Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Aller à la page : Précédent  1, 2

Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia

Posté le Mer 23 Mar - 20:44
Léonie A. Valencia
Léonie A. Valencia

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t158-pi-de-leonie-a-valencia
JE SUIS : Fondatrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 180

POKÉPESOS : 141
MES POKÉMONS :
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Aetius10
AETIUS
Libégon ♂* - Sérieux - Lévitation

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP
Du moment où mes bras se referment contre lui, je ne puis plus longtemps réprimer les assauts volontaires de mon cœur. L’expérience aurait dû m’apprendre définitivement que de résister à l’attraction qu’il provoque chez moi s’avérerait inutile. Au-delà des élans de la chair, le jeune homme illumine mes nuits de sa lumière. Il me guide jusqu’à lui et je ne peux qu’obéir aux caprices de mes sentiments que j’aurais désiré plus humbles, surtout après tant d’années sans plus d’espoir de le retrouver. Des années rancunières et solitaires à mesurer l’étendue de mon erreur : pourquoi avait-il fallu que je fasse confiance de nouveau ? Me voilà prise dans le même piège, me préparant lentement à subir les mêmes conséquences à mes étourderies. Les larmes, les lamentations, la douleur au creux de la poitrine comme un trou béant… N’ai-je donc rien appris ? Quelque part en moi rougeoie encore l’amertume qui accompagne les vieilles blessures. Loin d’être refermées, elles sombrent dans un oubli temporaire jusqu’à ce que d’elles-mêmes elles ne resurgissent au détour. Je me fais sourde à tout ce que la raison me pousse à faire, refuse de renoncer à cet instant, à cette flamme que je croyais éteinte et qui pourtant me consume de manière flamboyante. J’hume son odeur, m’imprègne de lui en sentant ma gorge se serrer. Me manquer ? C’était bien pire encore.

Il n’existe pas de mots pour décrire l’impossible incertitude dans laquelle j’ai baigné toutes ces années. Constamment en bataille contre moi-même, à tenter de me détacher des affections que je ressentais pour lui tout en continuant à chercher son visage parmi la foule, de l’espérer au détour. Sans savoir si son cœur battait encore, et si tel était le cas s’il pouvait même toujours m’aimer après m’avoir laissé derrière. Voilà qu’il revient. Je m’accroche à lui, presque désespérée, fermant les yeux alors qu’il s’excuse de la peine qu’il nous a causés. Le pardon viendra plus tard. Je n’ose pas répondre, car dans ma poitrine l’étendue de la blessure bat toujours. Égoïstement je cherche à assouvir d’autres besoins affectifs. Et lâchement je m’abandonne à mes pulsions, je cède à toutes mes faiblesses. Son corps au-dessus du mien m’invite, m’attire. Ses lèvres m’offrent un second souffle, comme si tout ce temps je l’avais retenu. Libérée d’un poids je referme mes bras autour de son cou, allongeant le baiser que je ne veux plus voir s’achever. Plus rien n’existe que l’instant présent, que nos deux corps et la passion qui nous consume. J’ai tout oublié de la maison, de Magda et son Raichu, d’Aetius en patrouille, de la Guarda au-dehors et oserais-je même dire des deux enfants qui dorment de l’autre côté. Je me laisse léviter dans ce petit monde intime qui nous appartient.

Ses caresses et ses baisers, toujours plus aventureux, ne cessent que pour lui permettre de se départir, dans une lenteur excessive, de son chandail qui rejoint finalement le sol auprès du manteau de cuir. Je détaille sans retenue ce torse qui m’a tant manqué, y cherchant à la fois de quoi rassasier ma soif de lui mais aussi quelque trace, quelque indice de la vie qu’il a mené jusqu’ici. Je ne retrouve que cette vieille cicatrice, jamais disparue. Gracieuseté d’un Kabutops particulièrement agressif, ce souvenir gravé dans sa chair de notre passé, de notre relation. Comment ai-je pu croire qu’il pourrait m’oublier quand sa poitrine est marquée à jamais du sacrifice qu’il a fait pour moi jadis ? Je pâlis encore en revivant cet événement dans mon esprit. Mon trouble ne dure qu’un instant puisque les paroles et les gestes suggestifs de Corvus me distraient bien vite de mes sombres pensées. Retenant avec peine un soupir passionné, je viens ouvrir la robe et offrir une vue généreuse au-dessous. Le cœur souffrant de palpitations effrénées, je viens cueillir ses lèvres avec ferveur, m’abandonnant pleinement à lui, à tout ce que je ressens toujours pour lui.

À ce qui, au final, ne s’éteindra jamais véritablement.

Les instants qui suivent ne font que raviver d’autant plus le feu sous la cendre. Maintenant flamme ardente, elle menace de me brûler si je ne me montre pas prudente. Chaque caresse, chaque soupir, ranime en mon cœur l’amour que je ressens pour cet homme. Le père de ma fille. Le phare qui éclaire mon chemin. Je me blottis contre lui, encore haletante, soupirant de satisfaction et de bonheur. Maintenant que les élans de mon corps ont été comblés, je suis désormais envahie d’une sensation tendre et d’une chaleur telle que je n’en avais plus ressentie depuis des années. Je ferme les yeux et rabattant la couverture sur moi. Nos activités ont quelque peu malmené l’état du lit; tant pis. Je m’en fiche bien à l’instant, à vrai dire je me fiche de tout. Corvus est là, c’est tout ce qui compte.

Je reste profondément silencieuse pendant un temps qui me semble durer une éternité, caressant d’une main distraite sa chevelure de jais. Immobile, je crains presque de briser l’instant si par mégarde j’osais bouger ou même dire quelque chose. Je me laisse porter par mes pensées. Maintenant que j’ai laissé mes émotions l’emporter, mes réflexions reprennent du terrain et avec elles la tragédie qui entoure cet instant. Ma poitrine allégée de ce contact soudain se trouve entravée du poids amer que je porte depuis son départ. Il faudra plus qu’une nuit passionnée pour oublier le mal qui a été fait. Submergée par la peine que m’inspire la perspective de son départ, par celle que j’ai vécu il y a toutes ces années, je sens ma gorge se serrer et les larmes affluer. Discrètes et amères, elles coulent contre mes joues silencieusement et mouillent la poitrine du rebelle. Je n’ose pas me redresser, affronter son regard, ou même céder franchement à la douleur qui explose en moi. Je suis figée dans cet instant sachant qu’inévitablement Corvus interviendra. Je ferme les yeux et respire lentement, encore une fois victime de ce combat en moi. La culpabilité qu’engendre de lui en vouloir me happe toute entière.

Je savais bien qu’à laisser la flamme s’élever, je finirais par me brûler.
Posté le Lun 28 Mar - 14:17
Corvus Eddarson
Corvus Eddarson

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t156-the-fight-is-never-ovhttps://cinza-heritage.forumactif.com/t157-pi-de-corvus-eddarson#915https://cinza-heritage.forumactif.com/t159-corvus-eddarson-repertoirehttps://cinza-heritage.forumactif.com/t162-corvus-eddarson-liens-pnjs
JE SUIS : Administratrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 281

MÉTIER : Educateur de Pokémons
POKÉPESOS : 112
MES POKÉMONS :

Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s10 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Miniature_227_EB Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s12
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP

SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Le souffle écourté et le cœur encore battant, Corvus se laissa gagner par l’instant, accueillant contre lui cette femme qu’il n’avait jamais su chasser de son esprit. D’abord apaisant, le silence qui s’en suivit s’étira, s’étira, jusqu’à finalement peser lourd sur sa conscience et plus encore dans son cœur. Machinalement, les doigts du rebelle s’étaient mis à glisser sur la peau nue de la jeune femme, dont la chaleur ne faisait désormais plus qu’un avec la sienne. S’il appréciait ce contact à chaque instant, Corvus ne pouvait s’empêcher de percevoir chacune des secondes qui s’écoulaient au milieu de ce silence, qu’il aurait aimé savoir anodin.  Ce silence, Corvus n’était pas sans en connaître la cause … il avait juste espéré, un peu naïvement, ne pas le voir venir si tôt, du moins pas tout de suite. Oui, Corvus en connaissait l’origine, n’y était pas étranger : le sentiment qui gagnait Léonie, l’ancien dresseur l’avait vu venir à des kilomètres à la ronde ; inéluctable, il avait d’ailleurs été la raison de sa réserve bien vaine, celle qu’il avait tenté de garder sans vraiment y parvenir. Lorsqu’il sentit finalement les larmes de la jeune femme perler sur sa peau, Corvus tourna son regard dans sa direction. Loin de chercher pour l’heure le contact de ses yeux d’ambre, il rapprocha son visage du sien, laissa un instant son souffle réchauffer sa peau aux senteurs délicates.

Corvus connaissait suffisamment Léonie pour savoir que ses larmes ne trouvaient pas leur source dans ses manières. L’ancien dresseur s’était appliqué à la tâche et ne doutait pas un seul instant que sa tristesse pouvait venir de là. Non, les faits et gestes de ce vaurien de Sercena n’avait jamais déplus à la jeune femme … pourtant, ses larmes ravivèrent en lui le sentiment d’avoir fait une erreur, d’avoir fait le mauvais choix. Plutôt que de céder à leurs pulsions, aurait-il dû renoncer, prendre sur lui, faire demi-tour ? Aurait-il dû lui mentir, et la rejeter pour la protéger de ce sentiment exacte qui s’emparait d’elle désormais ? Oui, quelqu’un de moins égoïste l’aurait fait, en dépit des regrets, des larmes et des non-dits que cela aurait engendré. Pendant plus de cinq ans Corvus avait eu cette force-là, celle de renoncer à ses propres désirs pour la sauver de toutes ces peines, de toutes ces afflictions qu’aurait immanquablement engendré le fait de continuer de se voir en de telles circonstances. Traqué, Corvus n’aurait su vivre comme si de rien n’était auprès d’elle ; séparés, auraient-ils su apprivoiser cette distance, et avec elle la frustration de ne pas pouvoir vivre selon leurs désirs ? Rien n’était moins sûr, et sans doute ne le sauraient-ils jamais, puisqu’il avait fait en sorte de ne leur laisser aucune chance d’essayer. En cela Corvus était resté le même : il s’était effacé au profit de ce qu’il s’était imaginé être une vie meilleure pour elle, pour son fils, ainsi que pour toutes celles et ceux qui partageaient la vie de la jeune femme.

Oui, Corvus aurait dû résister à cet appel charnel, à ce plaisir momentané que lui avait procuré le fait de céder à la tentation … et pourtant, il avait laissé ce soir ses émotions le gagner et ses sentiments prendre le dessus sur sa raison. L’ancien dompteur pouvait le regretter autant qu’il le voulait, ne pas le faire ce soir n’aurait été que retarder l’instant et croire le contraire était naïf, idiot. Les évènements de cette soirée ainsi que leurs révélations étaient sans équivoque : aucun des deux n’avaient renoncé à l’autre et encore moins su tourner la page. Certaines vies étaient liées à travers le temps … était-ce leur cas ? Comment en douter, lorsque le destin lui-même s’en mêlait. Comment croire au hasard, lorsque leurs chemins s’étaient si souvent croisés ? Oui, leurs retrouvailles auraient été immanquables ; aujourd’hui, demain, dans cinq ans ou dans dix ans, elles auraient été inévitables, inéluctables … tout comme cette situation. Oui, le plaisir de se voir et de se retrouver se trouvait entaché par cette vérité difficilement contestable, celle qui avait fait agir Corvus cinq ans plus tôt : influée par les évènements, leur relation était sans issue. Corvus l’avait pressenti et compris à l’instant même où les premiers coups de feu avaient retenti, ce jour-là à Sercena. L’ancien dompteur avait retourné le problème encore et encore, sans ne jamais parvenir à trouver de solution. Cela signifiait-il qu’il n’y en avait pas ? A l’époque trop persuadé d’avoir raison, Corvus n’avait pas su offrir à Léonie la chance d’en trouver une … aujourd’hui cependant, les années n’avaient pas manqué de mettre à mal ses certitudes et de lui faire voir les choses de manière différente. Ce qui était valable il y a six ans l’était-il aujourd’hui encore ? Certaines de ses convictions n’avaient pas changé : Corvus détestait toujours autant le gouvernement, abhorrait toujours autant ses lois, s’insurgeait toujours autant face à ses innombrables faux-semblants … mais il devait avouer et reconnaître que sa manière de faire n’était pas la plus efficace. Qu’avait-il accomplis ces cinq dernières années ? Pas grand-chose. Il avait aidé des gens bien sûr et avait permis à d’autres de s’en sortir, mais Corvus Eddarson s’était illustré dans la passivité ; une passivité forcée par ses moyens limités tant matériel que moraux. Contrairement à ce que le gouvernement disait de lui, Corvus n’était pas un terroriste : s’en prendre aux innocents, tuer et détruire n’était pas dans ses mœurs, ne l’avait jamais été. Là où d’autres rêvaient de voir ce nouveau monde brûler, lui ne cherchait plus aujourd’hui qu’à y instaurer la justice, l’équité et la liberté ; un rêve utopiste, qu’il n’avait jamais su atteindre. Là aussi, cela signifiait-il que c’était impossible ? Tel qu’il l’avait idéalisé, sans doute … mais d’autres choses étaient possibles. Léonie et sa firme n’en étaient-elles pas un exemple concret ? Résister coûte que coûte ne servait à rien. Lui qui n’avait cessé d’aller à contre-courant devait-il finalement se laisser porter par le torrent, pour ainsi espérer pouvoir le dévier ? Si le temps ne lui avait pas fait oublier les tourments de ce jour de malheur à Sercena, il avait fait s’essouffler cette colère que la mort de ses parents et de tous les autres avait longtemps susciter en lui. A l’époque incapable de renoncer à sa vengeance, aujourd’hui quelque chose avait changé en lui ; un changement qui avait pris forme bien avant sa mésaventure d’aujourd’hui, et qui ce soir se trouvait motivé par toutes les confidences de cette journée. Il aimait Léonie, et Léonie l’aimait elle-aussi, et aucun d’entre eux ne se satisfaisaient de sa vie sans l’autre … devait-il pour elle mettre de l’eau dans son vin ? Oui, aujourd’hui Corvus se sentait prêt à le faire … pour elle, pour lui, mais aussi parce qu’il avait laissé derrière-lui bien plus que des souvenirs et des sentiments : n’en déplaise à Léonie, il avait laissé derrière lui un enfant qui était autant d’elle que de lui, une fille, sa fille, qu’il n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer jusqu’à aujourd’hui, la faute à qui ? La sienne oui, mais pas que.

