reste, ces cinq ans loin d’elle n’avait jamais su éteindre le feu qui brûlait en lui. Jusqu’où était-il capable de faire durer sa mascarade ? Pas beaucoup plus loin, et il le savait bien. Dans l’espoir de se ressaisir, Corvus prit une inspiration, tâcha de s’apaiser autant qu’il le pu. L’ancien dompteur récupéra son couvert, quitta enfin Léonie des yeux.

« — Il n’y a personne » ajouta-t-il finalement, plus calmement.

Son regard avait trouvé refuge dans son burritos. Il n’y avait personne, non, juste des souvenirs qui ne s’effaçaient pas, et des sentiments qui ne s’envolaient pas.

« — Personne d’autre » rectifia Magda, qui semblait soudainement avoir retrouvé sa langue. Personne d’autre que toi, il te faut un dessin ou quoi ?

Tout aussi soudainement, le regard de Corvus se leva vers lui.  A quoi jouait-il ? Magda était-il impliqué d’une manière ou d’une autre dans cette histoire ? Loin de considérer la réaction du dompteur, l’adolescent s’était mis à fixer Léonie … qu’est-ce qu’il lui fallait pour comprendre à celle-là ? Lorsque, enfin, son regard se détacha d’elle pour se tourner vers son aîné, Magda se risqua à soutenir le regard de Corvus, et pendant presque longtemps les garçons se fixèrent avec une intensité rare. Si l’adolescent percevait la désapprobation de l’ancien dresseur, le ridicule de la situation l’avait touché en plein cœur lui qui, de son regard extérieur, peinait à moitié à comprendre comment Léonie et Corvus avaient pu en arriver là. Magda avait sa vision bien à lui des choses et, naturellement, ses solutions qui, sans doute, risquaient de ne pas être aux goûts de Corvus. Parlant de goût, d’ailleurs …

« — En tout cas, ton plat est très bon, Léonie » assura l’adolescent en désignant le riz aux haricots.

Cabriole. Changement de sujet.
Oui, la copine de Corvus savait effectivement cuisiner.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1315 MOTS.
Posté le Jeu 3 Mar - 21:21
Léonie A. Valencia
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C’était plus fort que moi. Je brûlais de savoir.
Je connais Corvus, il s’éclipsera à la première occasion qui se présentera; j’aurai de la chance s’il daigne me dire au revoir. Il n’aime pas ça, je m’en souviens bien, puis cette fois est différente car il ne devait pas se trouver ici n’est-ce pas ? Dans son esprit je peux bien imaginer les regrets qui l’habitent à l’idée potentielle de nous avoir placé en danger, danger qu’il voudra retirer le plus vite possible. Sauf qu’il y a moi, aussi. Il y a moi, moi qui brûle de savoir qui il est désormais, quelle vie il a construit pour lui-même, si on cœur appartient à une autre maintenant. Je l’espère presque; il me semble que cela me soulagera plutôt que de laisser planer de douloureux doutes. Est-ce pour cette raison que l’impulsion a fait jaillir la question de mes lèvres ? Pour tuer dans l’œuf toutes les erreurs qui pourraient me mener dans ses bras ce soir ?

Je sursaute violemment au son de son ustensile contre les couverts. Mon cœur s’affole : il l’a entendu plus tôt et jamais il ne signifiait du bon. La peur m’étreint un instant devant ce son brusque, rapidement mise de côté par la raison et la confiance que le jeune homme m’inspire. Toutes ces années séparées ne m’auront pas convaincu de l’inverse. Je peux compter sur lui pour ne pas lever la main sur moi, point. Je lève les yeux vers lui et le voit se retourner avec une lenteur extrême en ma direction. Mon cœur rate un battement car je sais, je sais, je sais. Je le connais par cœur. Quelque part en lui j’ai ébranlé quelque chose assez pour que se manifeste dans ses paroles une colère que je ne lui ai plus connu depuis qu’il m’a trouvée dans les galeries des Pics. Cette suggestion l’a indigné et sa réponse est équivoque sur tellement de choses.

Rien n’a changé, a-t-il plus tôt.

Peut-il vraiment m’aimer toujours ? Si c’est le cas, pourquoi être parti alors ? Pourquoi avoir écartelé mon cœur ? Pourquoi m’avoir abandonné ? Oh, rien n’est simple je sais bien. C’est ce qu’il dira. Je sais bien que rien ne l’est. Dans un monde simple il y aurait eu de vibrantes retrouvailles, des baisers passionnés sous une musique dramatique. Sauf que nous ne nous trouvons pas dans un film. Dans la vraie vie, il y a les blessures, la rancœur, le temps qui passe, les incertitudes et les démons qu’on traîne derrière soi. Corvus pourrait le proclamer devant tous aujourd’hui que toujours une part de moi aurait du mal à croire en ses affections même si je les recherche toujours. Rien n’a changé, mais tout à la fois. Il n’était pas si sot de croire à l’inverse après tout. Et maintenant que vais-je faire de cette information que je cherchais bien malgré moi à confirmer ? Pourquoi ai-je dû poser la question alors que je n’étais pas prête à connaître la réponse de part et d’autre ? Pourquoi n’ai-je pas attendu que nous nous trouvions seuls, où le flot de nos émotions auraient pu s’exprimer sans contraintes ?

Incapable d’articuler quoi que ce soit je le laisse retomber dans une contemplation vide de son assiette. Je lui ai fait du mal, n’est-ce pas ? Sauf qu’intervenir désormais empirait franchement les choses. Magda m’observe de manière explicite désormais et je fuis son regard et ses sous-entendus. C’est bon. J’ai compris. Un peu tard, peut-être, mais j’ai compris. Cette fille de son histoire, c’est moi. Comment ai-je même pu en douter ? C’était plus facile que de mesurer la souffrance que causera son départ maintenant que sais. J’ai un sourire pâle au commentaire de l’adolescent au sujet de mon plat de riz. En d’autres circonstances j’aurais été touchée d’avoir réussi à sa satisfaction un plat de son pays, mais mon humeur s’est passablement assombri depuis et je me suis enfermée dans un mutisme contrit, confus, bouleversé.

«Moi y’a une fille à l’école, elle arrête pas de dire qu’elle est ma copine ! Elle s’appelle Alicia et elle veut toujours être à côté de moi dans le rang, elle me fait des lettres d’amour et dit qu’elle veut me donner des bisous tout le temps ! C’est dégueu les filles !»

Je souris, cette fois de manière sincère. Il a tout le temps de changer d’idée à ce sujet, ou pas. Dans tous les cas, sa réaction exagérée a fait lever au ciel les yeux d’Elina, qui désapprouve les paroles de son frère.

«Moi j’ai trois petits-amis.»

Aster soupire de manière exagérée puis tire la langue en voulant dire qu’il trouve le sujet parfaitement dégoûtant. Encore une fois, l’innocence de sa réaction me tire un petit gloussement. Toujours présents pour me changer les idées et pour me remonter le moral, ces petits monstres.

«Trois petits-amis ? Tu veux dire que ce sont trois garçons qui traînent tes choses et t’obéissent au doigt et à l’œil, plutôt, hein Elina ?»

L’institutrice n’a pas manqué de me faire un rapport sur le côté quelque peu autoritaire de l’enfant, particulièrement populaire dans sa classe. Parfaite petite casse-cou et réussissant bien dans les sports, elle n’a pas manqué d’attirer l’attention de plusieurs garçons de sa classe dont elle s’est fait l’impératrice absolue. Un véritable tyran de la cour de récréation. La gamine fait un grand sourire presque innocent avant de retourner à sa tâche de mettre son repas dans sa bouche. Aster, un peu mal à l’aise, se tortille sur sa chaise.

«C’est beurk ! Pourquoi les filles veulent toujours donner des bisous ?!»

«Tu sais Aster, des fois embrasser ça peut être très agréable. Même les garçons aiment ça à l’occasion.»


Je jette un coup d’œil vers Corvus de manière parfaitement consciente cette fois. Je ne sais pas ce qui me prend ce soir; tantôt chaude, tantôt froide. Je tente un petit sourire vers lui, pour signifier… que je suis désolée ? Qu’il me manque ? Je me retourne finalement et finit de manger avant de questionner les enfants sur leur journée. Aster occupe une bonne partie de la conversation comme d’habitude, puis il est temps de ranger. À toute la bande, le tout se fait bien vite. Les petits vont ensuite au salon pour regarder un film comme ils en ont l’habitude les vendredis. Maintenant qu’ils sont trop loin pour entendre, je m’adresse de nouveau à nos deux invités.

«Je viens d’envoyer Aetius faire une tournée aérienne pour vérifier l’état des choses. Cette patrouille n’aura rien de suspecte; il sort généralement à cette heure pour se dégourdir les ailes et chasser. Je vous tiendrai au courant de son rapport. Pour le moment je vous invite à relaxer comme il vous plaira. Je… Faites-moi signe si vous avez besoin de quoi que ce soit. Je vais aller regarder le film avec les deux petits, libre à vous de vous joindre à nous ou non.»

Après un long regard vers yeux, je quitte en direction du salon et prend place sur le sofa. Aussitôt, Elina vient se blottir contre moi tandis que Aster reste de son côté, bougeant constamment mais concentré dans le film de superhéros qu’ils ont choisi. Je pose ma tête contre celle de la fillette et ferme les yeux en profitant de sa proximité. Dans tout le chaos de ce soir, je suis au moins heureuse de passer du temps avec mes enfants. Mes petits bonheurs.
Posté le Ven 4 Mar - 18:50
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Sans l’intervention d’Aster, qui sait ce qu’il serait advenu de la soirée ? Sauveur sans même le savoir, le petit enchaîna sur la question, loin de s’imaginer le trouble des adultes. Les filles ? Les copines ? Aster semblait avoir un avis bien arrêté sur la question et Corvus ne put réprimer un sourire à cette idée. Ah ! L’âge et les expériences ne manqueraient pas de le faire changer d’idée, quant à Elina … Elina, elle, ne perdait pas une occasion d’asseoir un caractère de Corvus devinait déjà bien trempé. Plusieurs petits-amis, hein ? La surprise gagna Corvus, jusqu’à ce que Léonie ne se décide finalement à éclaircir cette étrange vérité. Tient, la gamine avait une prédisposition à se faire suivre des autres … mais de qui pouvait-elle bien tenir de cela ? L’ancien dresseur surprit un regard amusé de la part de Magda, qui sans doute avait dû se faire la même remarque.

