“LEY, Y A TON AMOUREUX !” Alors pourtant que la gosse sait que son seul rendez-vous de la journée est avec le Kelder, elle a tout de même une pensée express pour Joshua, le grand type à lunette en terminal et pro du basket, l’air toujours sérieux mais au sourire si éclatant - puisque tellement rare - aka son crush du moment. Mais non, évidemment - la réalité la rattrape et en descendant, sac sur le dos et Anubis sur ses traces, elle ne peut que servir à son jumeau à air mi-outré, mi-rieur qui en dit long sur l’idiotie prononcée. Après tout, son camarade et elle ça serait tellement… improbable ! Un petit passage en express dans la cuisine - empochant joyeusement ses préparations de la veille et la voilà qui ouvre la porte, sourire rayonnant, prête pour l’expédition de la journée ! “Salut Loup ! T’inquiète pas, j’suis prête depuis super tôt mais je regardais une vidéo sur les pokémons aquatiques, tu savais que les Wailord ont pas de prédateurs et que du coup ils en sont devenus insouciants ? Oh, et coucou Oracle !” Partie pour une journée à papoter en plus d’explorer, un soupire à la droite de la Bracstor retentit, lui rappelant qu’elle oublie le plus important. “OH ! Oui, j’suis désolée pardon ‘Nubis ! Bon, j’vous présente Anubis ! Anubis, voici Loup et Oracle !” Exclamation amusée, du coin de l’oeil observe l'événement tout attendu. Le petit Riolu observe les amis de sa dresseuse un court instant avant de laisser entendre un petit glapissement en direction de l’aveugle et de saluer par un mouvement de tête l’oiselle, jugeant qu’ils semblaient suffisamment avenants pour ne pas avoir à s’en méfier - d’autant plus que cela fait déjà quelques mois que Ley lui en parle régulièrement.

Et les voilà donc en chemin, la brunette pouvant presque tenir la conversation pour deux, guidant à travers les champs puis le sable la joyeuse troupe, le louveteau non loin, analysant du coin de l'œil l’attitude de ce qui reste pour lui des inconnus. Une quarantaine de minutes ainsi passe sans que la lycéenne ne s’en rende compte qu’ils ne sont plus très loin du lieu convoité et le marque par une nouvelle exclamation - ce qui semble inquiéter le collègue d’exposé. Si gamine n’était pas aussi étonnée (toujours) d’entendre tant d’appréhension, elle lui aurait sûrement un “pff, amateur” outré. Mais plutôt, elle hésite un instant à passer sa main sur son épaule avant d’opter pour une approche plus douce que celle prévue, dans un geste calme et compatissant. “On a prit de l’avance, on a quatre heures avant que la marée monte et j’suis en train de mettre le chrono, dans deux heures ça sonnera pour nous laisser le temps de filer - puis Isa, Tam et Feyre savent où s’trouvent la grotte si jamais y a vraiment un soucis !” Et surtout il est pas question de faire demi-tour maintenant qu’ils ont atteint la partie sableuse encore humide de la mer qui s’en est retournée. Non - encore moins quand l’entrée se dessine à quelques mètres de là. “On y est oui !” Gaieté excitée, contraste avec l’aventurier en herbe. Et ni une ni deux, elle - ah non, bloquée par le monologue du pote - c’est ce qu’ils sont à ce niveau après tout, elle croit - elle ne s’élance pas tout de suite - frustration que le louveteau ne manque pas de remarquer, lui-même déjà une patte dans la grotte.

Envahie par moult pensées et distraction, morveuse ne répond pas de suite, incertaine de savoir exactement comment réagir - une part d’elle aimerait le motiver à franchir ses propres limites, l’autre un peu agacée par le comportement - c’est qu’elle n’a pas l’habitude, avec le jumeau un tantinet plus inconscient qu’elle, moins rabat-joie que l’allié journalier - mais radoucit par le malaise que semble aussi ressentir Oracle, elle ne peut s’empêcher de se questionner davantage. Qu’elle est la chose à faire ? Proposer de faire demi-tour risquerait d’être d’un froid mordant - mais finalement, le dilemme est rompu quand par lui-même il se décide à avancer - à la suivre dans les tréfonds de la grotte. “Tu veux que j’te donne la main ?” Un tantinet amusé - presque moqueur alors que la proposition est toute sincère - après tout il l’a dit lui-même, il n’y voit rien et malgré la présence du Xatu, l’endroit lui reste inconnu. “Tu dois avoir une sacrée mémoire quand même, si tu dois te souvenir des parcours de ton quotidien.” Réflexion coupe court au sujet de l’instant - elle-même a essayé déjà de fermer les yeux et de s’orienter dans sa propre chambre - puis maison et le Kelder a eu un beau message suite à son parcours du combattant. Mais une patte d’Anubis sur sa cuisse la ramène à la réalité - heureusement qu’on peut compter sur lui pour empêcher la Bracstor de se déconcentrer trop longtemps !

“Ok, nous voilà donc à l’entrée.” Le timbre descend d’un cran, contrôlé pour ne pas empiéter sur le calme naturel de la zone - opposition à celui instauré par l’homme dans les pièces fermées de ces bâtiments. Elle prend son rôle de guide au sérieux et inspire avidement avant de se relancer. “J’t’ai dit qu’il y a quelque chose de particulier avec cette grotte, déjà, inspire profondément. Ensuite, ferme les yeux - euh, les paupières et juste, écoute.” Incapable de retenir ces abus de langage qui marquent son quotidien - alors qu’ils ne s’appliquent pas au Kelder. Mais s’il l’imite, au moins en tendant l’oreille, le spectacle quoique loin d’être encore aussi incroyable que promis, vaut au moins le détour. Les vagues brisées sur la plage, le chant des oiseaux - les grattements dans le sable ou sur la roche, les bruissements de l’eau qui s’écoulent ou ces plic-plocs encore dociles - réguliers - légers. “C’est beau hein ? Mais ça sera mieux une fois à l’intérieur. Aller, viens.” L’attire à sa suite, Anubis passant sur des chemins beaucoup moins praticables en tant qu’humain - ils descendent un peu - il y a parfois un rocher à contourner ou à surmonter - parfois un autre à dévaler, le tout en continuant de parler stratégiquement - pour ne rien dire, pas le moins du monde essouflée. “Ca va Loup ? Attention à la marche.” Arrêt. Elle se retourne vivement, lampe à la main maintenant qu’ils ont bien avancé et elle s’oblige à continuer encore un peu la conversation. “Bon, nous voilà à la fin de la partie que j’ai déjà pu explorer mais tu vas voir, c’est aussi la meilleure depuis qu’on est rentré dedans ! Et surtouuut, hihihi…” Elle rigole d’avance, bien trop fière d’avoir tenu jusque là. “Désolée d’avoir autant blablaté, mais c’était pour pas euh, te gâcher la surprise avant d’arriver ? Oui, c’est ça, du coup, maintenant j’vais me taire et… te laisser profiter du silence.” Un doigt sur sa propre bouche - à nouveau elle ferme les yeux et écoute la musique délivrée par la grotte - l’eau qui en fond s’écoule avant de tomber en cascade - celle qui des murs glissent pour rejoindre ses soeurs - la dernière s’improvisant tambour - plicoti qu’elle inventerait - sur les toiles de pierre de la grotte.