Ce pas, Corvus se sentait prêt à le faire … mais une part de lui, pourtant, ne pouvait s’empêcher d’hésiter, incapable de faire confiance au gouvernement et à sa justice de pacotille. Pouvait-il vraiment quitter l’ombre pour plaider sa cause, et espérer voir le gouvernement reconnaître ses torts ? C’était trop beau et Corvus le savait … sans compter qu’il n’était pas tout à fait innocent : s’il n’avait jamais tué personne, Corvus avait bel et bien agit de manière illégale aux yeux du système et de la Guarda. Il avait permis à des gens de s’enfuir, avait volé des pokémons saisis par les autorités et bien d’autres choses dont il allait forcément devoir répondre. Quoi faire alors ? Corvus n’en savait rien. Comme un enfant perdu dans les bois, il se tenait immobile sur le sentier de son destin : un peu trop confiant, il s’y était aventuré seul et s’était égaré ; incapable de retrouver son chemin pour le ramener en arrière, il craignait d’avancer et de s’enfoncer dans ce qui était désormais une obscurité qui l’empêchait de voir plus loin que ses pas. Les rôles s’étaient-il inversés, le phare s’était-il éteint ? Il fallait croire que oui … cependant, Corvus était certain d’une chose : l’ancien dompteur ne comptait pas vivre comme il l’avait fait ces cinq dernières années ; s’il ignorait encore avec exactitude ce qu’il voulait, il savait ce qu’il ne voulait pas, ce qu’il ne voulait plus, et rester loin de Léonie Valencia faisait partie de ces choses-là.

Après un long instant d’immobilité, Corvus se tourna finalement sur le côté pour faire face à la jeune femme. Avec douceur, d’un revers de main il essuya les larmes qui avaient mouillé ses joues, avant de saisir ses doigts pour les accueillir dans le creux de sa paume. S’il avait jusqu’à présent laissé le regard d’ambre de la jeune femme lui échapper, ce n’était désormais plus le cas : comme il avait si souvent pris l’habitude de le faire, l’ancien dresseur partit à sa rencontre, pour ne plus le lâcher une fois trouvé.

« — Je t’aime, Léonie. Cela ne changera jamais » assura-t-il.

Oui, cela faisait partie des rares certitudes immuables qu’il avait, quand bien même pouvait-elle en douter. Il fit une courte pause … Corvus avait ce défaut-là : celui de ne pas mettre de mots à ses sentiments, à ses pensées profondes, lui qui pourtant se trouvait tant à l’aise pour s’exprimer. Ses mots affectueux et ses confessions étaient rares, et donc précieux.

« — J’ignore encore ce que je peux faire pour changer les choses, mais je ne compte pas laisser cinq autre années s’écouler loin de toi et de cette vie que j’aurai voulu avoir » déclara le rebelle « Je veux que vous soyez en sécurité, toi et les enfants, et je ne compte pas mettre en péril ce que tu as su construire, mais je veux aussi accéder à ce que mon cœur aspire, à ces choses que nous voulons tous les deux … dû moins je crois »

Corvus avait toujours cru cela impossible et qu’incompatibles, ces deux concepts – être à la fois ensemble et en sécurité – ne pouvaient cohabiter. Avait-il eu tort ? Aveuglé par ses certitudes, s’était-il fourvoyé ? Ou bien avait-il vu juste dès les premiers instants ? Si oui, n’était-il pas temps de créer une troisième voie, là où il n’y en avait jusqu’à présent eu que deux ? S’il le fallait, Corvus voulait se battre pour cela, Léonie lui avait donné matière a … mais elle, le voulait-elle ? Voulait-elle voir sa vie changer, voulait-elle prendre le risque de voir ce qui était sûr devenir incertain ? Corvus pensait à Elina et Aster … Léonie accepterait-elle de tenter le diable, au risque de les perdre ? La sagesse indiquait un choix tout tracé. Ne disait-on pas que le mieux était l’ennemi du bien ? Corvus se peinait à l’idée de la mettre dans cette situation, face à ce choix cornélien qu’il entrevoyait déjà et qui ne manquerait pas de lui déchirer tant l’esprit que le cœur. Ce choix, Corvus aurait pu le lui éviter en restant simplement silencieux ou même en choisissant pour elle – ne l’avait-il pas fait cinq ans plus tôt ? – mais le rebelle ne comptait pas faire deux fois la même erreur, quand bien même cela ne lui ressemblait-il pas. Corvus avait tiré de son histoire des leçons, des leçons qui l’avaient changé un peu, juste un peu.

Si Léonie allait indéniablement devoir faire un choix, rien ne la forçait à le faire ce soir … Corvus, d’ailleurs, se garda bien de l’y pousser ou même de le mentionner. Trop d’incertitudes demeuraient encore pour se torturer déjà, et ses propres intentions étaient encore trop floues dans son esprit pour les énoncer clairement. Se raccrocher à ce qui était certain, telle était leur meilleure option.

« — On va se revoir, Léonie. C’est une promesse » certifia-t-il. Oui, d’une manière ou d’une autre, ils se reverraient … ne comptait-il pas retrouver ses pokémons après tout ? Sa main quitta ses doigts pour venir caresser son visage avec tendresse « Quant à ce soir … je ne suis pas encore parti. La nuit est encore jeune, du temps s’offre encore à nous » assura-t-il.

Oui, Corvus comptait sur l’obscurité des premières heures du lendemain pour s’éclipser du domaine et ainsi échapper aux potentielles sentinelles postées par la Guarda. Cela leur laissait quelques heures encore pour profiter d’un semblant de vie normale … une vie telle qu’ils auraient pu avoir en d’autres circonstances.

« — Je te réveillerai quand je partirai » promit-il enfin.

Cela ne lui ressemblait pas, mais le rebelle connaissait la jeune femme : trop préoccupée à l’idée de savoir qu’elle serait seule à son réveil, elle risquait de ne pas fermer l’œil de la nuit, probablement dans l’espoir de le cueillir avant son départ. Corvus détestait les adieux, n’avait jamais été particulièrement doué en ce qui les concernait, mais il comprenait aussi les angoisses de Léonie et avait appris à les voir venir. Toutes ces années loin d’elle n’avaient su émousser ce talent tant naturel qu’aiguisé.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 2230 MOTS.
Posté le Lun 4 Avr - 21:16
Léonie A. Valencia
Léonie A. Valencia

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t158-pi-de-leonie-a-valencia
JE SUIS : Fondatrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 180

POKÉPESOS : 141
MES POKÉMONS :
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Aetius10
AETIUS
Libégon ♂* - Sérieux - Lévitation

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP
Ce n’est pas juste.
Ne devrais-je pas nager en plein bonheur ? La tête posée contre son cœur battant, la preuve irréfutable d’un avenir possible… ?

Je l’ai cru mort si longtemps, peut-être aurait-ce été plus simple de vivre dans le deuil plutôt que l’incertitude. Quelle pensée égoïste. N’est-ce pas laid de souffrir ? La colère ne me sied pas; voilà effectivement une émotion que je n’ai jamais su porter avec dignité et ces larmes amères l’expriment une fois à nouveau. Pourtant je ne peux réprimer les élans de ce cœur brisé, celui qu’il a laissé en miettes au pas de la porte. Il ne m’avait rien promis n’est-ce pas ? Pourtant je lui ai fait confiance de m’épargner. J’avais peur, si peur à l’époque. Je me croyais à l’abri de nouvelles blessures à ses côtés.

Combien avais-je tort ! Je peine à respirer en pensant au tort qu’il m’a causé ce soir-là de décembre lorsqu’il m’a abandonnée. J’avais toujours besoin de lui, même si je tentais de me convaincre de l’inverse. J’ai dû vivre dans un monde sans sa lumière pour me guider, réapprendre tout du début. Me reconstruire sur des bases plus solides que celles qu’il ne pourrait jamais m’offrir; ces six années m’ont appris à m’aimer, à prendre soin de qui je suis et à me placer au cœur de mes préoccupations. Je ne peux effacer ce qui s’est passé, ne peux non plus oublier. J’ai toujours aussi mal. Le temps aura certainement apaisé certaines douleurs, d’autres cassures demeurent. Profondes et viscérales. Me coupent le souffle un instant alors que mes raisons s’embrument des fumées de ma colère et de mon ressentiment. Un instant je m’y abandonne, laissant de côté cette culpabilité qui, nécessairement, reviendra au galop.

Corvus s’est perdu. De lui-même, il s’est soustrait de l’équation. Il nous a quitté, même s’il ne pouvait savoir pour Elina car je ne lui ai rien dit… M’en a-t-il vraiment laissé la chance ? N’avait-il pas un fils qui l’attendait à la maison, ou tout comme ? Ni l’affection qu’il me portait ou la famille que nous construisions à deux n’ont pu le convaincre alors de rester et de considérer d’autres options que celles qui l’animaient alors. Que peut-il dire pour se défendre de cet abandon ?

Je l’aime, moi aussi. Si seulement il ne s’agissait que cela. Son visage cueille le mien, me force à le regarder comme il l’a fait si souvent par le passé. Je soutiens son regard, cette fois, cette fois je laisse libre court à ma colère. Je ne la retiens plus, car elle m’épuise. À quoi bon ? Pour épargner son cœur ? En a-t-il fait autant du mien ?

C’est difficile, déchirant de l’entendre dire tout ce que je désire entendre. Il affirme vouloir revenir dans nos vies, écouter son cœur, il trouvera un moyen, il promet. Je me détache de lui pour m’asseoir contre le bord du lit, dos à lui. Je laisse libre court aux sanglots qui menaçaient quelques instants plus tôt de m’étrangler, m’autorise à pleurer là où j’aurais autrefois cherché à me cacher. Pourquoi devrais-je me sentir mal d’éprouver de la peine ? J’enfouis mon visage dans mes mains, respirant le plus possible doucement, sans chercher à freiner l’élan de mon émotion. Trop longtemps je l’ai fait. Je me sens nue sous son regard, à exposer sans retenue toute l’émotivité que nos retrouvailles ont causée. Lorsqu’enfin je reprends le dessus, je ne sais plus combien de temps s’est écoulé. Je me sens telle une coquille vide, dépourvue d’énergie, refroidie par ma nudité, assaillie par un mal de tête qui menace de se changer en migraine. Je me frotte les yeux avant de finalement me redresser, me dirigeant jusqu’à la salle de bain pour prendre un cachet pour ma tête et un verre d’eau. J’en profite aussi pour me couvrir de ma robe de chambre. Le contact avec ce tissu soyeux me réchauffe de plus d’une manière, apaise un peu mon corps fragilisé par les excès de mes émotions. Je reviens à pas feutrés dans la chambre, réalisant bien que je n’ai rien dit depuis une éternité de plus que ce que j’ai exprimé dans ces pleurs.

«Tu as raison, la nuit est jeune. Ne t’attends pas à ce que je réussisse à fermer l’œil. Alors parlons. Il le faut.»

Je prends place près de lui dans le lit. Une part de moi me dirige vers lui, l’autre me retient dans une posture plus réservée, plus distante. Il vaut mieux, de toute manière, garder mes distances jusqu’à ce que je parvienne à trouver les mots qui, je l’espère, viendront vider mon cœur.

«Ne fais pas de promesses que tu pourrais ne pas tenir, Corvus. Nous savons très bien que s’il s’agissait de soi-disant me protéger, tu n’hésiterais pas à me briser le cœur à nouveau. C’est le problème avec toi. Tu penses que tu agis pour mon bien, mais vraiment tu ne penses qu’à toi.»

Je ne pensais pas être si dure. Pourtant il doit l’entendre. S’il vole à mon secours, c’est pour résoudre un besoin en lui. S’il s’intéressait vraiment à ma protection, alors il aurait été plus prudent avec mon cœur. Il m’aurait laissé le choix. Je prends une grande respiration. Je ne veux pas laisser les choses ainsi. Mais il est hors de question que nous repartions sur du non-dit.

«Cet avenir dont tu parles, Corvus, je le veux. J’en rêve depuis longtemps. D’un monde où tu es à nos côtés, où tu es un père pour mes enfants, un partenaire pour moi. Je n’ai aucun doute sur toi pour occuper cette place. J’ai toujours une confiance pour toi. Je suis toujours amoureuse de toi. Mais je suis en colère, Corvus.»