Loin de se laisser influencer, Aster campait sur ses positions, suscitant chez Léonie un désir d’adoucir l’avis de son fils. Le regard qu’elle jeta ensuite en direction de Corvus attisa son cœur autant que sa perplexité … il y avait, dans le comportement de la jeune femme, une ambivalence qu’il peinait à complètement cerner et qui, de se fait, le rendait prudent. Lui envoyait-elle un message ? Son sourire, finalement, le rassura sur une chose : elle ne lui en voulait pas et, mine de rien, Corvus lui offrit à son tour un sourire léger à l’idée de ce poids qui, d’un seul coup, venait de se volatiliser.

Par la suite, les enfants – et en particulier Aster – leur contèrent leurs aventures du jour qui durèrent jusqu’à la fin du repas, et lorsqu’il fut temps de débarrasser, l’affaire fut vite réglée. Comment aurait-il pu en être autrement, au vu des bras disponibles ? Bien vite, abandonnant les adultes, les petits se dirigèrent vers le salon pour ce qui s’apparentait être un rituel qu’ils connaissaient bien. Alors que Léonie s’apprêtait à prendre place aux côtés de ses enfants – non sans avoir offert aux deux garçons des explications concernant Aetius et son tour de garde – Magda se servit de l’instant pour s’approprier Corvus, l’invitant à le suivre dans la cour où l’air frais de la nuit éveilla son esprit. Loin des regards indiscrets et des oreilles curieuses, l’adolescent s’empressa d’inonder son aîné de mille et une questions teintées ça et là de reproches. Comment avait-il pu avoir une fille sans le lui dire ? Pourquoi ne lui avoir jamais rien dit pour Léonie ?

« — Le petit aussi, c’est le tien ? » le questionna Magda. Corvus n’eut pas de mal à comprendre que l’adolescent parlait d’Aster.

« — Qu’est-ce que ça change ? » rétorqua l’ancien dresseur, un peu maussade à l’idée de parler de tout ça maintenant.

Non, Aster n’était pas son fils, pas génétiquement du moins, pourtant Corvus se sentait une certaine affiliation avec lui. Après tout, ne l’avait-il pas connu dès sa naissance ou presque ? Bien que fugaces et lointains, les instants vécus avec lui n’avaient pas quitté sa mémoire ni son cœur. Au yeux de l’ancien dompteur, le garçon était comme un fils, aurait pu l’être si le destin lui en avait offert l’occasion. La réponse offerte par Corvus laissa Magda silencieux l’espace d’un instant. Pensif, le jeune homme ne semblait pas en avoir terminé.

« — Y a un truc que je pige pas, Corvus » déclara l’adolescent « Elle t’aime, et tu l’aimes aussi, n’essaye pas de me dire le contraire. Tu as une famille, et elle vit encore … pourquoi est-ce que tu n’es pas avec eux, Corvus ? » demanda finalement le jeune homme.

« — Tu sais très bien ce qui nous est arrivé » lui répondit Corvus « Le gouvernement était à nos trousses. Je ne pouvais pas leur faire prendre le risque d’être associés à nous d’une manière ou d’une autre et… »

« — Peut-être que c’est ce qu’elle aurait voulu. Peut-être qu’elle t’aurait suivi, si tu lui en avait laissé l’occasion » le coupa Magda.

Le garçon avait-il déjà entraperçu les grandes lignes de leur histoire ? Ce n’était pas impossible … le jeune homme connaissait son aîné, pas entièrement, mais suffisamment pour deviner ce qui s’était passé. Cela ne lui ressemblait-il pas, après tout ?

« — Arrête de raconter n’importe quoi » lui intima l’ancien dresseur « Ce n’est pas une vie pour des enfants, tu le sais aussi bien que moi. Léonie n’aurait jamais eu l’indécence de l’envisager, et je n’aurai jamais eu… »

« — Comment tu le sais ? Tu lui a demandé son avis ? » le coupa de nouveau Magda. Le silence qui s’en suivit était sans équivoque « C’est ça ton problème, beratna. Tu prends les décisions à la place des gens » affirma le jeune homme.

Magda ne parlait pas uniquement de Léonie et Corvus le comprenait bien. Les paroles de l’adolescent n’étaient pas dénuées d’une certaine vérité : oui, Corvus avait fait des choix qui impliquaient bien plus que sa propre personne. Il avait fait le choix, notamment, de ne pas reprendre les armes contre le gouvernement, là où d’autres l’avaient ardument souhaités … mais Corvus n’avait forcé personne, non ? Il n’avait forcé personne à demeurer dans l’ombre, personne. Un silence presque pesant les sépara durant quelques secondes.

« — Qu’est-ce que tu comptes faire désormais, Corvus ? » lui demanda finalement Magda.

« — Rien qui ne te regarde » assura Corvus, bien décidé à mettre un terme à cette discussion.

De quoi se mêlait-il après tout ? Et puis, à quoi servait-il d’y réfléchir ? Ce qui était fait était fait et rien ne pouvait changer cela. Bonnes comme mauvaises, les conséquences étaient ce qu’elles étaient. A l’extérieur, dans la vraie vie, loin de cet écrin, rien n’avait changé, rien, absolument rien. Corvus était toujours un rebelle recherché, et Léonie toujours une privilégiée qui passait son temps à enquiquiner le système. Bien que reliés par quelques ponts, tout un monde les séparait … Corvus s’en était convaincu du moins, trop effrayé à l’idée de croire quelque chose possible pour imaginer autre chose.

Magda insista bien sûr, et bien évidemment il se heurta au mur d’obstination que Corvus était capable d’ériger en certaines circonstances. Malgré la réticence désormais irrémédiable de l’ancien dresseur à l’idée d’en parler davantage, les paroles de l’adolescent n’avaient pas manqué d’ébranler les quelques certitudes qui, jusqu’à présent, avaient toujours formé la base de ses décisions … et si finalement, Magda avait raison ? Et si, finalement, il avait eu tort ?


* * *

Corvus revint seul dans le salon, ou régnait un calme religieux que l’ancien dresseur tâcha de respecter. Absorbés par le film, les enfants ne firent pas attention au retour de cet étrange invité qui avait le don de mettre leur mère dans tous ses états. Comme annoncée, Léonie se trouvait là elle aussi, assise sur un large canapé bien assez grand pour les contenir tous et bien plus encore. Le cœur battant à l’idée de ce qu’il s’apprêtait à faire, Corvus s’approcha du sofa, avisa la place restée libre à côté de Léonie … elle les avait bien invité à les rejoindre s’ils le voulaient, non ? Corvus tâcha de se raccrocher à ça, plutôt que d’accepter son désir propre de demeurer avec elle un peu, juste un peu. Tandis qu’il s’installait sans doute un peu trop près d’elle, une question se présenta dans son esprit, dans son cœur … et elle ? Avait-elle trouvé quelqu’un d’autre ? Avait-elle refait sa vie, avait-elle comblé le vide ? Corvus passa un bras au-dessus d’elle, le posa sur le dossier du canapé contre lequel ils étaient tous assis. Immobile, le rebelle demeura un instant là, sans respirer, presque tendu … cette proximité soudaine était-elle avisée ? Sans doute pas, mais la fatigue avait eu raison de ces dernières réserves. Corvus le savait : Léonie ne manquerait pas de s’y soustraire si d’aventure elle lui déplaisait.

« — Magda est parti voir si son Raichu se trouve dans la propriété. Nous avons été séparés plus tôt dans la journée et il craint de voir Aetius lui tomber dessus par mégarde » annonça Corvus à voix basse.

Loin de chercher à le dissuader de la chose, l’ancien dompteur n’avait pas manqué d’inciter l’adolescent à la plus grande prudence. Corvus pouvait comprendre l’inquiétude du jeune homme concernant son pokémon. Les garçons n’avaient pas revu Surfeur depuis qu’ils s’étaient séparés et si Corvus lui faisait confiance pour les retrouver dans l’une des nombreuses zones illégales, il n’en oubliait pas les risques encourus par le Raichu. Et si Surfeur s’était finalement fait prendre ? Le rebelle préférait ne pas y penser.

Distrait, Corvus ne suivit pas le film. De quoi parlait-il déjà ? Aucune idée. A côté d’Elina s’était blottit Soleil qui, cette fois, n’avait pas su voir venir son ancien maître. Profondément endormis, Corvus pouvait voir son petit corps se soulever à un rythme régulier ; mais de toutes les choses qui l’entouraient, Léonie était celle qui animait le plus ses pensées, évidemment. Si, vingt-quatre heure plus tôt, quelqu’un lui avait dit qu’il se trouverait là, l’aurait-il cru ? Bien sûr que non. Regrettait-il ? Malgré tous les risques, malgré tous les dangers … non, Corvus ne le regrettait pas. S’il avait conscience que sa présence ici n’était absolument pas dû à sa propre volonté – le rebelle n’avait pas l’hypocrisie de le croire – quelque chose en lui se satisfaisait de cet instant, de ce moment volé à la réalité. Un soir, juste un soir, n’y avait-il pas le droit ? Comme un goût sucré dans un océan d’amertume, Corvus s’accordait ce moment, laissant la vision d’une autre vie prendre forme l’espace de quelques instant … une autre vie, celle qui aurait pu être la sienne en d’autres circonstances.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1650 MOTS.
Posté le Sam 5 Mar - 14:18
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J’ignore ce qui se discute dehors entre nos deux invités; quelque part je peux supposer faire partie des conversations qui les anime. À l’instant, j’ai laissé mon esprit divaguer loin des deux fugitifs, de la télévision où s’affrontent des héros en collants, de la bougeotte incessante de mon fils. J’ai fermé les paupières et arrondi mon souffle, en suit la progression dans mon corps. Ma respiration se fait brise tranquille qui se faufile jusque dans mes creux poumons, danse un instant puis s’échappe de mes lèvres entre-ouvertes. Je peux sentir mon sang s’oxygéner, se répandre dans les moindres recoins de mon anatomie. Parfois, pour combattre l’orage de mes pensées, il me faut retourner aux plus petites particules. Au plus simple des dessins. Alors je me figure les systèmes qui permettent à mon corps de fonctionner, j’imagine les veines, les muscles et les canaux, puis les millions de cellules qui les composent. Cet exercice me détend, me ramène à l’instant présent. Je reviens au monde réel dans un état de transe ou presque, reprenant conscience de mon environnement avec douceur. L’odeur des cheveux d’Elina, la chaleur rassurante de ses petits bras qui m’entourent, le souffle assoupi de Soleil. Mes lèvres se perdent dans les mèches de la fillette pour y déposer un baiser tendre. Si seulement mes enfants savaient à quel point ils m’ancrent. Qu’ils font de moi une meilleure personne.

