Il était une fois, dans un monde pas si imaginaire du nom de Cinza… Une princesse du nom de Stella. Bon, pas vraiment princesse dans le sens où on pourrait l’entendre. Elle ne possédait pas un château mais sa demeure pouvait presque être aussi grande. Ses parents n’étaient ni roi et reine mais se comportaient comme tels. Elle n’avait toutefois pas l’arrogance d’une princesse. Seulement l’apparence du personnage type d’un conte de fée.
Pourquoi est-ce moi qui vous parle de ça ? Parce que je suis né ici, dans la mer qui borde San Camari, et que j’ai rencontré Stella lorsqu’elle avait quatre ans à peine. Je n’étais qu’un Fantyrm tout ce qu’il y a de plus banal et donc de plus faible. Je n’avais pas vocation à être plus fort, je voulais simplement vivre ma vie. Puis je l’ai trouvé, elle, dans son petit maillot de bain d’enfant avec sa bouée autour, qui cherchait des coquillages sur la plage. Elle était seule. Je croyais que, comme moi, elle n’avait pas de parents. Ces derniers se prélassaient juste sur leur plage privée, en train de se dorer la pilule (ou plutôt de brûler, vu les rougeurs qu’ils avaient dans l’après-midi). Je ne sais pas ce qui a fait que je suis devenu curieux de cette gosse. Peut-être ses joues rondes et roses ? Ou ses cheveux blonds en carré qui volaient au vent ? Ou peut-être ses grands yeux dorés qui me fixaient avec enthousiasme, comme si elle venait de découvrir un trésor. Alors qu’elle voulait jouer avec moi, je m’éloignais, la laissant me poursuivre. Puis, tout à coup, elle plongea dans l’eau lorsque je me trouvai au-dessus, comme pour me chercher. Ce qu’elle n’avait pas prévu (et moi non plus d’ailleurs), c’est que le courant l’emporte progressivement, la faisant dériver de plus en plus loin de la berge. Et lorsqu’elle se rendit compte qu’elle s’éloignait de ses parents, elle se mit à hurler et pleurer toutes les larmes de son corps. Comme elle était bruyante ! Mais je ne pouvais pas laisser comme ça, évidemment. En dépit de ma faiblesse, j’usa de toutes mes forces pour pousser sa bouée et la ramener, lentement mais sûrement, sur la plage où se trouvaient ses parents. Les flots la bercèrent suffisamment pour la calmer, et elle revint sur le sable chaud où sa mère, paniquée, la prit dans ses bras. Moi ?.. Je disparus, ne voulant pas nécessairement que les adultes me voient. J’étais assez timide. Mais ça ne m’a pas empêché de suivre Stella par la suite, à distance, utilisant mes capacités spectrales pour ne pas être remarqué.

Ses parents s’occupaient assez d’elle, quand elle était petite. Mais plus elle grandit, plus ils la délaissèrent au profit de leur travail. Ils s’étaient fait beaucoup d’argent dans d’autres pays. J’aurais dû comprendre que quelque chose clochait dès que j’appris cela, d’ailleurs. Impossible à cette époque de savoir ce que cela allait impliquer par la suite, toutefois. Cette petite blonde est donc née avec une cuillère en argent dans la bouche, et n’a jamais manqué de rien, si ce n’est l’amour de ses parents. Il n’y eut que Bloom, sa gouvernante, pour s’occuper d’elle dès son plus jeune âge. Elle, et bien sûr ses professeurs particuliers qui l’accompagnent depuis qu’elle est en âge d’apprendre des choses plus complexes que la parole. A trois ans, elle fut initiée à la danse classique, au piano, et quelques années plus tard au violon. Les enseignants étaient sévères mais elle s’appliquait toujours, voulant absolument avoir leur attention. Leur plaire. Car c’est ce qui façonnera sa vie les années suivantes. C’est lorsqu’elle a cinq ans et aperçoit brièvement un match Pokémon à la télévision qu’elle devient fascinée par les combats et souhaite devenir dresseuse, sans vraiment prendre conscience de ce que cela signifie. Mais 2010 marque aussi l’année où la Team Plasma prend place à Cinza et instaure ses règles en faveur d’une libération quasi-totale des Pokémon. La famille de Stella n’appartient pas aux plus importantes qui règnent sur Cinza mais elle a un poids de choix quant au développement et surtout ravitaillement des armes pour le compte de la Guarda et s’enrichit davantage grâce aux nouveaux contrats qui se forment. Les parents de Stella suivent le système qui leur profite et se déclarent en faveur des lois strictes qui apparaissent. Leur fille ne partage toutefois pas leur avis. Avoir un Pokémon, c’est son rêve. Un rêve qu’elle doit abandonner car papa et maman lui refusent catégoriquement de même lui acheter un Pass Légal quand bien même ils en ont les moyens. Déjà que je ne voulais pas apparaître devant eux, ce n’était pas pour tout de suite ! De plus, Radius et Luna Di Angelo deviennent de plus en plus contrôlant avec leur fille. Ils vérifient ses fréquentations et lui limitent les sorties, pour soi-disant la protéger de tout mal qui pourrait lui être fait. J’aurais préféré, pour le coup, qu’elle soit une de ces filles de riche à la fois gâtée et capricieuse ; un peu de caractère ne lui aurait pas fait de mal ! Mais Stella ne sait pas être autre chose que douce et devant ses parents elle s’oblige à obéir. C’est forcément eux qui savent mieux, se dit-elle. Elle n’a le droit pour toutes réelles sorties qu’aux rallyes imposés par ses géniteurs pour qu’elle rencontre d’autres enfants de bonnes familles. Mais Stella n’arrive pas à se lier à ces gamins-là, se faisant même rejeter à cause de sa maladresse. Elle manque de compétences sociales nécessaires pour se faire des amis et elle ne sent pas qu’elle pourrait s’en faire des vraiment sincères de toute façon. La solitude finit par lui peser et elle doit bien souvent regarder le monde vivre depuis sa fenêtre ou se faire escorter à chaque fois qu’elle s’aventure à l’extérieur.