Je lève les yeux vers lui pour soutenir son regard. Je ne suis plus une enfant. Depuis six ans, je me suis raffermie. À présent, il est hors de question de jouer le rôle de la demoiselle en détresse. S’il veut faire partie de notre vie, alors il devra apprendre à jouer en équipe plutôt qu’à tout porter sur ses épaules.

«Nous pouvons discuter de solutions. Mais cette fois, si tu veux jouer les héros… ne viens plus, Corvus. Je n’ai plus la force. Je veux prendre les décisions avec toi, pas les subir.»

Au moins ce sera dit. Je ressens un grand soulagement face à ce que je viens d’exprimer, une sorte de paix. Une vie sans lui est dépourvue de sens. Ça ne m’empêche pas de choisir cette avenue si jamais nous devons répéter les événements d’il y a cinq ans. Je ne suis pas là pour le convaincre de rester. Nous avons toujours avancé sans lui et nous le ferons encore s’il décidait de retourner dans l’ombre. Par contre…

«Si tu acceptes mon aide toutefois, je me battrai pour toi Corvus. Nous nous battrons pour toi. Parce que tu en vaux la peine. Tu es la famille après tout.»

Je viens caresser son visage avec une grande tendresse, avant de poser son front contre le sien. Je ne suis pas là pour me prendre la tête, mais je devais me montrer honnête, pleinement honnête, avec lui.
Posté le Lun 11 Avr - 17:43
Corvus Eddarson
Corvus Eddarson

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t156-the-fight-is-never-ovhttps://cinza-heritage.forumactif.com/t157-pi-de-corvus-eddarson#915https://cinza-heritage.forumactif.com/t159-corvus-eddarson-repertoirehttps://cinza-heritage.forumactif.com/t162-corvus-eddarson-liens-pnjs
JE SUIS : Administratrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 281

MÉTIER : Educateur de Pokémons
POKÉPESOS : 112
MES POKÉMONS :

Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s10 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Miniature_227_EB Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s12
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP

SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Il allait falloir bien plus que des mots pour apaiser la peine qui s’était emparée du cœur de Léonie et le silence qui la gagna à la suite de ses paroles suffit à lui seul à le lui faire comprendre. Corvus avait-il vraiment espérer que ce serait aussi facile ? Bien sûr que non. Une poignée de mots ne suffisait pas à effacer six ans d’absence et encore moins à s’en faire pardonner … le pouvait-il simplement ? Son départ – ce départ qu’il lui avait imposé – avait laissé dans le cœur de Léonie une plaie plus profonde qu’il ne l’avait imaginé et dont il prenait pleinement conscience seulement aujourd’hui. Vraisemblablement, Corvus avait minimisé les conséquences de son choix, les avait sous-estimé … ou bien était-ce Léonie qu’il avait surestimé ? L’ancien dompteur peinait à trouver une réponse claire, lui qui avait cru la jeune femme en mesure de comprendre, d’accepter … mais comment avait-il pu s’attendre à la voir réussir, là où lui n’avait pas même tenté ? Non, Corvus n’avait même pas essayé de tourner la page, d’oublier, de passer à autre chose. Comment avait-il pu croire que Léonie pourrait le faire ?

Lorsqu’elle se détacha de lui pour rejoindre le bord du lit, Corvus sentit le froid de son absence l’envahir. Cette sensation cinglante – celle de la voir lui échapper – ne lui avait pas manqué, pourtant Corvus se devait de le lui accorder, de le lui concéder. Cette sensation que Corvus détestait tant, l’ancien dompteur se devait de la supporter, de l’accepter, car une part de lui le savait : il le méritait. Il méritait de payer son lot – peut-être pas autant que Léonie se l’imaginait –  quand bien même avait-il déjà eu son dû. Cet effort, Corvus acceptait de le faire … ce semblant de punition n’était-il pas justifié ? Pourtant, impuissant spectateur, son cœur se serrait à s’en tordre à la voir sanglotante loin, si loin. Que pouvait-il faire ? Rien, absolument rien. En cet instant précis, tout ce qu’il pouvait lui offrir était son affection, cette même affection qui n’était ni plus ni moins que la raison même de ses larmes. Ne rien pouvoir faire était sa pénitence et silencieux, Corvus se résolut à fixer son dos, que les sanglots animaient de saccades.  

Lorsqu’elle se leva finalement pour le quitter et rejoindre la salle de bain annexant la chambre, Corvus sentit sa mâchoire se serrer. Avait-il mal agit ? Aurait-il mieux valu garder le silence et ses espoirs pour lui ? Corvus n’en savait rien. Désormais absente, Léonie l’avait laissé dans un flou au travers duquel il ne distinguait rien. Corvus tenta de se persuader qu’elle finirait par revenir, apportant avec elle des explications … en attendant, l’ancien dompteur devait composer avec ses doutes qui l’assaillaient et le cœur lourd, son absence sembla lui durer une éternité. Dans l’espoir bien vain de rendre l’attente moins pesante, l’ancien dompteur tâcha de se rhabiller un peu pour ne pas laisser la nudité le surprendre si d’aventure il fallait agir vite. Nourris par la crainte, certains gestes devenus habitudes demeuraient tenaces, malgré l’indiscutable sécurité que lui offrait la demeure de Léonie Valencia. Corvus avait déjà regagné le lit quand la jeune femme reparue enfin, couverte de sa robe et quelque peu remise. Immobile, le rebelle se contenta de poser les yeux sur elle et de la suivre du regard tandis qu’elle regagnait ses côtés. La réserve qu’elle prenait soin de garder en s’installant ne lui échappa pas et Corvus sut alors que ce qui l’attendait n’aurait rien de complaisant.

Avisé, ce qui suivit lui prouva que son instinct ne l’avait pas trompé.

Non sans mal, Corvus écouta les paroles de Léonie sans l’interrompre, refrénant les émotions et les ressentiments qui l’envahissait à certain de ses mots, à certaines de ses phrases. Enfant des rues, plus fier qu’il ne le fallait, Corvus avait appris à rendre les coups et ceux que lui portait Léonie ranimaient en lui de vielles incertitudes, bousculaient des certitudes qu’il avait mis longtemps à considérer – peut-être à tort – comme telle. Il y avait dans les paroles de la jeune femme un fond d’injustice qui venait saigner son cœur et contre laquelle Corvus aurait aimé pouvoir s’insurger s’il n’y avait pas eu, quelque part au fond de tout ça, une part de vérité. Là résidait le nœud de tous leurs maux : ni l’un ni l’autre n’avaient tort, ni tout à fait raison. Si les paroles de Léonie se radoucirent sur la fin, ce qui avait précédé lui avait laissé un goût trop amer en bouche pour rester sur cette note sucrée. L’ancien dompteur s’attarda un instant à se satisfaire de la proximité de la jeune femme et de ses paroles qui le berçaient de doux espoirs … rester sur ça était l’une des possibilités qui s’offraient à lui, mais pouvait-il vraiment faire fi de ses propres inconforts et taire ce qu’il ressentait sous prétexte de la préserver ? Non, il ne le fallait pas et Corvus le savait bien. Percer ce nouvel abcès était tout ce qu’il lui restait à faire, mais en cela Léonie avait bien plus d’expérience que lui dans ce domaine. Se confier, accepter ses peurs et les divulguer et dévoiler ses faiblesses n’était pas quelque chose de courant pour lui … l’avait-il simplement déjà fait ? Jamais en présence de Léonie du moins, jamais comme il s’apprêtait à le faire. Non sans une certaine lenteur, Corvus arracha son visage de celui de la jeune femme, sans chercher à combler la distance qui les séparait désormais, celle-là même qu’il avait érigé. Pendant longtemps Corvus demeura silencieux, le regard fixé dans le vide. Dans sa poitrine, l’ancien dresseur pouvait sentir son cœur battre à s’en rompre.

« — J’ai pensé à moi, oui, c’est vrai » avoua l’ancien dompteur, rompant finalement le silence « Je ne voulais pas avoir à te voir écartelée entre deux choix par ma faute, ni à te voir vivre dans la peur et dans la crainte constante. Je ne voulais pas prendre le risque de voir un jour la Guarda débarquer chez toi pour t’emmener et te séparer de ton fils. Tu avais une vie ici, et avec elle une infinité de choses à perdre … je ne voulais pas prendre le risque de te voir faire le mauvais choix. Aurais-tu su prendre la voie de la raison ? Regarde-moi, et dis-moi que tu aurai su choisir la sécurité pour toi et ton fils, que tu aurai su mettre de côté tes sentiments pour faire ce que n’importe qui d’autre aurait fait, que tu n’aurai pas mis en danger ce qui t’entourait et ce que tu avais su construire pour le simple fait de rester avec moi » Corvus en était certain : Léonie n’aurait pas su le faire « Tu aurais tout risqué pour moi, et je ne me le serai jamais pardonné. Jamais » affirma le rebelle. Il laissa un court silence alourdir ses paroles « J’ai pensé à moi, oui … » répéta-t-il « … mais pas que » Son regard s’était tourné vers elle un instant « Faire ce choix à ta place était une erreur, mais je ne regrette pas de l’avoir fait, car il t’a permis d’élever tes enfants et de garder ta vie, pas dans son intégralité, mais dans sa globalité. Je sais ce qu’il nous a coûté, ne crois pas qu’il ne m’a pas coûté à moi aussi. Je pensais juste que … – il fit une courte pause, chercha ses mots l’espace d’une fraction de seconde – … que tu serai plus pragmatique que moi, plus rationnelle, et que tu saurais combler le vide laissé par mon absence » déclara Corvus.

C’était vrai et Corvus reconnaissait son erreur : il s’était trompé en croyait que, tout comme elle avait finalement su le faire avec Arthur, la jeune femme parviendrait à passer à autre chose, à reconstruire derrière, à rester terre à terre. Peut-être avait-elle essayé ? Corvus l’espérait. Le rebelle voulait croire qu’il n’avait pas eu tort sur toute la ligne.

L’ancien dompteur se peinait à l’idée de savoir son choix incompris, mal interprété, lui qui l’avait fait par sacrifice et non par égoïsme. Se débarrasser d’elle, des risques et se dédouaner n’avait jamais fait partie des points qui l’avaient fait se décider, et ces conséquences que Léonie prenait pour des raisons blessaient son cœur de bien des façons. Par sa vision des choses, elle rendait son choix vain, dénaturé, et le privait de ce qui l’animait en premier lieu : l’amour. Car oui, ce choix, Corvus l’avait fait par amour, et non par égoïsme. Cette idée, Corvus la défendait et y croyait encore.

« — Aujourd’hui, je reste persuadé que ma présence à tes côtés ne fera qu’accroitre les risques, cela n’a pas changé … » poursuivit-il « … mais je sais aussi que j’ai eu tort, et que j’aurai dû te laisser l’occasion de trouver toi aussi une solution, que j’aurai dû te laisser le choix. Je porte toujours à cœur le combat d’Alistair, et je vois aussi que rien n’a changé depuis cinq ans, ou trop peu. Ce n’est pas le monde que mon père souhaitait me léguer, et ce n’est pas celui que je souhaite léguer à mes enfants » déclara l’ancien dresseur « La méthode que j’ai choisi n’est pas la bonne et le chemin que j’ai pris est sans issue, et je souhaite que les choses changent, pour nous mais aussi pour Cinza, mais je suis aussi prêt à choisir s’il le faut, à nous choisir nous, et à entendre ce que tu as à proposer … » affirma-t-il « … mais j’ai peur, Léonie, j’ai peur des risques, et de leurs conséquence » avoua-t-il enfin « Je n’ai plus que toi, je n’ai plus que vous. S’ils vous arrivent quelque chose, si je vous perds … »

Incapable de formuler toute l’ampleur du sentiment que cette idée suscitait chez lui, Corvus n’acheva pas sa phrase. Corvus n’était pas tout à fait seul : son cousin, Sekou, ainsi que son oncle et sa tante étaient encore en vie ; et la tragédie des évènements lui avait fait rencontrer Madga et bien d’autres personnes qui, sans doute, seraient là pour lui si Corvus voulait bien leur donner cette chance … mais à ses yeux comme dans son cœur, rien n’avait la valeur de Léonie Valencia, rien, absolument rien. Corvus pouvait supporter de vivre sans elle pour lui permettre d’avoir une vie normale, mais pas de la savoir morte et enterrée. Après un instant de silence, Corvus poursuivit enfin.

« — Je ne ferai plus de choix à ta place, mais j’aurai toujours peur pour toi Léonie. Toujours. Tu n’es pas sans défense et je le sais … » Cette idée, Corvus l’avait assimilé depuis longtemps, les nombreuses insistances de la jeune femme à ce sujet n’y étant pas pour rien « … mais mon père non plus n’était pas sans défense, et il est mort quand même »

La mort d’Alistair Eddarson, aussi imprévisible que brutale, avait laissé dans le cœur de Corvus une appréhension que plus rien n’était en mesure d’effacer : personne n’était vraiment à l’abri, pas même les symboles. Si le rebelle savait que les choses avaient dégénéré sur les bases d’un accident, Corvus avait appris ce jour-là que le gouvernement lui-même n’était pas tout puissant et que certains électrons libres, en dehors de toute législation, étaient capables de renverser la balance par leur simple libre-arbitre. Le gouvernement avait beau ne rien avoir à l’encontre de Léonie Valencia, cela n’empêcherait pas certains zélés de s’en prendre à elle pour le simple fait de vouloir l’atteindre lui. Rester dans l’ombre et dire amen à tout, s’était s’assurer de ne froisser personne, et donc la protéger. Aujourd’hui, pourtant, pour toutes les raisons citées quelques instant plus tôt, Corvus ne pouvait plus. Il aspirait au changement et son cœur désormais blafard se languissait de la lumière telle une perce-neige en sortie d’hiver.