Mes sens encore embrouillés par ma méditation silencieuse se trouvent malmenés par l’arrivée d’une silhouette bien familière à mes côtés. Trop détendue pour me crisper, j’accueille Corvus par un silence gêné alors qu’il prend place tout juste à côté moi, bien assez près pour que si je m’y risquais nos genoux se touchent. Nerveusement, je tortille un pan de ma robe de ma main inoccupée, celle qui au final se trouve tout près de lui. Tandis qu’il lève le bras pour le placer derrière moi, mon cœur rate un battement : se montrerait-il aussi audacieux pour le poser contre mes épaules ? Attisée par ce geste, je retiens mon souffle qui tout à l’heure se trouvait bien paisible. Finalement, son bras se taille une place sur le dossier. Corvus n’a pas agi ainsi au hasard. Il a compris le message que j’ai lancé tout à l’heure. Cette idée vient animer mon estomac de papillons nerveux. Je rêverais qu’il témoigne moins de réserve; je l’y encouragerais certainement sans la présence dans la pièce des deux enfants. Tous deux n’ont jamais observé leur mère témoigner quelque forme d’affection à un homme. Quelque chose d’aussi banal qu’un bras autour de mes épaules attirerait certainement leur attention… ce qui ne me gênerait pas en d’autres circonstances. Sauf que demain Corvus aura quitté leur vie et je préférerais éviter de causer quelque confusion chez eux.

Malgré tout, mon bras quitte le dos de l’enfant à mes côtés, se replie finalement vers l’arrière de manière à ce que mes doigts viennent effleurer ceux de Corvus qui reposent non loin de mon épaule. Une chaleur telle que je n’ai plus connu depuis des années se répand en moi, venant réchauffer mon cœur. Cette flamme que j’éprouvais, elle brûle toujours. Encouragée par cette sensation au creux de ma poitrine, j’entremêle mes doigts aux siens avec délicatesse et tendresse. Je respire avec peine; d’une part je vibre d’un bonheur que j’aurais voulu moins intense, de l’autre je dois contenir l’envie de me blottir contre lui. Corvus, Corvus… comme tu me manquais. Bouleversée d’être si peu remise de lui, je me laisse voguer sur les vagues douces et douloureuses tout à la fois de mes émotions. Magda et son Raichu en cavale, Aetius qui patrouille, la Guarda dehors. Plus rien n’a d’importance que cet instant que le destin a placé sur notre chemin. Je compte bien en profiter, en profiter pleinement.

Tandis que le film prend fin, je réalise n’avoir rien suivi des aventures du héros. Je détache ma prise contre les doigts de Corvus avec regret, non sans lui lancer un regard timide et brûlant tout à la fois. Je me lève et m’étire, annonçant aux enfants qu’il sera l’heure pour eux de se préparer pour la nuit. Bien entendu surviennent de nombreuses protestations, surtout de la part d’Elina qui s’obstine. Je la convaincs finalement de prendre son bain avec son jouet favori et avec la promesse d’une histoire. Aster est plus coopératif et monte tout de suite pour son temps de lecture au calme.

«Je… je reviens.» je fais simplement vers Corvus.

Je lui adresse un nouveau sourire en rougissant avant de quitter avec les enfants. Ces derniers sont quelque peu excités, mais nous finissons par avoir raison de cette routine du soir, toujours aussi chaotique avec deux gamins énergiques tels que les miens. Tandis que le garçon est sous la douche, je vais voir Elina qui a déjà préparé le livre d’histoire, un qui parle d’astronautes où je ne sais plus. Elle attrape le livre et se tortille. Je vois bien qu’elle a quelque chose à me demander.

«Qu’est-ce qu’il y a, Elina ?»

«Est-ce que… est-ce que monsieur Crovus peut me lire l’histoire?»


Je l’observe avec surprise. Il me semble que leurs quelques rapports ne justifient pas une telle demande de la part de l’enfant. Je me souviens que dans le livre choisi par Elina, que l’astronaute est accompagné par un fidèle Caninos. Est-ce la raison ?

«Pourquoi Corvus ? Tu ne veux pas que ce soit maman qui te lise l’histoire ?»

«Nah. Corvus il a une jolie voix.»


Je souris. Je ne peux décidément pas lui refuser une telle demande. Corvus acceptera-t-il ? Je quitte la chambre de la cadette et croise Aster dans le couloir. Il semble être prêt pour son bisou de bonne nuit. Je lui dis donc que je serai avec lui dans quelques minutes avant de descendre jusqu’au salon où je retrouve Corvus. Un peu gênée, je fixe le sol.

«É-écoute Elina… elle a demandé à ce que tu lises l’histoire. Ça m’a surprise, mais… enfin elle a dit que tu avais une jolie voix et elle aimerait bien que tu lui fasses la lecture ce soir. Si tu veux bien, évidemment.»
Posté le Dim 6 Mar - 13:59
Corvus Eddarson
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Corvus laissa ses pensées divaguer et se perdre dans ses souvenirs. S’il avait longtemps reproché au gouvernement de lui avoir arraché cette vie qui aurait pu être la sienne, désormais son avis sur la question était moins drastique, moins hypocrite. Oui, le gouvernement et sa politique avaient tracé une voie pour lui, mais une part de lui ne pouvait s’empêcher de se rendre compte, aujourd’hui, qu’il avait quelque part fait le choix de le suivre. Dans son esprit, l’idée de cette vérité était encore naissante et mettait à mal sa fierté, mais ce qui promettait d’en découler en valait largement la peine. Preuve en était : que lui avaient apporté ces cinq dernières années ? Pas grand-chose, rien qui n’était à la hauteur des sacrifices faits et Corvus le savait bien, s’en était rendu compte.

Un contact au bout de ses doigts le tira de ses pensées, suscita son attention. L’ancien dompteur tourna la tête de quelques degrés pour découvrir du coin de l’œil qu’il s’agissait de Léonie … qui d’autre ? Son cœur prit un rythme nouveau à cette idée et plus encore lorsque, loin de se contenter d’un simple frôlement, la jeune femme les fit pleinement se rejoindre. Comme un appel, son geste mit à bas les dernières réserves de Corvus à son égard … est-ce qu’il lui manquait, autant qu’elle lui manquait ? N’avait-elle jamais su, tout comme lui, tirer un trait sur leur histoire ? Corvus cessa de se poser la question en sentant la chaleur de sa paume contre ses doigts, et parce qu’il n’avait jamais su en espérer autant, l’ancien dompteur referma ses doigts dans sa main, laissa son cœur s’emballer en réponse à l’instant. Corvus le savait, sans les enfants pour les refréner, sans doute auraient-ils été plus … hasardeux. Qu’est-ce qui les attendait, maintenant qu’ils voguaient sur le même courant ? Tant de choses, et le cœur de Corvus s’échauffait à cette idée. Machinalement, son pouce se perdit à caresser le dessus de sa main, rappelant à sa mémoire leur douceur et leur finesse … et de combien il s’en était langui ; de ses mains, et de bien d’autres choses encore.

La fin du film arriva un peu trop vite à son goût. Bien malgré lui, le rebelle laissa leurs doigts se délacer et la jeune femme s’éloigner, non sans la promesse tant visuelle que verbale d’un retour. Du regard, Corvus l’observa disparaître à l’étage avec les deux enfants, et son absence laissa un froid auquel il mit un temps à s’adapter. Saisissant la télécommande, le rebelle changea de chaîne pour jeter un œil aux informations. Parlait-on de lui, de cette course-poursuite dans les rues de San Camari ? Absolument pas et une part de lui s’en voyait rassurée. Lorsque Léonie revint finalement, sa requête ne manqua pas de le surprendre et de le prendre de court.

« — Moi ? » s’étonna Corvus. La fillette lui portait plus d’intérêt qu’il ne l’avait imaginé. La surprise le laissa un instant sans voix … Corvus n’avait jamais fait ça de sa vie, mais il fallait bien une première fois à tout, non ? « Je … ok, d’accord je … j’arrive » déclara-t-il. L’hésitation à l’idée d’être à la hauteur bien plus que le manque d’envie le faisait bredouiller.

Eteignant la télévision, Corvus se laissa guider à l’étage non sans une légère appréhension dans le cœur. Et s’il lisait mal ? Et si la petite ne s’endormait pas ? Et si elle se trouvait finalement déçue de sa prestation ? Lorsqu’il arriva dans la chambre, Elina se trouvait déjà dans son lit, attendant patiemment la venue du conteur qu’elle avait réclamé ; à côté d’elle, Soleil attendait lui aussi et cette fois, il ne sembla pas se courroucer de la présence de Corvus. Contre toute attente, Léonie le laissa seul à la tâche, disparaissant derrière l’encadrement de la porte. Un peu paniqué à l’idée de faire ça seul, Corvus dû rassembler son courage pour entrer. Dresser un terrifiant Ptéra, lui faire mordre la poussière, manquer de se faire tuer ? Pas de problème. Lire une histoire à une gamine ? Effrayant.

« — Hey, Elina » la salua-t-il doucement en s’approchant.

Le regard de Corvus parcourut un instant la chambre. Partout où ses yeux se posaient, son regard rencontrait un chien : là une peluche Rocabot, ici un dessin d’un Ponchiot, plus loin un coussin à l’effigie d’un Caninos … la petite aimait les canidés, Corvus ne pouvait plus passer à côté. Avisant le petit tabouret à côté du lit, l’ancien dompteur s’installa sous le regard attentif d’Elina. A peine posé, non sans une certaine surprise Soleil s’empressa de lui apporter le livre dont il allait devoir faire la lecture. Sa rancune envers Corvus s’emblait s’être envolée pour l’occasion et tandis que le rebelle détaillait l’album, il perçut le Pichu s’installer sagement contre la fillette. Sur la page de couverture était illustrée un astronaute accompagné d’un … Caninos ! de l’espace, ou quelque chose comme ça. Corvus n’avait aucun souvenir de ce conte, qu’il allait découvrir en même temps que sa lecture.