C’est à ce moment-là que je l’ai revue. Ou plutôt qu’elle, elle m’a revu. Le soir de l’anniversaire de ses dix ans, elle a demandé, de sa toute petite voix fluette, si elle pouvait avoir un Pass Légal en cadeau. Son père, furieux, s’est emporté en lui disant qu’ils ne lui en donneraient jamais un et qu’ils ne voulaient plus en entendre parler. Lorsqu’elle est revenue dans sa chambre pour y dormir, elle n’arrivait pas à trouver le sommeil et fonda en larmes pendant de longues minutes. C’est là, où moi, je suis réapparu. J’avais de la peine pour cette petite qui n’avait le droit de rien faire alors qu’elle ne désirait rien de mal. Sortant de ma forme spectrale, je devins visible à ses yeux. Et là, elle poussa un cri de stupeur. Cela alerta sa gouvernante, mais Stella, une fois le choc passé, la rassura et me cacha sous son lit en express. Bloom repartit et la petite fille se calma, avant que je ne ressorte de sous le matelas. Et alors, ses yeux s’illuminèrent. Il y avait un Pokémon dans sa chambre ! C’était le jour le plus incroyable de sa vie. Elle ne me reconnut pas tout de suite, cependant. Elle avait de brefs souvenirs, mais c’était un peu flou. Normal, elle était beaucoup plus alors ! Mais ça ne l’a pas empêché de m’observer avec ce même émerveillement que la première fois. Et alors, pour l’une des premières fois, un véritable sourire lumineux prit place sur son visage, et nous avons joué une bonne partie de la soirée avant qu’elle ne tombe sur son lit, fatiguée mais heureuse.
Et alors, nous ne nous sommes plus quittés. Je devins son premier véritable ami. Je l’ai sauvé de cette solitude terrible qui l’accablait. Devant me cacher à ses parents, elle fit tout son possible pour s’occuper de moi en cachette. C’est ainsi qu’un beau matin, j’évolua en Dispareptil, et me montra plus protecteur et affectueux encore avec la demoiselle. J’étais devenu son prince en armure venu la libérer de sa tour, même si ce n’était pas vraiment possible pour le moment. J’avoue ne pas avoir hésité, cependant, à jouer quelques tours à ses parents grâce à mes pouvoirs fantomatiques. Les occasions étaient trop belles pour venger ce qu’ils avaient fait à leur fille. Je n’ai jamais eu de parents mais pour avoir passé de longues journées à observer les habitants de San Camari et d’ailleurs, ces parents-là ne faisaient clairement pas leur devoir correctement.

Malgré tout, Stella grandit (enfin, façon de parler, vu qu’elle est petite, pour une humaine) et devint une ravissante jeune fille, continuant sa pratique artistique de danse et d’instruments de musique. A défaut d’en avoir dans le coffre et de pouvoir s’imposer, elle sut se servir de ses dix doigts. Mais son désir de combat ne s’est jamais estompé. Si elle ne participa pas aux émeutes, il manqua toutefois de lui arriver un incident grave lorsque ce Tentacruel Géant s’empara de la capitale pour semer la zizanie. Venue voir le carnaval avec ses parents, la famille fut surprise, comme tous les autres, par cette arrivée des plus soudaines. Stella fut séparée de ses parents durant les fuites mais pu se cacher avec des inconnus derrière des bâtiments pour la protéger, accompagné de moi-même.
C’est à partir de ce jour, et quand j’ai su qu’elle rêvait encore de matchs Pokémon (désormais interdits), que je me suis mis en tête de devenir plus fort pour être un jour son Pokémon et ainsi la défendre contre ceux qui constitueraient une menace pour elle.
Par la suite, avec son argent de poche, elle m’acheta un Pass Légal toute seule avoir de ne pas se faire embêter par les autorités. Avec ses sous, elle put largement se le permettre, mais elle le cacha bien sûr au patriarche pour qu’il n’en sache rien. En secret également, nous nous sommes mis à nous entraîner un peu ; du moins, à essayer. Stella n’avait en effet personne pour lui apprendre. Elle connaissait ses gammes et ses pas de classique par cœur et beaucoup de théorie entourant les combats, mais la pratique… Elle n’avait jamais eu l’occasion de s’y essayer. Elle me permit toutefois, avec ma volonté, de devenir un Lanssorien beau et fort pour la protéger convenablement. Avec mes allées et venues au sein de Cinza, je pus lui faire apprendre l’existence également d’un monde illégal où les combats et les hors-la-loi sont rois. Un endroit où elle pourrait tenter sa chance et s’approcher de son rêve de devenir une grande dresseuse, d’obtenir enfin du respect par ses pairs. Mais encore faut-il qu’elle puisse y pénétrer…