Marqué d’un nouveau silence, le discours de Corvus ne semblait pas terminé. Au fond de son cœur demeurait un dernier aveu qu’il peinait lui-même à accepter, et qui pourtant se devait d’être dévoilé, éclairé. Désireux de rester le phare qu’il avait toujours été, moins d’un quart d’heure plus tôt Corvus avait pour elle teinté ses paroles d’une assurance factice, faussée par son désir et sa promesse a demi prononcée de trouver une solution à leur problème. Oui, Corvus avait fait semblant, mais tout n’avait pas été que mensonge : l’ancien dompteur voulait trouver une solution – il le voulait vraiment ! – mais y parvenir lui paraissait impossible, irréalisable. Comment savoir quelle voie ils devaient prendre, quand lui-même ignorait où poser les pieds ? De nouveau sa mâchoire se serra, cette fois à l’idée de ce qu’il s’apprêtait à dire. Le regard de nouveau perdu dans le vide, la confession pesait comme une pierre dans son cœur.

« — Je suis perdu, Léonie. Je ne sais plus vers où aller, ni avec qui » avoua-t-il. Il passa une main sur son visage, se massa un instant le front « J’ai des espoirs auxquels je n’arrivent plus à croire tant ils me paraissent lointains et inaccessibles. J’ai besoin de … » l’ancien dresseur peinait à organiser ses pensées, s’arrêta un instant « J’ai besoin de quelque chose à quoi me raccrocher, en quoi croire, quelque chose pour me faire avancer de nouveau »

Les rôles s’étaient inversés et le nier plus longtemps n’avait pas d’intérêt. Corvus se sentait-il plus léger de l’avoir dit ? Pas du tout, c’était même pire : y mettre des mots rendait l’idée réelle, avérée. Sa fierté en prenait un coup, mais ce n’était rien comparé à l’immensité du désespoir dans lequel il avait finis par s’engouffrer toutes ces années durant. Au bout du rouleau, Corvus ne parvenait plus à faire semblant. Était-ce pour cette raison s’il avait, ce soir, si facilement céder à ce qui s’offrait à lui ? Bien sûr que c’était le cas. Corvus lui-même avait ses limites, des limites qu’il avait atteint depuis longtemps, bien longtemps.

« — Si tu m’aides, j’essaierai de ne pas te décevoir » déclara-t-il. Et pour la première fois depuis un moment, son regard quitta le vide pour se poser sur elle « Tu en vaux la peine, toi aussi »

Figé dans l’instant, Corvus n’osa pas le moindre geste.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 2400 MOTS.
Posté le Mar 19 Avr - 22:17
Léonie A. Valencia
Léonie A. Valencia

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t158-pi-de-leonie-a-valencia
JE SUIS : Fondatrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 180

POKÉPESOS : 141
MES POKÉMONS :
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Aetius10
AETIUS
Libégon ♂* - Sérieux - Lévitation

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP
Je ne me serais jamais cru capable d’une telle audace. Toute ma vie durant, on m’a appris à réfréner mes pensées les plus profondes, jusqu’à forger un être incapable d’exprimer ses besoins et encore plus ses contrariétés. Ces mêmes faiblesses qui m’ont causé tant de tort par la suite, qui m’ont emprisonnée dans un mariage dont je ne pouvais m’échapper. Parce que froisser l’autre me terrifie, du moins lorsqu’il s’agit d’un être aimé. Sitôt mes reproches ont quitté mes lèvres qu’un poids immense m’alourdit, que je frissonne dans ma robe de chambre dont je replie les pans contre ma poitrine douloureuse.

Lui faire porter le blâme me heurte plus que je ne saurais le décrire. J’ai la sensation dévastatrice de me trahir moi-même de ce fait. De risquer ce que je désire ardemment depuis toujours, son affection particulière. Son amour. Fallait-il que je risque de ternir ce regard qu’il me porte en exposant ainsi ces vérités que j’ai retenu toutes ces années durant ? Cette vieille blessure qui, malgré tous mes soins, s’est gangrénée de rancœur si bien que toute la raison du monde ne saurait l’apaiser ? Je connais son cœur. Je sais que malgré la douleur à laquelle il nous a exposés que ses intentions étaient pures. Qu’il a toujours agi en croyant bien faire, dans l’intérêt de me protéger coûte que coûte de maux que je ne sais pas toujours voir. Corvus est ainsi. Dédié à l’autre et sa dévotion vient au prix parfois de son jugement. Au détriment de sa santé, de ses propres intérêts aussi. Parfois je le voudrais plus égoïste; or comme tous il est sujet à l’égocentrisme. Il y a une forme d’égoïsme dans la générosité que peu savent voir, mais que j’ai trop souvent fréquenté depuis quelques années. Les plus hardis sur le chemin de l’altruisme le font trop souvent pour compenser des fondements fragiles. Corvus est doté d’un réel désir de venir en aide à ceux qu’il aime mais parfois je… Parfois je crois aussi qu’il se sent perdu s’il n’agit pas en ce sens.

C’est bien pour cette raison qu’il me peine autant de faire trembler les fondements de son être, de l’attaquer là où il est le plus vulnérable. Non pas par désir, mais par nécessité. Car aussi bouleversante soit l’aventure de lui adresser ces reproches, je les sais désormais absolument nécessaires à notre avenir, si avenir doit-il y avoir. Je ne peux garder cette rancune en moi sans craindre qu’elle n’explose au mauvais moment, que de ce fait d’autres personnes en soient la victime, potentiellement. Je veux repartir sur des bases plus solides, car moi… j’ai changé. Je ne suis plus la Léonie qui se laissait faire, j’ai une voix. Corvus a toujours respecté mon rythme. Il m’a traité avec respect et considération, mais aussi comme une chose fragile. Je veux qu’il comprenne que j’ai cheminé moi aussi, que six ans m’ont permis de reconstruire… de bâtir même une identité bien plus décidée. Plus forte. Mon amoureux ne changera pas, je sais bien. Aussi fortement que sa nature le pousse vers la surprotection, la mienne me mène à constamment douter de moi et me remettre en question. Nous avons tous nos travers je suppose, nos défis. Je soupire longuement en posant mon visage si près du sien. Nous n’avons jamais vraiment eu la chance de travailler ensemble les défauts de nos caractères respectifs, du moins pas sur le long terme.

Le jeune homme, enfin, prend la parole après avoir pris une certaine distance qui fait naître dans ma poitrine un élan de terreur. Je suis peut-être allée trop loin, mais je dois vivre avec les conséquences maintenant. Je dois accepter que certaines choses lui appartiennent. Au final, s’il me quitte pour de bon aujourd’hui, j’aurai au moins une conclusion satisfaisante à notre histoire. Si je sais maintenant que je ne serai jamais capable d’en aimer un autre que lui, je vivrai au moins en sachant qu’il est toujours entier, qu’il m’aime encore malgré mers et marées et qu’il veillera sur nous à sa manière. Je sens tout de même ma gorge se serrer. À l’agonie, je l’écoute tandis que sa voix s’élève, réfrénant l’envie de pleurer, ou de le supplier de me pardonner pour mes mots… des mots pourtant justes. Encore et toujours je me combats car j’en vaux la peine. J’ai droit de m’exprimer, et je sais qu’il m’écoutera. Alors pourquoi suis-je si transie de peur ? Je suppose que ce serait plus facile si je ne tenais pas autant à lui.

Corvus, dans sa défense, n’a pas tort. Il reconnaît ses erreurs et exprime un jugement que je lui savais avoir. Pourtant, ses raisons n’effacent pas la colère et la rancune que j’ai ressenties. Ce sont plutôt mes mots de tout à l’heure qui m’ont soulagée. Alors je reste immobile, prenant de grandes inspirations. J’ai parlé, voilà son tour. Ses mots au sujet de mon pragmatisme me font toutefois entrouvrir les lèvres. J’ai envie de protester, de lui dire que j’ai bien tenté de l’oublier, que j’ai mené ma vie tel que je l’entendais. Mais affirmer que je ne l’ai pas regretté tous les jours ? Ce serait faux. Comment peut-il minimiser ainsi toute l’affection que je lui porte ? Ou la place toute particulière qu’il a dans ma vie ? L’impact immense qu’il a eu sur moi alors que j’étais perdue dans les ténèbres ? Mon visage s’est quelque peu raffermi, mais ainsi je le laisse aller dans sa tirade. Mon cœur se serre en l’entendant énoncer si souvent mes enfants, que je sais dans ses préoccupations sincères. Oui, je sais qu’à sa manière il nous aime et que s’il retournait en arrière qu’il prendrait la même décision. Ne serait-ce que pour me permettre de rester à leurs côtés. Croit-il vraiment que j’aurais accepté de le suivre dans sa vie de déroute ? Peut-être que mon attitude ce soir lui a laissé croire ainsi. Aussi profond soit mon amour pour lui, il n’égalera jamais celui que je dédie à mes enfants. Je n’aurais jamais pu le suivre dans cette vie. Mais cela ne m’empêche pas d’être persuadée qu’à deux, nous aurions peut-être pu trouver une autre avenue. Je me raccroche profondément à cette idée, qui en quelque sorte nourrit la colère que je peux porter à Corvus. Si seulement il m’en aurait donné la chance alors peut-être…

Peut-être que je me fais du mal, surtout. Ce n’est pas la peine d’imaginer ce qui aurait pu être, mais c’est plus fort que moi.

Désormais, nous devons nous tourner vers l’avenir. M’investir auprès de lui, surtout au vu de sa situation actuelle, comporte un bon nombre de risques. Pourtant malgré la menace qui plane, je ne parviens pas à voir les choses d’un œil fataliste, bien au contraire. Un espoir que je croyais éteint revit en moi avec énergie. Cette fois, je ne claquerai pas la porte en lui balançant des inepties. Non. Cette fois nous ferons les choses différemment. Et je serai avec lui pour ce processus. Je l’écoute non sans émotion discourir sur le combat que son père lui a laissé. Je peux voir toute l’emprise que cette responsabilité a sur lui. Ce combat qu’il a mené a laissé ses traces. Je peux sentir toute la fatigue, toute la déception qui l’anime. L’amertume dans ses paroles. Ses mots me bouleversent. L’entendre reconnaître que sa voie n’a pas été la bonne toutes ces années ? Combien cela doit-il lui coûter à reconnaître ? Sans oser bouger, je sens mes sourcils se froncer d’émotion et tout mon être frissonner de l’étendue de son désespoir. J’entends sa peur, qui résonne en moi aussi. Oui, moi aussi je suis effrayée mais… J’ai confiance aussi, d’une certaine manière. Auprès de lui j’ai enfin le sentiment d’être en sécurité, et de cette émotion particulière émane une assurance que je ne me savais pas capable d’avoir. Ou peut-être est-ce une forme de désillusion, qu’en sais-je ? Son silence soudain me trouble, laissant sa phrase en suspens, son idée tout autant.

S’il nous perdait ? N’était-ce pas déjà le cas ? Je fronce à nouveau les sourcils, cette fois d’une certaine incompréhension, avant qu’il ne poursuivre pour finalement émettre les paroles qui finissent de m’expliquer le fondement de son ressenti. Et j’ai l’impression que ces quelques mots viennent mettre un sens à toutes ces années de séparation, à toute cette douleur que j’ai ressentie. Mon père non plus n’était pas sans défense, et il est mort quand même. Je ferme les yeux en l’entendant évoquer cet homme qui avait tout mon respect, que j’ai pleuré moi aussi. J’ai considéré cet événement sans le voir dans sa globalité. Je n’ai vu que le sentiment de Corvus de devoir honorer sa mémoire, mais j’ai probablement beaucoup trop minimiser le traumatisme et la souffrance que lui ont inspiré le décès violent de ses parents. Alors qu’il se trouve là près de moi, imagine-t-il que je puisse subir le même sort ? Et nos enfants aussi ? Oh Corvus, si seulement je pouvais lui exprimer que jamais je ne laisserais une telle chose arriver. Ces dernières années m’ont appris à survivre, même si c’était au dépends de mes convictions parfois.

Alors quoi ? Le silence se réinstalle entre nous et je n’ose pas bouger ni parler. Je sens qu’il y a encore quelque chose de tapi dans l’ébène de ses iris, dans la noirceur de son âme. Quelque chose qu’il n’ose pas tout à fait avouer. Alors je cueille de doigts humbles toute sa vulnérabilité. Jamais je ne l’aurais cru capable de s’avouer vaincu, perdu. Dubitative, c’est d’abord le choc qui accueille ses paroles désespérées. Rien ne m’y préparait. D’un geste compatissant, mon cœur bondit bien vite au même rythme que le sien, d’une démarche éclopée. Le savoir si mal m’écorche vive. Je réalise avec une sensation de vertige que nos situations se trouvent inversées. Que je suis celle désormais qui guidera ses pas, si seulement il me l’autorise. Et qu’il me laissera faire, car il a confiance en moi. Parce qu’il m’aime. Il m’aime réellement.

Voilà que ses mots se tarissent, me laissant dans cet atroce silence, sous son regard prudent. Je peux sentir la lourdeur qui habite son cœur, la précarité dans laquelle il se retrouve. Alors je me rapproche et je saisis simplement sa main dans un geste d’une grande douceur. Ma voix s’élève de nouveau, presque murmure.