« — Bon, je n’ai jamais fait ça avant alors … ne soit pas trop dure avec moi, d’accord ? Je vais essayer de faire de mon mieux » lui promis l’ancien dresseur.

S’éclaircissant la gorge, Corvus tâcha de commencer son récit. Si ses premières phrases manquaient incontestablement d’assurance – depuis quand n’avait-il pas lu à haute voix déjà ? – sa lecture devint plus fluide à mesure qu’il avançait dans l’histoire. Les aventures de cet astronaute étaient singulières : en panne, l’une des pièces de sa fusée avait été dérobée et à l’aide de son fidèle Caninos, l’astronaute passait sa journée à la chercher, non sans croiser au passage un bon nombre de pokémons qui, parfois gentils, parfois méchants, venaient l’aider ou non dans sa quête.

Est-ce que Corvus s’en sortit bien ? Il fallait croire que oui, car Elina s’endormit bien avant la fin du récit. Cessant sa lecture, Corvus l’observa dormir un instant, étrangère aux malheurs du monde … elle était si paisible, le rebelle lui enviait son insouciance ; elle suintait le bonheur et cela valait bien tous les sacrifices fait et à faire. Le silence tira Soleil de sa somnolence … l’histoire n’était pas terminée et il le savait ! Le Pichu protesta, lui que le sommeil n’avait pas encore gagné. Pour qui était cette lecture déjà ? Corvus ne put s’empêcher de sourire avant de poursuivre. Après tout, il était curieux de voir comment cette histoire se terminait, et quelle en était la morale … n’y en avait-il pas une à chaque fois ?

N’abandonnez jamais disait la fin de l’histoire, après avoir vu l’astronaute retrouver sa pièce.

Lorsque Corvus referma le livre, Soleil lui aussi s’était endormi. Avec la plus grande délicatesse – il n’était pas question de faire du bruit ! – le rebelle se leva, observa une dernière fois Elina avant de partir. Sa raison savait qu’il ne la reverrait pas avant longtemps et il tenta d’ancrer ses traits dans sa mémoire. Lorsqu’il se retourna pour sortir, son regard découvrir Léonie, appuyée contre l’encadrement de la porte. Depuis quand était-elle là ? Aucune idée. Corvus lui offrit un sourire avant de la rejoindre, éteignant la lumière tamisée de la chambre et fermant derrière-lui la porte avec une douceur extrême. L’instant l’avait détendu et apaisé bien plus qu’il ne l’aurait imaginé.

« — Tes enfants sont extraordinaires. Les chiens ne font pas des chats » déclara l’ancien dompteur.

Un nouveau sourire s’esquissa sur le coin de ses lèvres. Oui, Léonie avait su leur transmettre cette étincelle, cet éclat lumineux ; ce côté extraordinaire, Aster et Elina le devaient à leur mère et tel était le message de Corvus. L’espace de quelques secondes, le silence s’empara de l’instant et sans s’en cacher cette fois, Corvus détailla la jeune femme, laissa son regard s’attarder sur ses courbes. Corvus avait le sentiment que jamais il ne s’en lasserai : ses yeux avaient beau connaître son corps et sa silhouette dans les moindres détails, son cœur s’éprenait toujours du même sentiment, de cette même vigueur qui le faisait battre plus fort. Non, sa robe ne le laissait pas indifférent et s’il avait su garder ça pour lui plus tôt dans la soirée, il laissait désormais son avis transparaître. Tandis qu’il détachait un peu laborieusement son regard de son décolleté, Corvus laissa paraître sur son visage un sourire satisfait, équivoque. Non, Léonie Valencia n’avait rien perdu de sa superbe : elle avait gardé cet attrait, cette beauté que Corvus avait conservé dans sa mémoire, souvenirs parmi les plus précieux.

« — Tu es toujours aussi belle » assura le rebelle. Oui, c’était vrai, cela n’avait pas changé ; ça, et tellement d’autres choses « Je croyais que ne plus te voir finirait par apaiser le conflit en moi et qu’avec le temps, tu arrêterais de me manquer » raconta le fugitif « J’avais tort » avoua-t-il.

Oui, Corvus avait eu tort sur bien des choses, avait été naïfs pour beaucoup d’autres. Persévérant, Corvus avait essayé pourtant, ça oui, il avait essayé. En avait-il tiré quelque chose de concluant ? Pas vraiment non, pas de son côté du moins.

« — Offre-moi un café » réclama-t-il finalement « Si c’est encore légal, bien évidemment » ajouta-t-il, un brin moqueur vis-à-vis de ce gouvernement qui, à ses yeux, n’autorisait plus rien « J’aimerai m’assurer que Magda soit revenu avant de … » Il hésita « … avant d’aller me coucher »

Aller se coucher, oui, dormir. Dormir.
Non, Corvus, personne n’y croit. Personne.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1600 MOTS.
Posté le Lun 7 Mar - 21:15
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Qu’il refuse viendrait briser plus que le cœur d’Elina; le mien se trouverait bien malmené par ce que j’interpréterais tel un rejet de l’enfant qui l’attend. Pourtant, je pourrais en comprendre les raisons. Sans cette requête de la part de la petite, je n’aurais jamais osé le jeter si vite dans la gueule du loup. Forcer les choses ne m’intéresse nullement, surtout que l’avenir de cette relation tout juste naissante ne pourrait être plus incertaine. À vrai dire, je m’étonne toujours de cette demande de la part de ma fille que je connais à la fois très sociable mais aussi réservée. Sauvage. Indomptable. Peut-être a-t-elle senti chez Corvus les mêmes éléments inexplicables qui m’ont ancrée sitôt notre première rencontre. Cette part tendre et solide tout à la fois, ce pilier sur lequel s’appuyer en toutes circonstances. Alors que le jeune homme répond à la positive, non sans une certaine hésitation tout de même, un sourire vient ensoleiller mes traits. Même si je ne l’y aurais forcé, le voir accepter me fait grandement plaisir. Rien n’attendrit une mère autant que le bonheur de ses enfants et encore plus lorsque ce bonheur est causé par leur père. Je frissonne en formulant cette idée, le suivant du regard tandis qu’il se déplace à l’étage. Je le suis de près, nerveuse malgré moi. Son assurance semble s’être dissipée plus vite que la neige sous un soleil brûlant. J’ai confiance en lui, indépendamment des émotions que cet instant privilégié entre eux suscite en moi.

Désireuse de laisser l’instant se vivre de part et d’autre sans ma nerveuse présence pour l’influencer, je me soustrais à ce portrait pourtant adorable pour aller souhaiter bonne nuit à mon aîné. Perdu dans sa lecture, il sursaute à mon entrée et s’empresse de ranger son livre sur sa table de chevet. Je prends place à ses côtés et ne dit rien tandis qu’il raconte quelque détail sur sa lecture. Je caresse doucement ses cheveux, une vieille habitude qui finit par avoir raison de son énergie et du flot de ses paroles. Finalement, il se met à bailler et me souhaite bonne nuit, signe équivoque qu’il dormira très prochainement. J’embrasse son front avant de me glisser hors de la pièce, traversant le petit couloir pour aller voir comment se débrouille Corvus. Depuis le cadre de la porte je peux voir Elina l’observer avec attention, combattant le sommeil qui alourdit ses petites paupières. Elle tient Soleil contre elle d’un bras et de l’autre sa peluche lapin qu’elle a depuis toujours. Près de son lit, Corvus me paraît géant et sombre, une grande tache noire dans un océan de pastel. Pourtant, le rebelle semble y avoir sa place. Sa lecture m’absorbe bientôt moi aussi mais jamais autant que le bien-être incomparable qui vient faire enfler ma poitrine. Il se débrouille bien. Bien mieux qu’il ne l’aurait cru tout à l’heure.

Je me risque sur mes sentiers imaginaires à nouveau. À quoi aurait ressemblé notre vie si nous avions été parents à deux ? Il me semble que je ne pourrais imaginer un plus grand bonheur. Tous les jours n’auraient pas été aisés mais peu importe. Corvus aurait aimé sa fille (et oserais-je dire son fils ?) plus que la vie elle-même. Auprès de lui, Aster et Elina auraient vécu en sécurité. Les jours où ce rôle de mère me dépassait, il aurait pris la relève, j’en suis certaine. Je l’aime, Arceus que je l’aime. J’aime tout ce qu’il était, tout ce qu’il est encore. Rien n’a changé et mon affection pour lui non plus. Au contraire. À le voir bercer Elina de ses mots, l’envelopper de ce sentiment de sécurité que je ressens moi-même à ses côtés, je suis en danger de tomber d’autant plus profondément amoureuse de lui.

Je le laisse sortir de la chambre avec toute la délicatesse du monde et refermer derrière lui sans me départir de mon sourire abruti d’attendrissement. Je m’apprête à le féliciter pour sa performance à l’art bien ardu de la lecture de contes quand il me devance pour m’offrir le plus précieux des compliments. Touchée, je me contente de sourire. La fierté fait briller mon regard que j’ai posé dans le sien. Rien au monde ne me comble plus que mes enfants. Ma plus grande réussite et mon plus grand défi. J’entrevois déjà chez eux de belles personnes dont le grand cœur laissera sa marque sur ce monde. Je baisse les yeux puis le redresse en sentant l’air se charger d’émotions tout aussi légères. Les iris sombres de Corvus me parcourent toute entière et je me sens chavirer devant l’intensité de cet examen. En moi crépite la flamme attisée par ses paroles et ses regards. Je combats le désir de rompre la distance entre nous, de poser mes lèvres contre les siennes et plus encore. Je veux me retrouver dans ses bras, je veux être l’objet de centaines de regards tels que celui qu’il vient de me lancer. Il fait tellement longtemps qu’on ne m’a pas tenu; tellement longtemps que je me languissais de sa proximité.

La vie est allée si vite pourtant j’ai eu amplement le temps de penser à lui. J’ignore comment l’exprimer. À lui les mots viennent si aisément. Finalement m’échappe ces quelques paroles :

«Il n’y a pas un jour où je n’ai pas pensé à toi.» difficile de faire autrement quand sa version miniature me rappelait tous les jours de ses origines. «Je te retourne le compliment, Corvus. J’ai failli faire une crise cardiaque en te voyant arriver dans la pièce dans cette veste de cuir.»

Je viens effleurer des doigts la veste mais me retire avant d’aller trop loin. Je suis convaincue être incapable de m’empêcher si je me laisse aller à mes instincts ce soir et il reste encore le souci de Magda dans la maison… Dans tous les cas je me laisse aller à le détailler à mon tour, ayant un sourire en pensant un instant à ma mère. Qu’aurait-elle dit si elle avait vu ce «voyou de Sercena» ici auprès de moi, dans ce manteau de cuir qu’elle détestait tant ? Combien elle l’a jugé de son apparence sans même le connaître. Elle n’a pas su voir chez lui toutes ces qualités qui le distinguent du commun des mortels. Non, elle lui a préféré Arthur, l’homme qui au final était le véritable voyou. Tant mieux pour moi, je n’ai pas les mêmes goûts qu’elle. Plus que jamais j’ai envie de m’envoler sous la lune à dos d’Airmure à ses côtés; j’ai envie de mettre la raison de côté ne serait-ce qu’une nuit. Demain viendront les regrets et les larmes mais ce soir… Ce soir je laisse mon cœur l’emporter puisque de toute manière je ne pourrai jamais le contenir.

Les paroles qu’ajoute Corvus me tirent un petit sourire gêné. Aller se coucher hm ? Après un café ? Mais diantre qu’a-t-il donc en tête ? Prise d’un excès de chaleur je me contente de faire un «hm-hm» un peu trop intéressé avant de descendre pour préparer la boisson au monsieur. Je ne consomme que peu de café mais connais bien la machine (appartenant d’ailleurs à Imany). Je prépare donc un café corsé pour mon invité et un thé vert avec un peu de miel pour moi. Je prends donc place auprès de Corvus autour de l’îlot et entretiens la conversation pour éviter de céder à toutes les idées qui me viennent en tête.

«Tu as dû voir Ombre, le Lixy d’Aster. C’est le petit-fils de Shadaya ! Il est mignon hm ? Aster l’a capturé avec ta balle, tu sais celle avec une étoile ? Je l’avais cachée tout ce temps pour éviter qu’on la lui retire. Il était si fier ce jour-là. J’aurais voulu…»

Que tu sois là. Je baisse les yeux vers ma tasse. Ce n’est pas la peine de le nommer, ou de retourner le couteau dans la plaie. Je jette un énième regard vers la porte extérieure, avant de demander, trahissant mon impatience :

«Il se couche tard Madga d’habitude ?»
Posté le Mar 8 Mar - 18:11
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Inespérée, la paix qui s’était emparée de Corvus avait terminé de lui faire oublier que dehors, à l’extérieur de ces murs et de cet espace-temps, la vie – sa vie – était différente. S’il avait lutté corps et âme plus tôt dans la journée pour ne pas finir dans cette villa, ce soir pourtant, là, tout de suite, plus rien n’était en mesure de l’en faire ressortir et la Guarda n’y était strictement pour rien. Plus rien ne venait légitimer sa raison ni même la défendre : tout ce qu’il avait su construire, toutes les idées qu’il avait tenté d’ancrer dans son esprit pour se persuader qu’il avait fait le bon choix étaient parties en fumé, balayées par le vent. Non, Corvus ne lui avait pas menti : s’il avait si drastiquement coupé les ponts, s’était bien dans l’espoir de se faire oublier. Loin des yeux loin du cœur – c’était la théorie du moins – et si cette séparation n’avait pas manqué de porter ses fruits – Léonie et ses enfants n’avaient-ils pas eu une vie normale, loin des conflits ? – d’autres étaient restés sur l’arbre, intacts, fossilisés par le temps. Les années n’avaient pas su atténuer cette flamme qu’il avait laissé, celle qu’il avait tenté d’étouffer mais qui jamais – jamais ! – n’avait vacillé … de son côté, comme de l’autre. Désormais, Corvus ne pouvait en être plus certain : Léonie non plus n’avait jamais été en mesure d’éteindre ce feu, celui qui, ce soir, brillait de plus belle. Non, ça n’avait pas marché, ne marchait pas : s’oublier, tirer un trait, avancer, tout cela ne les attendait pas. S’il avait toujours su qu’il en serait incapable, Corvus avait naïvement cru que Léonie, plus sage, aurait su tourner cette page … l’ancien dompteur avait été idiot de l’espérer, lui qui avait tenté de mettre un point là où, finalement, ne s’était toujours tenue qu’une virgule.

Du regard, Corvus suivit les doigts que Léonie posa sur sa veste. Loin d’avoir subi la fureur du temps, le cuir en était encore brillant, intact. La jeune femme avait toujours aimé cette veste, et sa présence cinq ans plus tard en disait long sur la tentative de Léonie à l’oublier.

« — Tu l’as gardée tout ce temps » fit-il remarquer.

Corvus attrapa sa main juste avant qu’elle ne la retire. Tandis que son regard se chargeait de regrets, il la garda un moment contre lui, juste pour le plaisir de sa chaleur. Le rebelle n’était pas sans savoir qu’il était le seul responsable de ces longues années de séparation et s’il restait persuadé du bien fondé de son choix, il ne pouvait s’empêcher aujourd’hui de s’en vouloir. Sans le destin pour lui forcer la main, Corvus aurait continuer d’essayer encore et encore, démente obstination. Aujourd’hui ? Quelque chose avait changé : il savait désormais que sa vie sans Léonie, bien que plus facile, avait été incomplète, ô combien incomplète.  

Lorsqu’ils descendirent finalement pour rejoindre le salon, Léonie s’affaira à la préparation des boissons sous le regard inquisiteur de Corvus, qui ne la lâchait plus des yeux. Bientôt, l’odeur du café embauma la pièce et lorsqu’elle lui tendit sa tasse, Corvus fit le choix de rester debout, le dos tourné contre l’îlot. Certaines manies restaient tenaces, inconscientes : parce que la fuite était devenue sa meilleure option pour survivre, l’ancien dompteur avait pris certaines habitudes, dont celle de rester debout lorsqu’il le pouvait. Loin de se sentir en insécurité chez Léonie, la vie qu’il avait vécu ces cinq dernières années avait simplement laissée des traces, certaines plus délébiles que d’autres.

Corvus eut une pensée pour Azmitia – ou devait-il l’appeler Mecedes ? Alistair, qui semblait l’avoir connu, n’avait pas manqué de lever certains mystères la concernant  – lorsque Léonie lui conta l’origine d’Ombre, le petit Lixy qui accompagnait Aster ; ainsi que pour le destin qui avait été le sien, dont il ne savait rien. Qu’était-elle devenue ? Était-elle passée entre les mailles du filet, cachée dans sa montagne ? Avait-elle échappée à la Guarda, avait-elle pu garder ses pokémons, elle qui n’aurait certainement pas eu les moyens de tous les conserver légalement ? De toute évidence, la vieille dresseuse n’avait pas disparu, puisque sa lionne avait su donner à Aster un Lixy de sa lignée. La mention de la pokéball jadis offerte à Aster arracha un sourire à Corvus … bien sûr qu’il s’en souvenait.

« — Shadaya … pourquoi ne suis-je pas étonné ? » questionna-t-il, sans bien sûr attendre de réponse « Aster ne pouvait pas rêver mieux. C’est bien mieux qu’un Roucarnage » assura-t-il, un sourire traversant son visage.

Non, Corvus n’avait rien oublié des mots jadis échangés avec Léonie … en vérité, Corvus n’avait rien oublié de cette soirée-là, rien, absolument rien. L’ancien dresseur perçut le sens de sa dernière phrase, dont la fin s’était évanouie dans le silence. Le regard de la jeune femme se perdit un instant dans sa propre tasse, mais c’était sans compter Corvus, qui tenta de le ramener vers lui : sa tête s’était légèrement penchée pour aller à la rencontre de ses yeux.  

« — J’aurai aimé être là, moi aussi » formula-t-il « Pour ça, et pour tellement d’autres choses » ajouta-t-il.

Y mettre des mots ne le blessait pas. Loin d’être indifférent au sort de ses enfants, Corvus aurait aimé être là pour eux, oui, et pour elle aussi, pour toutes ces fois où elle s’était sentie seule, dépassée ; là aussi pour partager ses joies et ses instants de bonheurs, ceux qui l’avait fait vibrer. Était-il trop tard ?  Corvus chassa cette question, cette pensée trop dangereuse pour l’heure. Léonie l’y aida en le questionnant concernant les habitudes de Magda … se trouvait-elle impatiente de le voir revenir ? Corvus tenta de ne pas s’emballer quant au sous-entendu qu’il percevait, sans vraiment y parvenir.

« — S’il ne se dépêche pas, j’irai le chercher moi-même » assura Corvus, un sourire sur le coin des lèvres.

L’ancien dresseur plaisantait … mais pas tant que cela. Corvus n’oubliait pas l’éventualité de la présence de la Guarda dehors, et donc le risque que représentait une sortie nocturne, même dans l’enceinte de la propriété. S’il savait qu’Aetius veillait au grain, Corvus se connaissait assez pour savoir que son esprit ne trouverait pas le repos tant que le garçon ne serait pas rentré. Son sourire passé, le rebelle porta la tasse à ses lèvres, laissa l’amertume du café l’envahir un instant. Sa mémoire divagante le ramena quelques heures dans le passé, un peu plus tôt dans la journée, lorsque son regard s’était posé sur cette femme armée – tremblante, mais armée – qui avait alors suscité bon nombre de questions. Reposant son mug, le natif de Sercena leva les yeux vers elle.

« — Léo je … j’ai été surpris de te voir avec une arme tout à l’heure » affirma-t-il. Le trouble qui l’animait à cette idée était palpable, perceptible : il avait froncé les yeux, avait croisé les bras, s’était agité « Le monde est-il devenu si dangereux que cela, même pour vous ? Danaé, Oreste, tes pokémons … ils ne te suffisent pas ? » lui demanda-t-il.