«Laisse-moi te raconter une histoire. Il y a quelques années, je me suis retrouvée à la croisée des chemins de ma vie, complètement perdue et incapable de choisir que faire de ma destinée et avec qui. Et à l’instant où je pensais véritablement me noyer, j’ai fait la rencontre d’un être exceptionnel qui, de plus d’une manière, a changé le cours de mon existence. Sans intervenir, juste en étant présent. J’ai goûté alors à un bonheur que je ne savais même pas possible. J’en suis venue à m’aimer, à me respecter et à croire en qui j’étais. Lorsque cette personne a quitté ma vie, je me suis retrouvée sans lumière pendant longtemps. J’ai dû me débrouiller pour… apprendre à briller par moi-même dira-t-on.»

Je l’observe désormais. Nous savons tous les deux à qui je fais référence.

«Corvus, tu ne peux pas penser qu’en ce qui te concerne je serai rationnelle. Ce que tu es pour moi dépasse toute idée que je pourrai formuler. Ce n’est pas comme si je pouvais t’oublier. Mais j’ai vécu, je te rassure. J’ai pris soin de moi, de nos enfants. J’ai été heureuse malgré tout. Cette décision que tu as prise m’a blessée, mais je sais aussi qu’elle était nécessaire. La colère que je ressens vis-à-vis ce qui s’est passé ne sert à rien, mais elle est là. Il lui faudra un peu de temps pour se dissiper, comme toute chose. Je suis contente d’avoir pu l’exprimer, et d’avoir pu entendre ton point de vue. Je peux imaginer le poids que tu as porté tout ce temps. Je… parmi tous mes regrets, l’un des plus grands a été de ne pas avoir pu être présente pour toi. De ne pas avoir été à tes côtés pour pleurer tes parents, pour te soutenir.»

Je me mords la lèvre pour éviter de pleurer à nouveau. Ce n’est pas le moment. Or, les évoquer provoque toujours une pointe de douleur dans ma poitrine, je ne peux y échapper pleinement. Mes doigts glissent entre ceux du jeune homme.

«Tu ne me décevras pas, Corvus. Je t’aime. Je suis là si tu décides de rester. Je comprends que les risques t’effraient. C’est mon cas aussi, bien sûr. Or, je crois que nous avons tous les deux statué que nous ne pouvons plus vivre ainsi. Ce qui ne signifie pas que le chemin qui t’attend ne sera pas parsemé d’embûches.»

Je me replace un instant, nerveuse à l’idée de cette conversation.

«Si tu décides de tourner ta veste et retourner à la surface, il y a certainement des manières de te sortir de l’ombre… Il faudrait que j’en parle à Alexis. Avec ton accord, seulement mais… Tu ne serais pas le premier rebelle que je vois réintégrer une vie à la surface. Enfin, je travaille pour une compagnie juridique du nom de Craboss. Nous oeuvrons principalement dans les recours collectifs contre le gouvernement suite à la Nove Existencia et autres conseils juridiques concernant les nouvelles lois. Il y a peut-être moyen d’acheter ta liberté, mais cela viendra probablement avec un prix. Je doute que pour une figure importante comme toi l’argent suffira.»

L’argent n’est pas un souci dans notre cas. Je n’ai aucun mal à payer la facture s’il le faut. Je ne veux même pas entendre de débat à ce sujet. Sauf que pour Corvus et ce qu’il représente, cela serait-il vraiment suffisant ?

«Corvus, je ne veux pas que tu agisses contre toi-même pour acheter ta liberté. Mais si c’est vraiment ce que tu désires, alors je suis probablement la meilleure personne pour t’aider.»

Je suis là, même si ma manière de le dire est maladroite. Je baisse les yeux, pour ne pas l’influencer, pour ne pas me permettre d’espérer. Malgré moi, je cherche à protéger mon cœur. Il a été bien malmené ce soir, il faut dire.
Posté le Mer 27 Avr - 13:55
Corvus Eddarson
Corvus Eddarson

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t156-the-fight-is-never-ovhttps://cinza-heritage.forumactif.com/t157-pi-de-corvus-eddarson#915https://cinza-heritage.forumactif.com/t159-corvus-eddarson-repertoirehttps://cinza-heritage.forumactif.com/t162-corvus-eddarson-liens-pnjs
JE SUIS : Administratrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 281

MÉTIER : Educateur de Pokémons
POKÉPESOS : 112
MES POKÉMONS :

Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s10 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Miniature_227_EB Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s12
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP

SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »



Croire que sa tirade n’en appellerait pas une autre avait été bien naïf. Quelque chose en Léonie avait changé et Corvus s’en rendait compte, s’y heurtait en cet instant précis : la jeune femme inhibée et timide qu’il avait rencontré presque sept ans plus tôt à San Camari avait disparu pour laisser place à quelqu’un d’autre, à quelqu’un de plus fort sur tous les plans. Si Corvus n’avait jamais douté de la présence de cette part de Léonie, l’ancien dompteur n’avait pas eu l’occasion de la voir bourgeonner et fleurir. Lorsque la Nova Existência avait éclaté, cette nouvelle Léonie n’en était encore qu’à ses prémices ; aujourd’hui, elle était arbre. Était-ce son absence qui lui avait permis de grandir ainsi ? Peut-être oui, sans doute. D’une certaine manière, Corvus l’avait forcé à le faire, à briller par elle-même et le résultat se présentait aujourd’hui devant lui, étoile brillante même en plein jour : la lionne de San Camari était là, prête à se battre pour lui.

Cette nouvelle Léonie n’était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Libérée, elle jouissait d’une assurance qui lui seyait bien et dont Corvus avait – sans vraiment se l’avouer – drastiquement besoin. Ses doigts enlacés entre les siens, l’ancien dresseur écouta chacune des paroles de Léonie, laissa son cœur trembler d’émotion à certains de ses mots. S’il ne percevait pas encore clairement toute l’étendue du prix nécessaire à son salut – il avait bien une idée, bien sûr, mais Corvus refusait d’y penser ce soir – le rebelle était d’accord sur une chose : Léonie Valencia était la mieux placée pour l’y aider, et cette idée allait même plus loin : Léonie Valencia était la seule à qui Corvus faisait suffisamment confiance pour cela. Quant à Alexis Sitan, son associé ? Corvus avait foi en le jugement de Léonie. Le jeune homme de l’époque avait déjà eu l’occasion de le rencontrer et malgré sa réserve le concernant, l’avocat s’était révélé être un allié véritable et non pas homme véreux en quête d’échanges de bon procédés. Preuve en était : Léonie ne travaillait-elle pas avec lui aujourd’hui ?

Il y avait cependant, dans ce projet naissant, une dimension que Corvus ne pouvait pas ignorer : quitter l’ombre et le monde dans lequel il pataugeait depuis près de six ans impliquait d’abandonner tous ces gens qui comptaient sur lui, ceux qui espéraient encore le voir agir, ainsi que ses amis d’infortune, à commencer par Magda. Corvus le savait : Magda n’accepterait jamais de compromis. Mettre de l’eau dans son vin, couper la poire en deux ? Jamais de la vie : l’adolescent était trop rancunier pour cela. Vivre dans ce monde qui lui avait tout pris et se plier à ses règles était impensable pour lui et Corvus le savait bien. Bien malgré lui, l’ancien dompteur devait faire un choix dont les conséquences, à terme, seraient irrémédiables : une fois l’opposition abandonnée, Corvus ne pourrait plus revenir en arrière ; pire même, il serait surement pris pour un traître, pour un collabo aux yeux de ceux qui, pendant tout ce temps, l’avaient pris pour un héros. Quand bien même aimait-il Léonie, Corvus ne comptait devenir un chien docile du gouvernement … mais ses amis d’aujourd’hui – qui deviendraient ses ennemis de demain – accepteraient-ils de le voir ? Sans doute pas, et cela aussi, Corvus le savait.

Pendant un long instant le rebelle demeura silencieux, et ce même bien après les dernières paroles de Léonie. Comme toujours, les propos de la jeune femme lui avait donné matière à réfléchir et bien plus encore. Par ce silence, Corvus s’offrait-il l’occasion d’une ultime réflexion face au choix qui se présentait à lui ? Oui, mais pas que : il laissait aussi le temps aux aveux de Léonie de cheminer dans son esprit, dans sa conscience. Des regrets, Corvus n’était pas le seul à en avoir, et son cœur s’échauffait à l’idée des choses qu’elle aurait aimé faire, pour lesquelles elle aurait voulu être là. L’ancien dompteur pouvait bien lui reprocher de minimiser la place qu’elle avait dans son cœur : il faisait exactement la même chose, lui qui n’avait pas su prédire ni imaginer combien elle aurait voulu être à ses côtés aux heures les plus sombres de sa vie.

« — Parles-en à Sitan » déclara-t-il finalement, rompant enfin le silence qui les enserrait « Je le rencontrerai s’il le faut pour … » Il chercha les mots exactes « … parler de mes options »

Ce choix, Corvus le faisait en tout état de cause, tout en connaissant les conséquences, du moins en partie. L’ancien dresseur tentait de se persuader que tout ne reposait pas sur un choix sentimental … ce choix n’était-il pas également rationnel ? Rester dans l’ombre, nager à contre-courant ne servait à rien. Ils stagnaient, rien ne changeait … et ces M.U.N.J.A. qui prétendaient vouloir changer le monde ? Corvus n’y croyait pas non plus. Qu’avaient-ils de plus que lui, que les autres ? Rien du tout, absolument rien, si ce n’était des belles paroles chargées d’un vieil espoir et d’une naïveté profonde. Non, ce changement de cap, Corvus ne le faisait pas que pour lui : il le faisait aussi pour eux, pour ceux qui voulaient voir les choses changer, évoluer. Et s’ils ne le comprenaient pas ? Tant pis pour eux.

De nouveau silencieux, Corvus raffermit sa prise sur les doigts de Léonie, prit une inspiration plus longue que les autres. Loin d’être habitué à cette tâche, sa confession l’avait laissé vide de toute énergie et désormais passée, l’ancien dresseur se sentait harassé. Demeurait sur ses traits une fatigue qu’il ne pouvait désormais plus cacher et encore moins ignorer, et jusqu’alors assis Corvus se laissa glisser au fond du lit, offrant à son corps un répit qu’il n’espérait plus. Dans l’espoir un peu vain de chasser toutes les émotions qui l’avaient gagné, l’ancien dompteur passa une main dans ses cheveux sombres. Ses doigts se refermèrent un moment à leur base, et Corvus demeura un instant immobile, figé, le regard fixé sur le plafond. Lentement, le rebelle laissa son esprit faire le tour de toutes les choses qui venaient aujourd’hui de bouleverser sa vie, jusqu’alors inchangée depuis plus de cinq ans.

Il avait rompu la promesse qu’il s’était faite cinq ans plus tôt de ne jamais mêler Léonie à ses histoires, et non content de l’avoir fait il avait passé du temps avec elle, avait mangé à sa table, avait trouvé refuge sous son toit. En l’espace de quelques heures, il avait fait s‘envoler les années passées à ronger son frein, six ans de douloureuse auto-persuasion qui, finalement, n’avaient pas pleinement eu l’effet escomptées. Trahissant son serment, il avait même ce soir promis – ou peu s’en fallait – de changer les choses, de prendre une nouvelle voie lui qui, six ans plus tôt, s’était pourtant sentit si certain d’avoir pris la bonne. La perspective de ce changement le galvanisait autant qu’elle l’effrayait … Corvus le savait et Léonie n’avait pas manqué de le lui dire : cette nouvelle voie qu’ils voulaient choisir ne serait pas sans encombre, sans obstacle, sans difficulté. Tortueux, il promettait de nombreux défis et tout autant de concessions auxquelles Corvus préférait ne pas penser ce soir, mais l’ancien dompteur savait aussi qu’il en vaudrait la peine, pour peu qu’ils parviennent à atteindre son bout. Que disait son père déjà ? Les chemins pavés sont aisés à emprunter, mais aucune fleur n’y pousse. Rien n’arrivait sans rien et en digne vaurien qu’il était, Corvus le savait mieux que quiconque.

Oui, sa vie s’apprêtait à changer. Y penser et le programmer était déjà un pas, mais il y avait plus important encore, plus sensationnel, plus … y avait-il un mot pour cela ? Jusqu’à présent trop occupé pour y penser, Corvus s’était refusé à se laisser envahir par l’information, mais désormais l’ancien dompteur ne pouvait plus y échapper. Acculé, il laissa alors le flot des choses lui revenir, accepta de se laisser submerger par cette nouveauté qu’il n’aurait jamais su prédire.

Il avait une fille.