Si Corvus pouvait comprendre que des opposants tels que lui puissent vivre dans la peur, le concept lui échappait lorsqu’il s’agissait des privilégiés. S’il savait Léonie différente de certains autres privilégiés qui ne manquaient pas de profiter pleinement de toutes les injustices légalement établies à Cinza, la jeune femme n’en demeurait pas moins bien lotie, du bon côté. Son nouveau rôle en tant que défenseuse des âmes lésées par le système ne pouvait pas avoir fait d’elle une ennemie du gouvernement, alors quoi ? Léonie craignait-elle le système Pérola ? Craignait-elle de se voir démunie par cette arme ? Loin de s’imaginer ce qu’il en retournait réellement, Corvus se perdait déjà à l’idée de la savoir vivant dans la peur, dans la vigilance constante.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1320 MOTS.
Posté le Jeu 10 Mar - 21:43
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Je n’aurais probablement pas dû évoquer ce souvenir. Difficile de tenir sa langue lorsque l’envie de lui conter tout ce qu’il a pu manquer ces dernières années me tiraille autant. D’une certaine manière, partager ces instants significatifs tels que la capture d’Ombre me permet de l’inclure. J’ai envie de tout lui dire, de passer la nuit à discuter avec lui de tous ces instants où j’aurais aimé qu’il se trouve à nos côtés. De lui partager nos bonheurs et nos peines. Je rire et me chamailler avec lui. De débattre d’idées complexes. De me confier sur mes plus terribles secrets. Je veux aussi tout connaître de sa nouvelle vie, de ses mésaventures, de ses réussites et ses échecs. Un pincement vient affecter ma poitrine; comme il est cruel d’avoir séparé deux âmes qui étaient destinées à s’aimer. Comment ai-je pu survivre aux épreuves de ces dernières années sans lui ? Voilà la pensée que je formule en scrutant avec attention le liquide dans ma tasse. J’espère ne pas avoir remué le couteau dans la plaie avec mes réflexions. Corvus, loin de m’abandonner à mes idées noires, se penche délicatement pour venir cueillir mon regard. Je me laisse faire et redresse la tête, envahie de la chaleur qui imprègne son geste. Il n’a aucune intention de se mettre la tête dans le sable vis-à-vis son absence des dernières années. Je devrais probablement en faire de même.

Heureusement, l’ambiance change du tout au tout alors que le jeune homme plaisante en disant qu’il ira chercher l’adolescent lui-même s’il ne se presse pas. Je soupire avec un petit sourire presque coupable; en vrai j’espérais presque qu’il dise quelque chose du genre. Tout de même, je m’inquiète un peu pour le garçon. En espérant qu’il ne fasse rien d’idiot. Corvus semble lui faire confiance et je m’apprête à lui demander comment il en est venu à travailler avec un aussi jeune homme… Il a bien dit qu’il avait perdu ses parents n’est-ce pas ? Je suis cependant devancée par une question qui devait tomber tôt ou tard mais qui me fait tout de même l’effet d’une gifle. Je pose avec lenteur ma tasse à la mention de l’arme et sens mon cœur se serrer à l’agonie lorsqu’il évoque mes Pokémon. Comme à chaque fois où je suis forcée de parler de ce sujet hautement traumatique, je me mets à trembler malgré toutes mes tentatives pour conserver une respiration paisible et fluide. Tous les efforts de méditation n’auront jamais été suffisants pour éloigner mes remords et ma peine vis-à-vis ce sujet que je tenterai toujours d’éviter. La plaie, encore béante, ne s’est jamais refermée, même cinq ans plus tard.

«À l’exception de quand tu es là, Corvus, je ne crois pas qu’il y aille vraiment de moments où je me sente pleinement en sécurité.»

Ça, je ne lui avais jamais dit. Il est ce phare dans mes tempêtes. Mon repère, ma sécurité. Il n’y a qu’avec lui que j’abaisse réellement mes barrières, que ma vigilance peut enfin s’estomper, que je peux m’abandonner au repos.

«J’ai acheté l’arme lorsque Liora, Akeira et Imany ont quitté la maison… Enfin, Imany passe encore ici à l’occasion mais ce n’est pas pareil. La maison est grande et… vide. Il y a des jours où le silence me rend complètement dingue. Le monde a toujours été dangereux, Corvus. Il l’est d’autant plus maintenant. Je suis dans l’œil de la Guarda, puis j’ai deux enfants à protéger désormais. C’est une énorme responsabilité.»

Mon regard se rive au sol. Soudain je me sens lasse, lasse de ce poids que je porte malgré moi depuis des années. Seule. Je me bats tous les jours pour devenir une meilleure version de moi-même, pour vaincre mes démons, pour avancer avec assurance dans ce monde mais j’ai toujours peur, toujours. En ce sens, je ne suis pas bien différente de la Léonie qu’il a connu. Je soupire profondément, un soupir qui en dit long sur l’épuisement qui me guette. Je m’assois sur un tabouret de l’îlot.

«Je n’aime pas qu’elle soit ici. Je déteste avoir cette arme. Sauf que je n’ai pas trouvé d’autre solution. Mes Pokémon…»

Ma voix se brise. Parler de ce sujet s’avère toujours particulièrement épineux, mais d’autant plus devant un être en qui j’ai parfaitement confiance et qui accueillera avec délicatesse ma vulnérabilité. Et je refuse. Je refuse de me laisser aller aux élans de mon cœur blessé, je refuse de me laisser consoler. Je suis fière, trop, peut-être. Sauf que l’idée de m’appuyer sur lui, de pleurer ma peine, après toutes ces années… Non, je n’y parviendrai pas. Une rancœur subsiste, elle me coupe accès brutalement à la tristesse qui m’habite et je me sens me refermer telle une huître. J’ai un mouvement de recul, plaçant une distance entre nous qui, je l’espère, le découragera de poser plus de questions.

«Ils les ont pris. Je ne veux pas en parler.»

Je lui fais dos désormais. Lâchera-t-il l’affaire ? Je bois une longue gorgée de thé même si le liquide chaud me brûle la langue. Mon regard parcoure les photographies contre le mur, ces visages familiers et disparus. D’un doigt fébrile, je viens caresser le cliché que je refuse de regarder la majorité des jours, celui de Danaé qui, grimpée dans un cocotier, offre un sourire radieux à la caméra. Posant la tasse sur la petite table qui me fait face, je m’entoure de mes bras, dans un geste qu’il connaît par cœur. Comme si par ce mouvement j’espérais me protéger de mes propres émotions, qui menacent de me submerger.

«Si tu devais les croiser un jour, tu… tu les mènerais jusqu’à moi ?»

Ma voix n’est plus qu’un souffle fragile. Mon cœur se refuse de lui demander une aide formelle… mais qui de mieux que lui pour m’aider à retrouver ceux pour qui j’aurais dû me battre bec et ongles ? Je me retourne pour lui faire face, le regard embué, mon cœur dans la main. Cette fois, va-t-il m’abandonner ?
Posté le Sam 12 Mar - 18:35
Corvus Eddarson
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


L’homme que Corvus était n’avait jamais eu à se battre pour sa sécurité, non … il avait dû se battre pour d’autres choses, mais jamais pour cela. Comment aurait-il pu en être autrement ? Si le destin ne l’avait pas fait naître dans le bon milieu – y avait-il vraiment un bon et un mauvais milieu ? – il l’avait cependant fait gagner à la loterie génétique, lui qui avait toujours été grand et, il fallait le dire, non dénué d’une certaine force. Jeune déjà, Corvus s’était toujours distingué des autres par sa grande taille, par cet aspect qui, à lui seul, dissuadait les gens de venir s’en prendre à lui. C’était vrai : qui aurait eu l’audace de venir se frotter à cette armoire à glace pour lui chercher querelle ? Personne d’intelligent, personne. Non, Corvus n’avait jamais eu à se soucier de sa sécurité et en cela, la crainte de Léonie lui avait échappé. L’insécurité de la jeune femme ne datait pas d’aujourd’hui : elle l’avait suivis depuis le jour de sa naissance, depuis que le sort l’avait fait venir en ce monde en tant que femme et que son tumultueux passé avait rendu cette menace avérée. Cette pensée faisait-elle de lui un homme sexiste ? Oui … et non. Corvus était simplement réaliste : le monde était plus hostile pour les femmes, l’avait toujours été, le serait toujours. Comment s’insurger contre cet adage face aux évènements de l’Histoire ? Les statistiques ne parlaient-elles déjà pas d’elles-mêmes ? Le monde a toujours été dangereux, Corvus.

Si son cœur s’était échauffé à l’aveu de sa première phrase – non, Corvus ne se souvenait pas de l’avoir déjà entendu dire ça – la vérité qui suintait du discours de la jeune femme le serrait comme un étau. A l’idée de savoir cette épée de Damoclès vacillante au-dessus d’elle, l’ancien dresseur se sentait lui-même oppressé, terrifié ; attristé aussi, lui qui n’avait jamais su s’empêcher de vouloir la protéger de tout malgré les innombrables reproches qu’elle avait pu lui faire à ce sujet. Cette vérité, Corvus devait la comprendre, l’accepter et faire la paix avec, mais c’était bien plus facile à dire qu’à faire. Quant à cet instinct qui rendait Léonie féroce à l’idée de protéger ses enfants ? Corvus n’était pas à même de comprendre la force de ce sentiment – pas encore – mais il en avait, déjà, un aperçu fugace : il n’était pas sans connaître la rage instable qui l’envahissait lorsqu’il s’agissait de la protéger, elle.

Tout cela, pourtant, ne justifiait pas la présence de cette arme à ces yeux, pas dans un monde où des créatures pouvaient générer des champs de protection, briser des rocs entiers ou provoquer des raz-de-marée. Léonie disposait de pokémons forts, puissants : Oreste pouvait percevoir les malheurs avant qu’ils ne surviennent, Danaé pouvait lire dans le cœur des gens, Aetius brûler une maison entière dans sa fureur … et Napoléon, son Psystigri, avait dû se renforcer avec le temps, sans doute suffisamment pour pouvoir arrêter les choses de se mouvoir. Alors quoi ? Quelque chose lui échappait et Corvus se heurta à cette idée en voyait la jeune femme s’éloigner lorsque ses paroles la menèrent finalement à mentionner ses pokémons. Du regard le rebelle la fixa, suspendu au court silence qui s’en suivit.

Ils les ont pris.