Il avait une fille qui lui ressemblait et qui avait fait de Soleil son pokémon, une fille qui aimait les chiens et plus encore les Arcanins, ce même pokémon avec lequel Corvus avait lui-même grandi. Quel genre de destin offrait un hasard si impétueux ? N’en déplaise à Léonie et à ses premières insinuations, Elina était sa fille à lui aussi. Quand bien même avait-elle passé les cinq premières années de sa vie sans lui, le lien qui unissait la fillette et Corvus s’inscrivait dans ses gènes. Si Corvus avait vaguement effleuré l’idée de devenir père lorsque son lien avec Léonie s’était révélé être plus qu’une simple affection, l’ancien dresseur avait toujours considéré la chose comme lointaine, distante. Aster n’étant qu’un simple bébé à l’époque, Corvus s’était imaginé avoir du temps devant lui pour appréhender la chose, conscient que l’enfant et ses questions ne viendraient pas avant quelques années. Aujourd’hui, Corvus voyait ce temps lui échapper : aujourd’hui, les enfants de Léonie étaient grands et la tête d’Aster s’emplirait de questions qu’il ne manquerait pas de poser. Non, le rebelle qu’il était n’avait rien à leur offrir, n'avait pas sa place à leur côté ; aujourd’hui, ce soir, Corvus n’était personne pour eux, mais demain ? Si le destin lui était favorable et que l’ancien dompteur devait retrouver un semblant de vie normale aux côtés de Léonie, Aster et Elina s’en trouveraient forcément affectés. Si Corvus était prêt à endosser le rôle de rebelle en quête de rédemption, était-il prêt à endosser celui de père, non pas d’un seul enfant mais de deux ? Indéniablement, l’existence d’Elina avait changé la donne et s’il ne savait pas exactement dire en quoi, Corvus était certain d’une chose : cette existence suscitait quelque chose en lui, animait une volonté qui lui était encore étrangère mais qui, déjà, résonnait en lui, primitif écho.

Il était papa.

Il était papa, et le fait de ne pas avoir été là ces cinq dernières années n’atténuait en rien le mélange confus d’émotion que suscitait cette vérité. Si Léonie avait eu presque six ans pour se faire à cette idée, la chose demeurait inédite pour Corvus, totalement nouvelle, et pour la première fois le natif de Sercena autorisait son cœur à réagir à cette idée. Ses doigts toujours enfoncés dans sa chevelure, l’ancien dompteur esquissa un sourire qui, finalement, s’étira le long de ses lèvres pour se figer un moment sur son visage. Ce sourire béat ne lui ressemblait pas, et pourtant Corvus continua de l’afficher pendant longtemps, incapable de s’en défaire, comme si la lourdeur de son discours et de tout ce qu’il avait ressenti quelques minutes plus tôt n’avait jamais existée. Si le silence de Léonie concernant l’existence de cette fille aurait pu en courroucer certains, Corvus n’était pas de ceux-là. S’il avait indéniablement joué un rôle dans ce non-dit, cette vérité n’entachait pas son appréciation des choses : Corvus n’en voulait pas à Léonie, et sa joie surplombait largement les potentielles envies de reproches que son orgueil aurait pu vouloir lui faire.

Corvus avait toujours été un orateur hors pair – un talent qu’il tenait d’Alistair, indéniablement – pourtant en cet instant précis le rebelle peinait à mettre des mots sur ce qu’il ressentait, sur cette foule d’émotions suscitées par ses pensées. Une seule phrase lui venait, mais devait-il la dire ? Une part de lui voulait garder ça pour lui, craignant la réaction de la jeune femme … mais il était un peu tard pour ça, non ? Il avait souri après tout, et il souriait d’ailleurs toujours comme un idiot.

« — Je suis papa » énonça-t-il, franchissant finalement le pas.

Comme toutes les première fois, cela sonna étrangement, pourtant ses mots terminèrent de chasser les ombres planantes sur son esprit. La peur, la peine, les difficultés, les remords, les regrets, tout s’était envolé au profit de cette vérité en laquelle il peinait encore à croire. Léonie pouvait bien jouer sur les mots ou le reprendre, ou même refuser de le voir comme tel : Corvus s’en fichait bien. Il était papa, et rien ne pouvait lui retirer ça.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 2030 MOTS.
Posté le Sam 7 Mai - 17:10
Léonie A. Valencia
Léonie A. Valencia

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t158-pi-de-leonie-a-valencia
JE SUIS : Fondatrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 180

POKÉPESOS : 141
MES POKÉMONS :
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Aetius10
AETIUS
Libégon ♂* - Sérieux - Lévitation

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP
Corvus était et sera toujours un homme de principes. Loin de le condamner pour cette part de lui, cette caractéristique fait plutôt partie de ce qui m’a charmé chez lui. Le voir évoluer avec autant de conviction en ce qu’il est, en ce qu’il croit, m’a inspirée à faire de même. Jamais je ne lui reprocherai de croire fermement en cette cause, celle que son père lui a légué. Au contraire. Je l’admire d’avoir tenu tête là où j’ai plié l’échine. J’avais de bonnes raisons d’agir de cette manière, mais me suis trahie autant qu’il a pu se trahir en partant. J’avais juré après tout ne jamais laisser tomber ma liberté nouvellement acquise. Pourtant j’ai laissé ma contrée se pervertir. J’ai baissé les bras devant la violence de la Guarda. S’il quitte l’ombre maintenant, n’est-ce pas de trahir cet engagement qu’il a pris toutes ces années auparavant ? Non, bien sûr que non. J’ai appris, moi aussi, qu’il existe d’autres manières de combattre, de mettre sa pierre à l’édifice. Corvus ne connaît pas encore cette voie. Je devrai agir tel un guide sur ces chemins tortueux et non dénués de dangers. Je le protégerai au cœur du tumulte que peut rapidement devenir mon monde. Je ne l’abandonnerai pas.

Mais quel prix devra-t-il payer pour nous retrouver ? Aller à l’encontre de ses principes, de son combat, de lui-même ? Se réveillera-t-il un jour sans se reconnaître, tout cela parce qu’il aura suivi mes conseils ? Je préfère me montrer parfaitement transparente, ici et maintenant. Le jeune homme a affirmé que nous en valions la peine… comprend-il qu’il en vaut la peine lui aussi ? Que je ne me pardonnerais jamais qu’il change qui il est pour mon amour ? Je me ferai un point d’honneur à conserver son étincelle rebelle et ce cœur d’or qui le caractérise. Car voilà l’homme que j’ai aimé, que j’aime toujours, et qui se présente à moi avec humilité bouleversante. Avec tout le respect qui lui est dû, je reste à ses côtés sans esquisser le moindre geste, sans émettre d’autre paroles que celles qui s’achèvent à l’instant. À présent, la décision s’impose à lui. Même si je brûle d’un espoir de le voir réintégrer notre vie, je n’ai aucun désir d’influencer l’importante décision qui s’impose à lui. Rien ne l’engage à se décider tout de suite de toute manière. Dans tous les cas, je ne le laisserai pas repartir sans la promesse de se revoir. Je ne peux plus vivre ainsi, et lui non plus. Nous devons trouver des solutions.

Contre toute attente, Corvus s’exprime de nouveau pour aller dans le sens de mes espérances. Soulagée, je reprends mon souffle que je ne réalisais pas avoir suspendu en l’attente de sa réponse. Bien des embûches nous attendent encore, et je ne suis toujours pas convaincue que Corvus ne rebroussera pas chemin lorsqu’il réalisera pleinement ce à quoi cet engagement l’implique. Sauf que pour le moment, je savoure cette petite victoire, cet instant de bonheur à pouvoir enfin espérer une vie à peu près normale pour nous et notre famille. Je sens une énorme tension quitter mes épaules et mes défenses s’abaisser. Il a toujours eu ce don pour m’apaiser et aujourd’hui semble-t-il ne fait pas exception.Un sourire aussi sincère que discret se peint sur mes traits. Il en reste trop encore à faire pour festoyer comme bon nous semble. Ce moment viendra plus tard, lorsque le jeune homme sera libéré de toutes charges qui pèsent injustement sur lui.

«Très bien. Nous allons devoir discuter plus tard de la manière dont il sera possible de se rejoindre, suite à cette discussion. Enfin, nous avons encore un peu de temps.»

Puis à en voir la manière dont il prend place sur le lit, étendu et le regard perdu vers ses pensées, je pense que nous avons tous les deux besoin d’une pause pour digérer. Rien à voir avec les tacos d’ailleurs. Je lui laisse son espace, n’osant pas intervenir mais en me tenant tout près, véhiculant le message que peu importe, je serai à ses côtés et le soutiendrai dans ses démarches. De l’observer ainsi, si vulnérable et perdu, cause un trouble non négligeable chez moi et pourtant je ne me laisse pas envahir par mes émotions, du moins jusqu’à ce que son expression progressivement ne change du tout au tout. Un de ces sourires dont il a le secret l’éclaire soudainement, faisant chavirer mon cœur entre autres choses. Incapable d’identifier la raison de cette joie sincère et soudaine, je m’approche un peu de lui, alimentée par une certaine curiosité. Sans m’en rendre compte, je me suis moi aussi mise à sourire, mais jamais autant que lorsqu’il prononce les paroles suivantes.

Je suis papa.

Ce mot n’est pas choisi au hasard; Corvus ne dit jamais rien au hasard ! «Papa» a une consonance bien plus intime que «père», bien plus affectueuse. Son sourire m’évoque un bonheur que je ne soupçonnais pas. Je n’avais jamais envisagé que ce rôle pourrait lui plaire un jour, car moi-même ne considérais pas avoir d’autres enfants après Aster. Avant de lui annoncer pour ma grossesse, la sienne, je craignais qu’il ne me rejette, comme l’avait fait Arthur mais… Parfois j’oublie à quel point il peut m’être parfait, à quel point je puis l’aimer. Émue par sa réaction, je sens les larmes à nouveau affluer, cette fois d’émotion. Je pose affectueusement ma main contre son épaule, avant de remonter contre son cou et sa joue. Je me contente d’un mot, d’un seul mot, qui lui aussi veut tout dire.

«Oui.»

Trois lettres qui viennent en quelque sorte confirmer son lien de paternité avec elle, là où tout à l’heure je m’acharnais à lui dire autrement. Maintenant que j’ai compris qu’il est là pour rester, éventuellement, je ne peux lui refuser cette part de lui.

«Elle est ton portrait craché. Il y a des jours où j’en étais troublée. De savoir que même si elle ne t’avait jamais connu, qu’elle pouvait être aussi semblable que toi. Dans sa manière de s’exprimer, dans ses actions, ses mimiques… Puis tu as vu comment elle te ressemble ? Ça n’a en rien aidé à apaiser le Guarda, qui t’ont toujours reconnu en elle. Doivent craindre qu’elle soit la prochaine tête de la rébellion, suivant dans les pas de son père et de son grand-père.»

Un sourire amusé passe sur mes traits. Je viens me coucher contre Corvus et déposer contre sa joue un baiser.

«J’ai des albums, avec des photos si tu veux… si tu veux voir un peu sa vie jusqu’à maintenant.»

J’ignore si cela lui ferait vivre de la joie ou au contraire, remuerait le couteau dans la plaie. Dans tous les cas, je le laisserai choisir, sachant que tôt ou tard ce moment viendra.
Posté le Mer 18 Mai - 11:13
Corvus Eddarson
Corvus Eddarson

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t156-the-fight-is-never-ovhttps://cinza-heritage.forumactif.com/t157-pi-de-corvus-eddarson#915https://cinza-heritage.forumactif.com/t159-corvus-eddarson-repertoirehttps://cinza-heritage.forumactif.com/t162-corvus-eddarson-liens-pnjs
JE SUIS : Administratrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 281

MÉTIER : Educateur de Pokémons
POKÉPESOS : 112
MES POKÉMONS :

Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s10 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Miniature_227_EB Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s12
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP

SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


Cette vérité changeait tout pour lui, absolument tout. S’il avait su, au prix d’efforts dont il ne se serait jamais cru capable, résister tout ce temps à l’indéniable amour qu’il nourrissait pour Léonie, la perspective d’avoir laisser derrière lui plus que des mots avait mis à mal ses dernières réserves, avait brisé les dernières barrières que le temps avait fini par rendre perméables. Corvus aurait aimé pouvoir prétendre le contraire et dire qu’à ses yeux Aster n’était pas différent d’Elina, pourtant les choix de l’ancien dompteur parlaient d’eux-mêmes, puisqu’il décidait aujourd’hui de rester là où, cinq ans plus tôt, il avait fait le choix de partir. Affirmer cependant que la fillette en était la seule raison n’était pas tout à fait vrai : immanquablement, le temps et les circonstances avaient joué leur rôle, eux aussi … oui, Corvus avait changé et avec lui ses objectifs et ses priorités, et Elina n’était qu’une goutte de plus, celle qui avait tout fait déborder.

Accueillant Léonie contre lui, son imagination attisée par les paroles de la jeune femme, Corvus laissa son esprit divaguer et visualiser mille et une scènes du quotidien dans lesquelles évoluait cette fillette qu’il connaissait encore trop peu. Elina lui ressemblait physiquement et c’était la première chose qui l’avait frappé lorsque son regard s’était posé sur elle ; ça, et Soleil l’accompagnant. Un sourire s’esquissa de nouveau sur son visage lorsque Léonie lui affirma que sa fille lui ressemblait bien au-delà des apparences … s’en étonnait-il ? Pas tellement. Comment aurait-il pu en être autrement ?

« — Ça n’a pas dû être facile tous les jours » déclara-t-il, un peu amusé par l’idée.

Si Elina lui ressemblait autant qu’elle le prétendait, Corvus devinait aisément que ces cinq dernières années n’avaient pas dû être de tout repos. Si l’ancien dompteur s’était assagi avec le temps, les déboires de l’enfant qu’il avait été n’avaient jamais quitté sa mémoire. Garçon rebelle et indocile, le cœur emplis d’un désir de justice que le destin n’avait jamais voulu lui offrir, il avait été très vite catégorisé parmi les enfants difficiles et s’en était suivi une scolarité chaotique, qui lui avait plus desservie qu’autre chose. Sa fille allait-elle suivre le même chemin ? Peut-être pas. Elina lui ressemblait peut-être, mais elle n’était pas lui, et le contexte n’était pas le même. Corvus tâchait de se raccrocher à cela.