L’information lui fit l’effet d’une douche froide, comme si la mer elle-même l’avait frappé. Accusant le coup Corvus demeura interdit, le regard dans le vide ; et bientôt sa tristesse se mua en colère à l’encontre de ce gouvernement, apportant de l’huile sur un feu déjà bien vivace. Sans Léonie pour en être témoin Corvus aurait laissé s’échapper sa fureur, mais l’ancien dresseur avait toujours su préserver la jeune femme de cette part de lui, violente, et cette fois ne faisait pas exception à la règle. Jusqu’à présent appuyé sur l’îlot de la cuisine, Corvus se redressa, décroisa les bras, laissant percevoir sa stupeur. Il tenta une respiration plus profonde dans l’espoir d’apaiser quelque peu sa colère et cela marcha un peu, juste un peu. Sans percer le silence qui les enserrait, Corvus observa la jeune femme fixer une photo accrochée sur le mur, une où posait Danaé, sa Lucario chromatique, que Corvus avait connu Riolu. Quittant le milieu de la cuisine non sans avoir au préalable déposé sa tasse sur le plan de travail, Corvus fit un pas en direction de la jeune femme, puis un autre, et encore un autre. Léonie ne souhaitait pas en parler et le rebelle respectait cela, mais cela ne signifiait pas qu’il devait la laisser seule avec ça. Alors qu’elle s’entourait de ses bras, Corvus posa une main sur son épaule. Les signes, Corvus avait appris à les reconnaître, à les comprendre, et même après toute ces années l’ancien dresseur savait encore les interpréter. Danaé, Oreste, Solal, Napoléon, Hélios … s’il devait les croiser, les ramènerait-il chez eux ? Bien sûr qu’il le ferait, et Corvus ne comptait pas se contenter seulement de cela.

« — Je vais les retrouver » déclara Corvus, déterminé comme jamais « On va les retrouver » répéta-t-il, l’incluant finalement. Le rebelle n’avait pas la prétention de pouvoir faire ça seul « Je n’ai pas pu empêcher le monde de changer, mais je peux faire ça pour toi » assura-t-il.

Oui, Corvus en était persuadé : d’une manière ou d’une autre, l’ancien dresseur finirait par savoir ce que le destin avait fait d’eux. S’il ne pouvait lui promettre d’y parvenir, au moins restait-il certain d’une choses : jamais – jamais ! – il n’abandonnerait cette mission, pas tant que les cinq pokémons manquant ne seraient pas retrouvés, morts ou vifs. Bien sûr, Corvus allait avoir besoin d’aide, de détails, d’informations … lorsque qu’elle serait prête à les lui donner. Cela impliquait-il qu’ils se reverraient ? Oui, au moins pour cela. Au moins pour cela …

Presque brusquement, un bruit en provenance de l’extérieur le fit se retourner. Comme une bête aux aguets, Corvus fixa la porte-fenêtre … pour finalement voir entrer une silhouette qu’il connaissait bien : c’était Magda et lorsque son regard se posa sur l’adolescent, la tension qui avait gagné Corvus l’espace d’un instant se dissipa. Le garçon était suivit par un Raichu aux oreilles étranges qui évoluait à quatre pattes, sa large queue suspendue derrière-lui dans le vide. Un peu intimidé par l’endroit, le pokémon jetait des regards un peu partout, aussi inquiet que curieux. Son pelage, sensiblement plus foncé que ceux des Raichus habituellement connus, n’arborait aucune trace de lutte ou de combat  et Corvus ne put s’empêcher de s’en trouver rassuré. Lorsque le regard de Surfeur rencontra finalement Léonie, le Raichu se figea un moment, davantage surprit qu’effrayé. Le pokémon de Magda avait toujours été méfiant et cela ne changeait pas aujourd’hui. Sans un mot, l’adolescent observa un instant Léonie et Corvus (dont la main avait quitté l’épaule de la jeune femme), avant de se tourner vers son Raichu.

« — Ge gut, Seufa. Kowlting gut, xídawang kopeng … mi pensa1 » assura-t-il à l’intention de son pokémon.

Toujours un peu méfiant, pas vraiment convaincu, le Raichu lança un nouveau regard en direction de Léonie. Malgré sa réserve, il suivit son jeune dresseur lorsque celui-ci s’approcha du duo et plus spécifiquement de la maîtresse de maison, à qui il tendit un objet que Corvus reconnu aisément : c’était le chargeur qu’il avait lancé quelques heures plus tôt dans les fourrés, et que Magda était vraisemblablement retourné chercher.

« — Désolé pour ça » déclara l’adolescent en faisant référence à l’incident, un peu gêné mais sincère. Par la suite, il ne put empêcher son regard de faire des aller-retour entre les deux adultes, pour finalement s’arrêter sur Corvus, qu’il gratifia d’une tape sur l’épaule qui le laissa de marbre « Bonne nuit, pampa2 » le salua-t-il, un sourire arborant son visage.

Et il s’éloigna pour rejoindre sa chambre, talonné par son Raichu. Corvus le fixa longuement d’un air peu engageant, et il ne le lâcha que lorsque, hors de portée, il disparut.

« — Il vient de me traiter de vieux » déclara-t-il, presque offusqué, presque vexé « Je ne suis pas vieux » assura-t-il, davantage pour se rassurer lui-même que pour l’affirmer. Le doute le gagna un instant, et il se tourna vers Léonie, chercha à la prendre à partie « Tu trouves que je suis vieux ? » lui demanda-t-il.

Cet idiot exagérait, Corvus en était certain.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1400 MOTS.

(1) « T’inquiète pas, Surfeur. Tout va bien, c’est une amie … je crois »
(2) Le vioc, vieil homme, papi
Posté le Dim 13 Mar - 18:03
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Comment pouvait-ce être autrement ? Mes parents m’ont tenu recluse du monde, n’ont jamais pris le temps nécessaire pour démystifier celui-ci à mes yeux naïfs d’enfants. Rien ne me préparait vraiment à l’intégrer pleinement. Combien ai-je souffert de mes angoisses ? Incapable de trouver ma place, j’ai vu des dangers à tous les détours là où se trouvais à l’origine un cœur aventurier, voire téméraire. Le monde a toujours été dangereux pour ceux qui ne possèdent pas les acquis nécessaires pour le naviguer. Ainsi ai-je vogué à la dérive un temps, avant de tomber entre les mains du premier prédateur croisant ma route. Ce passage a laissé ses traces. La peur m’a taraudée longtemps, même qu’elle n’est jamais pleinement disparue. Je me souviens encore de l’animal effrayé que Corvus a rencontré il y a toutes ces années. Si certaines blessures guérissent, pour d’autres les dommages causés sont irréparables. J’ai toujours du mal avec la pleine solitude. La sécurité ne me vient qu’au prix d’une protection complète et d’un lien de confiance que je n’offre pas à quiconque. Mes alliés savaient créer chez moi un abandon rare. Depuis leur départ j’ai la sensation que rien n’est pareil. Le pistolet n’est qu’une bien pâle béquille comparée à la sécurité que m’inspiraient mes Pokémon. Ou l’aura de bien-être qui m’entoure lorsque Corvus se trouve à mes côtés.

Parmi tous, je sais que Corvus comprendrait. Qu’il saurait dire les mots justes, qu’il ne me ferait pas porter le blâme pour la lâcheté dont j’ai fait preuve dans cette histoire. Sauf que je crains tout de même son jugement, et le mien aussi. Si j’évite ce sujet c’est bien parce que je suis incapable de faire face à la triste réalité qui entoure la disparition d’Oreste, Hélios, Danaé, Napoléon et Solal. Il fait si longtemps que je ne me suis pas risquée à penser réellement à eux que de les évoquer m’apporte presque un soulagement. L’étau que j’ai créé moi-même autour de cette vulnérabilité s’est desserrée quelque peu, me permettant de mieux respirer. Alors qu’il affirme que nous les retrouverons, je lève les yeux vers lui, emplie d’un espoir que je croyais depuis longtemps éteint. De quel doit se permet-il de me faire rêver ce soir ? Ne sait-il pas à quel point je puis être fragile malgré tout ce que j’ai pu bâtir ces dernières années ? Qu’il suffirait d’un souffle pour détruire le château de cartes sur lequel mon bonheur repose ? Je ne peux pas prendre une autre déception, ainsi je préfère largement ne rien essayer en leur sens. Mais si… si je tentais le coup, une dernière fois ? Avec l’aide de Corvus, peut-être parviendrais-je à retrouver mes amis, certains d’entre eux du moins. Puis ses mots ne l’engagent-ils pas dans un même temps à me revoir ?

Il pose une main contre mon épaule et la revoilà, cette sensation d’être parfaitement à ma place. Auprès de lui, je n’ai pas besoin de comprendre ce monde entièrement, puisqu’au moins je ne suis plus seule. Il veille sur moi comme il l’a toujours fait. J’esquisse un geste vers lui : je n’ai plus envie de me retenir de me glisser dans ses bras. Je veux le sentir auprès de moi, cueillir sa chaleur, me sentir petite, vulnérable et plus forte que jamais contre lui. Magda choisit néanmoins cet instant pour revenir auprès nous, interrompant ce lourd échange. D’abord un peu irritée de cette interruption, je la considère bien vite d’un autre œil. Son arrivée m’a permis de refermer la petite ouverture que j’avais ouvert sur le sujet de la disparition de mes Pokémon et avec eux beaucoup de douleur. Ayant repris contenance, je puis maintenant me concentrer sur le reste de cette soirée, qui promet d’être particulièrement rude sur mes émotions. Je suis ravie de revoir l’adolescent en un morceau et accompagné de son Raichu. La vision de la souris électrique me tire un petit sourire attendri. Adorable. En d’autres circonstances j’aurais été à la rencontre de Surfeur, mais vu la méfiance dont il fait preuve je préfère me tenir loin. Si Hélios avait eu la chance d’évoluer, aurait-il pris cette forme ? Difficile à dire. J’écoute attentivement les paroles de Magda, curieuse de connaître la signification de ses mots d’une langue étrangère. Il se dirige finalement vers moi pour me remettre le chargeur. Je me contente d’hocher la tête sans rien dire, avant de m’éclipser un instant pour remettre l’objet à sa place dans mon bureau.

À mon retour, Corvus fait la moue devant le commentaire de son partenaire. Vieux hum ? Je suppose que je ne peux répondre à l’affirmative, puisque j’ai bien deux années supplémentaires que lui. Ce serait me griller. Ces derniers temps, il m’arrive souvent de me sentir complètement déconnectée de la nouvelle génération, de ne plus comprendre les références… de me sentir vieille. Je glousse devant la réaction orgueilleuse du rebelle. Nous ne sommes plus exactement jeunes, plus comme au moment de notre rencontre du moins. Mais nous avons aussi la vie devant nous.

«Ancien.» je fais avec un sourire amusé. L’occasion de le taquiner ne pouvait se gâcher après tout. Redevenant sérieuse, je m’approche de lui pour venir caresser sa poitrine de manière taquine. Mes doigts contre lui me tirent un frisson qui fait pétiller une lueur tentatrice dans mon regard ambré. «Tout de même pas si mal conservé, je dirais. Puis à mon humble opinion, les années n’ont fait que embellir ce qui l’était déjà.»