Par la suite, la proposition de Léonie le laissa un instant pensif, hésitant. S’il était bien évidement près à n’importe quoi pour grapiller la moindre information concernant sa fille, il savait aussi qu’il devait demeurer pour l’heure prudent. Si à huis clos et dans son cœur tout avait changé déjà, Corvus n’oubliait pas que dehors, à l’extérieur de cette chambre, les choses étaient restées les mêmes : demain, l’ancien dresseur retournerait dans les bas-fonds, où la moindre information était une ficelle sur laquelle tirer. Corvus avait beau avoir peu d’ennemis au sein du monde illégal – il y avait pris soin – le risque demeurait tout de même présent, trop à son goût.

« — Non, garde-les pour l’instant » lui répondit l’ancien dompteur « Je ne peux pas me balader avec ça sur moi dans les bas-fond, et puis … » Il fit une courte pause « J’aimerai qu’elle choisisse de le faire avec moi le moment venu, si elle le souhaite » déclara Corvus « Elle est jeune, mais c’est sa vie à elle aussi … je préfère que ça vienne d’elle, et tant pis si ça ne vient jamais » assura-t-il.

L’indifférence à l’idée de connaître le passé d’Elina n’avait rien à voir dans son choix : Corvus préférait simplement être patient, comme il l’avait toujours été en toute circonstance. S’il avait conscience que la jeunesse de la fillette et sa mémoire encore fragile risquaient de lui faire perdre quelques épisodes, obtenir son consentement pour ce moment dont il se languissait déjà était pour lui une condition sine qua non qui, il le savait, ne manquerait pas de venir sucrer un peu plus ces instants qui promettaient d’être doux.

« — L’avenir ne manquera pas de m’offrir l’occasion de me remémorer ses traits si d’aventure ma mémoire venait à les oublier » poursuivit l’ancien dresseur, qui savait pertinemment que sa route recroiserait celle d’Elina « Ce qui ne risque pas d’arriver » assura-t-il, un nouveau sourire sur le coin des lèvres. De cela, Corvus en était certain : il ne risquait pas d’oublier son visage « Ses traits, mais aussi ceux d’Aster » ajouta le rebelle « Il m’est cher lui aussi, même s’il n’est pas de moi » déclara-t-il. L’espace d’un instant, Corvus s’amusa à se remémorer certaines des paroles du petit garçon au cours de la soirée « Il m’a l’air d’avoir la langue bien pendue » fit-il remarquer.

Corvus ne pensait pas si bien dire.

Le silence qui s’en suivit vint trahir l’état tant physique qu’émotionnel du rebelle. Désormais en sursis, Corvus tentait de lutter contre le sommeil qui, irrémédiablement, ferait venir un jour nouveau et donc leur séparation … mais la fatigue gagnait du terrain – plus qu’il ne l’aurait voulu – et contre cet ennemi, l’ancien dompteur ne pouvait se montrer vainqueur. Loin de pouvoir s’en empêcher, il émit un bâillement qui gonfla un temps sa poitrine. Résister était bien vain désormais et en guise reddition, Corvus serra la jeune femme un peu plus contre lui, profitant de sa proximité.

Trop absorbé à savourer l’instant, l’ancien dresseur ne perçut pas le sommeil le gagner, et sa dernière pensée fut de se dire que, pour la première fois depuis longtemps, l’ancien dompteur avait le sentiment d’être enfin à sa place, là où on l’avait, finalement, toujours attendu.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 955 MOTS.
Posté le Lun 23 Mai - 21:00
Léonie A. Valencia
Léonie A. Valencia

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t158-pi-de-leonie-a-valencia
JE SUIS : Fondatrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 180

POKÉPESOS : 141
MES POKÉMONS :
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Aetius10
AETIUS
Libégon ♂* - Sérieux - Lévitation

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP
Une mère peut parler inlassablement de ses enfants. Mon côté taciturne se trouve malmené à chaque fois que ce sujet est évoqué lors d’une conversation. Alors une part de moi que je ne soupçonnais pas avant de devenir mère surgit, je me trouve à raconter tout et rien, tous ces petits détails qui font d’Aster et Elina la prunelle de mes yeux. L’attachement que je ressens envers eux, quoique toujours testé par les aléas du quotidien, ne fait qu’augmenter jour après jour à mesure que leur montée d’autonomie les mène de plus en plus vers l’indépendance. Corvus ne connaîtra jamais le sentiment; ces années où Elina aurait véritablement eu besoin de lui pour se construire sont passées. Désormais, il pourra agir auprès d’elle en tant que guide, si tel est son désir. Il me peine qu’il aille manqué ces mois difficiles, épuisants, mais aussi merveilleux, où chaque nouvelle étape est source d’émerveillement et de découvertes. Mon objectif, en lui présentant ces clichés, est de l’inclure un peu plus dans la vie de son enfant, de lui donner un goût certes éphémère, mais bien réel, de la manière dont la petite a grandi.

Son non me surprend tout d’abord. Un peu confuse, je cligne des yeux sans comprendre les raisons de ce refus soudain. Les explications viennent rapidement m’apaiser cependant; évidemment je ne lui aurais jamais donné cet objet si précieux pour moi et qui d’autant plus aurait pu mettre ma fille en danger… Non non, jamais je n’aurais pu lui offrir l’album, même s’il m’avait supplié de l’apporter avec lui. Cependant, je peux parfaitement comprendre ses raisons de repousser le moment de le consulter à plus tard, même que je les approuve. Un jour… oui un jour Elina saura ce qu’il représente pour elle. Si je crains un peu sa réaction, je sais que nous n’en sommes pas là et que chaque chose se fera en son temps. Pour le moment, nous avons d’autres enjeux plus pressants.

Oui, ça n’a pas été facile tous les jours, ai-je envie de lui dire, mais je le referais mille fois sans l’ombre d’une hésitation. Elina n’a pas toujours été de tout repos, même maintenant il s’agit d’une enfant capricieuse et réactive, dont les crises sont impressionnantes voire violentes. Corvus aura eu la chance ce soir de la voir sous son meilleur jour, mais parfois ce monde est trop pour elle à gérer. Parfois elle ne comprend pas, suscitant des réactions trop vives qui échappent à son contrôle. Toute une aventure attend le père, qui goûtera à cette vie pour la première fois. Je me promets de lui laisser tout le temps d’en découvrir les joies comme les défis, de l’accompagner du mieux que je le puis. Mais avant, il reste fort à faire, et cette perspective malgré moi m’épuise. Les émotions de la journée ont malmené mes réserves d’énergie et à présent je ne puis que tenir Corvus contre moi, écoutant sa respiration, sans vraiment trouver sommeil. Mon esprit est trop agité de tout ce qui viendra demain, puis après-demain. Quel visage prendra nos vies dans quelques mois, quelques années ? Qu’est-ce qui nous attend ? La vie de famille que j’aspirais tant ? Je l’ignore. Mais dans tous les cas, ce qui était incertain s’avère désormais confirmé : ma vie ne fait pas beaucoup de sens sans le jeune homme à mes côtés. Peu importe ce qui doit se produire ensuite, je me battrai pour nous là où j’ai jeté l’éponge toutes ces années auparavant.

Les heures s’écoulent ainsi, dans une sorte de demi-sommeil. Je suis éveillée tardivement dans la nuit, ou très tôt le matin, je ne saurais dire. Aetius m’attend de l’autre côté de la porte vitrée qui sépare la chambre du balcon du deuxième étage. Ses prunelles rivées sur moi, il m’intime à le rejoindre. À contre-cœur, je me détache de mon amant pour obéir à l’invitation pressante de mon Pokémon. De sa manière si particulière, il me communique qu’un changement de garde aura lieu sous peu et qu’il est temps pour nos invités de fuir par la plage s’ils souhaitent s’en sortir. Sur les berges, aucune activité ne suggère la présence de la Guarda.

«Tu les accompagneras jusqu’en sûreté ?»

Voilà un risque que Corvus ne voudra pas prendre, mais auquel il n’aura guère l’occasion de refuser. La présence du Libégon auprès des deux rebelles, s’ils devaient se faire capturer, me rendrait bien sûr coupable : je ne pourrais nier mon implication dans leur fuite. Je sais Aetius capable de jouer la comédie si cela doit se produire; il a l’habitude après tout de berner les forces de l’ordre. Surtout, il est la seule chance pour les deux hommes de naviguer de manière sécuritaire dans ces falaises abruptes. Corvus n’a besoin que d’un lieu sûr pour libérer Skadia (Skadia ! l’a-t-il toujours ? Oui, nécessairement !) et s’envoler avant que la patrouille de l’aube ne revienne. Le temps nous presse. Le dragon acquiesce à ma demande d’un grognement avant de me pousser du museau en direction de la chambre. J’en profite pour me rhabiller avant de réveiller avec douceur le jeune homme étendu sur le lit. Rien ne me crève le cœur plus que d’interrompre ce que je devine être un rare repos pour lui, or le temps presse.

«Mon amour ?» combien ce mot me vient naturellement, même toutes ces années après. «Il faut partir.»

Nous savons tous les deux que c’est bien la dernière chose que je désire. Or, je sais qu’il s’agit de la meilleure option. Un nœud, progressivement, se forme dans ma gorge. Pour l’instant, je reste forte. Je ne peux rien promettre lorsqu’il aura quitté ma demeure toutefois.
Posté le Mer 1 Juin - 14:00
Corvus Eddarson
Corvus Eddarson

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t156-the-fight-is-never-ovhttps://cinza-heritage.forumactif.com/t157-pi-de-corvus-eddarson#915https://cinza-heritage.forumactif.com/t159-corvus-eddarson-repertoirehttps://cinza-heritage.forumactif.com/t162-corvus-eddarson-liens-pnjs
JE SUIS : Administratrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 281

MÉTIER : Educateur de Pokémons
POKÉPESOS : 112
MES POKÉMONS :

Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s10 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Miniature_227_EB Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s12
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP

SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


La peur fut la première chose qu’il ressentit en s’éveillant. Vestige des cinq dernières années passées à conserver une vigilance constante vis-à-vis de presque tout, jamais vraiment en sécurité Corvus avait associé le fait de se faire réveiller à la présence d’un danger imminent, si bien que l’ancien dompteur mit quelques secondes pour calmer son cœur et se souvenir de l’endroit où il se trouvait. S’il n’avait pas eu de mouvements brusques, l’ancien dompteur soupira dans l’espoir de chasser son trouble, passa une main sur son visage.

Corvus se laissa un instant pour reprendre contenance. Loin de l’avoir véritablement reposé, les quelques heures de sommeil l’avaient davantage assommé qu’autre chose, la faute à un effarant endettement dans ses heures de repos. Savoir ce qui l’attendait désormais n’était pas pour l’aider à reprendre ses esprits : conscient qu’il était temps pour lui – pour eux, car Corvus n’oubliait pas Magda ! – de reprendre le cours de leur vie, le jeune homme pouvait sentir son cœur se serrer à l’idée des adieux imminents qui s’esquissaient à l’horizon. Silencieux, le rebelle tâcha malgré tout de glisser en dehors du lit, la tête enfarinée comme jamais.

Sortir du lit fut le plus difficile car une fois debout, l’ancien dresseur perçut ses idées reprendre un semblant de clarté, un début du moins. Tandis qu’il se rhabillait, les souvenirs de la veille lui revenaient en mémoire, comme si une éternité le séparait de ces instants alors qu’en réalité, quelques heures seulement s’étaient écoulées depuis que la fatigue l’avait vu s’endormir. Léonie, elle, ne semblait pas avoir eu cette félicité … était-ce étonnant ? Pas vraiment, après tout lui-même n’aurait pas succombé si vite si l’épuisement ne l’avait pas tant travaillé au corps. Le cœurs alourdit par l’instant, Corvus ne fut pas en mesure de trouver les mots pour briser le silence ; au lieu de cela, désormais vêtu, le jeune homme s’approcha de la maîtresse des lieux. A pas doux par derrière, il la rejoignit et l’enveloppa de ses bras, pliant l’échine pour plonger son visage dans ses cheveux aux reflets si singuliers. Immobile, Corvus demeura là longtemps, s’imprégnant de l’odeur de la femme qui lui manquait déjà. Ce n’était qu’un au revoir, et pourtant Corvus avait le sentiment de l’abandonner, encore une fois.

Cette fois était cependant différente et Corvus en était certain, aussi certain que le jour venant après la nuit, et cette perspective le faisait avancer malgré l’heure encore bien matinale. Lorsqu’il se détacha enfin de la jeune femme, son cœur s’était gonflé d’un courage qu’il n’aurait jamais su trouver en d’autres circonstances … pour la revoir demain, il fallait accepter de la quitter aujourd’hui et à la lumière de cette vérité, le jeune homme entreprit de poursuivre malgré ses voix intérieures, qui lui intimaient de rester. Avisant la ceinture qui contenait ses quatre pokéballs, Corvus décrocha l’une d’elle et la tendit à Léonie.

« — Tiens, c’est pour Elina » déclara-t-il doucement. Un peu abimée tant par le temps que par les évènements, la sphère rouge et blanche arborait sur son dessus une marque bien distinctive : gravé maladroitement se trouvait un éclair, dont l’origine avait toujours échappé à Corvus ; loin d’en être l’auteur, la pokéball possédait déjà cette marque lorsque le jeune homme l’avait récupéré « C’est celle de Soleil » précisa-t-il.