Mes doigts courent contre sa large poitrine avec une lenteur extrême et une douceur presque aussi effarante. Frissonnant de nouveau, je baisse quelque peu la voix pour la suite de mon discours, comme toujours craintive d’être entendue de l’adolescent qui a regagné sa chambre.

«Si tu veux prouver que tu es toujours jeune, j’ai bien quelques idées en tête…»

Mes doigts quittent sa poitrine pour venir cueillir sa main que je tire à ma suite en me dirigeant à l’étage. Incapable de totalement me laisser aller tant que nous nous trouverons pas derrière des portes closes, je fais bien attention en traversant le couloir de l’étage pour éviter de réveiller les enfants. Puis je mène l’originaire de Sercena jusque dans ma chambre où enfin -enfin !- je l’ai juste pour moi. Je me retourne presque aussitôt pour me glisser dans ses bras dans un geste dont je rêve depuis que j’ai posé le regard sur lui tout à l’heure dans le jardin. Dont je rêve depuis des années sans véritablement me le permettre. Les mains sous son chandail entrelacées derrière son dos, je le serre fort. J’enfouis ma tête dans sa poitrine et ferme les yeux pour me laisser bercer par le tendre sentiment qui m’étreint en même temps que lui. Je ne sais combien de temps je reste ainsi, à m’abreuver de sa chaleur. Je caresse son dos avec une infinie douceur et couvre sa poitrine et son cou (en me mettant sur la pointe des pieds) de chastes mais sincères baisers.

«Comme tu m’as manqué…» je fais dans un soupir.

Je refuse de le quitter, soupirant à nouveau contre lui. J’ai laissé mes pensées de côté pour simplement obéir aux frémissements de mon cœur. Tant pis si je regrette demain. Magda en ce sens n’a pas tort : nous vieillissons, c’est vrai. Nous n’avons qu’une vie à vivre. Tant pis si demain se couvre de pluie. Je ne laisserai pas ce coup du destin me filer entre les doigts.
Posté le Mar 15 Mar - 7:50
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SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Ancien, vieux, n’était-ce pas la même chose ? Corvus peinait à pleinement accepter cette vérité : oui, il avait vieilli et grandi, et cela faisait de lui un acteur et non plus un spectateur. Lorsque le monde avait changé, Corvus s’était laissé porter par les paroles de son père, par ce mouvement qu’il avait mis en avant et qui les avait fait avancer vers un funeste destin. A la mort d’Alistair, malgré lui Corvus avait hérité de son rôle, celui pour lequel il n’avait jamais été préparé. Depuis, l’ancien dresseur n’avait cessé de repousser cette identité qui n’était pas la sienne, et qui pourtant faisait de lui quelqu’un d’important. Avec elle était venue des responsabilités, ainsi qu’une influence qu’il n’aurait jamais imaginé … oui, Corvus avait changé de banc : il avait quitté celui des jeunes pour celui des adultes ; un banc sur lequel il avait encore du mal à s’asseoir, craignant les conséquences et tout ce que cela impliquait. En prononçant ses mots, Magda avait-il eu conscience de ce qu’il faisait resurgir ? Sans doute pas, et sur le coup Corvus non plus, lui qui avait d’abord pris ça pour une remarque quand à son physique, et peut-être bien ses manières. Le sentiment n’avait cheminé qu’après, bien après …

L’approche de Léonie et ses doigts contre son torse le ramenèrent à l’instant présent, happant son attention et son regard vers elle. Un sourire lui traversa le visage lorsqu’elle affirma le trouver toujours à son goût, lui qui n’avait pourtant pas été épargné par ces cinq années de cavale … c’était toujours bon à prendre, n’est-ce pas ? Les paroles qui suivirent, énoncées à mi-mot, galvanisèrent le cœur de l’ancien dompteur. Comme pour illustrer ses propos, la lueur dans les yeux de la jeune femme s’était faite flamboyante, plus intense que jamais … définitivement, Corvus ne pouvait plus passer à côté de cette envie qui tenaillait Léonie et qu’il ne comptait pas laissé inassouvie. Loin de résister, Corvus se laissa guider jusqu’à l’étage, usant de mille et une précautions pour ne pas faire de bruit : réveiller les enfants était la dernière chose qu’il souhaitait faire, lui qui connaissait d’avance le programme de leur soirée, et sans doute même une partie de leur nuit.  

La porte de la chambre à peine refermée, Léonie se hâta de venir le rejoindre, blottissant son corps contre le sien. S’il ne s’était pas attendu à une proximité aussi rapide, Corvus l’accueillit pourtant sans attendre, refermant ses bras autour d’elle. D’une grande inspiration qui gonfla un instant sa poitrine, il huma son odeur, la laissa l’envahir et l’imprégner. Fermant les yeux, un frisson le traversa lorsque, sous ses vêtements, les doigts fins de la jeune femme vinrent à la rencontre de sa peau. Le rebelle s’abandonna un moment à l’instant, à ce contact que son cœur avait si ardemment souhaité mais que sa raison avait toujours su tempérer … jusqu’à présent. Tandis que ses mains glissaient autour de sa taille, il ne pouvait empêcher son corps de répondre à chacun des baisers – pour l’heure encore légers – qu’elle déposait sur lui et qui, sans qu’il ne puisse rien y faire, faisait battre son cœur de battements féroces, puissants.

Les dernières paroles de la jeune femme terminèrent d’avoir raison de lui, achevèrent d’abattre ses dernières réserves, ses derniers doutes. Cinq ans … c’était long, trop long, et qui savait ce qui les attendait demain ? Doucement il la fit reculer d’un pas, puis d’un deuxième, puis d’un troisième, jusqu’à rencontrer le bord du lit où leur différence de taille ne serait plus un problème, et lentement il l’y fit s’y allonger, l’accompagnant dans son mouvement. Encore debout, penché sur elle, Corvus lui laissa un moment pour s’y faire, avant de finalement approcher son visage du sien. Il était proche – si proche ! – qu’il pouvait sentir son souffle se mêler au sien. Retardant l’instant d’une lenteur indécente, teintées du parfum léger de son thé bu quelques instant plus tôt, Corvus resta suspendu à ses lèvres encore quelques secondes, pour enfin rompre les derniers centimètres les séparant. Lorsque le contact se fit enfin, lorsque ses lèvres rencontrèrent enfin les siennes, tout lui revint en bloc, comme si la dernière fois qu'il avait goûté à ses lèvres ne datait que d'hier. Il ne put empêcher son souffle de s’intensifier en réponse à l’émotion qui le gagna et qu’il accueillit avec véhémence. Comment avait-il pu s’en passer tout ce temps ? Sa langue, bientôt, vint à la rencontre de la sienne et à son contact le miel lui apparut, délicieusement sucré. Dans sa poitrine, Corvus sentit son cœur exploser … oui, comment avait-il pu s’en passer tout ce temps ?

Ses mains, elles, s’étaient faites plus présentes, plus pressantes sur sa taille, sur ses hanches. Leur course lente avait fini par les mener au contact de sa peau, là où se terminait sa robe, courte comme il le fallait. Quittant sa bouche, les lèvres de l’ancien dresseur glissèrent le long de sa gorge, rythmant leur chemin de baisers lents que Corvus ne manquait pas d’éterniser ; hasardeux, le rebelle les laissa même s’aventurer plus bas, à la base de son cou, puis plus bas encore, là où prenait fin son décolleté. Rompant finalement l’instant, Corvus se redressa pour aviser la jeune femme, le regard brûlant … combien de fois avait-il rêvé de cet instant, combien de fois s’en était-il langui ? Avec une lenteur extrême – à croire qu’il y faisait exprès – Corvus retira sa veste en cuir, la jeta loin au sol, puis s’extirpa de la dernière couche de vêtement qui recouvrait encore sa poitrine. Le contact de l’air frais sur son torse désormais nu le fit frissonner un instant, seulement un instant. Pour la énième fois de la soirée, le rebelle détailla une nouvelle fois la jeune femme, laissa son regard parcourir son corps … était-ce une bonne idée, vraiment ? Corvus avait le sentiment de faire voler en éclat toutes ces années de peines et de malheurs, qui n’avaient pourtant pas été vaines … mais il était beaucoup trop tard pour faire demi-tour désormais. La Guarda pouvait bien sonner à leur porte, rien ne pourrait le défaire de l’instant, rien, absolument rien. Corvus se pencha de nouveau sur elle, glissa une main vers son visage, accueillant sa joue dans le creux de sa paume.

« — Tu m’as manqué toi aussi, Léonie » assura l’ancien dompteur. De la pulpe du pouce, il caressa son visage avec tendresse « Je suis désolé de nous avoir infligé ça » affirma-t-il.

Le regrettait-il ? Non, pas véritablement … sur l’instant, son choix lui avait paru avisé, adéquat, pertinent. Aujourd’hui ? Corvus se rendait compte que tout ne s’était pas passé comme il l’aurait voulu. Chassant ces pensés de son esprit – à quoi servait-il de ressasser encore et encore ? – Corvus laissa sa main descendre jusque sous sa gorge, pour finalement déposer un baiser qui s’attarda sur la peau de sa tempe.

« — Laisse-moi rattraper ce soir une partie du temps perdu » susurra-t-il, trahissant un peu trop ses ambitions et son désir ; un désir qu’il savait partagé et qu’il n’avait pas l’intention d’ignorer.

Une partie du temps seulement : l’ancien dresseur savait qu’il ne pourrait rattraper les cinq années qui s’étaient écoulées. Ces années là étaient perdues, mais désormais il ne comptait plus gâcher les instants qui leur restait, osait-il croire les années. Jusqu’à présent oisive, sa main restée en retrait – celle qui avait campé sur la hanche de la jeune femme pendant tout ce temps – se fit de nouveau présente, glissa le long de sa cuisse … pour remonter jusque sous sa robe, suivant le cours de sa peau. Comptait-il en rester là ? Bien sûr que non, pourtant il s’arrêta un instant, savourant ce moment savoureux à souhait. Ses lèvres avaient repris leur conquête, multipliant leurs contacts dans le creux de son cou. Précipiter les choses était bien la dernière chose qu’il souhaitait faire, lui qui comptait les faire durer le plus longtemps possible.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1350 MOTS.
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Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia

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