La pokéball ne lui revenait plus désormais et Corvus le savait. Loin de s’en trouver triste, le jeune homme était heureux du destin du Pichu, qui avait su trouver refuge chez Léonie et, heureux hasard, après d’Elina. Si Corvus ignorait encore si le Pichu serait en mesure de lui pardonner un jour, l’ancien dresseur savait que la souris électrique ne voyagerait plus avec lui et pour cause : Soleil s’était trouvé une autre mission auprès de quelqu’un d’autre et Corvus ne pouvait que se satisfaire de cette idée qui lui embaumait le cœur.

« — Merci d’avoir pris soin de lui » dit-il avec tout autant de douceur.

Conscient de la complexité de la situation, l’origine que donnerait Léonie à cette pokéball lui importait peu. Corvus ne voyait pas en ce don un présent à proprement parler, mais plutôt une restitution. Si son choix n’était pas dénué d’un certain symbolisme, Corvus savait qu’il n’en abandonnait pas Soleil pour autant : le jeune homme savait bien qu’il n’était pas obligé de posséder quelque chose pour pouvoir en profiter … et puis, n’étaient-ils pas destinés à se revoir et à partager de nouveau ? Non, Corvus n’abandonnait pas son Pichu : il acceptait simplement de le laisser aux mains de quelqu’un d’autre, et Dieu savait que ce quelqu’un d’autre n’était pas n’importe qui.

« — Je vais allé réveiller Magda » poursuivit-t-il. Avancer, il fallait avancer.

Pourtant, tout dans sa manière d’être et d’agir laissait croire le contraire. Corvus s’attarda malgré son affirmation, conscient qu’une fois l’adolescent réveillé, les deux amants n’auraient plus l’occasion d’être parfaitement eux-mêmes. L’ancien dresseur offrit une dernière fois l’occasion à son regard d’observer la jeune femme comme lui seul savait le faire, laissa un sourire léger se dessiner sur son visage. Elle lui avait manqué … le lui avait-il déjà dit ? Oui, une dizaine de fois déjà, et sans doute plus.

Machinalement Corvus enfila sa veste en cuir – encore souple malgré le temps écoulé – et loin de pouvoir s’en empêcher, le rebelle s’approcha de nouveau de la jeune mère pour déposer sur ses lèvres un baiser tendre. La promesse de la revoir était la seule chose qui l’incitait à partir.

« — Je t’enverrai bientôt quelqu’un qui nous permettra de rester en contact » déclara le jeune homme « Il se trouve encore au Lanturn, mais plus pour longtemps » assura-t-il.

Sous la bonne garde de Tommen, le fils des propriétaires, Ronan le Zorua avait passé ces dernières années à faire du gras au Lanturn Assoupi, l’hôtel dans lequel avait résidé l’ancien dompteur au cours de son séjour à San Camari, à une époque qui semblait désormais appartenir à une autre vie. Léonie avait déjà eu le déplaisir de rencontrer le renard illusionniste, qui ne perdait pas une occasion pour faire des siennes, mais qui pourtant avait toujours su se montrer obéissant lorsqu’il s’agissait de remplir les missions confiées par Corvus. Facétieux, Ronan avait ses défauts, mais sa capacité à se transformer en n’importe quoi – et donc à passer inaperçu – faisait de lui le messager parfait et Corvus l’avait comprit dès les premiers instants ; ça, et son absence totale de méchanceté. Malgré sa localisation, le récupérer ne serait pas un problème et le jeune homme le savait suffisamment malin pour le retrouver, qu’importe l’endroit où le rebelle se trouvait.

« — Je lui dirai d’être sage, mais ne t’étonne pas trop si des choses venaient à disparaître chez toi » ajouta Corvus, qui connaissait bien le Zorua. Un sourire traversa un instant son visage à cette idée.

Après tout, dans le passé Ronan avait fait disparaître ses deux Minisanges, alors mieux valait être prudent.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 1170 MOTS.
Posté le Lun 6 Juin - 21:09
Léonie A. Valencia
Léonie A. Valencia

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t158-pi-de-leonie-a-valencia
JE SUIS : Fondatrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 180

POKÉPESOS : 141
MES POKÉMONS :
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Aetius10
AETIUS
Libégon ♂* - Sérieux - Lévitation

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP
Je frémis d’un coup. C’est le poids de cette séparation à laquelle nous nous préparons, encore, encore. Même si je connaissais pleinement l’issue de cette nuit, je ne peux m’empêcher de souffrir de le voir disparaître à nouveau de ma vie, là où assurément il laissera un trou encore plus béant que celui qu’il a laissé la première fois. Une part de moi a envie de se montrer égoïste, de me glisser à nouveau dans ses bras, de l’appeler encore et encore, d’éterniser ces instants jusqu’au-delà de l’aube. L’impatience grimpe en moi, attisée par de trop nombreuses années à attendre. On pourrait croire qu’après aussi longtemps à me faire à nos vies parallèles, j’aurais au moins appris à patienter et pourtant. Maintenant que nous nous rapprochons de plus en plus du moment que j’attendais tant, je me retrouve d’autant plus frustrée qu’auparavant. Me luttant de toutes mes forces, je laisse du temps au jeune homme d’émerger d’un sommeil trop court et beaucoup trop peu réparateur. Je sais qu’il lui aurait fallu plus, bien plus.

«Je suis désolée, Corvus.»

Je plisse les lèvres devant son air hagard. Je caresse doucement son dos pour l’aider à se réveiller, un peu comme je le fais avec mes enfants lors de matins difficiles. Drôle comment de devenir mère a changé certains de mes comportements pour toujours. Beaucoup plus attentive aux besoins des autres désormais, je me montre souvent maternelle et rassurante envers des personnes qui ne sont pas ma progéniture. Je retire finalement ma main pour laisser le loisir de se redresser et se rhabiller. Je m’efforce de refaire le lit, non pas car il s’agit d’une priorité mais bien parce que si je reste inoccupée, je serai tentée de trop réfléchir, de me faire du mal avec la situation bouleversante qui est en train de se produire. Heureusement, mon amoureux a déjà trouvé de quoi me distraire, en m’enveloppant de ses bras par derrière. Sursautant d’abord, je me laisse attendrir rapidement par ce geste d’une grande tendresse. Je ferme les yeux pour apprécier cette étreinte aussi longtemps que je le puis, goûtant à sa chaleur pour une des dernières fois ce matin. Son souffle contre mes cheveux, son corps penché sur le mien… Mon cœur rate un énième battement. Je sais que je suis sienne, qu’il m’aime réellement toujours et que cette séparation le pèse tout autant que moi. J’ai la certitude, aussi, même s’il s’agit d’une bien mince consolation à toute l’étendue de la peine que je ressens, qu’il sera de retour bientôt. Il vient de me le prouver sans même prononcer un mot.

Il m’offre ensuite un cadeau inestimable pour Elina, pour sa fille : la balle de Soleil. Celle-ci vient en quelque sorte sceller le destin de la petite souris. Désormais officiellement le partenaire de notre enfant. N’est-ce pas simplement naturel ? N’est-ce pas ainsi qu’auraient été les choses si la vie avait pu continuer son cours ? Oui, j’en suis convaincue. Ce Pichu fait partie de notre histoire et il est simplement juste qu’il soit celui qui accompagne le fruit de notre affection. J’hoche doucement la tête devant ses remerciements, parfaitement inutiles. J’aime Soleil pour tout ce qu’il représente et bien plus encore. Jamais je ne l’aurais laissé tomber.

Le reste ne me revient que dans un flou. Ai-je pleuré ? Peut-être un peu. Je me souviens du dernier baiser échangé, de sa promesse de m’envoyer Ronan. Si la perspective de revoir ce foutu Zorua ne m’enchante pas particulièrement, j’attendrai son retour impatiemment, plus que jamais le regard tourné vers l’horizon. Et peut-être, un peu plus qu’avant, vers l’avenir.

Le nôtre.
Posté le Mer 8 Juin - 17:13
Corvus Eddarson
Corvus Eddarson

POKÉMATOS :
INVENTAIRE:
NOMBRE DE BADGES: 0
https://cinza-heritage.forumactif.com/t156-the-fight-is-never-ovhttps://cinza-heritage.forumactif.com/t157-pi-de-corvus-eddarson#915https://cinza-heritage.forumactif.com/t159-corvus-eddarson-repertoirehttps://cinza-heritage.forumactif.com/t162-corvus-eddarson-liens-pnjs
JE SUIS : Administratrice Féminin
INSCRIT LE : 19/02/2022
NOMBRE DE MESSAGES : 281

MÉTIER : Educateur de Pokémons
POKÉPESOS : 112
MES POKÉMONS :

Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s10 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Miniature_227_EB Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Mini_s12
Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410 Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Pkbll410

OBJETS SPÉCIAUX : Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia - Page 2 Empty10
A débloquer A débloquer A débloquer A débloquer
Citer Editer Supprimer IP

SOUS LA CENDRE LE FEU
« Rien n’a changé assura-t-il finalement.
Absolument rien »


La suite échappa à l’attention de Corvus, comme si son départ s’était fait en pilote automatique, ou presque. Magda et son Raichu réveillés, les garçons se gardèrent bien de s’éterniser dans la vaste demeure de Léonie Valencia, où ils avaient déjà passé bien plus de temps que la raison ne l’aurait voulu. Le manque de sommeil dont souffrait également Madga le rendait un peu groggy et appréciablement silencieux – encore endormi, l’adolescent se contentait de faire ce qu’on lui disait – et sa docilité n’était pas sans faciliter les choses à Corvus, qui n’aurait sans doute pas eu le courage d’affronter les milles et une questions que cette rencontre ne manquerait pas de faire naître dans l’esprit de Magda.

La villa derrière eux, Aetius le Libégon les guidèrent à travers la propriété où le jour commençait à paraître, lentement mais surement. S’il fallait un regard certes avisé pour le distinguer, les rayons qui pointaient timidement à l’horizon ne permettaient cependant aucun doute. Confiant, Corvus laissa le dragon choisir leur route, conscient que des deux le Libégon était bien le mieux placé pour savoir quel chemin prendre ou non … et la suite des évènements donnèrent raison à Corvus de l’avoir fait, car ils ne rencontrèrent aucun obstacle ni aucune force de l’ordre, comme si sur eux veillait une étoile nouvelle … ce qui n’était pas tout à fait faux.

Lorsqu’ils furent suffisamment loin pour ne pas attirer l’attention, Corvus libéra celle qui devait être leur monture pour le reste de leur "voyage". A peine sortie, Skadia avisa l’endroit où elle se trouvait, ébroua son corps dans un tintement métallique, avant de poser son regard sur le dragon chromatique. Surprise, l’Airmure fixa un instant le Libégon, comme si sa mémoire d’oiseau peinait à le reconnaître … et puis, soudainement, un déclic se produisit dans sa tête, et l’hystérie la gagna. Remettant Aetius et bien évidement son affiliation avec Léonie, l’oiseau d’acier se mit à brailler, faisant part de sa joie à l’idée de ces retrouvailles qu’elle n’espérait plus. Sautillant dans tous les sens, l’Airmure faisant tant de bruit que Corvus craignit qu’ils ne se fassent découvrir par sa faute.

« — Skadia ! Skadia calme toi ! » lui intima l’ancien dompteur.

Mais l’oiseau d’acier peinait à l’écouter, trop affairée à faire la fête à Aetius, offrant par ce fait un spectacle peu commun. Corvus prit garde en s’approchant d’elle, car il savait qu’un coup de ses plumes pouvait lui faire du tort. Finalement, comprenant enfin que Léonie ne se trouvait pas là, l’Airmure se calma. Un peu déçue, l’oiseau géant observa les environs à la recherche de la jeune femme, en vain.

« — Une autre fois Skadia. Une autre fois, promis » assura le rebelle, tout en caressant d’une main le cou métallique de l’Airmure.

Par praticité déjà harnachée, Corvus vérifia la bonne prise des sangles qui retenaient la selle sur le dos de l’Airmure. Dans son dos, l’ancien dresseur pouvait sentir le regard de Magda, que la scène avait laissé un peu incrédule. S’il brûlait d’émettre un avis sur ce qui venait d’avoir lieu – Corvus le connaissait bien après tout – l’heure encore bien matinale sembla le dissuader de jouer les commentateurs, car à sa grande satisfaction l’adolescent demeura silencieux, plus qu’à l’accoutumé.

Skadia décidemment prête, Corvus se tourna une dernière fois vers Aetius pour le remercier à bien des égards … car après tout, sans lui, Corvus n’aurait jamais eu la folie de remettre les pieds dans la demeure de Léonie. Sans lui, les deux garçons auraient passé leur chemin, animés l’un par le désir de ne pas se faire prendre, l’autre par celui de ne pas s’attarder. Sans lui, Corvus n’aurait jamais revu la jeune femme ni découvert ce que leurs retrouvailles avaient impliqué et surtout – surtout ! – son départ de San Camari ne se serait pas fait le cœur tant chargé d’espoir.

Un espoir, qui ravivait en lui ce feu trop longtemps caché sous la cendre.

FT. LÉONIE A. VALENCIA | 670 MOTS.
Posté le
Contenu sponsorisé
Citer Editer Supprimer IP

Sous la Cendre gît le Feu ft. Léonie Valencia

Aller à la page : Précédent  1, 2

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Cinza : L'Héritage :: Dernières Clauses :: Dossiers Recyclés :: Archives-
Sauter vers: